La Cité de Dieu (Augustin)/Livre XI/Chapitre XXXI

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La Cité de Dieu
Texte établi par RaulxL. Guérin & Cie (Œuvres complètes de Saint Augustin, tome XIIIp. 243-244).
CHAPITRE XXXI.
DU SEPTIÈME JOUR, QUI EST CELUI OU DIEU SE REPOSE APRÈS L’ACCOMPLISSEMENT DE SES OUVRAGES.

Quant au septième jour, c’est-à-dire au même jour répété sept fois, nombre qui est également parfait, quoique pour une autre raison, il marque le repos de Dieu[1], et il est le premier que Dieu ait sanctifié[2]. Ainsi, Dieu n’a pas voulu sanctifier ce jour par ses ouvrages, mais par son repos, qui n’a point de soir, car il n’y a plus dès lors de créature, qui, étant connue dans le Verbe de Dieu autrement qu’en elle-même, constitue la distinction du jour en matin et en soir[3]. Il y aurait beaucoup de choses à dire touchant la perfection du nombre sept ; mais ce livre est déjà long, et je crains que l’on ne m’accuse de vouloir faire un vain étalage de ma faible science. Je dois donc imposer une règle à mes discours, de peur que, parlant du nombre avec excès, il ne semble que je manque moi-même à la loi du nombre et de la mesure. Qu’il me suffise d’avertir ici que trois est le premier nombre impair, et quatre le premier pair, et que ces deux nombres pris ensemble font celui de sept. On l’emploie souvent par cette raison, pour marquer indéfiniment tous les nombres, comme quand il est dit : « Sept fois le juste tombera, et il se relèvera[4] », c’est-à-dire, il ne périra point, quel que soit le nombre de ses chutes. Par où il ne faut pas entendre des péchés, mais des afflictions qui conduisent à l’humilité. Le Psalmiste dit aussi : « Je vous louerai sept fois le jour[5] » ; ce qui est exprimé ailleurs ainsi : « Les louanges seront toujours en ma bouche[6] ». Il y a beaucoup d’autres endroits semblables dans l’Ecriture, où le nombre sept marque une généralité indéfinie. Il est encore souvent employé pour signifier le Saint-Esprit, dont Notre-Seigneur dit : « Il vous enseignera toute vérité[7] ». En ce nombre est le repos de Dieu, je veux dire le repos qu’on goûte en Dieu ; car le repos se trouve dans le tout, c’est à savoir dans le plein accomplissement, et le travail dans la partie. Aussi la vie présente est-elle le temps du travail, parce que nous n’avons que des connaissances partielles[8] ; mais lorsque ce qui est parfait sera arrivé, ce qui n’est que partiellement s’évanouira. De là vient encore que nous avons ici-bas de la peine à découvrir le sens de l’Ecriture ; mais il en est tout autrement des saints anges, dont la société glorieuse fait l’objet de nos désirs dans ce laborieux pèlerinage : comme ils jouissent d’un état permanent et immuable, ils ont une facilité pour comprendre égale à la félicité de leur repos. C’est sans peine qu’ils nous aident, et leurs mouvements spirituels, libres et purs, ne leur coûtent aucun effort.

  1. Gen. II, 1.
  2. Comp. De Gen. ad litt., lib. v, n. 1-3, et lib. iv, n. 7-9 ; Gen. ii, 3.
  3. Voyez plus haut, ch. 7.
  4. Prov. XXIV, 16.
  5. Ps. cxviii, 164.
  6. Ps. xxxiii, 1.
  7. Jean, xvi ; 13.
  8. I Cor. xiii, 9.