La Logique déductive dans sa dernière phase de développement/3/04
Propriétés simplificative, commutative, associative et distributive
des opérations logiques
94. Nous appellerons « signe d’opération », ou simplement « opération », tout signe qui, placé entre deux objets a et b d’un ensemble donné, désigne un objet déterminé du même ensemble ; en ajoutant que, parfois, le choix de a et de b, dans l’ensemble donné, est assujetti à des restrictions.
Par ex., le signe « », dans toutes ses acceptions, est un signe d’opération ; car, selon que a et b sont des nombres ou des longueurs ou des angles ou des vitesses, etc., l’écriture « » désigne respectivement un nombre, une longueur, un angle, une vitesse, etc.
De même pour le signe « » (moins) ; sauf que, si l’on veut s’occuper seulement des nombres et des grandeurs absolus, il faut assujettir a et b à la restriction que a ne soit pas plus petit que b.
Notre idéographie logique a deux signes d’opérations, savoir « » [39, 67] et « » [39, 63] (puisque je ne m’occupe plus du signe « » [73]) ; car, selon qu’ils sont placés entre deux ou deux conditions, ils donnent naissance à une (la réunion ou l’intersection des données) ou à une condition (l’affirmation alterne ou simultanée des conditions données).
Tous les deux, et dans le double rôle de chacun, ils ont des propriétés analogues à celles des signes « » et « », ainsi que l’avaient remarqué Leibniz et ses disciples [49,68] ; en effet, les deux opérations logiques ont la propriété commutative :
72. | 73. |
et la propriété associative :
74.75.
Mais ces opérations ont aussi une propriété :
76. | 77. |
qu’on peut appeler simplificative, dont ne jouissent pas les opérations correspondantes de l’Arithmétique
Les propriétés commutative et simplificative avaient été remarquées par Leibniz ; la propriété associative du signe « » a été découverte par Boole (a. 1854) et celle du signe « », par Schröder (a. 1877).
95. Tout le monde sait que, si « », alors
et
ce qu’on exprime en disant que la multiplication est distributive (à gauche et à droite) par rapport à l’addition.
Eh bien ! Chacune des opérations logiques représentées par les signes « » et « » est distributive (à gauche et à droite) par rapport à l’autre ; c’est-à-dire :
78.
79.
80.
81.
La propriété distributive du signe « » par rapport au signe « »
Fig. 7.
a été découverte par Lambert (a. 1781) et celle du signe « » par rapport au signe « » par Peirce (a. 1867).
Voilà donc un autre manque d’analogie, puisqu’en Arithmétique l’addition n’est pas distributive par rapport à la multiplication[1].
Les 79 et 81 sont des conséquences immédiates des 78 et 80, d’après les 73 et 72.
On peut vérifier chacune des 74, 75, 78, 79, 80, 81 en exécutant séparément sur la figure 7 [34] les opérations indiquées par leurs deux membres[2].
L’application simultanée des 78, 79 et des 80, 81 donne les P
82.
83.
qui apprennent à transformer une intersection de réunions dans une réunion d’intersections et réciproquement ; et dont seulement la première a son analogue pour les signes « » et « ».
96. En échangeant entre eux les deux membres de la 3 (et en y écrivant le signe « », qui y est sous-entendu par la 2) et de la 15 [67], on obtient :
On peut dire que le signe « » a la propriété distributive (à gauche) par rapport aux signes « » et « ». Mais il faut remarquer que ces signes changent de rôle d’un membre à l’autre ; car, dans les premiers membres ils désignent respectivement une intersection ou une réunion de , tandis que dans les seconds ils désignent une affirmation simultanée ou alterne de conditions.
D’après la 1, les 13 et 16 permettent de dire, avec la même remarque, qu’aussi le signe « » a la propriété distributive (à gauche) par rapport aux signes « » et « »).
97. Le signe « » a aussi la propriété distributive (à gauche) par rapport au signe « », qui conserve ou change son rôle selon que a, b, c sont des conditions ou des :
84. (Mc Coll, a. 1878[3])
ainsi qu’on peut vérifier, dans le cas des , en se rapportant à
la figure 8.
Mais le signe « » n’a pas la propriété distributive à droite par rapport au signe « ». En effet, tandis que (fig. 9):
85. (Leibnitz)
« » n’implique pas « » (fig. 10).
L’analogie entre les propriétés des signes « » et « » (telle qu’elle résulte, par ex., de la comparaison des 72, 74, 76, 78, 80, 82 avec les
73, 75, 77, 79, 81, 83) justifierait l’attente que le signe « » eût la propriété distributive à gauche aussi par rapport au signe « »
Mais le signe « » n’a pas du tout la propriété distributive par rapport au signe « », ni à gauche ni à droite. En effet, tandis que (si a, b, c sont trois ou trois conditions)
86. (Mc Coll, a. 1878)
(ainsi qu’il résulte de la fig. 11, même en y échangeant entre elles les lettres b et c), « » n’implique pas « » (fig. 12). Encore (fig. 9) de la P
87. (Mc Coll, a. 1878[4])
(qui relie le signe « » aux signes « » et « », dont celui-ci est sous entendu) on déduit[5]
mais« » n’implique pas « »
(ainsi qu’il résulte de la figure 13, même en y échangeant entre elles les lettres b et c).
Dans la suite [115] il résultera que ce manque d’analogie, entre les propriétés des signes « » et « » par rapport au signe « », est tout à fait apparent.
- ↑ On devrait avoir :
ce qui est vrai seulement si
« » ou si « ». - ↑ Cette figure représente le cas le plus général, au sens que les trois qu’on suppose données partagent le tout dans le plus grand nombre possible de . On obtient tous les cas particuliers, en imaginant qu’une ou plusieurs des huit obtenues soient égale à rien [37].
- ↑ Leibniz avait énoncé seulement que
Pour abréger, dans les formules du type « » ou « » on sous-entend les parenthèses [ 84, 85] ; et de même pour les formules du type « » [ 86] ou « » [ 87]. - ↑ Leibniz avait énoncé seulement que .
- ↑ Cette a une importance momentanée, en vue de notre discours ; mais elle est dépourvue d’intérêt, étant comprise dans la 87 [note à la p. suivante].