L’Enfant d’Austerlitz/13

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Paul Ollendorff (p. 433-443).

XIV

L’affection d’Édouard De Praxi-Blassans pour son cousin augmentait. Il qualifia de « sacrifice à l’antique » la décision d’Omer. Au reste, elle levait le plus grave obstacle au bonheur des fiançailles. Le comte étant parti pour Vienne, sa rigueur ne guetterait plus les folies amoureuses de son fils. Une heure après le retour de la rue du Bac, Denise elle-même était venue, des larmes de véritable émotion aux cils, remercier son frère dans le jardin. Elle lui offrit d’abord une bague de probationnaire. Puis, couchant sa tête sur l’épaule amie, elle demanda, dans un soupir, pardon « d’avoir été méchante ».

― Et imprudente ! ― dit le jeune homme, désireux qu’elle avouât trop de galanterie envers l’oncle Augustin, qu’elle s’humiliât ainsi par repentir.

Il comptait que la crainte de cette humiliation la garderait dorénavant. La sœur hésita quelque peu. Il la pressa de répéter l’adjectif accusateur. Elle grogna dans une moue déjà rebelle :

― Imprudente ?… Mais je n’ai pas été imprudente ; j’ai été tout bonnement sincère… Savais-je que ce fût défendu ?

― À d’autres ! ― interrompit le frère.

Quelques minutes, ils marchèrent côte à côte, en silence. Et il avait alors senti qu’elle l’examinait, le jugeait et le haïssait, qu’elle ne pardonnait pas tant de clairvoyance.

Malgré les changements dus à sa nouvelle vie, la mémoire d’Omer conserva l’obsession précise de ces querelles pendant les cinq premières journées où, reclus avec les livres, il lui fallut parcourir dans un examen rapide les matières exigibles au baccalauréat, sous la férule d’un précepteur jésuite. Le général établit quelques prescriptions sévères, pour que l’étudiant ne s’amusât point avant de posséder les éléments de la logique et des mathématiques. Deux courtes promenades le long des quais, en compagnie du Père, furent, après le repas de midi et après souper, les seuls repos. Ce maître avait l’esprit d’obstination. Devant le tableau noir, il retenait son disciple de l’aube à la nuit, sans miséricorde. Dès le matin, le général proposait lui-même quelques problèmes, avant de se rendre aux bureaux de l’état-major, aux casernes, au Champ de Mars. Sa politesse était charmante et raffinée, sa rigueur inflexible.

― Pardonnez-moi si je vous harcèle, mon cher enfant. Pour mon bien autant que pour le vôtre, vous devez être inscrit en novembre sur les registres de la Faculté de théologie. Excusez-moi, car M. De Frayssinous y compte… Je pense inutile que vous alliez aujourd’hui à la promenade. Le temps se brouille, la chaleur est incommode. Demeurez donc. Vous avez besoin de fortifier votre connaissance de la philosophie.

Et, plaisantant, il prononçait d’une voix militaire :

― Ordre du général Héricourt !… Le lieutenant Omer prendra le service de garde, ce matin, et ne le quittera point jusqu’à nouvel ordre. Il fera exécuter aux troupes sous ses ordres des mouvements d’équations à deux inconnues, et les exercera dans la pratique du syllogisme en baralipton…

Puis il riait, saluait et s’esquivait élégamment.

