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L’Encyclopédie/1re édition/EMBONPOINT

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EMBONPOINT, s. m. (Med.) ce mot s’est formé de trois dictions françoises : de la préposition en, dont l’n se change en m devant b, de l’adjectif bon, & du substantif point ; de sorte qu’embonpoint signifie l’état d’une personne qui est en bon point, c’est-à-dire en bon état, en bonne santé. Quelques-uns écrivent embompoint.

Hippocrate donne une très-belle description de l’embonpoint (præcept. jx. 1 seq.) ; il le fait consister dans une disposition naturelle bien proportionnée de toutes les parties du corps, qui sont pleines de bons sucs, dans un juste rapport avec les forces des solides qui les contiennent, dans une vigueur ferme & constante, & dans une facilité à l’exercice des fonctions qui ne s’altere pas aisément. Hippocrate établit aussi que pour joüir d’un embonpoint complet, optanda est & ejusmodi dispositio quæ aliena sit ab ingenii tarditate. Saint-Evremond dit de même, « que pour joüir d’un embonpoint parfait, une bonne disposition de l’ame veut quelque chose de plus animé que l’état tranquille. »

L’embonpoint, dont on ne juge ordinairement que par l’apparence, s’annonce par un visage plein dont la peau est assez tendue ; d’un teint vif & frais, qui ne soit que modérément enluminé ; par les membres charnus & peu chargés de graisse ; par l’agilité du corps dans ses mouvemens, &c. Voyez Santé.

On se sert cependant communément de ce terme embonpoint dans un sens qui lui est moins propre : on l’employe pour exprimer la constitution d’un corps gras, replet, qui n’est souvent rien moins qu’en bonne santé ; lorsqu’il est trop abondant en humeurs, même de bonne qualité, en graisse sur-tout, ce qui fait un état peu favorable à la santé, lorsque cette constitution est sensiblement défectueuse par excès ; c’est ce qu’on appelle le trop d’embonpoint, qui dégénere en maladie par les altérations qu’il occasionne dans l’économie animale. Le défaut d’embonpoint est aussi un état contre nature, c’est la maigreur. Voyez Maigreur. L’un & l’autre vice sont produits par celui de la secrétion du suc huileux qui constitue la graisse, lequel est trop abondant ou manque dans les réservoirs qui lui sont propres. V. Graisse. (d)