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La Voix de la sagesse/Troisième cycle/Deuxième partie

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Bibliothèque idéaliste lyonnaise (p. 84-104).


Deuxième Partie




I

Il n’y a qu’un maître. Ce maître est en nous. Il faut l’écouter pour l’entendre, et faire silence pour l’écouter.

II

Dans le cœur de tous les vivants réside un maître qui les fait mouvoir par sa magie comme par un mécanisme caché.

III

Nous attendons, dans l’existence, comme les aveugles de la légende qui avaient fait un long voyage pour venir écouter leur Dieu. Ils s’étaient assis sur les marches, et quand quelqu’un leur demandait ce qu’ils faisaient sur le parvis du sanctuaire : « Nous attendons, disaient-ils en secouant la tête, et Dieu n’a pas dit encore un seul mot. » Mais ils n’avaient pas vu que les portes d’airain du temple étaient fermées et ils ne savaient pas que la voix de leur Dieu remplissait l’édifice. Notre Dieu ne cesse pas un instant de parler et personne ne songe à entr’ouvrir les portes. Et cependant, si l’on voulait y prendre garde, il ne serait pas difficile d’écouter, à propos de tout acte, le mot que Dieu doit dire.

IV

Ce n’est pas sur un parchemin ou sur une table de pierre que Dieu a écrit son nom et sa loi : le livre sacré par excellence est l’âme vivante de l’homme.

V

Il y a dans l’homme deux parties : le cœur spirituel où brille la lumière divine, et le reste où brillent des lumières naturelles.

VI

L’esprit de l’homme est une lampe divine. Elle sonde jusqu’aux choses les plus profondes.

VII

Ne crois pas devoir à toi-même les résultats que tu obtiens. Dans nos efforts vers le mieux, c’est du Ciel que viennent la force, la réussite et les fruits. Quelque grande que soit notre énergie personnelle, nous ne fournissons rien d’autre que notre adhésion au secours divin.

VIII

Ce qui distingue les hommes les uns des autres, ce sont les rapports qu’ils ont avec l’Infini.

IX

Il n’est rien sur la terre qui ne montre ou la misère de l’homme ou la miséricorde de Dieu, ou l’impuissance de l’homme sans Dieu, ou la puissance de l’homme avec Dieu.

X

Il y a de la lumière dans tout ce qui arrive, et les plus grands des hommes n’ont été grands que parce qu’ils avaient l’habitude d’ouvrir les yeux à toutes les lumières.

XI

Votre corps est le temple de l’Esprit qui vous a été donné par Dieu, et il ne vous appartient pas à vous-même.

XII

Une chose belle ne meurt pas sans avoir purifié quelque chose. Il n’y a pas de beauté qui se perde.

XIII

L’âme est une chose qui peut ne pas monter, mais qui ne peut jamais descendre.

XIV

Nous vivons tous dans le sublime. Ce qui nous manque, ce ne sont pas les occasions de vivre dans le ciel, c’est l’attention et le recueillement. Tout ce qui nous arrive est divinement grand et nous sommes toujours au centre d’un grand monde. Mais il faudrait s’habituer à vivre comme un ange qui vient de naître, comme une femme qui aime, ou comme un homme qui va mourir.

XV

Il n’est point de pensée ayant habité honnêtement comme vraie dans le cœur de l’homme, qui n’ait été une honnête intuition de la vérité de Dieu de la part de l’homme, et qui n’ait en elle une vérité essentielle, durant à travers tous les changements.

XVI

Toute consolation humaine est vaine et de peu de durée. La seule consolation véritable et efficace est celle que la Vérité même nous donne, au-dedans de notre cœur.

XVII

Il faut laisser les petites choses à ceux qui ne sentent pas que la vie est profonde. Tout ce qui ne va pas au-delà de la sagesse expérimentale et quotidienne ne nous appartient pas et n’est pas digne de notre âme.

XVIII

Celui qui est de Dieu écoute les paroles de Dieu.

