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L’Heptaméron des nouvelles/Nouvelle 21

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Texte établi par Claude Gruget, Vincent Sertenas (p. 78r-86v).

Page:Marguerite de Navarre - L'heptaméron des nouvelles, 1559.pdf/173 Page:Marguerite de Navarre - L'heptaméron des nouvelles, 1559.pdf/174 Page:Marguerite de Navarre - L'heptaméron des nouvelles, 1559.pdf/175 Page:Marguerite de Navarre - L'heptaméron des nouvelles, 1559.pdf/176 Page:Marguerite de Navarre - L'heptaméron des nouvelles, 1559.pdf/177 vous tenir, & auquel depuis deux ans, que vous cognois, ie ne ceſſe de penſer, & repenſer de moy meſmes toutes les raiſons pour vous & contre vous, que i’ay peu inuenter. Mais à la fin ſachant que ie veux prendre l’eſtat de mariage, il eſt temps que ie commence, & que ie choiſiſſe celuy, auec lequel ie penſeray mieulx viure en repos de ma conſcience. Ie n’en ay ſceu trouuer vn, tant ſoit il beau, riche, ou grand ſeigneur, auec lequel mon cueur & mon eſprit ſe peuſt accorder, ſinon vous ſeul. Ie ſçay qu’en vous eſpouſant ie n’offenſe point Dieu, mais fais ce qu’il cõmande. Et quant à monſieur mon pere, il a ſi peu pourchaſsé mon bien, & tant refusé, que la loy veult que ie me marie ſans luy, & qu’il me puiſſe desheriter. Quand ie n’auray que ce qui m’appartient en eſpouſant vn mary tel enuers moy que vous eſtes, ie me tiendray la plus riche femme du mõde. Quãt à la Royne ma maiſtreſſe, ie ne dois faire conſcience de luy deſplaire pour obeïr à Dieu : car elle n’a point feinct de m’empeſcher le bien qu’en ma ieuneſſe i’euſſe peu auoir. Mais à fin que vous cognoiſsiez que l’amitié, que ie vous porte, eſt fondée ſur la vertu & ſur l’honneur, vous me promettez que, ſi i’accorde ce mariage, n’en pourchaſſerez iamais la conſommation, que mon pere ne ſoit mort, ou que ie n’aye trouué moyen de l’y faire conſentir. Ce que luy promiſt volontiers le baſtard : & ſur ces promeſſes ſe donnerent chacun vn anneau en nom de mariage, & ſe baiſerent en l’egliſe deuant Dieu, qu’ils prindrent en teſmoing de leur promeſſe, & iamais depuis n’y eut entre eux plus grande priuauté que de baiſer. Ce peu de contentement donna grãde ſatisfaction au cueur de ces deux parfaicts amans, & furent long temps ſans ſe veoir, viuans de ceſte ſeureté. Il n’y auoit gueres lieu ou l’honneur ſe peuſt acquerir, que ledict baſtard n’y allaſt auec vn grand contentement qu’il ne pouuoit deuenir pauure, veu la riche femme que Dieu luy auoit donnée : laquelle en ſon abſence conſerua ſi longuement ceſte parfaicte amitié, qu’elle ne tint compte d’homme du monde. Et combien que quelques vns la demãdaſſent en mariage, ils n’auoient neantmoins autre reſponſe d’elle, ſinon que, puis qu’elle auoit tant demeuré ſans eſtre mariée, elle ne vouloit iamais l’eſtre. Ceſte reſpõſe fut entendue de tant de gens, que la Royne en ouyt parler, & luy demanda pour quelle occaſion elle tenoit ce langage. Rolandine luy diſt, que c’eſtoit pour luy obeïr : car elle ſçauoit bien, que iamais n’auoit eu enuie de la marier en temps & lieu ou elle euſt eſté honorablement pourueuë & à ſon aiſe, & que l’aage & la patiẽce luy auoiẽt aprins de ſe contenter de l’eſtat ou elle eſtoit. Et toutes les fois qu’on luy parloit de mariage, elle faiſoit pareille reſponſe. Quand les guerres furent paſsées, & que le baſtard fut retourné en la court, elle ne parloit point à luy deuant les gens, ains alloit touſiours en quelque egliſe l’entretenir ſous couleur de conſeſsion : car la Royne auoit defendu à luy & à elle, qu’ils n’euſſent à parler enſemble ſans eſtre en grande compaignie, ſur peine de leurs vies. Mais l’amour honneſte, qui ne craint nulle deffenſe, eſtoit plus preſt à trouuer des moyens pour les faire parler enſemble, que leurs ennemis n’eſtoient prompts à les guetter, & ſous l’habit de toutes les religions qu’ils ſe peurent penſer, cõtinuerent leur honneſte amitié, iuſques à ce que le Roy s’en alla en vne maiſon