La Nouvelle Emma/12

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Traduction par anonyme.
Arthus Bertrand Libraire (Tome 1p. 241-264).
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CHAPITRE XII.

M. Knightley devait dîner avec eux, quoique M. Woodhouse ne l’approuvât pas ; car il lui fâchait que qui que ce fût partageât avec lui le premier jour de l’arrivée de son Isabelle ; mais le bon sens d’Emma pour tout ce qui était bien, avait-décidé la question. Outre les égards qu’on devait aux deux frères, elle ressentit un grand plaisir, par rapport à la circonstance de leur dernière querelle, de lui envoyer elle-même une invitation.

Elle espérait qu’ils redeviendraient amis, crut qu’il était temps de faire la paix. Elle n’avait certainement pas eu tort, et lui n’avouerait jamais qu’il n’avait pas eu raison. Il n’y avait pas lieu à faire de concessions ; mais il était temps de paraître, au moins, oublier qu’on s’était querellé. Son espérance de renouer avec M. Knightley s’augmenta par une circonstance particulière, c’est que lorsqu’il entra dans le salon, elle tenait une de ses nièces ; c’était la plus jeune, une jolie petite fille de huit mois, qui venait à Hartfield pour la première fois, et paraissait très-satisfaite de sauter dans les bras de sa tante. Elle avait très-bien jugé ; car quoique son regard fût sévère et ses questions laconiques, peu à peu il commença à parler des enfans comme à son ordinaire, et il prit la petite nièce des bras d’Emma avec une familiarité amicale. Emma sentit qu’ils étaient de nouveau amis : la conviction qu’elle en eut, lui causa une grande satisfaction, et lui donna un peu d’effronterie ; elle ne put s’empêcher de lui dire, tandis qu’il admirait sa nièce : « Qu’il est consolant que nous ayons les mêmes idées sur nos neveux et nos nièces. Quant aux hommes et aux femmes, nous différons quelquefois d’opinion : mais à l’égard de ces enfans nous sommes toujours d’accord. »

« Si vous étiez autant guidée par la nature, dans votre manière de penser sur les hommes et sur les femmes, et aussi peu au pouvoir de la fantaisie et du caprice dans vos communications avec eux, que vous l’êtes pour ce qui regarde ces enfans, nous serions toujours du même avis. »

« Oh ! certainement, nos querelles ne viennent que parce que j’ai tort. »

« Oui, dit-il en riant, il y a une bonne raison pour cela. J’avais seize ans lorsque vous êtes née. »

« Il y avait alors une grande différence entre nous, répliqua-t-elle, vous aviez sans doute plus de jugement que moi ; mais croyez-vous qu’un laps de vingt et un ans n’ait pas un peu rapproché le mien du vôtre ? »

« Oui, un peu. »

« Mais pas assez cependant pour me donner la chance d’avoir raison, lorsque vous ne pensez pas comme moi. »

« J’aurai toujours sur vous l’avantage de seize ans d’expérience, et celui de n’être pas une jolie femme et un enfant gâté. Allons, ma chère Emma, soyons amis et n’en parlons plus. Dites à votre tante, petite Emma, qu’elle doit vous donner un meilleur exemple que de renouveller d’anciens griefs, et que si alors elle n’avait pas tort, elle l’a maintenant. »

« C’est très-vrai, je l’avoue, s’écria-t-elle ; petite Emma, deviens meilleure que ta lante, sois infiniment plus instruite, et ne t’en fais pas tant accroire. Maintenant M. Knightley, un mot ou deux de plus, et j’ai fini. Quant à l’intention, la vôtre et la mienne étaient certainement bonnes, et je puis dire que jusqu’à présent il n’est rien arrivé qui puisse prouver que j’avais tort. Il me reste à savoir que M. Martin n’ait pas violemment souffert d’avoir été trompé dans ses espérances. »

« Jamais homme n’a tant souffert, fut sa réponse. »

« Ah ! j’en suis en vérité bien fâchée. Allons, donnez-moi la main. »

Ceci venait de se passer avec cordialité, lorsque M. Jean Knightley parut. Eh ! comment vous portez-vous, Georges ? et vous, Jean ? mais avec ce calme anglais qui cachait, sous l’apparence de l’indifférence, le plus sincère attachement, attachement qui, s’il avait été nécessaire, leur aurait fait entreprendre l’impossible pour le service l’un de l’autre.

