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La petite canadienne/03

La bibliothèque libre.
Éditions Édouard Garand (72p. 9-13).

III

OÙ MISS JANE ET RUTTEN CONVIENNENT QU’ILS ONT PERDU LA PREMIÈRE MANCHE


Alpaca et Tonnerre marchaient côte à côte, d’un pas incertain et lourd, se serrant des coudes, se soutenant de l’épaule, la physionomie empreinte de cette sereine béatitude qu’ont les gens qui ont bien mangé ou bien bu, et saluant avec force révérences les dames et demoiselles qu’en dépit de l’heure tardive ils croisaient sur leur route.

Et Tonnerre, très égayé par la stimulante saveur du Frapin, du Hennessey et du syphon, disait de son accent gouailleur :

— C’est égal, Maître Alpaca, avouez que vous ne vous attendiez pas de frotter sitôt vos semelles cosmopolites sur le jeune sol américain. Car, si vous vous en souvenez, à notre départ de Dawson City de même qu’au moment où vous posâtes le pied sur la terre canadienne, vous avez juré de ne jamais plus revenir au pays des Yankees.

— C’est vrai, répondit Alpaca avec un soupir de regret. Mais observez, Maître Tonnerre, que j’avais alors une espérance que les événements subséquents ne m’ont pas permis de réaliser.

— Quelle était donc cette espérance, cher Maître ?

— Celle de retrouver ma bien-aimée Adeline. Car, si je l’avais retrouvée, je serais demeuré auprès d’elle en quelque petit coin de terre tout à fait ignoré du reste des humains, où nous eussions filé le plus sublime des éternels amours !

— Heu ! heu ! fit Tonnerre avec un air sceptique. Car, disons-le, Tonnerre ne croyait pas fermement « aux éternels amours ».

— Mais Dieu, hélas ! en a décidé autrement, acheva Alpaca avec un douloureux soupir.

Ce soupir émut Tonnerre, et il dit avec un accent de compassion sincère :

— Peut-être, cher Maître, ne vous êtes-vous pas donné la peine nécessaire pour arranger vos affaires de cœur ?

— Comment l’eussé-je pu faire ? Vous le savez bien : dès notre arrivée à Montréal nous sommes tombés dans une aventure qui ne nous a depuis laissé aucun répit, et dont je ne prévois pas la fin.

— C’est vrai, cher Maître, avoua Tonnerre, nous avons été excessivement occupés, même que nous n’eûmes jamais l’occasion de si bien boire comme nous avons bu ce soir.

— Mais pour en revenir à mes amours, Maître Tonnerre, laissez-moi vous dire que je conserve une consolation.

— Ah ! ah ! Et cette consolation, cher Maître ?

— Provient des lettres admirables que je lui ai écrites.

— Et je ne doute pas, répliqua Tonnerre en retrouvant son sourire narquois, qu’elle vous répondit par d’autres lettres non moins admirables.

— Vous l’avez dit, Maître Tonnerre. Et ces lettres et les miennes constituent…

Alpaca s’interrompit en voyant son compagnon s’arrêter subitement et promener autour de lui des regards étonnés.

— Eh bien ! qu’avez-vous donc, Maître Tonnerre ?

— Savez-vous où nous sommes, cher Maître ?

— Mon Dieu ! si vous ne le savez pas vous-même, comment voulez-vous que je le sache ?

— En ce cas, nous avons perdu notre chemin !

— Vous croyez ?

— Regardez… à moins que vous reconnaissiez ce square et ce parc ?

Alpaca se mit à examiner les alentours.

Ils étaient arrivés sur un square au centre duquel était un petit parc planté de beaux arbres, coupé de belles allées sablonneuses et aménagé de bancs rustiques où, le jour, les citadins fatigués pouvaient se reposer et respirer la fraîcheur du feuillage.