de plaiſance, non tant pres que les dames euſſent peu aller à pied, à autre Egliſe qu’à celle du chaſteau, qui eſtoit tãt & ſi mal baſtie à propos, qu’il n’y auoit lieu à ſe cacher à confeſſer, ou le confeſſeur n’euſt eſté clairement cogneu : toutesfois ſi d’vn coſté l’occaſion leur failloit, amour leur en trouuoit vne autre plus aisée. Car il arriua à la court vne dame de laquelle le baſtard eſtoit proche parẽt. Ceſte dame auec ſon fils furent logez en la maiſon du Roy, & eſtoit la chambre de ce ieune prince auencée toute entiere, outre le corps de la maiſon ou le Roy eſtoit : tellemẽt que de ſa feneſtre pouuoit veoir & parler à Rolandine : car leurs feneſtres eſtoient proprement à l’angle des deux corps de maiſon. En ceſte chambre lá, qui eſtoit ſur la ſalle du Roy, eſtoient logées toutes les damoiſelles de bõne maiſon compaignes de Rolandine. Laquelle aduiſant par pluſieurs fois ce ieune prince en ceſte feneſtre, en feit aduertir le baſtard par ſa gouuernante : lequel apres auoir bien regardé le lieu, feit ſemblant de prendre fort grand plaiſir de lire vn liure des cheualiers de la table ronde, qui eſtoit en la chambre du prince. Et quand chacun s’en alloit diſner, prioit vn varlet de chambre le vouloir laiſſer paracheuer de lire, & l’enfermer dedans la chambre, & qu’il la garderoit bien. L’autre, qui le cognoiſſoit parent de ſon maiſtre & homme ſeur, le laiſſoit lire tant qu’il luy plaifoit. D’autre coſté venoit à ſa feneſtre Rolãdine, qui, pour auoir occaſion d’y demourer plus longuement, feignit auoir mal en vne iambe, & difnoit & fouppoit de fi bõne heure, qu’elle n’alloit plus à l’ordinaire des dames. Elle ſe meit à faire vn lict de foye cramoiſie, & l’attachoit à la fenſtre ou elle vouloit demourer ſeule : & quand elle voyoit qu’il n’y auoit perſonne, elle entretenoit ſon mary, auquel elle pouuoit parler en telle ſorte que nul ne les euſt ſceu entēdre : & quand il s’approchoit quelqu’vn, elle touſſoit & faiſoit ſigne, par lequelle baſtard ſe pouuoit retirer. Ceux qui faiſoient le guet ſur eux, tenoient tout certain, que l’amitié eſtoit paſſée : car elle ne bougeoit d’vne chãbre, ou ſeurement il ne la pouuoit voir, parce que l’ētrée luy en eſtoit defendue. Vn iour la mere de ce ieune prince eſtant en la chambre de fon fils ſe meit à la feneſtre ou eſtoit ce grád liure, & n’y demoura gueres qu’vne des compagnes de Rolandine, qui eſtoit à celle de leur chambre, ſalűa ceſte dame, & parla à elle. La dame luy demanda comme ſe portoit Rolandine : elle luy diſt qu’elle la verroit bien s’il luy plaiſoit, & la feit venir en la feneſtre en ſon couurechef de nuict, & apres auoir parlé de ſa maladie, ſe retirerent chacun de ſon coſté. La dame, regardant ce gros liure de la table ronde, dift au varlet de chambre qui en auoit la garde : Ie m’esbahis comme les ieunes gens donnent leur temps à lire tant de follies. Le varlet de chambre luy reſpondit qu’il s’eſmerueilloit encores plus, que les gens eſtimez bien ſages & aagez, y eſtoient plus affectionnez que les ieunes, & pour vne merueille luy compta comme le baſtard ſon couſin y demeuroit quatre ou cinq heures tous les iours à lire ce beau liure. Incontinent frappa au cueur de ceſte dame l’occaſion pourquoy c’eſtoit, & donna charge au varlet de chambre de ſe cacher en quelque lieu & de regarder ce qu’il feroit : ce qu’il feit, & trouua que le liure ou il liſoit eſtoit la feneſtre ou Rolandine venoit parler à luy, & entendoit pluſieurs propos de l’amitié qu’ils cuidoient tenir bien ſecrete. Le lēdemain le racompta à ſa maiſtreſſe, qui enuoya querir ſon couſin le baſtard, & apres pluſieurs remonſtrances, luy deffendit de ne ſ’y trouuer plus : & le ſoir elle parla à Rolandine, la menaſſant, ſi elle continuoit ceſte folle amitié, de dire à la Royne toutes les menées. Rolandine, qui ne s’eſtonnoit, iura que depuis la defenſe de ſa maiſtreſſe, elle n’y auoit point parlé, quelque choſe que lon diſt, & qu’elle en ſceut la verité tãt de ſes