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L’Encyclopédie/1re édition/VER

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VER, s. m. (Gram.) petit animal rampant, qui n’a ni vertebres ni os, qui naît dans la terre, dans le corps humain, dans les animaux, dans les fruits, dans les plantes, &c. Il y en a un grand nombre d’espece. Voyez les articles suivans.

Ver aquatique, (Insectologie.) ce ver n’a guere que sept ou huit lignes de longueur ; il semble cependant qu’il compose lui seul une classe, du-moins ne connoit-on point de classe d’animaux sous laquelle on le puisse ranger.

Les animaux terrestres vivent sur la terre, les aquatiques dans l’eau, & les amphibies tantôt sur la terre, & tantôt dans l’eau. Celui-ci a les deux extrémités de son corps aquatiques ; sa tête & sa queue sont toujours dans l’eau, & le reste de son corps est toujours sur terre ; aussi se tient-il sur le bord des eaux tranquilles, une eau agitée ne lui conviendroit pas ; aussi-tôt que l’eau le couvre un peu plus que nous venons de dire, il s’éloigne ; si au contraire l’eau le couvre moins, il s’en approche dans l’instant.

Il est composé comme plusieurs insectes de différens anneaux ; il en a onze entre la tête & la queue ; ils sont tous à-peu-près sphériques, & ressemblent à des grains de chapelet, enfilés les uns auprès des autres. De plus, il est presque toujours plié en deux comme un syphon, & marche dans cette situation ; & ce qui est de plus particulier, c’est que le milieu de son corps avance le premier vers l’endroit dont l’animal s’approche ; de sorte que c’est l’anneau qui est au milieu du coude, qui va le premier ; ce n’est pas par un mouvement vermiculaire qu’il marche de la sorte.

Il a des jambes fort petites à la vérité, & elles sont encore une de ses singularités, car elles sont attachées à son dos ; d’où il suit qu’il est continuellement couché sur le dos, & que sa bouche est tournée en-haut ; ce qui lui est fort commode pour attirer la proie dont il se nourrit : outre quatre petits crochets dont sa bouche est entourée, il a deux autres petites parties faites en maniere de loupe qu’il agite continuellement dans l’eau ; & cette petite agitation entretient un mouvement dans l’eau, qui fait que les petits corps qui y nagent, viennent d’assez loin se rendre dans sa bouche ; lorsqu’il a attiré un morceau convenable, il avance la tête, il le saisit avidement, & l’avale.

Quoi que tout ce qu’il prend de cette maniere soit fort petit, il mange beaucoup, proportionnellement à sa grosseur ; car, continuellement il y a de petits corps qui entrent dans sa bouche, parmi lesquels se trouvent plusieurs petits insectes qui nagent sur l’eau.

Outre les mouvemens dont nous avons parlé, ce ver en peut exécuter encore deux autres par le moyen de ses jambes ; il peut se mouvoir de côté, parce qu’elles ne sont pas seulement mobiles de devant en arriere, elles le sont aussi de gauche à droite, & de droite à gauche. Il fait quelquefois usage de ces deux mouvemens, lorsqu’il veut aller dans des endroits peu éloignés de celui où il est. Il se meut parallélement à ses deux parties pliées ; mais s’il veut marcher à reculons, ou faire aller sa tête & sa queue les premieres, ses jambes ne sauroient lui servir ; il n’a pour se mouvoir dans ce sens que son mouvement vermiculaire ; aussi se meut-il de la sorte plus rarement & plus difficilement. Lorsqu’il est entierement plongé dans l’eau, il s’y étend tout de son long & nage comme les autres vers, en se pliant à différentes reprises.

La description de cet animal nous a paru si merveilleuse, qu’on ne croit pas s’être trop étendu ; en effet, il paroît extraordinaire que la tête & la queue de cet animal vivant dans l’eau, le reste de son corps vive sur la terre, qu’il ait les jambes sur le dos, & que lorsqu’il marche naturellement, il fasse avancer le milieu de son corps comme les autres animaux font avancer leur tête. Mém. de l’acad. des Sciences, année 1714. (D. J.)

Ver a queue de rat, (Insectolog.) insecte aquatique dont il faut dire un mot, à cause de sa queue qui le distingue de tous les autres insectes ; cette queue, quoique plus grande que l’animal, n’est cependant que l’étui d’une autre queue beaucoup plus longue, qui s’y trouve repliée sur elle-même, & qui entre jusque dans le corps du ver. Cette derniere queue est le conduit de sa respiration. Il s’éleve jusqu’à la surface de l’eau pour prendre l’air ; & tandis qu’il se tient lui-même au fond, il peut faire parvenir sa queue jusqu’à cette surface, lors même qu’il se trouve à cinq pouces de profondeur : de sorte qu’il peut allonger sa queue près de cinq pouces ; ce qui est une longueur bien considérable pour un insecte dont le corps est tout au plus long de 7 à 8 lignes. (D. J.)

Ver-a-soie, (Science microscop.) le ver-à-soie est un animal dont chaque partie, soit dans l’état de ver, soit dans celui de mouche, mérite quelques regards ; mais comme Malpighi & Leuwenhoek ont examiné cet insecte très-attentivement, & qu’ils ont publié leurs observations avec les figures anatomiques qui les développent, je renvoie les curieux à ces observations, & à celles qu’ils feront eux-mêmes. C’est assez d’avertir ici ceux qui veulent s’engager à de plus grandes recherches, de ne pas négliger la peau que les vers-à soie quittent trois fois avant que de filer ; car les yeux, la bouche, les dents, les ornemens de la tête se distinguent encore mieux dans la peau abandonnée, que dans les animaux même. Une bonne observation des changemens du ver-à-soie, de l’état de chenille à celui de nymphe, ou de chrysalide, & delà à celui de teigne ou de papillon, peut donner une idée générale des changemens de toutes les chenilles, quoiqu’il y ait quelques petites différences dans la maniere. Swammerdam assure qu’en y faisant bien attention, on pourroit tracer & distinguer le papillon sous chacune de ces formes, qui n’en sont que les différentes couvertures ou habillemens.

