La colonie Canadienne-Française de Chicago/Texte entier

La bibliothèque libre.
Strombert, Allen & Cie (p. Couv--).


LA COLONIE


Canadienne-Française


de


CHICAGO.

ELZÉAR  PAQUIN  M. D.


CHICAGO.
STROMBERG, ALLEN & Cie.
imprimeurs.
1893.





Entered according to Act of Congress, in the year 1893, by
Louis Édouard Bastien,
in the Office of the Librarian of Congress, at Washington, D. C.



Introduction…


*******


Chicago étant actuellement le théâtre d’un grand événement, le 400ième anniversaire de la découverte de l’Amérique par l’immortel Christophe Colomb, j’ai cru devoir livrer à la publicité ces quelques notes sur les conditions présentes de nos congrégations et sociétés nationales et sur nos principaux compatriotes, qui brillent dans la grande métropole de l’Ouest.

C’est à vous surtout, membres du Congrès Catholique, Frères Forestiers Catholiques, et compatriotes de la grande Convention Générale Nationale, que je dédie cet humble opuscule. Vous y trouverez des preuves que nos compatriotes de la ville des Beaubien ont su y garder la foi, la langue et les mœurs de nos invincibles ancêtres.

J’ose espérer que cette modeste publication sera bien accueillie au foyer de nos familles Canadiennes-Françaises.

L. E. Bastien, Éditeur,
143 Lylle Street, Chicago.


ÉGLISE NOTRE-DAME DE CHICAGO.


LA COLONIE
Canadienne-Francaise
de
CHICAGO.



1831-93.




Quelle différence présente le Chicago actuel avec le Chicago des Beaubien, en 1831 ! M. Tassé, l’auteur des « Canadiens de l’Ouest, » dit : « Quels bonds prodigieux ! Il a suffi de quelques années pour que Chicago prenne un développement que plusieurs siècles souvent n’ont pu réussir à donner à maintes grandes villes du vieux monde. »

Lors des premières explorations de nos compatriotes, Chicago était occupé par des sauvages de la confédération des Miamis, dont faisaient partie les Illinois.

Il a été visité avant le commencement de ce siècle par des Canadiens-Français, dont les noms suivent : Sieur Jean Nicolet, en 1634 ; Nicolas Perrot, en 1671 ; le Père Jacques Marquette et Louis Joliet, en 1672-74 ; le Père Claude Allouez, en 1675 ; La Salle, en compagnie des Pères Membre et Ribourde, en 1679 ; Durantaye, en 1679 ; Le Mai, en 1696.

Chicago s’appelait Eschikagou, mot en langue indienne ayant la signification de « Puant. »

En 1801, le site de Chicago était encore un marais, une fondrière sur laquelle se trouvaient les huttes grossières d’un certain nombre d’indiens. En 1804, le gouvernement américain y bâtit le fort Dearborn pour tenir en respect les sauvages.

« Ce fort, » écrit M. Tassé, « détruit en 1812 par les Patouatomis qui avaient surpris et massacré sa garnison, avait été reconstruit en 1816. Deux familles de blanc seulement occupaient Chicago : Celles de John Kinzie et d’Antoine Guilmette, traiteur canadien marié à une indienne, qui demeurait là-même où l’on a érigé depuis le hangar à fret du chemin de fer de Galena. »

Baptiste Point De Sable, un beau nègre, instruit, et fort dévoué aux Français, a habité Chicago avant eux. Car, d’après le colonel Peyster, il y était en 1779, et Pierriche Grignon, de la Baie Verte, qui a visité l’endroit de Chicago en 1794, vit ce nègre intéressant.

De 1816 à 1821, le nombre des pionniers de la ville de Chicago ne devait pas être plus considérable. C’est ce que prouve la relation suivante d’un voyage fait par le colonel Ebenezer Childs, de Lacrosse, Mich., vers cette époque.

« Lorsque j’arrivai à Chicago, » dit-il, « je dressai ma tente sur les bords du lac, et je me rendis au fort pour acheter des vivres. Je ne pus cependant en obtenir, le commissaire m’ayant informé que les magasins publics étaient si mal approvisionnés que les soldats de la garnison ne recevaient que des demi-rations, et qu’il ignorait quand ils seraient mieux pourvus. Je me rendis alors auprès du colonel Beaubien, qui put m’en vendre une faible quantité. Deux familles seulement résidaient en dehors du fort, celles de M. Kinzie et du colonel Beaubien.

En 1821, l’abbé Gabriel Richard, missionnaire dans le Michigan, vint à Chicago, dans l’intérêt des Indiens. Chicago n’était alors encore qu’un poste militaire insignifiant.

En 1825, Chicago ne montrait encore que quelques cabanes à l’aspect bas et misérable. M. John H. Fonda, en fait la description suivante : « Chicago n’était alors qu’une agence de traite, il comptait environ quatorze maisons et pas plus de 75 ou 100 habitants. Les principaux étaient l’agent de la Compagnie, M. Hibbord, un français du nom de Guilmette et Jean-Baptiste Beaubien. Je ne pensais nullement à cette époque qu’une grande cité surgirait à cet endroit. »

« En 1829, » dit M. Tassé, « la petite bourgade se grossit d’un certain nombre d’immigrants, attirés par la perspective de la construction du grand canal qui relie les eaux de la rivière Illinois au lac Michigan. Des commissaires furent autorisés à diviser en « lots » la future ville, dont l’avenir commençait à se dessiner sous un aspect plus brillant. »

Deux frères du colonel Beaubien, Marc et Médard, vinrent se fixer cette même année à Chicago.

Un historien de la ville en parle dans les termes suivants, à la date de 1831 : « Sur le côté est de la rivière Chicago résidait Marc Beaubien, frère du colonel J.-B. Beaubien, il tenait une auberge. Son habitation avait pris, en 1831, les proportions d’une maison à deux étages, bien peinturée, qui fut bientôt connue sous le nom de Sagonash Hotel — nom sauvage de Billy Campbell, chef de guerre célèbre, et l’un des habitants les plus importants de Chicago. Plus loin, sur le bras sud de la rivière, s’élevait la demeure d’un traiteur français du nom de Bourrassa. La maison de traite de Médard Beaubien, une très modeste cabane, était située dans cette partie de la ville appelée sixième division, le colonel Beaubien résidait sur les bords du lac, à une petite distance au sud du fort dans la maison qu’il avait achetée de la Compagnie Américaine de Pelleteries en 1817, et que les colons désignaient sous le nom de « Ouigouan. » Près de sa demeure se trouvait son magasin, où il tenait pour la Compagnie Américaine de Pelleteries un assortiment d’articles pour la traite. »

Voici comment le major S. H. Long apprécia Chicago en 1836 : « Comme place d’affaires, » dit-il, « l’endroit n’offre aucun avantage aux colons, attendu que le montant annuel du commerce du lac ne dépasse pas la cargaison de 5 ou 6 goëlettes, même lorsque la garnison reçoit ses provisions de Mackinaw. Il n’est pas impossible que, dans un avenir très éloigné, quand les rives de l’Illinois seront habitées par une population nombreuse, et quand les basses prairies qui s’étendent entre cette rivière et Fort Wayne seront cultivées par autant de colons qu’elles peuvent nourrir, Chicago puisse devenir l’un des points de communication entre les lacs du nord et le Mississipi. Mais même alors, je suis d’opinion que le commerce s’y fera toujours sur une échelle très limitée. »

« Quel sanglant démenti l’avenir a donné à cette prédiction, » dit M. Tassé. En 1837, par un acte de la législature, passé le 4 mars, Chicago devint city.

De cette date au grand feu de 1871, la marche de la ville est bien connue. On a encore sous les yeux son développement rapide en population, en richesses, en ressources et en améliorations, etc.

Son commerce de gros, en 1871, a fourni le chiffre de $450,000,000. Ses progrès étonnèrent le monde, et à peine ses habitants pouvaient y croire.

En 1871, Chicago occupait une superficie de 35 miles carrés. Elle avait un tonnage de 95,395,99 tonneaux, importait des marchandises au montant de $2,042,499, et exportait au montant de $5,580,174. Alors au milieu de ces succès éclatants, vint la grande conflagration qui en une seule nuit anéantit tous les signes de sa prospérité et lui attira les sympathies de tout le monde civilisé.

De cette époque néfaste, Chicago a fait des progrès encore plus étonnants.

La population de Chicago s’élève aujourd’hui à 1,500,000 âmes. Nos compatriotes y sont nombreux actuellement. D’après ceux qui s’y connaissent, il y aurait maintenant 20,000 des nôtres dans la Métropole de l’Ouest.



Séparateur


RÉV. PÈRE ACHILLE BERGERON.
 
RÉV. PÈRE E. J. THÉRIEN. RÉV. PÈRE A. D. GRANGER.


NOTRE-DAME DE CHICAGO.



L’histoire du développement de cette paroisse peut se diviser en trois époques ; la première, de 1833 à 1864 ; la seconde, de 1864 à 1884 ; la troisième, de 1884 à nos jours.

La première période nous montre beaucoup de misères et d’inconvénients auxquels nos compatriotes ont été assujettis : c’est que la Providence voulait qu’ils méritent d’être couronnés par leur patience et leur fidélité au foyer et à l’autel.

En 1833. nos nationaux n’étaient pas nombreux dans Chicago et formaient la majorité parmi les catholiques de toute origine. Ils sentaient que dans aucune église, il n’apparait une aussi grande lumière de vérité que dans l’Église catholique. St. Augustin a dit : « L’Église catholique doit être étendue par toute la terre ; elle ne peut point être renfermée dans une petite partie du monde, comme dans un coin de l’Afrique. »

Chicago a été établie par quelques-uns de nos compatriotes, qui avaient avec eux le flambeau de la foi. Cette ville, qui dans l’espace d’un demi-siècle, est devenue le plus grand entrepôt de tout l’Ouest américain, et on pourrait dire, de tout le monde, ne devait pas avoir le sort lamentable de rester ensevelie sous les ombres épaisses de l’hérésie et sous les couches suffocantes de la matière. Il lui fallait une chaîne d’or pour l’unir au ciel ; il lui fallait une philanthropie par excellence, il lui fallait un bouclier qui rend invincible au combat, il lui fallait une palme qui reverdît comme l’herbe des champs dans une terre nouvellement arrosée, il lui fallait une religion qui relève vers le ciel un corps que la nature nous fait pencher vers la terre, il lui fallait une religion qui ne consiste pas seulement à honorer Dieu mais encore à aimer les hommes, il lui fallait une religion qui seule sait former de bons citoyens, des sujets fidèles, des serviteurs patients, des maîtres humbles, des magistrats incorruptibles, des gouvernants honnêtes et cléments, des amis véritables, il lui fallait une religion qui seule puisse sûrement conduire à la vérité, à la vertu et à la béatitude, et cette chaîne d’or, cette philanthropie, ce bouclier, cette palme, cette religion, c’est la belle, admirable et sainte religion catholique.

En 1833 donc, les catholiques de Chicago éprouvèrent le besoin d’une église. Une pétition signée presque exclusivement par nos compatriotes au nombre de 53 est adressée à l’évêque Rosatti, alors Archevêque de St. Louis. Ce sont des Canadiens surtout ou en plus grande partie qui vont poser les assises du catholicisme dans la vaste métropole occidentale de l’Amérique Septentrionale. En réponse à leur requête, il leur fut envoyé ainsi qu’aux autres catholiques un prêtre français du nom de Saint Cyr. Sous la direction de ce nouveau missionaire, ils bâtirent l’église Ste. Marie, au coin des rues Lake et State, site aujourd’hui couvert par une bâtisse de ces immenses pâtés de maisons commerciales dans le cœur de la partie principale de Chicago. Telle est l’origine de la première congrégation catholique de cette opulente cité, dont l’étendue étonne les regards des visiteurs étrangers. Cette congrégation, qu’on le remarque bien, était presque toute canadienne.

La population catholique augmentant rapidement par le contingent toujours croissant d’émigrés qui arrivaient de tous les points du globe, il devint nécessaire d’avoir une église plus spacieuse. Pour cela, on ne songea pas à se diviser, mais on transporta le temple au coin des rues Wabash et Madison, afin de lui donner plus de dimensions. Après quelques années, la congrégation devint beaucoup plus nombreuses, et les Canadiens s’y trouvèrent en minorité. Animés de l’esprit canadien-français, attachés à leur langue, pleins de patriotisme, et incapables à cause de leur fierté nationale de marcher à la remorque des autres races venues après eux sur un sol qui avait été pour la première fois arrosé des sueurs apostoliques des Marquette et autres missionnaires de leur sang, ces braves compatriotes demandèrent de se séparer : ce qui leur fut accordé. Pendant quelques années seulement, ils gardèrent la vieille église sur la rue Wabash.

Quant aux catholiques d’origine étrangère, ils se construisirent sur le même terrain une nouvelle église qui fut la deuxième dans Chicago et qui plus tard a été choisie pour être la cathédrale du premier évêque de cette grande ville commerciale. Ces deux églises étaient tout près l’une de l’autre.

Après un certain laps de temps, nos Canadiens laissèrent leur petite église en bois de la Wabash et vinrent se bâtir l’église St. Louis, sur la Clark, près de la rue Quincy. Ce fut là réellement, la première église canadienne, dans Chicago, puisqu’elle fut érigée par nos compatriotes seulement.

C’est vrai que le terrain ne leur appartenait pas, mais il avait été prêté par une canadienne, Mme. Biglow.

C’est en 1848, qu’eut lieu la construction de cette église St. Louis.

Le Rév. Père Isidore Lebel est le premier prêtre canadien et premier pasteur qui fut envoyé pour prendre la charge de cette congrégation, qui eu égard à ce temps-là, pouvait être fière de son temple. Il avait 25 pieds sur 75 et avait coûté $3,000.

En 1857, le Père Lebel fut remplacé par le Père Le Meistre, missionnaire venu de la France.

À cause d’un malentendu avec l’évêque d’alors, ce missionnaire s’est dirigé vers la Nouvelle-Orléans et a laissé sa paroisse sans prêtre. L’évêque qui alors n’avait pas assez d’ouvriers évangéliques pour rencontrer toutes les exigences et tous les besoins de son diocèse, ne put faire mieux que de confier la desserte de l’église St. Louis au Père John Waldran, Irlandais, et qui ne parlait pas un mot de français.

Ne pouvant pour le plus grand nombre comprendre leur nouveau curé, nos compatriotes abandonnèrent petit à petit l’église St. Louis. Attirés par le commerce qui se développait à vue d’œil dans le quartier ouest, ils se débandèrent pour tout de bon et se jetèrent en grand nombre sur l’avenue Blue Island.

Pendant plusieurs années, jusqu’en 1863, ils demeurèrent sans église. Comme avec le temps, d’autres églises avaient été élevées pour le culte catholique dans Chicago, c’est vers elles qu’ils se dirigèrent le dimanche pour entendre la messe.

En 1863, ils s’organisèrent de nouveau dans le sous-bassement de l’église St. Patrice.

Pour les récompenser des dépenses qu’ils avaient faites sur l’église St. Louis, l’évêque leur donna, en 1864, un beau lot au coin des rues Halsted et Congress. Fiers des traditions de nos ancêtres, forts de leur foi et confiants dans l’avenir, ils s’y bâtirent une autre église canadienne sous le vocable de Notre-Dame.

Le premier prêtre qui leur fut envoyé alors, est le Père Montobrig, qui n’y resta pas longtemps.

Dans la même année, c’est-à-dire, en 1864, le Père Jacques Côté fut chargé de la desserte de cette église, dont la dédicace eut lieu en 1865.

Le Père Côté a été curé de l’église Notre-Dame de Chicago, de 1864 à 1884. C’est pour nous la deuxième période de l’histoire de l’église canadienne dans cette cité, reine de l’industrie et du commerce.

Dans cet espace de temps, nos nationaux n’ont pas eu d’autre église, excepté ceux de Bridge Port sur les confins de Chicago qui ont eu une petite église à eux pendant quelques années.

Il ne s’est rien passé de remarquable dans le cours de ces années-là, si ce n’est que la congrégation n’a été guère florissante durant la plus grande partie du temps. La raison en était surtout qu’un bon nombre de nos compatriotes d’alors étaient nomades, c’est-à-dire qu’ils aimaient à voyager et suivaient le mouvement du déplacement.

Pendant les premières années, le Père Côté a maintenu sa congrégation au prix des plus grands sacrifices. D’un cœur large, il était libéral et ne connaissait pas de limites à sa générosité. Aussi était-il sans ressources, quand il a laissé Chicago pour s’en aller à Aurora, Illinois, où il travaille encore au salut des âmes. Ses paroissiens de Chicago ont gardé de lui un bon souvenir.

Vers les dernières années de cette période, l’église Notre-Dame put regarder l’avenir avec assurance. La perspective était riante. On put augurer que la congrégation canadienne deviendrait avant longtemps la plus importante dans tous les États de l’Ouest. Nos compatriotes commencèrent en plus grand nombre à se fixer et à devenir propriétaires dans le quartier ouest, principalement dans celui de l’avenue Blue Island, plusieurs même virent l’aisance ou la fortune leur sourire.