cõpaignes des ſeruiteurs : & quant à la feneſtre dont elle parloit, elle n’y auoit point parlé au baſtard : lequel craignant que ſon affaire fuſt reuellé s’eſlongna du danger, & fut long temps ſans reuenir à la court, mais non ſans reſcrire à Rolandine par ſi ſubtils moyens, que quelque guet que la Royne y meiſt, il n’eſtoit ſepmaine qu’elle n’euſt deux fois de ſes nouuelles. Et quand le moyen du religieux dõt il s’aidoit fut failly, il enuoyoit vn petit page habillé de couleurs puis de l’vne puis de l’autre, qui s’arreſtoit aux portes ou toutes les dames paſſoient, & lá bailloit ſes lettres ſecrettement parmy la preſſe. Vn iour que la Royne alloit aux chãps, quelqu’vn, qui recogneut le page, & qui auoit la charge de prendre garde à ceſt affaire, courut apres : mais ledict page qui eſtoit fin (ſe doubtant que lon le cherchoit) entra en la maiſon d’vne pauure femme, qui faiſoit bouïllir ſon pot du feu, ou il bruſla incontinent ſes lettres. Le gentil-hõme qui le ſuiuoit le deſpouilla tout nud, & chercha par tout ſon habillement : mais il ne trouua rien, parquoy le laiſſa aller. Et quand il fut party, la vieille luy demãda pourquoy il auoit ainſi cherché ce pauure ieune enfant. Il luy diſt que c’eſtoit pour trouuer quelques lettres, qu’il pẽſoit qu’il portaſt. Vous n’auiez garde, diſt la vieille, de les trouuer, car il les auoit bien cachées. Ie vous prie, diſt ce gentil-homme, dictes moy en quel endroit : c’eſt, eſperant bien toſt les recouurer. Mais quand il entendit que c’eſtoit dedans le feu, cogneut bien que le page auoit eſté plus fin que luy, ce que incontinent alla compter à la Royne. Toutesfois depuis ceſte heure lá ne s’ayda plus du page le baſtard, ains y enuoya vn vieil ſeruiteur qu’il auoit, lequel oubliãt la crainte de la mort, dont il ſçauoit bien que lon faiſoit menaſſer de par la Royne ceux qui ſe meſloient de ceſt affaire, entreprint de porter lettres à Rolandine. Et quand il fut entré au chaſteau ou elle eſtoit, s’en alla guetter en vne porte au pied d’vn grand degré ou toutes les dames paſſoient : mais vn varlet qui autresfois l’auoit veu, le recogneut incontinent, & l’alla dire au maiſtre d’hoſtel de la Royne, qui ſoudainement le vint chercher pour le prẽdre. Le varlet ſage & aduisé, voyant qu’on le regardoit de loing, ſe retourna vers la muraille, comme pour faire de l’eau, & lá rompit ſes lettres plus menu qu’il luy fut poſſible, & les ietta derriere vne porte. Sur l’heure il fut pris & cherché de tous coſtez, & quand on ne luy trouua rien, on l’interrogea par ſerment s’il n’auoit porté nulles lettres, luy gardãt toutes les rigueurs & perſuaſions qu’il fut poſsible pour luy faire confeſſer la verité, mais pour promeſſes ou menaces qu’on luy feiſt iamais ne ſceurẽt tirer autre choſe. Le rapport en fut faict à la Royne, mais quelqu’vn de la cõpaignie s’aduiſa qu’il eſtoit bon de regarder derriere la porte pres de laquelle lon l’auoit pris : ce qui fut faict, & trouua lon ce que lon cherchoit, c’eſtoiẽt les pieces des lettres. On enuoya querir le confeſſeur du Roy, lequel apres les auoit aſemblées ſur vne table, leut la lettre tout du long, ou la verité du mariage tant diſsimulé ſe trouva clerement : car le baſtard ne l’appelloit que ſa femme. La Royne, qui n’auoit deliberé de couurir la faulte de ſon prochain (comme elle deuoit) en feit vn treſgrand bruit, & cõmanda que par tous moyens on feiſt confeſſer au pauure homme la verité de ceſte lettre, & qu’en luy monſtrant il ne la pourroit renier : mais quelque choſe qu’on luy dift ou qu’on luy mõſtraſt, il ne changea ſon propos premier. Ceux qui en auoient la charge, le menerent au bord de la riuiere, & le meirent dans vn ſac, diſans qu’il mentoit à Dieu & à la Royne, contre la verité prouuée. Luy, qui aimoit mieux perdre la vie, que d’accuſer ſon maiſtre, leur demanda vn confeſſeur, & apres auoir faict de ſa conſcience le mieux qu’il luy fut poſsible, leur diſt : Meſſieurs, dictes à monſieur mon maiſtre le baſtard, que