L’histoire des États-Unis racontée aux enfans/James Madison, président — Guerre avec l’Angleterre

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Traduction par Mathilde Leiris.
E. Johns & Cie (p. 119-127).

Un officier Anglais mortellement blessé.

LEÇON XXI.

james madison, président. — guerre avec l’angleterre.


1. Mr. Madison devint président le 4 Mars 1809, et conserva cette dignité pendant huit ans.

2. Les difficultés entre les États-Unis et l’Angleterre qui avaient commencé sous la présidence de Mr. Jefferson devenaient de jour en jour plus sérieuses et l’on essayait vainement de les concilier.

3. En Mai 1811 la corvette anglaise Petit Belt, tira sur la frégate américaine Président. Cette attaque non provoquée remplit les Américains d’une juste indignation.

4. Dans cet état de choses, Mr. Madison assembla le congrès, et le 4 Juin 1812 la guerre fut déclarée à l’Angleterre.

5. Cette déclaration de guerre mécontenta beaucoup de gens qui la trouvaient inutile. Ils pensaient que les difficultés auraient pu être conciliées sans le secours des armes. Quand mes élèves seront plus âgés, ils auront eux-mêmes leur opinion à ce sujet. La guerre de 1812 fut appelée guerre de Madison parce qu’elle eut lieu sous l’administration de ce président.

6. Les Américains n’obtinrent point d’avantages sur terre et s’efforcèrent en vain de prendre le Canada. La marine fut plus heureuse, ses succès furent signalés.

7. La première bataille navale eut lieu entre la frégate américaine Constitution et la frégate anglaise Guerrière. Leurs forces étaient à peu près égales ; la lutte se prolongea. Enfin la frégate anglaise fut démâtée et les vainqueurs y mirent le feu.

8. Un second combat naval s’engagea dans lequel le Macédonien fut pris par la frégate américaine États-Unis. Le brave capitaine Decatur commandait les Américains. Pendant l’action le charpentier de la Macédoine avait été tué et ses trois petits enfans n’avaient plus d’autre soutien que leur mère, femme sans mérite. Les matelots américains en apprenant le sort de ces infortunés leur donnèrent huit cents dollars qu’ils avaient pris sur leurs gages. Ce trait d’humanité est bien digne d’éloges !

9. La prise du Java par la Constitution et celle du Peacock par le Hornet vinrent encore ajouter à notre gloire. Le Peacock fut battu en moins d’un quart d’heure et tellement criblé de balles qu’il coula à fond avant qu’on ait pu sauver ses hommes.

10. Je présume que vous avez entendu parler de la bataille du lac Érié. Elle eut lieu entre deux flottes après un combat désespéré, la flotte entière des Anglais fut enveloppée, et le capitaine Perry qui commandait les Américains annonça la victoire par ces mots : « Nous avons rencontré l’ennemi et il est à nous. » La bataille du lac Érié fut gagnée le 10 Septembre 1813.

11. Le 23 Août 1814 six mille Anglais remontèrent le Chesapeake, prirent la ville de Washington et brûlèrent le capitol ainsi que la maison du Président. Les Américains ressentirent vivement cet outrage qui fit peu d’honneur aux Anglais.

12. Le 11 Septembre eut lieu un célèbre combat naval sur le lac Champlain. La flotte anglaise consistait en soixante dix vaisseaux, celle des Américains n’en avait que quatorze, cependant ces derniers remportèrent une victoire si complète que presque toute la flotte ennemie tomba au pouvoir de leur chef M’Donough.

13. Le 24 Décembre 1814 les États-Unis conclurent un traité de paix avec l’Angleterre.

14. Ce traité fut signé à Gand dans les Pays-Bas où se rencontrèrent des plénipotentiaires des deux puissances qui s’entendirent pour concilier les difficultés. Avant que la nouvelle de la paix fût arrivée en Amérique, la fameuse bataille de la Nouvelle Orléans s’engagea le 8 Janvier 1815 Le général Jackson, depuis président commandait les américains, il remporta une glorieuse victoire. Le général anglais Packenham périt dans le combat.

15. En 1817 Mr. Madison quitta la présidence, James Monroe lui succéda et Daniel D. Tomkins fut nommé vice-président.

QUESTIONS.

1. À quelle époque Mr. Madison devint-il président ? Combien de temps conserva-t-il cette dignité ?

2. Que dit-on des difficultés qui avaient commencé entre les États-Unis et l’Angleterre, sous la présidence de Mr. Jefferson ?

3. Qu’arriva-t-il au mois de Mai 1811 ? Quelle impression cette attaque fit-elle sur l’esprit des Américains ?

4. Que fit Mr. Madison ? À quelle époque la guerre fut-elle déclarée ?

5. Que pensa-t-on de cette guerre ? Pourquoi ? Comment cette guerre fut-elle appelée ? Pourquoi ?

6. Les Américains obtinrent-ils des avantages sur terre ? Quelle entreprise firent-elles ? Réussirent-ils ? Eurent-ils des succès sur mer ?

7. Entre quelles frégates la première bataille navale eut-elle lieu ? Donnez quelques détails sur ce combat ?

8. Entre quels vaisseaux eut lieu le second combat ? Qui commandait les Américains ? Racontez l’histoire du charpentier de la Macédoine.

