La Maison du péché (1902)/6

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Calmann-Lévy (p. 47-59).


VI


Le chien aboya, tirant sur sa chaîne, avec un grondement furieux, et la mère Testard, inquiète, sortit de la cabane aux lapins. Elle aperçut une jeune femme qui essayait d’ouvrir la porte de la cour, — quatre ais disjoints retenus par une barre transversale. Le loquet résistait, le chien hurlait, et sur la route du Chêne-Pourpre, toute blanche de soleil, une vieille dame agitait son ombrelle et criait :

— Fanny ! prends garde !… Il est féroce, ce chien !

— Féroce ?… Il fait son métier de chien et je l’estime ! N’ayez pas peur, ma tante, il ne nous mangera pas.

La mère Testard, sabots claquants, s’élança parmi les volailles éperdues. La porte céda, le chien se tut, et les deux femmes entrèrent. C’étaient des « Parisiennes » : pour la mère Testard, tous les gens bien habillés étaient des Parisiens. Une voilette de dentelle cachait la figure de la plus jeune. La plus âgée avait un petit visage tout en rides, amusant et fatigant par sa mobilité. Elle portait un sac de nuit, une face-à-main, une ombrelle, et tous ces objets, secoués, heurtés, entrechoqués sans cesse, menaçaient la mère Testard, qui recula.

— Quoi que vous demandez ?

— Je veux voir M. de Chanteprie.

— M. de Chanteprie ? Il n’est pas ici.

— Que me disait donc le facteur ?… Il m’a envoyée ici… C’est pour la petite maison, vous savez ?

— Oh ! madame vient pour acheter les Trois-Tilleuls ?… Si madame veut entrer un moment et se reposer ?… Not’maître doit venir tout de suite… Not’maître, M. de Chanteprie… Nous sommes ses métayers.

— Viens-tu dans la maison, Fanny ?

— Non, ma tante. Allez vous reposer à l’ombre. Moi, ça m’amuse de regarder la cour.

— C’est pourtant pas beau, dit la fermière. C’est tout en démence, ces bâtiments-là. Faudrait des réparations. Ah ! si not’maître était un homme comme les autres… mais il aime la vieuxture. Il respecte l’ancien.

— Il est vieux, votre maître ?

— Il a p’t-ét’ ben vingt-trois ans.

— Et il est riche ?

— Pas très riche, pas pauvre non plus… Est-ce qu’on sait ?… Sa mère, elle donne tout aux curés. C’est des nobles.

— Je vois le monsieur, dit en riant la jeune femme, un élève des Jésuites, joli comme un cœur, sage comme une image ; un bon petit jeune homme qui a des cheveux plats et de grands pieds.

— Quelle idée, Fanny !… Tu restes ?… Je vais me reposer dans la maison. Ne vous mettez pas en peine de moi, ma bonne femme.

Mais la mère Testard, obséquieuse et plaintive maintenant, s’attachait aux pas de la vieille dame. Elles entrèrent dans la cuisine de la ferme.

Fanny s’accouda sur la barrière branlante. De l’autre côté de la route, la plaine mi-blé, mi-bruyère, ceinte de forêts, exhalait son parfum de printemps, ce parfum vert qui grise les bêtes et les hommes. Et Fanny, un peu alanguie par la marche et le grand air, s’engourdissait au soleil tiède, et regardait le cercle immense des bois, les humbles maisons du Chêne-Pourpre, égrenées toutes sur le même bord du chemin, et, très loin, la tache mouvante d’une voiture qui arrivait.

La voiture s’arrêta devant la ferme. Un jeune homme en descendit, et passa devant la jeune femme. Il était grand, mince, vêtu d’un costume de velours brun. En dix secondes, il avait salué l’étrangère, poussé la porte, traversé la cour. Et le chien d’un aboi joyeux fêtait le maître.

Dans la maison, maintenant, c’était un brouhaha de voix, d’explications confuses et, soudain, la vieille dame sortit, escortée par le jeune homme.