ie luy recommande la vie de ma femme & de mes enfans : car de bon cueur ie mects la mienne pour ſon ſeruice, & faictes de moy ce qu’il vous plaira, car vous n’en tirerez iamais parolle qui ſoit contre mon maiſtre. A l’heure pour luy faire plus grand peur le getterent dedans le ſac en l’eau, luy crians : ſi tu veux dire verité tu feras ſaulué : mais voyans qu’il ne leur reſpondoit rien, le retirerent de lá, & en feirent le rapport à la Royne de ſa conſtance, qui diſt à l’heuure, que le Roy ſon mary ny elle, n’eſtoiẽt point ſi heureux en ſeruiteurs, qu’vn qui n’auoit de quoy les recompenſer : & feiſt ce qu’elle peut pour le retirer à ſon ſeruice, mais iamais ne voulut abandonner ſon maiſtre. Touteſfois par le congé de ſondict maiſtre fut mis au ſeruice de la Royne, ou il veſcut heureux & content. La Royne, apres auoir cogneu la verité du mariage par la lettre du baſtard, enuoya querir Rolandine, & auecques vn viſage fort courroucé, l’appella pluſieurs fois malheureuſe au lieu de couſine, luy remonſtrant la honte qu’elle auoit faicte à la maiſon de ſon pere, & de tous ſes parens, de s’eſtre mariée, & à elle qui eſtoit ſa maiſtreſſe, ſans ſon commandement ne congé. Rolandine, qui de long tẽps cognoiſſoit le peu d’affection que luy portoit ſa maiſtreſſe, luy rendit la pareille, & pource que l’amour luy defailloit, la crainte n’auoit plus de lieu : penſant auſsi que ceſte correction deuant pluſieurs perſonnes ne procedoit pas d’amour qu’elle luy portaſt, mais pour luy faire vne honte, comme celle qu’elle eſtimoit prendre plus de plaiſir à la chaſtier, que de deſplaiſir à la veoir faillir, luy reſpondit d’vn viſage auſſi ioyeux & aſſeuré, que la Royne monſtroit le ſien troublé & courroucé : Ma dame, ſi vous ne cognoiſſiez voſtre cueur tel qu’il eſt, ie vous mettrois au deuant la mauuaiſe volonté que de long temps auez portée à mõſieur mon pere & à moy : mais vous le ſçauez ſi bien, que vous ne trouuerez point eſtrange ſi tout le monde s’en doubte : & quant eſt de moy, ma dame, ie m’en ſuis apperceuë à mon plus grand dommage. Car quand il vous euſt pleu me fauoriſer, comme celles qui ne vous font ſi proches que moy, ie fuſſe maintenant mariée, autant à voſtre honneur qu’au mien : mais vous m’auez laiſſée comme vne perſonne oubliée du tout en voſtre bõne grace, en ſorte que tous les bons partiz que i’euſſe peu auoir, me ſont paſſez deuant les yeux par la negligence de monſieur mon pere, & par le peu d’eſtime qu’auez faict de moy : dont i’eſtois tombée en tel deſeſpoir, que ſi ma ſanté euſt peu porter l’eſtat de religiõ, ie l’euſſe volontiers prins, pour ne veoir les ennuiz cõtinuels que voſtre rigueur me donnoit. En ce deſeſpoir m’eſt venu trouuer celuy qui ſeroit d’auſsi bonne maiſon que moy, ſi l’amour de deux perſonnes eſtoient autant eſtimées que l’anneau. Car vous ſçauez que ſon pere paſſeroit deuant le mien. Il m’a longuement aimée & entretenuē, mais vous, ma dame (qui iamais ne me pardõnaſtes vne ſeule petite faulte, ne me loüaſtes de nul bon œuure) combien que cognoiſsiez par experience, que ie n’ay point accouſtumé de parler de propos d’amour ne de mondanité, & que du tout i’eſtois retirée à mener vne vie plus religieuſe qu’autre, auez incontinent trouué eſtrange que ie parlaſſe à vn gentilhomme auſsi malheureux que moy, en l’amitié auquel ie ne penſois, ny ne cherchois autre choſe, que la conſolation de mon eſprit. Et quand du tout ie m’en vey fruſtrée, i’entray en vn tel deſeſpoir, que ie deliberay de chercher autãt mon repos, que vous auez enuie de me l’oſter. Et à l’heure euſmes paroles de mariage, leſquelles ont eſté conſommées par promeſſes & anneau. Parquoy il me ſemble, ma dame, que vous me tenez & faictes grand tort de me nommer meſchante, veu qu’en vne ſi grande & parfaicte amitié, ie pourrois trouuer les occaſions (ſi i’euſſe voulu) de mal faire : mais il n’y a iamais eu entre luy & moy plus grande priuauté que de baiſer, eſperant que Dieu me feroit la grace, qu’auant