L’Heptaméron des nouvelles/Notice des manuscrits & des éditions des Poésies

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V

NOTICE DES MANUSCRITS ET DES ÉDITIONS
DES POÉSIES
DE LA REINE DE NAVARRE


I


Bibliothèque nationale. 12485 ; ancien Supplément Français 2286. i vol. in-fol. sur papier réglé, doré sur tranches, reliure molle en maroquin rouge, dos fleurdelisé, avec la couronne royale.

Ce manuscrit, d’une belle écriture du xvie siècle, contient les poésies de la Reine de Navarre, à l’exception du Miroir de l’Ame pécheresse, du Miroir de Jésus Christ crucifié (voyez plus haut, Notice des manuscrits de l’Heptaméron, no XI) & de la Coche. En récompense on y trouve plusieurs pièces qui manquent dans le recueil imprimé des poésies de la Princesse, connu sous le nom de Marguerites de la Marguerite des Princesses, très illustre Royne de Navarre. Quelques-unes de ces pièces ont été publiées récemment dans l’ouvrage suivant : Poésies de François Ier, de Louise de Savoye, Duchesse d’Angoulême, de Marguerite, Reine de Navarre, & correspondance intime du Roi avec Diane de Poitiers & plusieurs autres dames de la Cour, recueillies & publiées par Aimé Champollion-Figeac. Paris, 1847, in-fol.

Ce manuscrit provient du savant Fontanieu, qui a écrit sur les premiers feuillets une notice relative aux poésies de Marguerite ; elle se termine par quelques détails sur ce volume que nous reproduisons ici ; il fut écrit, par l’ordre de la Princesse même, de la main d’un de ses Secrétaires :

« On m’avoit dit que c’étoit pour le donner à la seconde Reine Marguerite de Navarre, sœur des derniers Rois de Valois, célèbre encore par son esprit & dont nous avons les excellens Mémoires. Mais cela ne peut être, car la première de ces Reines mourut au château d’Odos en Bigorre, le 22 décembre 1549, & l’autre ne naquit que le 29 mai 1552. Il est seulement vraisemblable que Henri IV, petit-fils de la première de ces Princesses, & qui avoit épousé la seconde, lui fit présent de ce livre.

« Quoi qu’il en soit, cette dernière Reine Marguerite le donna longtemps après à François Mainard, de l’Académie françoise, poëte fameux que nous avons veu, & qui avoit eu beaucoup de part en ses bonnes grâces. Charles Mainard, fils de François, me l’a donné. »

Ce manuscrit est-il le même que celui qui est indiqué dans le catalogue du comte d’Hoym (no 2293) sous le titre suivant : Les poésies de Margueritte, Reine de Navarre, sœur de François Ier. Manuscrit du temps, écrit de l’ordre de cette Princesse par un de ses Secrétaires, & dans lequel il y a plusieurs pièces qui n’ont point été imprimées, in-fol. m. r.

Nous pensons que ce manuscrit est de la main de Jehan Frotté, qui fut longtemps Secrétaire de la Reine de Navarre & mourut Secrétaire du Roi. Dès le xve siècle, les Sires de Frotté avaient été attachés au service des Ducs d’Alençon. Sainte-Marthe, dans l’Oraison funèbre de Marguerite, parle de Jehan Frotté en ces termes : « Quand aussi elle estoit advertie que de son crédit & auctorité elle pouvoit faire plaisir à quelcun, ou elle escrivoit de sa main lettres de recommandation, ou, si ses affaires ne le permettoient, elle disoit l’argument de sa lettre à son Secrétaire Jehan Frotté (sien le dy je pour ce qu’il estoit de son privé Conseil comme son premier & très esprouvé Secrétaire, homme de grande expérience & bon esprit ; prudent & ayant peu de semblables au debvoir ou à la diligence de son office. » (Oraison funèbre de l’incomparable Marguerite, Royne de Navarre, Duchesse d’Alençon, composée en latin par Charles de Saincte Marthe & traduicte par lui en langue françoise, &c., &c., 1550, in-4o, p. 52.) — Voyez aussi sur Jehan Frotté, Odolant-Desnos, Mémoires historiques sur la ville d’Alençon & sur ses Seigneurs, &c. 1787, in-8o, 2 vol. t. II, p. 534.