Tout autour, et surplombant à une hauteur vertigineuse parc et square, des gratte-ciels dressaient et haussaient dans la nuit leurs géantes et fantastiques silhouettes.

Le parc paraissait désert. Il demeurait dans une demi-obscurité et faisait tache sombre dans la vive illumination du square.

— Décidément, dit Alpaca après avoir étudié les lieux. Je ne me rappelle pas avoir jamais mis les pieds en cet endroit.

— En sorte que, cher Maître, vous ne savez pas s’il nous faut continuer notre chemin ou revenir sur nos pas, ou bien tourner à gauche ou à droite pour atteindre l’Hôtel Américain ?

— Non, Maître Tonnerre, je ne sais pas. Aussi, en cette occurrence vais-je vous laisser l’initiative.

À cet instant un inconnu traversait le parc et passait bientôt près des deux compères.

— Voici un monsieur qui va nous renseigner, murmura Tonnerre à l’oreille d’Alpaca.

Et interpellant aussitôt l’homme qui allait d’un pas pressé :

— Pardon, cher Monsieur ! dit-il en portant la main à son feutre.

L’homme s’arrêta court et jeta à nos deux amis un regard de travers.

— Que voulez-vous ? demanda-t-il d’une voix malveillante.

— Savoir, répondit Tonnerre, si nous sommes sur le bon chemin qui conduit à l’Hôtel Américain.

— L’Hôtel Américain ?… fit l’inconnu rassuré par le ton poli de Tonnerre. Vous n’en êtes pas bien loin. Franchissez ce parc, tournez sur la gauche, descendez quatre blocs, puis tirez à droite jusqu’à la rue suivante, revenez à gauche et, deux blocs plus loin, vous touchez l’Hôtel Américain. C’est le plus court chemin, acheva l’homme qui s’éloigna aussitôt.

Et cet homme était déjà loin que Tonnerre et Alpaca cherchaient encore à déchiffrer l’indication qui venait de leur être donnée. Naturellement, ils n’y parvenaient pas et, plus égarés que jamais dans l’enchevêtrement des « à gauche », des « à droite » et des « blocs » servis par l’étranger, ils semblaient patauger dans un dédale de rues, de ruelles et d’avenues.

— Eh bien ! cher Maître, dit enfin Tonnerre, de quel côté allons-nous ?

— Je vous le demande, Maître Tonnerre.

— Pour ma part je n’ai retenu qu’une chose, c’est que, en franchissant ce parc, nous aurons pris le plus court chemin.

— En ce cas, suivons toujours ce premier renseignement, ce sera autant de gagné.

— Marchons alors ! dit Tonnerre.

— Marchons ! répéta Alpaca.

Et les deux amis s’engagèrent à travers le parc.

Ils avançaient d’une marche lente et peu sûre dans la demi-obscurité du parc, se soutenant toujours de l’épaule, silencieux et graves.

Comme ils entraient dans une allée plus obscure, à peu près au milieu du parc, les deux compères furent brusquement et violemment heurtés sur le crâne, culbutés, renversés, écrasés, puis comme immobilisés dans un évanouissement.

En même temps deux individus tombaient sur eux, et de leurs quatre mains les fouillaient activement.

— Rien ici ! grommela l’homme qui fouillait Tonnerre.

— C’est moi qui tiens le bon ! dit l’homme qui s’occupait d’Alpaca.

— Ouf ! fit le premier en lâchant Tonnerre, j’ai cru un moment que nous les avions assommés pour rien.

— Non pas, reprit l’autre en exhibant, une large enveloppe, voici bien les documents qu’ils ont soustraits à ce pauvre capitaine Rutten !

— Tant mieux, alors ! Mais filons…

— Filons ! répéta l’autre.

Et les deux hardis assommeurs s’éloignèrent au pas de course.

Cependant, Tonnerre et Alpaca étendus côte à côte demeuraient inanimés.

