L’Encyclopédie/1re édition/PAVILLON

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PAVILLON, s. m. en Anatomie ; c’est l’extrémité de la trompe de Fallope, qui est proche de l’ovaire, elle est évasée comme le pavillon d’un trompette, & bordée d’une espece de frange. Voyez Trompe de Falloppe.

Pavillons, dans l’Art militaire, sont les corps particuliers de casernes destinés au logement des officiers. Ces parties se nomment les pavillons des officiers. Voyez Casernes. (Q)

Pavillon, en terme de guerre, se dit aussi quelquefois d’une tente élevée sur des mâts ou piliers, pour se loger dessous en tems d’été. Voyez Tente. Chambers. (Q)

Pavillon, se dit aussi des drapeaux, des étendarts, ces enseignes, des bannsieres, &c. que les auteurs confondent souvent, & prennent l’un pour l’autre. Voyez Drapeau, Enseigne, Étendart &c.

La mode de porter des pavillons en pointe, comme ils sont aujourd’hui, vient des Arabes mahométans, lorsqu’ils s’emparerent de l’Espagne ; jusqu’alors toutes les couleurs étoient étendues sur des traversiers, comme les bannieres des églises, d’où vient qu’on disoit en latin vexilla quasi vella, un diminutif de vela, voiles.

Tous les pirates, le long des côtes de l’Atlantique & de Barbarie portent des pavillons hexagones, ils sont de gueules, chargés d’un marmot turc, coifé de son turban ; quoique cela soit contraire à leur loi, qui leur défend de faire aucune image d’homme, ayant opinion que ceux qui en font seront tenus au jour du jugement de fournir une ame à ces figures, & qu’à faute de le faire ils seront damnés.

Mais il paroît que ce portrait est celui de Hali Sulficar, gendre de Mahomet, dont les Africains tiennent le parti, lequel ordonna que son portrait seroit représenté sur les drapeaux, se croyant si redoutable aux chrétiens, que le seul aspect de son image les mettroit en fuite : ainsi que nous l’apprend Leunclavius. (Q)

Pavillon, s. m. (Marine.) c’est une banniere, ordinairement d’étamine, qu’on arbore à la pointe des mâts, ou sur le bâton de l’arriere, pour faire connoître la qualité des commandans dans des vaisseaux, & de quelle nation ils sont. Le pavillon est coupé de diverses façons, & chargé d’armes & de couleurs particulieres, tant pour le discernement des nations, que pour la distinction des officiers généraux d’une armée navale. Par ordonnance de 1670 & 1689, il est reglé, que quand l’amiral en personne sera embarqué, il portera le pavillon quarré blanc au grand mât ; le vice amiral, le pavillon quarré blanc au mât d’avant ; le contre-amiral, ou premier lieutenant général, ou chef d’escadre qui en fera la fonction, le pavillon quarré blanc au mât d’artimon, chaque pavillon ayant un quart de battant plus que de guindant. Les chefs d’escadre portent une cornette blanche avec l’écusson particulier de leur département, au mât d’artimon, lorsqu’ils sont en corps d’armée ; mais ils le portent au grand mât quand ils sont séparés & qu’ils commandent en chef. Le battant de leur cornette doit avoir quatre fois le guindant. Elle doit être fendue par le milieu, des deux tiers de sa hauteur, & les extrémités se doivent terminer en pointe. Il est défendu aux vaisseaux particuliers françois de porter le pavillon blanc, qui est affecté aux navires du roi ; les pavillons sont ordinairement d’étamine. Aux navires vaincus ou menés en triomphe, on attache les pavillons aux haubans ou à la galerie de l’arriere, & on les laisse traîner & pancher vers l’eau, & tels vaisseaux sont toués par la poupe.

Les pavillons d’amiral, vice-amiral, & contre-amiral, & les cornettes ne doivent être portés que lorsqu’ils sont accompagnés ; savoir, l’amiral de vingt vaisseaux de guerre ; le vice-amiral & contre-amiral, de douze, dont le moindre doit porter trente-six pieces de canon, & les cornettes de cinq. Les vice-amiraux, lieutenans généraux, & chefs d’escadre qui commandent un moindre nombre de vaisseaux, doivent porter une simple flamme. Lorsque plusieurs chefs d’escadre se trouvent joints ensemble dans une même division ou escadre particuliere, il n’y a que le plus ancien qui doive arborer la cornette, les autres portent une simple flamme. Les capitaines commandant plus d’un vaisseau portent une flamme blanche au grand mât, qui a de guindant la moitié de la cornette, & qui ne peut être moindre que de dix aunes de battans. Il n’est arboré sur les navires de guerre françois aucun pavillon, flamme, ni enseigne de poupe, que de couleur blanche, soit pendant la navigation ou les combats ; il leur est seulement permis de la couleur rouge & autres pour les signaux. L’officier général commandant en chef porte, tant dans les ports & rades qu’à la mer, une enseigne blanche à l’avant de sa chaloupe, pour le distinguer des autres officiers qui la portent à la poupe. Voyez l’Ordonnance de 1689, liv. III. tit. 2. En général les vaisseaux chrétiens portent le pavillon quarré, & les vaisseaux turcs portent le pavillon fendu & coupé en flamme.

