La Défense de mon oncle/Édition Garnier/Chapitre 14

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CHAPITRE XIV.
que les juifs haïssaient toutes les nations.

L’auteur du Supplément à la Philosophie de l’Histoire croit accabler l’abbé Bazin en répétant les injures atroces que lui dit Warburton au sujet des Juifs. Mon oncle était lié avec les plus savants Juifs de l’Asie. Ils lui avouèrent qu’il avait été ordonné à leurs ancêtres d’avoir toutes les nations en horreur ; et, en effet, parmi tous les historiens qui ont parlé d’eux, il n’en est aucun qui ne soit convenu de cette vérité ; et même, pour peu qu’on ouvre les livres de leurs lois, vous trouverez au chapitre iv (37-38) du Deutéronome : « Il vous a conduits avec sa grande puissance pour exterminer à votre entrée de très-grandes nations. »

Au chapitre vii : « Il consumera peu à peu les nations devant vous par parties ; vous ne pourrez les exterminer toutes ensemble, de peur que les bêtes de la terre ne se multiplient trop (v. 22)…

« Il vous livrera leurs rois entre vos mains. Vous détruirez jusqu’à leur nom : rien ne pourra vous résister (v. 24). »

On trouverait plus de cent passages qui indiquent cette horreur pour tous les peuples qu’ils connaissaient. Il ne leur était pas permis de manger avec des Égyptiens ; de même qu’il était défendu aux Égyptiens de manger avec eux. Un Juif était souillé, et le serait encore aujourd’hui, s’il avait tâté d’un mouton tué par un étranger, s’il s’était servi d’une marmite étrangère. Il est donc constant que leur loi les rendait nécessairement les ennemis du genre humain. La Genèse, il est vrai, fait descendre toutes les nations du même père. Les Persans, les Phéniciens, les Babyloniens, les Égyptiens, les Indiens, venaient de Noé, comme les Juifs : qu’est-ce que cela prouve, sinon que les Juifs haïssaient leurs frères ? Les Anglais sont aussi les frères des Français. Cette consanguinité empêche-t-elle que Warburton ne nous haïsse ? Il hait jusqu’à ses compatriotes, qui le lui rendent bien.

Il a beau dire que les Juifs ne haïssaient que l’idolâtrie des autres nations, il ne sait pas absolument ce qu’il dit. Les Persans n’étaient point idolâtres, et ils étaient l’objet de la haine juive. Les Persans adoraient un seul Dieu, et n’avaient point alors de simulacres. Les Juifs adoraient un seul Dieu, et avaient des simulacres, douze bœufs dans le temple, deux chérubins dans le saint des saints. Ils devaient regarder tous leurs voisins comme leurs ennemis, puisqu’on leur avait promis qu’ils domineraient d’une mer à l’autre, et depuis les bords du Nil jusqu’à ceux de l’Euphrate. Cette étendue de terrain leur aurait composé un empire immense. Leur loi, qui leur promettait cet empire, les rendait donc nécessairement ennemis de tous les peuples qui habitaient depuis l’Euphrate jusqu’à la Méditerranée. Leur extrême ignorance ne leur permettait pas de connaître d’autres nations, et, en détestant tout ce qu’ils connaissaient, ils croyaient détester toute la terre.

Voilà l’exacte vérité. Warburton prétend que l’abbé Bazin ne s’est exprimé ainsi que parce qu’un Juif, qu’il appelle grand babillard, avait fait autrefois une banqueroute audit abbé Bazin. Il est vrai que le juif Médina fit une banqueroute considérable à mon oncle ; mais cela empêche-t-il que Josué n’ait fait pendre trente et un rois, selon les saintes Écritures ? Je demande à Warburton si l’on aime les gens que l’on fait pendre. Hang him[1] !


  1. Pendez-le.