L’Encyclopédie/1re édition/HERSE
HERSE, (Hist. ecclés.) ce sont dans les églises des especes de chandeliers, sur lesquels on peut répandre un grand nombre de lumieres.
Herse, s. f. (Architecture.) espece de barriere en forme de palissade à l’entrée d’un faubourg ; elle differe néanmoins de la barriere en ce que ses pieux sont pointus, pour empêcher de passer par-dessus.
Herse, s. f. en termes de Fortifications, est une espece de porte faite de plusieurs pieces de bois armées par en bas de pointes de fer, & disposées en forme de treillis, laquelle se met au-dessus d’une porte de ville. Elle y est suspendue par une corde attachée à un moulinet qui est au-dessus de la porte, lequel étant lâché, la herse s’abaisse & tombe de bout par deux coulisses qui sont entaillées dans les deux côtés de la porte. On lâche la herse quand la porte a été pétardée ou rompue. Pour éviter les surprises & l’effet du pétard, il vaut mieux se servir des orgues, parce qu’on ne les peut pas arrêter tout d’un coup comme la herse, qu’on peut empêcher de tomber en fichant quelques clous dans les coulisses, ou en mettant dessous des chevalets.
On appelle autrement la herse sarrasine ou cataracte & orgues, quand elle est faite de pieux droits sans traverses. Voyez Sarrasine, Orgues, &c.
On se sert au défaut de chevaux de frise, pour défendre une breche ou un passage, de herses ordinaires, que l’on place les pointes en haut pour incommoder la marche de l’infanterie & de la cavalerie. Voyez Cheval de frise. Chambers. (Q)
Herse de gouvernail, (Marine.) c’est la corde qui joint le gouvernail à l’étambord. (Z)
Herse, terme d’opéra, ce sont deux liteaux de bois d’environ huit pouces de large, qu’on cloue en sens différens, ensorte qu’unis ils forment un demi-quarré. On met sur la partie horisontale des especes de lampions de fer blanc faits en forme de biscuits, & auxquels on donne ce nom ; l’autre partie couvre ces lumieres, & on l’oppose au public ; ensorte que toute la lumiere frappe la partie de la décoration où l’on veut porter un plus grand jour. Il y a de grandes & de petites herses : on les multiplie sur ce théatre autant qu’on croit en avoir besoin ; on les sert à la main, & ce service fait partie de la manœuvre. Voyez Lumiere. (B)
Herse, terme de Mégissier, qui signifie un grand chassis de bois dont les bords sont percés de trous garnis de chevilles, qui sert à étendre les peaux destinées à faire le parchemin, pour pouvoir les travailler plus facilement.
Les Parcheminiers se servent aussi de la herse pour bander le sommier ou la peau du veau sur laquelle ils raturent le parchemin en croûte ou en cosse. Voyez Parchemin, & Pl. du Parcheminier.
*Herse, (Agriculture.) instrument nécessaire au labourage pour ameublir & unir les terres. C’est une espece d’assemblage de pieces de bois, en triangle tronqué & à double base, garni en dessous, sur ses côtés & ses bases, de dents de fer ou de bois. Il en faut avoir de différentes grandeurs ; les construire de bois lourd, les façonner solidement, les bien ferrer, & leur donner des dents longues & fortes. On attache, quand il en est besoin, une ou deux pierres à la herse pour lui ajouter du poids & la rendre propre à briser toutes sortes de terre. Le bœuf ou le cheval traîne la herse à laquelle il est attaché par le petit côté. Il y a des herses à roue & d’autres sans roue. Les premieres sont plus commodes. Les roues sont placées sur le devant. On veut que la herse ait six pieds de long, que les dents en soient rangées à cinq pouces les unes des autres, & qu’elles ayent environ quatre pouces de saillie hors des travers. Une herse bien mince, & chargée convenablement, entre en terre d’un bon doigt, ce qui suffit à son effet. Les herses sans dents ne sont qu’un tissu d’osier, ou des especes de fortes claies avec lesquelles on applanit les terres semées en lin, lorsqu’elles sont sabloneuses & légeres. Voyez la herse à labour, Planch. d’Agriculture. Voyez l’article Herser.
* Herse, (Pêche.) engin qui ne differe guere des herses à labour. On s’en sert sur-tout de basse marée, aux eaux vives, & dans les grandes marées des saisons chaudes. On leur attele un cheval ou un bœuf, & on les promene sur le fond d’où elles entraînent toutes les especes de poissons plats qui s’y sont ensablés, comme soles, petits turbots, barbues, plyes, limandes, carelets, &c. Un homme conduit la herse ; deux autres placés sur les côtés, attendent les poissons qui se désallent, & les prennent à la main. De ces herses les unes sont endentées de bois, d’autres de fer.
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