Enfin, au bout d’une dizaine de minutes, un souffle de vie parut animer les membres raidis de Maître Tonnerre. Un soupir énorme se dégagea de son gosier, puis il souleva péniblement sa tête pour promener autour de lui des regards très étonnés. Ces regards, il les arrêta peu après sur la silhouette inerte de son compagnon qui, les yeux grands ouverts, contemplait le feuillage des arbres ou, peut-être plus vraisemblablement, à travers ce feuillage, le firmament piqué de petits points d’argent.

Un mélancolique sourire courut sur les lèvres de Maître Tonnerre qui demanda :

— Que pensez-vous de tout ceci, cher Maître Alpaca ?

À cette interrogation Alpaca parvint à soulever sa tête, lourde et souffrante, et répondit :

— Je pense, Maître Tonnerre, que j’ai subitement éprouvé comme un étourdissement, et alors je suis tombé.

— Selon moi, dit Tonnerre à son tour, il me semble qu’il m’est tombé sur le crâne un objet très lourd par la pesanteur duquel j’ai bien failli être assommé tout net.

— En ce cas, cet objet très lourd, Maître Tonnerre, ne peut être que l’une des cheminées de ces bâtisses gigantesques.

Tonnerre ouvrit des yeux démesurés.

— Pourtant, dit-il avec doute, je n’en perçois pas autour de moi les matériaux épars.

— Avez-vous bien regardé ?

— Dame ! je regarde encore et ne vois rien, répondit Tonnerre qui trouvait fort étrange cette histoire de cheminée.

— S’il en est ainsi, reprit Alpaca, il faut croire que des gens bien obligeants les auront ramassés.

— Vous avez peut-être raison, cher Maître.

Aussitôt ces paroles dites, les deux compères d’un commun accord se mirent sur leur séant.

— Par tous les testaments ! rugit tout à coup Tonnerre en prenant sa tête à deux mains, tandis que sa figure exprimait une grimace de douleur.

— Juste Ciel ! geignit Alpaca en portant, lui aussi, ses mains à sa tête.

— Qu’avez-vous donc, cher Maître ! demanda Tonnerre surpris de la plainte proférée par son compère.

— Rien, sinon qu’il manque quelque chose à mon chef, répondit Alpaca.

— Comme à moi… on m’a enlevé mon feutre !

— Et moi, mon melon !

— Mais non, cher Maître, s’écria vivement Tonnerre. Voilà bien votre melon tout près de moi !

— Que Dieu soit, loué !

— Seulement, reprit Tonnerre avec un accent railleur, il me paraît joliment endommagé votre melon !

Et Tonnerre exhibait un melon tout bossué, cassé, couvert de poussière, ajoutant, plus ironique :

— Il faut croire, cher Maître, que votre cheminée a quelque peu aussi caressé votre crâne !

Alpaca prit son chapeau melon d’une main tremblante, et, tout en essayant de lui rendre sa forme primitive, poussait des soupirs d’intense chagrin, avec ses paroles répétées :

— Un melon tout neuf… qui me seyait si bien !… oui, un melon tout neuf… qui me…

— Ne vous plaignez donc pas tant, interrompit Tonnerre : vous êtes encore bien chanceux d’avoir votre melon. Il est vrai qu’il se trouve un peu avarié, mais vous l’avez quand même. Tandis que moi, me voilà bel et bien sans feutre et susceptible de m’enrhumer au cerveau. Je parie qu’en ramassant votre cheminée, cher Maître, ces gens auront, par mégarde, ramassé mon feutre avec. Et un feutre tout flambant neuf sur lequel je veillais comme sur la prunelle de mes yeux.

Cependant, ayant réussi à redonner à son chapeau une forme quelconque, Alpaca s’en couvrait le chef et se levait en proférant de douloureux gémissements.

Aux gémissements d’Alpaca répondit une exclamation joyeuse de Tonnerre qui, à la place même où était assis son compagnon la minute d’avant, venait de découvrir son feutre.

