L’histoire des États-Unis racontée aux enfans/Présidence de John Adams

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Traduction par Mathilde Leiris.
E. Johns & Cie (p. 105-110).

Madame Fries suppliant le président Adams de pardonner à son mari.

LEÇON XIX.

john adams, président.


1. Le général Washington, ayant refusé d’être réélu une troisième fois, en 1797 John Adams fut choisi pour son successeur et Thomas Jefferson devint vice-président.

2. Peu de temps après la France menaça de faire la guerre aux États-Unis.

3. Dans cette attente, le congrès ordonna de lever une armée et de nommer Washington pour la commander, mais les difficultés se concilièrent et l’armée fut dissoute.

4. Le 4 Décembre 1799, le général Washington mourut. Cet événement répandit la tristesse dans tout le pays et chaque Américain ressentit la perte que sa patrie venait de faire.

5. En 1800 la ville de Washington devint le siège du gouvernement ; jusqu’alors il avait été fixé à Philadelphie.

6. En 1801, les quatre années de présidence de Mr. Adams étant expirées, Thomas Jefferson lui succéda, et Aaron Burr fut élu vice-président.


QUESTIONS.

1. En quelle année John Adams fut-il élu président ? Qui nomma-t-on vice-président ?

2. Peu de temps après quelle fut la nation qui menaça de faire la guerre aux États-Unis ?

3. Que fit le congrès dans cette attente ? Qui nomma-t-on pour commander l’armée ? Comment les choses se terminèrent-elles ?

4. Quel jour le général Washington mourut-il ? Que dit-on de cet événement ?

5. En quelle année la ville de Washington devint-elle le siège du gouvernement ?

6. En quelle année Mr. Jefferson fut-il choisi président ? Qui nomma-t-on vice-président ?


HISTOIRE.

1. J’ai deux histoires à vous raconter au sujet du président Adams qui succéda à Washington. — L’une de ces histoires prouve son courage ; la seconde son humanité.

2. En 1778, pendant la guerre de la Révolution le congrès nomma Mr. Adams, ambassadeur en France. La frégate Boston, fut équipée pour le conduire dans ce pays. Le capitaine Tucker, homme brave et loyal la commandait.

3. À cette époque l’océan était couvert de corsaires Anglais, qui étaient à la recherche des vaisseaux Américains, ce qui rendait très-dangereux le voyage de l’ambassadeur.

4. Quelques jours après le départ, on découvrit un navire anglais. Le capitaine Tucker fut rempli de joie, en pensant qu’il allait avoir l’occasion de faire honneur à sa patrie.

5. Mr. Adams s’apercevant de son émotion lui demanda s’il voulait attaquer l’ennemi qui se présentait. « De tout mon cœur, » répliqua l’ardent capitaine, « si vous le permettez, nous allons fondre sur lui ». « Eh bien, reprit l’ambassadeur, » « vous avez mon consentement ; nous désirons tous partager l’honneur de l’attaque »

6. « Ah ! » s’écria le capitaine, « votre excellence veut plaisanter en parlant ainsi, car elle sait que j’ai l’ordre de la conduire en sûreté. Nous n’engagerons le combat que si vous descendez. » « Descendre, descendre ! » s’écria l’ambassadeur, « Oui je descendrai — mais — »

7. Le capitaine ne connaissait pas le caractère de l’homme qu’il conduisait et ne songeait qu’à se préparer à l’attaque. Toutes les voiles furent déployées et tous les fusils chargés.

8. La bataille s’engagea à une certaine distance et comme les vaisseaux s’avançaient toujours l’un vers l’autre, l’action devenait plus vive. Mr. Adams qui pendant quelques minutes s’était efforcé de rester tranquillement dans sa cabane, ne put contenir son ardeur en voyant que le danger augmentait. Il s’élança sur le pont, saisit son mousquet et se conduisait en héros lorsqu’il fut aperçu du capitaine Tucker.

9. « Quoi, ! » s’écria ce dernier, « votre Excellence est ici, vous m’aviez promis de rester en bas, faut-il que je vous ordonne de descendre ? » « Je descendrai quand le combat sera fini, » reprit l’ambassadeur, se préparant à une nouvelle décharge ; mais l’intrépide capitaine, l’entraîna de force dans la cabine.

10. Mon autre histoire est un trait, d’humanité de Mr. Adams, lorsqu’il était président.

11. Un certain individu nommé Jean Fries ayant trempé dans une conjuration faite en Pensylvanie fut condamné à mort et Mr. Adams approuva cette sentence.

12. Fries était un vieillard. Il avait une femme et dix enfans. Plusieurs de ces enfans étaient en bas âge, le dernier même ne marchait pas encore, et tout le monde trouvait bien déplorable qu’un homme de cet âge et père d’une si nombreuse famille fût mis à mort.

13. On résolut donc de faire signer une pétition par les principaux habitans de l’endroit pour obtenir la grâce du malheureux vieillard. La pétition circula et plusieurs milliers de personnes y ajoutèrent leurs noms.

14. Mme. Fries et ses dix enfans dont le plus jeune était dans ses bras allèrent la présenter au président.

15. En entrant dans la chambre où il était assis, la pauvre mère et tous ses enfans se jetèrent à genoux. Mme. Fries lui présenta sa pétition le suppliant d’épargner son mari et les enfans demandèrent en pleurant la vie de leur père.

16. C’était une scène déchirante que la désolation de cette famille. Le président regarda la pétition, il jeta ensuite les yeux sur ce groupe prosterné et suppliant. Des pleurs ruisselèrent de ses yeux. Il se leva précipitamment, entra dans son cabinet, saisit une plume, signa l’arrêt de grâce du coupable, et le présenta à l’heureuse famille qui ne versa plus que des larmes de joie.