L’Encyclopédie/1re édition/MEUNIER

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MEUNIER, TÉTARD, VILAIN, CHEVESNE, CHOUAN, s. m. capito, (Hist. nat.) poisson de riviere que l’on trouve communément près des moulins ; il se plait aussi dans les endroits fangeux & remplis d’ordures. Il a deux nageoires au-dessous des ouies, deux autres au bas du ventre, à peu près sur le milieu de sa longueur, une derriere l’anus, & une sur le dos. La tête est grosse ; la bouche dénuée de dents, & le palais charnu. La chair de ce poisson a un goût fade, elle est blanche & remplie d’arrêtes. Rondelet, hist. des poiss. de riviere, chap. xij. Voyez Poisson.

Meunier, voyez Martin-pêcheur.

Meunier, ou Blanc, s. m. (Jardinage.) est une maladie commune aux arbres, principalement aux pêchers, aux fleurs & aux herbes potageres, telles que le melon & le concombre ; c’est une espece de lepre qui gagne peu après les feuilles, les bourgeons ou rameaux, les fruits, & les rend tout blancs & couverts d’une sorte de matiere cotoneuse, qui bouchant les pores, empêche leur transpiration, & par conséquent leur cause un grand préjudice. Quelques expériences que l’on ait faites, on n’a point encore pû y trouver du remede.

Meunier, (Pêche.) est un poisson de riviere, espece de barbeau, qui a une grosse tête, les écailles luisantes, la chair blanche & molle, & qui est tout blanc, mais moins dessus le dos que sous le ventre : on lui donne plusieurs noms ; les uns l’appellent têtard ou têtu, parce qu’il a une grosse tête ; les autres meunier, parce qu’on le trouve le plus ordinairement autour des moulins, ou parce qu’il a la chair blanche ; enfin on lui donne aussi les noms de mulet, majon, ou menge, du mot latin mugil ; il a dans la tête un os entouré de pointes comme une chataigne : il se nourrit de bourbe, d’eau & d’insectes, qui nagent sur la superficie ; on le prend à la ligne, & on appâte l’hameçon avec des grillots qu’on trouve par les champs, ou des grains de raisin, ou avec une espece de mouche qu’on trouve cachée en hiver le long des rivieres. Il y en a qui se servent de cervelle de bœuf : ce poisson ne va jamais seul, ce qui fait qu’on en prend beaucoup, soit à la ligne, soit aux filets.

Il y en a encore une autre espece, dont les écailles sont plus transparentes, un peu plus larges & plus déliées ; elles approchent de la couleur de l’argent ; ce poisson est long, épais & charnu : il est rusé & difficile à prendre ; il reste souvent entre les bans de sable dans les rivieres : pour le prendre les pêcheurs se servent plûtôt de la ligne que de toute autre chose. C’est dans le mois de Mai que cette pêche commence à être bonne jusqu’au mois de Mars : pour amorcer l’hameçon, on se sert d’autres petits poissons ; ce poisson s’amorce aussi avec des vers qu’on prend sur des charognes, & après en avoir fait amas, on les conserve dans des pots pleins de son, & si on veut n’en point manquer, on peut mettre du sang caillé dans des mannequins.

Meunier, (Econ. rust.) c’est celui qui fait valoir un moulin à moudre le grain. Voyez à Moulin à Froment.