L’Onanisme (Tissot 1769)/Article 3/Section 10/D

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Les mouvements.


L’exercice est d’une nécessité absolue ; il coûte aux personnes foibles d’en prendre, & si elles ont du penchant à la tristesse, il est très-difficile de les déterminer à se mouvoir ; rien n’est cependant plus propre à augmenter tous les maux qui viennent de foiblesse, que l’inaction ; les fibres de l’estomac, des intestins, des vaisseaux, sont lâches ; les humeurs croupissent par-tout, parce que les solides n’ont pas la force de leur imprimer le mouvement nécessaire ; il naît des stases, des engorgements, des obstructions, des épanchements ; la coction, la nutrition, les sécretions ne se font point ; le sang reste aqueux, les forces diminuent, & tous les symptômes du mal augmentent. L’exercice prévient tous ces maux en augmentant la force de la circulation ; toutes les fonctions se font comme si l’on avoit des forces réelles, & cette régularité dans les fonctions ne tarde pas à en donner : ainsi l’effet du mouvement est de suppléer les forces, & de les rétablir. Un autre de ses avantages indépendant de l’augmentation de circulation, c’est qu’il fait jouir d’un air toujours nouveau. Une personne, qui ne se remue point, gâte bientôt celui qui l’environne, & il lui nuit : une personne en action en change continuellement. Le mouvement peut souvent tenir lieu de remedes ; tous les remedes du monde ne peuvent pas tenir lieu de mouvement.

La fatigue des premiers jours est un écueil contre lequel le foible courage de plusieurs malades échoue ; mais s’ils avoient celui de surmonter ce premier obstacle, ils sentiroient que c’est véritablement le cas où il n’y a que les premiers pas qui coûtent. J’ai été étonné moi-même de voir à quel point ceux qui n’avoient pas été rebutés acquéroient des forces par l’exercice. J’ai vu des personnes, qui étoient fatiguées de faire le tour d’un jardin, parvenir en quelques semaines à faire jusqu’à deux lieues de chemin, & se trouver dans le bien être au retour.

L’exercice à pied n’est pas le seul favorable ; celui qu’on prend à cheval vaut même beaucoup mieux pour les personnes extrêmement foibles, ou pour celles qui ont les visceres du bas-ventre, & la poitrine endommagés, dans une plus grande foiblesse encore, celui d’une voiture est à préférer, pourvu qu’elle ne soit pas trop douce. Quand la saison ne permet pas de sortir, on doit se donner du mouvement dans la maison, ou par quelque occupation un peu pénible, ou par quelque jeu d’exercice, tel que le volant qui exerce également tout le corps. Le retour de l’appétit, du sommeil, de la gaieté sont les suites nécessaires du mouvement ; mais il faut avoir la précaution de ne prendre jamais un exercice un peu fort aussi-tôt après le repas, & de ne pas manger quand on a chaud après l’exercice ; on doit le prendre avant le repas, & se reposer quelques moments avant que de manger.