L’Heptaméron des nouvelles/Indication de quelques portraits
VII
INDICATION
DE QUELQUES PORTRAITS ORIGINAUX
DE LA REINE DE NAVARRE.
Nous empruntons à M. Paulin Paris, qui a donné une notice sur ce manuscrit, le passage suivant : « 1o Dans la première vignette, on voit l’écu d’Orléans (de France au lambel d’argent, dont chaque pendant est chargé d’un croissant de gueules) parti de Savoie (de gueules à la croix d’argent), surmonté d’un diadème ou cercle de couronne royale. 2o Dans la dernière miniature des Échecs amoureux, une fenêtre présente les armes d’Orléans, demi-écartelées de Milan & parties de Savoye. 3o Enfin, dans la première miniature du volume, on voit, autour d’un échiquier aux armes d’Orléans, le dos d’un jouvenceau jouant avec une dame jeune encore, &, derrière cette dame, un homme d’un âge mûr, décoré de l’Ordre du Roi & tenant un chien en laisse. Or tout porte à croire que cette première miniature représente le jeune François, Marguerite, sa sœur, depuis Reine de Navarre, & enfin Artus de Gouffier, Chevalier de l’Ordre & Gouverneur des enfants du Comte d’Angoulême. » Les Manuscrits françois de la Bibliothèque du Roi, &c., t. I, 1836, p. 279-81.
Cette curieuse miniature a été reproduite t. IV, pl. KK, des Momumens de la monarchie françoise de Montfaucon. La Reine y est représentée en pied, mais dans des proportions trop petites pour qu’il soit possible de bien juger de ses traits.
Portrait de Marguerite. Elle est âgée de quarante-cinq à cinquante ans ; elle ressemble beaucoup au Roi François Ier. Au bas de ce portrait, on lit, d’une main du temps : la Royne de Navarre.
Dans le même volume se trouve aussi un joli portrait de l’Amiral Bonnivet, & un autre du Prévôt de Paris, J. de La Barre.
Il y a dans ce recueil trois portraits de Marguerite, exécutés à trois époques différentes de la vie de cette princesse. Dans celui que l’on voit au folio ii, Marguerite est âgée de vingt à vingt-cinq ans. Sa mise est simple ; sa robe est surmontée d’une guimpe à deux rangs de collerette ; sa tête est couverte d’une cape à la béarnaise. Un second portrait, au folio 88, représente Marguerite à l’âge de trente-trois ou trente-quatre ans, déjà veuve de son premier mari, le duc d’Alençon, comme l’indique le voile qui tombe de son bonnet à pointe.
Dans le troisième portrait, au folio 46, Marguerite est représentée en buste & dans les dernières années de sa vie (elle mourut à cinquante-huit ans). Elle porte un petit chien entre ses bras. Sa robe, à peine indiquée, est garnie de fourrures ; elle a un bonnet de veuve. Il a été plusieurs fois gravé, mais très inexactement. Voy. pl. XLI du t. IV des Monumens de la monarchie françoise, par Montfaucon.
— C’est d’après ce dernier portrait qu’a été réduit en deux dimensions[1] le portrait, gravé en noir & en couleur par M. Adolphe-Pierre Riffaut, qui se trouve en tête de l’édition de M. Le Roux de Lincy, & c’est également d’après lui qu’a été dessiné & gravé par M. Tiburce de Mare le portrait qui figure aujourd’hui en tête de l’édition actuelle. Dans l’article de Marguerite de Navarre publié par M. Niel dans les « Portraits des personnages françois les plus célèbres du XVIe siècle », postérieurement à l’édition de M. Le Roux de Lincy, M. Niel a fait fac-similer en couleur par M. Riffaut, de la grandeur des originaux, les deux portraits indiqués ici sous le n° 3 & celui indiqué à la fin de l’article 4. — M.

5. Cabinet des estampes de la Bibliothèque de l’Arsenal.
Un portrait de Marguerite, fraîche encore, bien qu’elle paraisse âgée de quarante ans au moins. Elle a son costume ordinaire, c’est-à-dire la cape noire & la coiffe de même couleur. On lit au bas, d’une écriture du XVIe siècle : La R. de Navarre, sa femme (c’est-à-dire femme du Roi de Navarre), sœur de François Ier.
Depuis cette époque, le recueil de crayons de la Bibliothèque Sainte-Geneviève & le crayon de la Bibliothèque de l’Arsenal sont passés au Cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale.
Nous avons mis à la page précédente le fac-similé du bois du Tombeau de Marguerite, dont le dessin doit être attribué à Nicolas Denisot, comme nous l’avons dit dans notre Avertissement, p. 6. — M.
- ↑ Le plus grand n’a été tiré qu’à 40 épreuves pour les exemplaires des membres de la Société des Bibliophiles. — M.