— Fanny ! cria-t-elle, M. de Chanteprie s’offre à nous montrer la maison… Trois pièces, un bûcher, un jardin, un bois ; du silence, de l’ombre, une vue charmante. Cela te plaît-il ?

— Il faut d’abord que cela vous plaise, ma tante. Je ne serai pas chez moi, mais chez vous… et seulement pendant les mois d’été.

— Tu seras chez toi en étant chez moi, ma bonne petite, et pour tout le temps qu’il te plaira… Oui, monsieur, si j’achète votre maison, je n’y habiterai guère. J’ai un fils marié à New-York ; je traverse Paris tous les quatre ou cinq ans… M. Lassauguette, mon mari, était un savant, un astronome, un génie, monsieur, que la France a méconnu… Je n’aime plus rien en France, monsieur, rien, excepté cette enfant-là, ma filleule, que j’appelle ma nièce par amitié… C’est pour elle que j’achèterai votre maison, pour qu’elle ait un refuge assuré, en cas de malheur, et pour qu’elle puisse travailler à l’aise… C’est une artiste… une véritable artiste… Madame Fanny Manolé, la fille du grand peintre Corvis… Vous n’avez pas vu ses pastels, au Salon ?… Mais parle donc. Fanny, dis quelque chose !… À quoi penses-tu ?

— Je pense, ma bonne tante, que nos histoires n’intéressent pas M. de Chanteprie. Il faut nous hâter.

Augustin considérait la jeune femme. Debout, dans le soleil matinal, sur un fond de bruyère et de ciel léger, avec sa robe et son chapeau de même nuance mauve, sa petite martre blonde autour du cou, ses yeux noirs, ses dents claires brillant sous le tulle brodé, elle ressemblait à une violette vivante, et, comme le paysage, elle sentait le printemps.

— Allons ! dit M. de Chanteprie.

Après la ferme, le chemin continuait tout droit, puis s’abaissait brusquement, formait un coude et descendait vers la vallée de Rouvrenoir. À gauche, des prairies plantées de pommiers couvraient la pente rapide, parmi des bouquets de bois. Des bois, pressés dans la profondeur, abritaient quelques masures dont le chaume avait le ton brun et chaud d’un vieux velours. Sur le versant opposé du vallon, des bois encore se mêlaient aux cultures, et rejoignaient une haute muraille de forêts, barrant l’horizon.

La maison était bâtie au tournant de la route, contre un massif de châtaigniers et de chênes. On voyait d’abord une barrière à claire-voie, un mur que dépassaient trois tilleuls en charmille, et qui s’enfonçait en contrefort oblique, suivant la déclivité du chemin. Sur un côté de la cour, un petit escalier de pierre accédait à un étroit jardin en terrasse ; de l’autre côté, à l’entrée du bois, un châtaignier de trois cents ans élevait son tronc rugueux, ses énormes branches qu’on avait rognées pour nicher en plein feuillage le toit de la vieille maison. Longue, basse, volets clos sous la dentelle d’une vigne, elle semblait dormir, face au soleil.

L’intérieur du logis était fort délabré : des carreaux décolorés, des poutres apparentes où pendaient des toiles d’araignées, par lambeaux. Madame Lassauguette demanda le prix de la propriété, fit la grimace, et déclara qu’elle dépenserait des « sommes folles » en réparations.

— Oh ! je vous en supplie, ma tante, dit la jeune femme, ne remettez pas tout à neuf. Je m’arrangerai fort bien de ces carreaux, de ces solives, de ces bonnes vieilles fenêtres. Voyez comme tout ici paraît solide, simple, paisible. Cette maison a une âme, et les maisons neuves n’en ont pas. Il y a une sympathie entre elle et moi, ma tante… Je sens sa bienvenue…

— Bon !… bon !… Tout ça, c’est des idées d’artiste… Moi, je suis une personne pratique, et, quand je fais une affaire, je ne fais pas du sentiment… Enfin, cette horreur te plaît ?

— Mais oui, ma tante !