Si l’on presse la queue du ver-à-soie mâle, on trouvera de petits animalcules dans son semen, plus longs que larges ; leur longueur est d’environ le demi-diametre d’un cheveu. M. Bakker dit qu’ayant pris un ver-à-soie mâle, qui ne faisoit que de sortir de son état de teigne, & ayant pressé plusieurs fois & doucement sa queue, il en sortit dans une minute de tems, une petite goutte de liqueur blanche, tirant sur le brun. Il mit promptement cette goutte sur un talc qui étoit prêt à la recevoir ; il la délaya avec un peu d’eau qu’il avoit échauffée dans sa bouche à ce dessein, & il fut agréablement surpris d’y voir quantité de petits animaux qu’elle contenoit, & qui y nageoient avec vigueur : mais pour réussir dans cette expérience, il faut la faire avant que la teigne ait été accouplée avec sa femelle. (D. J.)

Ver a tuyau, espece particuliere de vers marins qui donnerent une terrible allarme à la Hollande dans les années 1731 & 1732, en rongeant les piliers, digues, vaisseaux, &c. de quelques-unes des Provinces-unies.

Les plus gros & les mieux formés que M. Massuet ait vus, avoient été envoyés de Staveren, ville de la Frise, renfermés dans une grosse piece de bois, qui étoit presqu’entierement rongée : voici comment il les décrit.

Ces vers sont un peu plus longs que le doigt du milieu, & ont le corps beaucoup plus gros qu’une plume d’oie. La queue est moins grosse que le reste du corps, & le cou est encore plus mince que la queue. Ils sont d’un gris-cendré, & on leur remarque quelques raies noires, qui s’étendent vers la queue. Leur peau est toute ridée en certains endroits, & forme quelquefois de grosses côtes qui regnent depuis le cou jusqu’à l’endroit où le corps commence à se rétrecir. Leur tête, où l’on ne distingue aucune partie, est renfermée entre deux coquilles qui forment ensemble comme un bourrelet. Une membrane les joint l’une à l’autre par derriere, & les attache en même tems à la tête. Par devant elles sont séparées, & un peu recourbées en dedans.

Lorsqu’on les examine de près, on voit qu’elles ont à l’extrémité intérieure une espece de bouton extrèmement petit, qui est de même substance que le reste de la coquille. Elles ont encore toutes les deux une entaille, qui ne semble être faite que pour donner lieu à la tête de pouvoir s’étendre, & s’élargir sur les côtés. En effet, le sommet de la tête est tout à découvert & de figure oblongue, de maniere que les deux bouts qui ont le plus d’étendue, répondent directement aux deux entaillures. On voit encore de chaque côté au bas, ou au défaut du bourrelet, une sorte d’alongement un peu arrondi, & tourné vers le dos : telle est la forme du casque.

Mais il y a encore quelque chose de bien remarquable dans ces insectes. Ce sont deux petits corps blanchâtres & fort durs, placés aux deux côtés de trois fibres charnues, par lesquelles la queue finit. Ces corps sont à-peu-près de la longueur de ces fibres, qu’ils compriment & qu’ils tiennent comme assujetties au milieu d’eux. Ils sont attachés à un pédoncule fort délié & assez court, qui part comme les fibres de l’extrémité de la queue. Ils sont un peu applatis & de figure oblongue. On voit à leur extrémité une échancrure qui représente assez bien un v renversé. Chacun de ces petits corps ou appendices est composé de deux lames, entre lesquelles on apperçoit dans le fond de l’échancrure un trou qui pénetre jusqu’aux pédoncules. Ce conduit forme entre les deux lames une espece de concavité, qui fait qu’elles paroissent un peu relevées en dehors. On conçoit aisément par la maniere dont ces corps sont taillés, qu’ils doivent être fourchus ; aussi le sont-ils vers leur extrémité. Ils sont même fort durs, fermes, & d’une substance pareille à celle des yeux d’écrevisse : c’est du moins ce qui paroit lorsqu’on les a réduits en poudre. Ils ne perdent rien de leur volume après la mort du ver, quoique le reste du corps se réduise presque à rien lorsqu’on le fait sécher.

Un corps aussi mou & aussi foible que l’est celui des vers en question, avoit besoin de quelque enveloppe particuliere qui le mit à l’abri de toutes les injures des corps étrangers. Aussi étoient-ils tous renfermés dans des tuyaux de figure cylindrique, blanchâtres, quelquefois assez minces, d’autres fois fort durs & fort épais. La superficie interne de ces tuyaux étoit beaucoup plus lissée que l’externe, qui paroissoit raboteuse en certains endroits. Ils sembloient faits de la même matiere qui compose les premieres lames de la surface interne des écailles d’huitres ; mais ils sont ordinairement moins dures, & se brisent plus aisément. Ceux des gros vers étoient toujours beaucoup plus épais & plus fermes que ceux des petits.

Dans un grand nombre de ces tuyaux on pouvoit introduire une grosse plume d’oie.

Lorsque le bois n’étoit pas encore fort endommagé, ils étoient pour la plupart disposés selon le fil du bois ; mais aux endroits où le bois se trouvoit entierement vermoulu, on en trouvoit qui étoient placés de biais, en travers & presque en tous sens.

La formation de ces tuyaux s’explique comme celle des coquilles, qui sont la demeure des limaçons. Tous les animaux de quelque espece qu’ils soient, transpirent ; il sort de leur corps par une infinité de petits vaisseaux excrétoires une humeur plus ou moins subtile, & qui est différente selon la nature de chaque espece d’animaux : cette excrétion se fait à chaque instant.