La soirée se passa tranquillement en conversation. M. Woodhouse ayant refusé de faire la partie pour causer avec sa chère Isabelle, on se sépara en deux divisions ; d’un côté M. Woodhouse et Isabelle, et MM. Knightley de l’autre. Leur conversation n’était pas la même. Emma se mêlait tantôt à l’une, tantôt à l’autre.

Les frères parlèrent de leurs affaires et de leurs plans ; mais principalement de ceux de l’aîné qui était plus communicatif que l’autre. En qualité de magistrat, il consultait Jean sur quelques points de loi, ou lui racontait quelques anecdotes. Comme fermier, et faisant valoir lui-même sa ferme de Donwell, il avait à faire le détail de ce que chaque champ devait rapporter l’année prochaine, lui donner toutes les informations locales qui ne pouvaient pas manquer d’intéresser un frère qui avait passé la meilleure partie de sa vie dans la maison paternelle, et pour laquelle il avait un très-grand attachement. Le projet d’un canal, celui de changer une clôture, d’abattre des arbres, et la destination à donner à tous les arpent, soit en blé, navets, etc., furent discutés avec un intérêt que Jean partageait également avec son frère, autant que sa froideur naturelle le permettait : et si son aîné lui donnait lieu de demander quelques explications, il le faisait avec une espèce de chaleur.

Tandis qu’ils s’amusaient ainsi, M. Woodhouse jouissait de son côté, avec sa fille, de ses heureux regrets et de ses afflictions bénévoles.

« Ma très-chère Isabelle, dit-il en lui pressant tendrement la main, et lui faisant quitter, pour un moment, les soins que l’amour maternel lui faisait prodiguer à ses enfans, qu’il y a long-temps, très-long-temps que vous n’êtes venue ici ! Que vous devez être fatiguée d’un si long voyage ! Il faut que vous vous couchiez de bonne heure, ma chère ; et je vous recommande un peu de gruau avant d’aller au lit. Vous et moi nous aurons une excellente écuellée de gruau. Ma chère Emma, faites-nous donner à tous une bonne écuellée de gruau. »

Emma ne tint aucun compte de cette demande, sachant que les Knightley ne l’aimaient pas plus qu’elle ; elle n’en ordonna que deux.

Après avoir un peu parlé de l’efficacité du gruau, et exprimé son étonnement de ce que tout le monde n’en prenait pas tous les soirs, il dit avec un air qui indiquait qu’il avait fait de longues réflexions : « Vous avez bien mal fait, ma chère, de passer l’automne à South-End, au lieu de venir ici. Je n’ai jamais en bonne opinion de l’air de la mer. »

« M. Wingfield nous en a fortement recommandé l’air et les bains pour les enfans en général, et particulièrement pour le mal de gorge de la petite Bella ; autrement nous n’y aurions pas été. »

« Ah ! ma chère, Perry doute fort que la mer pût lui faire aucun bien ; et quant à moi, je suis convaincu, quoique je ne vous l’aie jamais dit, que la mer ne rend service à personne, et je suis sûr qu’elle a manqué me coûter la vie. »

« Allons, allons, s’écria Emma, qui sentait que le sujet de la conversation était dangereux, je vous prie de ne pas parler de la mer, cela m’afflige et me donne de la jalousie ; moi qui ne l’ai jamais vue. Il est défendu de parler de South-End, s’il vous plaît. Ma chère Isabelle, vous ne vous êtes pas encore informée de M. Perry, et cependant il ne vous a jamais oubliée. »

« Oh ! le Bon M. Perry, comment se porte-t-il, papa ? »

« Assez bien, mais pas tout à fait bien, il m’a souvent dit qu’il était billieux, mais qu’il n’avait pas le temps de se soiguer, ce qui est horrible ; mais tout le pays en a besoin. Je ne crois pas qu’il existe nulle part un homme qui ait autant de pratiques que lui. Mais aussi il est impossible de trouver un plus habile homme. »

