L’Encyclopédie/1re édition/VITRIOL

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VITRIOL, s. m. (Hist. nat. Minéralog.) c’est un sel d’un goût acerbe & astringent, forme par l’union d’un acide particulier, que l’on nomme vitriolique, avec du fer, du cuivre ou du zinc, ou avec une terre ; il est ou vert, ou bleu, ou blanc.

Suivant que l’acide vitriolique est combiné avec ces différentes substances, il constitue des vitriols différens. Quand il est combiné avec le fer, il forme un sel d’une couleur verte plus ou moins foncée, que l’on nomme vitriol de Mars, ou martial, ou couperose verte ; quand ce même acide est combiné avec le cuivre, il fait un sel d’une couleur bleue, que l’on nomme vitriol de Vénus, vitriol cuivreux, vitriol bleu, couperose bleue, vitriol de Chypre, &c. Quand cet acide est combiné avec le zinc, il fait un sel blanc que l’on nomme vitriol blanc, couperose blanche, vitriol de Goslar, ou vitriol de zinc. Tous ces différens vitriols se crystallisent sous la forme d’un lozange, dont les côtés sont en bizeau. Enfin l’acide vitriolique combiné avec une terre particuliere, forme un sel blanc que l’on nomme alun. Il est rare que ces différentes especes de vitriols soient parfaitement purs ; ce qui fait que quelques auteurs appellent le vitriol mélangé, vitriol mixte, ou vitriol hermaphrodite.

L’acide vitriolique qui produit ces différens sels, est aussi appellé acide universel, parce qu’il est répandu dans notre atmosphere ; mais sur-tout il est propre au regne minéral. Il est le même que celui qui se trouve dans le soufre, & alors cet acide est combiné avec le phlogistique des matieres inflammables. Voyez l’article Soufre.

Ce qui prouve que l’acide vitriolique est répandu dans l’air, c’est que si on expose à l’air un sel alkali, il se dissout & devient liquide ; & si on fait évaporer cette liqueur, on obtient un sel que l’on appelle tartre vitriolé, qui est exactement de la même nature que celui qui se fait par art en combinant ensemble de l’acide vitriolique avec un alkali fixe. A la vûe de la prodigieuse quantité de soufre que la terre renferme dans son sein, & qui est ordinairement combiné avec les métaux dans les mines, on ne peut douter que l’acide vitriolique n’y soit très-abondant ; mais alors il a des entraves, puisqu’il est lié par la partie grasse du soufre qui est uni avec les substances métalliques.

Pour former du vitriol, il faut que l’acide vitriolique se dégage de la partie grasse du soufre, & se combine avec une des substances que nous avons dites, c’est-à-dire ou avec le fer, ou avec le cuivre, ou avec le zinc, ou avec une terre. Ces trois substances métalliques sont les seules qui constituent un sel avec l’acide vitriolique.

Les différens vitriols sont ou naturels ou factices. Les vitriols naturels sont ceux qui se sont formés sans le concours de l’art. Leur formation est dûe à la-décomposition des pyrites. Ce sont des substances minérales, composées de soufre, de fer, & quelquefois de cuivre. Voyez Pyrite. Quelques unes de ces pyrites, lorsqu’elles viennent à être frappées par l’air extérieur, perdent leur liaison ; se réduisent en une poudre qui se couvre d’une espece de moisissure, qui n’est autre chose que du vitriol en crystaux extrèmement deliés. Ce qu’on peut dire de plus vraissemblable sur cette décomposition des pyrites, c’est que par le contact de l’air qui est lui-même, comme nous l’avons dit, chargé d’acide vitriolique, cet acide se joint à l’acide analogue contenu dans le pyrite, & lui fournit assez de force pour se débarrasser des entraves que le soufre lui donnoit. Comme cet acide mis en liberté a beaucoup de disposition à s’unir avec le fer, ou avec le cuivre qui étoient contenus dans le pyrite, il se combine avec ces métaux, & constitue par-là le sel que nous appellons vitriol. Nous voyons quelques pyrites se décomposer sous nos yeux ; la même chose arrive dans l’intérieur de la terre, lorsque les pyrites viennent à être frappées par l’air ; c’est là ce qui est cause que l’on rencontre dans les souterrains de quelques mines du vitriol, soit martial, soit cuivreux, tout formé ; c’est celui-là qu’on appelle vitriol natif. Comme quelquefois on le trouve sous la forme de stalactites, ou semblable aux glaçons qui s’attachent en hiver aux toîts des maisons, on lui a donné le nom de vitriolum stillatitium, ou vitriolum stalacticum. On en rencontre de cette espece dans les mines du Harts, dans quelques mines d’Hongrie, &c.

