La Colombe égarée

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La Colombe égarée



 
Quel vent t’amène aux portes de nos villes,
Pauvre colombe, habitante des champs ?
Loin de ton nid, loin de tes bois tranquilles,
Que viens-tu faire au pays des méchants ?

Pour tes petits, industrieuse mère,
Viens-tu chercher quelque grain dans nos murs ?
Hélas ! ces murs n’ont qu’aride poussière,
Ruisseaux fangeux, pierres, débris impurs.


Rentre au désert : là sont tes verts ombrages ;
Là, tout, sans peine, à tes vœux peut s’offrir ;
Fruits savoureux, épis, graines sauvages,
L’eau du torrent, le soleil, le zéphyr…..

Rentre au désert, aimable vagabonde !
Ne vois-tu pas comme l’enfant pervers,
L’œil aux aguets, va préparant sa fronde,
Et de ses cris te poursuit dans les airs ?

Fuis ! sous nos toits habite l’esclavage !
Mieux vaut braver la serre du trépas.
L’homme se fait un plaisir de sa rage,
L’aigle dévore, et ne tourmente pas.

Oh ! si j’avais tes deux ailes légères,
Loin des cités, dont l’air pèse sur moi,
Je m’enfuirais dans tes bois solitaires,
Mais sans vouloir les quitter comme toi !