9. Quels autres succès ajoutèrent encore à notre gloire ? Donnez des détails sur la défaite du Peacock ?

10. Quelle bataille fut ensuite livrée ? Eut-elle lieu seulement entre deux vaisseaux ? Qu’arriva-t-il à la flotte anglaise ? Comment le capitaine Perry annonça-t-il la victoire ? Quel jour fut-elle remportée ?

11. Quel jour les Anglais prirent-ils Washington ? Quels monuments brûlèrent-ils ? Que dit-on de cette attaque ?

12. Quand fut livrée la bataille du Lac Champlain ? Combien de vaisseaux les Anglais avaient-ils ? Et les Américains ? Par qui la victoire fut-elle remportée ? Au pouvoir de qui presque toute la flotte ennemie resta-t-elle ?

13. Quand la paix fut-elle signée ?

14. Dans quelle ville des Pays-Bas fut elle signée ? Avant que la nouvelle de la paix fut reçue quelle bataille les Américains livrèrent-ils aux Anglais ? Qui commandait les Américains ? À qui la victoire resta-t-elle ? Quel général Anglais périt dans le combat ?

15. En quelle année Mr. Madison quitta-t-il la présidence ? Qui lui succéda ? Qui fut nommé vice-président ?


HISTOIRE.

1. Je pourrais remplir bien des feuilles si je vous racontais tous les événements qui se sont passés pendant la guerre. Je vous citerais des aventures merveilleuses, des dangers évités comme par miracle, des batailles, des victoires, des défaites, mais je n’ai de place que pour une seule histoire, celle que je vous raconterai excitera, je l’espère, votre intérêt.

2. Au mois de Septembre 1814, un escadron anglais commandé par le chevalier Thomas Hardy parut à Stonington, petit village situé dans la partie orientale du Connecticut. Bientôt après, on vit entrer dans le port un bateau anglais. Qu’est ce que cela voulait dire ?

3. Un homme sortit du bateau et dit aux habitans de renvoyer leurs femmes et leurs enfans dans un lieu de sûreté parce que la ville allait être réduite en cendres.

4. Alors les Anglais commencèrent une vigoureuse attaque. Je ne puis vous dire quel en fut le motif. Les habitans de Stonington n’avaient certainement rien fait qui méritât un châtiment aussi cruel.

5. Ils se défendirent bravement. Dans le cours de l’attaque, plusieurs bateaux remplis de soldats anglais essayèrent de débarquer. Quelques uns de ces bateaux coulèrent à fond. L’un d’eux flotta sur le rivage, on y trouva un garde marine blessé.

6. Sa blessure était mortelle. Mais quoiqu’il fût un ennemi et qu’on eût perdu l’espoir de le sauver, on lui donna les soins les plus assidus. C’était un beau jeune homme, plein de bravoure et d’un caractère noble et généreux. Chacun lui porta des secours et les médecins employèrent pour le guérir toutes les ressources de leur art.

7. Ce fut en vain, sa dernière heure était arrivée, la mort vint le frapper. Il fut enseveli avec tous les honneurs militaires et plus d’une larme fut répandue sur le sort de ce jeune infortuné qui expirait loin de sa patrie, de sa famille, de ses amis…

8. Plusieurs mois s’écoulèrent, la guerre était terminée, on commençait à oublier les malheurs qu’elle avait causés. — Un jour un monsieur d’un âge avancé, descend de voiture et entre dans l’auberge de Stonington.

9. Cet étranger avait l’air vénérable, « Monsieur, » dit-il à l’hôte « ce village a-t-il essuyé une attaque pendant la dernière guerre ? »

10. « Oui Monsieur, » répliqua l’hôte. « N’y eut-il pas un officier anglais qui fut tué à cette époque ? » ajouta l’étranger. « Il y en eut un blessé, qui expira au milieu de nous, » répondit l’hôte. « C’était un jeune homme auquel tout le monde s’intéressait, et si les soins les plus assidus avaient pu le sauver, il ne serait point mort. »

11. L’étranger leva les yeux au ciel et pria l’hôte de lui indiquer le lieu où reposait ce jeune homme, l’hôte l’y conduisit et le vieillard y resta seul.

12. La soirée était avancée lorsqu’il rentra à l’auberge. Le lendemain il se leva de bonne heure et retourna à l’endroit où on l’avait conduit la veille, il y passa plusieurs heures.

13. Il revint au milieu de la journée, mangea un morceau, fit venir sa voiture et prit congé de son hôte. « Monsieur, » lui demandit celui-ci, « oserais-je vous demander si le jeune garde-marine auquel vous vous intéressez était de votre famille ? »

14. « Oui, » répartit le vieillard, « c’était mon fils, mon fils unique, qui m’était plus cher que tout ce que la terre possède. Je n’ai fait, ce voyage que dans l’intention de trouver le lieu de sa sépulture : je l’ai trouvé, je l’ai vu, je repars content et je rends grâces à Dieu que mon fils soit tombé parmi un peuple qui sait être généreux même envers ses ennemis. »

15. Si nous apprenons avec tristesse les malheurs que les guerres entraînent toujours après elles, combien n’est-il pas touchant de rencontrer des exemples de compassion et de bienfaisance comme celui que nous venons de vous rapporter.