Jusqu’au folio 127 verso, l’écriture de ce manuscrit est de la même main ; mais au folio 128 une autre main, aussi du xvie siècle, a ajouté au recueil une épître & la farce intitulée : Trop, Prou, Peu, Moins.

On trouve dans ce manuscrit, au folio recto 80, & au folio 100 verso, deux petites pièces de théâtre intitulées Farces, & qui sont encore inédites. La première est intitulée le Malade, & la seconde l’Inquisiteur. Nous publions en entier ces deux pièces à la fin de cette notice sur les poésies de Marguerite[1].

II


Biblioth, de l’Arsenal à Paris. B. L. F. 100. 1 vol. in-4o, sur vél., rel. ancienne en vél. doré. Lettres peintes en or & en couleurs avec fleurons : Marguerites de la Marguerite.

Ce manuscrit, d’une charmante écriture du xvie siècle, ne contient qu’une partie des poésies de Marguerite. On y trouve : 1o, les quatre Dames & les quatre Gentilzhommes ; 2o, folio 51 recto : la Coche ; 3o, folio 80 verso : Histoire des Satyres & des Nymphes de Diane ; 4o, 97 verso : Epistre au Roy ; 5o, folio 101 verso : Poësies diverses. Elles se composent de onze épîtres ou élégies, & de soixante petites pièces de dix, onze ou treize vers chacune. L’amour est l’unique sujet de ces poésies, qui sont inédites.

Nous publions quelques-unes de ces pièces à la fin de cette notice. (On les trouvera dans le quatrième volume de cette édition. — M.)


III


Biblioth. de l’Arsenal. B. L. F. 108. 1 vol. in-4o, sur vélin, rel. en veau écaille. Recueil de poésies de François Ier & de Marguerite, Reine de Navarre.

Au verso du dernier feuillet on lit :

Pierre Thiersavlt : 1596.

Faict à Paris le 3e de decembre 1596.

Pierre THIERSAVLT.

On trouve, dans ce recueil, un certain nombre de poésies encore inédites de la Reine de Navarre. En voici l’indication :

1o Soixante-quatorze rondeaux assez bien tournés & qu’on peut attribuer à Marguerite ; ceux des folios 16 verso, 20 recto, 21 & 23 verso, 27 recto, sont d’elle incontestablement. Enfin, au folio 31 verso, on lit les rondeaux sur Madame Charlotte.

2o Folio 82 recto : le Pater noster, composé par Madame la Duchesse. Paraphrase en plusieurs centaines de vers de dix syllabes.

3o Folio 89 verso : Sur ung Rosier au jardin des Célestins, à Lyon.

4o Folio 91 verso : Petit œuvre dévot & contemplatif composé par la Royne de Navarre.

5o Folio 113 verso, Épître au Roi son frère sur la trinité de lui, d’elle & de Louise de Savoye, leur mère ; elle a été publiée, page 80 des Poésies de François Ier, par M. A. Champollion).

6o Folio 116 recto : Épitaphe de Jouan & de Coquette, fol & folle, faicte par la Roy ne de Navarre.


IV


Biblioth. de M. Jérôme Pichon, Président de la Société des Bibliophiles français. — La Coche, poëme enrichi de onze miniatures. 1 vol. in-4o, sur vél., écriture du XVIe siècle, reliure moderne de Bauzonnet, maroquin rouge doublé de maroquin bleu, avec riches compartiments.

Ce manuscrit est orné de onze miniatures des plus curieuses, dans chacune desquelles la Reine de Navarre est représentée.