la conſommation du mariage ie gaignerois le cueur de monſieur mon pere à s’y conſentir. Ie n’ay point offensé Dieu, ne ma conſcience : car i’ay attendu iuſques à l’aage de trente ans, pour veoir ce que vous & monſieur mon pere feriez pour moy, ayant gardé ma ieuneſſe en telle chaſteté & honneſteté, qu’homme viuant ne m’en ſçauroit rien reprocher. Et par le conſeil de la raiſon que Dieu m’a donnée, me voyant vieille & hors d’eſpoir de trouuer mary ſelon ma maiſon, me ſuis deliberée d’en eſpouſer vn à ma volonté, non point pour ſatisfaire à ma concupiſcence des yeux (car vous ſçauez qu’il n’eſt pas beau) ne à celle de la chair (car il n’y a point eu de cõſommation charnelle) ny à l’orgueil, ny à l’ambition de ceſte vie (car il eſt pauure & peu auancé) mais i’ay regardé purement & ſimplement à la vertu, honneſteté & bonne grace qui eſt en luy, dont le monde eſt contrainct luy donner louange, & la grande amour auſsi qu’il m’a portée, qui me faiſoit eſperer de trouuer auecques luy repos & bon traictement. Et apres auoir bien penſé tout le bien & le mal qui m’en peult aduenir, ie me ſuis arreſtée à la partie qui m’a ſemblée la meilleure, & que i’ay debatuë en mon cueur deux ans durãs, c’eſt d’vſer ma vie en ſa compaignie. Et ſuis deliberée de tenir ce propos ſi ferme, que tous les tourmens que ie ſçaurois endurer, fuſt la mort meſme, ne me feront departir de ceſte forte opinion. Parquoy, ma dame, il vous plaira excuſer en moy, ce qui eſt treſexcuſable, comme vous meſmes l’entendez bien, & me laiſſez viure en paix, que i’eſpere trouuer auec luy. La Royne voyant ſon viſage ſi conſtant, & ſa parolle tant veritable, ne luy peut reſpondre par raiſon : & en continuant de la reprendre & iniurier par colere, ſe print à pleurer, en diſant : Malheureuſe que vous eſtes, en lieu de vous humilier deuant moy, & vous repentir d’vne faulte ſi grande, vous parlez audacieuſement ſans en auoir la larme à l’œil : par cela monſtrez bien l’obſtination & la dureté de voſtre cueur. Mais ſi le Roy & voſtre pere me veulent croire, ils vous mettront en lieu ou ſerez contraincte de parler autre langage. Ma dame, reſpõdit Rolandine, pource que vous m’accuſez de parler trop audacieuſement, ie ſuis deliberée me taire, ſ’il vous plaiſt de ne me donner congé de parler, & de vous reſpondre : & quand elle eut commandement de parler, luy diſt : Ce n’eſtoit point à moy, ma dame, de parler à vous (qui eſtes ma maiſtreſſe & la plus grande Princeſſe de Chreſtienté) audacieuſement, & ſans la reuerẽce que ie vous doibs, ce que ie n’ay voulu ne penſé faire : mais puis que ie n’ay eu aduocat qui parlaſt pour moy, ſinon la verité, laquelle moy ſeule ſçay, ie ſuis tenuë de la declarer ſans craincte, eſperant que ſi elle eſt bien cogneuë de vous, vous ne m’eſtimerez telle qu’il vous a pleu me nommer. Ie ne crains que creature mortelle, entendant comme ie me ſuis conduicte en l’affaire dont lon me charge, me donne blaſme, puis que ie ſsçay que Dieu & mon honneur n’y ſont en rien offenſez. Et voila qui me fait parler ſans crainte, eſtant aſſeurée que celuy qui veoit mon cueur eſt auec moy : & ſi vn tel iuge eſt auec moy, i’aurois tort de craindre ceux qui ſont ſubiects à ſon iugemẽt. Et pourquoy donc, ma dame, dois ie pleurer, veu que ma cõſcience & mon honneur ne me reprennent point en ceſt affaire ? & que ie ſuis ſi loing de me repentir, que ſ’il eſtoit à recommencer ie n’en ferois que ce que i’en ay faict ? Mais vous, ma dame, auez grande occaſion de pleurer tant pour le grand tort qu’en toute ma ieuneſſe m’auez tenu, que pour celuy que maintenant vous me faictes de me reprendre deuant tout le monde d’vne faulte, qui doit eſtre imputée plus à vous qu’à moy. Quand i’aurois offensé Dieu, le Roy, vous, mes parens, & ma conſcience, ie ſerois bien obſtinée ſi de grande repentence ie ne pleurois. Mais d’vne choſe bonne, & iuſte, & ſaincte, dont iamais n’euſt eſté bruit que bien honorable, ſinon que vous l’auez trop toſt euenté, & faict