Le Père Côté vit que bientôt l’église de la rue Halsted ne pourrait plus suffire aux besoins croissants de la paroisse. Il jeta les yeux plus à l’ouest, acheta un terrain, et jeta les fondations d’un grand couvent.

Sur les entrefaites, des changements ecclésiastiques ayant eu lieu, le Père Achille Bergeron, au printemps de 1884, fut nommé curé de l’église Notre-Dame de Chicago.

C’est de cet évènement que nous faisons commencer la troisième période de l’histoire dont nous essayons de faire le récit.

Le Père Bergeron, bien qu’alors jeune, mais comprenant que la valeur n’attend pas le nombre des années, se mit sérieusement à l’œuvre. Il comprit qu’on avait mis sur ses épaules un lourd fardeau, il se voyait sous le poids de graves responsabilités, ayant bien conscience que la congrégation, dont il venait d’être nommé le pasteur, se trouvait entourée de circonstances qui l’obligeaient à changer ses conditions d’existence. Il n’y avait pas d’argent, il fallait une école canadienne plus en rapport avec le nombre et les besoins des enfants, l’église n’était pas assez grande, elle ne convenait plus au nombre et à la richesse de nos compatriotes, elle occupait un endroit qu’on ne pouvait concilier avec la majesté des temples catholiques. Que faire ?

Après des négociations habilement conduites, le Père Bergeron vendit le lot et la vieille église $30,000. C’était son premier succès ; car dans cette vente il a réussi à obtenir ce qu’on appelle un bon prix.

Les trois beaux édifices au coin de la rue Sibley et de la Vernon Park Place, attestent aujourd’hui que le Rév. Père Achille Bergeron, curé actuel de Notre-Dame, a été loin de faillir à la mission difficile dont il a été chargé en 1884.

Voilà une congrégation catholique qui proclame bien haut que, dans Chicago, les familles canadiennes-françaises sont encore capables de suivre les traditions de leurs ancêtres.

En 1883, elles virent jeter les fondations d’un grand couvent sous la direction du Rév. Père J. Côté. Une fois finie, cette bâtisse considérable aurait, dit-on, surpassé tout ce qu’il y a de mieux en fait d’écoles ou de couvent catholiques dans l’Ouest.

Eu égard à certaines circonstances difficiles à contrôler, on a cru plus prudent d’en restreindre les proportions et d’en continuer la construction d’après un plan moins gigantesque.

En août 1885, cette école était terminée.

Cette modification du plan n’a pas empêché le couvent de Notre-Dame de s’élever avec des dimensions vraiment imposantes, comme on peut en juger.

Il a 110 pieds de longueur sur 70 de profondeur, et sa porte d’entrée principale avec un magnifique portique donne sur la Vernon Park Place.

Cette belle institution canadienne, fréquentée par au-delà de 400 enfants, est sous la charge de onze Sœurs de la Congrégation de Montréal, élevées dans la pensée des esprits sérieux, au rang des meilleures institutrices en Amérique, et est entretenue à même les fonds de la paroisse.

La supérieure est la Révérende Mère Sainte Emérentienne, arrivée ici une des premières et qu’on pourrait considérer à bon droit comme la fondatrice de l’école canadienne à Chicago.

Les dépenses de ce couvent se monte à $3,000, par année.

Il est construit de manière à satisfaire aux exigences des principes actuels de l’hygiène publique. Son système de ventilation est des mieux perfectionnés. Toutes les classes, au nombre de dix, sont chauffées par la vapeur.

On n’a rien épargné pour faire de cette institution une des plus commodes, une des plus confortables et une des plus en état de procurer un enseignement digne de tout éloge.

Sans crainte d’exagération, on peut affirmer que cette excellente maison d’éducation de la Vernon Park Place rivalise noblement avec les meilleures institutions catholiques de ce genre dans l’Archidiocèse de Chicago.

Le coût de cette école est de $26,000, aujourd’hui entièrement payées.

En 1886, fut érigée la magnifique résidence pastorale. Cet élégant presbytère de la valeur de $10,000, comprend quatre étages avec la mansarde et fait face à la rue Sibley.

Le 19 mars 1887, on jeta les fondations de Notre-Dame. Les matériaux et les travaux ont absorbé la somme de $90,000, dont les trois quarts sont payés à l’heure qu’il est.

La façade donne sur la Vernon Park Place et le côté est regarde la rue Sibley.

Cette église est une rotonde octogonale : longueur, 130 pieds ; largeur, 106 pieds ; hauteur, du sol à l’entablement, 42 pieds ; du rez-de-chaussée au sommet de la coupole, 155 pieds. Elle est tout en brique, blanche, pressée.

La coupole dont la base sert de voûte et dont la partie la plus élevée et la plus aigüe en forme de dôme entouré de châssis répand une vive lumière, est considérée comme une des plus belles de Chicago.

On compte 10 châssis, dont un grand au-dessus de la porte centrale, un autre au-dessus de l’autel, et deux autres latéraux dans la portion la plus saillante de l’édifice.

Le grand vitrail au-dessus de l’autel a 22 pieds de haut et 14 de large. Les deux grands châssis de chaque côté, dans ce que l’on pourrait appeler les ailes, présentent une hauteur de 26 pieds et une largeur de 16 pieds.

Les châssis sont en verres coloriés et déroulent à nos yeux des sujets qui nous rappellent ou plutôt nous font voir les scènes, les mystères ou les évènements principaux de la vie de la Sainte Vierge, comme l’Annonciation, la naissance du Sauveur dans la crèche, la présentation au temple, la fuite en Égypte, la rencontre de Jésus au milieu des docteurs, la Sainte Vierge au pied de la croix, l’Assomption.

Les autels sont au nombre de cinq, tous en marbre. Le bois employé est le chêne et l’érable.

Pour la maçonnerie, pour une partie, le constructeur fut M. J. Lacroix ; M. J. Poitras eut le contrat pour une partie de la boiserie ; M. Michel Cyr fut le contracteur aussi pour une partie du plâtrage.

Cette église peut contenir 2,000 personnes.

Le Rév. Père Bergeron a eu d’abord pour assistants le Rév. Père Trefflé Ouimet, qui plus tard a établi la paroisse canadienne de Pullman et le Rév. Père A. Labrie, aujourd’hui curé de Saint-George, Ill. Ceux qui leur ont succédé ensuite sont les Révérends Pères E. J. Thérien et A. D. Granger. Ces hommes de Dieu sont remplis de dévouement et très-aimés de tous nos compatriotes.

Nous allons maintenant mentionner les noms des principaux donateurs qui se rapportent à l’église de Notre-Dame.

La statue qui surmonte le dôme a été donnée par M. Gabriel Franchère. Elle est l’œuvre de M. Jobin, sculpteur de Québec. M. Z. P. Brosseau a fait don du tableau de la « Nativité. » La représentation « Au pied de la Croix, » a été donnée par M. Ambroise Plamondon, en mémoire de son père et de sa mère. La famille Franchère, en mémoire de leur mère, a donné la figure « Présentation au Temple. » Le tableau « l’Annonciation » vient de la famille Frenière, en mémoire du père et de la mère. MM. Joseph Chalifoux et André Leclaire ont attaché leurs noms comme donateurs au tableau « Les Épousailles. » M. Césaire Garreau a donné « La Fuite en Égypte. » L’Association des Enfants de Marie a fait cadeau de la figure « L’Assomption. » La Cour Notre-Dame des Forestiers Catholiques est la donatrice du tableau de Notre-Dame de Lourdres. La représentation de la mort de Saint Joseph est due à la générosité de M. Joseph Proteau. Le tableau de l’Apparition du Sacré-Cœur vient de M. Placide Proteau. M. Francis Leblanc figure comme donateur du tableau de Sainte Anne. La figure représentant le Baptême de Notre-Seigneur par Saint Jean-Baptiste se rapporte à la libéralité de M. Nect. Rousseau. La lampe du sanctuaire est le don de M. Napoléon Provost. La Société Saint Jean-Baptiste a donné l’autel de Saint Jean-Baptiste. Les Dames de Sainte Anne ont fait don de l’autel de Sainte Anne.

Le nouvel orgue coûte $4,000. L’organiste est M. A. Roy. Le chœur est composé de 40 voies. Il y a une orchestre comprenant 25 instruments, elle est sous la direction du Rév. Père E. J. Thérien.

Les confréries de Notre-Dame sont : la société des Dames de Sainte Anne au nombre de 800, la société des Enfants de Marie comprenant 200 membres, et la Ligue du Sacré-Cœur renfermant 600 membres.

Les sociétés de bienfaisance sont les suivantes : La société Saint Jean-Baptiste, 200 membres ; la Cour Jacques-Cartier, No. 5, C. O. F., 120 membres ; la Cour Notre-Dame, No. 25, C. O. F., 200 membres ; la Cour La Salle, No. 140, C. O. F., 100 membres.

La valeur des propriétés immobilières de la paroisse de Notre-Dame de Chicago, s’élèvent au montant de $150,000.




SOCIÉTÉ SAINT JEAN-BAPTISTE.


La fondation de la société Saint Jean-Baptiste de Chicago eut lieu en mai 1866. Celui qui fut chargé de rédiger les règlements actuels de cette société a été M. Louis Honoré Fréchette, aujourd’hui le plus grand poëte de l’Amérique.

À cet époque, notre illustre compatriote vivait à Chicago en éprouvant les angoisses de l’exil. C’est alors qu’il composa son fameux livre intitulé : « La Voix de l’Exilé. »

La société Saint Jean-Baptiste de Chicago doit beaucoup de reconnaissance au lauréat de Montréal pour les services qu’il lui a rendus.

Parmi les autres organisateurs de cette société nationale dont l’âge lui donne déjà un cachet de respectabilité, on nous a rappelé les noms suivants : Olivier Decelle, président ; Cyrille Lebeau, vice-président ; Éphrem Watier, trésorier ; Noé L. Tranche, secrétaire ; Pierre Benoit, Olivier Frenière, Lévi Marinier, Nector Rousseau, Antoine L. Degignac et Félix Clément, directeurs.

Elle fut incorporée, le 24 Mars 1871. Elle compte actuellement environ 200 membres actifs. Cette société devrait être aujourd’hui forte de 800 membres, le moins. Elle est purement nationale, à part son caractère d’assurance mutuelle. C’est par la Saint Jean-Baptiste qu’en Canada nos compatriotes ont vaincu l’oligarchie et la bureaucratie qui avaient juré la ruine complète de notre nationalité.

Dans les États-Unis, c’est par la Saint Jean-Baptiste que nos nationaux s’organisent, se reconnaissent, s’affirment et se font respecter. C’est dans la Saint Jean-Baptiste que notre nationalité, en Amérique, trouvera les forces nécessaires pour toujours porter haut le drapeau de l’honneur national. C’est dans cette belle organisation nationale, que nos missionnaires canadiens-français rencontrent leur principal appui.

Quant à la société Saint Jean-Baptiste de Chicago, elle peut montrer à son crédit beaucoup de bonnes œuvres nationales.

Le fait qu’elle repose sur le principe du secours mutuel ne l’éloigne pas de son but. Au contraire, la mutualité d’assistance est un lien éminemment national. Il faut dans nos rangs de l’union, de l’association, de l’esprit public, du sens national dans des vues pratiques pour le bien général de notre nationalité. Or, la Saint Jean-Baptiste nous offre tous ces avantages. La question donc, la plus importante, pour tous nos compatriotes partout où ils forment un centre, c’est d’organiser des sociétés Saint Jean-Baptiste basées sur la mutualité du secours et d’y entrer en aussi grand nombre que possible. Quant à ceux des nôtres dont l’âge, les infirmités ou les maladies compromettraient l’existence de nos sociétés nationales s’ils en devenaient membres actifs avec droit à tous les bénéfices, ne serait-il pas mieux de ne les accepter que comme membres agrégés, vu que cela conviendrait à leur qualité de Canadiens-Français ?

Il va de soi que pour la bonne entente, l’accord, l’harmonie, les membres agrégés seraient exclus de la gestion des affaires des sociétés.

Avec une telle organisation tous nos compatriotes pourraient s’enrôler sous nos bannières nationales. Comme nous serions alors unis et forts ! Comme nous serions influents aux yeux des étrangers ! Comme nous nous ferions respecter ! Comme ça irait à merveille sous tous les rapports !

La société Saint Jean-Baptiste de Chicago a en caisse la jolie somme de $1,000 ; de plus, en valeur immobilière, elle peut posséder comme à peu près $7,000.

Noms des officiers pour l’année courante : Michel Cyr, président, élu pour la septième fois ; J. B. E. L’Heureux, 1er vice-président ; J. Christin, 2ième vice-président ; Jos. Bourgeau, secrétaire-trésorier ; M. Doré, secrétaire archiviste ; C. E. Cyrier, médecin ; G. Francœur, 1er commissaire ordonnateur ; Cyrille Gendron, 2ième commissaire ordonnateur ; Jos. Lord, gardien.




RÉV. PÈRE ACHILLE BERGERON.


Le Rév. Achille Bergeron, curé de la paroisse, est né près de Momence, dans le comté de Kankakee, III., le 4 septembre 1855.

Après avoir terminé un brillant cours classique au collège Saint-Viateur, de Bourbonnais, en 1874, il se livra à l’étude de la théologie et fut ordonné prêtre en juillet 1878. Après avoir exercé le ministère plusieurs années à Chicago, deux ans à l’église Saint-Étienne et deux ans à l’immaculée Conception, il fut appelé à prendre la cure de la paroisse de Manteno.

Dans cette localité, il a donné une preuve remarquable de son talent d’administration et de son habileté financière extraordinaire.

Mais Chicago a été pour lui un vaste théâtre sur lequel ses aptitudes d’administrateur ont brillé du plus vif éclat.

L’Église Notre-Dame est son œuvre.

Ce monument seul peut donner à celui qui l’a fait sortir de terre un titre d’immortalité. Le Père Bergeron ne fait qu’atteindre la maturité de l’âge, et si le futur ressemble au passé, la population canadienne-française de Chicago peut s’attendre à d’autres heureuses surprises.




RÉV. PÈRE ELZÉAR JOSEPH THÉRIEN.


Le Rév. Père Elzéar Joseph Thérien ouvrit les yeux à la lumière dans l’Île des Sorciers, près de Québec. Cette île est aujourd’hui appelée Île d’Orléans.

Le bruit des vagues, le sifflement des aquilons, la grande voix des tempêtes du golfe, l’impétuosité des hautes marées furent bien une des causes des talents extraordinaires pour la musique que possède ce digne prêtre.

Il eut l’occasion de développer ses goûts pour la musique chez les Frères des Écoles Chrétiennes où il était instituteur en même temps que son ami l’Abbé Trefflé Ouimet.

Principal de l’école Saint-Jean, à Quebec, il avait la direction d’un chœur de chant qu’il rendit capable d’exécuter les messes des grands maîtres, au point que l’on en parle encore aujourd’hui. Sa renommée actuelle est toute faite dans Chicago. Sans sortir du vaisseau de l’état religieux, mais désirant simplement changer de cabine, pour nous servir d’une de ses expressions en ce temps-là, il se mit à l’étude du latin. En 1886, on le trouva à Bourbonnais étudiant la théologie.

Ordonné prêtre en 1887, il quitta Bourbonnais pour le Dakota où il mena une vie de missionnaire pendant quelques mois. Ensuite, il fut nommé assistant à Notre-Dame de Chicago, où il organisa un chœur de chant et un orchestre qui attirent tout ce qu’il y a de plus distingué dans le royaume de la musique.




RÉV. PÈRE AMBROISE GRANGER.


Le Rév. Ambroise Granger est né le 21 décembre 1863. Bourbonnais vit son berceau. Sa famille émigrait aux Illinois en 1848. Elle est d’origine acadienne et compte au nombre des premiers pionniers d’Acadie, dans le comté d’Iberville. Le grand père vit encore et porte lestement ses 85 ans.

En 1879, le jeune Granger commença ses études classiques au collège Saint-Viateur, établi dans sa paroisse, et, le 1er juin 1889, il fut ordonné prêtre sous les yeux de sa place natale. Le mois d’août suivant, il fut envoyé à Chicago comme assistant du révérend Père Bergeron.

Le Père Granger fait toujours preuve d’un grand zèle pour le salut des âmes.


SAINT JEAN-BAPTISTE.



Cette paroisse eut une naissance très modeste. Un prêtre canadien, du nom de Michaud, vint à la demande de quelques familles, célébrer la messe sur la rue Halsted, dans un espèce de salle, près de la rue 31ième. Mais la mort trancha quelques mois après le fil de ses jours.

Un prêtre breton, venu des Antilles, continua l’œuvre de messire Michaud. Il construisit un sous-bassement en briques, dont une partie était affectée au culte religieux et l’autre servait de presbytère provisoire. Mais Bridge Port offrait peu d’avantages à la fondation d’une paroisse canadienne-française. Le site n’était pas favorable, et nos nationaux de cette partie de la ville se trouvaient trop disséminés au milieu d’éléments étrangers.