Dans le manuscrit de la Bibliothèque de l’Arsenal, décrit à l’article qui précède, ainsi que dans l’édition in-8o des Marguerites de la Marguerite, on trouve des rubriques destinées à l’explication de ces onze miniatures[2] ; nous allons les reproduire ici d’après le manuscrit de la Bibliothèque de l’Arsenal :

1. « Soit noté qu’en ce livre sont contenues unze histoires jouxte le subject d’iceluy, lesquelles histoires sont devisées chascune en son endroict. Et icy est la première, où est un pré dedens lequel est une compaignie d’hommes & femmes se esbatans, au bout du quel pré est une femme acoustrée comme la Royne de Navarre, cheminant par une petite sente loin des aultres. Et contre une haye qui est le long du dict pré est un bon homme de villaige, vestu de gris, au quel parle ladicte Dame. »

2. « Cy endroit est la seconde hystoire, laquelle contient le mesme pré beau & verd, au bout duquel est un hault boys séparé d’un ruisseau, duquel boys sortent troys Dames, toutes vestues de noir, ayant leurs cornettes basses, leurs tourets de naiz & leurs colletz haultz, toutes d’une grandeur & d’une sorte, les testes baissées vers la terre. À l’aultre bout dudict pré est encore la Royne de Navarre parlant au bon homme & soy retournant devers les dictes Dames comme si elle s’advanceoit pour aller devers elles. »

3. « Cy endroit est la tierce hystoire, contenant les mesmes pré & boys & les trois Dames parlantes à la Royne de Navarre, leurs touretz de naiz baissez au dessoubz du menton, la Royne faisant contenance de les vouloir mener & pourmener dans le dict pré. »

4. « Icy est la quarte hystoire, où sont la Royne de Navarre & les dides trois Dames qui se pourmènent ensemble par le pré ; l’une desquelles Dames parle à la Royne, luy monstrant une de ses compaignes. Et toutes trois ont leurs mouchouers chascune en sa main, & les deux qui ne parlent font contenance de fort plourer. »

5. « Icy est la quinte histoire où est une des troys Dames levant les yeulx en hault comme pasmée & couchée par terre. Et une de ses compaignes la soustient per derrière en son gyron. Et la Royne de Navarre luy couppe son lacet. L’aultre des Dames prend la Royne par la main & de l’aultre main faict signe qu’elle veult parler à elle, & apparest le ciel & le soleil en couleur telle qu’il est une heure avant son coucher. »

6. « Cy endroict la sixiesme histoire, pareille à la quinte fors que la première des troys Dames, estant couchée & pasmée, a sa teste appuyée au giron de la Royne de Navarre. La seconde des Dames est tombée d’aultre costé comme esvanoye & la tierce est levée à genoulx, faisant signe de la main comme parlante d’audace, & est tournée vers la Royne. »

« Soit noté que, avec les hystoires précédentes & ceste cy, est ung arbre au coing du dict pré, soubz lequel arbre sont couchées & esvanouyes les dictes trois Dames. »

7. « Cy endroict est la septiesme hystoire semblable aux deux précédentes, sinon que l’une des troys Dames est couchée ou pré, acoultée sur le coulte. L’aultre, qui estoit à genoulx près de l’arbre, est en son séant, appuyée contre le dict arbre, toute pasle & transsye, & la Royne de Navarre luy frotte une main entre les siennes pour la faire revenir, & l’aultre Dame, qui estoit couchée ou giron, parlant & faisant signe de la main comme si elle parloit à celle qui est appuyée au dict arbre. »

8. « Icy est la huictiesme histoire, qui est pareil lieu que les précédentes ; mais la Royne de Navarre & les troys Dames sont levées sur pied près le dict arbre, & la Royne leur monstre le soleil se couchant & la nuict prochaine. Et toutes les troys Dames font signe de leurs mains comme estans en grande querelle. »

