La sainte Bible selon la Vulgate (J.-B. Glaire)/Apocalypse

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(introductions, notes complémentaires et appendices)
La sainte Bible selon la Vulgate
Traduction par Jean-Baptiste Glaire.
Texte établi par Roger et Chernoviz, Roger et Chernoviz (p. 2937-2974).

APOCALYPSE
DE SAINT JEAN

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CHAPITRE 1.

Révélation faite à saint Jean. Saint Jean salue les sept Eglises auxquelles il écrit. Jésus-Christ lui apparaît ; description de cette vision. Paroles de Jésus-Christ à saint Jean.

1. Révélation de Jésus-Christ que Dieu lui a donnée pour découvrir à ses serviteurs ce qui doit arriver bientôt, et il l’a fait connaître, en l’envoyant par son ange à Jean, son serviteur,[1]

2. Qui a rendu témoignage à la parole de Dieu, et le témoignage de Jésus-Christ en tout ce qu’il a vu.[2]

3. Bienheureux celui qui lit et écoute les paroles de cette prophétie, et garde les choses qui y sont écrites ; car le temps est proche.

4. Jean, aux sept Églises qui sont en Asie : Grâce à vous et paix par celui qui est, qui était, et qui doit venir, et par les sept esprits qui sont devant son trône ;[3]

5. Et par Jésus-Christ qui est le témoin fidèle, le premier-né des morts, et le prince des rois de la terre, qui nous a aimés et nous a lavés de nos péchés dans son sang,[4]

6. Et nous a faits le royaume et les prêtres de Dieu son Père : à lui la gloire et l’empire dans les siècles des siècles. Amen.

7. Le voici qui vient sur les nuées, et tout œil le verra ; et même ceux qui l’ont percé. Et toutes les tribus de la terre se frapperont la poitrine à cause de lui. Oui. Amen.[5]

8. Je suis l’Alpha et l’Oméga,[6][7] le commencement et la fin, dit le Seigneur Dieu, qui est, qui était et qui doit venir, le Tout-Puissant.

9. Moi, Jean, votre frère, qui ai part à la tribulation, au règne et à la patience en Jésus-Christ, j’ai été dans l’île de Patmos, pour la parole de Dieu et pour le témoignage de Jésus.[8]

10. Je fus ravi en esprit le jour du Seigneur, et j’entendis derrière moi une voix éclatante comme d’une trompette,[9]

11. Disant : Ce que tu vois, écris-le dans un livre et envoie-le aux sept Églises qui sont en Asie : à Ephèse, à Smyrne, à Pergame, à Thyatire, à Sardes, à Philadelphie et à Laodicée.[10]

12. Et je me tournai pour voir la voix qui me parlait ; et m’étant tourné, je vis sept chandeliers d’or ;[11]

13. Et au milieu des sept chandeliers d’or, quelqu’un qui ressemblait au Fils de l’homme, vêtu d’une longue robe, et ceint au-dessous des mamelles d’une ceinture d’or.

14. Sa tête et ses cheveux étaient blancs comme de la laine blanche et comme de la neige, et ses yeux comme une flamme de feu.

15. Ses pieds étaient semblables à de l’airain fin, quand il est dans une fournaise ardente, et sa voix comme la voix de grandes eaux.

16. Il avait sept étoiles dans sa main droite ; de sa bouche sortait une épée à deux tranchants, et son visage était lumineux comme le soleil dans sa force.

17. Et lorsque je l’eus vu, je tombai à ses pieds comme mort. Mais il mit sa main droite sur moi, disant : Ne crains point, je suis le premier et le dernier,[12]

18. Et celui qui vit ; j’ai été mort, mais voici que je suis vivant dans les siècles des siècles, et j’ai les clefs de la mort et de l’enfer.

19. Ecris donc les choses que tu as vues, celles qui sont, et celles qui doivent arriver ensuite.

20. Voici le mystère des sept étoiles que tu as vues dans ma main droite, et des sept chandeliers : Les sept étoiles sont les sept anges des sept Églises, et les sept chandeliers sont les sept Églises.[13]

CHAPITRE 2.


