L’histoire des États-Unis racontée aux enfans/James Monroe, président
LEÇON XXII.
james monroe, président.
1. Le 4 Mars 1817 Mr. Monroe fut appelé à la présidence qu’il conserva pendant huit ans.
2. La guerre étant alors terminée le pays recommença à fleurir, le commerce se ranima et les manufactures furent mises en activité.
3. Pendant l’été et l’automne de cette même année 1817, le président Monroe fit une tournée dans ses états, afin de mieux connaître les besoins de chacun d’entr’eux. Il fut reçu partout avec les égards dûs à son rang et à son caractère.
4. Pendant la session du congrès, en 1817 et 1818, on publia un édit en faveur des officiers et des soldats de la révolution, par lequel on adjugeait vingt dollars par mois aux premiers, et huit aux seconds. Ils devaient conserver cette rente toute leur vie. Une telle récompense fait honneur au gouvernement américain, mais elle était dûe à ceux qui avaient acheté par tant de fatigues et de souffrances la liberté de leur pays.
5. En 1818 les Américains furent obligés de faire la guerre aux Indiens Seminole. Ces Indiens habitaient la Floride et une partie des États-Unis. Ils furent les agresseurs. Ils avaient massacré des blancs et il fallait les châtier.
6. Le général Jackson se mit à la tête des troupes américaines, et au bout d’un an les Indiens furent subjugués. On a reproché à Mr. Jackson, d’avoir usé d’une rigueur inutile pendant le temps de son commandement. Vous pourrez en juger vous-mêmes quand vous serez plus âgés.
7. Les dernières années de l’administration de Mr. Monroe ne sont marquées par aucun événement important. Le pays continua à fleurir et le président fut toujours aimé et respecté.
8. En 1815, il se retira du gouvernement emportant avec lui l’estime et la reconnaissance des Américains. John Quincy Adams lui succéda. Jean C. Calhoun devint vice-président.
QUESTIONS.
1. Quand Mr. Monroe fut-il nommé président ? Combien de temps conserva-t-il la présidence ?
2. Que dit-on de l’état du pays lorsque la guerre fut terminée ?
3. Quel voyage Mr. Monroe entreprit-il en 1817 ? Dans quelle intention ? Comment fut-il reçu ?
4. Quel édit publia le congrès en 1817 et 1818 ? Que dit-on de cette récompense ?
5. Quelle guerre eut lieu en 1818 ? Quel pays ces Indiens habitaient-ils ? Comment furent-ils les agresseurs ?
6. Qui fut mis à la tête des troupes ? Quand les Indiens furent-ils subjugués ? Quel reproche a-t-on fait à Mr. Jackson ?
7. Que dit-on des dernières années de l’administration de Mr. Monroe ?
8. Quand se retira-t-il du gouvernement ? Qui lui succéda ? Qui fut nommé vice-président ?
HISTOIRE.
1. En 1817 Mr. Monroe partit pour visiter ses états. Ce fut un spectacle aussi nouveau qu’intéressant de voir le président d’une si vaste contrée, voyager sans pompe ni éclat et cependant recevoir partout des témoignages d’amour et de respect.
2. Dans d’autres pays les rois et les princes vont aussi quelquefois visiter leurs possessions, mais alors des carrosses magnifiques, des valets richement habillés, des gardes nombreux sont l’apanage indispensable du royal personnage ; lui même affecte tant d’orgueil et de dédain qu’il semble se croire un être supérieur à l’espèce humaine. De cette manière il ôte à ses sujets les moyens de l’aborder et les trouve déjà fort honorés de pouvoir contempler son auguste visage.
3. Il n’en fut pas ainsi de la visite de Mr. Monroe. Son équipage était simple mais convenable et il se montrait bienveillant et civil envers tous ceux qui venaient lui parler. Les hommes peuvent se faire respecter sans être orgueilleux et quel que soit le rang qu’ils occupent ils ne doivent jamais mépriser leurs semblables.
4. Les manières modestes de Mr. Monroe charmèrent les Américains. Ils l’avaient élevé à la première dignité, ils le comblèrent de nouveaux honneurs. Toute la population courut sur son passage, les cloches sonnèrent, le canon fut tiré, des processions se formèrent, de grandes fêtes furent données et ceux mêmes qui avaient voté pour un autre président se mêlèrent aux réjouissances publiques,
5. Quel fortuné pays est le vôtre, mes enfans, quelle simplicité de mœurs ! quelle liberté ! quelle égalité ! Si vous étiez né en Angleterre, vous ne pourriez jamais songer à être le Roi de cette contrée, de même en Russie, vous n’auriez jamais l’espoir de devenir Czar, mais dans les États-Unis, le plus misérable petit garçon que vous voyez jouer dans la rue peut s’élever. Les emplois sont ouverts à tous ceux qui se conduisent bien. Si vous êtes un petit garçon, peut être deviendrez-vous le Président des États-Unis ; si vous êtes une petite fille peut être aurez vous un jour le titre de Madame la Présidente.
6. En se rendant de Washington à New-York Mr. Monroe passa par Trenton, ville du New-Jersey, située sur la Delaware à trente milles nord-est de Philadelphie. Là fut livrée le 26 Décembre 1776 la célébre bataille de Trenton. Mr. Monroe n’était alors que lieutenant dans l’armée américaine. Il se battit et fut dangereusement blessé.
7. Avant la bataille de Trenton les ressources des Américains étaient presqu’épuisées, l’armée avait été forcée à se retirer dans l’état de Delaware. Des troupes anglaises étaient campées à Trenton. Washington stimulé par le danger que courait sa patrie, résolut de faire une dernière tentative pour la sauver il rassembla ses troupes sur les bords de la Delaware et leur dit ; qu’il fallait traverser cette rivière, et surprendre l’ennemi.
8. La nuit était sombre et humide, le tonnerre grondait, la grêle tombait avec violence, à minuit les bateaux traversèrent la Delaware. La providence sourit à leurs efforts, ils abordèrent bientôt sur la rive opposée. Les Anglais attaqués par surprise perdirent leur commandant et restèrent presque tous prisonniers. Une victoire aussi importante rendit l’espérance aux Américains et ranima leur courage.
9. Pendant l’action, Mr. Monroe fut blessé par un boulet qui lui traversa l’épaule. Cette profonde blessure lui causa les plus grandes souffrances et le retint longtemps languissant. Il était loin de prévoir alors que quarante ans plus tard il visiterait ce même champ de bataille, accueilli et fêté par des milliers d’hommes libres, dont lui même serait le président.