XIX

Nous sommes laids quand nous nous éloignons des dieux qui sont en nous, et nous devenons beaux à mesure que nous les découvrons. Nous ne trouverons le divin dans les autres qu’en leur montrant d’abord le divin dans nous-même.

XX

Le Seigneur n’accable point les enfants des hommes.

XXI

Dieu va doucement avec nous parce que notre nature est faible.

XXII

Avant toute chose veille à ce que ton nom soit écrit dans le Ciel.

XXIII

Approchez-vous de Dieu et il s’approchera de vous.

XXIV

L’âme est le devenir individuel, comme Dieu est le devenir universel.

XXV

Nulle retraite n’est plus tranquille et moins troublée pour l’homme que celle qu’il trouve en son âme, surtout s’il y porte ces vérités qu’il lui suffit d’approfondir pour obtenir à l’instant une absolue quiétude.

XXVI

Quiconque passe sa vie dans l’ignorance de Dieu et de soi-même abdique sa nature morale et manque à sa destinée.

XXVII

Il n’y a pas de jours petits. Il faut que cette idée descende dans notre vie et qu’elle s’y transforme en substance. Petites joies, petits sourires et grandes larmes, tout cela occupe le même point dans l’espace et le temps. Les sourires aussi bien que les larmes entr’ouvrent les portes de l’autre monde.

XXVIII

L’âme, principe de vie, est d’origine céleste ; son essence est de vivre d’une vie toute spirituelle. Elle est tombée dans le corps à la suite d’une chute mystérieuse. Sa destinée en ce monde est de s’affranchir des organes, et, à travers une série de voyages et d’épreuves corporelles, elle tend à reconquérir sa vie primitive en Dieu.

XXIX

La vie intérieure peut être comparée à une ascension. Ne nous hasardons pas à gravir les cimes sans guides ou avec de mauvais guides, ou encore liés par la même corde à des compagnons de route inexpérimentés.

XXX

Il y a trois degrés différents dans l’ouverture de notre sens spirituel ou sensorium. Le premier degré ne va que jusqu’au bien moral, et le monde transcendental agit en nous par des mouvements intérieurs qu’on appelle inspirations. Le second degré, qui est plus élevé, ouvre notre sensorium pour recevoir le spirituel et l’intellectuel, et le monde métaphysique agit en nous par des illuminations intérieures. Le troisième degré, qui est le plus élevé et aussi le plus rare, ouvre tout l’intérieur. Il ouvre la croûte qui ferme notre œil et notre oreille spirituels et nous donne une vision entière dans le règne des esprits, et l’objectivité des objets métaphysiques et transcendentaux, ce qui explique tout naturellement toutes les visions.

XXXI

Ce n’est pas celui qui commence seulement, mais celui qui persévère jusqu’à la fin qui sera couronné.

XXXII

Le développement intérieur de l’homme suit la même marche progressive et naturelle par degrés que nous remarquons aussi dans sa croissance physique : les progrès ne sont pas évidents ni particulièrement rapides, si ce n’est chez quelques rares individus doués d’une manière exceptionnelle.

XXXIII

Si nous ne possédons pas une expérience intime et personnelle de l’existence de Dieu, nous sommes au fond du cœur des athées, malgré nos pratiques ou nos croyances.

XXXIV

Nos rapports avec Dieu doivent avant toute chose avoir le caractère d’une absolue sincérité. Ils s’accommoderaient mieux des plus grandes fluctuations, ou d’infidélités accentuées suivies de repentir, que d’une froide indifférence ou d’un formalisme quelconque accompli par devoir seulement.

XXXV

Quiconque travaille au bien se donne Dieu pour guide et arrive au but sans s’inquiéter des récompenses futures.

XXXVI

Tout est pur aux purs.

XXXVII

La méditation profonde habitue l’âme à vivre en dehors de son enveloppe corporelle : elle la prépare à la vie future.

XXXVIII

La foi est une force divine qui crée là où il n’y a rien et qui trouve là où il n’y a rien de créé.

