L’Encyclopédie/1re édition/HIRONDELLE

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Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 219-220).
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HIRONDELLE, sub. fém. (Hist. nat. Ornithol.) hirundo domestica, Willughbi a décrit une hirondelle femelle qui pesoit à peine une once ; elle avoit près de sept pouces de longueur depuis le bec jusqu’à l’extrémité de la queue, & un pié d’envergure. Le bec étoit noir en-dehors & noirâtre en-dedans, large & applati près de la tête, & pointu par le bout ; la langue & le palais avoient une couleur jaunâtre ; les piés étoient courts & noirâtres ; la tête, le cou, le dos & le croupion, ont une belle couleur bleue foncée & pourprée ; il y a sur le devant de la tête & à l’endroit du menton une tache rougeâtre ; la gorge est de la même couleur que le cou ; la poitrine, le ventre & les petites plumes du dessous de l’aîle sont de couleur blanchâtre, mêlée de quelques légeres teintes de rouge ; la queue est fourchue & composée de douze plumes qui sont noires, à l’exception des deux du milieu, qui ont des taches blanches ; il y a dans chaque aîle dix-huit grandes plumes qui sont noirâtres, mais les petites ont une belle couleur bleue.

Les couleurs des hirondelles varient ; il y en a de toutes blanches ; on ne sait pas encore bien certainement où ces oiseaux passent l’hiver. Willughbi étoit porté à croire qu’ils alloient dans les pays chauds, tels que l’Egypte & l’Ethiopie ; il trouvoit moins de vraissemblance à ce qu’ils se retirassent & se tinssent cachés dans des creux d’arbres, dans des fentes de rochers, ou dans l’eau sous la glace.

Hirondelle de Rivage, hirundo riparia : c’est la plus petite des hirondelles ; elle differe du martinet (voyez Martinet.) en ce qu’elle n’a pas le croupion blanc, ni les piés revêtus de plumes : elle niche dans des trous sur les rivages.

Hirondelle de Mer, hirundo marina, Aldrovande. Cet oiseau a moins de rapport avec les hirondelles, qu’avec des oiseaux d’autre genre. Il est, selon Aldrovande, beaucoup plus gros qu’une hirondelle, & il a les jambes plus longues ; le ventre est blanchâtre ; la tête, les aîles & le dos sont roux ; les aîles & la queue sont très-longues comme dans les hirondelles noirâtres en-dessus & brunes en dessous ; la queue est fourchue ; le bec est fort & noir ; l’ouverture de la bouche est grande & rouge ; il y a une bande noire qui s’étend de chaque côté depuis l’œil presque jusqu’à la poitrine comme un collier ; les piés sont très-noirs. Willughbi, Ornith. voyez Oiseau.

Hirondelle de Mer, voyez Poisson volant.

Hirondelle, (Mat. med.) les jeunes hirondelles sont fort célébrées dans la passion hystérique, les convulsions & les accouchemens difficiles ; mais les effets ne répondent pas à cette célébrité. On les fait entrer dans une eau distillée composée, à laquelle elles donnent leur nom & rien de plus. Voyez Eaux distillées.

Le nid d’hirondelle passe pour spécifique appliqué extérieurement dans l’esquinancie ; cette vertu est encore précaire ; la fiente d’hirondelle n’est pas plus discussive, ni plus obcæcante que celle d’un autre oiseau. (b)

Hirondelle (pierre d’) Hist. naturelle, Lithol. l’on nomme ainsi des pierres fort petites, que Wallerius regarde comme de petits grains d’agate, mais que d’autres auteurs prennent avec plus de raison pour des coquilles. Elles ont à-peu-près la figure des pierres que l’on nomme des yeux d’écrevisses ; il y en a, suivant Wallerius, qui sont convexes d’un côté, & applaties de l’autre ; d’autres ont un côté concave ; d’autres sont ovales ; d’autres enfin sont quarrées, mais toutes sont extrèmement lisses ; la couleur en est ou blanche, ou jaune, ou grise, ou bleuâtre ; on les trouve dans le sable, & non dans l’estomac des hirondelles, comme Pline & les anciens l’ont crû. Quelques naturalistes croient que les pierres d’hirondelle sont une espece de pierre lenticulaire : d’autres avec plus de raison croient que ce sont des petites coquilles connues sous le nom d’opercules. M. Hill pense qu’elles sont de la même nature que les pierres qu’on nomme busonites, ou crapaudines, & que ce ne sont que des petits fragmens du palais d’un poisson appellé le loup de mer. Pour concilier ces avis différens, il seroit peut-être plus simple de dire que l’on a donné le nom de pierres d’hirondelles à des petites pierres de différente nature, mais qui se ressembloient à l’extérieur. Bien des gens prétendent que ces pierres insinuées dans l’œil entre le globe & les paupieres, les débarrassent des ordures qui peuvent y être entrées, & les obligent de sortir.

On nomme aussi pierres d’hirondelles, des petites pierres de la grosseur d’une lentille qui se trouvent, dit-on, dans l’estomac de quelques jeunes hirondelles ; les anciens les nommoient lapides chelidonii ; & parmi plusieurs vertus extraordinaires, on leur attribue pareillement la propriété de faire sortir des yeux les ordures qui peuvent y être entrées. M. Lémery croit que cette pierre étant alkaline ou calcaire, elle se charge des sérosités âcres qui peuvent être dans les yeux ; que par-là elle s’agite & s’amollit, en sorte que le corps étranger s’y attache & tombe avec elle. Il dit que plusieurs autres petites pierres agissent de la même maniere dans l’œil, telles que celles qui se trouvent en Dauphiné sur la montagne de Sassenage près de Grenoble ; il prétend que les plus petits yeux d’écrevisses peuvent aussi produire le même effet. Voyez Lémery, Dictionnaire des drogues. (—)