Les vaisseaux qui portent cette matiere hors du corps, se voient presque toujours à l’aide d’un microscope : on les découvre même sans le secours de cet instrument, dans la plupart des limaçons. Lorsque cette humeur est portée hors des vaisseaux, on la remarque souvent sur la superficie du corps, où elle s’arrête en abondance. Celle des limaçons & des vers à tuyau est épaisse, visqueuse & fort tenace. Au lieu de s’évaporer en l’air comme celle des autres animaux, elle s’arrête autour du ver, & forme insensiblement une enveloppe dont il est lui-même le moule. Cette enveloppe est d’abord extrèmement mince ; mais avec le tems de nouvelles parties qui s’exhalent du corps du ver, s’entassent les unes sur les autres, & forment de cette maniere diverses couches qui rendent le tuyau & plus épais, & plus ferme qu’il n’étoit dans sa premier origine. Voyez l’ouvrage de M. Massuet intitulé, Recherches intéressantes sur l’origine, la formation, &c. de diverses especes de vers à tuyau qui infectent les vaisseaux, les digues, &c. de quelques-unes des Provinces-unies.

Ver-de-fil, s. m. (Hist. nat. des insect.) en latin seta ; ver aquatique & terrestre, de la grosseur d’un fil ou d’une soie. Les chenilles en nourrissent quelquefois dans leurs entrailles, & l’on a vu telle chenille longue d’un pouce, fournir de ces vers qui ont plusieurs pouces de longueur, & qui ne sont pas à beaucoup près si gros que la chanterelle d’un violon. Ce ver ressemble tellement à une corde de boyau, qu’à moins de l’avoir vu remuer, on auroit de la peine à se persuader que ce fut un animal. (D. J.)

Ver de Guinée, maladie à laquelle les negres sont sujets. C’est un corps étranger, espece de ver de la grosseur d’un gros fil, ayant quelquefois plusieurs aunes de longueur. Il croît entre cuir & chair, s’insinuant insensiblement dans toutes les parties du corps, où il occasionne des enflûres & des douleurs, moins vives à la vérité qu’elles ne sont fatiguantes & ennuyeuses.

Ce mal ne doit point être négligé. Aussitôt qu’un negre en est soupçonné, il faut le faire baigner & le visiter attentivement ; & si l’on s’apperçoit de quelque élévation en forme de bubon sur la partie tuméfiée, on juge (comme le disent les negres) que la tête du ver est dans cet endroit. Alors on y applique un emplâtre suppuratif pour ouvrir le bubon, & découvrir la cause du mal. En effet, on remarque au milieu de la plaie une espece de petit nerf, qui n’a guere plus d’apparence qu’un gros fil blanc. Il s’agit de le tirer en dehors avec beaucoup d’adresse & de patience, pour ne pas le rompre, car il s’ensuivroit des accidens fâcheux.

Le moyen le plus en usage dans toute l’Amérique, est de lier cette extrémité apparente avec une soie ou un fil, dont on laisse pendre les deux bouts de trois ou quatre pouces, pour les rouler bien doucement autour d’un petit bâton ou d’une carte roulée. Pour peu qu’on sente de résistance, il faut arrêter sur le champ, & frotter la plaie avec un peu d’huile, appliquant par-dessus la carte une compresse qu’on assujettit sur la partie avec un bandage médiocrement serré. Vingt-quatre heures après on recommence l’opération, continuant de rouler le nerf, en pratiquant à chaque fois qu’il résiste le même traitement dont on vient de parler.

Cette opération est délicate & longue, mais très-sûre. Lorsque le prétendu ver est sorti, il ne s’agit plus que de guérir la plaie suivant les méthodes ordinaires ; ensuite on purge le malade qui recouvre ses forces & son embonpoint en fort peu de tems.

L’origine de ce mal (que les Espagnols nomment culebrilla, petit serpent) n’est pas bien connue. Les moins ignorans en attribuent la cause à la malignité des humeurs, déposées & fixées dans quelque partie du tissu cellulaire.

D’autres, sans aucun fondement, croient que le ver de Guinée se forme par l’insertion d’un petit insecte, répandu dans l’air ou dans l’eau de certaines rivieres. Si cela étoit, pourquoi les hommes blancs, & les negres créols qui se baignent souvent, ne seroient-ils pas infectés de cette vermine aussi fréquemment que le sont les negres bossals ou étrangers, venus de la côte d’Afrique dans les terres de l’Amérique ? Il y a cependant quelques exemples de negres créols attaqués de ce mal ; mais ils sont très rares, & l’on peut conjecturer que dès leur naissance ils en avoient déjà contracté le principe de parens africains.

J’ai aussi connu en Amérique, quelques blancs qui dans l’île de Curaçao & sur la côte de Carthagene, avoient été guéris de la culebrilla ; ils prétendoient n’en avoir ressenti les effets qu’après s’être baignés dans des eaux stagnantes. Si ce fait est véritable, il prouve en faveur de ceux qui admettent l’insertion des insectes.

Ver de terre, (Insectolog.) le ver de terre, quelque vil & méprisable qu’il paroisse, ne laisse pas d’être pourvu de tous les organes dont il a besoin. Ses intestins & ses articulations sont merveilleusement formées ; son corps n’est qu’une enchaînure de muscles circulaires ; leurs fibres, en se contractant, rendent d’abord chaque anneau plus renflé, & s’étendant ensuite, les rendent plus longs & plus minces : ce qui contribue à faire que l’insecte pénetre plus aisément dans la terre.

Son mouvement, lorsqu’il rampe, est semblable à celui qu’on voit faire à un fil, quand après l’avoir étendu, on en lâche un des bouts ; le bout relâché est attiré par celui que l’on tient. Il en est à-peu-près de même du ver. Il s’étend & s’accroche par les inégalités de sa partie anterieure ; & sa partie postérieure ayant lâché prise, le ver se raccourcit, & son bout postérieur s’approche de l’autre.

Ce qui facilite ce mouvement élastique, est que ces vers ont à la partie antérieure des crochets par où ils s’accrochent à leur partie postérieure. En faisant des efforts, comme pour se redresser lorsqu’ils se sont pliés en double, ces crochets lâchent tout-à-coup prise, & causent ces élancemens par lesquels l’insecte saute d’un lieu à un autre. Lyonnet. (D. J.)

