L’Envers de la guerre/I/15

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Texte établi par Ernest Flammarion,  (Tome I : 1914-1916p. 170-181).


NOVEMBRE 1915


— Un grand industriel de la rue d’Avron clamait ces dernières années que le commerce allemand nous envahissait, que ça ne pouvait pas durer, qu’il fallait une guerre, sans tarder. Il avait quatre fils. La guerre éclate. Trois fils sont tués. On met le quatrième en arrière des lignes à 10 kms. Un obus l’y atteint et le tue. Le père et la mère se sont suicidés.

— Écho de l’offensive du 25 septembre. Un colonel reçoit l’ordre de l’assaut. Il voit que l’artillerie n’a pas assez préparé l’attaque, que son régiment sera massacré. Il téléphone à l’État-Major qui répond : « Vous n’avez pas à discuter les ordres, mais à les exécuter. » Le colonel sort seul et se fait tuer.

— Le 2. Le roi de Grèce montre à notre ministre à Athènes une dépêche qu’il envoie au kaiser, celui-ci lui reprochant d’avoir consenti au débarquement des Alliés : « Il s’y serait sans doute opposé si une flotte allemande pouvait venir contrebalancer la puissance de la flotte anglo-française dans les eaux grecques. »

— L’ancien ministre Klotz disait à Tristan Bernard que la criminalité avait quadruplé depuis qu’on avait prolongé d’une heure la durée d’ouverture des débits. À quoi Tristan : « Mais qu’est-ce que la criminalité en temps de guerre ? Est-ce de ne pas tuer ? »

— Sur le changement ministériel : il semble bien que Viviani ait tenté l’élargissement et que certains concours se soient dérobés ; on lui laissait entendre qu’il était fatigué. De fait, il s’était endormi à l’un des derniers Conseils. Des insomnies le contraignaient à prendre des stupéfiants dont il effaçait l’effet ensuite par des excitants. Des hommes comme Freycinet ne voulaient pas de Millerand. Bref, une tâche difficile.

— Quant à Briand, il a obéi aux sollicitations de ses amis et à celles qu’il entendait en lui-même. Depuis des mois, bien qu’il s’en défendît, on lui prêtait l’intention de préparer un cabinet. Plus ou moins inconsciemment, il a profité de la glissade de Viviani. Le voilà au pouvoir et, très audacieusement, il dit en substance, en commentant la déclaration ministérielle à la Chambre : « Quand vous serez tentés d’écouter vos haines de parti et de faire choir le gouvernement, songez aux hommes du front et aux femmes en deuil. » Il ne veut plus de ces dissentiments-là…

— À la Chambre, le socialiste Renaudel répudie la politique de conquêtes. La droite et le centre protestent violemment. Ainsi, ils veulent des conquêtes ! Ou bien ils sont ivres de cette griserie collective qui s’empare de 600 personnes en espace clos, surtout quand sonnent les mots patriotiques. Ou bien ils n’ont pas entendu leurs électeurs dont la majorité est lasse de la guerre.

— Le 3. Visite à Villacoublay avec Bouttieaux. Là fonctionne le concours pour le nouveau type d’avion de bombardement. Nul constructeur n’a réalisé le type exigé par le G.Q.G. On voit par cet exemple la difficulté de créer des armements nouveaux malgré d’inépuisables ressources. Je vois là Michelin, le fabricant de pneus que la publicité a rendu célèbre. Il veut construire 100 appareils à ses frais. Mais Bouttieaux ne peut pas lui donner un modèle au point.

— Un représentant de champagne Pommery-Greno dit que la vente augmente au front, où l’on en consomme énormément. La haute paye des officiers, le manque d’occasions de dépense, expliquent cette forte absorption. Le capitaine D… ne dit-il pas naïvement : « Moi, je demande que la guerre dure. Car je fais des économies. »

— Barthou demande à l’un de ses collègues s’il a vraiment dit que la formation du ministère Briand était « un acte de Briandage ».