XXXIX

La foi commence quand tous les moyens naturels sont épuisés.

XL

La prière est la faim de l’âme.

XLI

Tout prie : la pierre qui mûrit dans les ténèbres de la mine, la plante qui cherche le soleil, l’animal qui en salue le lever et le coucher. Tout acte est une demande. Le résultat s’obtient non par notre volonté, mais parce que nous désirons et espérons le succès.

XLII

Prier, ce n’est pas prononcer beaucoup de mots, mais c’est abîmer tous ses sens en Dieu.

XLIII

La nouvelle aurore ne peut éclairer l’homme que lorsqu’il a traversé le désert de l’anéantissement pour entrer dans la terre promise de l’union avec Dieu.

XLIV

Si vous avez écouté le Christ, vous avez appris de lui qu’il vous faut dépouiller le vieil homme qui se laisse corrompre par toutes les convoitises et les séductions, être renouvelés dans votre esprit et dans votre intelligence, et vous revêtir du nouvel homme créé à l’image de Dieu, suivant la justice et la sainteté véritables.

XLV

Renoncez à tout ce qui est malice, fraude, dissimulation, envie ou médisance. Désirez avec ardeur, comme des enfants nouvellement nés, le lait spirituel et pur, afin que vous croissiez par son moyen.

XLVI

C’est celui qui sent vivement son infériorité et son indignité qui est apte à percevoir les plus grands mystères.

XLVII

Pensez ou dites en ce moment des choses qui sont trop belles pour être vraies en vous ; elles seront vraies demain si vous avez tâché de les penser ou de les dire ce soir. Tâchons d’être plus beaux que nous-mêmes ; nous ne dépasserons pas notre âme.

XLVIII

La vraie connaissance doit passer maintes fois par le feu avant d’être fixée.

XLIX

Pour que Dieu entre dans une âme, il faut que tout en sorte et qu’il y soit seul.

L

Notre ennemi le plus terrible est en nous-même.

LI

Tout repose sur notre volonté. Est-elle ferme ? Dieu aussi est ferme, et lui donne ce qu’elle désire dans la rectitude.

LII

Le diable ne peut pas remuer un grain de poussière quand l’homme ne l’y aide pas.

LIII

Toute volonté propre est un diable qui combat contre Dieu.

LIV

Le combat spirituel est indescriptible : il faut l’expérimenter.

LV

Les régénérés gagnent leur pain spirituel à la sueur de leur âme.

LVI

Il faut nous préparer au combat, ne pas nous donner un jour de repos et accepter ce que Dieu nous envoie. Alors nous pourrons jouir du bonheur que Dieu nous donnera et devenir riches ou pauvres, sans nous en affecter.

LVII

Un fort est souvent renversé plutôt qu’un faible, parce que ce dernier s’abandonne à Dieu.

LVIII

Aucun homme ne peut concevoir quel travail c’est que de demeurer fidèle jusqu’à la fin dans la foi, l’amour et l’espérance.

LIX

Plus nous supportons d’épreuves, plus vite nous avançons vers la délivrance.

LX

Quelque chose t’est arrivé ? C’est bien. Tout ce qui t’arrive t’était destiné dès l’origine par les lois du Tout.

LXI

C’est du bourgeon du renoncement à soi-même que jaillit le doux fruit de la délivrance finale.

LXII

Tout acte nécessaire s’accomplit en disant : « Il faut le faire » ; et si l’auteur a supprimé le désir et abandonné le fruit de ses œuvres, c’est l’essence même de l’abnégation.

LXIII

De même que, dans le monde temporel, le renoncement aux désirs amène la paix profonde, de même, dans le monde spirituel, le renoncement à soi-même amène l’union en Dieu.

LXIV

Pour mettre fin aux atteintes du mal et de la souffrance, il n’y a pas d’autre moyen que de les supporter.