On trouve dans quelques mines de ce dernier royaume, un vitriol naturel qui paroît sous la forme d’un enduit soyeux ; les Allemans l’appellent atlas-vitriol, c’est-à-dire vitriol satiné.

On trouve encore du vitriol tout formé dans quelques terres & dans quelques pierres, telles sont celles que l’on nomme pierres atramentaires. On les reconnoît à leur goût acerbe ; on en peut retirer le vitriol en les lavant. Ces terres & pierres sont ou jaunes, ou rougeâtres, ou noirâtres, ou grises, à qui les anciens naturalistes ont donné différens noms, tels que ceux de misy, de sory, de chalcitis, de melanteria, &c. que l’on a trop multipliés, & qui ne font que jetter de la confusion dans les idées, comme le célebre M. Henckel l’a prouvé dans sa pyritologie. Toutes ces terres & pierres sont redevables de leur vitriol à des pyrites tombées en efflorescence.

Quelques eaux sont chargées d’une quantité plus ou moins forte de vitriol ; on les reconnoît à la sensation qu’elles font sur la langue. Telles sont sur-tout les eaux vitrioliques que l’on nomme eaux cementatoires. Lorsqu’on voudra s’assurer si une eau contient du vitriol, on n’aura qu’à y verser une infusion de noix de galle ; si elle noircit, ce sera une preuve qu’elle contenoit du vitriol martial ; si elle contient du vitriol cuivreux : en y trempant du fer, le cuivre se précipitera, & rougira le fer qu’on y aura trempé.

Le chêne, le bois d’aune, & un grand nombre de fruits & de plantes contiennent du vitriol.

Mais l’on n’obtient de toutes ces substances qu’une très-petite quantité de vitriol, relativement aux besoins de la société ; c’est pour cela qu’on cherche à en tirer une quantité plus grande, en employant les secours de l’art.

En effet, toutes les pyrites n’ont point la propriété de se décomposer d’elles-mêmes à l’air ; & celles à qui cela arrive le font quelquefois très-lentement. On est donc obligé de commencer par les griller ; pour cet effet, on commence par former des aires, que l’on couvre de bois, & l’on arrange par dessus les pyrites en tas ; on met le feu à ce bois, & par ce moyen on dégage la plus grande partie du soufre qui empêchoit l’acide vitriolique de se mettre en action. Voyez l’article Soufre. Lorsque les pyrites ont été grillées suffisamment, on les laisse exposées en un tas à l’air, & alors il s’y forme du vitriol, que l’on en retire en lavant ces pyrites calcinées, ou ce qui vaut encore mieux, en les faisant bouillir avec de l’eau dans des chaudieres de plomb ; on laisse reposer cette eau pendant quelque tems, afin qu’elle puisse se dégager des matieres étrangeres qui se déposent au fond. Alors on la met dans de nouvelles chaudieres de plomb, dont le fond est plat & peu profond, & qui sont placées sur un fourneau. On y fait bouillir l’eau chargée de vitriol, ayant soin d’en remettre de nouvelle à mesure que l’évaporation s’en fait, de maniere que la chaudiere demeure toujours pleine. On continue à faire bouillir l’eau vitriolique, jusqu’à ce qu’elle devienne d’une consistance épaisse, & qu’elle soit prête à se crystalliser, ce que l’on reconnoît à la pellicule saline qui se forme à sa surface ; alors on vuide cette eau dans des auges ou cuves de bois, où elle séjourne quelque tems pour se clarifier, après quoi on la remet dans d’autres auges ou cuves, dans lesquelles on place des bâtons de bois branchus. Par ce moyen le vitriol, sous la forme de crystaux, s’attache aux parois de ces auges, & aux bâtons qu’on n’y a mis que pour présenter un plus grand nombre de surfaces au vitriol qui se forme. L’eau qui surnage aux crystaux se remet en évaporation avec de nouvelle eau chargée de vitriol, & on la fait bouillir de nouveau dans les chaudieres de plomb, de la maniere qui vient d’être décrite. Mais il faut prendre garde pendant la cuisson, qu’il ne tombe aucune matiere grasse dans la chaudiere, parce que cela nuiroit à l’opération.