Augustin écoutait ce dialogue. Il aimait l’humble maison des Trois-Tilleuls, déserte depuis cinq ans, et que madame de Chanteprie voulait vendre. Un ancien garde-chasse et sa femme l’avaient habitée longtemps, et Augustin se souvenait d’y être venu, tout petit, avec Jacquine. Maintenant, le vieux et la vieille étaient morts, et, quand le jeune homme passait devant la barrière, le souvenir de ces bonnes gens l’attendrissait. Oui, comme madame Manolé l’avait dit, joliment, délicatement, il y avait une âme dans ces murs centenaires… Si jamais des bourgeois en mal de villégiature venaient s’établir là, ils auraient peut-être l’horrible fantaisie de transformer ce logis vénérable en chalet suisse ou en donjon moyenâgeux !… M. de Chanteprie eut la vision de tourelles gothiques, de balcons en bois découpé, d’une boule en verre étamé au milieu de la pelouse…

— Madame a raison, dit-il, des réparations trop complètes gâteraient le charme du lieu…

Il pensait : « Puisqu’il faut vendre, je préfère vendre à cette inconnue qui comprend l’âme des vieilles maisons. » Mais madame Lassauguette s’agita éperdument.

— Eh ! monsieur, vous aussi vous faites du sentiment… Veuillez remarquer pourtant, monsieur, qu’il n’y a pas de fourneau dans la cuisine !…

— Il serait facile d’en mettre un, madame.

— À mes frais ! dit madame Lassauguette. C’est à voir, monsieur ; mais, dès à présent, je vous demande un rabais de mille francs sur le prix de la propriété.

— Je parlerai à ma mère, et si elle consent… peut-être…

— Il n’y a pas de peut-être. Je verrai votre mère aujourd’hui ; nous irons demain chez le notaire, et, dans quatre jours, je prendrai le paquebot du Havre. Réfléchissez, monsieur… Où est le chemin du verger ?… Dépêchons !

Ils prirent un sentier à travers le petit bois et gagnèrent un verger rectangulaire, clos de haies. Pendant que madame Lassauguette comptait les arbres à fruits, évaluait le rendement des coupes et la quantité de légumes qu’on pouvait espérer, bon an mal an, Fanny relevait son voile pour mieux contempler, dans l’ensemble et dans les détails, le magnifique paysage.

— Que c’est beau ! disait-elle. Quelle surprise ! Quelle merveille !…

À travers les troncs fourchus et les branches fleuries des pommiers, on apercevait une vaste pente de prairies qui descendait majestueusement. Les versants boisés des collines, avançant à droite et à gauche, s’abaissaient d’un même mouvement harmonieux, comme pour se réunir. Des arbres isolés se dressaient çà et là. Des toits émergeaient. On devinait l’église de Rouvrenoir dans la masse moutonnante des frondaisons que le premier printemps teintait des pourpres de l’automne. Et plus loin, baignée dans la suave transparence de l’air, c’était la plaine, étendue pendant des lieues et des lieues jusqu’à l’extrême horizon ; la plaine avec ses traînées de bois, ses grandes places blondes où flotte l’ombre des nuages, ses labours rougeâtres, ses villages égrenés, ses clochers pointants, ses peupliers rangés au bord des routes ; la plaine infinie sous le ciel infini, l’espace qui fascine le regard, l’azur vertigineux où court le vent libre et dont s’enivrent les oiseaux.

Fanny, muette de plaisir, retenait d’une main les plis de son voile au bord de sa toque. Elle ne voyait pas, ou semblait ne pas voir que M. de Chanteprie l’observait… Belle et jolie, très brune, les cheveux massés sur les tempes en boucles compactes et luisantes comme des grappes de raisin noir, elle avait quelque chose d’italien, dans le contour des joues, dans la forme des sourcils droits, du nez fin, de la bouche en arc… Oui, elle rappelait les figures ambiguës, mi-anges, mi-bacchantes, qui tiennent une croix comme un thyrse et sourient mystérieusement dans les fonds enfumés d’anciens tableaux.