Tous les vaisseaux peuvent à l’occasion, mettre une enseigne ou pavillon de poupe, & un de beaupré ; mais il n’y a que l’amiral qui porte le pavillon au grand mât. Il porte encore un flamme au-dessous, si l’armée est divisée en plusieurs escadres, qui aient chacune leur amiral particulier. Voyez Amiral. Le vice-amiral porte le pavillon au mât d’avant, & le contre-amiral au mât d’artimon.

Le pavillon de l’arriere mis en berne, marque ordinairement que quelqu’un qui est hors du vaisseau, est rappellé à bord, ou qu’on a un pressant besoin de quelque chose.

Le pavillon à mi-mât marque qu’il y a quelque personne considérable morte dans le vaisseau. Lorsque Wilte Cornelisz de Wit, vice-amiral de Hollande, fut tué dans la bataille du passage du Sond, qui se donna entre les Suédois & les Hollandois, l’an 1658, & que les Hollandois gagnerent ayant forcé le passage, le vaisseau de ce vice-amiral périt dans le tems que les Suédois s’en rendoient maîtres, & il ne leur en resta que le corps de Wilte de Wit. Le roi de Suede fit revêtir ce corps de satin blanc, fit couvrir son cercueil d’un magnifique drap mortuaire avec les armes du défunt, le fit mettre dans une gaillote peinte de noir, où il n’y avoit pour pavillon que des flammes noires, & le renvoya au lieutenant-amiral général de Wassenaar, ou d’Opdam. Le chevalier Barclei, vice-amiral de l’escadre blanche d’Angleterre, ayant été tué, & son vaisseau ayant été pris dans un combat entre les Anglois & les Hollandois, au mois de Juin 1666 ; son corps fut renvoyé à Londres dans une gaillote qui portoit un pavillon noir & une flamme noire.

Lorsqu’un équipage se mutine contre les officiers, & qu’il se rend maître du vaisseau, ainsi qu’il arrive quelquefois dans les voyage d’un long cours, les révoltés ont coutume de ne mettre que le pavillon de beaupré, & ils ôtent tous les autres : le pavillon blanc se met pour signal de paix, & le pavillon rouge pour signal de combat.

Les vaisseaux vaincus, qu’on conduit dans les ports des victorieux, ont leur pavillon à l’arriere où ils traînent en oüaiche, c’est-à-dire la pointe en l’eau, ensuite on les pend en des églises ou en d’autres lieux publics. Le pavillon amiral du comte de Bossu, général des Espagnols, pend encore dans l’église de Hoom. Tous les signaux qu’on a coutume de faire en Europe par le moyen des pavillons, les Chinois les font par le moyen de deux bâtons, perches, ou gaules qu’ils tiennent dans leurs mains, & par ces signaux ils se font fort bien entendre de tous ceux qui peuvent les voir.

Le commandant en chef d’une armée navale des Provinces-Unies, porte le pavillon au grand mât ; le second officier général le porte au mat d’avant ; & le troisieme le porte à l’artimon, chacun ayant une flamme au-dessous.

Les simples navires de guerre ne portent point de pavillons, mais seulement de doubles girouettes, à-moins qu’ils ne soient à la tête de quelque flotte de vaisseaux marchands pour l’escorter. Autrefois ils portoient des pavillons aux mâts, mais on a jugé à propos de cesser cet usage, pour éviter les différends dans un tems où les étrangers paroissent si chatouilleux sur un point de peu de conséquence pour le bien de l’état. Dans les armées navales, le pavillon du grand mât s’arbore par le commandant ou officier qui est du plus ancien college. Le premier officier du second college, c’est-à-dire de celui qui suit en ancienneté, porte le pavillon au mât d’avant, & l’officier du troisieme college le porte au mât d’artimon : & afin de bien connoître les vaisseaux, & sous tous quels chefs ils sont rangés, chacun porte sa flamme au même mât ou son chef a la sienne.

Il n’y a point de regle générale pour la grandeur des pavillons, chacun en use à son gré à cet égard.

Les navires de guerre du premier & du second rang des Provinces-Unies ont des pavillons de poupe de quinze cueilles & dix-huit aunes de battant. Les pavillons de beaupré sont de dix cueilles & de sept aunes de battant. Les flammes sont de ving-cinq ou trente aunes de battant, & les girouettes de quatre aunes & de quatre cueilles & demie ou de cinq. Les navires de guerre du troisieme rang ont des pavillons de douze cueilles & de quinze aunes de battant ; des pavillons de beaupré de six cueilles & de sept aunes de battant ; des flammes comme celles des vaisseaux des deux premiers rangs, des girouettes de trois cueilles & demie ou de quatre, & de trois aunes de battant.

Les navires du quatrieme & du cinquieme rang portent des pavillons, des flammes & des girouettes comme à ceux du troisieme rang.