« Et madame Perry, et ses enfans comment se portent-ils ? grandissent-ils ? »

« J’ai beaucoup de considération pour M. Perry ; Je me flatte qu’il viendra bientôt ici. Il sera si content de voir mes enfans. »

« J’espère que nous l’aurons demain, car j’ai à lui faire une ou deux questions très-importantes à mon sujet. Et, ma chère, lorsqu’il viendra, vous ferez bien de lui faire examiner la gorge de la petite Bella. »

« Oh ! mon cher papa, elle va tellement mieux, que j’ai fort peu d’inquiétude pour elle. Les bains de mer lui ont fait du bien, ou l’on doit sa guérison à une excellente fomentation ordonnée par M. Wingfield, et que nous lui appliquons depuis le mois d’août. »

« Il n’est pas probable, ma chère, que les bains de mer lui aient été utiles ; et si j’avais su que les fomentations étaient nécessaires, j’aurais parlé à… »

« Il me paraît que vous avez oublié madame et mademoiselle Bates, dit Emma, je n’ai entendu personne demander de leurs nouvelles. »

« Oh ! les bonnes Bates, j’ai honte de moi-même ; mais vous m’en parlez dans presque toutes vos lettres. Je me flatte qu’elles se portent bien. La bonne vieille dame Bates. Je lui rendrai visite demain, et je mènerai tous mes enfans avec moi. Elles aiment tant à les voir. Et cette excellente demoiselle Bates ! Quelles bonnes gens, comment se portent-ils tous ? »

« Assez bien, ma chère ; mais la pauvre madame Bates a eu un terrible rhume il y a un mois. »

« Que j’en suis fâchée ! Jamais les rhumes n’ont été si communs que cette automne. M. Wingfield m’a dit qu’il ne les avait jamais vus si fréquens ni si dangereux, excepté lorsqu’il y avait une influenza. »

« Il y a du vrai en cela, ma chère, mais pas au degré dont vous parlez. Perry dit que les rhumes ont régné, en général ; mais qu’ils n’étaient pas à craindre comme ceux qu’il avait vus dans le mois de novembre. Perry ne pense pas qu’il y ait beaucoup de maladies dans cette saison. »

« Non, je ne crois pas que M. Wingfield pense qu’il y règne beaucoup de maladies, excepté… »

« Ah ! ma chère fille, on est toujours malade à Londres. Personne ne se porte bien à Londres ; la chose est impossible. Il est bien malheureux que vous soyez forcée d’y vivre ! Si loin, et respirer un air si mauvais ! »

« Non, en vérité, nous ne respirons pas un mauvais air. La partie que nous habitons est si supérieure aux autres ! Il ne faut pas confondre notre situation avec celle des autres quartiers de la ville, mon cher papa. Les environs de Brunswick-Square sont très-différens de presque, tout le reste. Nous avons un si bon air ! Je n’habiterais pas volontiers dans aucun autre quartier de la ville ; et j’y verrais avec peine mes enfans forcés d’y demeurer. Mais nous avons un si bon air ! M. Wingfield dit que le vicinité de Brunswick-Square est le seul salubre, à cause de l’air qu’on y respire. »

« Ah ! ma chère, il ne ressemble point à celui d’Hartfield. Vous vantez le vôtre ; mais quand vous demeurez huit jours à Hartfield, vous êtes tout à fait d’autres créatures ; vous ne vous ressemblez plus à vous-même. Maintenant je dois vous dire que vous ne paraissez pas du tout en bonne santé. »

« Je suis fâchée de vous entendre parler ainsi, mon cher papa, mais je vous assure qu’excepté ces petits maux de tête nerveux, et ces palpitations dont je ne suis exempte nulle part, je me porte très-bien ; et si les enfans étaient pâles avant d’aller se coucher, c’était parce qu’ils étaient fatigués du voyage et du plaisir qu’ils avaient de venir ici. Je suis persuadée que vous les trouverez mieux demain ; car je vous assure que M. Wingfield m’a dit qu’à tout prendre, il ne nous avait jamais vu partir en aussi bonne santé. Je me flatte au moins que vous ne penserez pas que M. Knightley se porte mal ? Et elle regarda son mari avec attendrissement. »

