L’Encyclopédie/1re édition/INFAILLIBLE

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Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 696-697).

INFAILLIBLE, adj. (Théologie.) qui ne peut se tromper ni être trompé. Voyez Tromperie, Erreur. Ce mot est formé de la préposition in, prise privativement, & de fallo, je trompe.

On peut être infaillible ou par nature ou par privilege. Dieu seul est infaillible de la premiere maniere ; c’est une suite nécessaire de sa souveraine perfection. L’Eglise est infaillible de la seconde maniere, parce que Dieu lui en a accordé le privilege. Voyez Infaillibilité.

Les Catholiques soutiennent que l’Eglise est infaillible, soit qu’elle se trouve assemblée dans un concile écuménique, soit qu’elle soit dispersée, & cela en vertu des promesses de Jesus-Christ : qui vos audit me audit ; ego vobiscum sum omnibus diebus usque ad consummationem sæculi. Les Protestans au contraire, prétendent que l’Eglise, soit assemblée soit dispersée, est sujette à l’erreur.

Parmi les Catholiques, quelques Théologiens défendent cette opinion, que le pape quand il prononce ex cathedrâ, c’est-à-dire après avoir assemblé le conclave, est infaillible. Quelques-uns ont été jusqu’à prétendre que le souverain pontife, même, comme personne privée, & quand il prononçoit proprio motu, étoit infaillible. Cette doctrine n’est pas reçûe en France, où l’on pense que les jugemens des papes ne sont point infaillibles ni irréformables, à moins qu’ils ne soient appuyés du consentement de l’Eglise.

Entre ces deux sentimens, quelques-uns en ont imaginé un mitoyen ; c’est de distinguer le siége de Rome, du pontife qui l’occupe, & de soutenir que ce siége non-seulement n’a jamais erré, mais encore qu’il ne peut errer.