1. Écris à l’ange de l’église d’Éphèse : Voici ce que dit celui qui tient les sept étoiles dans sa main droite, qui marche au milieu des sept chandeliers d’or.

2. Je sais tes œuvres, et ton travail et ta patience, et que tu ne peux supporter les méchants ; tu as éprouvé ceux qui se disent apôtres et ne le sont point, et tu les as trouvés menteurs.

3. Tu es patient, et tu as souffert pour mon nom, et tu ne t’es point découragé.

4. Mais j’ai contre toi, que tu es déchu de ta charité première.

5. Souviens-toi donc d’où tu es tombé ; fais pénitence, et reprends tes premières œuvres, sinon je viendrai bientôt à toi ; et si tu ne fais pénitence, j’ôterai ton chandelier de sa place.

6. Mais tu as cela, que tu hais les actions des Nicolaïtes, que moi aussi je hais.[14]

7. Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit-Saint dit aux Églises : Au vainqueur, je donnerai à manger du fruit de l’arbre de vie, qui est dans le paradis de mon Dieu.[15]

8. Et à l’ange de l’église de Smyrne, écris : Voici ce que dit celui qui est le premier et le dernier, qui a été mort et qui est vivant.[16]

9. Je sais ton affliction et ta pauvreté ; mais tu es riche, et tu es calomnié par ceux qui se disent Juifs et ne le sont pas, mais qui sont de la synagogue de Satan.[17]

10. Ne crains rien de ce que tu auras à souffrir. Voici que le diable va mettre quelques-uns de vous en prison, afin que vous soyez éprouvés ; et vous aurez des tribulations pendant dix jours. Sois fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de vie.

11. Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit-Saint dit aux Églises : Celui qui sera victorieux ne souffrira rien de la seconde mort.[18]

12. Et à l’ange de l’église de Pergame, écris : Voici ce que dit celui qui porte l’épée à deux tranchants :[19]

13. Je sais où tu habites, où est le trône de Satan. Tu as conservé mon nom, et tu n’as pas renoncé à ma foi, même en ces jours où Antipas, mon témoin fidèle, a souffert la mort parmi vous, où Satan habite.[20]

14. Mais j’ai quelque chose contre toi : c’est que tu as près de toi des hommes qui tiennent la doctrine de Balaam, qui apprenait à Balac à jeter des pierres de scandale devant les enfants d’Israël, à manger et à commettre la fornication.[21]

15. Toi aussi, tu as des hommes qui tiennent la doctrine des Nicolaïtes.

16. Fais pareillement pénitence, sinon je viendrai bientôt à toi, et je combattrai contre eux avec l’épée de ma bouche.

17. Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises : Au vainqueur, je donnerai la manne cachée ; je lui donnerai une pierre blanche, et un nom nouveau écrit sur la pierre, lequel nul ne connaît, que celui qui le reçoit.

18. Et à l’ange de l’église de Thyatire, écris : Voici ce que dit le Fils de Dieu, qui a les yeux comme une flamme de feu, et les pieds semblables à de l’airain fin.[22]

19. Je connais tes œuvres, ta foi, ta charité, tes aumônes, ta patience, et tes dernières œuvres plus abondantes que les premières.[23]

20. Mais j’ai quelque chose contre toi ; tu permets que Jézabel, cette femme qui se dit prophétesse, enseigne et séduise mes serviteurs pour qu’ils commettent la fornication, et qu’ils mangent des viandes immolées aux idoles.[24]

21. Je lui ai donné un temps pour faire pénitence, et elle ne veut pas se repentir de sa prostitution.

22. Voici que vais la jeter sur un lit de douleur ; et ceux qui commettent l’adultère avec elle seront dans une très grande affliction, s’ils ne font pénitence de leurs œuvres.

23. Je frapperai ses enfants de mort, et toutes les Églises connaîtront que je suis celui qui sonde les reins et les cœurs, et je rendrai à chacun de vous selon ses œuvres. Mais je dis à toi[25]

24. Et à vous tous qui êtes à Thyatire : Tous ceux qui n’ont point cette doctrine, et qui ne connaissent pas les profondeurs de Satan, comme ils disent, je ne mettrai point d’autre poids sur vous.

