La Cité de Dieu (Augustin)/Livre XII/Chapitre XXIII

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La Cité de Dieu
Texte établi par RaulxL. Guérin & Cie (Œuvres complètes de Saint Augustin, tome XIIIp. 263-264).

CHAPITRE XXIII.

de la nature de l’âme humaine créée a l’image de dieu.

Dieu a fait l’homme à son image ; car il lui a donné une âme douée de raison et d’intelligence qui l’élève au-dessus de toutes les bêtes de la terre, de l’air et des eaux. Après avoir formé le corps d’Adam avec de la poussière et donné une âme à ce corps, soit que cette âme fût déjà créée par avance, soit que Dieu l’ait fait naître en soufflant sur la face d’Adam, et que ce souffle divin soit l’âme humaine elle-même[1], il voulut donner au premier homme une femme pour l’assister dans la génération, et la forma par une puissance toute divine d’un os qu’il avait tiré de la poitrine d’Adam. Ceci au surplus ne veut pas dire être conçu grossièrement, comme si Dieu s’était servi de mains pour son œuvre, à l’exemple des artisans que nous voyons chaque jour exécuter leurs travaux matériels. La main de Dieu, c’est sa puissance, ouvrière invisible des choses visibles. Mais tout cela passe pour des fables dans l’esprit de ceux qui mesurent sur ce que leurs yeux ont l’habitude de voir la puissance et la sagesse d’un Dieu qui n’a pas besoin de semences pour produire tout et les semences elles-mêmes ; comme si les choses mêmes qui tombent sous le regard des hommes, telles que la conception et la naissance, ne leur sembleraient pas, s’ils n’en avaient l’expérience , plus incroyables encore que l’acte divin de la création ; mais la plupart aiment mieux attribuer ces effets aux causes naturelles qu’à la vertu de Dieu[2].

  1. Entre ces deux alternatives, saint Augustin préfère la première dans son traité De Gen. ad litt., n. 35.
  2. Sur la formation de la femme et sur la coopération des anges aux œuvres de Dieu, voyez le traité de saint Augustin De Gen. ad litt., n. 26-30.