L’Encyclopédie/1re édition/PINCETTE

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PINCETTE, s. f. pl. (outil d’Ouvriers.) instrument de fer poli, composé d’une tête, d’un bouton, de deux branches & d’une patte.

Ce sont encore de petites tenailles, les unes simples, & les autres à ressort, dont se servent divers ouvriers pour placer les différentes pieces de leurs ouvrages, qui sont trop petites pour être mises à la main, comme sont les goupilles, les petites vis & autres semblables, particulierement dans l’Horlogerie. Les deux branches de ces tenailles sont courbées en demi-cercle pour donner plus de force & de tenue au mors lorsqu’on les presse. A l’égard du mors, il est toujours étroit & sans courbure ; mais aux unes plat & quarré, & aux autres plat & pointu.

Les Jouailliers se servent aussi de pincettes très-fines pour prendre les pierres précieuses qui sont d’un très petit volume, & les ranger sur les desseins des diverses pieces de jouaillerie qu’ils veulent monter.

Il y a des pincettes qui servent à arracher le poil & la barbe. On les appelle autrement pinces. (D. J.)

Pincettes à disséquer, (Instrum. anatom.) ces fortes de pincettes sont composées de deux petites lames soudées & unies par un bout, qui s’écartent l’une de l’autre par leur propre ressort, & qui se joignent à leurs extrémités en les serrant avec les doigts ; elles servent à soutenir les parties délicates qu’on veut disséquer. Voyez en la figure dans Habicot, Lyser, & autres.

Pincettes, instrument de Chirurgie, dont on se sert pour panser les plaies, les ulceres, les fistules, introduire dans leur fond les parties d’appareil qu’on ne sauroit y mettre avec les doigts, les en ôter dans le besoin, ou même en tirer les corps étrangers. Il y a plusieurs sortes de pincettes ; celles qui sont à anneaux sont le plus en usage.

Elles sont composées de deux branches unies ensemble par jonction passée, ce qui rend une branche mâle & l’autre femelle. Voyez Jonction passée, terme de Coutellerie.

Le corps ou milieu des pincettes qui est formé par l’union des deux branches, les partage en partie antérieure, & en partie postérieure. La partie antérieure des pincettes est ordinairement appellée bec. Il commence à la partie antérieure de la jonction passée, & se continue l’espace de deux ou trois pouces, pour se terminer par une extrémité fort mousse & fort arrondie.

L’extérieur des branches qui composent ce bec, est exactement poli & arrondi dans toute sa longueur, & va insensiblement en diminuant jusqu’à l’extrémité, où il est mousse. L’intérieur au contraire est applati depuis la jonction passée jusqu’à l’extrémité de chaque branche, où l’on remarque des inégalités différentes, suivant les divers usages des pincettes : mais outre le plane de chaque branche, elles sont encore un peu courbées dans leur milieu ; ce qui fait que la pincette étant fermée, on voit un petit espace entre chaque branche, qui s’efface à mesure qu’il approche de l’extrémité du bec ; cette courbure est nécessaire, pour que l’extrémité du bec pince exactement.

Les pincettes ont ordinairement des inégalités transversales & parallelles à la partie interne de leur extrémité antérieure ; mais par ce moyen elles ne sont propres qu’au pansement des plaies : si l’on y pratiquoit des cavités longuettes, & qu’on fît garnir ces cavités de petites dents, ces pincettes n’en seroient pas moins propres au pansement des plaies ; & cette structure les rendroit en outre fort efficaces pour l’extraction des corps étrangers. C’est une remarque de M. Garengeot, dans son traité d’Instrumens, à l’article des pincettes.

La partie postérieure des pincettes est à peu près de la même structure que la partie postérieure des ciseaux, voyez Ciseaux, à la différence que l’anneau est plus petit, & le manche plus arrondi. Voyez la fig. 4. Pl. I.

Les dimensions de ce manche, y compris les anneaux, sont de deux pouces de longueur, lesquels joints avec le corps ou le milieu qui a neuf lignes, & la lice qui est de deux à trois pouces, font à-peu-près la longueur d’environ cinq pouces & demi.

Pincette a polype, la, (fig. 8, Pl. XXIII.) differe peu de celle que nous venons de décrire. L’extrémité postérieure est un peu plus longue, étant de trois pouces, y compris l’anneau ; l’union est toute la même chose par jonction passée ; mais leur bec est différent, il est très-légérement arrondi en dehors, plat en dedans, & va toujours en augmentant peu à peu, pour se terminer par une extrémité fort mousse.

On pratique à l’extremité du bec deux petites fenêtres : ces ouvertures ont quatre lignes de hauteur sur deux lignes & demie de diametre ; enfin le bec a un pouce neuf lignes de long sur près de quatre lignes de large, & la pincette n’a en tout qu’un demi-pié de longueur. Voyez Polype.

Il y a des pincettes courbes & beaucoup plus longues pour tirer les polypes du nez par la bouche.

M. Levret a imaginé des pincettes pour la ligature des polypes : elles ont à leur bec des petites poulies dans l’épaisseur de l’extrémité du bec. Voyez Polype utérin.

Pincettes anatomiques, instrument composé de deux petites lames soudées & unies par un bout, qui s’écartent l’une & l’autre par leur propre ressort, & qui se joignent à leur extrémité, en les serrant avec les doigts.

Cet instrument a ordinairement quatre pouces de longueur, cinq ou six lignes de large à la base de chaque branche qui va toujours en diminuant de largeur, & augmentant un tant-soit-peu d’épaisseur. Ces branches sont entourées extérieurement d’un petit biseau, & elles ont de petites inégalités transversales à leur partie intérieure & inférieure ; ce qui fait qu’elles serrent plus exactement. Voyez la fig. 9. Pl. I.

L’usage de ces pincettes est de soulever les parties délicates qu’on veut disséquer. Elles sont aussi très utiles dans les pansemens des plaies, & n’effraient point les malades, comme les pincettes à anneaux qu’ils craignent, parce qu’elles ressemblent à des ciseaux. (Y)

Pincettes à argenter & dorer, sont des especes de bruxelles d’ébeine dont les doreurs sur cuir se servent pour prendre les feuilles d’or ou d’argent, & les appliquer sur leurs ouvrages : à l’extrémité où les deux branches se joignent, est attaché un morceau de queue de renard, dont l’usage est d’appliquer les feuilles sur l’assiette dont la peau est peinte. Voyez les fig. Pl. du Doreur sur cuir.