L’Encyclopédie/1re édition/POTENCE

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POTENCE, s. f. (Gram.) gibet de bois, composé d’un montant, à l’extrémité duquel il y a un chevron assemblé, lequel chevron est soutenu en-dessous par une piece de bois qui s’emmortaise & avec le montant & avec le chevron. C’est à l’extrémité de ce chevron qu’est attachée la corde que l’exécuteur passe au col du malfaiteur.

Potence, furcilla subalaris, bâton ou béquille en forme de la lettre T, dont les estropiés se servent pour se soutenir. Le bâton est de la longueur du corps depuis le dessous de l’aisselle jusqu’au talon ; il est garni à son bout inférieur d’un morceau de fer à plusieurs pointes, afin qu’il ne glisse point sur un terrein uni. La partie supérieure porte une traverse de bois de 7 à 8 pouces, qu’on fait garnir ordinairement d’étoffe rembourrée, pour ne point blesser l’aisselle. Le mot de potence a vieilli dans l’usage vulgaire ; on donne à ce soutien le nom de béquille. Les personnes qui ont eu les jambes ou les cuisses fracturées, ou qui ont été tenues long-tems dans l’inaction des parties inférieures, par quelque cause que ce soit, ne peuvent marcher dans les premiers tems de leur guérison qu’avec le secours des potences. Elles leur servent de point d’appui jusqu’à ce que les muscles aient repris leur vigueur, & que les ligamens assouplis cedent à la force motrice.

Si, par quelqu’accident, une jambe demeuroit plus courte que l’autre, le malade seroit boiteux. On remédie à cet inconvénient, lorsqu’il est leger, en portant un talon plus haut que l’autre. Les personnes qui sont dans ce cas ne sont pas fermes, & ont besoin du secours d’une canne. Si la disproportion est trop considérable pour que l’augmentation de hauteur d’un talon puisse y remédier, on peut se servir utilement de la potence à siege, décrite dans Ambroise Paré, & qu’il dit avoir recouvert de maître Nicolas Picard, chirurgien du duc de Lorraine. Elle a un crochet de fer à la hauteur convenable pour servir d’étrier & porter la plante du pié. Une autre piece de fer en demi-cercle embrasse la cuisse sous le pli de la fesse, & sert de siege ; ensorte que le pié est appuyé, & l’estropié est comme assis de ce côté, étant de bout & en marchant.

Ces sortes de machines sont du ressort de la Chirurgie, & appartiennent à l’opération de cet art, connue sous le nom de prothese. Voyez Prothèse. (Y)

Potence, (Commer.) on appelle potence d’un minot à mesurer les grains une verge de fer qui traverse diamétralement le minot d’un bord à l’autre, & qui sert à le lever. C’est par-dessus cette verge qu’on passe la radoire quand on mesure raz & non comble. Voyez Comble, Raz, Radoire & Minot. Dict. de comm.

Potence, terme d’académiste ; c’est un certain bâton où l’on met le canon de la bague, lorsqu’on court la bague. On dit brider la potence, lorsque la lance de celui qui court la bague touche ou frappe la potence ; ce qui est une maladresse. (D. J.)

Potence, (Arquebusier.) outil d’arquebusier, qui prend son nom de sa figure, qui n’est guere différente de celle de l’équerre ; une des branches de la potence a divers trous ; elle est toute de fer & sert à limer dessus cette partie des armes à feu, montées sur des fusts, qu’on appelle la platine.

Potence, (Charpent.) piece de bois de bout comme un pointal, couverte d’un chapeau ou semelle par-dessus, & assemblée avec un ou deux liens, ou contre-fiches, qui sert pour soulager une poutre d’une trop longue portée, ou pour en soutenir une qui est éclatée.

Potence de brimbale, (Charpenterie.) piece de bois fourchue, qui est soutenue par la pomme, & dans laquelle entre la brimbale. (D. J.)

Potence, en terme de Chauderonnier ; est une espece de bigorne à deux bras, dont l’un forme une table, sur laquelle on peut planer, & l’autre une sorte de tas sur lequel on rétraint si l’on veut. Voyez les Pl. du Chauderonnier.