Telle est la maniere qui se pratique pour obtenir le vitriol des pyrites grillées ; elle peut avoir quelques variations dans les différens pays, mais ces différences ne sont point essentielles. Quand on a obtenu le vitriol de cette maniere, il se met dans des tonneaux à l’abri du contact de l’air, & il est propre à entrer dans le commerce.

On sent aisément qu’il est presque impossible qu’un vitriol soit parfaitement pur, vû que les pyrites contiennent souvent, outre le fer, une portion plus ou moins grande de cuivre, ce qui est cause que le vitriol est quelquefois mélangé ; & il peut aussi s’y trouver des portions d’alun. Ainsi quand on veut faire des opérations exactes avec le vitriol, il faut le purifier de nouveau, ou bien le faire artificiellement. Si l’on veut avoir un vitriol martial bien pur, on n’aura qu’à faire dissoudre dans l’eau le vitriol que l’on soupçonne de contenir quelques portions de cuivre, on y trempera un morceau de fer, & par ce moyen la partie cuivreuse se précipitera sur le fer qui deviendra d’une couleur de cuivre, & les parties du fer prendront la place du cuivre qui se sera précipité.

Le vitriol bleu ou cuivreux, se trouve quelquefois formé naturellement, quoiqu’en petite quantité ; il est rare qu’il ne contienne point une portion de fer, parce qu’il est produit par des pyrites qui contiennent toujours nécessairement ce métal. Ce vitriol se fait artificiellement, en mettant en cémentation des lames & des rognures de cuivre avec du soufre, on en fait des couches alternatives, l’acide qui se dégage du soufre s’unit au cuivre, & forme avec lui un vitriol bleu, que l’on obtient en lavant le mélange, & en le faisant crystalliser.

Le vitriol blanc n’est pas non-plus parfaitement pur, comme celui qui vient de Goslar est produit par une mine très-mélangée, qui contient du fer, du cuivre, du zinc, & du plomb ; il renferme souvent des portions de toutes ces substances.

On trouve quelquefois de ce vitriol blanc tout formé par la nature, dans les souterrains de la mine de Ramelsberg, au Hartz, dans le voisinage de la ville de Goslar. Mais c’est par l’art que l’on en obtient la plus grande quantité. Pour cet effet, on commence par griller la mine, qui comme nous l’avons observé, est très-mélangée ; après le grillage on lave cette mine dans de l’eau, que l’on laisse séjourner pour qu’elle se clarifie. Alors on la décante, & on la verse dans des chaudieres de plomb, où on la fait bouillir ; on la laisse reposer de nouveau, après quoi on la fait crystalliser. On calcine de nouveau les crystaux de vitriol blanc qui se sont formés ; on les dissout dans de l’eau ; on laisse reposer la dissolution ; on décante ensuite la partie qui est claire & limpide ; on la fait bouillir de nouveau, & lorsqu’elle est devenue d’une consistence solide, on la met dans des moules triangulaires, où ce vitriol acheve de se sécher : & on la débite de cette maniere. Malgré ces précautions, ce vitriol ne peut être que très-mélangé, quoique le zinc en fasse le principal ingrédient. En effet, on peut en retirer ce demi-métal ; pour cela l’on n’a qu’à dissoudre le vitriol blanc dans de l’eau ; on précipitera la dissolution par un alkali fixe ; on mêlera le précipité qu’on aura obtenu avec du charbon pulvérisé ; on mettra ce mélange en distillation dans une cornue de verre, & l’on trouvera qu’il se sera attaché dans le col de la cornue du zinc sublimé, qui mêlé avec le cuivre, le jaunira : propriété qui caractérise ce demi-métal. Voyez Zinc. On voit par ce qui précede, que quand on voudra avoir du vitriol blanc, bien pur, le plus sûr sera de le faire soi même, en combinant de l’acide vitriolique avec du zinc.