Ver luisant, (Insectolog.) petit insecte remarquable pour briller dans l’obscurité. Nos auteurs le nomment pyrolampis, cicendela fæmina volans ; & cette derniere denomination est fort juste ; car il n’y a que le ver femelle qui brille dans l’obscurité ; le mâle ne brille point du tout.

Autre singularité ; la femelle ne se transforme jamais, & le mâle subit un changement de forme total ; c’est un scarabée aîlé, & sa femelle un insecte rampant à six jambes, qui n’a presque aucun rapport avec le mâle.

Le corps de celui-ci est oblong & un peu plat ; ses aîles sont plus courtes que son corps ; sa tête est large & plate ; ses yeux sont gros & noirs.

La femelle marche lentement, & a beaucoup de ressemblance à la chenille ; sa tête est petite, applatie, pointue vers le museau, dure & noire ; ses trompes sont petites, & ses jambes de médiocre longueur ; son corps est plat & formé de douze anneaux, au lieu que le corps du mâle n’en a que cinq ; sa couleur est brune avec une moucheture de blanc sur le bas du dos.

On trouve souvent le ver luisant pendant le jour ; mais dans la nuit on le distingue aisément de tout autre insecte par la clarté brillante qu’il jette près de la queue, & cette clarté sort du dessous du corps ; c’est cette lueur qui instruit le mâle de quel côté il doit voler ; d’ailleurs ce phare qui guide le mâle au lieu où est sa femelle, n’est pas toujours allumé, dit quelque part M. de Fontenelle. Parlons plus simplement : les vers femelles ne luisent que dans les tems chauds, qui sont peut-être ceux que la nature a destinés à leur accouplement.

On peut voir sur cet insecte les observations de Richard Waller dans les Transactions philosophiques. Il est fort bien représenté dans le théatre des insectes de Mouflet.

On a parlé du scarabée luisant du Brésil au mot Cucuio, & nous parlerons de celui de Surinam au mot viéleur, qui est le nom que les Hollandois lui ont donné ; voyez donc Viéleur. (D. J.)

Ver-macaque, s. m. (Hist. nat.) le ver appellé dans les Indes orientales culebrilla, chez les Maynas suglacuru, est le même qu’on nomme à Cayenne ver-macaque, c’est-à-dire ver-singe ; sa tête & sa queue, disent quelques-uns de nos auteurs, sont extraordinairement minces & pointues ; son corps est très-délié, & a plusieurs pouces de long ; cet animal se loge entre cuir & chair, & y excite une tumeur de la grosseur d’une feve. On se sert d’onguent émollient pour amollir cette tumeur, & préparer une issue à la tête de l’insecte ; quand on peut l’avoir au-dehors, on tâche de le lier avec un fil, pour tirer l’insecte tout entier hors de la tumeur, en le roulant sur un petit morceau de bois enduit de quelque graisse. M. de la Condamine dessina à Cayenne l’unique qu’il ait vu, & a conservé ce ver dans l’esprit-de-vin. On prétend, ajoute-t-il, qu’il naît dans la plaie faite par la piquure d’une sorte de moustique ou de maringouin ; mais l’animal qui dépose l’œuf, n’est pas encore connu. (D. J.)

Ver palmite, s. m. (Hist. nat. Insectolog.) insecte très-commun dans plusieurs des îles Antilles provenant d’un scarabé gros à-peu-près comme un hanneton, noir comme du jayet, armé d’une trompe très-dure un peu courbée en-dessous ; il paroît avoir l’odorat subtil & l’œil perçant ; car à peine un palmier est-il abattu, qu’on le voit s’assembler par troupes, & s’introduire dans l’intérieur de l’arbre pour y déposer ses œufs qui éclosent en peu de tems, & produisent un ver, lequel ayant acquis toute sa force, est de la grosseur du doigt, & long environ de deux pouces, d’une forme ramassée, couvert d’une peau blanche un peu jaunâtre, assez ferme & plissée ; sa tête est presque ronde & très-dure, étant couverte d’une espece de casque couleur de marron foncé, dont la partie inférieure se termine par deux fortes mâchoires en forme de pinces ; ce ver tire sa nourriture de la substance du palmier, en cheminant devant lui jusqu’au tems de sa transformation ; alors il s’enveloppe dans les fibres de l’arbre, se dépouille de sa peau, & se change en une belle chrysalide très délicate & très-blanche, mais qui brunit aussi-tôt qu’on lui fait prendre l’air ; au bout de douze ou quinze jours, cette chrysalide s’ouvre, les fibres ligneuses dont elle étoit enveloppée, s’écartent, & laissent échapper le scarabé noir dont on a parlé, qui cherche aussitôt à s’accoupler & à produire un nouveau ver.

Les vers palmites pris dans leur grosseur parfaite, font un mets dont les habitans de la Martinique & ceux de la Grenade sont très-friands ; ils les noyent dans du jus de citron, les lavent bien, les enfilent dans des brochettes de bois dur, & les font rôtir devant un feu de charbon ; l’odeur que ces vers exhalent en cuisant, flatte l’odorat, & invite à y goûter ; mais leur figure modere un peu l’appétit de ceux qui n’en ont jamais mangé. La peau du ver palmite est mince, croquante, renfermant un peloton d’une graisse plus fine que celle du chapon, très-agréable à voir & d’un très-bon goût.

Ver solitaire, voyez Tænia.

Vers marins, terme de pêche usité dans le ressort de l’amirauté de Saint-Valeri-en-Somme ; sortes de vers que l’on ramasse après avoir foui le sable découvert par la basse-mer, & qui servent d’appât aux lignes ou cordes des pêcheurs.

Les pêcheurs de Saint-Valery qui font dans des gobelettes la pêche à la ligne armée d’épines au lieu d’ains de fer, emportent chacun dix pieces, & le garçon ou le mousse cinq pour sa part : ce qui donne cinquante cinq pieces d’aplets & une tésure de 3300 brasses ; les piles qu’ils nomment peilles, au bout desquelles est l’épinette, sont frappées de demi-brasse en demi-brasse, & n’ont qu’environ chacune vingt pouces de longueur : ce qui donne pour chaque tésure ou cours d’apletre de l’équipage d’une goblette, plus de 700 épinettes ou hameçons de bois ; on les amorce avec des vers marins fort abondans à cette côte ; ces mêmes filets servent aussi amorcés de même à la pêche à pié.