LXV

Où pourra-t-on trouver un homme qui veuille servir Dieu sans espoir d’un avantage personnel ? Un homme arrivé à ce degré d’évolution spirituelle, détaché de toutes choses, est bien rare. Qui trouvera le vrai pauvre spirituel, dépouillé de tout désir créaturel ? Combien éloigné du but le plus lointain n’est pas le prix qu’il se propose !

Si un homme donne tout son être, il n’est rien encore. S’il accomplit la plus rigoureuse pénitence, il est encore bien petit. S’il assimile toute la science, il est encore loin du but. S’il acquiert une grande vertu et une ardente piété, il lui manque encore beaucoup. Il lui manque surtout ce qui lui est le plus nécessaire. Qu’est-ce donc ? Qu’ayant renoncé à toutes choses, il renonce à lui-même ; qu’il sorte entièrement de son moi ; qu’il ne garde plus aucun lien d’amour avec sa personnalité.

LXVI

Celui-là ira vers Dieu, qui dans l’œuvre pense à Dieu.

LXVII

Plus l’homme s’éloigne des consolations terrestres et plus il s’approche de Dieu. Plus l’homme descend en lui-même et plus il se sent petit, plus il s’élève vers Dieu.

LXVIII

Descendre dans sa conscience, c’est comparaître devant Dieu.

LXIX

Seul l’homme intérieur reçoit les influences de Dieu, et son union avec la personne physique échappe à la compréhension.

LXX

Il y a dans la vie morale de l’homme des instants où il se sent ravi, hors de lui-même et transporté jusqu’à Dieu.

LXXI

L’homme qui ne néglige aucun effort pour se placer au rang des meilleurs est comme un prêtre, un ministre de Dieu, un ami de Celui qui habite en lui.

LXXII

Ceux qui, dans ce qui est l’Essence, voient l’Essence, et dans ce qui n’est pas l’Essence, ne voient pas l’Essence, ceux-là s’abandonnent à de légitimes aspirations et atteignent à l’Essence.

LXXIII

La Vérité absolue n’existe pas pour l’homme des sens. Elle n’existe que pour l’homme intérieur et spirituel qui possède un sens intérieur pour percevoir la vérité du monde transcendental, un sens spirituel qui perçoit les objets spirituels aussi naturellement en objectivité que le sens extérieur perçoit les objets extérieurs.

LXXIV

Si un homme aime Dieu, il est connu de Dieu.

LXXV

L’homme qui se complaît dans la connaissance et dans la science, le cœur en haut, les sens vaincus, tenant pour égaux le caillou, la motte de terre et l’or, est Uni spirituellement.

LXXVI

Celui qui voit tous les Êtres dans l’Âme suprême et l’Âme suprême dans tous les Êtres, celui-là n’aura de mépris pour rien.

LXXVII

L’Union divine n’est ni pour qui mange trop, ni pour qui ne mange rien ; elle n’est ni pour qui dort longtemps, ni pour qui veille toujours. L’Union sainte, qui ôte tous les maux, est pour celui qui mange avec mesure, se récrée avec mesure, agit, dort et veille avec mesure.

LXXVIII

Il est possible d’être un homme divin et de n’être connu de personne.

LXXIX

La communauté intérieure de la lumière est la réunion de tous ceux qui sont capables de recevoir la lumière, et des élus. Le dépôt primitif de toutes les forces et de toutes les vérités a été confié de tous temps à cette communauté de la lumière. Elle seule, comme dit saint Paul, était dans la possession de la science des saints. Par elle les agents de Dieu furent formés dans chaque époque, lesquels passèrent de l’intérieur dans l’extérieur et communiquèrent l’esprit et la vie à la lettre morte.

La prudence du monde épie en vain cet intérieur ; en vain la malice cherche à pénétrer les grands mystères qui y sont cachés : tout est hiéroglyphe pour celui qui n’est pas mûr ; il ne peut rien voir, rien lire dans l’intérieur. Celui qui est mûr s’ajoute à la chaîne, peut-être là souvent où il le croyait le moins, et souvent où il n’en sait rien lui-même.