Ces propriétés furent vendues, en 1889, et les catholiques de notre origine dans Bridge Port furent, en cette même année, enveloppés dans la nouvelle paroisse de Saint-Joseph, organisée, à Brighton Park, par le Rév. Père J. Lesage.

Saint Jean-Baptiste, patron de notre nationalité, ne veut pas que les églises érigées sous son vocable disparaissent pour toujours.

Voilà pourquoi, en 1892, sur la 50 Court, près de la rue Halsted, le Rév. Père Alf. Bélanger, C. S. V., a réorganisé cette paroisse de Saint Jean-Baptiste, qui doit exister dans Chicago.

Ce digne prêtre était venu dans l’Illinois pour chercher un peu de repos. Mais les hommes, doués d’un caractère trempé comme le sien, ont un genre de repos qui leur est particulier. Habitué aux grandes entreprises, il a cru devoir vaincre les difficultés qui devaient se présenter dans la fondation de cette paroisse au milieu d’un district nouveau environné de sept églises catholiques. Naturellement nos compatriotes, connaissant plus ou moins l’anglais, et disséminés dans ce nouveau quartier de plusieurs milles carrés, étaient portés à fréquenter ces églises. Pour obvier à la plus grande difficulté, il a jugé nécessaire de situer l’église au cœur de cette région de Chicago. Il acheta à l’angle de la rue Peoria et la 50ième Court des lots de 100 pieds par 125, pour la somme de $2,800, dont $2,100 sont encore à payer.

Il y fit transporter un temple protestant qu’il convertit en église catholique.

Cette église, les frais de transport, l’ameublement et les ornements nécessaires, ont occasionné une dépense de $6,000, que le Rév. Père Bélanger a réussi à payer, durant cette année !

Quand on considère les misères qui accompagnent le début d’une paroisse dans des circonstances semblables, on ne peut se défendre de l’idée que ce zélé prêtre a dû s’imposer beaucoup de sacrifices et un travail d’hercule pour mener son entreprise à bonne fin.

Aujourd’hui, nous pouvons vous dire que cette paroisse est solidement établie et peut sans crainte envisager le futur.

Il se propose de faire un emprunt de $5,000, pour payer les arrérages et pour la construction d’un presbytère.




RÉV. ALFRED BÉLANGER, C. S. V.


Ce dévoué religieux de la Communauté de Saint-Viateur est né le 27 Avril, 1835. Après avoir complété son cours classique, il fit son entrée au noviciat des Clercs Saint-Viateur, le 6 Janvier 1854. En 1855, on requit ses services à l’Institution des Sourds-Muets, de Montréal, où il passa trente ans à faire de cette institution ce qu’elle est actuellement, une des plus belles de l’Amérique du Nord. On dit qu’elle représente une valeur de $200,000. Les talents remarquables d’administration et les mérites du Père Bélanger l’appelèrent bientôt à la tête de cette grande œuvre de charité.

En 1860, il en devint donc l’âme. Pendant les nombreuses années que ce dévoué père la dirigea, « il la fit bénéficier de sa grande expérience dans les affaires et d’un dévouement qui ne s’est jamais rebuté, malgré les difficultés nombreuses et parfois bien pénibles qu’il eut à surmonter.

À trois reprises, il dût se rendre en l’Europe pour y étudier les méthodes suivies dans les établissements consacrés à l’enseignement des sourds-muets. En 1870, d’abord, il emporta les principes qui lui permirent de commencer l’enseignement de l’articulation, qui jusqu’à ce jour a produit de si beaux résultats ; ensuite, en 1880, pour assister au congrès de Milan et se renseigner sur les avantages de l’instruction des sourds-muets par la méthode orale pure.

« Ce fut sous l’administration du Père Bélanger, en 1860, que furent commencés les premiers ateliers au nombre de trois : la reliure, l’imprimerie et la cordonnerie.  »


RÉV. PÈRE A. BÉLANGER.

Le 27 Avril 1873, le Père Bélanger fut ordonné prêtre par Mgr. Bourget. Le soir de son ordination, il y eut un banquet où un cadeau consistant en vases sacrés et ornements pour sa chapelle qui en avait grandement besoin, lui fut présenté par des amis de l’Institution.

Épuisé par des travaux si fatigants, il vint chercher du repos à Brimfield, Ill., dans l’exercice du ministère.

Trois ans après, il fut appelé à fonder une mission de Sourds-Muets à New York, où il passa quatre ans.

De là, il se dirigea à Chicago, où après un repos de dix-huit mois, il fut chargé, en 1892, le jour de Pâques, de faire renaître l’église Saint-Jean-Baptiste sur la 50ième Court.

Depuis l’année dernière, il a opéré des merveilles dans la réalisation de cette œuvre entourée des plus grandes difficultés.

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SAINT LOUIS DE PULLMAN





En 1887, les familles canadiennes-françaises de Pullman, de Kensington, de Gano et de Roseland, se trouvaient assez nombreuses pour former une paroisse sous la direction d’un pasteur de notre origine. Le Rév. Père Goulet leur fut envoyé, et, le dimanche, elles se réunissaient dans une salle publique qu’elles avaient louée pour assister à l’office divin.

Quelques temps après, le Rév. T. Ouimet lui succéda. Les difficultés alors étaient nombreuses sous bien des rapports. Leur faire face demandait un pasteur habile et plein de courage et de bonne volonté. Ces qualités ne manquent pas à messire l’Abbé T. Ouimet.

Il se mit à l’œuvre, et c’est lui qui a certainement le mérite d’avoir fondé cette paroisse au prix des plus grandes fatigues et des sacrifices les plus durs aux yeux des hommes. Quoique jeune alors dans le ministère, il avait l’expérience du monde et réussit à surmonter les difficultés. Il acheta les lots et l’église était déjà en voie de construction quand la paralysie vint arrêter sa nature toute vivante et indomptable devant la mort.

Tout alors fut abandonné et la paroisse semblait destinée à disparaître. C’était un malheur. On était content des succès du curé Ouimet. Avec ses paroissiens, il voulait faire renaître de ses cendres sur la rue 114ième la vieille église Saint Louis. Comme messire l’Abbé Ouimet est artiste et s’entend en peinture, il se proposait de faire un chef-d’œuvre de décoration dans son église. Mais la maladie a enchaîné son activité, et il se vit contraint de laisser sa congrégation.

On peut ôter aux canadiens catholiques le fruit des labeurs des premières missions françaises. Mais Saint Louis qui veille sur l’avenir de sa race a permis qu’un autre bon prêtre de notre nationalité vint continuer l’œuvre difficile, patriotique et religieuse commencée par l’Abbé Ouimet.

Le 6 avril 1890, le Rév. Père J. B. L. Bourassa arriva au milieu de nos compatriotes de la paroisse Saint Louis. Il trouva les quatre murs nus d’une église commencée, point d’autel, point de presbytère, et autour de ces murs isolés, une centaine de familles canadiennes. Grâce à son activité, à son énergie et à son ascendant sur les esprits et les cœurs, le Rév. J. B. L. Bourassa réunit tout son monde, fit de tous comme un seul homme, les poussa en avant en marchant lui-même en tête, et aujourd’hui, on voit à Pullman une belle église canadienne toute finie en fresco, un beau maître-autel et deux autels latéraux, un magnifique presbytère bien fini au plâtre avec rosaces et d’autres ornementations valant $5,500. En somme des propriétés pour au-delà de $30,000. Mais aussi il faut dire que tout le monde y a mis bravement la main, le Rév. Père J. B. L. Bourassa donnant lui-même l’exemple en manipulant la scie et le marteau.

C’était vraiment admirable de voir ces braves paroissiens se rendre, après leur journée de travail, à la place de leur église offrir gratuitement leur service pour la terminer le plus tôt possible.

La voûte de l’église est divisée en six panneaux ou arches à fond bleue parsemés d’étoiles en or ; tout autour apparaissent de jolis petits anges, et un magnifique rideau de couleur brillante encadre, au-dessus du maître-autel, un cadre destiné à recevoir l’image de Saint Louis, le titulaire de la paroisse. Le travail à fresque est l’œuvre de M. C. Pruneau, de Montréal, Canada. Ce monsieur s’est initié à l’art de la peinture sous le célèbre Napoléon Bourassa.

Nous ferons remarquer, ici, que le maître-autel avait été ordonné par le Rév. Ouimet, et qu’il était déjà rendu aux lignes lorsqu’il est parti pour le Canada.

La superficie de cette église est de 40 x 60 pieds. Elle peut contenir 300 personnes. Il fallait un presbytère. Le Père


ÉGLISE SAINT LOUIS DE PULLMAN, ILL.

Bourassa et ses paroissiens se mirent encore à l’œuvre. Il mesure 40 pieds sur 24, a deux étages, douze appartements. Cette résidence, dont le plan a été fait par le Père Bourassa, aidé de M. Wilfrid Major, fait honneur à la congrégation de Saint Louis, et le pasteur n’a aucunement à envier les splendides presbytères des vielles paroisses de Chicago.

Les travaux sur l’église furent si rapidement exécutés, que la première messe qui y fut dite précéda celle qui eut lieu pour la première fois à la nouvelle église de Notre-Dame ainsi qu’à l’église Saint Joseph de Brighton Park.

M. le curé Bourassa ne put limiter là son zèle : Il fallait que sa paroisse eût une école. Cette école vient d’être terminée, et trois sœurs de la Congrégation de Notre-Dame doivent en prendre la direction, l’automne prochain.

Voilà encore un jeune prêtre canadien-français qui sait travailler pour l’honneur de l’église et le bien de nos compatriotes confiés à sa charge. Il y a trois ans qu’il est à Pullman, et il a pu réussir à réduire la dette à $11,000,

Dans la paroisse du Père Bourassa existent les sociétés suivantes : La Ligue du Sacré-Cœur pour hommes et jeunes gens, au nombre de 150 membres ; Les Dame de Sainte-Anne, se comptent au nombre de 50 ; Les Enfants de Marie, se trouvent au nombre de 35 membres.




MESSIRE JEAN-BAPTISTE L. BOURASSA.


Le curé actuel de Pullman est du comté de Chateauguay. Le 6 Août 1859, la paroisse de Chateauguay le vit naître de bons parents chrétiens, M. Louis Bourassa ayant pour épouse Delle Caroline Le Pailleur.

Après un solide cours d’étude au collège de Montréal, il étudia la théologie au Grand Séminaire de la même ville et, le 18 Décembre 1886, il fut ordonné prêtre par Mgr l’Archevêque Fabre.

Il exerça, d’abord, comme assistant, le ministère à Huntingdon et à Saint Jean d’Iberville. Sa faible santé le forçant de prendre du repos, il vint dans l’Ouest, et, après quelques mois passés à Saint Louis, il put accepter le poste de chapelain à l’importante Institution de Feehanville dirigé par les Frères des Écoles Chrétiennes. Il y resta deux ans, y fit beaucoup de bien, et y laissa le meilleur souvenir. C’est de là qu’il fut appelé à remplacer à l’église Saint Louis de Pullman, M. l’Abbé T. Ouimet, devenu gravement malade par suite des nombreux travaux qu’il s’était imposés dans l’établissement de cette paroisse. Messire Bourassa y arriva le 5 Avril


messire jean-baptiste l. bourassa.


1890. L’église n’était pas encore terminée, n’ayant que les murs sans aucune ornementation. Le nouveau curé y célébra cependant la première messe le jour de Pâques, et se mit courageusement à l’œuvre. On peut dire que l’état actuel de cette congrégation est dû à son grand zèle et à ses capacités en matière de finances. L’église possède, maintenant, un bel autel, de magnifiques statues, un orgue remarquable et de riches ornements sacrés.

Les cérémonies durant les offices sont bien conduites. Elles nous rappellent nos belles paroisses du Canada.

M. le Curé Bourassa a aussi dirigé la construction d’un élégant presbytère et d’une bonne école capable de contenir plusieurs centaines d’enfants. Au mois de Septembre prochain, cette école sera sous la direction des Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame.

M. le Curé Bourassa mérite sous tous les rapports de figurer parmi les meilleurs prêtres de notre clergé national aux États-Unis. Il a su s’attacher l’affection de tous ses paroissiens et se gagner le respect des protestants. Espérons qu’il vivra encore longtemps pour le bien de la religion et le bonheur de sa congrégation.

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SAINT-JOSEPH DE BRIGHTON PARK.





Nos compatriotes de ce quartier de Chicago se sont organisés en paroisse, le premier dimanche de Novembre 1889. Parmi ces braves familles canadiennes, qui font tant honneur à notre nationalité, il a toujours régné une unité d’action vraiment exemplaire. Mettant de côté tout élément de division, n’ayant tous qu’un même esprit et qu’un même cœur, elles s’unissaient dans une seule et même chose : former une congrégation digne de leurs aspirations nationales et catholiques.

Les canadiens-français de Brighton Park sont franchement chrétiens et nationaux, et tiennent à le prouver par leurs actions. Ils sont pratiques. Ils savent ce qu’il leur faut et prennent les mesures de l’avoir. Ils ne sont dans cette localité que depuis quelques années. Ils ont acheté des lots et se sont bâti des maisons. Ne voulant pas compter pour les derniers dans le domaine civil et politique, ils se sont faits naturaliser et ont forcé les autres races à les respecter. C’est grâce à leur influence, en grande partie, que Brighton Park a été annexé à Chicago, il y a déjà une couple d’années.

Le Rév. Père J. Lesage, curé alors de Saint-George, dans le comté de Kankakee, et bien connu par son zèle dans le ministère et son habilité dans les affaires, fut désigné par


ÉGLISE SAINT-JOSEPH DE BRIGHTON PARK.

l’Archevêque à la tête du mouvement de nos nationaux de

Brighton Park.

Après son arrivée à Brighton Park, le Rév. Père Lesage se choisit trois bons marguilliers : MM. Adolphe Fournier, Charles Fournier et Maurice Lamarche.

On se mit immédiatement à l’œuvre. Des lots pour la nouvelle église furent achetés au coin des rues California et Joseph. Ces lots ont 100 x 140 pieds.

Le 4 décembre 1889, une construction de 75 x 30 pieds commença à s’élever. C’est une bâtisse de deux étages. Le jour de Noël, de la même année, eut lieu la messe dans la chapelle provisoire. La partie supérieure de cet édifice a servi de résidence pastorale et d’école, et le premier étage formait l’église. Cela a duré un an et six mois.

Le Rév. Père Lesage a été réellement le fondateur de cette paroisse. En septembre 1891, il a réussi à faire venir cinq religieuses de la Congrégation de Saint-Joseph, de Concordia, Kansas. Elles prirent la direction de l’école, fréquentée aujourd’hui par 200 élèves tant petits garçons que petites filles.

Un élégant presbytère a été construit. Il a coûté $4,000. Ce montant est tout payé. En avril 1891, furent jetées les fondations d’une église de 125 x 50 pieds et pouvant asseoir 800 personnes. Elle a coûté $32,000, dont $22,000 ont déjà été payés. La dédicace de cette église eut lieu en mai 1892.

Cette paroisse comprend actuellement 250 familles. Comme on le voit, sous l’habile direction de leur dévoué pasteur, elles n’ont pas reculé devant les sacrifices, et maintenant elles sont heureuses d’avoir une belle église en brique, un couvent, une école et un presbytère, le tout presque payé.

Sous tous les rapports, nos compatriotes de Brighton Park sont dignes d’éloges.

Dans cette florissante congrégation, on compte plusieurs sociétés à caractère religieux : L’Union Saint-Joseph, pour les hommes seulement, contenant 100 membres ; les Amis du Sacré-Cœur, pour les jeunes gens, ayant cinquante membres ; les Dames de Sainte-Anne, au nombre de 120 membres ; les Enfants de Marie, pour les jeunes filles, figurant au nombre de 100 membres ; le Club Jacques-Cartier est une puissante organisation forte aujourd’hui de 500 membres.

S’il existe au milieu de nos compatriotes de Brighton Park tant d’esprit d’union et de progrès, c’est dû à leur Club Jacques-Cartier qui marche sous la direction éclairée du pasteur de la paroisse.

Le chœur de chant est composé de vingt-cinq chantres, sous la direction de M. Elzéar Bourget, organiste de la paroisse.

Dans Brighton Park, nos compatriotes ont organisé une cour des Forestiers Catholiques, la Cour Laval. De plus, ils ont formé une branche des Tonti.




RÉV. PÈRE J. LESAGE.


La paroisse de Bourbonnais, du comté de Kankakee, Illinois, peut être considérée comme la province de Québec, bien qu’en petit.

Grâce à son beau collège, il est sorti de son sein des hommes qui se distinguent dans la milice sacrée, dans les professions libérales et diverses autres branches de l’activité humaine. Le Rév. Père J. Lesage, le digne curé actuel de Brighton Park, vit le jour à Bourbonnais, le 6 décembre 1853. Il appartient à une brave famille canadienne-française de Saint-Léon, près de Trois-Rivières. En 1848, elle a pris la route de l’Ouest et vint s’établir à Bourbonnais.