— Le 6. Chez Victor Margueritte, une journaliste suédoise. Elle a vu, dans une visite au front, les positions prises entre Massiges et Souain. Son pays est favorable à l’Allemagne. Voulant avoir un livre français en Suède, au mois d’août 1914, elle s’attira cette réponse du libraire : « Attendez trois semaines, quand les Allemands seront à Paris. » À Paris, l’obscurité surtout la frappe. D’après elle, les Allemands appréhendent une deuxième campagne d’hiver en Russie. Elle conte qu’avant la guerre, elle dînait chez des Allemands. Deux pères de famille vantaient les beautés de Versailles. Le fils de l’un d’eux, quatorze ans, déclara qu’il voudrait y aller pour le brûler. Il fut calotté et expulsé.

— Échos du front. Les fantassins menacent de leurs fusils les artilleurs qui vont tirer, car cela amène des représailles. Un général commandant le corps d’armée habite un château dont il a éloigné dans un large rayon tous les cantonnements. Car il n’aime pas les bruits militaires.

La possession des châteaux, la jouissance d’autos de luxe, les hautes payes, ne peuvent qu’inciter inconsciemment les chefs à ne pas souhaiter la fin de la guerre. Jamais ils ne retrouveront pareille existence. « On a foutu 40 ans de paix à ces cochons de civils. Ils peuvent bien nous donner dix ans de guerre. »

— Une anecdote de Voisin : Un avion allemand descend en vol plané dans nos lignes, atterrit. Le pilote saute à bas et crie de loin aux nôtres accourus : « Eh ! là, les potes, pas de blague ! Je vous en amène un. Y a assez longtemps que je guette l’occasion. » C’est un Allemand d’origine qui a toujours travaillé en France et que la mobilisation a pris en Allemagne. Depuis six mois, il guettait l’occasion favorable de livrer son officier observateur. Celui-ci, dans le dos du pilote, en plein vol, pressentait la manœuvre, et le frappait. Mais alors le pilote piquait. Et l’observateur préféra encore la prise à la chute.

L’Illustration publie la photo d’une messe d’absolution avant l’offensive. C’est affreux, pour assurer le triomphe catholique, de donner à tous ces malheureux le sentiment qu’ils vont mourir.

— On me répète encore que Delcassé, pendant son ambassade à Saint-Pétersbourg, promit Constantinople aux Russes d’accord avec les Anglais. Double crime qui devait pousser à la guerre et indisposer les Balkans.

— « Taisez-vous, méfiez-vous, les oreilles ennemies vous écoutent. » Ainsi s’exprime une affiche répandue en tous lieux. C’est le dernier acte de Millerand, 28 octobre 1915. Elle donne l’impression ahurissante que, malgré les expulsions et les camps de concentration, la France est pleine d’Allemands. De même, certains magasins affichent : « Entrée interdite aux Allemands ». Il y en a donc encore à Paris ?

— Le 11. On propose un impôt sur les bénéfices de guerre. Un ministre socialiste a tenté violemment de repousser le projet, assurant qu’on découragerait l’élan des industriels. Il n’y a pas d’homme qui reste pareil à soi-même au pouvoir.

— Dîner avec Bouttieaux au petit restaurant de la Légion d’honneur, en face le ministère de la Guerre. Il me confie le peu de goût de son sous-secrétaire d’État pour la technique de l’aviation et, au contraire, son amour de l’éloquence. Dès qu’il est sur un aérodrome, il s’empresse de haranguer les constructeurs : « Leur zèle, la patrie, etc… » Carte blanche est donc laissée à Bouttieaux pour l’élaboration d’un programme technique. Et, aux yeux de ceux qui voient dans une lutte aérienne intensifiée la décision de la guerre, ce colonel tient donc dans ses mains le sort de la lutte mondiale. J’ajoute que Bouttieaux est hostile à cette vue. Il la traite de roman à la Verne et à la Wells. Il sait les difficultés de réalisation. Rien que pour renouveler le matériel pour le printemps 1916, ainsi que le demande le G.Q.G., il faut 5.000 mécaniciens de précision. Or, ce même G.Q.G. n’en trouve que 500.