LXXX

Plus un homme fait régner en lui l’unité et la simplicité, plus nombreuses et plus élevées sont les vérités qu’il peut comprendre, sans aucun travail, parce qu’il reçoit de plus haut la lumière intellectuelle.

LXXXI

Celui qui s’est perfectionné par l’Union mystique, avec le temps trouve la science en lui-même.

LXXXII

Le véritable enfant de Dieu connaît tout sans étude et peut tout sans entraînement.

LXXXIII

La vertu éclatante et supérieure conduit à la Voie. La Voie donne l’abondance de toutes choses.

LXXXIV

À l’un la parole de sagesse est donnée par l’Esprit ; à l’autre la parole de science est donnée par ce même Esprit. Un autre reçoit la foi de ce même Esprit ; un autre reçoit de ce même Esprit le don de guérir les malades. Un autre, les opérations des miracles ; un autre, la prophétie ; un autre, le discernement des esprits ; un autre, le don des langues ; un autre, le don d’interpréter les langues. Mais c’est un seul et même Esprit qui opère toutes ces choses, les distribuant à chacun comme il lui plaît.

LXXXV

Le saint ou le parfait sage est une image modelée sur la sagesse et la perfection célestes. Il sera tout puissant, saura toutes choses, aura tout pouvoir au Ciel et sur Terre.

LXXXVI

Notre moi tout entier, dans sa partie consciente aussi bien que dans son inconscient, ne se compose que de forces venues de la Nature ; il ne peut se nourrir que d’aliments naturels et relatifs ; les sciences et les pouvoirs qui en résultent sont nécessairement incomplets et mélangés d’erreurs. L’Esprit seul comporte le vrai absolu, parce qu’il ne porte aucune chaîne, du temps ni de l’espace. Celui qui a reçu le baptême de l’Esprit sait tout et tout lui est soumis.

LXXXVII

Si ton cœur était pur, toute créature serait pour toi un miroir de la Vie universelle et un livre de la Science divine. Car il n’y a pas une créature, si petite et si vile qu’elle paraisse, qui n’incarne une partie de la perfection divine. Si ton âme était bonne et pure, tu connaîtrais et tu comprendrais toutes choses sans difficulté. Un cœur pur pénètre les mystères du Ciel et de l’Enfer.

LXXXVIII

Il n’y a dans le monde que les hommes souverainement parfaits qui puissent connaître à fond leur propre nature, la loi de leur être et les devoirs qui en dérivent. Pouvant connaître à fond leur propre nature et les devoirs qui en dérivent, ils peuvent par cela même connaître à fond la nature des autres hommes, la loi de leur être, et leur enseigner tous les devoirs qu’ils ont à observer pour accomplir le mandat du Ciel. Pouvant connaître à fond les autres hommes, la loi de leur être et leur enseigner les devoirs qu’ils ont à observer pour accomplir le mandat du Ciel, ils peuvent par cela même connaître à fond la nature des autres êtres vivants et végétants, et leur faire accomplir leur loi de vitalité selon leur propre nature. Pouvant connaître à fond la nature des êtres vivants et végétants, et leur faire accomplir leur loi de vitalité selon leur propre nature, ils peuvent par cela même, au moyen de leurs facultés intelligentes supérieures, aider le Ciel et la Terre dans la transformation et l’entretien des êtres pour qu’ils prennent leur complet développement. Pouvant aider le Ciel et la Terre dans la transformation et l’entretien des êtres, ils peuvent par cela même constituer un troisième pouvoir avec le Ciel et la Terre.

LXXXIX

Ne t’imagine pas que tu pourras obtenir des dons et des forces spirituels si tu n’es pas résolu à les employer exclusivement au bien de ton prochain.

XC

Il faut une grande prudence dans l’usage des dons spirituels, afin que la vanité et l’amour-propre ne s’y introduisent pas.

XCI

Si des pouvoirs te sont donnés, uses-en avec précaution, sans exagérer leur valeur et sans ignorer leurs dangers. Celui qui veut atteindre la cime ne doit pas s’arrêter à la première station de la route.