9. « Icy est la neufviesme hystoire, où est une grande pluye d’obscurité, & les troys Dames plorantes saillent hors du dict pré dens ung chemin ou quel est une coche tirée à quattre jumentz noyres, attellées deux à deux, en la quelle coche est desjà entrée la Royne de Navarre. L’une des dames est en l’eschelle pour y monter ; l’autre passe la haye du pré, & la tierce est encores dedens le dict pré, toutes troys plorantes, leurs mouchouers ès mains. Et apparoissent en ceste hystoire plusieurs bestes cachées à demy, à raison de la pluye violente. »

10. « Cy endroict est la dixiesme hystoire, où est une court en laquelle est arrivée la coche & toutes les Dames descendues d’icelle, la Royne de Navarre disant adieu aux trois Dames & les troys Dames à elle. Et est ung paige habillé de noir portant deux torches ; mesmes sont quelques Gentilzhommes attendant pour conduire la Royne à son logis estant à l’opposite de celuy des dictes troys Dames. »

11. « Cy endroict est la unziesme & dernière hystoire qui contient comment la Royne de Navarre baille son livre à Madame la Duchesse d’Estampes, toutes deux estans en une chambre fort bien tapissée & parée, la dicte Dame d’Estampes ayant une robbe, de drap d’or frisé, fourrée d’hermines mouchetées, une cotte de toille d’or incarnat esgorgetée & dorée, avec force pierreries. La Royne de Navarre, tant en ceste histoire que les aultres, est habillée à sa façon accoustumée, ayant un manteau de velours noir coppé un peu soubz le bras, sa cotte noyre, assez à hault collet, fourrée de martres, attachée d’espingles par devant, sa cornette assez basse sur la teste, & apparest ung peu sa chemise froncée au collet. »

Une main inexpérimentée, qui a écrit quelques lignes sur le recto de la première miniature, représentant les armes de la Duchesse d’Étampes[3], nous a conservé la date de ce manuscrit. On distingue : À Paris, ce …bre … 1540. On trouve dans les comptes de dépense de la Reine de Navarre, pour les années 1540, 1541, 1542, un article ainsi conçu :

« 1541. Despesché ung mandement adressé au Receveur général du Berry, Maistre Olivier Bourgoing, pour payer des deniers de sa Recette à Maistre Adam Martel, Chappelain de la dicte Dame, la somme de cinquante escus d’or, à luy ordonnée par la dicte Dame, tant pour le rembourser des frais qu’il a faictz à faire escrire en parchemin ung livre dont il a charge d’icelluy enluminer & enrichir de unze histoires à la devise de la dicte Dame[4], de plusieurs lettres d’or & asur & autres coulleurs, le faire dorer & relier en velour, que pour la despense qu’il a faicte par trente deux jours, ou environ, qu’il a vacqué à Paris à faire faire la dicte besoigne, ainsy qu’il a été vérifié par les quittances[5]. »

Tous ces détails s’appliquent parfaitement au manuscrit de M. Jérôme Pichon. Dans la dernière miniature, Marguerite présente son livre à la Duchesse d’Étampes, & ce livre doré sur tranches est relié en velours blanc[6].

La Coche est le titre que J. de la Haye, éditeur des Marguerites de la Marguerite, a donné au poëme de cette Princesse. Ce poëme est mieux nommé Débat d’Amour par le rédacteur du catalogue La Vallière (3 vol. in-8o, Paris, 1783), qui fait la description suivante d’un autre exemplaire du même ouvrage, no 3608, t. II, p. 337 :

« Débat d’Amour, par Marguerite, Reine de Navarre, in-4o, m. r.

« Très-beau manuscrit sur vélin, du xvie siècle, contenant 41 feuillets écrits en bâtarde brisée, à longues lignes, & enrichis de capitales élégamment peintes en or & en couleurs. »


V


Biblioth. de M. Armand Cigongne, trésorier de la Société des Bibliophiles français[7]. — Poésies de François Ier, suivies d’une correspondance amoureuse de ce Prince avec quelques-unes de ses maîtresses, 1 vol. petit in-4o, relié en velours rouge avec fermoir d’or ; écrit sur vélin d’une grande finesse, en lettres italiques du XVIe siècle ; lettres tournures, peintes en or & en camaïeu.