Le chef de cette famille, M. Joseph Lesage, secondé par une épouse intelligente, Delle Julie Fortier, a réussi dans sa patrie d’adoption à bien élever sa famille et à s’acquérir les revenus nécessaires pour vivre comme rentier durant ses vieux jours.

Le Rév. Père Lesage entra, en 1868, au collège Saint-Viateur, établi dans la paroisse. En 1874, il embrassa l’état éclésiastique et étudia la théologie dans la même institution où aussi il se distingua comme professeur. Il reçut les ordres sacrés en août 1877.

Après avoir été attaché à l’enseignement du collège jusqu’en 1879, il vint prendre la cure de Saint-George, la même année, succédant au Rév. Père Beaudry. M. le curé Lesage a fait marcher la paroisse de Saint-George dans le progrès durant tout le temps qu’il en eut la charge. Si cette paroisse possède aujourd’hui une belle école tenue par des religieuses de Saint-Joseph, de Concordia, Kansas, c’est dû au zèle infatigable et à l’énergie remarquable du Rév. Père J. Lesage, le brave curé des canadiens de Brighton Park.

Bien que nés et élevés aux États-Unis, les prêtres d’origine canadienne-française qui viennent de Bourbonnais se montrent toujours au premier rang pour sauvegarder notre foi et notre langue et faire revivre au milieu de nous nos institutions nationales.


rév. père joseph lesage.


En 1889, M. le curé Lesage fut appelé à Brighton Park pour y établir la paroisse de Saint-Joseph, une des plus florissantes aujourd’hui dans la grande ville de Chicago.

Dans l’espace d’une couple d’années, il réussit à mettre cette paroisse sur un pied d’organisation qui attire l’admiration de tous.

Le Rév. Père Lesage est digne de paraître au premier rang parmi les prêtres de l’archidiocèse qui se dévouent corps et âme pour le bien de leurs paroissiens et au point de vue spirituel et sous le rapport des intérêts matériels. Des prêtres aussi fortement trempés sont une bénédiction dans une paroisse.

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L’ABBÉ TREFFLÉ OUIMET.


L’Abbé Trefflé F. Ouimet est né à Saint-Jérôme, comté de Terrebonne, Canada, le 4 août 1847.

Il est le deuxième d’une famille de quatre enfants.

Son père appartenait à cette génération de Canadiens forts de caractère et de corps. Haut de six pieds et de deux pouces, il avait une force herculéenne qui le faisait rechercher durant les jours des élections. Sir Lafontaine l’appelait son grand « Français. » Lorsque les Glengarrys tenait à l’état de siège le poll de votation à Glasgow, le grand « Français » était à ses côtés vêtu à la façon du temps : froc bleu, pantalons gris, gravate de toile, le tout en étoffe du pays. Lafontaine, néanmoins, renvoie sa vaillante escorte en lui disant : « je ne veux pas que vous perdiez la vie à cause de moi, je contesterai l’élection et je serai votre député. »

Ce grand ami de Lafontaine était établi à Saint-Jérôme, lorsque le curé Georges Thibault le sollicita d’aller passer le reste de ses jours avec lui, à Longueuil, où, alors il y avait un collège et un couvent. Cette institution avait déjà vu naître l’enseignement des classiques.

À peine âgé de 16 ans, le jeune Ouimet quittait ses parents en 1863, disait adieu au monde et entrait au noviciat des Frères des Écoles Chrétiennes. Le célèbre Institut de La Salle a eu le bénéfice des talents de ce jeune religieux pendant 10 ans. Il s’y fit remarquer par son zèle à l’enseignement du cathéchisme aux enfants. Sous la direction du Frère Liguori, en grande renommée pour ses talents oratoires le jeune Ouimet a pu donner tout le développement voulu au don de l’éloquence dont il est favorisé !

En 1874, son frère Samuel fut ordonné prêtre. Alors Trefflé, se sentant appelé au sacerdoce, abandonna avec regret l’enseignement aux enfants du peuple et commença au collège de Sainte-Thérèse l’étude du latin.

En ce temps-là, l’Abbé Marcel Richard fondait un collège classique à Saint-Louis, N. B., pour relever le niveau intellectuel de ses compatriotes Acadiens.

L’histoire de ce peuple martyr, les infortunes de cette race dépouillée et si mélancholiquement chantée par Longfellow, avaient trouvé un écho dans le cœur ardent et vraiment chrétien du nouvel aspirant à l’état ecclésiastique.


l’abbé trefflé ouimet.

En 1876, il se dirigea dans le pays d’Evangeline, où il enseigna et fut de plus en plus initié aux études théologiques.

Les luttes religieuses et politiques lui fournirent une occasion de déployer les talents dont le public avait eu déjà des preuves non équivoques. Il écrivit dans le Moniteur Acadien des articles qui eurent du retentissement dans les contrés maritimes.

Se rappelant le dicton qu’on n’est pas bon prophète en son pays, il se hazarde à parler aux masses dans les salles et du haut des tribunes en temps de luttes électorales. Il réussit si bien dans ce genre d’éloquence que les chambres des Communes, à Ottawa, virent apparaître M. Girouard, comme député Acadien du comté de Kent.

Des circonstances incontrôlables obligèrent le jeune ecclésiastique de quitter sa chère Acadie et sa deuxième Alma Mater.

Il venait, en effet, de dire adieu au monde une seconde fois, en endossant l’habit clérical, et cela à la grande surprise de ses amis politiques.

Mais semblable à Lacordaire, il voulait mettre au service d’une noble cause les feux ardents de son âme.

Monsignor Labelle, alors curé de Saint-Jérôme, s’était épris des talents oratoires du jeune lévite, dont les succès en Acadie devenaient connus dans la province de Québec. La colonisation marchait à pas de géant. L’Abbé Samuel Ouimet, frère de celui dont nous faisons actuellement la biographie, venait d’être nommé curé à la Rouge, comprenant un territoire aujourd’hui divisé en cinq paroisses florissantes.

Quant à notre jeune ecclésiastique, il se vit en face de puissants contradicteurs qui s’étaient mis dans la tête que l’ex-frère des Écoles Chrétiennes n’arriverait pas au sacerdoce.

Ennuyé, découragé par une lutte vraiment inégale, il vint annoncer à son curé et meilleur conseiller qu’il renonce à ses aspirations. Mais le vaillant apôtre de la colonisation reçut cette nouvelle avec cette remarque digne d’attention : « Tes puissants adversaires sont décidés à te fermer les portes du sanctuaire, mais si tu as un peu d’énergie rien ne peut t’empêcher d’y entrer, dès lors que tu as la vocation : la terre est grande, et il est triste de s’exiler, mais pour obéir à la volonté de Dieu soumets-toi à cette nécessité. »

En mars 1878, il arrivait à Bourbonnais, Illinois, sans tambour ni trompette, poursuivant avec son ami Gosselin l’étude de la théologie.

Ce fut en juillet, 1883, que M. Trefflé Ouimet reçut le sacrement de l’Ordre. Ce même jour, il fut appelé à desservir comme assistant la paroisse Canadienne de Chicago.

Comme la réputation d’orateur devançait son arrivée en cette ville, nos compatriotes avaient hâte d’entendre le premier de ses sermons. Il ne s’est pas passé un temps bien long, avant que l’église de la rue Halsted devint insuffisante pour contenir la foule accourant pour entendre la parole chaude et patriotique du jeune abbé.

Pendant les cinq années qu’il a travaillé au milieu de nos nationaux du West Side, il a parlé sur tous les sujets de la doctrine chrétienne. Des mois de Marie et des carêmes entiers furent prêchés par ce jeune prédicateur.

L’onction, l’élan et la conviction sont les caractères de son éloquence, comme le démontrent sa figure transformée, ses yeux brillants quoique naturellement pâles et une gesticulation élégante et animée.

Ses sermons ressemblant beaucoup à un plaidoyer chrétien. On s’aperçoit dès l’exorde qu’il ne veut pas laisser aller son auditoire sans qu’il soit convaincu par les nombreuses preuves tirées des Écritures, des pères, de la tradition et de l’histoire, que tout chrétien doit mettre en pratique les enseignements qu’il fait descendre de la chaire de vérité.

En 1887, il est nommé vicaire à Saint-Mary, dirigée alors par un des prêtres les plus remarquables de l’archidiocèse : l’Abbé Rôles, né à Halifax, N. S., et converti au catholicisme.

Le nouveau vicaire dans la personne de notre ami, l’Abbé Ouimet, avait vécu trois ans dans cette ville maritime en y exerçant les fonctions de principal dans l’école Saint-Patrice.

Ses succès sur son nouveau théâtre et dans une langue étrangère furent relativement brillants. On aimait à entendre le French Father, et voir débiter ses sermons avec cette chaude conviction et ce sans-gène français. La partie déclamatoire fascinait les jeunes étudiants Américains. Un vieil avocat me disait : « That he likes to hear a clergyman speaking a Christian lawsuit from a catholic pulpit. »

Les Canadiens de Pullman désiraient s’ériger en paroisse nationale. Ils demandèrent donc un prêtre à l’Ordinaire.

Le 1er mai 1889, l’abbé Trefflé Ouimet arriva dans la ville aux chars palais.

Il se met au travail, le jour et la nuit, lutte, visite les familles, organise la nouvelle congrégation, et 18 mois après son arrivée, l’église sort de terre. Plus tard, elle est dédié sous le vocable de Saint-Louis.

Le jeune curé n’avait pas mesuré ses forces physiques avec la grandeur de l’entreprise. Il est soudainement frappé d’une hémiplégie, dont la nouvelle fut un coup de foudre pour la population Canadienne-Française des Illinois. On fait venir les meilleurs médecins qui disent au patient de se préparer à toute éventualité. Il reçoit les derniers rites de l’église.

Un de ses amis lui demande de faire une espèce de testament. Le malade répondit : « Tout mon bien ne dépasse pas la valeur de zéro. »

On le transporta à l’hôpital de la Mercy. Le célèbre docteur Davis dit qu’il n’y a chez lui aucune maladie organique et que la paralysie seule est à guérir. Quatre mois après, l’Abbé Ouimet prenait la route du Canada, avec la prescription de garder un repos complet pendant au moins deux ans. Ce qu’il observa scrupuleusement sans pouvoir s’empêcher de prêcher dans les villes et les campagnes de la patrie.

Les sociétés d’agriculture, les jours des fêtes nationales, eurent également le plaisir d’entendre sa parole.

Enfin, suffisamment rétabli, monsieur l’Abbé Ouimet est encore au milieu de nous, avec ses amis de Chicago, travaillant ad majorent Dei gloriam.


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UNE REMARQUE.


Au moment de mettre sous presse, nous apprenons avec plaisir que nos compatriotes de Saint Jean-Baptiste viennent d’organiser un club qui porte le nom suivant : « Club Plessis de Chicago. » Voici les noms des officiers élus : P. Demers, président ; D. Deschatelets, 1er vice-prés. ; M. Marchildon, 2ième vice-prés. ; O. Bellie, secrét. arch. ; A. Lapointe, secrét. corres. ; J. O. Aubry, trésorier ; Louis Courchesne et Zérias Brunette, commissaires ordonnateurs ; T. joubert, sargent d’armes ; cinq directeurs : T. Marchand, Elzéar Brunet, Jean Degrosseilliers, F. Robichaud et Guil. Ladouceur.

BIOGRAPHIES.


Nous allons, maintenant, nous occuper des biographies de nos principaux compatriotes de Chicago, qui ont toujours su se distinguer par leur intelligence, leur cœur et leur dévouement à nos intérêts nationaux.

Vu le peu de temps que nous avons à notre disposition et les difficultés de nous procurer les notes voulues, nous avons cru mettre de côté l’ordre du mérite ou de la préséance sociale et nous attacher tout simplement à les entrer dans cette brochure au fur et à mesure qu’elles nous viennent.


Z. P. BROSSEAU.



Tout le monde sait ce qu’on entend par le Board of Trade. Dans cette immense bâtisse, une des plus imposantes de Chicago, la main de la fortune tient en souveraine le sceptre du destin. Entrons dans cette immense salle où s’opèrent au milieu de cris et d’acclamations les grandes transactions du monde commercial. Voyez cette masse d’hommes d’affaires suivant la hausse et la baisse des produits agricoles et n’hésitant pas de mettre à l’enjeu tout leur avoir. Distinguez-vous dans cette foule d’hommes habiles la figure de ce digne compatriote qu’on appelle M. Z. P. Brosseau. Son regard est pénétrant. Sa figure semble être de fer, tant qu’il est sérieux et est versé dans les affaires. Dans ces grandes luttes du commerce, on dirait qu’il est un des combattants les plus convaincus et les plus ardents. Comme il est différent, une fois qu’il est sorti de cette sorte de cohue. Dans son bureau, il est doux, affable et plein de courtoisie.. C’est le type du vrai gentilhomme.

M. Z. P. Brosseau est né à Laprairie, près de Montréal, en Octobre 1840. Ses ancêtres appartenaient à une des plus anciennes familles Acadiennes.

À l’âge de 15 ans, il laissa sa place natale et vint chercher fortune à Malone, N. Y., où il s’occupa de commerce.

En 1860, il prit la route de l’ouest et s’arrêta à Chicago. Ses talents et son énergie à toute épreuve le mirent en état de mettre de suite le pied dans le Board of Trade. Il ne s’écoula pas un temps long avant qu’il eût accès aux charges les plus sérieuses et les plus difficiles. Membre actif du Board of Trade, il fit des affaires considérables en société avec M. Joseph McDonald jusqu’en 1865. En 1871, M. Brosseau avait forcé la fortune à lui sourire,


m. z. p. brosseau.


et le grand incendie lui fit subir des pertes au montant de $30,000.

Ces revers n’arrêtèrent pas notre vaillant compatriote dans sa marche vers des succès de plus en plus éclatants.

En 1881, M. W. S. Booth devient son associé pour trois ans sous la raison sociale de Brosseau, Booth & Co., qui plus tard fut connu sous le nom de Brosseau & Co.

Dans le Board of Trade M. Z. P. Brosseau compte comme un des membres les plus importants. Il y remplit divers offices et actuellement il en est un des directeurs. Dans les comités, on ne peut se passer de ses lumières et de son expérience.

Il est un des fondateurs du club Canadien-Français Américain, dont il a été et est encore le président. Ce club a rendu de grands services durant la dernière campagne électorale à la cause du parti démocratique.


résidence de m. z. p. brosseau.
coin lake shore drive et barry avenue, chicago
.

Dans Chicago, il existe un club composé des plus grandes notabilités parmi les catholiques de toute nationalité ; disons en passant que M. Z. P. Brosseau en est le vice-président.

Ce distingué compatriote est celui qui fait aujourd’hui le plus honneur à notre nationalité et à la religion.

Avant longtemps, il brillera dans le monde politique, étant devenu celui qui apparaîtra le plus apte et le plus digne de nous représenter. En attendant l’arrivée de ce jour, le maire Harrison l’à nommé un des directeurs de la Bibliothèque Publique de Chicago.

Il est, en outre un des plus fermes soutiens de la paroisse de Notre-Dame, bien qu’il en soit à une distance la plus éloigné. Tous les ans, le couvent de Notre-Dame décerne à l’élève le plus méritant une médaille, qui porte l’éffigie de M. Z. P. Brosseau.

Dans la partie nord de la ville, au milieu d’un centre vraiment aristocratique, se trouve la résidence princière de ce brave compatriote. On peut s’en faire une idée en jetant un coup d’œil sur la gravure qui la représente.

M. Brosseau est un des notables de Chicago, et bien qu’il eut vécu dans un milieu réellement américain et saturé de protestantisme, il a toujours porté haut le drapeau de sa nationalité. Aussi il est admirable de voir que chez lui le français est toujours tenu à la place d’honneur.

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ARTHUR CHRISTIN





Parmi les notables industriels de notre colonie, nous devons citer M. Arthur Christin. On peut dire que confiant en lui-même, ne désespérant jamais, il est un de ceux qui donnent raison à cette maxime latine « Audoces fortuna juvat. »

Né le 10 Janvier, 1831, à l’Assomption, province de Québec, il passa les premières années de sa jeunesse au collège, qui porte le nom de son pays natal. Dès l’âge de dix-sept ans, possédant beaucoup d’énergie et de force de caractère, il comprit cette belle maxime de Franklin : « L’activité est la mère de la prospérité. »

De la comprendre à la mettre à profit il n’y eut pour lui qu’un pas. M. A. Christin partit pour la Nouvelle-Angleterre et se fixa à Boston. Il y débuta comme ouvrier cordonnier. Économe il y fit quelques épargnes qui lui permirent de monter un établissement de chaussures. Pendant les huit années que M. A. Christin resta dans cette ville, son commerce prospéra toujours et il y acquit une certaine fortune. Comme beaucoup il aimait son pays. Désireux de retourner au Canada, il se rendit à Montréal où il établit une maison de commerce importante. Malheureusement la fortune ne lui sourit pas aussi bien qu’aux États-Unis et il sentit la nécessité d’y retourner. Jamais découragé, plein de cette vigueur et de cette foi en lui-même qu’il héritait de ses ancêtres, il se rendit à Chicago en 1872. Esprit ingénieux, il sut être compris et trouvant un commanditaire pour la minime somme de $150 qui lui manquait il se lança dans la fabrication des « eaux gazeuses. » Grâce à son activité et surtout à sa grande loyauté dans les affaires, il acquit la confiance de tous, son commerce prospéra rapidement, et il s’enrichit en peu d’années.