XCII

Qui est véritablement un maître spirituel ? Celui qui, ayant pénétré l’essence des choses, a toujours en vue d’être utile aux autres êtres.

XCIII

Le rôle des justes est de rétablir l’harmonie, la paix et le bonheur là où les méchants avaient semé la confusion, la guerre et la souffrance.

XCIV

Soyez bons dans les profondeurs, et vous verrez que ceux qui vous entourent deviendront bons jusqu’aux mêmes profondeurs. Rien ne répond plus infailliblement au cri secret de la bonté que le cri secret de la bonté voisine. Tandis que vous êtes bons activement dans l’invisible, tous ceux qui vous approchent feront sans le savoir des choses qu’ils ne pourraient pas faire à côté d’un autre homme.

XCV

La fonction de l’homme est d’élever les êtres inférieurs à lui en les faisant servir à sa propre élévation dans la vie infinie.

XCVI

À mesure que nous devenons meilleurs, nous rencontrons des hommes qui s’améliorent. Un être bon attire irrésistiblement des événements aussi bons que lui-même, et, dans une âme belle, le hasard le plus triste se transforme en beauté.

XCVII

Le seul but raisonnable de la vie est l’avènement du règne de Dieu sur la terre, règne de paix et d’amour substitué à la discorde et à la lutte pour l’existence. Chacun peut y contribuer, et c’est dans la mesure où nous y contribuons que notre vie a véritablement du prix.

XCVIII

La poésie suprême n’a d’autre but que de tenir ouvertes les grandes routes qui mènent de ce qu’on voit à ce qu’on ne voit pas. Mais c’est aussi le but suprême de la vie, et il est bien plus facile de l’atteindre dans la vie que dans les plus nobles poèmes, car les poèmes ont dû abandonner les deux grandes ailes du silence.

XCIX

Celui qui, par ignorance, se considère comme l’agent unique de ses actes, voit mal et ne comprend pas.

C

La volonté de l’homme, comme celle de l’ange, est amour ; car l’homme aime ce qu’il veut et ne veut que ce qu’il aime.

CI

Aucun effort, même le plus petit, dans la direction bonne ou mauvaise, ne peut s’évanouir du monde des causes. Même la fumée dispersée ne reste pas sans traces.

CII

Sois attentif à l’accomplissement des œuvres, jamais à leurs fruits. Ne fais pas l’œuvre pour le fruit qu’elle procure, mais ne cherche pas à éviter l’œuvre. Constant dans l’Union mystique, accomplis l’œuvre et chasse le désir ; sois égal aux succès et aux revers : l’Union, c’est l’égalité d’âme. Malheureux ceux qui aspirent à la récompense.

CIII

Celui qui, ayant chassé le désir, accomplit les œuvres en vue de Dieu, n’est pas plus souillé par le péché que, par l’eau, la feuille de lotus.

CIV

L’homme satisfait de sa fonction, quelle qu’elle soit, parvient à la perfection. Il vaut mieux remplir sa fonction, même moins relevée, que celle d’autrui, même supérieure.

CV

Celui qui, heureux dans son cœur et content de lui trouve en lui-même sa joie, celui-là ne dédaigne aucune œuvre. Car il ne lui importe en rien qu’une œuvre soit faite ou ne le soit pas, et il n’attend son secours d’aucun des êtres. C’est pourquoi, toujours détaché, accomplis l’œuvre que tu dois faire ; car en la faisant avec abnégation, l’homme atteint le but suprême. Si tu considères l’ensemble des choses humaines, tu dois agir. Selon qu’agit un grand personnage, ainsi agit le reste des hommes ; l’exemple qu’il donne, le peuple le suit.

CVI

Agir consiste aussi à ne pas agir. Ainsi on n’est jamais sans agir.

CVII

Si le matin tu as entendu la voix de la Sagesse céleste, le soir tu peux mourir.