25. Toutefois, ce que vous avez gardez-le jusqu’à ce que je vienne.

26. Et celui qui aura vaincu, et aura gardé mes œuvres jusqu’à la fin, je lui donnerai puissance sur les nations ;[26]

27. Il les gouvernera avec une verge de fer, et elles seront brisées comme un vase de potier.[27]

28. Comme je l’ai obtenu moi-même de mon Père, et je lui donnerai l’étoile du matin.[28]

29. Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises.

CHAPITRE 3.


1. Et à l’ange de l’église de Sardes, écris : Voici ce que dit celui qui aies sept Esprits de Dieu et les sept étoiles : Je sais tes œuvres ; tu as la réputation d’être vivant, mais tu es mort.[29]

2. Sois vigilant, et confirme tous les restes qui étaient près de mourir ; car je ne trouve pas tes œuvres pleines devant mon Dieu.[30]

3. Souviens-toi donc de ce que tu as reçu et de ce que tu as entendu, et garde-le, et fais pénitence ; car si tu ne veilles, je viendrai à toi comme un voleur, et tu ne sauras à quelle heure je viendrai.[31]

4. Tu as toutefois un petit nombre de noms à Sardes qui n’ont point souillé leurs vêtements ; or ils marcheront avec moi revêtus de blanc, parce qu’ils en sont dignes.[32]

5. Celui qui aura vaincu sera ainsi vêtu de blanc, et je n’effacerai point son nom du livre de vie ; et je confesserai son nom devant mon Père et devant ses anges.

6. Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises.

7. Et à l’ange de l’église de Philadelphie, écris : Voici ce que dit le Saint et le Véritable, qui a la clef de David, qui ouvre et personne ne ferme ; qui ferme et personne n’ouvre.[33]

8. Je sais tes œuvres. J’ai posé devant toi une porte ouverte, que personne ne peut fermer, parce que tu as peu de force, et que cependant tu as garde ma parole, et tu n’as pas renoncé mon nom.[34]

9. Voici que je produirai quelques-uns de la synagogue de Satan, qui se disent Juifs, et ne le sont pas, mais qui mentent. Je ferai qu’ils viennent, qu’ils adorent à tes pieds, et qu’ils sachent que je t’aime.[35]

10. Parce que tu as gardé la parole de ma patience, moi aussi je te garderai de l’heure de la tentation, qui doit venir dans tout l’univers éprouver ceux qui habitent sur la terre.[36]

11. Voici que je viens bientôt : Garde ce que tu as, de peur que quelque autre ne reçoive ta couronne.

12. Celui qui aura vaincu, j’en ferai une colonne dans le temple de mon Dieu, et il n’en sortira plus ; et j’écrirai sur lui le nom de mon Dieu et le nom de la cité de mon Dieu, de la nouvelle Jérusalem, qui descend du ciel d’auprès de mon Dieu, et mon nouveau nom.

13. Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises.

14. Et à l’ange de l’église de Laodicée, écris : Voici ce que dit Amen, le témoin fidèle et véritable, qui est le principe des créatures de Dieu.[37]

15. Je sais tes œuvres ; tu n’es ni froid ni chaud : plût à Dieu que tu fusses froid ou chaud !

16. Mais parce que tu es tiède, et que tu n’es ni froid ni chaud, je suis près de te vomir de ma bouche.

17. Car tu dis : Je suis riche et opulent, et je n’ai besoin de rien ; et tu ne sais pas que tu es malheureux, misérable, pauvre, aveugle et nu.

18. Je te conseille d’acheter de moi de l’or éprouvé au feu, afin de t’enrichir, et de te vêtir d’habits blancs, de peur que la honte de ta nudité ne paraisse ; applique aussi un collyre sur tes yeux, afin que tu voies.[38]

19. Pour moi, je reprends et je châtie ceux que j’aime. Rallume donc ton zèle, et fais pénitence.[39]

20. Me voici à la porte et je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et m’ouvre la porte, j’entrerai chez lui, et je souperai avec lui, et lui avec moi.[40]

21. Celui qui aura vaincu, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône ; comme moi j’ai vaincu aussi, et me suis assis avec mon Père sur son trône.

22. Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises.