— Une malicieuse anecdote de Tristan. Un journaliste a fondé un organe d’influence française à l’étranger, qui vit de subsides. En particulier, une forte somme des Affaires Étrangères. Cette somme épuisée, le journaliste en demande le renouvellement à Delcassé, ministre en place. Delcassé résiste. Le journaliste lui représente que lui-même, Delcassé, peut avoir besoin de la presse. Le ministre cède. Et le journaliste de s’écrier en contant ce trait : « Et quand on pense que le sort du pays est dans de pareilles mains ! »

— Le Docteur R… agit électriquement sur les hommes que la déflagration des obus a frappés de chocs nerveux. Il aurait accompli de vrais « miracles » scientifiques. Un médecin impecteur visitant son centre neurologique, R… attendait assez anxieusement son appréciation. Mais la seule observation de ce haut fonctionnaire fut, en visitant le magasin du matériel, pour exiger qu’on cirât les lacets de souliers.

— Oh ! entendre le docteur R… expliquer qu’il faut trois mois pour « remonter le moral » des hommes, c’est-à-dire les trier, trouver ceux qui, de nouveau, se jetteront le plus volontiers sur l’ennemi, puis les exciter, les exalter pour la tuerie.

— Bellicoles : Les buffetiers. Je vois le buffet de Montereau, qui dormait naguère sous la poussière et les mouches. Le flot des troupes anglaises a passé, sans fin… Les hommes tendent une pièce blanche, disent : « pain, vin », prennent ce qu’on leur donne, sans vérifier la monnaie, s’en vont, aussitôt remplacés. Quel coup de fortune !

— Albert J… en permission. Il est le symbole du petit soldat des campagnes. On trouve en lui la résignation : « Puisqu’il faut y aller… » Puis l’excitation à la lutte par les moyens mécaniques, la musique, le clairon qui sonne la charge. Il se rend compte. Il dit qu’à de simples manœuvres, ils se sentent pris du besoin de combattre et qu’ils en deviennent méchants les uns contre les autres.

— On rappelle ce mot, qui doit être faux, mais qui est symbolique. Poincaré dit à Joffre : « Comment se fait-il que mon nom soit attaqué et que le vôtre soit si populaire ? C’est très injuste. Car en somme, c’est vous qui m’avez dit de partir pour Bordeaux. » À quoi Joffre : « Je vous avais dit de partir et non de foutre le camp. »

À ce propos, on dit qu’il aurait voulu que Poincaré et Viviani allassent au front, tandis que le gros des ministres seraient partis pour Bordeaux.

— Les fleurs baissent de prix. C’est logique. Il y a moins d’acheteurs et elles continuent de pousser. C’est ainsi que des fleuristes donnent à leurs clientes des orchidées rares, comme on donnait un bouquet de violettes.

— On dit que Delcassé est paralytique général. Quelqu’un émet : il y avait déjà tant de généraux paralytiques.

— On a beaucoup plaisanté sur l’âge de certains ministres, Freycinet, Combes, Méline, qui atteignent ou dépassent 80 ans. On a dit ironiquement : « Place aux jeunes ! » On a répété pour eux la phrase historique : « Debout, les morts ! » On les appelle aussi « la Pouponnière ».

— On espère que le général Galliéni, ministre de la Guerre, va changer la face de la guerre. Jusqu’ici il ne s’est signalé que par une circulaire contre les recommandations, qui punit l’homme qui est recommandé deux fois, et par une recrudescence de la chasse aux embusqués.

— Conflit entre Galliéni et la Commission de l’armée de la Chambre. Galliéni veut appeler la classe 1917 le 15 décembre. La Commission vote pour le 1er  février.

