La Guirlande des dunes/L’Été dans les Dunes

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Deman (La Guirlande des dunesp. 69-71).

L’Été dans les Dunes


C’est à mi-côte :
La fleur de Pentecôte,
Après la fleur de Pâque y pousse
Parmi les mousses.

C’est à mi-côte, au flanc des dunes ;
La hune
Des bateaux blancs s’érige au loin, là-bas ;
Le ciel est bleu et l’horizon lilas,
Le village repose : et, sur les ailes
Du vieux moulin paralysé,
On écoute jaser,
À menu bec, les hirondelles.

Dans les sables, où se creusent mes pas,
Tout près de moi, je vois les sectes
Tatillonnes de mille insectes
Aller, venir, tourner,
Miner le sol et s’acharner.

On s’aide ou l’on se bat :
Un intervalle
Entre deux plants de jacobées,
Est un pays où l’on s’installe :
Des pucerons, des scarabées
S’y disputent et s’y piétinent ;
Mince est la touffe d’églantines,
Où brille, au bord d’une venelle,
Le dos jaspé des coccinelles.

Ô ce silence entier des dunes, à midi !

Au bord de leurs terriers, les petits lapins prestes,
Sur les mousses du sol chauffé font leurs siestes,
Le flot s’étire au loin, le vent semble engourdi
Mille dents de soleil mordent le sol sans ride,
Rien n’apparaît ; seul un nuage épais et blanc
Se tasse en boule à l’horizon brûlant,
Entre deux monts d’oyats et de sable torride.

Soudain, farouche et haletant
Un battement d’ailes s’entend
Là-haut.
Ce sont les clairs et mantelés vanneaux
Qui s’exaltent, avec des cris,
Au-dessus de leurs nids
Dissimulés à peine,
À fleur du sol, parmi la mousse et les troènes.

Et voici d’autres cris et voici d’autres ailes
Qui s’élèvent et retombent continuelles,
Avec leur ombre ouverte ou refermée,
Sur la grève aplanie et les vagues calmées.
Et les courlis cendrés et les noirs cormorans,
Et la mer d’or qui les reflète ;
Et puis au loin, le vol en fête
Des pailles-en-queue et des mouettes
Qui s’effeuille, ainsi qu’un bouquet blanc,
Dans l’air étincelant.

Et les vagues qui continuent autour du monde,
Immensément et sans repos,
Sous la clarté miroitante et profonde,
Le rythme ailé de ces oiseaux.