CHAPITRE 4.


1. Après cela je regardai, et voilà une porte ouverte dans le ciel, et la première voix que j’avais entendue comme une voix de trompette qui me parlait, dit : Monte ici, et je te montrerai ce qui doit arriver après ces choses.[41]

2. Et aussitôt je fus ravi en esprit, et je vis un trône placé dans le ciel, et quelqu’un assis sur le trône.

3. Celui qui était assis paraissait semblable à une pierre de jaspe et de sardoine ; et il y avait autour du trône un arc-en-ciel semblable à une émeraude.

4. Autour du trône étaient encore vingt-quatre trônes, et sur les trônes vingt-quatre vieillards assis, revêtus d’habits blancs, et sur leurs têtes des couronnes d’or.[42]

5. Et du trône sortaient des éclairs, des voix et des tonnerres ; et il y avait devant le trône sept lampes ardentes, qui sont les sept esprits de Dieu.

6. Et devant le trône, comme une mer de verre semblable à du cristal ; et au milieu du trône, et autour du trône quatre animaux pleins d’yeux devant et derrière.[43]

7. Le premier animal ressemblait à un lion, le second à un veau, le troisième avait un visage comme celui d’un homme, et le quatrième était semblable à un aigle qui vole.

8. Ces quatre animaux avaient chacun six ailes, et autour et au dedans ils étaient pleins d’yeux ; et ils ne se donnaient du repos ni jour ni nuit, disant : Saint, saint, saint, est le Seigneur, Dieu tout-puissant, qui était, qui est, et qui doit venir.[44]

9. Et lorsque ces animaux rendaient ainsi gloire, honneur et bénédiction à celui qui est assis sur le trône, qui vit dans les siècles des siècles,

10. Les vingt-quatre vieillards se prosternaient devant celui qui est assis sur le trône, et ils adoraient celui qui vit dans les siècles des siècles, et ils jetaient leurs couronnes devant le trône, disant :

11. Vous êtes digne, Seigneur notre Dieu, de recevoir la gloire, l’honneur et la puissance, parce que vous avez créé toutes choses, et que c’est par votre volonté qu’elles étaient et qu’elles ont été créées.[45]

CHAPITRE 5.


1. Je vis ensuite dans la main droite de celui qui est assis sur le trône, un livre écrit dedans et dehors, scellé de sept sceaux.[46]

2. Je vis encore un ange fort qui criait d’une voix forte : Qui est digne d’ouvrir le livre, et d’en délier les sceaux ?[47]

3. Et nul ne pouvait ni dans le ciel, ni sur la terre, ni sous la terre, ouvrir le livre, ni le regarder.

4. Et moi je pleurais beaucoup de ce que personne ne s’était trouvé digne d’ouvrir le livre ni de le regarder.

5. Mais l’un des vieillards me dit : Ne pleure point ; voici le lion de la tribu de Juda, la racine de David, qui a obtenu par sa victoire d’ouvrir le livre et d’en délier les sept sceaux.[48]

6. Et je regardai, et voilà au milieu du trône et des quatre animaux, et au milieu des vieillards, un Agneau debout comme immolé, ayant sept cornes et sept yeux, qui sont les sept esprits de Dieu envoyés par toute la terre.

7. Et il vint, et prit le livre de la main droite de celui qui était assis sur le trône.

8. Et lorsqu’il eut ouvert le livre, les quatre animaux et les vingt-quatre vieillards tombèrent devant l’Agneau, ayant chacun des harpes et des coupes pleines de parfums, qui sont les prières des saints.[49]

9. Ils chantaient un cantique nouveau, disant : Vous êtes digne, Seigneur, de recevoir le livre et d’en ouvrir les sceaux, parce que vous avez été mis à mort, et que vous nous avez rachetés pour Dieu par votre sang, de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation.

10. Et vous avez fait de nous un royaume et des prêtres pour notre Dieu ; et nous régnerons sur la terre.

11. Je regardai encore, et j’entendis autour du trône, et des animaux, et des vieillards, la voix de beaucoup d’anges : leur nombre était des milliers de milliers,[50]

12. Qui disaient d’une voix forte : Il est digne, l’Agneau qui a été immolé, de recevoir la vertu, la divinité, la sagesse, la force, l’honneur, la gloire et la bénédiction.

