L’histoire des États-Unis racontée aux enfans/Constitution fédérale — Washington, président

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Traduction par Mathilde Leiris.
E. Johns & Cie (p. 100-104).

Le général Washington et l’Irlandais.

LEÇON XVIII.

constitution fédérale. — washington, président.


1. Lorsque la guerre fut terminée, les Américains devenus libres et indépendants eurent le droit de se gouverner eux-mêmes.

2. Le 17 Septembre 1787 la constitution fédérale fut adoptée. — Une constitution est un code de lois, par lequel une nation est gouvernée. Elle est appelée fédérale, quand divers états sont unis ou ligués pour l’adopter.

3. Le général Washington fut élu premier président et John Adams, vice-président.

4. Le 30 avril 1789, le général Washington entra dans ses pouvoirs, en présence du congrès et d’une multitude de spectateurs.

5. Il conserva la présidence pendant huit ans. Sous son administration les États-Unis fleurirent et quand il se retira, on dit de lui : qu’il fut le premier au combat, le premier au conseil, et le premier dans le cœur de ses sujets.

QUESTIONS.

1. Lorsque la guerre fut terminée, de quoi les Américains avaient-ils le droit ?

2. Quand la constitution fédérale fut-elle adoptée ? Qu’est ce qu’une constitution ? Quand peut-on l’appeler fédérale ?

3. Qui fut élu premier président ? Qui fut vice-président ?

4. Quel jour le général Washington entra-t-il dans ses pouvoirs ?

5. Combien de temps conserva-t-il la présidence ? Que dit-on de lui lorsqu’il se retira ?


HISTOIRE.

1. Il faut que vous sachiez que Washington fut également aimé comme président et comme général.

2. C’était un homme d’une grande bienfaisance et qui prenait plaisir à secourir les vieux soldats de la Révolution. Quand ils venaient lui parler, il ne les renvoyait jamais, quoiqu’ils fussent pauvres.

3. Je vais vous dire comment il traita une fois un vieux soldat qui vint le voir. C’était un jour de réception, c’est à dire un jour où les grands personnages allaient présenter leurs respects au président.

4. Au moment où la compagnie était attendue un Irlandais frappe à la porte. Le suisse se hâte d’ouvrir, s’attendant à introduire un personnage très-distingué ; mais ô surprise ! un Irlandais s’offre à sa vue… C’était un soldat de la Révolution qui venait rendre visite au général Washington.

5. « Son Excellence est-elle chez elle ? » demanda l’Irlandais. « Oui, » répondit le suisse, « mais vous ne pouvez pas la voir car elle attend de la société. » « Eh bien » dit Pat, « je puis entrer. » « Non, vous ne le pouvez pas. » « Mais je le veux » — et en disant cela il entra et prit un siège.

6. Les ministres d’état, les sénateurs et les juges arrivèrent bientôt et tandis que tous ces grands personnages discutaient sur les affaires les plus importantes, Pat, son chapeau sous le bras, observait tout, et pensait qu’il n’avait jamais vu une si belle compagnie.

7. Personne ne le dérangea, il ne dérangea personne. Enfin le monde se retira, et alors le suisse avertit le Président, qu’il y avait là un entêté d’Irlandais, qui ne voulait pas s’en aller. « C’est probablement quelque vieux soldat », dit Washington. « Voyons le. »

8. L’Irlandais se leva en apercevant son général, et jetant avec force son chapeau sur le parquet, il cria d’une voix terrible, « Vive son Excellence ! » Puis il commença son discours en ces termes : « Avec votre permission, j’ai été un des soldats de votre Excellence, j’ai servi sous les ordres de votre Excellence, et j’ai attrapé de bons coups. J’ai été blessé à la bataille de Germantown, avec votre permission — mais ils ne m’ont pas tué, car je vis encore. — Vive l’Amérique, vive Washington ! — Je suis content de vous revoir encore une fois, mon général ; et comment se portent la chère dame et les chers petits enfants ?

9. Washington ne put se contenir plus longtemps, il éclata de rire et remercia Pat de s’informer de la santé de Mme. Washington, il lui dit qu’elle se portait bien, mais que quant aux petits enfans, malheureusement il n’en avait pas.

10. « Bénie soit votre Excellence, je vous en aurais souhaité mille, et qui vous eussent tous ressemblés. » Washington savait ce qu’attendait ce pauvre homme et lui glissant une pièce de monnaie dans la main, il se retira. « Vive mon général ! » s’écria Pat, en mettant l’argent dans sa poche.

11. Ayant repris son chapeau il se dirigea vers la porte et en passant devant le suisse, il lui dit en lui montrant son argent, « vous voyez que son Excellence ne dédaigne pas un de ses vieux soldats. » — Vive Washington !