L’Encyclopédie/1re édition/ECHO
ECHO, s. m. (Physiq.) son réfléchi ou renvoyé par un corps solide, & qui par-là se répete & se renouvelle à l’oreille. Voyez Son & Réflexion. Ce mot vient du grec ἦχος, son.
Le son est répété par la réflexion des particules de l’air mises en vibration (voyez Son) ; mais ce n’est pas assez de la simple reflexion de l’air sonore pour produire l’écho, car cela supposé il s’ensuivroit que toute surface d’un corps solide & dur, seroit propre à redoubler la voix ou le son, parce qu’elle seroit propre à les réfléchir, ce que l’experience dément. Il paroît donc qu’il faut pour produire le son, une espece de voûte qui puisse le rassembler, le grossir, & ensuite le réfléchir, à-peu-près comme il arrive aux rayons de lumiere rassemblés dans un miroir concave. Voyez Miroir.
Lorsqu’un son viendra frapper une muraille derriere laquelle sera quelque voûte, quelqu’arche, &c. ce même son sera renvoyé dans la même ligne, ou dans d’autres lignes adjacentes.
Cela posé, pour qu’on puisse entendre un écho, il faut que l’oreille soit dans la ligne de réflexion ; & pour que la personne qui a fait le bruit puisse entendre lui-même son propre son, il faut encore que cette même ligne soit perpendiculaire à la surface qui réfléchit ; & pour former un écho multiple ou tautologique, c’est-à-dire qui répete plusieurs fois le même mot, il faut plusieurs voûtes, ou murs, ou cavités placées ou derriere l’une l’autre, ou vis-à-vis l’une de l’autre.
Quelques auteurs ont observé avec beaucoup d’attention plusieurs phénomenes de l’écho ; nous allons rapporter historiquement, & sans prétendre absolument les adopter, leurs réflexions sur ce sujet. Ils remarquent que tout son qui tombe directement ou obliquement sur un corps dense dont la surface est polie, soit qu’elle soit plane ou courbe, se réfléchit, ou forme un écho plus ou moins fort ; mais pour cela il faut, disent-ils, que la surface soit polie, sans quoi la reverbération de cette surface détruiroit le mouvement régulier de l’air, & par-là romproit & éteindroit le son. Lorsque toutes les circonstances que nous venons de décrire se réunissent, il y a toûjours un écho, quoiqu’on ne l’entende pas toûjours, soit que le son direct soit trop foible pour revenir jusqu’à celui qui l’a formé, ou qu’il lui revienne si foible qu’il ne puisse le discerner ; soit que le corps réfléchissant soit à trop peu de distance pour qu’on puisse distinguer le son direct d’avec le son réfléchi, ou que la personne qui fait le bruit se trouve mal placée pour recevoir le son réfléchi.
Si l’obstacle ou le corps réfléchissant est éloigné de celui qui parle, de 90 toises, le tems qui se passe entre le premier son & le son réfléchi, est d’une seconde, parce que le son fait environ 180 toises par seconde ; desorte que l’écho repétera toutes les paroles ou les syllabes qui auront été prononcées dans le tems d’une seconde : ainsi lorsque celui qui parle aura cessé de parler, l’écho paroîtra répéter toutes les paroles qu’on aura prononcées. Si l’obstacle se trouve trop proche, l’écho ne redira qu’une syllabe.
Notre ame ne sauroit distinguer, à l’aide de l’organe de l’ouie, des sons qui se succedent les uns aux autres avec une grande célérité ; il faut, pour qu’on puisse les entendre, qu’il y ait quelqu’intervalle entre les deux sons. Lorsque d’habiles joüeurs de violon jouent très-vîte, ils ne peuvent joüer dans une seconde que dix tons que l’on puisse entendre distinctement ; par conséquent on ne sauroit distinguer l’écho, lorsque le son réfléchi succede au son direct avec plus de vîtesse qu’un ton n’est suivi d’un autre dans le prestissimo. On voit aussi pourquoi les grandes chambres & les caves voûtées resonnent si fort lorsqu’on parle, sans former cependant d’écho. Cela vient de la trop grande proximité des murailles, qui empêche de distinguer les sons réfléchis.