Il ne reparaissait plus dans son hôtel, rue de Babylone, même point à l’heure des repas. Omer et son précepteur mangeaient seuls dans la vaste salle aux parois d’acajou poli et aux glaces étroites, encadrées de bronze vert. Deux laquais militaires servaient sans bruit quelques mets simples sur des plats de vieille argenterie massive et parée de blasons allemands, autrichiens, russes ; les cahots des fourgons la transportant, après les pillages, l’avaient bossuée. L’ecclésiastique l’admirait, déchiffrait les devises et traduisait. Bel homme, en soutane fine, il présentait des mains de vieille dame qui jouaient mille rôles prestes pour indiquer les phases d’un raisonnement, décrire une œuvre d’art ou caresser le calice d’un verre plein, dont il savourait la liqueur en gourmet adroit. Il ne fardait pas son dédain. Émettre un avis attirait à l’élève des critiques insolentes : ce savant paraissait quelque génie doué comme un prince de conte oriental, et qui méprisait à bon escient. Omer n’osa plus souffler mot. C’était d’ailleurs sa coutume quand il se trouvait en présence de gens supérieurs. Il adoptait le silence comme règle d’orgueil, afin d’éviter les reculades dans la discussion, et les victoires du contradicteur. Le comte, le général, le grand-père, le bisaïeul et le capitaine Lyrisse pouvaient à leur aise discourir : il ne proposait les objections qu’à part soi. Sa mère et ses tantes jouissaient du même avantage. Il leur répliquait peu ; il éludait habilement.

Le Père Desromes n’avait donc point à réprimer des turbulences, ni à relever des erreurs de conversation. Il s’accommoda de cet élève muet, sage, d’intelligence sûre, mais rétive. Soigneux du détail, le professeur dessinait des cathédrales, des confessionnaux, des vierges, des christs et des scènes de piété pendant qu’Omer étudiait ses livres ou rédigeait une dissertation. Quand l’habitude fut prise, l’élève vit entrer son maître avec un large carton. Une esquisse y représentait l’empereur Henri IV à genoux dans la neige, et attendant que le pape Hildebrand fît ouvrir la porte du château de Canossa pour le recevoir à merci. Le suppliant avait jeté sa couronne de Charlemagne, sa lourde épée à fourreau de velours incrusté de gemmes, l’hermine de son manteau armorial ; et il pleurait, les mains jointes contre la lourde porte romane, bardée, cloutée, percée d’un judas ; une croix de fer barrait cette étroite ouverture ; et derrière, un moine ascétique, s’appuyant sur une crosse épiscopale, contemplait l’empereur.

Sur la figure du moine, apitoyée, ironiquement indulgente, le dessinateur reportait avec complaisance la pointe du crayon. Il y ajoutait toujours quelque chose de plus aigu dans l’ironie, de plus railleur dans l’indulgence, de plus amer dans la physionomie, de plus glorieux dans le pli de la bouche austère. La croix du judas signifiait, selon le commentaire du jésuite, l’intercession de Dieu entre la monarchie et l’Église. Mais, cela dit, il renvoyait vite Omer à ses cahiers.

Loin de courir Paris, et de se livrer au plaisir, l’étudiant mena donc plusieurs jours cette vie de cloître. Malheureusement, son application ne durait pas. Au bout d’une demi-heure, et quelle que fût sa volonté d’apprendre, il délaissait Thalès de Milet, saint Thomas d’Aquin, Descartes, M. de Bonald, pour rêver, ivre d’espoir, à la magnificence de son avenir. Il riait d’Édouard qui croyait à un sacrifice, lorsque les promesses de triompher payaient, et au delà, l’abdication d’une liberté fausse, démentie par les événements, vaincue chaque jour sur l’échafaud, devant les murs d’exécution militaire, et dans les cachots des forteresses… Et la liberté de quoi ? De se marier ! Alors l’étonnante duplicité de la sœur occupait sa mémoire. Entre les pages du livre et ses yeux, elle apparaissait, dépourvue de charmes et de splendeurs, à la sincérité d’un frère. À l’heure du réveil, il l’avait toujours vue maussade et fanée. Il savait trop la nuque blême, les rougeurs parsemées fréquemment sur le visage, les mains sans finesses, le mauvais teint d’une enfant gourmande, les petites dents ternies et les cheveux de ficelles emmêlées avant la toilette. Certes, les soirs de fête, quand les atours sanglaient la taille flexible, quand des fleurs fraîches unissaient leurs couleurs humides aux tresses luisantes et dorées, quand l’usage discret du fard avait blanchi les tares de la peau, quand un emplâtre de cantharides secrètement collé à la hanche avait mis aux joues et aux yeux les flammes d’une fièvre légère, elle semblait quelque bizarre créature tour à tour angélique et démoniaque, spirituelle, belle, alerte et redoutable, dégagée de toute crainte mais imposant du respect. C’étaient les moments d’exception. Par les corridors, le matin, emmaillotée de peignoirs sales aux parfums de poussière, affligée d’un bandeau qui contenait une fluxion naissante ou décroissante, elle allait de chambre en chambre, bavarder et bâiller, les pieds nus et rouges dans des savates de velours à trous. Elle se montrait alors insolente pour maman Virginie qu’elle traitait de « vieille folle ». En outre, elle mâchonnait toujours quelque rogaton volé à la cuisine. Ainsi l’avait-il vue jadis et naguère, durant les semaines qu’elle ne passait point chez les Praxi-Blassans, par hasard. Brutale, robuste, elle le souffletait à la première réplique. Heureusement que le comte l’avait, de bonne heure envoyée au couvent d’Esquermes.