— Enfin, le voilà ! cria joyeusement Tonnerre.

— Quoi donc ? demanda Alpaca qui tâtait ses reins,

— Mon feutre donc !… Vous me l’avez rudement aplati tout de même !

— Étais-je assis dessus ? demanda Alpaca avec surprise.

— Vous le voyez bien… Il n’a plus l’air que d’une guenille !

— Je vous fais toutes mes excuses, cher Maître, je ne l’ai certainement pas fait exprès. Allons ! donnez-moi la main que je vous aide à vous remettre sur pied !

L’instant d’après, boitant, geignant, jurant, les deux compères poursuivaient leur route si malencontreusement interrompue par « la chute d’une cheminée ».

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le lendemain matin, un commis de l’hôtel Welland pénétra dans la chambre où Tonnerre et Alpaca avaient, la veille au soir, grisé le capitaine Rutten.

Ce dernier dormait toujours profondément sur le plancher.

Le commis le secoua rudement par les épaules.

Rutten ouvrit les yeux, battit des paupières, bâilla, regarda autour de lui avec une profonde surprise, considéra un instant le commis qui le regardait avec un air féroce, puis, mû par une idée soudaine avec le souvenir qui se dégageait des brouillards de son esprit, Rutten tâta le côté gauche de son vêtement.

Il tressaillit, se mit brusquement sur son séant, ouvrit son veston, découvrit la longue coupure de sa veste et constata la disparition de l’enveloppe que lui avait remise Kuppmein quelques jours auparavant.

Alors il proféra un effrayant blasphème, bondit sur ses pieds, flanqua une claque formidable au commis qui se trouvait entre la porte et lui, gagna cette porte et s’élança dans le corridor. Par malchance une fille de chambre se trouva sur le passage du capitaine. Lui, furieux, culbuta la pauvre fille qui jeta un cri d’épouvante, tomba et s’évanouit. Et rugissant, le capitaine dégringola l’escalier, traversa au pas de course la grande salle de l’hôtel, semant partout la stupeur, l’émoi et la terreur, se précipita au dehors, se rua dans un taxi qui stationnait à la porte, et cria d’une voix farouche au chauffeur terrifié :

— Fifth Avenue !

La machine partit avec la rapidité d’une rafale…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

En son fumoir-bibliothèque, sur Fifth Avenue, et, selon sa coutume, nonchalamment allongée sur la méridienne, Miss Jane fumait sa cigarette.

Le petit cadran indiquait huit heures.

Miss Jane appuya sur un timbre électrique.

La minute d’après parut la camériste.

— Monsieur Lebon est-il venu ? demanda Miss Jane.

— Pas encore, mademoiselle.

— S’il vient à venir, n’oubliez pas de nous apporter des tasses de chocolat et vous aurez soin d’ajouter dans la sienne, comme hier, la dose de cordial que je vous ai remis l’autre jour.

— Je n’y manquerai pas, mademoiselle.

— C’est bien.

De la main Miss Jane congédia sa camériste et se remit à fumer sa cigarette.

Au bout d’un moment elle murmura comme pour répondre à ses pensées :

— Pauvre jeune homme ! comme il me fait pitié !… Vraiment, j’ai hâte de lui rendre sa liberté, en dépit de ma promesse faite à Rutten de le dénoncer comme l’assassin de Kuppmein. Non, je ne pourrai jamais commettre une telle monstruosité ! Non… non… Vous serez libéré bientôt. Monsieur Lebon, dès que nous tiendrons votre modèle de Chasse-Torpille…

Elle garda le silence un instant et reprit :

— C’est bien assez de lui prendre sa fortune sans lui prendre la vie ! Décidément, ce Rutten est un véritable barbare ! Oh ! s’il peut seulement me payer mes cent mille dollars, une fois que nous aurons le modèle ! Mais ce modèle, quand l’aurons-nous ?… Oh ! ce Benjamin devrait bien arriver, alors le capitaine pourrait sans danger se mettre à l’œuvre !…

Tout à coup Miss Jane tressauta en entendant un vacarme épouvantable dans la porte de l’antichambre. Il lui sembla qu’on heurtait violemment dans la porte. Inquiète et palpitante, elle prêta l’oreille.