L’alun, comme nous l’avons fait observer, est aussi un vrai vitriol, il est formé par la combinaison de l’acide vitriolique & d’une terre dont la nature est peu connue des chimistes ; M. Rouelle la regarde comme une terre végétale produite sur-tout par la décomposition des bois qui ont été ensevelis en terre. Ce savant académicien croit que tout l’alun qui se trouve tout formé dans la nature est produit des volcans & des feux souterreins. Il est certain que ce sel se trouve en grande abondance en Italie, près du Vésuve, de l’Etna, près de Rome, dans la Solfatara, &c. on tire aussi l’alun de quelques terres grasses & bitumineuses qui se trouvent près des charbons de terre, & qui paroissent formées par la décomposition de bois fossiles & bitumineux.

On donne quelquefois aux différens vitriols les noms des pays d’où ils nous viennent ; c’est ainsi qu’on dit du vitriol romain, d’Hongrie, d’Angleterre, de Chypre, &c. Ces vitriols sont plus ou moins purs en raison du soin que l’on apporte à les faire, & de la nature des substances d’où on les tire. Avant que de s’en servir dans les opérations de la chimie, il est à propos de les purifier, pour les dégager des matieres étrangeres qui peuvent s’être jointes à ces vitriols par le peu de soin que l’on a pris dans les atteliers où on les travaille en grand ; pour les purifier, il faut dissoudre les vitriols dans de l’eau pure, filtrer la dissolution, la faire évaporer, & ensuite la porter dans un lieu frais pour qu’elle se crystallise. On pourra, s’il en est besoin, réitérer plusieurs fois cette opération. Par ce moyen, chaque vitriol donnera des crystaux ou verds, ou bleus, ou blancs. Le vitriol martial sera en lozanges ou en rhomboïdes, dont les bords sont disposés en biseau ou en plans inclinés. Le vitriol bleu sera aussi en rhomboïdes, & la surface sera en dos d’âne. L’alun donne des crystaux hexagones à côtés inégaux. Le vitriol blanc donne des crystaux oblongs qui ont la forme d’une biere à enterrer les morts.

Toutes les fois qu’on dissout du vitriol martial, il se précipite au fond de la dissolution une terre jaune, qui est produite par la décomposition du fer qui est contenu dans ce sel. Cette terre jaune est ce qu’on appelle l’ochre factice ; si on la calcine, elle devient d’un rouge assez vif. On en fait le crayon rouge, & une couleur propre à servir aux peintres.

Le vitriol se calcine à l’air, & sur-tout au soleil, & s’y réduit en une poudre blanche, que l’on nomme vulgairement poudre de sympathie.

C’est par la distillation que l’on sépare du vitriol l’acide qui le constitue, & que l’on nomme acide vitriolique. Pour cet effet, on prend du vitriol calciné à blanc, soit au soleil, soit sur le feu ; on le met dans une cornue de grès bien lutée, que l’on place dans un fourneau de réverbere ; on y adapte un grand ballon percé d’un petit trou ; on lutte bien les jointures des vaisseaux ; on commence par donner d’abord un feu doux, de peur de briser les vaisseaux ; ensuite on donne un feu assez violent pour faire rougir la cornue que l’on tient dans cet état pendant trois jours & trois nuits. Par cette distillation on obtient d’abord une liqueur flegmatique, un peu acide, que l’on nomme quelquefois esprit de vitriol ; ensuite on obtient une liqueur pesante, qui est un acide, & que l’on a nommé très-improprement huile de vitriol, & qui est d’une couleur jaunâtre. Il reste dans la cornue une substance rouge, semblable à de la terre, que l’on nomme colcothar ; cette substance attire l’humidité de l’air, tant qu’elle contient quelques portions de l’acide, mais elle ne l’humecte point lorsqu’on en a chassé tout l’acide. En lavant ce colcothar, on en retire un sel blanc, que l’on nomme gilla vitrioli ; ce qui n’arrive que lorsque le vitriol, dont on s’est servi pour la distillation, contenoit de l’alun.