À la suite de quelques pièces adressées par le Roi à sa sœur on trouve les réponses que lui a faites Marguerite. Parmi les lettres amoureuses, nous en signalerons une que la Reine de Navarre écrivit à son frère après la mort de son fils unique ; elle a été publiée par M. Génin, p. 269 du premier recueil des Lettres de Marguerite.

Ces lettres amoureuses, ainsi qu’un assez bon nombre de poésies composées par la Reine de Navarre, se retrouvent dans les manuscrits de la Bibliothèque nationale qui contiennent les œuvres de François Ier. M. Aimé Champollion-Figeac les a publiées dans un volume dont nous donnons le titre plus loin (voy. p. 197).

Les poésies de Marguerite de Navarre ont été plusieurs fois imprimées, même du vivant de cette Princesse. Voici l’indication des éditions les plus remarquables :

1. Le Miroir de l’ame pécheresse, ou quel elle recongnoist ses faultes & pechez ; aussi ses graces & benefices à elle faitez par Jesu Christ son espoux. La marguerite très noble & precieuse s’est preposée à ceulx qui de bon cueur la cerchoient. À Alençon, chez maistre Simon du Bois, m d xxxi. Petit in-4o goth. de 35 feuillets non chiffr., sig. A-J iij, à 29 lignes par page.

« Édition la plus ancienne, avec date, que nous ayons vue de ces poésies de Marguerite de Valois, » dit M. Brunet, t. III, p. 275 de la 4e édition du Manuel.

Le Miroir de l’ame pécheresse fut réimprimé deux ans plus tard dans la même ville d’Alençon, chez Simon du Bois, dans un recueil in-4o goth., qui a échappé aux recherches de M. Brunet[8] ; en voici le titre d’après l’exemplaire de la Bibliothèque de l’Arsenal :

Dialogue en forme de vision nocturne entre très noble & excellente princesse madame Marguerite de Navarre sœur unique du roi nostre Sire | par la grace de Dieu Royne de Navarre, Duchesse d’Alençon & Berry | & l’ame saincte de defuncte Madame Charlote de France, fille aysnée du dit sieur | & niepce de la dite dame Royne.

Le Miroir de l’ame pecheresse : auquel elle recongnoist ses faultes & pechez, aussi les graces & benefices à elle faictz par Jesus Christ son espoux.

Discord estant en l’homme par la contrariété de l’esperit & de la chair : & sa paix par vie spirituelle.

Une oraison à nostre seigneur Jesus Christ.

À Alençon, chez maistre Simon du Bois, mil cinq cens trente & trois.

1 vol. petit in-4o goth., de 61 feuillets non chiffr., sign. A-fiij & A-diij. La première pièce de ce recueil, le Dialogue en forme de vision nocturne, n’a jamais été réimprimée. C’est un poëme de 1200 vers & plus, dans lequel Marguerite interroge sa nièce, Charlotte de France, morte âgée de huit ans, au mois de septembre 1524, sur le bonheur dont jouissent les élus dans le ciel. Il est précédé de trois rondeaux d’une assez jolie facture, qui se trouvent dans le manuscrit de la Bibliothèque nationale, no 76882, Baluze, folio 94. M. Champollion-Figeac les a réimprimés récemment, p. 24 du volume qu’il a publié sous ce titre : Poésies du Roi François Ier, de Louise de Savoie, &c., de Marguerite de Navarre, &c., &c. Paris, Imprimerie royale, 1847, in-fol.

