La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition critique/Laisse 46
XLVI | |||
Ço dist Marsilies : — qu’en parlereient il plus ? | Marsile alors — et pourquoi de plus longs discours ? | ||
« — Cunseill n’est proz dunt hume n’est soürs : | « — Il n’est pas, dit-il, de bon conseiller, si l’on n’en est point sûr :
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605 | « La traïsun me jurrez de Rollant, se il i est. » | « Jurez-moi, si Roland vient là-bas, jurez-moi de le trahir. »
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Ço respunt Guenes : « Issi seit cum vus plaist. » | Et Ganelon : « Qu’il soit fait, répond-il, selon votre volonté ! »
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Sur les reliques de s’espée Murgleis | Et le voilà qui, sur les reliques de son épée Murgleis, | ||
La traïsun jurat ; s’en est forsfait. | Aoi. | Jure la trahison. Le crime est consommé. |
Vers 603, 604. — Ces deux vers ne sont pas assonancés comme le reste du couplet. On pourrait peut-être les changer ainsi qu’il suit, d’après les indications de M. Müller :
Ço dist Marsilies, — qu’en direient-ils mais ?
« Cunseill n’est proz dunt hume n’est certains.
« La traïsun de Rollant me jurreiz... »
Le Ms. de Venise (VII) nous offre ici la version suivante : Çe dist Marsile : De cest or me tairai ; — Ne pris conseil se je à chief n’en trai...
Vers 605. — Si il i est. O. La conjonction latine si a donné en français se. Si vient de sic. (Voyez des exemples de se aux vers 74, 221, 273, 63, 987, etc. etc.) Cf. 475.
Vers 606. — Vos. O.
Vers 608. — La traïsun jurat e si s’en est forsfait. O. C’est un vers de 12 syllabes : nous l’avons ramené à un décasyllabe. Ainsi avons-nous dû procéder toutes les fois que le changement est légitime.