Potence, (Maréchal.) on appelle ainsi une regle de 6 piés de haut, designée & marquée par pié & pouces. Une autre regle qui fait l’équerre avec celle-là, & qui y tient de maniere qu’elle coule tout du long, détermine la mesure de la hauteur des chevaux. On pose la regle de 6 piés droite le long de l’épaule posant à terre près du sabot : on fait ensuite descendre l’autre regle jusqu’à ce qu’elle pose sur le garot, puis regardant à l’endroit où ces deux regles se joignent, comptant les piés & pouces de la grande regle jusqu’à cet endroit, on connoît précisément la hauteur du cheval.

Potence est aussi un bâtis de charpente, en forme de potence, au bout de laquelle on laisse pendre la bague lorsqu’on la veut courre.

Brider la potence, se dit, en terme de Manege, pour signifier toucher avec la lance le bois d’où pend la bague ou l’anneau.

Potence, (Horlogerie.) dans une montre, c’est une forte piéce de laiton qu’on voit dans la cage, elle est quelquefois rivée, mais le plus communément, elle est vissée fermement & perpendiculairement à la platine du coq, elle sert à contenir la verge du balancier & un des pivots de la roue de rencontre. Voyez nos Planches de l’Horlogerie & leur explication.

On distingue dans une potence ordinaire trois choses, le nez, le talon, & les lardons ; le nez est la partie t dans laquelle roule un des pivots de la roue de rencontre ; le talon t est celle où roule le pivot d’en bas de la verge du balancier ; les lardons sont les petites pieces qui entrent en queue d’aronde dans le nez & le talon. Je dis dans le nez, parce que le plus communément ce nez au lieu d’avoir un petit trou pour recevoir le pivot de la roue de rencontre, il a une petite rainure en queue d’arronde, dans laquelle entre le lardon n, qui porte lui-même le trou pour recevoir ce pivot ; cet ajustement est nécessaire pour rendre égales les chutes de la roue de rencontre sur chacune des palettes. Voyez Chute.

On a donné le nom de potence à la royale à des potences que M. Le Roy a imaginées où le nez n, fig. 44. ajustée dans une rainure, y est mobile, au moyen d’une petite clé e qui tourne à vis dans le corps de la potence ; par cette disposition on retranche le lardon du nez, & l’on peut rendre égales les chûtes de la roue de rencontre avec beaucoup plus de facilité que dans les potences ordinaires ; & cela même quand la montre est remontée, avantage très-considérable, parce qu’il donne le moyen de faire l’échappement avec la plus grande précision. Voyez Chute, Echappement, Montre, &c.

On voit cette potence & ses différentes parties dans une suite de plusieurs figures qui la représentent vue par-dessus, & attachée à la platine. La figure premiere la représente vue du côté de la contre-potence o, n est le nez du lardon, t le talon, & e la clé, au moyen de laquelle on fait avancer ou reculer le lardon de n en e, il y a une petite vis qui sert à presser le lardon contre la potence, de façon que mobile lateralement, il ne peut avoir de jeu dans aucun sens, ce qui est absolument nécessaire. Les deux suivantes représentent la premiere ; le lardon vu en face, & la seconde en est le profil. La quatrieme est la clé dont la virole prend dans une entaille pratiquée au lardon. Les trois fig. 5. 6. 7. représentent la potence vue de trois faces : la premiere sur le côté par-dehors : la seconde dans le sens opposé ; & la troisieme par-dessous : 22 p l a est le lardon du talon, qui doit être d’acier trempé dur & bien poli : l’extremité du pivot d’en-bas de la verge du balancier s’y repose quand la montre est sur le cristal. Voyez Tigeron.

Potence, piece du moule servant à fondre les caracteres d’Imprimerie. Cette piece par un trou quarré traverse le blanc, la longue piece & la platine, & joint ces trois pieces ensemble par le moyen de la vis qui est à un de ces bouts ; à l’autre extrémité est une tête quarrée & oblongue ; cette tête s’emboîte dans la fourchette de la longue piece, & sert de coulisse pour faire agir ensemble & également la piece de dessus & celle de dessous. Voyez Moule, Planche, Figures.

Potence, en terme de Lapidaire, est une sorte de chevron brisé, planté dans la table du moulin, dont le bras placé horisontalement, tient un pivot dans lequel entre l’arbre de la roue à trailler. Voyez les Pl. & fig. du Diamantaire.

Potence de fer, (Serrurier.) maniere de grande console en saillie, ornée d’enroulemens & de feuillages de tole, pour porter des balcons, des enseignes des marchands, des poulies à puits, des lanternes, &c.