« Couci, couci, ma chère, je ne puis vous en faire compliment. Je suis loin de croire que M. Jean Knightley ait bonne mine. »

« Qu’y a-t-il, monsieur ? M’avez-vous parlé ? s’écria M. Jean Knightley, en entendant prononcer son nom. »

« Je suis bien fâchée, mon cher ami, que mon père trouve que vous n’avez pas bonne mine ; mais je me flatte que ce n’est qu’un peu de fatigue. J’aurais désiré que vous eussiez voulu, comme je vous en priais, consulter M. Wingfield avant notre départ. »

« Ma chère Isabelle, s’écria-t-il vivement, je vous prie de ne pas faire attention à ma mine. Contentez-vous de médicamenter, de mitonner vos enfans, ainsi que vous-même, et permettez-moi d’avoir la mine qui me plaît. »

« Je n’ai pas bien compris ce que vous disiez à votre frère, s’écria Emma, concernant votre ami Graham, et l’intention qu’il avait de faire venir d’Écosse un gérant pour ses nouvelles propriétés. Réussira-t-il ? Le vieux préjugé ne l’emportera-t-il pas ? »

Elle continua à parler de cette manière et avec succès, jusqu’à ce que forcée de tourner son attention vers son père et sa sœur, elle n’eût rien de pis à entendre que les questions qu’elle faisait sur mademoiselle Fairfax. Cependant ce n’était pas une de ses favorites, et néanmoins elle prenait un grand plaisir à la louer.

« Cette douce, cette aimable demoiselle Fairfax ! dit madame Knightley, il y a si long-temps que je ne l’ai vue, excepté quelques instans, par hasard en ville ! Quel bonheur pour sa bonne grand’maman et son excellente tante quand elle va les visiter ! Je regrette beaucoup pour ma chère Emma, qu’elle ne puisse rester que peu de temps à Highbury. Mais à présent que leur fille est mariée, je présume que le colonel et madame Campbell ne peuvent guère la laisser aller. Ce serait une agréable compagne pour Emma. »

M. Woodhouse donna son assentiment, mais ajouta :

« Notre petite Henriette Smith est aussi une très-jeune et jolie personne. Vous aimerez Henriette. Emma ne peut avoir de plus aimable compagne qu’Henriette. »

« Je suis enchantée d’apprendre cela, mais j’observerai seulement que Jeanne Fairfax, comme tout le monde le sait, est une personne accomplie et d’un mérite supérieur ; de plus elle est exactement de l’âge d’Emma. »

On s’étendit avec satisfaction sur ce sujet, et on passa à d’autres tout aussi importans ; avec le même succès et la même bonne harmonie ; mais la soirée ne se termina pas sans agitation. On remit le gruau sur le tapis : ce sujet fournit ample matière à la conversation. On loua cet aliment, on fit des commentaires. Il fut décidé à l’unanimité qu’il était très-sain et convenait à toutes les constitutions. Quelques traits satiriques furent lancés sur les maisons où l’on ne savait pas le préparer. Mais malheureusement, parmi les méprises qu’Isabelle avait à présenter, la plus récente et la plus grande était celle de sa cuisinière à South-End : on l’avait prise pour la saison, et jamais on n’avait pu lui faire comprendre ce qu’on entendait par du gruau uni, propre, clair, mais pas trop. Il arrivait souvent qu’après l’avoir ordonné tel, elle lui en apportait qui n’était pas présentable. Ce sujet était scabreux.