— Le 17. Étienne, le père de la loi de trois ans, se rencontre dans un dîner avec le professeur Widal. Duel pathétique entre ces deux hommes. L’enjeu, ce sont ces enfants de 17 à 18 ans, la classe 17. Widal adjure l’ancien ministre de garder la date du 1er  février : « Chaque quinzaine gagnée en hiver sauve des milliers d’existences. » Étienne répond qu’il faut obéir au ministre. « Alors à quoi bon les Commissions ? » réplique Widal. Étienne conclut : « La caserne, c’est la santé. »

On agite aussi la vieille question de savoir qui gagna la Marne : Joffre, Galliéni, Maunoury, Foch, Sarrail ? Je suggère : « Ce sont peut-être les hommes ? » Je n’ai aucun succès.

Étienne raconte qu’il a conseillé à Galliéni de ne pas laisser répandre la légende qu’il était ce vainqueur. « Galliéni exécutait les ordres de Joffre. Son initiative se borna à expédier quelques milliers d’hommes en taxi-auto. » Quant à Sarrail, ce n’est pas vrai qu’il ait refusé d’évacuer Verdun en août 1914. (D’après Étienne, il a simplement représenté à Joffre qu’étant au pivot, il y aurait intérêt à ce qu’il ne suivît pas la retraite. Joffre lui a laissé sa liberté d’action.)

— Le 18. La Liberté dit que Briand proposait depuis de longs mois au Conseil une intervention en Serbie, mais qu’il n’a pas été suivi.

— Entendu au restaurant : « C’est drôle. On va voir revenir Crochard, notre garçon de bureau, avec la croix de guerre, la médaille militaire et la Légion d’honneur. »

Et cela : « Vous savez que Jojo a tué un boche. Il était en sentinelle. Ils étaient seize Allemands. Il a tiré dans le tas. Un est tombé. Les autres ont filé. Ce que ça doit faire plaisir de voir qu’on a atteint son but ! »

— Le 19. Painlevé est ministre de l’Instruction publique et des Inventions. Il fait un spirituel croquis des séances du Conseil. Placé près de Léon Bourgeois, il s’en sert comme d’un porte-parole pour exprimer avec autorité ses propres avis. Freycinet, très vert à 57 ans, reste prudent. De sa petite voix nette : « Il conviendrait, avant d’engager notre responsabilité, de savoir si le général Joffre a vraiment promis au général Sarrail trois corps d’armée. » Freycinet reste l’adversaire des expéditions lointaines.

Ces envois de troupes à Salonique soulèvent toujours des difficultés au Conseil. C’est un moment solennel que celui où, pour faire expédier un bataillon de chasseurs à pieds, Galliéni prononce : « J’en ai donné l’ordre au général Joffre. »

Painlevè rapporte aussi cette déclaration que lui a faite Joffre : « Oh ! les mois d’août et septembre ont été durs. Mais maintenant nous jouons sur le velours. Quant à l’Orient, c’est un théâtre secondaire. »

— Sarrail étant républicain, en appelle son armée de Salonique l’armée du Grand-Orient (siège de la Maçonnerie).

— On me montre la note dactylographiée qui fut adressée aux armées le 29 septembre 1915. « Le G.Q.G. téléphone : la percée est faite. Trois divisions ont passé. Le général de Castelnau ajoute : Non nobis, sed tibi gloria domine. »

Quelques heures après, on recevait l’ordre : « Faites disparaître la phrase latine ». C’est le capitaine R…, du G.Q.G., qui, dans l’enthousiasme, avait téléphoné aux armées.

— On cite, pour montrer notre maladresse diplomatique, ce mot d’un récent ministre de France à Athènes, à son retour en France : « Au moins, je n’ai pas donné un sou. Quand des journalistes quémandaient, je leur disais de s’adresser à la maison d’en face. » C’était le consulat allemand.

— Étienne rend visite à Foch. Il le trouve au seuil de la fameuse avenue que nulle auto n’a le droit de fouler. Le général est en grande tenue, toutes plumes au vent. Étienne croit tomber sur une cérémonie officielle et maudit sa malchance. Mais non. Foch, qui est pour le faste, a voulu recevoir en grand apparat son ancien ministre.