Tout ce qui réfléchit le son, peut être la cause d’un écho ; c’est pour cela que les murailles, les vieux remparts de ville, les bois épais, les maisons, les montagnes, les rochers, les hauteurs élevées de l’autre côté d’une riviere, peuvent produire des échos. Il en est de même des rocs remplis de cavernes, des nuées, & des champs où il croît certaines plantes qui montent fort haut ; car ils forment des échos : de-là viennent ces coups terribles du tonnerre qui gronde, & dont les échos répétés retentissent dans l’air.
Les échos se produisent avec différentes circonstances ; car,
1°. Les obstacles plans réfléchissent le son dans sa force primitive avec la seule diminution que doit produire la distance.
2°. Un obstacle convexe réfléchit le son avec un peu moins de force & de promptitude qu’un obstacle plan.
3°. Un obstacle concave renvoie en général un son plus fort ; car il en est à-peu-près du son comme de la lumiere. Les miroirs plans rendent l’objet tel qu’il est, les convexes le diminuent, les concaves le grossissent.
4°. Si on recule davantage le corps qui renvoye l’écho, il réfléchira plus de sons que s’il étoit plus voisin.
5°. Enfin on peut disposer les corps qui font écho, de façon qu’un seul fasse entendre plusieurs échos qui different tant par rapport au degré du ton, que par rapport à l’intensité ou à la force du son : il ne faudroit pour cela que faire rendre les échos par des corps capables de faire entendre, par exemple, la tierce, la quinte & l’octave d’une note qu’on auroit joüée sur un instrument.
Telle est la théorie générale donnée par les auteurs de Physique sur les échos ; mais il faut avoüer que toute cette théorie est encore vague, & qu’il restera toûjours à expliquer pourquoi des lieux qui, suivant ces regles, paroîtroient devoir faire écho, n’en font point ; pourquoi d’autres en font, qui paroîtroient n’en devoir point faire, &c. Il semble aussi que le poli de la surface réfléchissante, n’est pas aussi nécessaire à l’écho qu’à la réflexion des rayons de lumiere : du moins l’expérience nous montre des échos dans des lieux pleins de rochers & de corps très brutes & très-remplis d’inégalités. Il semble enfin que souvent des surfaces en apparence très-polies, ne produisent point d’écho ; car quand elles réfléchiroient le son, il n’y a de véritable écho que celui qu’on entend. La comparaison des lois de la réflexion du son avec celles de la lumiere, peut être vraie jusqu’à un certain point, mais elle ne l’est pas sans restriction, parce que le son se propage on tout sens, & la lumiere en ligne droite seulement.
Echo se dit aussi du lieu où la répétition du son est produite & se fait entendre.
On distingue les échos pris en ce sens, en plusieurs especes.
1°. En simples, qui ne répetent la voix qu’une fois, & entre ceux-là il y en a qui sont toniques, c’est-à-dire qui ne se font entendre que lorsque le son est parvenu à eux dans un certain degré de ton musical ; d’autres syllabiques, qui font entendre plusieurs syllabes ou mots. De cette derniere espece est le parc de Woodstock en Angleterre, qui, suivant que l’assûre le docteur Plott, répete distinctement dix-sept syllabes le jour, & vingt la nuit.
2°. En multiples, qui répetent les mêmes syllabes plusieurs fois différentes.
Dans la théorie des échos on nomme le lieu où se tient celui qui parle, centre-phonique ; & l’objet ou l’endroit qui renvoye la voix, centre-phonocamptique, c’est-à-dire centre qui réfléchit le son. Voyez ces mots.