« Ah ! dit M. Woodhouse, secouant la tête, et regardant sa fille avec des yeux attendris. » Cette éjaculation frappant les oreilles d’Emma, elle se dit en elle-même : « Ah ! on n’en finira pas sur les funestes conséquences de ce voyage de South-End. Cela ne vaut pas la peine d’en parler. »

Elle se flatta qu’il n’en dirait plus rien, et que des réflexions silencieuses suffiraient pour le rappeler à son goût pour son gruau. Cependant, après un moment de silence, il recommença à dire :

« Je regretterai toujours que vous ayez été à la mer cette automne, au lieu de venir ici. »

« Mais pourquoi en seriez-vous fâché, papa ? je vous assure que ce voyage a fait beaucoup de bien aux enfans. »

« Et enfin, s’il était absolument nécessaire d’aller à la mer, vous n’auriez pas dû choisir South-End. Cette place est malsaine. Perry a été surpris d’apprendre que vous vous soyez déterminée pour South-End. »

« Je sais que plusieurs personnes pensent ainsi ; mais elles sont dans l’erreur : nous nous y sommes tous très-bien portés, et n’avons nullement été incommodés de l’odeur de la boue ; et M. Wingfield assure que c’est se tromper que de croire que cette place soit malsaine ; et certainement on peut l’en croire, car il a une parfaite connaissance de la nature de l’air : d’ailleurs, son propre frère s’y est souvent rendu avec toute sa famille. »

« Vous auriez dû aller à Cromer, ma chère, si vous étiez forcée d’aller quelque part. Perry a passé une fois toute une semaine à Cromer ; et il le regarde comme le meilleur endroit pour y prendre des bains de mer. Une belle mer ouverte, et un air excellent. De plus, vous auriez pu avoir un logement à un quart de mille de la mer. Vous auriez dû consulter Perry. »

« Mais, papa il faut aussi considérer la différence du voyage : cent milles au lieu de quarante. »

« Ah ! ma chère, quand la santé en dépend, comme dit Perry, on ne doit rien considérer ; et lorsqu’on doit voyager, il y a peu de différence entre cent ou quarante milles. Il vaut mieux rester à la maison, et toujours demeurer à Londres, que d’aller respirer un plus mauvais air. C’est justement ce qu’a dit Perry. Cette mesure lui a paru mauvaise. »

Emma avait fait de vains efforts pour arrêter son père ; et lorsqu’il eut fini cette sentence, elle ne fut pas surprise d’entendre son beau-frère s’écrier avec vivacité. »

« M. Perry ferait mieux de garder ses opinions pour lui, jusqu’à ce qu’on les lui demande. Je voudrais bien savoir de quel droit il se mêle de ce que je fais ? de ce que je conduis ma famille sur une partie de la côte plutôt que sur une autre ? Il m’est permis, sans doute, de me servir de mon jugement, comme à M. Perry du sien. Je n’ai pas plus besoin de ses conseils que de ses drogues. »

Il s’arrêta ; et radoucissant son ton, il ajouta avec une froide causticité : Si M. Perry veut m’enseigner le moyen de conduire une femme et cinq enfans à cent trente milles de Londres, à aussi bon marché et aussi commodément qu’à quarante, je préférerais, comme lui, Cromer à South-End.

« C’est bien dit, c’est bien dit, s’écria M. Knightley ; on doit considérer cela. Mais, Jean, je ne crois pas qu’il y ait aucune difficulté à exécuter le projet dont je vous ai parlé de changer le sentier vers Langham, en tournant un peu à droite, de manière à ce que la prairie de la maison ne soit pas traversée. Je ne l’entreprendrais pas, si cela incommodait le moins du monde les habitans d’Highbury, mais vous vous souvenez de la ligne que décrit ce sentier ? Au reste, la meilleure manière de prouver mon assertion, est de consulter la carte. Je vous verrai, je l’espère, demain à l’abbaye ; nous l’examinerons ensemble, et vous me donnerez votre opinion. »

M. Woodhouse fut sensiblement piqué des termes un peu durs dont on s’était servi envers son ami M. Perry, à qui, en effet, sans le savoir, il devait partie de ses sensations et des expressions dont il se servait ; mais ses filles, par leurs attentions délicates, amortirent graduellement l’impression qu’avait faite le discours de M. Jean Knightley ; et la prévoyance de l’aîné, ainsi que la modération du cadet, prévinrent le mal qui pouvait en arriver.