Ce sont ordinairement les femmes & les filles qui vont défouir les vers marins avec une mauvaise petite bêche ; elles font ce travail lorsque la marée s’est entierement retirée, & qu’elle est au plus bas ; elles connoissent la différente qualité de ces vers par les traînées qu’ils font sur le sable en s’y enfouissant : ce que les pêcheurs nomment chasse de vers. Les vers noirs qui sont gros comme le petit doigt, sont les plus recherchés ; les vers rouges qu’ils nomment verotis, sont les moins estimés, & on ne s’en sert qu’au défaut des autres.

Outre les vers que ces femmes pêchent pour les ains de leurs maris ; elles en vendent encore beaucoup aux pêcheurs du bourg d’Ault, du Treport & de Dieppe, qui les viennent acheter de leurs mains. Les pêcheurs de Saint-Valery ont eu souvent de grandes discussions avec les pêcheurs de Crotoy & de Rotionville qui sont placés par le travers de leurs côtes, sur les ressorts de l’amirauté d’Abbeville, au sujet de cette petite pêche sur les sables du ressort de cette derniere amirauté, l’embouchure de la Somme étant fort variable, & laissant de cette maniere les sables d’un ressort souvent d’une marée à l’autre, sur celui qui lui est opposé & voisin.

Vers, terme de chasse, ce sont des vers qui s’engendrent l’hiver entre la nape & la chair des bêtes fauves, qui se coulent & vont le long du col aux cerfs, aux daims & aux chevreuils entre le massacre & le bois, pour leur ronger & leur faciliter à mettre bas leurs têtes.

Vers, maladie des oiseaux de proie ; on connoit que les oiseaux ont des vers, lorsqu’ils sont paresseux, que leurs émeus ne sont ni purs ni blancs, & qu’ils remuent leur balai de côté & d’autre ; ces vers qui sont extrèmement déliés, s’attachent au gosier, autour du cœur, du foie & des poumons. Pour les faire mourir, faites prendre aux oiseaux un bole gros comme une feve de poudre d’agaric ou d’aloës mêlée avec de la corne de cerf brûlée & du dictamne blanc, incorporant le tout ensemble avec quantité suffisante de miel rosat ; quand les oiseaux ont pris ce médicament, il faut les porter sur le poing, & ne les point quitter qu’ils n’aient rendu leurs émeus, après quoi on leur donne un pât bon & bien préparé.

Vers, qui naissent dans le corps humain ; ils se trouvent ou dans les intestins, y compris l’estomac, ou hors des intestins. Les vers qui naissent hors des intestins sont de diverses especes, ou plutôt se réduisent sous différentes classes, selon les lieux où ils naissent.

On en compte de dix sortes ; savoir, les encéphales, les pulmonaires, les hépatiques, les cardiaires, les sanguins, les vésiculaires, les spermatiques, les helcophages, les cutanés, & les umbilicaux, sans compter les vénériens. Les vers des intestins sont de trois sortes, les ronds & longs, les ronds & courts, & les plats. Les ronds & longs s’engendrent dans les intestins grêles, & quelquefois dans l’estomac ; les ronds & courts dans le rectum, & s’appellent ascarides. Les plats se nourrissent ou dans les pylores de l’estomac, ou dans les intestins grêles, & se nomment tænia. Voyez Taenia. Les vers qui s’engendrent dans le corps de l’homme, tant ceux des intestins, que ceux qui viennent aux autres parties, prennent souvent des figures monstrueuses en vieillissant.

Les encéphales, ils naissent dans la tête, où ils font sentir de si violentes douleurs, qu’ils causent quelquefois la fureur. Il y en a de quatre sortes, les encéphales proprement dits, qui viennent dans le cerveau ; les rinaires, qui viennent dans le nés ; les auriculaires, qui viennent dans les oreilles, & les dentaires qui viennent aux dents.

Les encéphales proprement dits sont rares ; mais il y a certaines maladies où ils régnent, & l’on a vu des fievres pestilentielles ne venir que de-là. Celle qui fit tant de ravage à Benevent, & dont presque tout le monde mouroit, sans qu’on pût y apporter aucun remede, en est un grand témoignage. Les médecins s’aviserent enfin d’ouvrir le corps d’un malade, qui étoit mort de cette contagion, & ils lui trouverent dans la tête un petit ver vivant, tout rouge & fort court ; ils essayerent divers remedes sur ce ver, pour découvrir ce qui le pourroit tuer : tout fut inutile, excepté le vin de mauve, dans quoi on fit bouillir des raiforts ; on n’en eut pas plutôt jetté dessus que le ver mourut. On donna ensuite de ce remede à tous les autres malades, & ils échapperent presque tous.

Les rinaires ou nasicoles, s’engendrent dans la racine du nés. Ils sortent quelquefois d’eux-mêmes par les narines ; quelquefois ils font tomber en fureur les malades. Ceux qui ont lu Fernel, savent l’histoire de ce soldat, qui mourut le vingtieme jour de sa maladie, après être devenu furieux, & dans le nés duquel on trouva après sa mort deux vers velus, longs comme le doigt, qui s’y étoient engendrés. Ambroise Paré nous a donné la figure de ces vers. Kerkring, dans ses observat. anatomiq. donne encore la figure d’un ver velu & cornu, qui sortit du nés d’une femme à Amsterdam, le 21 Septembre 1668, & qu’il conserva vivant jusqu’au 3 Octobre, sans lui rien donner à manger. Il ajoute une chose remarquable, c’est que ce ver en produisit un autre avant que de mourir. Il sort aussi souvent par le nés des vers, qui n’ont point été engendrés dans cette partie, mais qui viennent des intestins, comme nous l’expliquerons après.

