L’Encyclopédie/1re édition/VITRIOLIQUE, acide

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VITRIOLIQUE, acide, (Chimie.) c’est de l’acide vitriolique que dérivent tous les autres, suivant le sentiment des chimistes qui ont voulu pénétrer par la théorie dans la connoissance des choses, lorsque l’expérience les abandonnoit. Quoiqu’ils le pensent, & qu’on soupçonne leur transmutation possible, on ne connoît aucun procédé par lequel on puisse produire les autres acides avec celui-ci.

Cet acide est le plus pesant de tous, répandu dans l’air ; il en a pris le nom d’universel. On le retire par la combustion du soufre, par la distillation & des procédés particuliers des sels neutres qu’il compose. Il dissout toutes les terres & métaux, si on excepte les vitrifiables & l’or. Il s’unit avec effervescence & chaleur à ces corps ; il fait de même en se mêlant à l’eau & à l’esprit-de-vin. Cette derniere liqueur le dulcifie, & le rend plus tempéré, plus astringent & moins rafraîchissant. Ce mélange distillé fournit la liqueur minérale anodine d’Hoffman, & l’éther. Ce même acide versé sur les huiles essentielles, les enflamme, & laisse après lui un charbon spongieux, appellé le champignon philosophique. Lorsqu’il est concentré, il attaque non-seulement les chaux & les verres métalliques, mais même le verre ordinaire, si on les fait bouillir ensemble. Ce qui nous fait croire qu’on pourroit décomposer le verre en versant dans une cornue du verre pulvérisé & cet acide, les soumettant à une violente distillation pour obtenir un tartre vitriolé ou un sel de Glauber, qui resteroient au fond de la cornue. Comme il a plus d’affinité que les autres acides avec les alkalis, & même avec la plûpart des métaux il décompose presque tous les sels neutres, & fournit un des meilleurs moyens d’en dégager l’acide.

Quand à son usage médicinal, il est le même que celui que nous avons attribué aux acides en général. Voyez les propriétés de ces sels au mot Sels. Nous y joindrons seulement la remarque que cet acide étant en quelque maniere plus acide que les autres, il possede à un plus haut point les vertus qui leur sont communes.