Le Miroir de l’ame pécheresse a été réimprimé séparément : en 1533, à Paris, chez Augereau, in-8o, lettres rondes ; en 1538, à Lyon, chez Le Prince, in-8o ; en 1539, à Genève, chez Jehan Girard, petit in-8o. Dans les éditions de 1533 & 1538, se trouve un avertissement de l’éditeur, qui déclare que ce poëme « a été diligemment recongneu & restitué en son entier sur l’original escript de la propre main de la Royne de Navarre ». On trouve de plus à la fin un petit opuscule en prose, composé par ce même éditeur, & qui a pour titre : Briefve doctrine pour deuement escripre selon la propriété du language françoys.

M. Brunet (5e éd., t. III, col. 1414) indique comme étant très rare une traduction anglaise du poëme de Marguerite, faite par la fille de Henri VIII. En voici le titre : « A godly medytacyon of the Christen sowle… compiled in Frenche by lady Margarete, Quene of Navarre : and aptely translated into English by the right vertuose lady Elyzabeth, daughter to our late Sovereyne, King Henry the VIII. Imprinted in the year of our Lorde 1548, in Apryll[9]. » In-8o goth. de 48 feuillets.

2. L’art & usage du souverain Mirouer du Chrestien, &c. Voyez ce que nous en avons dit plus haut (p. 168-70), dans la Notice des manuscrits de l’Heptaméron, no xi.

3. La Fable du Faux Cuyder, contenant l’histoire des Nymphes de Diane transmuées en saulles, faicte par une notable Dame de la Court, envoyée à madame Marguerite, fille unique du Roy de France. Paris, Adam Saulnier, 1543, in-8o.

Ce poëme anonyme est de Marguerite de Valois. Il a été réimprimé dans les Marguerites de la Marguerite (IIe partie), sous le titre de Histoire des Satyres & Nymphes de Dyane. On en a une édition avec d’autres compositions, tant de notre Marguerite que de quelques anonymes (Lyon, J. de Tournes, 1547, pet. in-8o). La même pièce a été aussi reproduite dans le recueil intitulé : Livre de plusieurs pièces, &c. (Brunet, 5e éd., t. III, col. 1415).

4. Marguerites de la Marguerite des Princesses, très illustre Royne de Navarre. À Lyon, Jean de Tournes, 1547, in-8o, 2 vol. publiés par Jean de la Haye, Valet de chambre de la Princesse.

Ce recueil comprend une grande partie des poésies de Marguerite de Navarre. On n’y trouve cependant ni son poëme sur la Passion de Jesus-Christ, ni le Dialogue en forme de vision nocturne, ni plusieurs épîtres ou pièces de comédies, que nous avons signalées ou reproduites dans cette édition.

Les Marguerites de la Marguerite ont été réimprimées plusieurs fois dans le format in-18 : en 1549, à Lyon, Pierre de Tours ; en 1552 & 1554, à Paris, Benoist Prevost, ou J. Ruelle, ou veuve François Regnault, ou bien encore Arnoul l’Angelier[10].

5. Poésies du Roi François Ier, de Louise de Savoye, Duchesse d’Angoulême, de Marguerite, Reine de Navarre, & correspondance intime du Roi avec Diane de Poitiers & plusieurs autres dames de la cour, recueillies & publiées par M. Aimé Champollion-Figeac. Paris, Imprimerie royale, 1847, petit in-fol.

On trouve dans ce volume un certain nombre de poésies de la Reine de Navarre qui n’avaient jamais été publiées.