Les auriculaires s’engendrent dans les oreilles. Qu’il y en ait, c’est un fait dont l’expérience ne permet pas de douter, & dont M. Andry dit avoir vu plusieurs exemples. Une jeune fille âgée de dix ans, & malade d’écrouelles, avoit une douleur violente à l’oreille droite ; cette partie suppuroit de tems-en-tems, & quelquefois devenoit sourde. M. Andry y employa divers remedes, dont le peu de succès lui fit soupçonner qu’il y avoit des vers. L’événement justifia son soupçon ; car y ayant fait appliquer un onguent, qu’il fit composer à ce dessein, il en sortit un fort grand nombre de vers extrémement petits, dont plusieurs étoient vivans.

Ces vers étoient jaunes, un peu longs, & si menus, que sans la grande quantité qui les faisoit remarquer, à peine auroit-il pu les distinguer. Tharantanus dit avoir vu sortir de l’oreille d’un jeune homme malade d’une fievre aiguë, deux ou trois vers qui ressembloient à des graines de pin. Panarolus parle d’un malade, qui après avoir été tourmenté d’une violente douleur dans l’oreille, rendit par cette partie, ensuite d’une injection qui y fut faite avec du lait de femme, plusieurs vers semblables à des mites de fromage, après quoi la douleur cessa. Kerkring donne encore la figure de cinq vers, qu’un homme rendit par l’oreille, en 1663, dans un bourg nommé Quadich, lesquels sont faits comme des cloportes, si ce n’est qu’ils n’ont que dix piés.

Les dentaires qui s’engendrent aux dents, se forment d’ordinaire sous une croute amassée sur les dents par la malpropreté ; ce ver est extrèmement petit, & a une tête ronde, marquée d’un point noir, le reste du corps long & menu, à-peu-près comme ceux du vinaigre ; ce que M. Andry a observé par le microscope dans de petites écailles qu’un arracheur de dents enleva de dessus les dents d’une dame, en les lui nettoyant. Il n’y avoit presque point de ces écailles qui fût sans quelques vers. Ces vers rongent les dents peu-à-peu, y causent de la puanteur, mais ne font pas sentir de grandes douleurs ; car c’est une erreur de s’imaginer que les violens maux de dents soient causés par les vers.

Les pulmonaires. Ces vers qui se forment dans les poumons sont rares, mais cependant il s’en trouve ; & Fernel dit en avoir vu des exemples. Ce qu’il y a de certain, c’est que des malades en ont jetté quelquefois en toussant, qui étoient tellement enveloppés dans des crachats, qu’on ne pouvoit douter qu’ils vinssent d’ailleurs que de la poitrine, comme le remarque Brassavolus. De ces vers les uns ressemblent à des moucherons, d’autres sont faits comme des pignons, & d’autres comme de petites punaises.

Les hépatiques. Ils se trouvent dans le foie ; mais tous les médecins ne conviennent pas qu’ils s’y forment, parce que la bile du foie doit empêcher les vers de s’engendrer dans cette partie. Cependant comme le foie est sujet à des hydropisies dans lesquelles il est souvent plus plein d’eau que de fiel, il n’est pas impossible qu’il ne s’y engendre alors des vers, & ce n’est guere aussi que dans ces occasions qu’il est arrivé d’y en trouver.

Les cardiaires. Il y en a de deux sortes ; les cardiaires proprement dits, & les péricardiaires. Les premiers sont dans le cœur, & les autres dans le péricarde. Il y a eu des pestes où l’on trouvoit de ces vers dans la plûpart des corps qu’on ouvroit. Ils causent de grandes douleurs, & quelquefois des morts subites. Sphererius rapporte qu’un gentilhomme de Florence s’entretenant un jour avec un étranger dans le palais du grand-duc de Toscane, tomba mort tout-d’un-coup ; que comme on craignit qu’il n’eut été empoisonné, on l’ouvrit, & on lui trouva un ver vivant dans la capsule du cœur. On demandera peut-être comment il peut y avoir des vers dans une partie qui est dans un si grand mouvement que le cœur ; mais il suffit de faire reflexion à la structure de ce muscle, pour connoître que cela est très-facile. On sait qu’à la base du cœur sont deux cavités faites en cul-de sac, l’une à droite, l’autre à gauche, que l’on appelle les ventricules ; que ces ventricules sont remplis de petites colonnes charnues produites par les fibres droites du cœur, & ont plusieurs enfoncemens, & plusieurs petites fentes qui rendent la surface interne de ces mêmes ventricules rude & inégale. Or c’est dans ces inégalités que ces vers sont retenus, non-obstant le mouvement continuel du sang qui entre & qui sort.

Les sanguins. Ils se trouvent dans le sang, & sortent quelquefois par les saignées, comme l’assurent Rhodius, Riolens, Ettmuller, avec plusieurs autres auteurs. M. Andry dit aussi qu’il l’a vu arriver en deux occasions ; il rapporte que M. de Saint-Martin, fameux chirurgien à Paris, lui a attesté que saignant un malade, & le sang s’étant arrêté tout-à-coup, il remarqua, en écartant les levres de l’ouverture, un corps étranger, qui en bouchoit le passage ; qu’il fit faire aussi-tôt un léger détour au bras, & qu’en même tems il vit sortir avec le sang qui s’élança violemment, un ver cornu de la longueur d’un perce-oreille. M. Daval, docteur de la faculté de médecine de Paris, a aussi dit à M. Andry avoir vu plusieurs fois des vers sortir par les saignées. Les vers qui s’engendrent dans le sang, ne sont pas toujours de même figure ; cependant ceux qu’on y trouve le plus ordinairement, se ressemblent assez, & la maniere dont ils sont faits mérite bien d’être remarquée. Leur corps est figuré comme une feuille de mirthe, & tout parsemé de filamens semblables à ceux qu’on remarque sur les feuilles naissantes des arbres ; ils ont sur la tête une espece d’évent, comme en ont les baleines, par lequel ils rejettent le sang dont ils se sont gorgés. Ces même vers se remarquent dans le sang des autres animaux ; & pour les voir il faut prendre des foies de veaux ou de bœufs, tout récemment tirés des corps, les couper en petits morceaux, puis les jetter dans de l’eau & les y bien broyer avec la main ; on en verra sortir alors avec le sang, plusieurs vers, qui auront un mouvement fort sensible, si ces foies sont bien frais. Ces sortes de vers sont connus aux paysans du Languédoc, qui les appellent valberes, du nom d’une herbe qui passe chez eux pour produire dans le corps beaucoup de vermine. Voyez Borel, observ. de phys. & de médec. Il est à remarquer que ces vers sont blancs, & non rouges ; ce qui paroît d’abord extraordinaire, puisqu’ils semble qu’ils devroient être de la couleur du sang, mais ce qui les rend blancs, est qu’ils se nourrissent de chyle, & non de sang ; car quoique le sang paroisse tout rouge, il est rempli d’une infinité de parties blanches & chyleuses, qui n’ont pas encore eu le tems de se changer en sang : or ce sont sans doute ces petites parties dont les vers se nourrissent.