Que Denise redevînt telle dans son intérieur, après les noces, son frère n’en doutait pas. Édouard lui inspirait de la commisération. Fallait-il l’avertir ? C’était un problème agité sans fin par ses réflexions. Qui convenait-il de tromper ? Le loyal cousin, poétiquement, naïvement épris, ou la sœur qui poursuivait en cette affaire les seuls avantages de la noblesse et de la fortune ? Parfois le jeune homme accusait de rigueur son jugement sur elle. Il raisonnait :

« Elle m’embrassa, véritablement confuse de sa faute que j’avais surprise. Ou bien n’était-elle pas confuse, plutôt, de penser que, malgré ses dénégations, je persistais à la croire encline à trop choyer un oncle généreux ? Était-ce le repentir ou bien mon offense à sa vanité qui lui donna de la honte ? Ne proclame-t-elle point, au milieu de toutes les discussions, son indépendance ? Je l’entends d’ici : « Apprends que je ne serai jamais une victime ; je ne le veux pas !… Je ne le veux pas !… Je ne laisserai personne dominer la fille du colonel Héricourt… Dussé-je périr, je ne me soumettrai que s’il me plaît de me soumettre ! » Je me rappelle son visage crispé par la colère, ses grimaces inondées de larmes, ses poings qui frappent l’air. Ma tante Caroline l’assure : ce caractère entier, violent, est celui même de notre grand-père Héricourt ; et ses deux épouses moururent à la peine, tant il les harcela de ses fureurs, pour obtenir la plus grande somme de travail, cette activité, cette économie, sources de notre aisance.

