La Route fraternelle/13

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La Route fraternelleAlphonse Lemerre, éditeur (p. 50).


MÉTAMORPHOSE INTIME

À mon ami Henri Marchand.



Longtemps il porte un cœur très dur,
L’enfant, sous sa chair délicate ;
Et sans frisson, ses yeux d’agate
Luisent froids en leur lac d’azur.

Mais quand, des pleurs, un sillon sûr
A marqué la joue incarnate,
Et quand l’âme, en fissure, éclate,
L’homme alors aux pitiés est mûr.

Sainte douleur n’est jamais vaine,
Et jamais ne meurt la « verveine »
Même après le « vase brisé ».

L’Amour, au fond de la crevasse,
Germe en bonté, plante vivace,
Au suc toujours inépuisé.


Automne, 1897.