Les navires du sixieme rang ont des pavillons de neuf cueilles, & de dix aunes de battant ; des pavillons de beaupré de quatre cueilles & demie, & de cinq aunes de battant ; des flammes de vingt-cinq aunes, des girouettes de trois cueilles ou trois cueilles & demie, & de deux aunes & demie de battant.

Les navires du septieme rang ont des pavillons de sept cueilles & demie, & de neuf aunes de battant ; des pavillons de beaupré de trois cueilles, & de quatre aunes de battant ; des flammes de vingt-cinq aunes ; des girouettes de deux cueilles & demie ou de trois, & de deux aunes de battant. Quand les vaisseaux doivent faire voyage, on les pourvoit ordinairement de deux grands pavillons, & de deux de beaupré ; de deux flammes & de six girouettes.

Outre les pavillons ci-dessus spécifiés, l’amiral prend encore un pavillon de douze cueilles & un de neuf cueilles, avec un ou deux pavillons de beaupré ; une flamme ou deux, un pavillon blanc, une flamme bleue, une rouge & une jaune, pour faire des signaux.

Quelquefois dans les flottes particulieres des Provinces-Unies, les vaisseaux portent tour-à-tour le pavillon au grand mât, & des feux pendant la nuit. Pour tromper ses ennemis & les surprendre on arbore des pavillons étrangers. Les rois défendent ordinairement aux navires qui portent leurs pavillons, de les baisser devant qui que ce soit, ou de saluer les premiers : c’est pourquoi les vaisseaux qui appartiennent aux têtes couronnées s’évitent en mer, autant qu’il est possible.

On voit souvent au mât d’artimon des vaisseaux marchands, de petits pavillons où sont les armes du lieu de la ville où le maître fait son domicile ; & au mât d’avant les armes du lieu où demeurent les affréteurs.

Pavillons, (Marine.) après avoir défini les pavillons en général & les différens usages qu’on en fait à la mer, il faut faire connoître ceux que les diverses nations arborent le plus communément à la mer : pour cet effet il faut voir les Pl.XVII.XVIII. XIX. & XX. où ils sont tous employés avec la description convenable à chacun. (Z)

Pavillon, en terme de Blason, signifie une couverture en forme de tente, qui revêt & enveloppe les armoiries des différens rois & des souverains qui ne dépendent que de Dieu & de leur épée.

Les auteurs héraldiques de France disent qu’il n’y a que les monarques souverains qui puissent porter le pavillon entier & dans toutes ses parties.

Il est composé de deux parties ; du comble, qui est son chapeau, & de la courtine, qui en fait le manteau. Les rois électifs, ou soumis à quelque dépendance, doivent, selon les Héraldistes, ôter le dessus, & ne laisser que les courtines. Voyez Manteau.

L’usage des pavillons & des manteaux dans les armoiries, est venu des anciens lambrequins qui se sont trouvés quelquefois étendus en forme de couvertures, & retroussés de part & d’autre.

D’autres prétendent que cet usage est venu des anciens tournois, où l’on exposoit les armes des chevaliers sur des tapis précieux, sur des tentes & des pavillons, que les chefs des quadrilles y faisoient dresser, pour se mettre à couvert jusqu’à ce qu’ils entrassent en lice.

Pavillon, (terme d’Architecture.) de l’italien paviglione, tente, s’entend de tout bâtiment isolé, d’une médiocre capacité, dont le plan est de forme quarrée, comme sont ceux de Marly ; flanqués comme ceux des Quatre-Nations ; ou ronds, comme celui de l’Aurore dans les jardins de Seaux : ces pavillons sont ordinairement couverts d’un seul comble, à deux égoûts, ou en dôme, ou à l’impérial.

On appelle encore pavillon les avant-corps que forment les extrémités angulaires d’un bâtiment, soit sur la rue, soit sur les jardins ; tels que sont ceux du palais du Luxembourg, & ceux du château du Louvre qui est flanqué de quatre pavillons.

On affecte quelquefois que ces pavillons soient plus élevés que le reste du bâtiment, ce qui joint à leur saillie, les fait, par le secours de l’optique, paroître encore plus élevés qu’ils ne le sont réellement.

Pavillon, en terme de Chaudronnier, c’est le bas évasé en forme d’entonnoir, qu’on remarque dans une trompette & dans un cor-de-chasse : il est composé de trois pieces taillées en triangle, & soudées l’une sur l’autre par le moyen de plusieurs entailles. Voyez la fig. du cor-de-chasse, Pl. de Luth. & de Chaud.

Pavillon, en terme de Diamantaire, ce sont les faces principales qui occupent la culasse d’un brillant. Elles sont ordinairement au nombre de six qu’on appelle pans, & qui se divisent par en-bas en plusieurs petites facettes ecoupées pour rabattre les arrêtes des faces principales.

Pavillon, (Ferblanterie.) ce mot se dit chez les Ferblantiers de la partie évasée de l’entonnoir qui sert à recevoir les liqueurs.