« Oh ! Oui, Denise montre bien le même génie âpre et calculateur qui sut acheter les biens nationaux, embrasser à temps la cause jacobine et bâtir les Moulins, vouer les fils du premier lit aux commerces de la mer, marier les filles du second lit à un diplomate puissant, à un fonctionnaire influent, et jeter les deux cadets à la conquête de l’Europe, derrière Napoléon. Encore que je ne l’aie pas connu, il me semble écouter ses conseils quand ma sœur expose, entre nous, la nécessité d’anoblir, en s’attachant aux serviteurs du roi, nos domaines acquis sous la Révolution. Le comte et le général l’approuvent. Il n’y a que les vaincus, les Lyrisse pour la blâmer. Elle a raison quand elle affirme : « Il ne faut pas être des vaincus. » L’héritage de l’oncle Augustin lui paraît à présent désirable, car la guerre peut terminer ses jours brusquement comme elle termina ceux de notre père. Cela seul guide ma sœur. Peut-être en prodiguant ses grâces ne visait-elle à rien qu’à des amabilités de légataire ? Peut-être sa naïveté de vierge ignore-t-elle la valeur de sa familiarité… non, les dames dominicaines d’Esquermes sont célèbres pour leurs leçons de bienséance qui prévoient tout. Elles mettent en garde les jeunes personnes innocentes sous le prétexte de défenses pieuses qui dissimulent les motifs réels des recommandations. Ma sœur était émue en demandant pardon de sa colère, ce qui voulait dire : de sa faute. Donc elle en savait l’importance. J’aurais dû lui prouver alors que je sondais son âme, que je devinais clairement ses calculs. J’aurais dû lui en faire apparaître la bassesse. J’aurais dû remplir envers elle les devoirs de mon père. J’ai craint qu’elle ne se rebiffât, que des injures irréparables ne fussent prononcées. J’ai été lâche et peureux. J’ai craint qu’elle ne détournât édouard de moi, qu’elle ne me desservît auprès de tante Aurélie et du comte. Ah ! Je suis bien un peureux, un lâche et un vaincu. Ce n’est pas seulement mon père que tua le boulet de Presbourg, c’est toute l’énergie et le courage de son fils… " enfin ! Travaillons… lisons M. De Bonald… où en étais-je ? Voici : " l’homme pense sa parole avant de parler sa pensée. " beau sujet de développement. En effet, tout petit, je pensais à des choses immenses, à beaucoup des idées que la philosophie m’enseigne aujourd’hui avec plus de précision, avec des catégories. Ce qui me faisait défaut, c’était le mot, l’expression, le langage, et les divisions. M. De Bonald a raison sur ce point. Et je vais soutenir sa thèse. N’a-t-il pas écrit encore : " l’homme est une intelligence servie par des organes. " ? et mon maître perfectionne, en ce moment sous l’esquisse de Canossa, des caractères gothiques : " l’esprit dompte la force. " la force, c’est l’empereur Henri Iv à genoux dans la neige, c’est Napoléon mort exilé dans le lointain océan d’Afrique ; l’esprit, c’est le pape Hildebrand, c’est la congrégation du père Ronsin, c’est le rêve social du père Anselme, celui de Grégoire De Tours, qu’ils imposeront définitivement aux monarques barbares de la sainte-alliance, à notre roi frank, à l’empereur germain, au césar des mongols et des finnois. Tous les conquérants acceptent la suprématie du christianisme dont ils vainquirent les soldats latins, dont ils asservirent les fidèles. L’esprit dompte la force. Que je devienne donc un prêtre méditatif et puissant, si je n’ai même pas le courage d’affronter la rancune d’une fille orgueilleuse… " après tout, fallait-il des paroles ? Denise a compris les reproches que lui exprimaient seuls mon attitude grave, mon sourire amer, et toute la mélancolie de mon visage. Quand elle pleurait contre mon épaule, n’avouait-elle pas autant qu’il fallait ? Ses petits gémissements ne signifièrent-ils pas qu’elle comparaît à son imprudence ce qu’elle estime être mon sacrifice ? Elle se condamnait devant moi. Et n’était-ce pas une grande impudeur de ma part que d’exiger qu’elle se complût à découvrir les raisons du péché commis le soir de la réception diplomatique ; s’il y eut péché ? Voilà certainement pourquoi j’arrêtai mes blâmes : j’ai craint aussi de la corrompre en insistant, comme elle m’en accuse. Oui… mais elle-même n’a-t-elle pas pressenti que j’éprouverais ce scrupule ? Sa ruse n’a-t-elle pas spéculé là-dessus, pour m’en faire accroire, pour m’imposer le silence, et, par suite, un doute favorable à sa dissimulation ? Je flairai son odeur de duplicité et d’astuce. Car j’ai compris qu’elle m’examinait, qu’elle me fouillait le cœur, qu’elle tremblait d’y lire ma clairvoyance, qu’elle la lisait, et qu’elle me détestait parce que je n’ignorais plus son abomination. Oh ! Je me souviens… je me souviens… en son air de docilité coquette, gentille et repentante, quel éclair blafard jaillit soudain de ses yeux ! Comme tous ses traits se tendirent ! Presque aussitôt, elle se maîtrisa. Elle reparut une petite sœur attristée d’être en butte à de vilains soupçons, une sœur douce, plaignant le mauvais esprit de son frère, une sœur innocente et sainte, prête à intercéder auprès de la Sainte Vierge, en faveur d’un frère vicieux et méchant.