Le heurt augmentait de violence.

Elle frémit.

Puis un craquement arriva jusqu’à elle, et en même temps elle perçut comme un grondement de bête fauve.

Miss Jane bondit de terreur jusqu’au centre de son fumoir, où elle demeura livide et frémissante.

Au même instant, par l’arcade dont les draperies avaient été écartées, elle vit un homme faire irruption dans le salon. Puis cet homme, les vêtements en désordre, tête nue, rugissant, terrible, se rua dans le fumoir.

Avec un cri Miss Jane proféra ce nom :

— Rutten !…

Et le capitaine, l’œil en démence, la lèvre écumeuse, haletant, se jeta sur la méridienne et demeura dans l’attitude d’un moribond arrivé à la dernière agonie.

Revenue de son émoi, Miss Jane put demander, la voix toute frémissante :

— Que se passe-t-il donc, capitaine ?

— Il se passe, hurla Rutten avec un blasphème, que j’ai été volé la nuit dernière.

— Volé !… s’exclama Miss Jane qui eut peur de comprendre la vérité.

— Oui, volé… dépouillé de mes plans !

— Oh ! damnation ! rugit la jeune fille.

— Volé par deux… bandits ! hoqueta Rutten.

— Des bandits !… quels bandits ?… Allons ! expliquez-vous et tâchons de raisonner un peu !

Rutten, d’une voix hachée par la fureur et la perte de son haleine, raconta la scène de la veille au soir, et fit en même temps un portrait minutieux de Tonnerre et Alpaca. Il termina par ces paroles :

— Vous le voyez, je me suis laissé stupidement rouler par ces deux insensés.

Les yeux noirs de Miss Jane étincelèrent, ses lèvres blêmies se crispèrent en une sourde imprécation, et elle rugit ce nom :

— William Benjamin !

— William Benjamin !… répéta Rutten, étourdi.

— C’est-à-dire, reprit Miss Jane sur un ton concentré et tremblant de colère et de haine, que vos deux insensés, qui le sont moins que vous-même, sont des gens à Benjamin.

— Par l’enfer !… vociféra Rutten en se dressant debout avec un geste terrible.

— C’est-à-dire encore, poursuivit Miss Jane d’une voix sifflante, que ce William Benjamin est à New York et qu’il vient de gagner sur nous la première manche.

Rutten retomba lourdement sur la méridienne, comme assommé.

— Mais s’il a gagné la première partie, continua Miss Jane avec un sourire féroce, c’est à nous de gagner la deuxième.

— Comment ? demanda Rutten qui se mit à respirer avec espoir.

En nous emparant du modèle !

— C’est vrai.

— Et pour atteindre ce but nous n’avons pas un instant à perdre.

— Que faut-il faire ?

— Rendez-vous à Montréal, faites connaissance avec Mme Fafard, comme je vous l’ai déjà expliqué, louez une chambre et cherchez l’occasion propice. Dans la chambre à coucher de Mme Fafard, il y a une garde-robe assez spacieuse, et dans cette garde-robe il y a le modèle du Chasse-Torpille Lebon.

— Oui, oui, je sais, répondit Rutten.

— Il importe donc de ne pas moisir, et d’être de retour à New York avant quatre jours.

— C’est bon, je partirai par le prochain convoi, déclara le capitaine sur un ton résolu.

— Quant à moi, reprit Miss Jane avec un accent non moins résolu, d’ici ces quatre jours j’aurai les plans en ma possession.

Et la jeune fille, avec une expression de menace effroyable, rugit ces mots :

— À nous deux, William Benjamin !…