13. Et j’entendis toutes les créatures qui sont dans le ciel, sur la terre, sous la terre, et celles qui sont sur la mer et en elle ; je les entendis tous disant : À celui qui est assis sur le trône et à l’Agneau, bénédiction, honneur, gloire et puissance dans les siècles des siècles ![51][52]

14. Et les quatre animaux disaient : Amen. Et les vingt-quatre vieillards tombèrent sur leurs faces, et adorèrent celui qui vit dans les siècles des siècles.

CHAPITRE 6.


1. Et je vis que l’Agneau avait ouvert un des sept sceaux, et j’entendis l’un des quatre animaux disant comme avec une voix de tonnerre : Viens et vois.

2. Je regardai, et voilà un cheval blanc, et celui qui le montait avait un arc, et une couronne lui fut donnée, et il partit en vainqueur pour vaincre.[53]

3. Lorsqu’il eut ouvert le second sceau, j’entendis le second animal qui dit : Viens et vois.

4. Et il sortit un autre cheval qui était roux ; et à celui qui le montait, il fut donné d’ôter la paix de dessus la terre, et de faire que les hommes s’entre-tuassent ; et une grande épée lui fut donnée.

5. Quand il eut ouvert le troisième sceau, j’entendis le troisième animal qui dit : Viens et vois. Et voilà un cheval noir ; or celui qui le montait avait une balance en sa main.

6. Et j’entendis comme une voix au milieu des quatre animaux, disant : Deux livres de blé pour un denier, et trois livres d’orge pour un denier, et ne gâte ni le vin ni l’huile.[54]

7. Lorsqu’il eut ouvert le quatrième sceau, j’entendis la voix du quatrième animal, disant : Viens et vois.

8. Et voilà un cheval pâle ; et celui qui le montait s’appelait la Mort, et l’enfer le suivait ; et il lui fut donné puissance sur les quatre parties de la terre, de tuer par l’épée, par la famine, par la mortalité et par les bêtes sauvages.

9. Lorsqu’il eut ouvert le cinquième sceau, je vis sous l’autel les âmes de ceux qui ont été tués à cause de la parole de Dieu, à cause du témoignage qu’ils avaient.[55]

10. Et ils criaient d’une voix forte, disant : Jusques à quand, Seigneur (le saint et le véritable), ne ferez-vous point justice et ne vengerez-vous point notre sang de ceux qui habitent la terre ?[56]

11. Et une robe blanche fut donnée à chacun d’eux ; et il leur fut dit qu’ils attendissent en repos encore un peu de temps, jusqu’à ce que fût accompli le nombre de ceux qui servaient Dieu comme eux, et celui de leurs frères qui devaient être tués comme eux.[57]

12. Et je regardai lorsqu’il ouvrit le sixième sceau ; et voilà qu’un grand tremblement de terre se fit ; le soleil devint noir comme un sac de poils, et la lune tout entière devint comme du sang.[58]

13. Et les étoiles tombèrent du ciel sur la terre, comme un figuier laisse tomber ses figues vertes, quand il est agité par un grand vent.[59]

14. Le ciel se replia comme un livre roulé, et toutes les montagnes et les îles furent ébranlées de leurs places.[60]

15. Alors les rois de la terre, les princes, les tribuns militaires, les riches, les puissants, et tout homme esclave ou libre, se cachèrent dans les cavernes et dans les rochers des montagnes.

16. Et ils dirent aux montagnes et aux rochers : Tombez sur nous, et cachez-nous de la face de celui qui est assis sur le trône, et de la colère de l’Agneau,[61]

17. Parce qu’il est arrivé le grand jour de leur colère, et qui pourra subsister ?

CHAPITRE 7.


1. Après cela, je vis quatre anges qui étaient aux quatre coins de la terre, et qui retenaient les quatre vents de la terre, pour qu’ils ne soufflassent point sur la terre, ni sur la mer, ni sur aucun arbre.