« Ah ! Pauvre Édouard ! Aime. Récite des vers à la nuit chaude. Interpelle le scintillement des étoiles. Mesure l’harmonie des poètes et les profondes pensées des moralistes afin d’accroître le sublime de ta passion… Hélas ! Tu chéris la fille du vaincu, celle qui garde dans le sang la fatalité de la faiblesse : la ruse et le mensonge… Pauvre Édouard !

« Or, quelle force que la faiblesse ! Ô vous grands saints ! Rémi qui imposas aux barbares la fraternité du Christ, qui fis baisser la tête du fier Sicambre ; Grégoire qui continuas son œuvre, qui gouvernas les Frédégonde et les Brunehaut, qui soumis, à la politesse latine la brutalité franque… Ô vous, faibles sublimes, vainqueurs des forts, vous à l’idée de qui le monde d’Occident obéit treize cents ans après votre mort de bienheureux ensevelis dans le froc ou la dalmatique… Ne ressusciterez-vous pas pour dire la puissance de la faiblesse, et l’empire de son génie sur les siècles !… »

Ainsi méditait Omer entre ses moments d’application. Plus il étudiait, plus se développait en lui la certitude qu’en tous les temps l’intelligence, comme une riposte différente et nouvelle remplaçant le glaive brisé et les muscles garrottés, était née de la réflexion des vaincus ; que, dans le cerveau du premier esclave réduit aux exercices de l’imagination, germa la première fleur de la pensée, la première intuition de la science, le premier espoir de justice. La pensée, la science et la justice, sous leurs formes enseignées par les dieux antiques, par le Messie chrétien, avaient prévalu contre les vigueurs des conquérants. Et c’était le miracle : douze pauvres pêcheurs, fidèles à un ami obscur et supplicié fondent sans le savoir une religion, méconnue deux cents années, mais fermentant parmi de tristes populaces, pour, tout à coup, s’épanouir sur le monde et sur le temps. Un robuste orgueil enchanta le jeune homme ; être de ceux qui restaureraient sans doute l’esprit de saint Thomas D’Aquin, l’omniscience de Roger Bacon, l’érudition dominicaine, le communisme de saint Bernard, prédécesseur du fameux Gracchus Babeuf, le pouvoir triomphal de Sixte-Quint et de Richelieu, l’intelligence constituante de l’abbé Sieyès !

Au miroir dressé entre deux colonnettes, sur la boîte à brosses, il aima s’apercevoir, lui, ses livres ouverts, et sa plume d’oie devant son visage pâle. Il s’égalait à ces princes et à ces docteurs de l’Église. Pourquoi ne deviendrait-il pas le moine malin appuyé sur la crosse épiscopale, dans le dessin perpétuellement inachevé du maître, et qui regardait, par delà le signe de Dieu, un pitoyable empereur prosterné dans la neige ?

Pour lui fumerait l’encens de la messe et des processions, pour lui de pieux ouvriers déjà tissaient l’or de la dalmatique diaconale et des chasubles, pour lui se balanceraient les panaches du dais liturgique, pour lui des orfèvres cisèleraient l’argent des ostensoirs ; pour son cortège, les veuves filaient le lin des surplis et la laine des soutanes ; pour lui, peut-être, les ouvriers napolitains teindraient de pourpre l’étoffe cardinalice. Voilà ce que son heureux sacrifice enlevait à son cousin Édouard De Praxi-Blassans. Celui-ci ne recevait, par contre, que la fragile affection de Mlle Denise Héricourt. Comme une mauvaise action Omer considéra presque le silence qu’il résolut de garder sur les défauts de la jeune fille ; mais toute révélation n’eût-elle pas fait souffrir l’infortuné et détruit l’espérance de tante Aurélie, du père mort, qui s’étaient promis jadis de consommer par le mariage de leurs enfants l’union de leurs âmes fraternelles ?