Les vesiculaires. Ils se trouvent dans la vessie & dans les reins, & sortent avec l’urine. Il y en a de plusieurs figures différentes. Tulpius parle d’un ver qui fut rendu par la vessie, lequel étoit long & rond comme ceux des intestins, & rouge comme du sang. Il y en a d’autres où l’on découvre un nombre presque innombrable de piés, une queue pointue, marquée d’un point noir au bout, & une tête large, avec deux petites éminences aux deux côtés, le dessus du corps rond & lisse, & le ventre raboteux. Un médecin d’Amsterdam, dont parle Tulpius, en jetta douze de cette sorte en urinant, leur figure ressembloit à celle des cloportes. Louis Duret, après une longue maladie, en rendit par les urines de semblables, comme le rapporte Ambroise Paré. On en voit d’autres qui n’ont que six piés, trois de chaque côté vers la tête, & qui du reste sont tout blancs & assez semblables à des mites de fromage. Il y en a d’autres qui ressemblent à des sangsues, à cela près qu’ils ont deux têtes comme les chenilles, l’une à un bout, l’autre à l’autre. Ces vers vivent quelquefois assez long tems après être sortis, pourvu qu’on les tienne dans de l’eau tiede, comme on fit celui dont parle Balduinus Ronseus, lequel fut conservé vivant plus de sept mois par ce moyen. Il y en a d’autres qui sont faits comme des especes de sauterelles. Le comte Charles de Mansfeld, malade d’une fievre continue à l’hôtel de Guise, en jetta par les urines un semblable. Il y a des personnes en santé dont les urines sont toutes pleines de vers.

Les spermatiques : ils existent dans la semence ; mais il ne faut pas les confondre avec les destructeurs de notre corps, puisqu’ils sont au contraire les principes de nos semblables & le germe de la propagation. Voyez Génération.

Les helcophages : ils naissent dans les ulceres, dans les tumeurs, dans les apostumes. Les grains de la petite verole en sont quelquefois tout remplis. Les charbons, les bubons pestilentiels en contiennent un grand nombre ; les chairs gangrenées en sont toutes pleines. Hauptman rapporte qu’un de ces vers ayant été mis sur du papier, après avoir été tiré d’une partie gangrenée, en produisit sur le champ cinquante autres, ainsi qu’on le remarqua par le microscope. Ambroise Paré parle d’un ver velu qui avoit deux yeux & deux cornes avec une petite queue fourchue, lequel fut trouvé dans une apostume à la cuisse d’un jeune homme. Le fameux Jacques Guillemeau tira lui-même ce ver, & le donna à Ambroise Paré, qui le conserva vivant plus d’un mois, sans lui rien donner à manger.

Les cutanés : ils naissent sous la peau entre cuir & chair. Il y en a de plusieurs sortes : les principaux sont les crinons, les cirons, les bouviers, les soies & les toms. Les crinons sont ainsi appellés, parce que quand ils sortent, ils ressemblent à de petits pelotons de crin. Ces vers viennent aux bras, aux jambes, & principalement au dos des petits enfans, & font sécher leur corps de maigreur, en consumant le suc qui est porté aux parties. Divers modernes font mention de ces vers qui ont été inconnus aux anciens. Etmuller en a donné une description étendue & des figures exactes. Ces vers, selon qu’ils paroissent dans le microscope, ont de grandes queues, & le corps gros. Les crinons n’attaquent guere que les enfans à la mamelle. Ils s’engendrent d’une humeur excrémenteuse arrêtée dans les pores de la peau, & qui est assez ordinaire à cet âge. Le ciron est un ver qui passe pour le plus petit des animaux, & on le nomme ainsi, parce que la cire est sujette à être mangée de cet animal, quand elle est vieille. Le ciron se traîne sous la peau, qu’il ronge peu-à-peu ; il y cause de grandes démangeaisons & de petites ampoules, sous lesquelles on le trouve caché quand on le pique. On a découvert par le microscope toutes les parties du ciron ; il a six piés placés deux-à-deux près de la tête, avec lequel il fait de longs sillons sous la peau. Ce ver a été connu des anciens, & Aristote en parle Hist. anim. l. V. c. xxxj. Les bouviers sont ainsi nommés, parce que les bœufs y sont quelquefois sujets. Ces vers se traînent sous la peau comme les cirons ; mais ils sont plus gros, & causent des démangeaisons presque universelles. Ils sortent souvent d’eux-mêmes, & percent la peau en divers endroits. La maladie qu’il cause, s’appelle passio bovina ; elle a besoin d’un prompt secours, sans quoi il en peut arriver de fâcheux accidens.