— Il doit faire bon vivre, ici… dit-elle.

Et ses yeux à longues paupières, à larges prunelles veloutées, ses beaux yeux interrogateurs et caressants, rencontrèrent les yeux d’Augustin.

Il vit une intention moqueuse dans ce regard, dans ces paroles, et se détourna, raide et gêné. Car Augustin de Chanteprie, à vingt-trois ans, avait tout l’ombrageux et douloureux orgueil des adolescents qui croient les femmes toujours occupées d’eux, ironiques et malveillantes.

— Eh bien, monsieur, dit madame Lassauguette, je verrai votre mère, cette après-midi. Pourrait-on déjeuner chez votre fermier ? Nous sommes très fatiguées, ma nièce et moi, et je n’ai pas la force de faire quatre kilomètres à pied, l’estomac vide.

— Je déjeune moi-même chez Testard, dit Augustin. Voulez-vous partager l’omelette et la salade que la bonne femme a préparées ? Nous irons ensuite à Hautfort.

— Volontiers, répondit la vieille dame. Nous causerons de notre affaire pendant le repas, et nous finirons par nous entendre si vous êtes raisonnable…


Augustin n’était pas commerçant. Il fut si raisonnable que madame Lassauguette fut enchantée.

Après déjeuner, la voiture les emportait tous trois sur le chemin de Hautfort. La tante bavardait, la nièce rêvait, et M. de Chanteprie, assis entre les deux femmes, commençait à s’effrayer des engagements qu’il avait pris. Inquiet, perplexe, il redevenait sauvage et s’écartait de ses voisines autant qu’il le pouvait, les coudes serrés, la tête haute, les yeux fixés sur le cheval.

Fanny avait baissé son voile. Sous la toque de velours, sous le tulle crème, ses beaux yeux brillaient doucement… D’où venait cette femme ?… Était-elle mariée ?… Sans doute, puisqu’on l’appelait madame, puisqu’elle portait l’alliance d’or à sa main gauche… Pourquoi n’avait-elle jamais parlé de son mari ?… Son langage, ses manières, révélaient une bonne éducation, mais on y sentait l’habitude de la liberté, cette aisance particulière que n’ont pas les femmes soucieuses de rester « convenables » et de ne pas attirer l’attention…

« C’est une étrangère, une Italienne, probablement, et une artiste », pensa le jeune homme… Peut-être une jeune veuve, pauvre, et chargée d’enfants, qu’une parente charitable voulait héberger tous les étés au Chêne-Pourpre… Mais elle n’avait pas parlé de ses enfants !

La route plate, unie, longeait les champs qui offraient toutes les nuances du vert, vert frais des jeunes blés, vert azuré des jeunes seigles, vert plus sombre des prairies. Au bord du chemin, des coucous jaunes fleurissaient, et l’on voyait des traînées de violettes pâles, courtes sur queue et sans parfum.

— Vous connaissez Hautfort-le-Vieux ? demanda Augustin à madame Lassauguette.

Non, elle était venue par Gariguières, sur le conseil d’un ami qui lui avait indiqué Rouvrenoir comme un pays très pittoresque où la propriété ne coûtait pas cher. Alors M. de Chanteprie vanta sa ville natale. Il engagea ces dames à visiter les ruines, l’église, le cimetière. Mais madame Lassauguette n’aimait pas les antiquités.

— Tu te promèneras dans Hautfort, Fanny, pendant que je verrai madame de Chanteprie…

On arrivait. Augustin montra le chemin de l’église, à la jeune femme et suivit madame Lassauguette dans la maison. Un moment après, il ressortit… Madame Manolé était assise à l’ombre des tilleuls, sur un banc de pierre.

— J’ai eu peur de me perdre dans la ville, dit-elle en riant. Je n’ai pas bougé ! J’avais tant de plaisir à regarder le paysage !…

— Eh bien, je vous mettrai dans la bonne route. Je vais précisément place de l’Église, chez un ami.

