La Vie nouvelle/Commentaires/Chapitre VII
CHAPITRE VII
O voi che per la via d’Amor passate…
Ce sonnet a deux parties principales : dans la première, j’entends appeler les fidèles de l’Amour par ces paroles du prophète Jérémie : O vos omnes qui transitis per viam, attendite et videte si est dolor sicut dolor meus[1], et les prier de vouloir bien m’entendre. Dans la deuxième partie je raconte où m’avait mis l’Amour, dans un sens autre que celui que montrent les dernières parties du sonnet, et je dis ce que j’ai perdu. Cette seconde partie commence à : l’Amour, non par mon peu de mérite…
On a recueilli, parmi les pièces se rapportant (spettanti) à la Vita nuova, la Ballade suivante que Fraticelli croit pouvoir affirmer être une de ces cosette per rime que Dante dit avoir écrites (il ne signale pourtant que le sonnet reproduit ici page 39) à propos du départ de la femme qui lui avait servi à dissimuler aux autres son véritable amour (la quale fece schermo alla veritade[2]).
In abito di saggia messaggera… |
Si l’on trouve les termes de cette ballade un peu vifs, à propos d’une simple simulation, on pourra penser que cette personne lui avait peut-être inspiré un intérêt plus particulier qu’il ne l’avoue. Mais il faudra penser également au langage habituel, et très conventionnel, des poètes, et surtout des rimeurs de ce temps-là. Si aujourd’hui, dans le langage de la polémique usuelle, traiter quelqu’un de scélérat signifie souvent simplement qu’il ne partage pas votre manière de voir, dire à une femme qu’on mourra de son absence pouvait signifier simplement qu’on avait du plaisir à la voir.