La Vie nouvelle/Chapitre XXXI
CHAPITRE XXXI
Après que cette noble créature eut été séparée du monde, toute cette ville demeura comme veuve et dépouillée de tout ce qui faisait son ornement. Et moi, pleurant encore dans la cité désolée, j’écrivis aux princes de la terre[1] au sujet de la condition nouvelle où elle allait se trouver, en partant de cette lamentation de Jérémie : « Quomodo sedet sola civitas… ? » Et je le dis pour qu’on ne s’étonne pas que j’en aie fait le titre de ce qui devait suivre. Et si l’on voulait me reprocher de ne pas y avoir ajouté les mots qui suivent ce passage, c’est que mon intention avait d’abord été de ne les écrire qu’en langue vulgaire, et que ces paroles latines, si je les avais reproduites, n’auraient pas été conformes à mon intention. Et je sais bien que l’ami à qui j’adressais ceci préférait également que je l’écrivisse en vulgaire.
- ↑ Ces mots « princes de la terre » Scrivi a’ principi della terra, doivent être pris dans le sens de « principaux de la ville ». Voir au commentaire du ch. XXXI.