La Cathédrale de Lyon/II/4

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Henri Laurens (p. 30-34).

Intérieur de l’abside. — À l’intérieur, le soubassement, du sol aux premières fenêtres, est construit en marbre et en pierre de choin poli. Les assises de la base forment deux gradins circulaires, au-dessus desquels se développe une suite d’arcatures aveugles et géminées, portée par des pilastres cannelés à chapiteaux de marbre blanc ; le tout est couronné d’une frise incrustée de ciment brun. Ce parti décoratif se prolonge sur les parois des deux chapelles latérales. À l’aplomb des six colonnes qui s’élancent entre les fenêtres pour soutenir les nervures de la voûte, d’autres pilastres plus

Soubassement de l’abside
Frise incrustée, xiie siècle.

Photo L. Bégule.
saillants portent six chapiteaux curieusement historiés : ils représentent les Rois Mages se rendant à Bethléem, la Vierge présentant l’Enfant-Dieu à leur adoration, la Nativité, où la Vierge, couchée, refuse du geste les soins que lui offre une servante et, enfin, le premier bain de l’Enfant Jésus : deux femmes lavent l’Enfant dans un vase qui a la forme d’une urne baptismale : ce sont les sages-femmes dont parlent les Évangiles apocryphes. C’est au centre de cet hémicycle que se trouvait l’ancienne
Photo L. Bégule.

Chapiteau du soubassement de l’abside
cathedra de nos archevêques, composée d’un siège de marbre élevé sur trois marches et de deux accoudoirs, dont la disposition est encore très visible.
A. Monvenoux et L. Bégule del.

Trône pontifical au fond de l’abside

Le chapiteau qui surmonte le dossier du trône représente Dieu le Père bénissant, avec le texte : Ego sum qui sum incrusté dans le marbre du tailloir. Malheureusement, les gradins, très richement incrustés de ciments colorés et qui sont la partie la plus importante de ce précieux témoignage de la puissance temporelle de nos anciens archevêques, restent, depuis plus d’un siècle, cachés sous un plancher impénétrable.

Dans la travée du chœur joignant le chevet, le mur est dépourvu de fenêtres et simplement occupé par un deuxième rang de hautes arcatures aveugles et peu saillantes à l’aplomb de celles du soubassement. Ces arcatures sont formées de trois lobes en fer à cheval, dont le tracé rappelle de la façon la plus singulière l’art musulman. Les chapiteaux de cet étage, en marbre blanc, sont plats et décorés simplement d’incrustations de ciment brun rouge. À droite, ce sont des feuilles d’acanthe ; à gauche, on voit un chameau et son conducteur, des têtes vomissant des feuillages, un coq surpris par l’apparition du diable.

La galerie du triforium, se développant tout autour du chœur pour rejoindre celle du transept et de la nef, forme le troisième étage de l’abside. Les arcades sont portées par des colonnettes de marbre alternant avec des pilastres cannelés ou même chevronnés et surmontés de fort beaux chapiteaux à feuillages, de l’art bourguignon le plus pur. Ici s’arrête dans l’abside l’œuvre du XIIe siècle.