— Le 22. Rencontré rue de Grenelle un officier turc, Sélim-Bey, qui servait dans les rangs français parce qu’il avait été condamné à mort en Turquie pour cause politique. Il ne conçoit pas bien pourquoi les Turcs se sont laissés entraîner à la guerre derrière l’Allemagne. Toutefois, il dit leur indignation, à partir du moment où ils ont su que Constantinople était destiné, d’accord avec l’Angleterre, aux Russes.

— On a fait un rapport aux Affaires Étrangères sur ce déjeuner chez Victor Margueritte où figurait la jeune journaliste suédoise. On a, paraît-il, tenu dans ce déjeuner des propos subversifs sur Joffre. On pense que c’est un Brésilien présent au repas qui se serait laissé tirer cette confidence excessive.

— Le 27. Le baryton de l’Opéra Renaud s’est engagé à 54 ans. Voyant ses cheveux gris, le capitaine de sa compagnie lui dit : « Voyons, qu’est-ce que je vais pouvoir faire de vous ? Savez-vous faire un peu de cuisine ? »

— Je vois une lettre désespérée d’un médecin qui a été aux Dardanelles et qui étale une sinistre gabegie, une mortalité insoupçonnée, la plus folle entreprise, tout ce que le militaire a pu faire de désordonné, de criminel, à cause même de l’éloignement de tout contrôle.

— Horrible ! Mme  X… dit que le bouillon aux Serbes manque de Grèce.

— À la gare de Pont-sur-Yonne, on a collé la célèbre affiche : « Taisez-vous, méfiez-vous, les oreilles ennemies vous écoutent », sur la porte des cabinets d’aisances. Cet impératif doit y être parfois gênant.

— La ville de Douai, occupée par les Allemands, aurait vainement cherché à avoir l’électricité depuis dix ans et l’aurait depuis l’occupation…

— Le docteur R… écrit à sa femme que le général de Castelnau a eu une attaque de congestion. Et Mme  B… commente : « C’est la première attaque qu’il ait réussie ! »

— Le 29. L’emprunt dit de la Victoire (je ne peux pas arriver à savoir de qui est cette hardie formule : Ribot, Barthou, Berthoulat ?) a été lancé d’une manière grandiose, comme jamais affaire ne le fut au point de vue de la publicité. Articles de journaux au prix fort (l’Humanité et l’Œuvre, tout en insérant, refusent de toucher), affiches illustrées par des dessinateurs notoires, etc. On a chauffé à blanc l’opinion. L’une des affiches est faite sous les auspices de la « Société de préparation militaire », une de ces sociétés qui préparent en effet des générations nationalistes et bellicocardières.

— Croisé l’académicien Lavedan. Il commença gaîment et crânement sa carrière, avec le Vieux Marcheur et le Prince d’Aurec. Puis la grâce le toucha. Il combat pour le trône et l’autel. On lui doit la furieuse pièce Servir qui fut jouée, peu avant la guerre, en plein « réveil national ». Et depuis la guerre, il publie, dans l’Illustration, des « grandes heures », de frénétiques credos sur la sainteté de la tuerie. Et je le regarde passer, si extatique, si bienheureux dans ce déluge de sang.

— On murmure dans les campagnes : que Poincaré doit être bien content d’avoir sa guerre ; qu’il faut que les généraux aient trahi, sans quoi on n’en serait pas où on en est. Racontars absurdes, mais mentalité qu’il faut avoir la franchise de fixer.

— Les efforts en faveur de la paix suintent à travers la Presse. Il est vraisemblable qu’il y a eu des tentatives allemandes. Malheureusement, quiconque parle en faveur de la paix est, par là même, soupçonné de toucher de l’or allemand. Cette notion stupide a fait fortune : la paix actuelle, c’est la guerre dans trois ans !! Qui a pu inventer cela ? Qui peut certifier cela ? Mystère. Mais la formule est incrustée dans les cerveaux. Pour toutes ces raisons, on ne peut pas parler de la paix, ou ne peut même pas examiner la paix offerte plus ou moins officieusement.