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L’Encyclopédie/1re édition/PIGNON

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PIGNONS ou PIGNONS DOUX, (Diete & Mat. med.) fruits du pin franc ou cultivé. Voyez Pin.

Les pignons contiennent une amande ou semence émulsive qui est assez agréable à manger, sur-tout lorsqu’on l’a recouverte de sucre, c’est-à-dire qu’on en a fait une dragée, qu’on emploie dans les émulsions, & dont on tire une huile par expression qui est d’usage en medecine. Ces usages des pignons, & leurs propriétés diététiques & médicamenteuses, n’ont rien de particulier : tout cela leur est commun au contraire avec toutes les semences émulsives que les hommes mangent. Voyez Semences émulsives.

Les pignons ont cela de spécial, qu’ils sont d’un tissu mou & lâche, & qu’ils sont éminemment huileux, ce qui les rend communément pesans à l’estomac, & très-sujets à vomir. Il est difficile de les préserver de cet accident pendant toute l’année, même en les conservant dans leur coque, qui est très-dure & très-dense. On ne doit les employer que lorsqu’ils sont récens, secs & très-blancs. (b)

Pignon d’inde, ricinoides, genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposés en rond, & soutenus par un calice qui a plusieurs feuilles ; cette fleur est stérile. L’embryon se trouve sur le même individu séparément des fleurs ; il est couvert d’un calice, & il devient dans la suite un fruit qui se divise en trois capsules : elles renferment chacune une semence oblongue. Tournefort, Inst. rei herb. app. Voyez Plante.

Pignon d’inde ou Ricin, (Mat, med.) on trouve dans les boutiques plusieurs sortes d’amandes purgatives sous le nom de pignon d’Inde ou de ricin, que l’on apporte soit des Indes orientales, soit de l’Amérique. L’une porte plus particulierement le nom de graine de ricin ou de pignon d’Inde : elle est le fruit du ricin vulgaire ou palma Christi. Une autre est connue sous le nom spécial de pignon de Barbarie : elle est le fruit du grand ricin d’Amérique ou medicinier. Voyez Médicinier. Une troisieme est le fruit du médicinier d’Espagne, & est quelquefois appellée aveline purgative du nouveau monde ; & enfin une quatrieme espece est connue sous le nom de graine de Tilli ou des Moluques, & c’est le fruit de l’arbre appellé vulgairement panava ou pavana.

Tous ces fruits, dont le premier a été connu des anciens, sont des purgatifs émétiques très-violens, capables d’enflammer la gorge, l’estomac & les intestins, & de produire tous les autres ravages des vrais poisons. Les habitans des pays où ces fruits croissent, se sont un peu familiarisés avec ces remedes, qu’ils préparent & qu’ils emploient diversement ; mais la Medecine possede assez de purgatifs violens aussi sûrs & moins dangereux, pour qu’elle doive rejetter absolument l’usage de ceux-ci. (b)

Pignon, terme de Méchanique ; c’est en général la plus petite de deux roues qui engrenent l’une dans l’autre ; cependant on donne ce nom plus particulierement à la roue qui est menée ; c’est dans ce dernier sens que nous le prenons dans tous les articles où nous parlons des pignons, & sur-tout dans l’article Dent, où tout ce que nous disons de la forme des dents des roues & des ailes des pignons, doit s’entendre de ces dents & de ces ailes, en tant que la roue mene & que le pignon est mené.

On emploie dans les machines de deux sortes de pignons ; dans les grandes ce sont ordinairement des pignons à lanterne, fig. 5. NY ; dans les petites, des pignons dont les dents ou ailes sont disposées & formées à peu-près de la même façon que celles des roues ; tels sont ceux des montres, des pendules, &c.

Les fuseaux AB des pignons à lanterne, sont ordinairement cylindriques. Plusieurs artistes ont renouvellé dernierement une ancienne pratique, qui est de faire tourner ces fuseaux sur leurs axes, entre autres à Londres M. Harisson, dans sa premiere pendule pour les longitudes ; leur but étoit de diminuer par-là le frottement des dents de la roue sur les fuseaux ; mais quoique ce frottement soit assez de conséquence pour qu’on doive y faire attention, cependant ce n’est pas la chose essentielle dans un engrenage ; c’est l’uniformité de l’action de la dent de la roue sur le fuseau ou sur l’aile du pignon, comme on l’a vû à l’article Dent, uniformité qu’on a de la peine à se procurer lorsque l’on fait tourner les fuseaux sur leurs axes, parce qu’étant obligé de les faire d’une certaine grosseur, sans quoi l’avantage ne seroit presque rien, il est difficile de donner alors à la dent la forme requise pour qu’elle mene le fuseau toujours uniformément.

M. de la Hire, dans son traité des épicycloïdes, a démontré que pour qu’une dent mene toujours le fuseau uniformément, en supposant qu’il soit infiniment délié, il faut que sa face soit formée par la portion d’une épicycloïde engendrée par un cercle générateur, ayant pour diametre celui du pignon, & roulant sur la circonférence de la roue. Voyez la fig. 101. Pl. des outils d’Horlogerie. Mais comme un tel fuseau n’existe point, & que tous ont une certaine grandeur, il ajoute que pour y suppléer, l’épicycloïde dont nous venons de parler étant une fois décrite, il faut de tous ses points décrire du côté de sa concavité des petits arcs de cercle dont le rayon soit égal à celui du fuseau, & que l’intersection de tous ces petits arcs formera une nouvelle courbe, qui sera la courbe requise.