ARTHUR CHRISTIN.

Il fait actuellement partie de plusieurs sociétés commerciales parmi lesquelles nous citerons la « Fountain Soda Water Co. » qui manufacture sur une grande échelle les fontaines pour le soda water et les marble draf operators. Le stock de cette société est évaluée à $150,000.

Il compte également parmi les membres directeurs de l’importante société connue sous le nom de « Consolidated Bottling Co., » dont le capital est de $600,000.

Bien que M. A. Christin soit presque tout le temps, en rapport avec les américains, par suite de ses affaires commerciales il se fait un devoir d’aider toutes les œuvres canadiennes.


RÉSIDENCE DE M. ARTHUR CHRISTIN.

À la tête d’une nombreuse famille, tous ses enfants occupent des situations très honorables et respectées.

Sa résidence comme ses bureaux et sa fabrique de soda water se trouvent dans le block qui porte son nom et dont il est propriétaire, rue ouest Harrison Nos. 423, 425 et 427. L’estimation en est de $50,000.


DR. ELZÉAR PAQUIN.




IL y a quelques années, apparaissait dans l’Est un vaillant compatriote pour la défense de nos intérêts nationaux. Les nôtres étaient déjà nombreux dans la Nouvelle-Angleterre, et pas un seul journal n’existait pour s’occuper d’eux et les faire respecter des étrangers. Feu Ferdinand Gagnon, dont le nom est gravé dans tous les cœurs, s’imposa la tâche ingrate, mais nécessaire, de fonder à Worcester, Mass., un organe destiné à les faire connaître et à les défendre. Ce noble et illustre canadien a éprouvé ce qu’il en coûte dans la fondation et le maintien d’un journal français, en ce temps-là, et il est tombé victime de son dévouement héroïque.

Dans l’Ouest, nos nationaux quoiqu’en aussi grand nombre que dans l’Est n’étaient pas connus, personne ne parlait d’eux.

En Canada, on n’était sous l’impression que les canadiens-français émigrés dans le Michigan, le Wisconsin, l’Illinois, et les autres états de l’Ouest, ne formaient pas de groupes importants, se trouvant trop disséminés partout.

Mais la Providence a fait surgir un autre champion de la nationalité canadienne-française, aux États-Unis. Les lecteurs de cette brochure comprennent déjà que le héros maintenant en question est notre brave ami, M. le Dr. Elzéar Paquin.

Le 19 février 1889, ce célèbre compatriote fondait à Chicago son journal appelé Le Combat, et, dans l’Ouest, tout le monde sait que cet organe français a noblement porté son nom. Le Dr. Elzéar Paquin a rempli une véritable mission, dans les immenses contrées occidentales des États-Unis. Son journal, ses voyages, ses conférences, et ses nombreuses recherches sur le progrès des nôtres, dans l’Ouest, constituent ce qu’on pourrait appeler un véritable apostolat national. Partout, nos compatriotes l’ont vu à l’œuvre s’imposant des sacrifices et des privations dont on ne peut se faire une idée. Le jour, comme un apôtre le plus zélé pour le salut des âmes, il rendait des visites à domicile, visitaient les places d’affaires occupées par ceux des nôtres qui étaient dans l’industrie et le


DR. ELZÉAR PAQUIN.
 
DR. JOSEPH J. FORTIER. DR. CHARLES E. CYRIER.

commerce, et il prenait des notes avec les plus grands soins et une attention digne de louanges. Le soir, on le trouvait occupé à rédiger ses articles sur chacun des centres canadiens-français de l’Ouest. Dans ses pérégrinations nationales, il a organisé un bon nombre de sociétés Saint Jean-Baptiste. Le but principal de son œuvre a été de jeter de la lumière sur le nombre et les progrès de nos compatriotes établis partout dans l’Ouest, de les aider à s’organiser en sociétés et en paroisses nationales, à l’exemple des allemands et des irlandais, et de les mettre à même de profiter des avantages d’un

journal exclusivement dévoué à leur cause.

Dans ses efforts patriotiques pour le bien de nos nationaux, il a été compris et aidé par des compatriotes d’intelligence et de cœur. Mais la masse de nos canadiens-français émigrés, manquant de lumières, ou plutôt n’étant pas en état d’apprécier la valeur d’un journal français et catholique, s’est montrée trop indifférente. Voilà pourquoi Le Combat n’a vécu qu’une couple d’années, son vaillant fondateur ne pouvant le soutenir d’avantage, faute de moyens pécuniaires.

Quelques mois après, à Marquette, Mich., le Dr Paquin fit renaître de ses cendres Le Combat sous le nom de La Vie.

Ce nouvel organe n’a pu se maintenir que six mois.

Croyant qu’il avait combattu assez les bons combats de la cause nationale et religieuse, dans l’Ouest, le Dr Paquin renonça au journalisme, et vint reprendre l’automne dernier, à Chicago, l’exercice de sa profession.

Comme ses talents et ses vastes connaissances lui permettent d’opérer des guérisons éclatantes, il me fait plaisir de dire que mon ami le Dr Paquin possède déjà une clientèle digne d’un médecin de sa réputation. Il se trouve dans un quartier presqu’exclusivement américain et il occupe avec sa gentille petite famille une splendide résidence sur le Boulevard Garfield.

La célébrité dont jouit le Dr Paquin non seulement dans l’Ouest mais dans tous les États-Unis, ne fait que suivre celle qu’il a acquise en Canada.

Né à Saint Raphaël, Île Bizard, le 23 décembre 1850, cet immortel défenseur des éléments constitutifs de notre nationalité, fit une partie de son cours classique au collège de Sainte-Thérèse et au collège des Jésuites, à Montréal, et le termina sous la direction du savant et illustre Abbé Alphonse Villeneuve, en 1873. Il entra ensuite au séminaire de Montréal où il passa un an à étudier la théologie.

Ne se pensant pas appelé au sacerdoce, il étudia la médecine au collège Victoria, à Montréal, et fut gradué en 1878.

Pendant sa cléricature, il écrivit de nombreux articles, dans le Franc-parleur de Montréal, sur diverses questions ayant rapport à l’hygiène et à la politique. De plus, des écrits publiés dans le Foyer Domestique d’Ottawa nous donnent des preuves que le Dr Paquin est doué d’un esprit vraiment philosophique. Ces travaux étaient intitulés : « Étude de l’Homme. »

Pour pratiquer la médecine, il s’établit d’abord à Montréal, où il passa cinq ans. Pendant ses moments de loisirs, il composa un ouvrage intitulé : « Le Livres des Mères. » La première édition de ce livre s’est écoulée rapidement. Il publia aussi plusieurs autres brochures sur les questions politico-religieuses agitées alors en Canada.

En 1883, il vint s’établira Chicago. Quelque temps après, il publia un livre intitulé : « Instructions pratiques sur l’Hygiène et les Maladies des Enfants. »

On voit, par ce qui précède, que le Dr. Paquin est un savant hors ligne. Durant ces dernières années, il a prononcé des discours qui prouvent qu’il est un orateur de première force. S’il possède une intelligence supérieure, on peut dire que dans sa poitrine se trouvent les ardeurs du plus pur patriotisme. — Rev. T. Ouimet.

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DR. CHARLES E. CYRIER.





BOURBONNAIS qui est incontestablement la paroisse la plus franchement canadienne des Illinois a vu naître plusieurs de nos nationaux qui se distinguent dans les professions libérales et M. le Dr C. E. Cyrier peut figurer avec avantage parmi ces illustrations. Ce vrai patriote est né à Bourbonnais le 3 mars 1854.

À peine âgé de 14 ans il fait son entrée au collège Saint-Viateur qu’il quitte à l’âge de 21 ans. Après avoir étudié pendant trois ans au « Rush Medical College » il débuta dans la pratique de sa profession à Bourbonnais. Quatre ans se sont écoulées et nous voyons M. le Dr Cyrier établi à Chicago où sa clientèle s’accroît constamment.

Les sociétés Saint Jean-Baptiste, la Cour Notre-Dame et la Cour La Salle des Forestiers Catholiques, « Order of United Workmen, » les Cours Champlain, Robin Hood des Forestiers Indépendants lui firent l’honneur de l’élire médecin d’office.

En 1886 il épousait Mademoiselle Éloïse C. Frazer de sa paroisse natale, et quatre garçons sont nés de cet heureux mariage.

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DR. JOSEPH J. FORTIER.





LE Dr Joseph J. Fortier, établi à Chicago depuis au-delà d’un an à son bureau au No. 329 rue Harrison. Né à Sainte-Scholastique, province de Québec, il fit son cours d’études au collège du Révérend François Bonin, ancien curé de cette paroisse.

Il est un des élèves de l’École de Médecine et de Chirurgie de Montréal, et il fut gradué le 8 mai, 1860, après avoir suivi les cours de cette Institution depuis 1855 et bénéficié des lumières du Dr Michel Prévost de sa place natale et des connaissances de son frère, le Dr Alfred Fortier, alors établi à Saint-Bruno, comté de Chambly.

Le comté de Russell. Ontario, et le comté de Laprairie, province de Québec, furent témoins de ses premiers succès.

En 1864, il émigra aux États-Unis, et dans l’intention de se perfectionner en Chirurgie, il entra comme assistant-chirurgien au service de l’armée. Ses capacités lui firent obtenir des charges dont il s’acquitta toujours à la satisfaction des officiers. Plus tard, pendant qu’il avait la charge du 18ième régiment Y. R. C., il établit à Washington un Post Hospital, qu’il réussit à mettre sur un pied d’ordre et de propreté tel que le colonel ne laissait jamais partir les visiteurs sans leur demander de visiter cet hôpital.

Ne trouvant pas à ce poste ce qu’il s’était proposé dans le service militaire, il fut mis en charge d’une salle à l’hôpital « Mount Pleasant General Hospital. »

Après la guerre, différents détachements lui furent confiés, dans la Virginie.

Après avoir quitté le service militaire, il vint successivement s’établir à Springfield, Mass., et Saginaw City, Mich.

En 1869, il se rendit à Chippewa Falls, Wisconsin ; où il demeura jusqu’en décembre 1891. Le Dr Portier fut le principal fondateur de la société Saint Jean-Baptiste de Chippewa. Il fut aussi un des fondateurs de la société Médicale du Comté de Chippewa. De plus, il est membre de d’autres sociétés médicales, dans le Wisconsin. Il fut le 1er chirurgien en charge de l’Hôpital Saint-Joseph, à Chippewa Falls.

En 1882, l’École de Médecine et de Chirurgie étant alors affiliée à l’Université du Collège Victoria, il soumit à cette Institution une thèse qui lui mérita les dégrés de maître en Chirurgie et de docteur en Médecine.

Il est actuellement à Chicago, où tout en se vouant à la pratique générale, il fait une spécialité de la généalogiste et de la chirurgie générale.


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DR. PHILIPPE LESAGE.





NÉ le 20 octobre, en 1866, à Bourbonnais, ce médecin est le frère du Rév. Père Lesage, curé de Brighton Park. Il entra au collège Saint-Viateur en 1878, et termina son cours classique en 1886.

En 1887, il commença à étudier la médecine au « Chicago Medical College » et fut gradué en 1890.

Après avoir acquis de l’expérience comme médecin interne à l’hôpital connu sous le nom de « Mercy Hospital, » où il passa un an, il vint s’établir à Brighton Park, en 1891.

En peu de temps, il a pu se faire une belle clientèle. Depuis 1891, il a été élu deux fois médecin de la Cour Jacques-Cartier des Forestiers Catholiques. De plus, il est médecin examinateur de l’assurance appelée « John Hancock Life Insurance Co., » de Boston.


DR. PHILIPPE LESAGE. ANTOINE GRIGNON.
 
ÉDOUARD L. CARON. THÉODORE PROULX, AVOCAT.

Le Dr. Lesage tient deux bureaux : l’un au No. 476, 31ième rue, l’autre au No. 1999½, 38ième rue.

Il n’a pas encore franchi le seuil de l’hymenée. Quand cela arrivera, sa digne compagne n’aura jamais à le regretter.

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ANTOINE GRIGNON.





Nous avons esquissé à grands traits les physionomies de nos concitoyens canadiens qui occupent une place distinguée dans le clergé, les professions libérales et le commerce. M. Grignon est un homme du métier ou de l’art inventé par Guttemberg. Il est aujourd’ui à la tête d’un florissant établissement après avoir été surintendant d’une grande maison de Chicago. Il avait commencé son apprentisage avec J. C. Benedick pour le terminer chez H. O’Donohue.

En 1880 réussissant bien dans ses entreprises, se croyant assuré d’un futur souriant, il épousa Mademoiselle M. J. Bell et trois enfants sont issus de cet heureux mariage. La paroisse Saint Jean-Baptiste le compte au nombre de ses plus dévoués paroissiens.

Mais nous oublions de parler de sa jeunesse. C’est à Montréal que M. Grignon vit le jour le 18 juillet 1857. Ses parents éminemment chrétiens l’envoyèrent aux écoles des frères. De ces frères que M. Thiers, célèbre homme d’état, aurait voulu placer dans chaque famille, et que monsignor Labelle qui s’y connaissait en fait d’hommes appelait de « l’or en barre. »

J’ai vécu dans beaucoup de provinces, j’ai été en relation avec beaucoup de catholiques et j’ai toujours distingué les élèves des frères des écoles chrétiennes par leur grand attachement à la foi catholique.

Mais, revenons à M. A. Grignon. En 1870 il a émigré à la Louisiane, puis quelques temps après il était à Chicago suivant le cours commercial au collège de Saint-Ignace dirigé par les Révds. PP. Jésuites.

Nous ferons remarquer qu’il fut président du club Dramatique Canadien-Français, à Chicago. Les recettes des soirées organisées par ce Club ont toujours été au bénéfice de l’école paroissiale de Notre-Dame ; alors sur la rue Halsted.

Ou y a représenté, une fois, « Félix Poutré, » tel que M. L. H. Fréchette l’a composé. M. Grignon y fit son début comme amateur dans le rôle de Camel.

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ÉDOUARD L. CARON.





LE 18 octobre 1862, ce compatriote vit le jour à Bourbonnais, comté de Kankakee, III. À l’âge de 7 ans, il commença ses études au collège Saint-Viateur, établi dans sa paroisse, et il en sortit au mois de juin 1871.

Désirant devenir pharmacien, il passa, d’abord, un an chez Babel & Stamm, à Kankakee.

Venant ensuite à Chicago, il trouva une position chez John Brown, au service duquel il resta sept mois. Plus tard, tout en étant à l’emploi de Marchall & Douherty, il suivit trois termes au « Collège of Pharmacy, » au lieu de deux, ce qui lui permit d’acquérir les connaissances requises pour être bon pharmacien.

Après avoir été gradué il vint offrir ses services à M. Warnecke, sur l’avenue Blue Island. En 1889, il acheta la pharmacie de son patron, qui avait peu de temps avant pris la place de feu Ernest Lebeau.

M. Caron, une fois à son compte, a su conduire son commerce de manière à marcher dans la voie du succès, et, il y a quelques mois, il ouvrit une des plus belles pharmacies du West Side, au coin de l’avenue Centre et de la 13ième rue.

Le 7 mai 1885, il maria Delle Edwidge Boisvert, fille de l’un des cultivateurs les plus riches de Bourbonnais. Une petite fille de 3 ans fait actuellement la joie de sa vie de famille.

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THÉODORE PROULX.





M. Théodore PROULX avocat et notaire public, au No. 87 sur la rue Washington, est né en 1861 dans la ville de Maskinongé, province de Québec.

Après avoir quitté l’École Normal de Montréal, il mit ses services en qualité de clerc au bureau des célèbres avocats Dorion, Dorion & Geoffrion.

Il abandonna pendant quelque temps l’étude du Droit et prit un hôtel à son compte.

En 1889, il fut admis au barreau de Chicago, où il jouit maintenant de la renommée que pourraient désirer les plus vieux avocats de cette ville. M. Proulx a acquis une fortune considérable, grâce à d’heureuses spéculations sur les biens immeubles, depuis 1878, date de son arrivée à Chicago.

Il est aujourd’hui à la tête d’une belle clientèle, et, en général, nos compatriotes l’honorent de leur confiance. Il est l’avocat pour la « Wide Awake Building and Loan Association, » ex-chef ranger de la Cour La Salle de l’Ordre des Forestiers Catholiques.

Il nous fait plaisir de remarquer ici qu’il n’a pas honte de passer pour un des fils de l’Église Catholique, contrairement à un certain nombre des nôtres qui se figurent avoir plus de contenance au milieu des Américains protestants en faisant la courbette aux suppôts de l’erreur. M. Proulx partage les délices du foyer domestique avec sa gentille épouse Delle Mathilde Bussière. La résidence de ce brave compatriote se trouve dans la partie ouest de Chicago. Parmi ses confrères, l’avocat Proulx est connu sous le nom de self made man.