2. Et je vis un autre ange qui montait de l’orient et portait le signe du Dieu vivant ; et il cria d’une voix forte aux quatre anges auxquels il a été donné de nuire à la terre et à la mer,

3. Disant : Ne nuisez ni à la terre ni à la mer, ni aux arbres, jusqu’à ce que nous ayons mis le sceau sur le front des serviteurs de notre Dieu.[62]

4. Et j’entendis le nombre de ceux qui avaient été marqués du sceau : cent quarante-quatre mille de toutes les tribus des enfants d’Israël ;

5. De la tribu de Juda, douze mille marqués du sceau ; de la tribu de Ruben, douze mille marqués du sceau ; de la tribu de Gad, douze mille marqués du sceau ;

6. De la tribu d’Azer, douze mille marqués du sceau ; de la tribu de Nephtali, douze mille marqués du sceau ; de la tribu de Manassé, douze mille marqués du sceau ;

7. De la tribu de Siméon, douze mille marqués du sceau ; de la tribu de Lévi, douze mille marqués du sceau ; de la tribu d’Issachar, douze mille marqués du sceau :

8. De la tribu de Zabulon, douze mille marqués du sceau ; de la tribu de Joseph, douze mille marqués du sceau ; de la tribu de Benjamin, douze mille marqués du sceau.

9. Après cela, je vis une grande troupe que personne ne pouvait compter de toutes les nations, de toutes les tribus, de tous les peuples et de toutes les langues, qui étaient debout devant le trône et devant l’Agneau, revêtus de robes blanches ; et des palmes étaient en leurs mains.[63][64]

10. Et ils criaient d’une voix forte, disant : Salut à notre Dieu qui est assis sur le trône, et à l’Agneau !

11. Et tous les anges se tenaient debout autour du trône et des vieillards, et des quatre animaux, et ils tombèrent sur leurs faces devant le trône, et ils adorèrent Dieu,

12. Disant : Amen ; la bénédiction, la gloire, la sagesse, l’action de grâces, l’honneur, la puissance et la force à notre Dieu dans les siècles des siècles. Amen.

13. Alors un des vieillards prit la parole et me dit : Ceux-ci, qui sont revêtus de robes blanches, qui sont-ils ? et d’où viennent-ils ?

14. Je lui répondis : Mon Seigneur, vous le savez. Et il me dit : Ce sont ceux qui sont venus de la grande tribulation, et qui ont lavé et blanchi leurs robes dans le sang de l’Agneau.

15. C’est pourquoi ils sont devant le trône de Dieu, et ils le servent jour et nuit dans son temple, et celui qui est assis sur le trône habitera sur eux.[65]

16. Ils n’auront plus ni faim ni soif ; et le soleil, ni aucune chaleur ne tombera sur eux ;[66]

17. Parce que l’Agneau qui est au milieu du trône, sera leur pasteur ; il les conduira à des fontaines d’eau vive, et Dieu essuiera de leurs yeux toute larme.[67]

CHAPITRE 8.


1. Lorsque l’Agneau eut ouvert le septième sceau, il se fit un silence dans le ciel d’environ une demi-heure.

2. Et je vis les sept anges qui se tiennent debout en présence de Dieu ; et sept trompettes leur furent données.

3. Alors un autre ange vint, et il s’arrêta devant l’autel, ayant un encensoir d’or ; et une grande quantité de parfums lui fut donnée, afin qu’il présentât les prières de tous les saints sur l’autel d’or qui est devant le trône de Dieu.

4. Et la fumée des parfums composée des prières des saints monta de la main de l’ange devant Dieu.

5. Et l’ange prit l’encensoir ; il le remplit du feu de l’autel, et le jeta sur la terre ; et il se fit des tonnerres, des voix, des éclairs, et un grand tremblement de terre.[68]

6. Alors les anges qui avaient les sept trompettes se préparèrent à en sonner.

7. Ainsi le premier ange sonna de la trompette ; il se forma une grêle et un feu mêlé de sang ; ce fut lancé sur la terre, et la troisième partie de la terre et des arbres fut brûlée, et toute herbe verte fut consumée.[69]

8. Le second ange sonna de la trompette, et comme une grande montagne tout en feu fut lancée dans la mer, et la troisième partie de la mer devint du sang,[70]

9. Et la troisième partie des créatures qui avaient leur vie dans la mer mourut, et la troisième partie des navires périt.