ſortir vn ſcandale, qui monſtre aſſez l’ennuie que vous auez de mon deshõneur eſtre plus grande, que le vouloir de conſeruer l’honneur de voſtre maiſon, & de voz parens, ie ne doibs plorer. Mais puis qu’ainſi vous plaiſt, ma dame, ie ne ſuis pour vous contredire. Car quand vous me ordonnerez telle peine qu’il vous plaira, ie ne prendray moins de plaiſir de la ſouffrir ſans raiſon, que vous ferez à la me donner. Parquoy, ma dame, commãdez à monſieur mon pere quel tourment qu’il vous plaiſt que ie porte : car ie ſçay qu’il n’y fauldra pas, au moins ſeray-ie bien aiſe, que ſeulement pour mon malheur il ſuiue entierement voſtre volonté : & qu’ainſi qu’il a eſté negligẽt en mon bien, ſuiuãt voſtre vouloir, il ſera prompt en mon mal pour vous obeïr. Mais i’ay vn pere au ciel, lequel (ie ſuis ſeure) me donnera autant de patience, que ie me voy de grands maulx par vous preparez, & en luy ſeul i’ay ma parfaicte confiance. La Royne ſi courroucée qu’elle n’en pouuoit plus, commanda qu’elle fuſt emmenée de deuant ſes yeux, & miſe en vne chambre à part, ou elle ne peult parler à perſonne : mais on ne luy oſta point ſa gouuernante, par le moyen de laquelle elle feit ſçauoir au baſtard toute ſa fortune, & ce qu’il luy ſembloit qu’elle deuoit faire. Lequel, eſtimant que les ſeruices qu’il auoit faicts au Roy luy pourroient valoir de quelque choſe, ſ’en vint à luy en diligence à la court, & le trouua aux champs, auquel il compta la verité du faict, le ſuppliant qu’à luy (qui eſtoit pauure gentil-homme) vouluſt faire tant de bien d’appaiſer la Royne, en ſorte que le mariage peuſt eſtre conſomnmé. Le Roy ne luy reſpondit autre choſe, ſinon : m’aſſeurez vous que vous l’auez eſpouſée ? Ouy ſire, diſt le baſtard, par parolles de preſent ſeulement, & ſil vous plaiſt, la fin y ſera miſe. Le Roy baiſſa la teſte, & ſans luy dire autre choſe, ſ’en retourna droict au chaſteau, & quand il fut aupres de lá, il appella le capitaine de ſes gardes, & luy donna charge de prendre le baſtard priſonnier. Toutesfois vn ſien amy, qui cognoiſſoit le viſage du Roy, l’aduertit de ſ’abſenter, & ſe retirer en vne ſienne maiſon pres de lá, & ſi le Roy le faiſoit chercher (cõme il ſoupçonnoit) il luy feroit incontinent ſçauoir, pour ſ’enfuir hors du royaume : ſi auſsi les choſes eſtoient adoucies, il le mãderoit pour reuenir. Le baſtard le creut, & feit ſi bonne diligẽce, que le capitaine des gardes ne le trouua point. Le Roy & la Royne regarderẽt enſemble qu’ils feroient de ceſte pauure damoiſelle, qui auoit l’honneur d’eſtre leur parente, & par le conſeil de la Royne fut conclud, qu’elle ſeroit renuoyée à ſon pere, auquel on manda toute la verité du faict. Mais auant que l’enuoyer, furent parler à elle pluſieurs gens d’Egliſe & de conſeil, luy remonſtrans que puis qu’il n’y auoit en ſon mariage que la parolle, qu’il ſe pouuoit facilement deffaire, moyennant que l’vn & l’autre ſe quittaſſent. Ce que le Roy vouloit qu’elle feiſt, pour garder l’honneur de la maiſon dont elle eſtoit. Mais elle leur feiſt reſponſe qu’en toutes choſes elle eſtoit preſte d’obeir au Roy, ſinon à contreuenir à ſa cõſcience, diſant que ce que Dieu auoit aſſemblé, ne pouuoit eſtre ſeparé par les hommes, les priant de ne la tenter de choſe ſi deſraiſonnable : Car ſi amour & bonne volonté, fondée ſur la crainte de Dieu, eſt le vray & ſeur lien de mariage, elle eſtoit ſi bien liée, que fer, ne feu, ne eau, ne pouuoient rompre ſon lien, ſinon la mort, à laquelle ſeule & non à autre, eſtoit deliberée rendre ſon anneau & ſon ſerment, les priant de ne luy parler plus du cõtraire. Car elle eſtoit ſi ferme en ſon propos, qu’elle aimoit mieux mourir en gardant ſa foy, que viure apres l’auoir niée. Les deputez de par le Roy, emporterent ceſte conſtante reſponſe : & quand ils veirent qu’il n’y auoit remede de luy faire renoncer ſon mary, la menerent deuers ſon pere en ſi piteuſe façon, que par ou elle paſſoit chacun ploroit. Et combien qu’elle euſt failly, la