Il resta debout près d’elle, tête nue : ses cheveux étaient blonds dans le soleil, d’un blond sans éclat, or et cendre ; le front très haut conservait une pureté enfantine… Et comme les yeux étaient froids !

Fanny murmura :

— C’est beau, c’est aussi beau qu’au Chêne-Pourpre. Mais là-bas, on ne voit que la nature, les champs, la forêt, le ciel : on peut oublier qu’il y a des hommes… Ici, malgré soi, on pense aux hommes du passé, à ceux qui élevèrent ces tours, à ceux qui hantèrent ces logis mornes, ces rues désertes. Oh ! comme les jours devaient leur sembler longs et lente la vie !…

— C’étaient des gens heureux, dit Augustin. Ils ne voyageaient guère ; beaucoup d’entre eux mouraient sans avoir vu Paris ou Versailles. Ils lisaient peu : l’Écriture sainte et Plutarque composaient parfois toute leur bibliothèque. Mais ils n’avaient pas la curiosité de l’inconnu. Leur vie était réglée, uniforme, honnête. Fidèles au roi et à la religion, respectueux des traditions et des coutumes, ces braves gens obscurs, petits gentilshommes et bourgeois, étaient la force et la santé de la France… Je les envie.

— Vous les enviez, monsieur ?… Allons donc ! Je suis bien sûre que vous êtes à Paris plus souvent qu’à Hautfort.

— Ne soyez pas sûre, madame… Vous pourriez vous tromper.

Il coupa net la conversation, fâché d’avoir livré un peu de lui-même, et tous deux, en silence, descendirent le raidillon, vers la porte Bordier. Quand ils entrèrent dans l’église, M. de Chanteprie offrit l’eau bénite à la jeune femme. Surprise, elle toucha la main du jeune homme, ébaucha un geste vague tandis qu’il faisait un grand signe de croix, et un grand salut au maître-autel.

— Au revoir, madame.

— Au revoir, monsieur.

Il s’éloigna, mais, avant de franchir le seuil de l’église, il jeta un coup d’œil furtif en arrière : madame Manolé ne s’était pas agenouillée ; elle errait comme dans un musée, regardant les vitraux et les ornements… Une protestante, sans doute : elle ne savait pas faire le signe de la croix.

Madame Lassauguette retrouva Fanny sur le banc de pierre.

— Déjà revenue ? Eh bien, c’est fait. Nous irons demain chez le notaire. Es-tu contente ?

— Très contente, et très reconnaissante.

— Tu seras tout à fait chez toi, et moi, à l’autre bout du monde, je saurai que tu as enfin, quoi qu’il arrive, un refuge… Ne me remercie pas. Je te devais bien ça, ma pauvre enfant, et au souvenir de ton père… Sais-tu que madame de Chanteprie a fait d’abord toute espèce de difficultés ? Elle a dit que son fils s’était engagé sans réfléchir ; qu’il n’avait pas pu, sérieusement, me promettre des avantages invraisemblables… Ah ! cette mère !… Une femme jaune, séchée, glacée, terrible… Et cette maison ! De grandes pièces mal éclairées, humides, où des portraits vous regardent dans le noir… Je plains le jeune homme qui est obligé de vivre là !

— Ne le plaignez pas ! Je crois qu’il est très heureux.

— Il te l’a dit ?… Vous en êtes aux confidences ?… Voyez-vous le jeune hypocrite, qui est ressorti exprès pour te parler !

— Ne riez pas, ma tante. M. de Chanteprie m’a accompagnée jusqu’à l’église, et, quand il m’a présenté l’eau bénite, je n’ai su que dire ni que faire… Alors, il est parti brusquement… Je crois que nous ne serons pas bons amis, M. de Chanteprie et moi.

— Bah ! dis madame Lassauguette, qu’est-ce que ça fait ? Tu n’as pas besoin de son amitié… Veux-tu que je te dise ma pensée sur ce jeune homme ? Eh bien, c’est un petit sot de province, réactionnaire et clérical… Oui, clérical !… De l’eau bénite !… Il se croit donc au moyen âge, ce garçon-là ?