L’appel de la terre/Chapitre XII

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Imprimerie de "L’Événement" (p. 93-94).

XII


…Un autre cri, sauvage, passionné, suivit celui de la mère éplorée : « Blanche » !…

Et l’on vit l’instituteur piquer une tête dans le fleuve courroucé. Une énorme vague passait au bout de la pointe emportant sur sa crête la jeune fille… Il se passa une minute qui fut une éternité pour les spectateurs de la scène tragique. La vague repoussa au loin le jeune homme et la jeune fille ; puis, en s’affaissant, elle produisit un remous ; et les flots vinrent déferler sur le rocher où ils déposèrent l’instituteur qui portait dans ses bras la malheureuse qu’il coucha, évanouie, sur le rocher, à côté de sa mère…

Toute cette scène n’avait duré que l’espace d’une minute…

Les colères du Saint-Laurent ne durent pas ; la tempête s’apaisa ; les vagues, comme satisfaites de leur mauvais coup, diminuèrent de violence. Bientôt un soleil pâle, comme lavé, perça un nuage ; le ciel s’épura peu à peu et nulle trace ne resta de l’ouragan que sur les rochers de la Pointe-aux-Bouleaux.

Quelques instants après, on vit une embarcation se détacher des grèves de Tadoussac. Les habitants du village, inquiets sur le sort des malheureux excursionnistes, envoyaient à leur recherche. On n’eut pas de misère à les retrouver grâce aux signaux que leur fit Paul Duval.

Une heure après, on rentra dans le village. Peu à peu Madame Davis et sa fille avaient repris connaissance mais toutes deux restaient dans un état de demi inconscience assez inquiétant.






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