Il y avoit. dit-on, au sépulchre de Metella femme de Crassus, un écho qui répétoit cinq fois ce qu’on lui disoit. On parle d’une tour de Cyzique, où l’écho se répétoit sept fois. Un des plus beaux dont on ait fait mention jusqu’ici, est celui dont parle Barthius dans ses notes sur la Thébaïde de Stace, liv. VI. v 30. & qui répétoit jusqu’à dix-sept fois les paroles que l’on prononçoit : il étoit sur le bord du Rhin, proche Coblents : Barthius assûre qu’il en a fait l’épreuve, & compté dix-sept répétitions ; & au-lieu que les échos ordinaires ne répetent la voix que quelque tems après qu’on a entendu celui qui chante ou qui parle, dans celui-là on n’entendoit presque point celui qui chantoit, mais la répetition qui se faisoit de sa voix, & toûjours avec des variations surprenantes : l’écho sembloit tantôt s’approcher, & tantôt s’éloigner : quelquefois on entendoit la voix très-distinctement, & d’autres fois on ne l’entendoit presque plus : l’un n’entendoit qu’une seule voix, & l’autre plusieurs : l’un entendoit l’écho à droite, & l’autre à gauche. Des murs paralleles & élevés produisent aussi des échos redoublés, comme il y en a eu autrefois dans le château Simonette, dont Kircher, Schott & Misson ont donné la description. Il y avoit dans un de ces murs une fenêtre d’où on entendoit répéter quarante fois ce qu’on disoit. Adisson & d’autres personnes qui ont voyagé en Italie, font mention d’un écho qui s’y trouve, & qui est encore bien plus extraordinaire. puisqu’il répete cinquante-six fois le bruit d’un coup de pistolet, lors même que l’air est chargé de brouillard. Nous rapportons tous ces faits sans prétendre les garantir.
Dans les mémoires de l’académie des Sciences de Paris, pour l’année 1692, il est fait mention d’un écho qui a cela de particulier, que la personne qui chante n’entend point la répétition de l’écho, mais seulement sa voix ; au contraire ceux qui écoutent n’entendent que la répétition de l’écho, mais avec des variations surprenantes, car l’écho semble tantôt s’approcher, & tantôt s’éloigner : quelquefois on entend la voix très-distinctement, & d’autres fois on ne l’entend presque plus : l’un n’entend qu’une seule voix, & l’autre plusieurs : l’un entend l’écho à droite, & l’autre à gauche : enfin, selon les différens endroits où sont placés ceux qui écoutent & celui qui chante, l’on entend l’écho d’une maniere différente.
La plûpart de ceux qui ont entendu cet écho, s’imaginent qu’il y a des voûtes ou des cavités soûterraines qui causent ces différens effets ; mais la véritable cause de tous ces effets, est la figure du lieu où cet écho se fait.
C’est une grande cour située au-devant d’une maison de plaisance appellée Genetai, à six ou sept cents pas de l’abbaye de saint Georges auprès de Roüen. Cette cour est un peu plus longue que large, terminée dans le fond par la face du corps-de-logis, & de tous les autres côtés environnée de murs en forme de demi-cercle, comme l’on verra dans la fig. 27. Pl. phys. qui ne représente qu’une partie de la cour, le reste ne servant de rien au sujet dont il s’agit.
CIIC est le demi-cercle de la cour, dont H est l’entrée : ADB est l’endroit où se placent ceux qui écoutent : celui qui chante se met à l’endroit marqué G ; & ayant le visage tourné vers l’entrée H, il parcourt en chantant l’espace GF, qui est de 20 à 22 piés de longueur.
Sans avoir recours à des cavités soûterraines, la seule figure demi-circulaire de cette cour suffit pour rendre raison de toutes les variations que l’on remarque dans cet écho.
1°. Lorsque celui qui chante est à l’endroit marqué G, sa voix est réfléchie par les murs C de la cour au-dessus de D, vers L ; & les lignes de réflexion se réunissant en cet endroit L, l’écho se doit entendre de même que si celui qui chante y étoit placé. Mais comme ces lignes ne se réunissent pas précisément en un même point, ceux qui sont places en L, doivent entendre plusieurs voix, comme si diverses personnes chantoient ensemble.
2°. A mesure que celui qui chante s’avance vers E, les lignes de reflexion venant de plus en plus à se réunir près de D, ceux qui sont placés en D doivent entendre l’écho comme s’il approchoit d’eux ; mais quand celui qui chante est parvenu en E, alors la réunion des lignes venant à se faire en D, ils entendent l’écho comme si l’on chantoit à leurs oreilles.
3°. Quand celui qui chante continue d’avancer de E en F, l’écho semble s’éloigner, parce que la réunion des lignes se fait de plus en plus au-dessous de D.