  1. On les trouvera dans le quatrième volume de cette édition, avec les deux autres Farces publiées au xvie siècle dans les Marguerites de la Marguerite des Princesses. — M.
  2. M. Pichon, dans le catalogue de sa vente, 1869, no 516, p. 127, observe très justement que « ces descriptions étaient, sans aucun doute, celles destinées à faire connaître au miniaturiste les intentions de la Reine & elles sont des plus circonstanciées. » — M.
  3. « Les armoiries qui figurent en tête de ce volume ne sont pas celles de la Duchesse d’Étampes, mais celles du Comte de Vertus, beau-frère de la Duchesse d’Étampes. Cette Dame aimait beaucoup la Comtesse de Vertus, sa sœur, & le Duc d’Étampes prétendait qu’elle l’avait ruiné pour enrichir cette sœur chérie. Le Roi lui-même (Henri II) consentit à déposer, en 1556, dans une enquête faite à ce sujet. Il paraît néanmoins très-probable que ce manuscrit est celui offert par la Reine de Navarre à la Duchesse d’Étampes, dont les armes auront été recouvertes ultérieurement par celles du Comte de Vertus, à qui il aura été donné par sa belle-sœur. » Catalogue Pichon, 1869, no 516, p. 127-8.
  4. « Cette devise : Plus vous que moy est répétée à chaque miniature ». Catalogue Pichon, no 516, p. 127.
  5. Cf. La Ferrière-Percy, 1862, p. 49-50. Comme on le voit, Martel fut seulement chargé de faire faire le manuscrit ; il n’en est ni le copiste, ni l’enlumineur. — M.
  6. À la vente de M. Pichon, ce beau manuscrit a été acheté 8,220 francs par M. Didot, & neuf ans après, à la vente de celui-ci, en 1878 (no 40), il a été acheté 20,100 francs par M. Fontaine. Il se trouve maintenant dans la collection de M. de La Roche-la-Carelle. — M.
  7. La bibliothèque de M. Cigongne est, comme on sait, entrée en bloc dans celle du duc d’Aumale. Dans le catalogue publié en 1861 (Paris, Potier, in-8o), ce manuscrit porte le no 764. — M.
  8. Il en a parlé depuis dans sa dernière édition, III, 1862, col. 1412. — M.
  9. Élisabeth, qui ne devait monter sur le trône d’Angleterre qu’en novembre 1558, était née en 1533. Par là il est bien certain que cet ouvrage a été fait comme exercice d’étude du français. Walpole, dans son Catalogue of Royal and noble authors (1758, 1759, 1796 & 1806), a donné une liste des ouvrages qui lui sont attribués. Dans l’ouvrage récent de M. Wiesener, la Jeunesse d’Elisabeth (Paris, Hachette, 1878), il en est question p. 12, d’après Stevenson (Calendar of state papers of the reign of Elisabeth, London, 1863 ; I, 1558-9, p. xxvi-vii). On voit dans celui-ci que la jeune princesse fit cette traduction en 1544, quand elle avait seulement onze ans, & qu’elle avait pour maître de français un réfugié nommé Jean Belmain (ou Bellemain), dont l’article manque à la France protestante. Il y en a eu deux éditions, l’une pendant le règne d’Elisabeth, en 1568 (London, H. Denham, in-12, black letter). La première, selon les bibliographes anglais, Ames Herbert, Watt, Lowndes, Park, dans l’édition de Walpole de 1806 (I, 88-9), serait d’avril 1548, date à laquelle Elisabeth aurait eu quinze ans ; mais, à moins que l’expression « fille du feu roi Henri VIIIdaughter of the late king, — filia serenissimi olim Anglorum regis », ne soit prise à la réimpression de 1568, cette date de 1548 paraît impossible, puisque Henri VIII n’est mort que le 6 juillet 1553. Si c’était 1558, ce serait dans la dernière année du règne de Marie Tudor, morte le 17 novembre, & l’on comprendrait d’autant mieux la publication de l’ouvrage de celle qui allait monter sur le trône qu’il était une indication de ses vrais sentiments religieux. Mais, pour résoudre l’énigme, il faudrait connaître le texte même des liminaires de l’édition, & il est inutile d’en chercher un exemplaire à Paris. — M.
  10. On peut voir sur les Marguerites de la Marguerite ce qu’en ont dit M. Viollet Le Duc (Bibliothèque poétique, 1843, I, 185-90) & le marquis du Roure, dans son Analecta biblion, 1836, I, p. 353-62. Elles ont été depuis réimprimées par M. Félix Franck pour M. Jouaust (Paris, 1873, 4 vol. in-16), avec la reproduction des gravures sur bois de l’original. — M.