Quant aux pignons ordinaires, dont on fait usage dans les montres & dans les pendules, la face de leurs ailes ou dents doit être terminée par une ligne droite tendante au centre, comme on l’a vû à l’article Dent. Voyez le pignon de la fig. 102. En général la figure des ailes d’un pignon doit être toujours conditionnelle à celle des dents de la roue ; mais comme il y a telle forme de dent pour laquelle il seroit impossible de trouver une figure pour les ailes du pignon, telle qu’il en résulte un mouvement uniforme de ce pignon, & que de plus il seroit souvent impraticable de donner aux faces de ces ailes, certaines formes requises ; on a choisi la ligne droite comme étant la plus simple & la plus facile à exécuter.

Pour qu’un pignon soit bien fait, il faut qu’il soit bien poli, que les faces de ces ailes tendent bien au centre, & que l’axe se trouve dans leurs plans prolongés.

Comme les diametres des pignons doivent être à ceux des roues dans lesquelles ils engrenent, comme leur nombre à celui de ces dernieres, il s’ensuit que les dents de l’un & de l’autre sont toujours égales, c’est-à-dire que la corde d’une dent du pignon doit être égale à celle d’une dent de la roue ; or comme dans les pendules & dans les montres, les roues sont ordinairement faites les premieres, & que c’est sur leurs diametres que se déterminent ceux des pignons, il en résulte qu’un nombre quelconque de dents de la roue étant pris pour le diametre du pignon, ce diametre en formant cette analogie, 7 est à 22 comme le nombre des dents de cette roue est à ce que je cherche ; le quatrieme terme qui viendra par cette regle de trois, sera le nombre du pignon : ou lorsque le nombre est donné en renversant cette analogie, & disant 22 est à 7 comme le nombre du pignon est à ce que je cherche, on aura le nombre des dents de la roue qu’il faudra prendre pour le diametre du pignon. Les Horlogers disputent souvent sur la véritable grosseur des pignons & la maniere de la prendre ; mais c’est faute de bien savoir de quoi il est question, car lorsqu’une fois le nombre d’un pignon & d’une roue qui engrenent l’un dans l’autre, sont donnés aussi bien que le diametre de la roue, le diametre du pignon l’est aussi invariablement, & ne peut être ni plus grand ni plus petit qu’une certaine grandeur, puisque ces deux diametres doivent être entr’eux comme les nombres du pignon & de la roue. La seule difficulté seroit au sujet de cette partie de surplus de la roue & du pignon qui sont arrondis ; mais quand une fois les diametres réels de l’un & de l’autre sont déterminés, il est facile de trouver celles-ci, car le pignon ne doit être arrondi que pour que les angles des faces ne soient pas trop aigus.

Pignon de renvoi est un pignon qui sert à communiquer le mouvement d’une partie de l’horloge à une autre, comme du mouvement à la quadrature, &c.

Pignon du volant est dans un rouage de sonnerie ou de répétition, le dernier pignon dans les montres à répétition ; on le nomme délai. On l’appelle pignon du volant, parce que dans les horloges, les pendules, & quelquefois dans les montres, il porte sur sa tige une piece à laquelle on donne le nom de volant. Voyez Volant, sonnerie, &c.

Pignon, (Architect.) c’est le haut d’un mur mitoyen ou d’un mur de face, qui se termine en pointe & où vient finir le comble. Le pignon de la salle du légat de l’hôtel-Dieu de Paris, très-orné de sculpture, est un des plus grands qu’il y ait. Il a été bâti sous François I. par ordre du cardinal Antoine Duprat.

Pignon à redents ; c’est la tête d’un comble à deux égouts ; un pignon dont les côtés sont par retraites en maniere de degrés, & qu’on faisoit anciennement pour monter sur le faîte du comble, lorsqu’il en falloit réparer la couverture. Cela se pratique aujourd’hui dans les pays froids, où les combles sont fort pointus, mais plutôt pour ornement que pour les réparations.

Pignon entrapeté ; c’est un bout de mur à la tête d’un comble, dont le profil n’est pas triangulaire, mais qui a cinq pans comme celui d’une mansarde, ou même quatre comme un trapeze.

Pignon, (Chanvrerie.) ce mot se dit de tout ce qui sort du cœur du chanvre quand on l’apprête & qu’on l’habille, en le passant par les serans.

Pignon, ou Peignon, (Lainage.) c’est une laine de médiocre qualité, qui tombe de la laine fine lorsqu’on la peigne avec les cardes & cardasses. Il y a trois sortes de pignons de laine, savoir de bons & fins pignons, de moyens & de gros, qui chacun selon leur qualité, peuvent être employés dans diverses natures d’étoffes de laine. Savary.

Pignon, (Serrurerie.) piece qui sert dans les serrures à faire mouvoir les verrous quand elles en ont, & à ouvrir & fermer les doubles penes des cofres-forts.