4°. Enfin lorsqu’il est arrivé en F, ceux qui sont placés en D n’entendent plus l’écho, parce que l’endroit H, d’où la réflexion se devroit faire vers D, est ouvert, & que par conséquent il ne se fait point de réflexion vers D ; c’est pourquoi l’écho ne s’y doit point entendre : mais comme il y a d’autres endroits d’où quelques lignes réfléchies se réunissent en A & en B, deux personnes placées en ces deux endroits, doivent entendre l’écho, l’une comme si l’on chantoit à gauche, & l’autre comme si l’on chantoit à droite. Ils ne le peuvent néanmoins entendre que foiblement, parce qu’il y a peu de lignes qui se réunissent en ces deux endroits.
5°. Ceux qui sont placés en D doivent entendre l’écho, lorsque celui qui chante est en E, parce que la voix est réfléchie vers eux ; mais ils ne doivent entendre que foiblement la voix même de celui qui chante, parce que l’opposition de son corps empêche que sa voix ne soit portée directement vers eux : ainsi sa voix ne venant à eux qu’après avoir tourné à l’entour de son corps, est beaucoup moins forte en cet endroit que l’écho, qui par conséquent l’étouffe, & empêche qu’elle ne soit entendue. C’est à-peu-près de même que si un flambeau est placé entre un miroir concave & un corps opaque ; car ceux qui sont derriere ce corps opaque, voyent par réflexion la lumiere du flambeau, mais ils ne voyent pas directement le flambeau, parce que le corps opaque le cache.
6°. Au contraire celui qui chante étant placé vis-à-vis de l’entrée H, & ayant le visage tourné de ce côté-là, ne doit point entendre l’écho, parce que l’endroit H étant ouvert, il ne se trouve rien qui réfléchisse la voix vers E ; mais il doit entendre sa voix même, parce qu’il n’y a rien qui l’en empêche.
Nous avons tiré des mémoires cités cette description & cette explication, dont nous laissons le jugement à nos lecteurs : nous ignorons si cet écho subsiste encore. (O)
L’écho de Verdun (Hist. de l’acad. des Sciences, ann. 1710), est formé par deux grosses tours détachées d’un corps-de-logis, & éloignées l’une de l’autre de 26 toises : l’une a un appartement bas de pierre-de-taille, voûté ; l’autre n’a que son vestibule qui le soit : chacune a son escalier. Comme ce qui appartient aux échos peut être appellé la catoptrique du son, (V. Catoptrique), on peut regarder ces deux tours comme deux miroirs posés vis-à-vis l’un de l’autre, qui se renvoyent mutuellement les rayons d’un même objet, en multipliant l’image, quoiqu’en l’affoiblissant toûjours, & la font paroître plus éloignée, ainsi lorsqu’on est sur la ligne qui joint les deux tours, & qu’on prononce un mot d’une voix assez élevée, on l’entend répéter douze ou treize fois par intervalles égaux, & toûjours plus foiblement : si l’on sort de cette ligne jusqu’à une certaine distance, on n’entend plus d’écho, par la même raison qu’on ne verroit plus d’image, si l’on s’éloignoit trop de l’espace qui est entre les deux miroirs : si l’on est sur la ligne qui joint une des tours au corps-de-logis, on n’entend plus qu’une répétition, parce que les deux échos ne joüent plus ensemble à l’égard de celui qui parle, mais un seul. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.
Echo se dit aussi de certaines figures de voûte qui sont d’ordinaire elliptiques ou paraboliques, qui redoublent les sons, & font des échos artificiels. Voyez Cabinets secrets.
Vitruve dit qu’en divers endroits de la Grece & d’Italie on rangeoit avec art près le théatre, en des lieux voûtés, des vases d’airain, pour contribuer à rendre plus clair le son de la voix des acteurs, & faire une espece d’écho ; & par ce moyen, malgré le nombre prodigieux de ceux qui assistoient à ces spectacles, chacun pouvoit entendre avec facilité. Voyez les dictionnaires de Harris & de Chambers, d’où une partie de cet article est tirée, & l’essai de physique de Musschenbroeck, §. 1460 & suiv. Voyez aussi Cornets & Porte-voix. (O)
Echo, (Poésie.) sorte de poésie, dont le dernier mot ou les dernieres syllabes forment en rime un sens qui répond à chaque vers : exemple,
Nos yeux par ton éclat sont si fort éblouis
Louis,
Que lorsque ton canon qui tout le monde étonne
Tonne, &c.