punition fut ſi grande & ſa cõſtance telle, qu’elle feiſt eſtimer ſa faulte eſtre vertu. Le pere ſçachant ceſte piteuſe nouuelle, ne la voulut point veoir, mais l’enuoya en vn chaſteau dedans vne foreſt, lequel il auoit autreſfois edifié pour vne occaſion digne d’eſtre racomptée apres ceſte nouuelle, & la teint là longuement en priſon, luy faiſant dire, que ſi elle vouloit quitter ſon mary, il la tiendroit pour ſa fille, & la mettroit en liberté. Et toutesfois elle teint ferme, & aima mieux le lien de ſa priſon en conſeruant celuy de ſon mariage, que toute la liberté du monde ſans ſon mary : & ſembloit aduis à ſon viſage, que toutes ſes peines luy eſtoient paſſetemps treſplaiſant, puis qu’elle les ſouffroit pour celuy qu’elle aimoit. Que diray-ie des hommes ? Ce baſtard tant obligé à elle comme vous avez ouy, ſ’enfuit en Allemaigne ou il auoit beaucoup d’amis & monſtra bien par ſa legereté, que vraye & parfaicte amour ne luy auoient pas tant fait pourchaſſer Rolandine, que l’auarice & ambition : en ſorte qu’il deuint tant amoureux d’vne dame d’Allemaigne, qu’il oublia à viſiter par lettres celle qui pour luy ſouſtenoit tant de tribulations. Car iamais la fortune, quelque rigueur qu’elle leur tint, ne leur peut oſter le moyen de ſ’eſcripre l’vn à l’autre, mais la folle & meſchante amour ou il ſe laiſſa tomber, dont le cueur de Rolandine eut premier vn ſentiment tel, qu’elle ne pouuoit plus repoſer. Puis voyant ſes eſcriptures tant changées & refroidies du langage accouſtumé, qu’elles ne reſſembloient en rien aux paſſées, ſoupçonna que nouuelle amitié la ſeparoit de ſon mary, & le rendoit ainſi eſtrange d’elle, ce que toutes les peines & tourments, qu’on luy auoit peu donner, n’auoient ſceu faire. Et parce que ſa parfaicte amour ne vouloit qu’elle aſsiſt iugement ſur vn ſoupçon, trouua moyen d’enuoyer ſecrettement vn ſeruiteur en qui elle ſe fioit, non pour luy eſcripre & parler à luy, mais pour l’eſpier & veoir la verité. Lequel retourné du voyage, luy diſt, que pour le ſeur il auoit trouué le baſtard bien fort amoureux d’vne dame d’Allemaigne, & que le bruit eſtoit qu’il pourchaſſoit à l’eſpouſer, car elle eſtoit fort riche. Ceſte nouuelle apporta ſi extreme douleur au cueur de ceſte pauure Rolandine, que, ne la pouuant porter, tomba griefuement malade. Ceux qui entendoient l’occaſion, luy dirent de la part de ſon pere, que puis qu’elle voyoit la grande meſchanceté du baſtard, iuſtement elle le pouuoit abandonner : & la perſuaderent de tout leur poſsible. Mais nonobſtant qu’elle fut tourmẽtée iuſques au bout, ſi n’y eut il iamais remede de luy faire chãger ſon propos, & monſtra en ceſte derniere tentation l’amour qu’elle auoit à ſa treſgrande vertu. Car ainſi que l’amour ſe diminuoit du coſté de luy, ainſi augmentoit du ſien, & demeura malgré qu’il en euſt l’amour entier & parfaict. Car l’amour qui defailloit du coſté de luy, tourna en elle : & quand elle cogneut qu’en elle eſtoit l’amour entiere, qui autresfois auoit eſté departy en deux, elle delibera de la conſeruer iuſques à la mort de l’vn ou de l’autre. Parquoy la bonté diuine, qui eſt parfaicte charité & vraye amour, eut pitié de ſa douleur, & regarda ſa patience, en ſorte qu’apres peu de iours le baſtard mourut à la pourſuitte d’vne autre femme. Dont elle, bien aduertie par ceux qui l’auoient veu mettre en terre, enuoya ſupplier ſon pere qu’il luy pleuſt qu’elle parlaſt à luy. Le pere s’y en alla incõtinent, qui iamais depuis ſa priſon n’auoit parlé à elle : & apres auoir bien au long entendu ſes iuſtes raiſons, en lieu de la reprendre & tuer (comme ſouuent il la menaçoit par parolles) la print entre ſes bras, & en pleurant tresfort, luy diſt : Ma fille, vous eſtes plus iuſte que moy : car s’il y a eu faulte en voſtre affaire, i’en ſuis la principale cauſe : mais puis que Dieu l’a ainſi ordonné, ie veux ſatisfaire au paſsé : & apres l’auoir emmenée en ſa maiſon, il la traictoit cõme ſa fille aiſnée. Elle fut à la fin