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L’Encyclopédie/1re édition/LAMPSAQUE

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LAMPSAQUE, (Géog. anc. & mod.) en latin Lampsacus ; ville ancienne de l’Asie mineure, dans la Mysie, presque au bord de la mer, à l’entrée de la Propontide : elle avoit un temple dédié à Cybele, & un port vanté par Strabon, vis-à-vis de Callipolis, ville d’Europe dans la Chersonèse de Thrace. Elle s’étoit accrue des ruines de la ville voisine de Paesus, dont les habitans passerent à Lampsaque. Quelques-uns disent qu’elle fût bâtie par les Phocéens, & d’autres par les Milésiens en la xxxj. olympiade.

On sait comme la présence d’esprit d’Anaximène sauva Lampsaque de la fureur d’Alexandre. Ce prince honteusement insulté par cette ville, marchoit dans la résolution de la détruire. Anaximène fut prié par ses concitoyens, d’aller intercéder pour leur patrie commune ; mais d’aussi loin qu’Alexandre l’apperçut : « Je jure, s’écria-t-il, de ne point accorder ce que vous venez me demander..... » Eh bien, dit Anaximène, je vous demande de détruire Lampsaque. Ce seul mot fut comme une digue qui arrêta le torrent prêt à tout ravager ; le jeune prince crut que le serment qui lui étoit échappé, & dans lequel il avoit prétendu renfermer une exception positive de ce qu’on lui demanderoit, le lioit d’une maniere irrévocable, & Lampsaque fut ainsi conservée.

Ses vignobles étoient excellens, c’est pourquoi, au rapport de Cornelius Népos & de Diodore de Sicile, ils furent assignés à Thémistocle par Artaxerxe pour sa table.

On adoroit à Lampsaque plus particulierement qu’ailleurs Priape le dieu des jardins, si nous en croyons ce vers d’Ovide, Trist. l. I. elég. 9. v. 770.

Et te ruricola, Lampsace, tuta deo.

On voyoit aussi dans cette ville un beau temple que les habitans avoient pris soin de dédier à Cybele.

Lampsacus, dit Whéler dans ses voyages, à présent appellée Lampsaco, a perdu l’avantage qu’elle avoit du tems de Strabon sur Gallipoli ; ce n’est qu’une petite ville ou bourg, habité par quelques turcs & grecs ; c’étoit une des trois villes que le roi de Perse donna à Thémistocle pour son entretien : Magnésie étoit pour son pain, Mynus pour sa viande, & Lampsaque pour son vin. Elle a conservé sur les collines qui l’environnent quelques vignes, dont les raisins & les vins, en très-petites quantité, sont excellens.

Whéler se trouvant à Lampsaco, y vit encore dans un jardin deux belles inscriptions antiques ; la premiere étoit une dédicace d’une statue à Julia Augusta, remplie des titres de Vésta, & de nouvelle Cérès. L’érection de cette statue fut faite aux dépens de Dionisius, fils d’Apollonitimus, sacrificateur de l’empereur, intendant de la distribution des couronnes, & trésorier du sénat pour la seconde fois : l’autre inscription étoit la base d’une statue dressée en l’honneur d’un certain Cyrus, fils d’Apollonius, médecin de la ville, & érigée par la communauté, à cause des bienfaits qu’elle en avoit reçus. (D. J.)