Si l’on veut concentrer & rendre plus actif l’acide vitriolique, ou ce qu’on appelle l’huile de vitriol, on n’aura qu’à la mettre dans une cornue de verre bien luttée, on la mettra dans un fourneau de réverbere, on y adaptera une alonge, au bout de laquelle on ajustera un ballon percé d’un petit trou. On aura soin de bien lutter les jointures des vaisseaux ; on commencera par donner un feu doux, & ensuite on le rendra assez fort pour faire bouillir l’acide vitriolique. Cette méthode est de M. Rouelle, qui est parvenu à obtenir un acide vitriolique très-concentré, & qui a le double du poids de l’eau. Pour cet effet, il prend du vitriol calciné jusqu’à rougeur ; il le met dans une cornue toute chaude, de peur qu’il n’attire l’humidité de l’air, & il distille à grand feu ; par ce moyen on obtient ce qu’on appelle huile glaciale de vitriol, c’est un acide aussi concentré qu’il est possible. L’acide vitriolique attire très-fortement l’humidité de l’air, & avec d’autant plus de force qu’il est plus concentré, & alors le mélange s’échauffe considérablement.

L’acide vitriolique dissout la craie ; & de leur combinaison, il résulte un sel que l’on nomme sélénite, qui exige, suivant M. Rouelle, trois cens soixante fois son poids d’eau pour être mis en dissolution. Voyez Sélénite.

L’acide vitriolique combiné avec un sel alkali fixe, produit un sel neutre, que l’on nomme tartre vitriolé : ce sel crystallise en hexagone, il ne se décompose pas au plus grand feu, c’est un excellent purgatif. En exposant de l’alkali fixe à l’air, il se forme un tartre vitriolé tout semblable.

Si on combine l’acide vitriolique avec un sel alkali volatil, on obtient un sel neutre, que l’on nomme sel ammoniacal secret de Glauber.

Cet acide combiné avec le principe inflammable, constitue le corps que l’on appelle soufre. Voyez Soufre.

En combinant l’acide vitriolique avec de l’huile essentielle de térébenthine, on produit une résine artificielle qui ressemble beaucoup à du bitume. Cet acide agit aussi sur les huiles tirées par expression.

L’acide vitriolique combiné avec l’esprit-de-vin bien déflegmé, donne l’acide vitriolique vineux volatil, connu sous le nom de liqueur éthérée de Frobenius ou d’éther. Voyez l’article Ether. On n’a rien à ajouter à ce qui a été dit dans cet article, sinon que M. le comte de Lauraguais a découvert depuis que l’éther est miscible avec l’eau ; mais pour qu’il y soit entierement mêlé, il faut joindre dix parties d’eau contre une d’éther.

L’acide vitriolique, sur-tout quand il est concentré, agit avec une très-grande force sur les substances animales & végétales qu’il décompose. Lorsqu’on en mêle avec une grande quantité d’eau & de sucre, on peut faire une espece de limonade très-agréable, & utile pour ceux qui font de longs voyages sur mer, & qui ne peuvent se procurer du citron. Cette liqueur est très-rafraîchissante, mais il faut observer de ne mettre que quelques gouttes de cet acide sur une pinte d’eau.

Les mémoires de l’académie royale de Suede nous apprennent un secret très-utile pour conserver les bois de charpente contre les vers, contre les injures de l’air & contre l’humidité ; il consiste à tremper ces bois dans une dissolution de vitriol faite dans l’eau ; lorsque le bois a été imprégné de vitriol à plusieurs reprises, on peut encore le couvrir de quelques couches de peinture à l’huile. On prétend que cette méthode est très-propre à conserver les bois pendant un très-grand nombre d’années ; elle seroit aussi applicable aux bois de construction pour les vaisseaux. (—)