La Troisième République française et ce qu’elle vaut/16

La bibliothèque libre.
◄  XV
XVII  ►

CHAPITRE XVI.

Dire qu’ils veulent le Roi, on leur répond de suite : pour quoi faire ?

— Oh ! répondent-ils, sans malice, c’est évident ! Avec le Roi, les révolutions sont finies.

— Oui, à condition que du même coup, les Orléanistes, les républicains, les impérialistes, les socialistes, les jacobins disparaissent. Comment disparaîtront-ils ? Par empoisonnement général ou par conversion spontanée ?

— Puis, la religion refleurit.

— Mais, s’écrient les Orléanistes, les impérialistes, une partie des républicains, nous ne demandons pas mieux que de la faire refleurir tout comme vous et depuis que vous n’êtes plus là, le territoire en est-il moins partagé en évêchés !?

Là-dessus on discute et il n’y a pas de fin.

Mais si l’on passe au système politique au moyen duquel les légitimistes prétendent soutenir le trône, c’est pis. En se mettant la tête dans les mains, depuis trente ans, ils n’ont su trouver que de revenir à la charte de 1814, amendée, modifiée, corrigée, élargie par des emprunts aux constitutions subséquentes, toutes combinaisons qui ne leur appartiennent pas en propre, dont les instituteurs premiers ne sont pas des saints de leur paradis, et ceci les entraîne à recommander telles et telles variétés du suffrage restreint ou même du suffrage à deux degrés et quelquefois même du suffrage universel ; là-dessus, le désordre tourbillonne dans leurs rangs, ils se querellent comme les autres partis, ayant en moins l’originalité des conceptions d’emprunt avec lesquels ils s’apostrophent.

Ce n’est pas de quoi ramener dans leur bercail une nation écœurée, blasée, ennuyée, qui s’appuirait peut-être sur des faits mais qui du moment qu’on la rejette dans les phrases en a une provision qu’elle sait bien répéter toute seule. Est c’est parce que les royalistes ne savent pas lui proposer quelque chose de nouveau et leur appartenant en propre, et dont ils soient les dispensateurs exclusifs que leur véritable et grande force, l’autorité irréfragable qui, malgré tout, réside en eux, demeure sans application possible.