L’Encyclopédie/1re édition/MOLETTES
MOLETTES, voyez Amolettes, Marine.
Molette, en terme de Boutonnier, ce sont de petites roues pleines & creusées dans leurs bords comme une poulie, traversées les unes d’une pointe à percer des moules de boutons & autres outils propres aux ouvrages de bois, les autres d’une broche recourbée par un bout, qui servent à faire la milannoise, le guipé, le cordonnet, &c. Voyez ces mots à leur article.
Molettes, instrument de Cordier, petit rouleau de bois creusé en forme de poulie dans le milieu où répond la corde à boyau, & traversée par une broche de fer qui se termine par un de ses bouts en crochet ; c’est à ce crochet que les fileurs attachent leur chanvre qui se tord quand la molette vient à tourner. Voyez les figures dans nos Planches de la Corderie, qui représentent deux molettes, & l’article Corderie.
Molette, terme d’Horlogerie, c’est une petite roue employée dans les conduites des cadrans des grosses horloges. Voyez Conduite, Horloge, &c.
Molette, (Jard.) ce terme signifie un melon, un concombre, une citrouille, un potiron mal venu, c’est-à-dire, dont la figure est plate & enfoncée d’un côté, au lieu que pour être bien faite elle doit être ronde ; cette difformité est causée par la mauvaise substance dont ils ont été nourris.
Molette, (Lunettier.) petit instrument de bois doublé de chapeau, dont les ouvriers qui travaillent au poli des glaces dans les manufactures de celles du grand volume, se servent pour les rechercher après les avoir polies. On l’appelle plus communément lustroir. Voyez Glace.
Les miroitiers-lunettiers appellent encore ainsi les morceaux de bois ou de buis au bout desquels ils attachent avec du ciment les pieces de verre qu’ils veulent travailler, soit de figure convexe, dans des bassins, soit de figure concave, avec des spheres ou boules. Voyez Boule.
Les molettes ou poignées dont les lunettiers se servent pour l’ordinaire, ne valent rien, tant par rapport à leur maniere, que par rapport à leur forme ; car pour la maniere, ils se contentent de les faire simplement de bois, rondement tournées, un peu plus larges en leur assiette, où elles sont cavées pour contenir le mastic, qu’en leur sommet. Mais cette maniere, de même que la forme qu’ils lui donnent, ne vaut rien pour produire l’effet nécessaire ; car elle est trop légere, & ne seconde ni ne soulage en rien le travail de la main pour l’application réguliere dans la conduite du verre sur la forme. En second lieu, leurs molettes manquent d’assiette pour y appuyer régulierement le verre, & l’y tenir toujours dans la même situation sur son mastic ; en effet, ces molettes ont besoin au moins d’une pesanteur modérée pour fixer l’instabilité de la main, qu’elles aident & soulagent de plus de la moitié du travail ; outre qu’elles contribuent considérablement à faire prendre au verre la forme sphérique qu’on veut lui donner, son poids prenant naturellement la pente de la superficie de la forme, & incomparablement mieux que la main seule. Il ne faut pas cependant qu’elles ayent trop de pesanteur, car elles rejetteroient le grès ou mordant de dessous le verre ; & de-là vient que le plomb & l’étain-même sont moins propres à faire ces molettes, que le cuivre, joint que leur consistance est trop molle pour conserver exactement la forme qu’on leur a donnée sur le tour. J’en représente quatre sortes dans la Planche de profil seulement. La figure 2. est simple, & celle qui est marquée 3, porte un petit globe qui lui sert de poids, & que l’on peut ôter & remettre au besoin. La doucine bc, en retrait dessus la plate-bande bfcg, & cfden, sert à appuyer & empêcher les doigts de glisser sur la forme, en travaillant. Depuis cette plate-bande en haut, l’on peut augmenter un peu la molette de grosseur, pour que la main puisse l’enlever plus aisément de dessus la forme. On remarquera que le bord inférieur fg de la plate-bande de ces sortes de molettes qui servent pour les verres objectifs, est plus court d’environ deux ou trois lignes que leur plateforme, qui reste sur leur milieu he, qui sert pour asseoir le verre. Cette plate-forme doit être coupée bien quarrément sur le bord de sa circonférence ; mais de son bord vers son centre, elle doit être un peu cavée. On peut même vuider tout le milieu de cette plate-forme de la molette, & n’y laisser qu’une épaisseur d’une ligne ou deux, coupée bien quarrément sur le tour, pour y asseoir le verre objectif : par ce moyen la molette n’ayant de la pesanteur que dans sa circonférence, est plus ferme en son assiette pour la conduite du verre sur la forme. Le dessous de la plate-bande fg, doit être cavé assez profondement, mais inégalement & rudement, pour que ce canal étant rempli de mastic, qui doit tenir le verre sur la molette, il s’y attache mieux. La premiere de ces molettes porte aussi un petit trou, ah, qui la traverse en axe dans le milieu dans toute sa longueur. La seconde en a deux, i, k, un peu en pente sur les côtés, pour ne point empêcher la vis de son surpoids ; ils servent de vent pour laisser sortir l’air qui s’enferme entre la molette & le verre ; & qui s’échauffant & se raréfiant par le travail, feroit sans cela souvent détacher le verre de dessus son mastic. Les deux autres molettes, 4 & 5, sont simplement cavées pour tenir le mastic, & servent à travailler le verre de l’œil. Voyez Bassin de Lunettier, & les fig. Pl. du Lunettier.
Molette, (Maréchal.) extrémité de l’éperon qui sert à piquer les chevaux, Elle est faite en forme d’étoile à six pinces, ou d’une petite rose, & mobile sur la branche de derriere. Voyez Épëron.
C’est aussi un épi de poil qui se trouve au milieu du front du cheval & entre les deux yeux.
On appelle aussi molettes, certaines grosseurs pleines d’eau qui viennent au bas des jambes des chevaux. Il n’y a que le feu qui puisse les guérir, encore ce remede n’est il point infaillible.
Molettes, en terme d’Orfévre en grosserie, sont des especes de grandes pincettes souples, d’égale largeur de la tête jusqu’en bas, & qui jouent aisément, dont les Orfévres se servent à la forge, ou fonte.
Molette, en Peinture, est une pierre de marbre, de porphyre, d’écaille de mer ou autre, de figure conique, dont la base est plate ou arrondie, & unie, qui sert à broyer les couleurs sur une autre pierre très-dure. Les Italiens l’appellent macinello.
Molette, instrument de Chimie, de Pharmacie, & de plusieurs autres arès, morceau de porphyre, ou d’une autre pierre très-dure, de forme à-peu-près pyramidale, haut de six à sept pouces, d’une grosseur telle qu’elle puisse être commodément empoignée par la partie supérieure, & dont la base est terminée par une surface plane & polie, propre à s’appliquer exactement, à porter par fonds ses points sur une table de porphyre bien dressée & applanie aussi. On emploie cet instrument à broyer ultérieurement, à porphyriser, à alcoholiser des poudres dures, soit terreuses, soit pierreuses, soit métalliques, &c. Voyez Porphyriser. (b)
Molette, (Rubanier.) est une poulie de bois traversée dans son axe par un fer recourbé, dont les Passemantiers-Boutonniers, & les Tissutiers-Rubaniers font usage quand ils veulent retordre les fils dont ils doivent se servir.
Molette, outil de vernisseur ; cette molette ressemble à celle des Broyeurs de couleur, & sert aux Vernisseurs pour mêler & broyer leurs couleurs avec du vernis.
Moletter, v. act. (Glaces.) c’est se servir de la molette pour finir le poli des glaces. Voyez Verrerie & .