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ELZÉAR A. BEAUVAIS.





M. Elzéar A. Beauvais est un autre canadien-français qui figure avec distinction dans le Board of Trade de Chicago. Il est né à Laprairie, province de Québec, en 1858. C’est là qu’il passa les premières années de son enfance.

Gradué du « High School » de Peterborough, Ontario, il devint, d’abord, un des employés de la « Loan and Trust Co, » de Montréal, et remplit avec grande satisfaction les différentes charges qui lui furent assignées, durant l’espace de sept années.

En 1881, M. Beauvais vint à Chicago et ne prit pas de temps à se familiariser avec le genre d’affaires qui se font dans le Board of Trade.

Son énergie et ses aptitudes commerciales lui permirent d’arriver promptement à la tête d’un établissement qui jouit de la meilleure réputation dans le Board of Trade. Il porte le nom de E. A. Beauvais & Co.


ELZÉAR A. BEAUVAIS.

Notre digne compatriote est membre du Columbus Club, un des plus aristocratiques de Chicago.

De plus dans toutes les œuvres inspirées par la charité et la religion, il a toujours su se montrer généreux.

Nous n’avons pas de doute qu’il restera toujours canadien-français, au milieu même de ses succès financiers, dans un monde tout-à-fait américain et protestant.

ZÉPHIRIN DE SAINT AUBIN.



Zéphirin de Saint Aubin est né le 3 mars 1831, au Cap Saint Ignace, comté de Montmorency.

Il fit un cours complet d’études classiques, au collège de Sainte-Anne de l’Apocatière. À 18 ans, il était professeur des Éléments, dans la même institution, et deux ans après, entra au grand séminaire de Québec pour étudier la théologie.

Ne se croyant pas appelé à l’état ecclésiastique, il quitta le séminaire et devint principal de l’école supérieure de Sainte-Marie de la Beauce. Peu après, vu ses aptitudes pédagogiques, la direction de l’école Modèle de Saint-Henri de Lauzon lui fut confiée. Plus tard, il devint directeur de l’École Supérieure de Belœil, comté de Verchères.

Travailleur infatigable, ses devoirs scolaires accomplis, il se livrait à l’étude de la loi pendant ses courts loisirs.

Notaire public, il exerça sa profession à Saint-Marc de Verchères et à Saint-Denis, et cela pendant 14 ans. Voyant sa famille augmenter et se trouvant en face d’un avenir peu certain, il résolut de chercher un champ plus étendu et plus sûr. Naturellement il tourna les yeux vers la République voisine. Le 10 septembre 1872, il dit adieu à la Province de Québec et vint s’établir à Chicago, sans jamais sentir dans son âme attristée la moindre diminution de cet amour vivace pour la foi, la langue et les mœurs de la patrie.

Dans la grande métropole de l’ouest, avec plus de courage, d’énergie et de constance que d’écus dans son escarcelle, mais appuyé sur le dévouement d’une épouse capable des plus grands sacrifices, il réussit à bien élever sa famille et à se créer une position qui, tout modeste qu’elle soit, le met à l’abri du besoin.

Il a été successivement président de la société Saint Jean-Baptiste et de Saint-Joseph, de Chicago.

Depuis un certain nombre d’années, il travaille comme agent d’assurance et de transactions sur les biens fonciers.

Plus indépendant de caractère que de fortune, catholique convaincu, et citoyen intègre, il fait honneur à la colonie canadienne-française de Chicago.


FAMILLE DE M. ZÉPHIRIN DE SAINT AUBIN.

Maintenant, il nous fait plaisir de dire quelques mots sur la nombreuse famille de ce vrai patriarche. Les huit enfants, issus de son mariage, suffisent pour attester qu’un vrai sang canadien circule dans les veines de ces deux époux.

Que font-ils donc les enfants de ce patriarche canadien, qui a l’habitude de dire franchement sa pensée ?

L’aîné, Ernest, âgé aujourd’hui de 34 ans, après avoir été sculpteur, chez Palmer & Fuller, ensuite dans le commerce à son compte, s’est trouvé en état de tenir un bureau comme agent de transactions sur les propriétés foncières, position qu’il occupe actuellement. Il peut maintenant envisager l’avenir avec assurance, en compagnie de sa gentille femme qui lui a donné un fils.

Arthur, le second, actuellement marchand en commission pour de grandes manufactures de l’Est, a acquis de l’expérience dans les affaires, comme employé pendant plusieurs années de quelques-uns des principaux magasins de Chicago, tels que Marshall Field, Carson, Pirie & Co., et J. V. Farwell. Il est à la tête d’une belle petite famille.

Ovide, le troisième, peu après son arrivée à Chicago, trouva une situation chez Marshall Field, qu’il conserva 20 ans, jusqu’au 1er janvier dernier. Pendant le temps qu’il passa au service de cette maison, la plus importante de l’Ouest, il fut envoyé tous les ans en Europe qu’il parcourut en tous sens pour faire les achats du département qu’il représentait. Aujourd’hui, en société avec son beau-frère Magnan et M. Norman, il possède un établissement de commerce considérable dans le Colorado. Il est marié et père de deux enfants.

Le quatrième, Lucien, est aussi marchand en commission pour de grandes maisons d’habits et de fourrures dans l’Est. Il voyage beaucoup dans l’Ouest, plus particulièrement. Il a bon pied et bon œil, connaissant bien les deux langues comme les autres. On peut dire qu’il sait faire honneur à sa famille et à sa nationalité.

Zéphirin, le cinquième, travaille depuis 10 ans chez James Walker. Sous le rapport du salaire et de l’avenir, sa carrière est enviable. Il a 21 ans.

Frédéric, après avoir fait un cours d’étude au collège de Montréal et à celui de Bourbonnais, est aujourd’hui à l’emploie de Marshall Field.

Ernestine, la septième, dirige actuellement une classe dans le couvent de Kankakee.

Ludivine, la dernière de la famille, est institutrice au couvent de Notre-Dame de Chicago.

Ces deux demoiselles ont reçu leur éducation dans les meilleurs couvents de Montréal.

Il y a quelques semaines, nous demandions à un des vieux amis de M. Saint Aubin ce qu’il pense de ce digne compatriote. Cet ami est un prêtre, qui a une grande mémoire de cœur, et qui nous est revenu après une absence de deux ans, pour cause de maladie. Voici sa réponse : « C’est un catholique et un canadien dans toute la force des mots. On connait l’arbre à ses fruits : huit enfants robustes, bons chrétiens et heureux travailleurs, sont une preuve vivante que cet arbre est réellement bon. Dernièrement, continua le prêtre, je lisais qu’un philosophe païen vit venir à lui un jeune homme pour lui demander ce qu’il fallait faire afin de réussir dans la vie. Le philosophe lui répliqua : « Sois vertueux et vas ton chemin. » Le père Saint Aubin a dû dire quelque chose de semblable à son intéressante famille. Sachant que la crainte de Dieu est le commencement de la sagesse, ses enfants n’ont vu que les mûrs de l’école avec Dieu.

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LOUIS E. PAQUIN.





MONSIEUR Louis E. Paquin, de la société Paquin and Stillwell, avocats, 801 Chicago Opéra House, est né à Kankakee, III., de parents canadiens-français.

Il commença ses études légales en 1884, et après avoir été gradué il fut admis au Barreau en 1887.

En 1888, il se mit à la pratique de sa profession, et, jusqu’aujourd’hui, il a toujours su se distinguer comme un des avocats les plus proéminents représentants l’élément français.

Il a une des plus belles clientèles.


ULRIC BASTIEN. LOUIS E. PAQUIN, AVOCAT.
 
EUGÈNE E. FOISY. P. DEMERS.


EUGENE E. FOISY.


MONSIEUR Eugène E. Foisy est né à Saint-Mathias, comté d’Iberville, Canada, le 23 avril 1857. Les frères des Écoles Chrétiennes de Montréal, l’eurent comme élève jusqu’en 1868, époque où la famille allait s’établir à Boston, Mass. Cinq ans plus tard le jeune Eugène entrait chez un horloger et bijoutier. Ses succès lui ouvre les portes de la célèbre compagnie de Waltham, Mass. Possédant tous les secrets du métier, il ouvre à Lowell un magasin en société avec M. Alfred Simard. En 1883 il est à Chicago dans le populaire établissement de J. P. Wathier, 178 rue Madison, et le voici depuis 1885 possesseur d’un magasin au No. 107 avenue Blue Island.

M. Eugène E. Foisy est marié et père de trois enfants. Sa digne épouse Marie-Louise Demers, vit le jour à West Farnham, P. Q., Canada. Ce fut à Lowell, en 1879, que les portes de l’hyménée lui furent ouvertes.

Ce compatriote jouit actuellement d’une grande popularité dans le West Side. Sa réputation d’intégrité et d’habileté lui ont acquis une des plus belles clientèles.

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ULRIC BASTIEN.





Né le 10 novembre 1852, à Saint-François de Salle, Île Jésus, comté de Laval, Canada. M. Ulric Bastien commença son apprentissage comme menuisier et charpentier chez Lambert & Lamontagne, entrepreneurs en renom dans le temps à Montréal.

Il avait alors à peine l’âge de quinze ans.

En 1869, il laissa son pays pour les États-Unis, et Chicago devint le centre de ses opérations.

En 1871, on le trouve contre-maître dans les grands chantiers de Gerry Alliot. Il y travailla cinq ans.

En 1876, il abandonna cette position pour se livrer au commerce de charbon et de grains. Il tint ce genre d’affaires durant deux ans et six mois.

Ne se laissant pas décourager par une crise qui produisit une grande dépression dans le commerce, il ouvrit à son compte une boutique de menuiserie.

Depuis cette époque, il n’a fait que prospérer, et, aujourd’hui, il peut se reposer sous des lauriers, acquis par de longues années de travail.

M. Ulric Bastien est père de plusieurs enfants. En 1870, il épousa Delle Elizabeth Thérien, qui lui donna quatre enfants. Il convola en secondes noces, en 1889, avec Delle Éloise Gagnon, de laquelle il eut une fille. M. Bastien est très-populaire à Chicago.

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PHIDIME DEMERS.





Monsieur Phidime Demers, membre du Board of Trade et commerçant de grains, est né à Lévis, Province de Québec, Canada, en 1845.

Il fit son cours d’études au collège de Lévis et révéla dès sa jeunesse des aptitudes très-prononcées pour les affaires. Il fit le commerce de fleur et de grains pendant vingt ans à Québec, où il compta parmi les hommes d’affaires les plus importants. La crise financière de 1879 le força à passer à Chicago où il était déjà avantageusement connu par ses relations commerciales. Il ne lui fallut que peu de temps pour prendre sa place parmi les sommités du commerce de fleur et de grains, son coup d’œil sûr lui faisant voir de suite dans quelle direction il devait pousser son énergie. Il entra dans le Board of Trade, spécula sur la bourse et agit comme marchand en commission jusqu’en 1886, alors qu’il prit la charge importante de gérant des immenses affaires de la maison Gilbert, Montagne & Co., dans le commerce de grains et de fleur. Il est reconnu comme un des meilleurs experts dans cette ligne. Il fait un commerce considérable avec la province de Québec, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick. Son salaire s’élève à $400 par mois.

M. Demers occupe aujourd’hui une position très enviable et possède une magnifique résidence dans la partie sud de Chicago. Il est père de 10 enfants, dont 8 filles et 2 garçons. Au nombre de ses filles se trouvait la célèbre cantatrice, Alice Demers, madame Bennis, dont la mort inattendue, arrivée à Paris au mois de septembre 1892, causa tant de regrets dans le monde artistique de Chicago. Madame Alice Demers-Bennis était reconnue comme la meilleure cantatrice soliste de Chicago, ce qui lui fit remporter la médaille d’or ornée de diamants, accordée par le Collège Musical de Chicago. Après avoir chanté à l’Auditorium et avoir été comparée à la Patti par les critiques les plus autorisés, madame Bennis se rendit à Paris pour perfectionner ses études musicales sous les plus grands maîtres. Elle devait bientôt faire entendre sa voix dans le Grand Opéra, lorsque la mort vint la ravir au monde artistique.

M. P. Demers a deux autres filles mariées en cette ville, dont les maris se trouvent dans de très bonnes positions.

M. Demers a été l’un des organisateurs du club Plessis, dont il est le président. On l’appelle à bon droit le fondateur de la paroisse de Saint Jean-Baptiste, ayant le premier suggéré l’idée de cette fondation et étant encore en tête du mouvement.

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MODESTE DUPUIS.


NÉ le 8 avril 1859, à Saint-François, township de Tilbery, comté d’Essex, Ontario, Canada.

Ayant eu le malheur de perdre ses parents pendant qu’il était en bas âge, le curé de sa paroisse, le Rév. Louis Villeneuve, le prit sous sa protection.

Il lui fit apprendre le métier de tailleur, et, dans ces moments de loisir, il lui faisait la classe.

En 1880, il vint tenter fortune aux États-Unis. Il s’arrêta d’abord à East Saginaw, Mich., ou il travailla comme tailleur, pendant deux ans.

En 1882, il prit la direction du sud de la Géorgie, où il passa un an.

Après avoir voyagé durant six mois, il vint s’établir à Fort Worth, dans le Texas. Il fit des affaires comme tailleur pendant deux ans.

Ensuite, il se dirigea à Chicago où il trouva une situation dans la maison importante de W. G. Jerrems, au coin des rues Clark et Adams. Il y fut employé durant six ans comme premier coupeur du magasin. Il a établi plusieurs succursales de cet établissement.

Le 2 de septembre 1891, il ouvrit à son compte, au No. 10 sur la rue Monroe, un magasin fashionable de tailleur.


MODESTE DEPUIS.

Le 5 décembre 1889, il épousa à Minneapolis, Minn., Delle Catherine Joséphine Pierce, née à Seeford, près de London, Ontario.

M. Modeste Dupuis a su toujours rester un digne fils de ses ancêtres en conservant sa religion et sa langue au milieu d’un élément étranger.

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DR. J. Z. BERGERON.




NÉ le 16 avril 1865, à Bourbonnais, comté de Kankakee, Illinois. À l’âge de 7 ans, il fit son entrée au collège Saint Viateur, qui se trouve dans sa paroisse, et en sort âgé


GABRIEL FRANCHÈRE. DR. J. Z. BERGERON.
 
MICHEL CYR. J. O. FRANCHÈRE.

de 20 ans. En 1886, il fut admis à l’étude de la médecine au « Rush Medical Collège, » et fut gradué en 1889. Pendant sa cléricature, il a été assistant au « Cook County Hospital. »

Lors de son admission à la pratique, il fut nommé assistant-surintendant de l’infirmerie dans le même hôpital.

En 1890, il se mit dans la pratique privée. Il est médecin visiteur de plusieurs hôpitaux.

En 1889, il épousa Delle Geneviève Ferguson, dont il eut un garçon et une fille.

Il nous fait plaisir de dire que dernièrement le Maire Harrison l’à nommé assistant du Comité Sanitaire de Chicago.

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GABRIEL FRANCHÈRE.





LA famille Franchère est une des plus anciennes de notre nationalité, dans Chicago. M. David Franchère vint s’y établir en 1849.

Ses garçons ont su marcher sur ses pas et gravir rapidement le sommet de la prospérité, tels que par exemple MM. J. O., Gabriel, Alphonse et Napoléon.

Ces lignes sont consacrées à faire ressortir quelques-unes des brillantes qualités de M. Gabriel Franchère. Il figure parmi les premiers hommes d’affaires de la métropole de l’Ouest. Il porte le même nom de ce grand voyageur qui a écrit l’ouvrage intitulé : « Relations d’un Voyage dans le Nord-ouest de l’Amérique Septentrionale, en 1810, 12, 13 et 14. » Cet illustre explorateur a des relations consanguines avec la famille dont fait partie celui dont nous nous occupons dans cet exquise biographique.

Bien que né et élevé dans un atmosphère purement américain, M. Gabriel Franchère a toujours cru devoir demeurer canadien par le cœur, la langue et la foi. Cela ne l’a pas empêché de devenir une étoile brillante dans le firmament commercial de Chicago. Il naquit à Chicago le 27 juillet 1852.

Il s’associa d’abord, en 1872, une digne compagne dans la personne de Delle Eugénie, une des filles de M. Louis Chiniquy, de Kankakee, Ill.

En 1876, il ouvrit un grand magasin de chaussures sur l’avenue Blue Island, en cette ville. Ses aptitudes commerciales lui permirent d’arriver en peu d’années à la possession d’une belle fortune. Aujourd’hui, il figure dans le West Side comme un des citoyens les plus importants.

Sur l’avenue Blue Island, il est propriétaire de deux grosses bâtisses affectées en partie au commerce. Dans l’une se trouve la fameuse « Salle Franchère » où se sont tenues tant d’assemblées de nos compatriotes, sans compter les réunions de citoyens de d’autres nationalités. Nos nationaux de Chicago peuvent dire à la louange de M. Franchère que les portes de cette salle leur ont souvent été ouvertes gratuitement, surtout lorsqu’il s’agissait des intérêts publics du groupe des nôtres.