Les soies sont des vers qui ne se voient point dans ces pays, mais qui sont communs dans l’Ethiopie & dans les Indes : ils ressemblent à de petits cordons de soie torse, & naissent ordinairement dans les jambes & aux cuisses. Ils sont d’une longueur extraordinaire, les uns ayant une aune, les autres deux, les autres trois, & quelquefois quatre. Les negres d’Afrique y sont fort sujets, & les Américains contractent cette maladie par la contagion des negres qu’ils fréquentent : elle se communique même souvent à ceux qui ne sont ni américains, ni africains. Ces vers causent des douleurs de tête & des vomissemens ; mais quand on en est délivré, on se porte bien. Lorsqu’ils sont en état d’être tirés, on le connoît par une petite apostume, qui se forme à l’endroit où aboutit une des extrémités du ver ; on perce alors cette apostume, & puis on prend un petit morceau de bois rond, long de la moitié du doigt & fort menu, auquel on tortille d’abord ce qui se présente, ensuite on tourne ce bois comme une bobine, & le corps du ver se roule à l’entour comme du fil qu’on devideroit. On s’y prend de la sorte de peur de le rompre, parce que ce ver est fort délié, & qu’il y a du danger à ne le pas tirer en entier ; car la partie qui reste, cause des fievres dangereuses. Ce ver a deux têtes, l’une à un bout, l’autre à l’autre, comme certaines chenilles ; & ce qui est remarquable, c’est qu’il y a toujours une de ces deux têtes qui est comme morte, tandis que l’autre paroît vivante. Il vient à la cuisse des chardonnerets un ver presque semblable. Spigelius dit en avoir vu un à la cuisse d’un de ces oiseaux, lequel avoit un pié de long. Cette étendue paroît incroyable ; mais la maniere dont le ver étoit situé doit ôter tout étonnement, savoir en zig-zag. C’est ainsi que Spigelius l’a remarqué, & c’est à-peu-près de la même maniere que sont disposés ceux qui viennent aux jambes des Ethiopiens. Celui des chardonnerets est mince, comme une petite corde de luth : lorsqu’il est parfait & qu’il commence à se mouvoir, il perce la peau, & sort quelquefois de lui-même ; le plus souvent l’oiseau le tire avec son bec. Enfin les toms sont de petits vers qui viennent aux piés, où ils causent des tumeurs douloureuses, grosses comme des feves. On n’en voit que dans cette partie de l’Amérique, qui est aux Indes occidentales. Thevet rapporte, dans son histoire de l’Amérique, que lorsque les Espagnols furent dans ce pays-là, ils devinrent fort malades de ces sortes de vers par plusieurs tumeurs ; ils y trouvoient dedans un petit animal blanc, ayant une petite tache sur le corps. Les habitans du pays se guérissent de ce ver par le moyen d’une huile qu’ils tirent d’un fruit, nommé hibout, lequel n’est pas bon à manger ; ils conservent cette huile dans de petits vaisseaux faits avec des fruits appellés chez eux carameno ; ils en mettent une goutte sur les tumeurs, & le mal guérit en peu de tems.

Les ombilicaux. Ce sont des vers que l’on dit qui viennent au nombril des enfans, & qui les font souffrir beaucoup, leur causent une maigreur considérable, & les jettent dans une langueur universelle : les levres palissent, la chaleur naturelle diminue, & tout le corps tombe dans l’abattement. On n’a point d’autre signe de ce ver, sinon qu’ayant lié sur le nombril de l’enfant un goujon, on trouve le lendemain une partie de ce poisson rongée ; on en remet un autre le soir, & l’on réitere la chose jusqu’à trois ou quatre fois, tant pour s’assurer du séjour du ver, que pour l’attirer par cet appât ; ensuite on prend la moitié d’une coquille de noix, dans laquelle on mêle un peu de miel, de la poudre de crystal de Venise & de sabine ; on applique cette coquille sur le nombril, le ver vient à l’ordinaire, & attiré par le miel, mange de cette mixtion qui le fait mourir ; après quoi on fait avaler à l’enfant quelque médicament abstersif pour entraîner le ver. M. Andry dit qu’il auroit beaucoup de penchant à traiter ce ver de fable, sans le témoignage d’Etmuler & de Sennert, qui lui font suspendre son jugement. Le premier assure que Michael a guéri de ce ver plusieurs enfans, en observant la méthode que nous venons de dire. Le second rapporte aussi l’autorité d’un témoin oculaire, qui est Bringgerus, lequel dit qu’une petite fille de six mois, ayant une fievre qu’on ne pouvoit guérir, la mere soupçonna que c’étoit un ver au nombril, & réussit à l’en faire sortir.

Les vénériens. Ce sont des vers que l’on prétend se trouver dans presque toutes les parties du corps de ceux qui sont attaqués de la maladie vénérienne.

Figures monstrueuses. Les uns deviennent comme des grenouilles, les autres comme des scorpions, les autres comme des lézards ; aux uns il pousse des cornes, aux autres il pousse une queue fourchue, aux autres une espece de bec comme à des oiseaux ; d’autres se couvrent de poils & deviennent tout velus ; d’autres se revêtent d’écailles & ressemblent à des serpens. Toutes ces figures se développent lorsqu’ils vieillissent. Or comme la barbe ne sort à l’homme qu’à un certain âge ; que les cornes ne poussent à certains animaux que quelque tems après leur naissance ; que les fourmis prennent des aîles avec le tems ; que les vieilles chenilles se changent en papillons ; que le ver à soie subit un grand nombre de changemens, il n’y a pas lieu de s’étonner que les vers du corps de l’homme puissent prendre en vieillissant toutes ces figures extraordinaires qu’on y remarque quelquefois. Cela n’arrive que par un simple accroissement de parties qui rompent la peau dont l’insecte est couvert, & que les Naturalistes appellent nymphe. Ceux qui voudront savoir quels sont les effets des vers dans le corps humain, les signes de ces vers, les remedes qu’on doit employer contre eux, &c. n’ont qu’à lire le traité de M. Andry, de la génération des vers dans le corps de l’homme.

Ver, (Critiq. sacrée.) σκώληξ ; l’Ecriture compare l’homme à cet insecte rampant, pour marquer sa bassesse & sa foiblesse. Job, xxv. 6 : le ver qui ne meurs point, Marc, ix. 43, est une expression métaphorique qui désigne les remords toujours renaissans d’une conscience criminelle. (D. J.)