demandée en mariage par vn gẽtilhomme du nom & armes de ladicte maiſon, qui eſtoit fort ſage & vertueux, & qui eſtimoit tant Rolandine, laquelle il frequentoit ſouuent, qui luy donna louange de ce dont les autres la blaſmoient, cognoiſſant que ſa fin n’auoit eſté que pour la vertu. Le mariage fut agreable au pere & à Rolandine, & fut incõtinent conclud. Il eſt vray qu’vn frere qu’elle auoit, ſeul heritier de la maiſon, ne vouloit s’accorder qu’elle euſt nul partage, luy mettant au deuant qu’elle auoit deſobey à ſon pere. Et apres la mort du bon homme, luy teint ſi grande rigueur, que ſon mary, qui eſtoit vn puiſné, & elle, auoient aſſez affaire à viure. En quoy Dieu pourueut : car le frere, qui vouloit tout tenir, laiſſa en vn iour par vne mort ſubite les biens qu’il tenoit de ſa ſœur & les ſiens enſemble. Ainſi elle fut heritiere d’vne bonne & groſſe maiſon, ou elle veſquit honorablement & ſainctement en l’amour de ſon mary. Et apres auoir eſleué deux fils que Dieu leur donna, rendit ioyeuſement ſon ame à celuy ou de long temps elle auoit ſa parfaicte conſiance.

Or, mes dames, ie vous prie que les hommes, qui nous veullent peindre tant inconſtantes, viennẽt maintenant icy, & me monſtrent vn auſsi bon mary comme ceſte cy fut bonne femme, & d’vne telle foy & perſeuerance. Ie ſuis ſeure qu’il leur ſeroit ſi difficile, que i’aime mieux les en quitter, que de me mettre en ceſte peine. Mais non vous, mes dames, de vous prier, pour continuer voſtre gloire, ou du tout n’aimer point, ou que ce ſoit auſsi parfaictement que ceſte damoiſelle : & gardez vous bien que nul die qu’elle ait offensé ſon honneur, veu que par ſa fermeté, elle eſt occaſion d’augmenter la noſtre. En bonne foy, dit Parlamente, Oiſille, vous nous auez racompté l’hiſtoire d’vne femme d’vn treſgrãd & honeſte cueur : mais qui dõne autant de luſtre à ſa fermeté, qu’eſt la deſloyauté de ſon mary, qui la voulut laiſſer pour vn autre. Ie croy, diſt Longarine, que ceſt ennuy lá luy fut le plus importable : car il n’y a faiz ſi peſant, que l’amour de deux perſonnes bien vniz ne puiſſe doucemẽt ſupporter. Mais quand l’vn fault à ſon debuoir, & laiſſe toute la charge ſur l’autre, la peſanteur eſt importable. Vous deuez donc, diſt Guebron, auoir pitié de nous, qui portons toute l’amour, ſans que vous y daigniez mettre le bout du doigt, pour la ſoulager. Ha Guebron ! diſt Parlamente, ſouuent ſont differens les fardeaux de l’homme & de la femme. Car l’amour de la femme bien fondée & appuyée ſur Dieu & ſon honneur, eſt ſi iuſte & raiſonnable, que celuy qui ſe depart de telle amitié, doit eſtre eſtimé laſche & meſchãt enuers Dieu & les hommes de bien. Mais l’amour de la pluſpart des hommes eſt tant fondée ſur le plaiſir, que les femmes ignorantes, pour ſeruir à leur mauuaiſe volonté, s’y mettent aucunes fois bien auãt : & quand Dieu leur faict cognoiſtre la malice du cueur de celuy qu’elles eſtimoient bon, elles s’en peuuẽt departir auec leur honneur & bonne reputation. Car les plus couuertes follies, ſont touſiours les meilleures. Voila donc vne raiſon (diſt Hircan) forgée ſur vne fantaſie de vouloir ſouſtenir que les femmes honeſtes peuuent laiſſer honeſtement l’amour des hõmes, & non les hommes celles des femmes, cõme ſi leur cueur eſtoit different : mais combien que les viſages & habits le ſoient, ſi croy ie que les volontez ſont toutes pareilles, ſinon d’autant que la malice plus couuerte eſt la pire. Parlamente auec vn peu de colere luy diſt : I’entends bien que vous eſtimez celles les moins mauuaiſes, de qui la malice eſt deſcouuerte. Or laiſſons ce propos lá, diſt Simontault, car pour faire concluſion du cueur de l’homme & de la femme, le meilleur des deux n’en vault rien : mais venons à ſçauoir à qui Parlamente donnera ſa voix pour ouyr quelque bon compte. Ie la donne (diſt elle) à Guebron. Or puis que i’ay commencé, diſt il, à parler des cordeliers, ie ne veux oublier ceux de Sainct Benoiſt, & ce qui eſt aduenu d’eux de mon