L’Encyclopédie/1re édition/RUMINANT
RUMINANT, s. m. terme d’Histoire naturelle, se dit d’un animal qui remâche ce qu’il avoit avalé. Voyez Rumination.
Reyer a fait un traité de ruminantibus & ruminatione, où il fait voir qu’il y a des animaux qui ruminent effectivement ; tels que le bœuf, la brebis, le cerf, la chevre, le chameau, le lievre, l’écureil ; & d’autres qui ne ruminent qu’en apparence, & qu’il appelle faux-ruminans, ruminantia spuria ; tels que les taupes, les grillons, les abeilles, les escarbots, les cancres, les surmulets & autres poissons.
Les animaux de cette seconde classe ont l’estomac composé de fibres musculaires, par le moyen desquelles l’aliment monte & descend comme dans ceux qui ruminent effectivement.
M. Ray observe que les animaux ruminans sont tous quadrupedes velus & vivipares. Quelques-uns ont les cornes creuses, & n’en changent point ; d’autres en changent. Voyez Quadrupede, Corne, Poil, &c.
Les animaux ruminans à cornes ont tous quatre estomacs. Le premier qui est le κοιλία μεγάλη d’Aristote, le rumen, venter magnus, ou ce que nous appellons vulgairement panse ou herbier : c’est où la mangeaille entre immédiatement après avoir été grossierement mâchée, & d’où elle remonte dans la bouche pour être mâchée une seconde fois. Le second est le κεκρύφαλος, en latin reticulum, & vulgairement le bonnet ; les auteurs anglois l’appellent rayon, parce que sa membrane interne est divisée en cellules, à-peu-près semblables à celles d’un rayon de miel. Le troisieme est l’ἐχῖνος, que M. Ray croit être mal traduit par omasus, & qu’il aimeroit mieux qu’on appellât echinus ; on l’appelle vulgairement le millet. Le quatrieme est l’ἤνυστρον d’Aristote, que Gaza appelle œbomasus, & que nous appellons en françois caillete. Voyez Panse, Bonnet, Millet, &c.
On remarque aussi que les animaux ruminans à cornes n’ont point de dents de devant, ou dents incisives à la mâchoire supérieure, & qu’ils ont tous une espece de graisse, appellée en grec στέαρ, sebum, suif, qui est plus dure, plus ferme, & en même tems plus fondante que celle des autres animaux.