La moisson nouvelle/25

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Bibliothèque de l’Action française (p. 111-113).


JEUNE MÈRE




Comme une fleur d’avril en sa chair éclatante,
Sourit à notre amour cet enfant adoré.
Voyez comme il est beau ! Par de longs jours d’attente
En secret dans nos cœurs nous l’avons désiré.

Que son visage est pur, que sa grâce est parfaite !
Et comme nous aimons le regarder longtemps !
C’est notre seul trésor et notre âme est en fête
A voir son jeune front fleurir comme un printemps…


Son corps a la couleur si fraîche de la rose,
Ses petits membres sont pareils à des roseaux,
Son regard est d’azur, sa chair est douce et rose,
Et son babil est comme un ramage d’oiseaux…

L’alouette qui chante au bord de la fenêtre
Semble faire son chant plus doux quand il s’endort…
La lumière du ciel pour lui semble renaître,
Et le jour vient baiser ses petits ongles d’or…

Son sourire est divin, et sa bouche ressemble
A quelque fleur sauvage et pure. Quand soudain
Il s’élance en marchant jusqu’à nous, il nous semble
Voir voler la plus belle rose du jardin !…


Les anges près de lui s’empressent sans relâche,
L’aube rose et joyeuse l’entoure, et parfois
Il s’élève vers elle en souriant, et tâche
De prendre du soleil avec ses petits doigts…

Et lorsqu’à sa gaieté si franche il s’abandonne,
Quand son petit bras sort des langes décousus,
— Veuillez me pardonner, ô très sainte Madone
Je le trouve aussi beau que le petit Jésus !