L’Encyclopédie/1re édition/HYDROSTATIQUE
HYDROSTATIQUE, s. f. (Ord. encycl. Entend. Rais. Philosoph. Science de la nature, Mathématiques, Mathématiques mixtes, Méchan. Statiq. Hydrostatiq.) partie de la Méchanique qui considere l’équilibre des corps fluides, aussi-bien que des corps qui y sont plongés.
Ce mot est grec, & composé de ὕδωρ, eau, & de ἵστημι, je pose. Hydrostatique signifie proprement la statique de l’eau, la science de l’équilibre des eaux ; mais comme les loix de l’équilibre de l’eau sont les mêmes pour les autres corps fluides, on a donné en général le nom d’Hydrostatique à la science de l’équilibre des fluides.
On confond souvent l’Hydrostatique avec l’Hydraulique, à cause de l’affinité du sujet, & plusieurs auteurs ne les traitent point séparément. En effet les lois du mouvement des fluides se réduisent à celui de leur équilibre. Voyez Hydraulique & Hydrodynamique.
L’auteur le plus ancien que nous ayons sur l’Hydrostatique est Archimede, qui en a donné les lois dans son traité de insidentibus humido.
Parmi les modernes, le celebre M. Paschal a donné sur ce sujet un fort bon ouvrage intitulé Traité de l’équilibre des liqueurs & de la pesanteur de l’air.
M. Mariette, dans un traité qu’il a publié en 1686, sur le mouvement des eaux & des autres fluides, donne presque toutes les propositions de l’Hydrostatique & de l’Hydraulique, prouvées par la raison & confirmées par l’expérience.
Nous avons donné au mot Fluide les principales lois de l’Hydrostatique, & il ne nous reste presque rien à y ajouter ici.
La loi générale de l’équilibre des fluides est 1°. que la direction des forces soit perpendiculaire à la surface du fluide : 2°. qu’un canal quelconque rectiligne, formé de deux branches terminées à la surface, & aboutissant où l’on voudra dans l’intérieur du fluide, soit en équilibre. M. Maclaurin est le premier qui ait fait usage de ce dernier principe, & qui l’ait heureusement appliqué à la recherche de la figure de la terre. De ce principe résulte celui de l’équilibre des canaux curvilignes quelconques, dont M. Clairaut s’est servi avec beaucoup de sagacité pour le même usage. Sur quoi voyez le chap. ij. de mon essai sur la résistence des fluides 1752.
Lorsque plusieurs fluides de différentes densités sont placés les uns au-dessous des autres, comme de l’huile, de l’eau, du mercure, &c. la surface de chacun de ces fluides doit être de niveau, c’est-à-dire perpendiculaire en chaque point à la direction de la force qui agit sur les particules de fluide. Cependant lorsque le fluide est composé de couches infiniment peu épaisses, & dont la densité ne varie qu’infiniment peu d’une couche à l’autre, cette loi ne doit pas être nécessairement observée, excepté à la surface supérieure. Je crois avoir fait le premier cette remarque, & je m’en suis servi pour étendre la théorie de la figure de la terre plus loin qu’on ne l’avoit fait encore. Voyez l’appendice qui est à la fin de mon essai sur la résistance des fluides, 1752, & la troisieme partie de mes recherches sur le système du monde, liv. VI. Je renvoie le lecteur à ces deux ouvrages pour le détail d’une théorie qui demandant assez de calcul, ne peut être traitée commodément dans l’Encyclopédie. (O)