La Volupté prise sur le fait/03

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Chez Roux, Libraire, au Palais-Royal (p. 20-22).


TROISIÈME NUIT DE PARIS.


J’aurais cru Adolphe plus puissant sur mon cœur et sur mon souvenir, me dit la belle Polumnie à son réveil ; mais je ne connaissais pas encore les nombreuses qualités dont vous venez de me donner tant de preuves, continua-t-elle en me regardant tendrement. — Et pourquoi regretterais-je mon parjure, puisque je trouve réunis dans mon aimable Sylphe (c’est ainsi qu’il lui plut de m’appeler) tous les attraits dont mon infidèle était comblé ?… — Que dis-je ! aux grâces du corps il réunit les charmes de l’esprit, et Adolphe n’était, à bien prendre, qu’un sot charmant. Je ne manquai pas d’abonder dans son sens ; et à quantité de raisons que j’ajoutais aux siennes, j’en donnai une dernière qui lui parut déterminante, entraînante ; elle fut tellement convaincue de la justesse de ma raison, qu’elle ne put répondre que par des monosyllabes et un silence éloquent. Oui… oui… Sylphe charmant… vous me pénétrez de la force de votre… argument !…

Après avoir gagné une cause aussi belle et avoir mis hors de cour ma partie, qui s’avoua vaincue avec dépens, nous nous mîmes à concerter le plan de notre