Cela s’appelle un écho ; nous n’en sommes pas les inventeurs, les anciens poëtes grecs & latins les ont imaginés, & la richesse ainsi que la prosodie de leur langue, s’y prêtoit avec moins d’affectation. On en peut juger par la piece de Gauradas, qu’on lit dans le livre IV. chap. x. de l’anthologie ; l’épigramme de Léonides, liv. III. ch. vj. de la même anthologie, est encore une espece d’écho. Il y avoit des poëtes latins, du tems de Martial, qui, à l’imitation des grecs, donnerent dans cette bisarrerie puérile, puisque cet auteur s’en moque, & qu’il ajoûte qu’on ne
trouvera rien de semblable dans ses ouvrages.
Lors de la naissance de notre poésie, on ne manqua pas de saisir ces sortes de puérilités, & on les regarda comme des efforts de génie. L’on trouve même plusieurs échos dans le poeme moderne de la sainte-Baume du carme provençal : ce qui m’étonne, c’est que de pareilles inepties ayent plû à des gens de lettres d’un ordre au-dessus du commun. M. l’abbé Banier cite comme une piece d’une naïveté charmante, le dialogue composé par Joachim du Bellay, entre un amant qui interroge l’écho, & les réponses de cette nymphe : voici les meilleurs traits de ce dialogue ; je ne transcrirai point ceux qui sont au-dessous.
Qui est l’auteur de ces maux avenus ?
Venus.
Qu’étois-je avant d’entrer en ce passage ?
Sage.
Qu’est-ce qu’aimer, & se plaindre souvent ?
Vent.
Dis-moi quelle-est celle pour qui j’endure ?
Dure.
Sent-elle bien la douleur qui me point ?
Point.
Mais si ces sortes de jeux de mots faisoient sous les regnes de François I. & d’Henri II. les délices de la cour, & le mérite des ouvrages d’esprit des successeurs de Ronsard, ils ne peuvent se soûtenir contre le bon goût d’un siecle éclairé. On sait la maniere dont Alexandre récompensa ce cocher, qui avoit appris, après bien des soins & des peines, à tourner un char sur la tranche d’un écu, il le lui donna. Art. de M. le Chevalier de Jaucourt.
Echo, en Musique, est le nom de ces sortes de pieces ou d’airs, dans lesquelles, à l’imitation de l’écho, on repete de tems en tems, & fort doux, un petit nombre de notes. C’est sur l’orgue qu’on employe plus communément cette maniere de joüer, à cause de la facilité qu’on a de faire les échos sur le second clavier.
L’abbé Brossard dit qu’on se sert aussi quelquefois du mot écho, en la place de doux ou de piano, pour marquer qu’il faut adoucir la voix ou le son de l’instrument comme pour faire un écho. Cet usage ne subsiste plus aujourd’hui. (S)
Il y a dans Proserpine un chœur en écho, qui a dû faire beaucoup d’effet dans la nouveauté de cet opéra. Tout le monde se souvient encore de l’air de l’écho, dans l’intermede italien du maître de musique. Cet air, qui a eu parmi nous un succès prodigieux, est pourtant d’un chant très-commun, quoiqu’assez agréable, & il est à tous égards très-inférieur à un grand nombre d’autres morceaux italiens de la premiere force, que les mêmes spectateurs ont reçu beaucoup plus froidement, ou même ont écouté sans plaisir. Mais cet air de l’écho avoit un grand mérite pour bien des oreilles ; il étoit assez facile à retenir & à frédonner tant bien que mal, & ressembloit plus à notre musique, que les airs admirables dont je parle. En France, la bonne musique est pour bien des gens, la musique qui ressemble à celle qu’ils ont déjà entendue. C’est ce qu’ils appellent de la musique chantante, & qui n’est trop souvent qu’une musique triviale & froide, sans expression & sans idée. (O)