De plus, sur la Vernon Park Place, M. G. Franchère possède un bon nombre de maisons.

À quelques pas de l’église Notre-Dame, il a fait en société avec son frère J. O., bâtir avant l’inauguration de l’Exposition Colombienne un magnifique hôtel, contenant 200 chambres. Les visiteurs qui les occupent en sont enchantés.

M. G. Franchère a toujours su aussi prêter main-forte à nos entreprises nationales.

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J. O. FRANCHÈRE.





MONSIEUR J. O. Franchère, né à Montréal en 1850, arriva à Chicago à l’âge d’un an et six mois. À peine avait-il douze ans, qu’il trouva à se placer chez Potter Palmer, dont l’établissement est devenu plus tard entre les mains de Marshall Field & Co. Le jeune compatriote montrait de bonnes dispositions pour le commerce. Aussi ne tarda-t-il pas d’ouvrir à son compte un grand magasin de chaussures sur l’avenue Centre No. 458.

Comme son frère Gabriel, il sut marcher promptement vers la fortune, grâce à ses principes d’économie et à son habileté dans les affaires.

Suivant M. J. O. Franchère, il importe dans le monde pour réussir de savoir ne s’occuper que de ses affaires, tout en étant libéral et généreux quand les occasions et les circonstances le demandent. Il a raison.

Bien qu’élevé au milieu de la ville de Chicago, M. J. O. Franchère n’a jamais cru devoir abandonner la langue française. Dans sa maison, notre belle langue occupe la place d’honneur.

En M. J. O. Franchère, nous avons un compatriote qui a pu arriver à figurer parmi les principaux hommes de commerce du West Side de la grande Métropole de l’Ouest.

Il possède maintenant des propriétés qui lui permettent d’avoir vingt-cinq locataires, et aussi une splendide résidence privée, évaluée à $15,000, sur la rue Loomis.

M. J. O. Franchère est un compatriote dont notre nationalité peut être fière, puisqu’il lui fait honneur et sait au besoin prêter main forte au mouvement de ses intérêts.

En 1889, avec son frère Gabriel, il visita l’Exposition Universelle à Paris.

Depuis trois ans, il est en société avec M. LaRocque dans ce que suivant le langage du pays on appelle « Real Estate, Loans and Insurance. »

M. J. O. Franchère et son associé ont accepté l’agence de la location du « New Era Building, » encoignure des rues Halsted, Harrison et de l’avenue Blue Island. Nos félicitations les plus sincères.

Sa gentille épouse est une des filles de feu Cyrille Lebeau, qui fut un des plus anciens entrepreneurs de Chicago. M. Franchère a droit d’être heureux des deux fils qu’elle lui a donnés.

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MICHEL CYR.





QUI ne connait pas ce bon patriote, ce canadien-français qui a tant fait pour sa race ? Dans le cadre restreint de ce livre il nous serait impossible de faire son histoire, mais ses œuvres sont connues, elles parlent pour lui, son nom est dans toutes les bouches et dans tous les cœurs. Tous les canadiens-français de l’ouest connaissent ce bon patriote qui a nom de Michel Cyr.

M. Cyr est né à Laprairie, près Montréal, P. Q., le 16 août 1848, alors que notre nationalité avait à soutenir de terribles combats. Il faut croire que les tristes évènements de cette époque ont influé grandement sur l’âme du personnage dont nous faisons l’histoire ; car M. Cyr a toujours été partisan convaincu et avéré de la langue française qu’il a défendue envers et contre tous. Ses convictions ont toujours été solides, ses principes sérieux et honorables.

Après un cours brillant au collège Masson de Terrebonne, le futur président de la société Saint Jean-Baptiste de Chicago se lançait sur la scène du monde plein de vie et d’espoir, ayant au cœur cette naïve illusion que les convictions quelles qu’elles soient doivent être respectées. Il s’aperçut bientôt que dans ce monde la vénalité est de mode et l’égoïsme est roi.

M. Cyr pouvait avoir une position lucrative dans un des bureaux publics les plus importants de Montréal. Mais pour cela, il lui fallait comme condition, sacrifier ses opinions politiques. M. Cyr abattu, dégoûté prit comme tant d’autres le chemin de l’exil.

À son arrivée à Chicago en mars 1869, le premier canadien qu’il rencontrait était notre poëte lauréat Louis Honoré Fréchette. Inutile de dire qu’une étroite liaison et une vive amitié s’établirent immédiatement entre ces deux grands patriotes. Pendant les quatorze années que notre héros passa comme teneur de livres chez Messieurs Byrne & O’Brien entrepreneurs-plâtriers, il s’est toujours occupé de questions nationales. On le rencontrait à tout instant dans les maisons commerciales de notre ville cherchant des positions à toute cette jeunesse canadienne forcée d’émigrer aux États-Unis. On l’a vu même fournir à ses frais des outils à de pauvres ouvriers qui se trouvaient dans la dèche.

En décembre 1886, ses capacités et son dévouement le faisaient choisir comme président de la société Saint Jean-Baptiste de Chicago. En 1888, il était délégué à la convention nationale de Nashua par la société Saint Jean-Baptiste et la paroisse Notre-Dame. Depuis plusieurs années il remplit les fonctions de Chef Ranger des Forestiers Catholiques qui l’ont eux-mêmes délégué aux conventions de Milwaukee en 1891 et de Montréal en 1892. Il est actuellement un des canadiens-français au bureau de la direction de la Haute Cour des Forestiers Catholiques. En un mot, M. Cyr a toujours occupé parmi nos compatriotes une position des plus enviables.

La langue française se parlent et s’enseigne au foyer de cet éminent compatriote. Pour le prouver, qu’il nous suffise de dire que Delle Cordélia a remporté au couvent de Notre-Dame la première médaille donnée par M. Z. P. Brosseau à l’élève la plus compétente en langue française. M. Michel Cyr fut toujours le champion de notre race à Chicago. Il y a 18 ans « l’Evening Journal » de cette ville avait lancé des injures graves à l’adresse de nos compatriotes. M. Cyr se mit à l’œuvre et la réponse qu’il donna à cet insulteur de notre race fit sensation dans la presse de Chicago, et quelques jours plus tard « l’Evening Journal » faisait une rétractation complète. Somme toute, il serait à désirer qu’il y eut beaucoup de canadiens-français de cette trempe ; les luttes que nous avons à soutenir seraient moins dures et moins terribles, les soldats étant plus forts et plus vaillants.

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CÉZAIRE GAREAU





MONSIEUR Cézaire Gareau est un des entrepreneurs charpentiers les plus en renom de Chicago. Il est né à Terrebonne, près de Montréal, Canada, le 3 janvier 1844. Il porte le même nom que son père, et il est l’aîné d’une famille de neuf enfants.

Il a été élevé, en Canada, et a reçu son éducation au collège Masson, de Terrebonne. Il y suivit un cours commercial, et il en sortit après avoir été gradué avec distinction.

En 1869, il vint à Chicago, et il ne tarda pas d’obtenir, chez M. Goldie, la position de contre-maître, qu’il garda six ans. Ensuite il entra au service de P. J. Sexton et de plusieurs autres jusqu’en 1882.

À cette époque, il se mit en société avec M. G. Clément, aussi de Terrebonne, et il commença à figurer parmi les entrepreneurs de Chicago. Deux ans après, il devint seul dans ses entreprises et en peu d’années il s’est élevé au premier rang.

Il construisit des bâtisses considérables, dont quelques-unes portent les noms de A. J. Snell, de Sprague, de Warner & Co., de A. E. Kent, de John Berry et de Caruther, et aussi de magnifiques résidences sur le Boulevard Ashland, comme celles de Goldsmith, de Sherwood, de Scherer et de R. H. Peratzki, ainsi que celles de l’ex-sénateur Riddle et de J. D. Marshall sur le Boulevard Jackson. Dans le west side, la « A. J. Stone Building, » la plus haute et la plus aristocratique, est aussi une de ses constructions.


M. CÉZAIRE GAREAU.

M. Gareau possède plusieurs propriétés sur le Boulevard Jackson, l’avenue Ogden, et les rues Harrison, Wood et Van Buren.

Il est actuellement occupé à bâtir la « Tudor Appartment Building, » sur la rue 43ième et l’avenue Ellis.

M. Gareau est membre des « Builders and Traders Exchange, » et aussi de l’association des « Carpenters and Builders, » dont il a été directeur pendant quatre années.

Notre compatriote se maria à Chicago avec Delle Angèle Bisson, du Mile-End, Montréal, de laquelle il eut une fille, Demoiselle Georgianna, et deux garçons, Louis et Gédéon tous vivants.

Voilà un canadien-français qui s’est élevé au premier rang parmi les entrepreneurs de Chicago et qui est devenu capable, grâce à sa fortune et surtout à l’honorabilité de son caractère de figurer avec distinction dans les meilleurs cercles de la société.

Ses entreprises et ses rapports sociaux qui l’ont entraîné dans un milieu purement américain, n’ont pas diminué en lui les qualités qui caractérisent un bon canadien-français.

Il reste toujours attaché à sa langue, à sa foi et à sa nationalité. On le trouve toujours prêt, en tout temps, à seconder tout effort déployé pour les intérêts nationaux.

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JOSEPH AUBRY.





IL EST de New York où il est né le 17 de février 1849. Sa famille retourna à Montréal, en 1856. Il fréquenta les écoles des Frères de la Doctrine Chrétienne. Après son apprentissage comme menuisier et charpentier, il émigra à Chicago en 1878. En 1880, il se maria avec Delle Rosalie Dubé, en cette ville. Il est compté au nombre des principaux organisateurs de la paroisse de Saint Jean-Baptiste. C’est un propriétaire à l’aise.

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ALEXIS LABINE.





SA NAISSANCE date du 12 d’octobre 1854, à Saint-Alexis, comté de Montcalm, Canada. En 1878, il se rendit à Chicago. En cette même année, il retourna au pays natal pour convoler en premières noces avec Delle Delima


JOSEPH AUBRY. ALEXIS LABINE.
 
LOUIS COURCHÈNE. FRANÇOIS ROBICHAUD.

Prud’homme, dont il eut un garçon. Plus tard, en 1886, à Chicago, il se remaria avec Delle Louise Duplessis. Elle lui a donné deux enfants. Il tint un bon hôtel sur la rue Halsted, tout près de la rue 52ième. C’est encore un canadien qui aime à aller de l’avant, et qui figure comme organisateur de la paroisse Saint Jean-Baptiste de Chicago.

FRANÇOIS ROBICHAUD.



NÉ le 15 d’avril 1850 à Saint-Jean-Port-Joli, comté de Montmagny, province de Québec. En 1881, il arriva à Chicago, et s’y maria en 1886 avec Delle Delvina Labine, dont il eut trois enfants. Fut un des promoteurs du projet de fonder la paroisse de Saint Jean-Baptiste, à Chicago, et, aujourd’hui, il en est un des marguilliers. Comme charpentier et menuisier il a pu se créer un bon avenir à Chicago, où il est propriétaire. C’est un bon et brave compatriote.


LOUIS COURCHÈNE.



VIT le jour le 23 d’octobre 1856, à l’Île-du-Pas, comté de Berthier, Canada. Vint à Chicago en 1886, où il passa d’abord un an dans le quartier ouest. Ensuite, il se rendit sur la 53ième rue où il fit l’acquisition d’une belle propriété. C’est un bon charpentier et menuisier, comme savent l’être nos compatriotes. En 1874, le 6 de juillet, il se choisit une compagne dans la personne de Delle Édesse Beaudry. Père de neuf enfants, dont trois décédés. Il compte aussi au nombre des organisateurs de la paroisse Saint Jean-Baptiste.


PLACIDE PROTEAU.



NÉ le 13 février 1859, à Charlesbourg, Province de Québec, Canada. À l’âge de 15 ans, il entra au Séminaire de Québec où il passa huit ans. En 1883, il vint se fixer à Chicago où durant les trois premières années il réussit à faire des épargnes comme charpentier et menuisier.

En 1886, il établit à son compte une boulangerie, d’où sort du bon pain canadien que tout le monde aime à manger. C’est la réputation de ce pain canadien, qui l’a fait marcher dans la voie du succès.


PLACIDE PROTEAU.

Aujourd’hui, M. Proteau possède deux belles propriétés, sur la Vernon Park Place, tout près de l’église Notre-Dame. On prétend qu’elles peuvent être évaluées à $30,000.

Le 3 de janvier 1890, il se maria avec Delle Marie Giroux, et de ce mariage deux enfants ont vu le jour, un garçon et une fille.


FEU DR. GABRIEL LETOURNEUX.



IL NOUS fait plaisir de dire quelque chose de la vie si bien remplie de ce brave citoyen et de ce ferme chrétien. Ce compatriote fut un homme d’église dans toute la force du mot. Doué d’une voix puissante et juste, il a vécu pour chanter le Dieu qu’il adorait, de manière que sa nombreuse famille a été élevée et a grandie dans un milieu toujours inondé d’harmonie.

Que l’on demande aux canadiens-français de Bourbonnais s’ils ont connu le Dr. LeTourneux ? Tous répondront que sa maison était le rendez-vous de la jeunesse, de l’âge mur et de la vieillesse ; qu’ils ne se rassassiaient jamais d’entendre dans la plaine de Kankakee les sublimes chants de la patrie absente.

Aux grandes fêtes, le Dr. LeTourneux et sa famille faisaient tous les frais de la partie musicale.

Lorsqu’ils vinrent s’établir à Chicago, ils inauguraient la grande musique classique, et les modestes voûtes des églises Saint-Louis et Notre-Dame retentirent des magnifiques accents de sa mélodieuse voix de ténor.

Jetons maintenant un coup-d’œil sur l’individualité de ce digne compatriote.

Le Dr. LeTourneux est né à Montréal le 20 octobre 1822.

Après avoir terminé son cours classique au collège de Saint-Hyacinthe et s’être initié à la science médicale à l’Université McGill, il est admis à la pratique en 1846. Il alla immédiatement débuter dans sa profession à l’Assomption où il demeura trois ans.

En 1849, il vint se fixer à Chicago. À cette époque, la métropole de l’Ouest n’offrait guère d’avantages à un médecin canadien, vu que nos nationaux y étaient peu nombreux et menaient une vie presque nomade.

Comme Bourbonnais Grove, à 55 milles de Chicago, est un centre établi par un groupe des nôtres, il crut que la Providence l’y appelait parcequ’il pouvait leur être plus utile. Dans cette localité, en effet, nos nationaux étaient plus nombreux et se trouvaient presque tous propriétaires. Il y consacra 18 ans au service de l’humanité souffrante et de la religion. Il figura à la tête de cette héroïque phalange qui a opposé une victorieuse résistance aux assauts de l’apostat Chiniquy contre la foi catholique.

En 1856, il était nommé maître de poste de Bourbonnais, charge qu’il occupa jusqu’en 1870. Alors il revint à Chicago.

En 1875, sa vie active fut soudainement interrompue par une paralysie qui le tint confiné dans sa maison jusqu’à sa mort. Ce pénible événement pour sa famille eut lieu en 1875.


DIEUDONNÉ LAPOINTE. FEU DR. GABRIEL LÉTOURNEUX.
 
LOUIS RACICOT. THÉOPHILE CHARPENTIER.

Ce canadien peut être considéré comme le pionnier et l’âme des intérêts religieux à cette époque, de la colonie canadienne-française de Chicago.

Qu’il était beau de voir ce brave père de famille transporter son harmonium dans le sous-bassement de l’église St. Mary pour y chanter avec ses enfants les louanges de Dieu à la première messe célébrée par un prêtre canadien, le Rév. Père A. Lebel, pour la première fois dans ce lieu de prière.

On le voit également avec sa famille à la tête du chœur de l’église Saint-Louis.

Un mot maintenant sur sa famille :

L’aîné, Tancrède, après avoir fait de bonnes études commerciales, tint une pharmacie sur la rue Madison. Le grand feu de 1871 détruisit de fond en comble son florissant établissement. Il se remit dans le commerce avec une nouvelle ardeur. Quelques années après, il quitta Chicago pour aller tenter fortune à San Francisco. Il se livra à l’étude de la médecine, et, une fois lancé dans la pratique, il figura tantôt comme chirurgien et premier médecin de l’hôpital de la “Mercy, ” tantôt comme membre du bureau d’hygiène de la Californie. Il occupe aujourd’hui une des plus hautes positions dans le bureau des examinateurs de l’État.

Le second, Charles, eut son berceau, comme son frère aîné, à l’Assomption, Canada. Il est maintenant dans le commerce de chaussures, en société avec son frère Édouard.

Né à Bourbonnais, Gaspard reçut son éducation au collège Saint-Viateur, de cette localité. En 1868, il est à Chicago, à l’emploi de Field Leiter pendant plusieurs années. Maintenant, il se trouve à Neenah, Wisconsin, comme premier commis au bureau d’enrégistrement de cette ville.

Les filles, comme les garçons, de cette brave famille, se distinguent par leurs brillantes qualités, au milieu de notre société canadienne-française. Elles reçurent une solide éducation au couvent de Bourbonnais. Dans l’enseignement de la musique, leurs nombreux élèves prouvent leurs succès.

L’une d’elles, Emma, est l’épouse de M. A. A. Franchère. Une autre, Laura, est devenue la digne compagne de M. H. A. Douglass.

Ces dames et leur sœur, demoiselle Marie, dignes enfants d’un père voué à la grande musique religieuse, continuent encore dans le chœur de chant de l’Abbé Thérien, à l’église Notre-Dame à maintenir à sa hauteur la renommée du nom du Dr. LeTourneux.


DIEUDONNÉ LAPOINTE



NÉ à Montréal, le 6 de juillet 1860. En 1863, sa famille émigra à New York, où il ne put faire autrement que de s’instruire dans les écoles publiques. En 1872, il suivit sa famille qui retourna à Montréal.

Il compléta son éducation chez les Frères des Écoles Chrétiennes. Ayant des aptitudes prononcées pour la musique, il fit partie de la fanfare des Frères du faubourg Québec. L’on sait que de ce corps de musique sont sortis les meilleurs membres de la fameuse bande connue sous le nom de « Bande de la Cité » de Montréal.

Pendant six ans, après sa sortie de l’école des Frères, il figura au nombre des musiciens composant cet important corps de musique. En 1876, il débuta à Montréal, dans l’imprimerie, la lithographie et la gravure chez Bishop & Co. Il s’y trouvait sous la direction de M. James Armstrong, le surintendant de l’établissement.

Après un certain nombre d’années, il s’en alla à New York pour se perfectionner dans l’art de la photo-gravure. En 1887, il vint à Chicago où son habileté et son expérience lui permirent de tenir un atelier à son compte.

C’est lui qui le premier obtint les commandes des grands journaux de Chicago pour les gravures, ce procédé étant encore inconnu dans cette ville. Deux ans après, il prit un engagement à la « Tribune, » pour trois ans, moyennant un salaire de $3,000, par années. Ce temps expiré, il avait en mains d’autres découvertes se rapportant à des procédés nouveaux pour des photo-gravures à couleurs variées.

L’Inter-Ocean, un autre grand journal de Chicago, fit des arrangements avec lui pour avoir le bénéfice de telles découvertes, ce qui a permis à ce journal de faire sortir un supplément, chaque samedi, contenant des gravures à quatre couleurs. C’est le seul de ce genre en Amérique.

Se mettant ensuite en société avec M. Harvey sous le nom et raison sociale de Harvey & Lapointe, ils établirent un atelier de photo-gravure sur la rue State.

En 1885, le 1 août, il épousa à Montréal Delle Élodie Mousseau. De ce mariage sont nés un garçon et une fille.

Disons, en passant, que M. Dieudonné Lapointe, s’est toujours dévoué pour ses compatriotes, en initiant les jeunes gens suivant à son art ; M. Louis Racicot, de la « Tribune, » M. George Lebeau, de l’Inter-Ocean, M. Théo. Charpentier, du « Times, » et deux de ses cousins, François et Raoul Lapointe, qui ont mis ces jeunes gens en position de marcher s’ils le veulent, vers un avenir assuré.


LOUIS RACICOT.



MONSIEUR Louis Racicot est né à St. Constant, comté de Laprairie, le 13 de mai 1872, de parents canadiens-français. Il fréquenta, pendant cinq ans les écoles des Frères de la Doctrine Chrétienne.

Ayant eu le malheur de perdre sa mère, alors qu’il n’avait que l’âge de 13 ans, il partit l’année suivante pour Chicago.

Bien que jeune et loin de tous parents et amis, il s’est toujours fait remarquer dans ce grand centre par son assiduité au travail, par sa bonne conduite, et par la manière dont il a su se créer des épargnes.

À son arrivée à Chicago, il trouva une position chez M. D. Lapointe, sous la direction duquel il fit son apprentissage dans l’art de la photo-gravure. Lorsque M. D. Lapointe laissa la « Tribune, » le jeune Racicot fut jugé capable de prendre sa place. Il gagne un salaire de $2,500 par année.

Voilà un jeune compatriote qui prouve que quand on sait marcher dans le chemin du devoir et de l’honneur on peut arriver, surtout aux États-Unis, à des positions les plus lucratives ou des succès qui feraient ouvrir les yeux à bien du monde, en Canada.


THÉOPHILE CHARPENTIER.




NÉ le 17 décembre 1869, à Montréal, Canada. En 1886, il vint à Chicago avec sa famille. Il avait alors dix-sept ans et avait terminé un bon cours commercial. Il commença de suite son apprentissage dans la photo-gravure sous la direction de M. D. Lapointe.

Deux ans après, il prit la charge du département de la photo-gravure du « Times, » un des grands journaux de Chicago. Après avoir été cinq ans au service du « Times, » il est entré dans l’établissement le plus considérable de la photogravure, à Chicago. Cette maison est connue sous le nom de « Garden City Photo-Engraving Co. »

C’est dans cette même maison qu’il travaille aujourd’hui. Il est encore tout jeune, et s’il est actuellement en voie de se faire un bel avenir, c’est dû à sa bonne conduite et à ses capacités.

Le 20 juin 1891, il crut que ce serait mieux pour lui de se marier, et son union se contracta avec Delle Marie Zace, à Chicago. Il est père d’une jolie petite fille.


NECTAIRE ROUSSEAU.




VOICI un compatriote qui mérite notre respect et notre estime. Catholique convaincu, nous le voyons toujours à la tête de tout ce qui est propre à promouvoir les intérêts de la religion. Plein de patriotisme, il ne fait jamais défaut quand il s’agit de notre avancement national. Il est un des organisateurs de plusieurs sociétés canadiennes-françaises, telles que la Saint Jean-Baptiste, la Cour Notre-Dame, No. 25, des Forestiers Catholiques.

Citoyen dévoué au bien de la société en général, M. Rousseau appartient à la Saint-Vincent de Paul, et est depuis 23 ans membre actif de l’association de bienfaisance connue sous le nom de « Secours Mutuel. »

Il est considéré au nombre de nos nationaux les plus honorables et les plus respectables. C’est un citoyen bien vu dans Chicago. Il tient sa famille sur le bon ton, et elle sait figurer au milieu de la bonne société.

Dans la construction des lignes télégraphiques, M. Rousseau est regardé comme un des plus habiles. Comme mécanicien, il s’y est fait une réputation extraordinaire.

Né à Saint-Damase, Province de Québec, le 31 août 1838, sa famille se rendit à Détroit en 1844.

En 1856, il offrit ses services à la « Western Union Telegraph Company » qui l’employa d’abord dans ce qui se rapporte à la construction.


nectaire rousseau.

En 1860, eut lieu la construction de la première grande ligne télégraphique dans l’Ouest, jusqu’à Sacramento, en Californie. C’est notre vaillant compatriote qui fut chargé de conduire les travaux.

En 1861, dans le courant de décembre étant de retour à Omaha, il fut chargé par le général Stager de construire des lignes télégraphiques, de Chicago à Omaha, durant la guerre civile.

En 1865, il retourna à Détroit, où, le 3 de janvier de la même année, il épousa Delle Lodia Dupont.

Il vint ensuite se fixer à Chicago où il éleva une famille de neuf enfants, dont trois sont mariés.

Aussitôt arrivé dans la grande métropole de l’ouest, il prit la charge des lignes de la compagnie appelée « Illinois & Mississipi Tel. Co. »

En 1869, cette compagnie s’est fusionnée avec la « Western Union, » et M. Rousseau a reçu la charge de toutes les lignes télégraphiques de Chicago.

En 1873, la compagnie de « American District Service » se formait, et M. Rousseau fut nommé surintendant de la construction.

Lorsque le téléphone fut introduit, en 1877, c’est notre habile compatriote, M. Rousseau, qui posa le premier téléphone à Chicago et qui eut la charge des lignes téléphoniques.

En 1882, il obtint de différentes compagnies téléphoniques et télégraphiques des contrats pour le charroyage de leurs matériaux. C’est là que se trouve encore son occupation, aujourd’hui. Ce genre d’affaires le mit dans la nécessité de se bâtir une grande écurie qu’on peut considérer comme modèle de toutes les écuries de Chicago.


F. A. LANGLOIS.



C’est avec plaisir que nous introduisons à nos lecteurs ce digne compatriote qui a su faire honorablement son chemin dans le monde et qui est toujours demeuré bon canadien. Né le 11 juillet 1857, au Cap Santé, comté de Portneuf, Province de Québec, M. Langlois laissa sa place natale à l’âge de onze ans.

C’est qu’il suivit alors sa famille, qui vint s’établir à Montréal. Jusqu’à l’âge de 16 ans, il fréquenta d’abord l’école des Frères des Écoles Chrétiennes et ensuite il fut placé au collège de Montréal.

Aspirant au commerce de fourrures, il chercha en premier lieu à se familiariser avec ce genre d’affaires chez James Correstine & Co., sur la rue St. Paul, dans cette même ville.

Ensuite, il passa trois ans au service de la maison Thibault, Lanthier & Cie., gros marchands de fourrures sur la rue Notre-Dame. Pour se perfectionner dans la coupe des pelleteries, il obtint une position chez J. Neagle, encore à Montréal.

En 1880, dans le courant de novembre, il se rendit à Chicago où il éprouva, d’abord, durant un an, qu’en pays étranger les chances ne viennent pas toujours nous sourire.

Cette année de contrariétés étant passée, il trouva une place comme commis chez M. J. F. Périolat & Co. Après un mois de service son patron vit en cet employé canadien-français un homme capable, affable


f. a. langlois.


et honnête, qualités indispensables au succès du commerce.

Il fut de suite élevé à la charge de surintendant de la manufacture de cette compagnie. Il y occupa cette position pendant un an.

Ensuite ses patrons le chargèrent d’ouvrir une succursale sur la rue State, à Chicago. Il fit marcher rapidement cette succursale dans la voie du progrès, et dans l’espace d’un an, il réussit à avoir un profit net de $33,000.

Les deux maisons s’étant fusionnées, M. Langlois devient membre de la maison Périolat & Co., ce qui dura jusqu’en 1889. À deux reprises, le feu fit subir des pertes si considérables à cet établissement qu’une faillite s’en suivit.

Alors M. Langlois trouva à se placer au magasin de « Hausens Empire Fur Factory, » Nos. 151 et 153 sur l’avenue Wabash. Il s’y fait des affaires pour $1,500,000 par année. M. Langlois y occupe une des premières positions.

Le 18 janvier 1879, il se maria, à Montréal, avec Delle Marie Ezilda Berubé, fille de feu Jean Lambert Berubé, ancien manufacturier de vinaigre, en cette même ville. Il a deux garçons et une fille.

On dit que son fils Ernest est doué d’un talent extraordinaire pour la musique. Rien de surprenant, quand on sait que M. Langlois possède une des plus belles voix de base. Sa voix remarquable lui permit d’avoir à l’archevêché de Chicago la place de première base comme soliste, une des meilleures positions comme chantre dans la métropole.


JOSEPH CHALIFOUX.



Monsieur Joseph Chalifoux, entrepreneur de pompes funèbres et propriétaire d’une grande écurie de chevaux de louage, est à Chicago depuis 1867, est un de nos compatriotes qui ont le mieux réussi dans les affaires.

Né à Montréal en 1841, il y fit son apprentissage de menuisier ; mais durant cinq années consécutives il suivit la carrière de marin, donna plus d’une preuve de hardiesse de bravoure qui dénotèrent, dès son jeune âge, ce caractère ferme et énergique qui a toujours paru le trait saillant de sa nature.

Poussé par le désir de faire fortune plus vite que sur la mer, il pointa vers l’Ouest et arriva à Chicago en 1867 avec 75 cents dans sa poche pour toute caisse d’épargne. Il se livra courageusement à son métier de menuisier, et grâce à son habilité et son assiduité au travail il gagna de bons gages jusqu’à l’époque du grand feu de 1871, où il se trouva avec un joli montant en caisse.

Mais ça n’allait pas assez vite pour satisfaire ses aspirations. Il laissa alors l’équerre pour s’aventurer dans le commerce. C’est là sa vocation. M. Chalifoux était fait pour les affaires. Ses succès dans le commerce l’ont prouvé amplement. Il est aujourd’hui à la tête d’un des plus grands établissements de Chicago et commande un bon capital, sans parler des nombreuses propriétés foncières dont il est devenu possesseur.

Par le génie des affaires M. J. Chalifoux est américain : il peut faire la barbe, comme on dit, à plus d’un yankee. Mais par le cœur il est


joseph chalifoux.


canadien, foncièrement canadien.

Il a été, pendant six années, trésorier de la société Saint-Jean-Baptiste, de Chicago, et durant deux ans trésorier de la société Saint-Vincent de Paul.

Aux dernières élections municipales, il eut l’honneur d’être mis sur les rangs des candidats, mais, dans le temps, son état de santé l’obligea de décliner. Il n’y a pas de doute que sa popularité lui aurait obtenu la grande majorité des suffrages.


JOSEPH CHARLES JACQUES.



Né à Joliette, comté de l’Assomption, Province de Québec, le 16 septembre 1856. Il fréquenta jusqu’à l’âge de 13 ans l’école tenue par les Frères Viateurs dans sa paroisse.

Il se rendit d’abord à Montréal où il trouva à se placer chez M. W. Coddington, chapelier sur la rue Notre-Dame.

Il passa cinq ans au service de cette maison. Il alla ensuite à New York, où il resta six mois chez Joseph Day. Revenu à Montréal, il obtint une position chez M. Robertson. C’est dans cet établissement qu’il


joseph charles jacques.


termina son apprentissage.

Un an après, il établit à son compte en société avec M. Scott un magasin sur la rue McGill.

Après avoir tenté ainsi fortune pendant un an et six mois, il vint à Watertown, dans l’état de New York. Durant deux ans et six mois, ses services furent donnés à la maison de Charles Tubbs & Co.

Il se rendit ensuite à New York où il trouva de l’emploi dans la grande manufacture de Dunlap & Co. Enfin, il y a neuf ans, il fut envoyé à Chicago par la même maison, sur la rue State, où il est maintenant assistant-surintendant.

De Lévis dit : « La religion et les mœurs sont les seuls moyens de prospérité pour les nations comme pour les individus. » De plus, lorsqu’au milieu des succès en ce pays on est content d’être Canadien, c’est faire preuve de cœur et de bons sens : Nos félicitations à M. Joseph Charles Jacques.

Le 27 d’avril 1880, il se maria avec Delle Albina B. Pelletier, à l’église St.-Jacques, Montréal. Sa famille se compose de deux garçons et de trois filles.


JOSEPH LEPITRE



Ce compatriote octogénaire est un de nos plus anciens nationaux émigrés à Chicago, C’est un brave catholique et un bon canadien-français dans toute la force du mot.


joseph lepitre.
Il est un des premiers paroissiens de l’église St. Louis, lorsqu’elle était au coin des rues Clark et Quincy, du temps du Père Lebel. Il a aujourd’hui, atteint l’âge de 83 ans.

Le 8 octobre 1832, il épousa à Pointe-du-Lac, Canada, Delle Julie Silce, et, en 1848, il vint créer son avenir à Chicago où il jouit de la considération de tout le monde.

Ce respectable vieillard est devenu père de dix garçons et dix filles, dont six maintenant sont encore pleins de vie.

Les seize autres doivent lui préparer ainsi qu’à sa brave épouse une belle couronne là-haut.

Ce couple respectable mérite d’être cité aux Américains comme preuve de la fécondité de notre race. M. Lepitre écoule une heureuse vieillesse à l’ombre de ses lauriers noblement acquis.

INDEX.

NOS PAROISSES.
Aubry, Joseph 
 75
Bastien, Ulric 
 64
Beauvais, Elzéar A. 
 57
Brosseau, Z. P. 
 42
Caron, Édouard L. 
 56
Chalifoux, Joseph 
 88
Charpentier, Théophile 
 84
Christin, Arthur 
 45
Courchène, Louis 
 77
Cyr, Michel 
 71
Cyrier, Dr. Charles E. 
 51
Demers, Phidime 
 65
Dupuis, Modeste 
 66
Foisy, Eugène E. 
 64
Fortier, Dr. Joseph J. 
 52
Franchère, Gabriel 
 69
Franchère, J. O. 
 70
Gareau, Césaire 
 73
Grignon, Antoine 
 55
Jacques, Joseph Charles 
 90
L’Abbé, Trefflé Ouimet 
 37
Labine, Alexis 
 75
Langlois, F. A. 
 86
Lapointe, Dieudonné 
 82
Lepitre, Joseph 
 91
Lesage, Dr. Philippe 
 53
LeTourneux, Feu Dr. Gabriel 
 78
Paquin, Dr. Elzéar 
 48
Paquin, Louis E. 
 62
Proteau, Placide 
 77
Proulx, Théodore 
 56
Racicot, Louis 
 83
Robichaud, François 
 77
Rousseau, Nectaire 
 84
St. Aubin, Zéphirin de 
 59