10. Le troisième ange sonna de la trompette, et une grande étoile, ardente comme un flambeau, tomba du ciel sur la troisième partie des fleuves et sur les sources des eaux.

11. Le nom de l’étoile est Absinthe ; or la troisième partie des eaux devint de l’absinthe ; et beaucoup d’hommes moururent des eaux, parce qu’elles étaient devenues amères.

12. Le quatrième ange sonna de la trompette, et la troisième partie du soleil fut frappée, et la troisième partie de la lune et la troisième partie des étoiles ; de sorte que leur troisième partie fut obscurcie, et que le jour perdit la troisième partie de sa lumière, et la nuit pareillement.

13. Alors je regardai, et j’entendis la voix d’un aigle qui volait au milieu du ciel, disant d’une voix forte : Malheur, malheur, malheur aux habitants de la terre ! à cause des autres voix des trois anges qui allaient sonner de la trompette.

CHAPITRE 9.


1. Le cinquième ange sonna de la trompette, et je vis qu’une étoile était tombée du ciel sur la terre ; et la clef du puits de l’abîme lui fut donnée.[71]

2. Et elle ouvrit le puits de l’abîme, et la fumée du puits monta comme la fumée d’une grande fournaise ; et le soleil et l’air furent obscurcis par la fumée du puits.

3. Et de la fumée du puits sortirent des sauterelles qui se répandirent sur la terre, et il leur fut donné une puissance comme la puissance qu’ont les scorpions de la terre.

4. Il leur fut commandé de ne point nuire à l’herbe de la terre, ni à rien de vert, mais seulement aux hommes qui n’auraient pas le signe de Dieu sur le front.

5. Et il leur fut donné non de les tuer, mais de les tourmenter durant cinq mois ; or la douleur qu’elles font souffrir est semblable à celle que cause un scorpion, lorsqu’il pique l’homme.

6. En ces jours-là les hommes chercheront la mort, et ils ne la trouveront pas, ils souhaiteront de mourir, et la mort s’enfuira d’eux.[72]

7. Or ces sauterelles apparentes étaient semblables à des chevaux préparés au combat ; et sur leurs têtes étaient comme des couronnes semblables à de l’or, et leurs faces étaient comme des faces d’homme.[73][74]

8. Et elles avaient des cheveux comme des cheveux de femme, et leurs dents étaient comme des dents de lion.

9. Elles avaient des cuirasses comme des cuirasses de fer, et le bruit de leurs ailes était comme le bruit des chariots à beaucoup de chevaux, courant au combat ;

10. Elles avaient des queues semblables à celles des scorpions, et à leurs queues étaient des aiguillons ; or leur pouvoir était de nuire aux hommes durant cinq mois.

11. Elles avaient au-dessus d’elles, pour roi, l’ange de l’abîme, dont le nom en hébreu est Abaddon, en grec Apollyon, et qui s’appelle en latin l’Exterminateur.

12. Le premier malheur est passé, et voici encore deux malheurs qui viennent après ceux-ci.

13. Le sixième ange sonna de la trompette, et j’entendis une voix partant des quatre coins de l’autel d’or qui est devant Dieu ;[75]

14. Elle dit au sixième ange qui avait la trompette : Délie les quatre anges qui sont liés sur le grand fleuve d’Euphrate.[76]

15. Et aussitôt furent déliés les quatre anges, qui étaient prêts pour l’heure, le jour, le mois et l’année, où ils devaient tuer la troisième partie des hommes.

16. Et le nombre de cette armée de cavalerie était de deux cent millions ; car j’en entendis le nombre.

17. Et les chevaux me parurent ainsi dans la vision. Ceux qui les montaient avaient des cuirasses de feu, d’hyacinthe et de soufre ; et les têtes des chevaux étaient comme des têtes de lion, et de leur bouche sortaient du feu, de la fumée et du soufre.

18. Et par ces trois plaies, le feu, la fumée et le soufre, qui sortaient de leur bouche, la troisième partie des hommes fut tuée.

19. Car la puissance de ces chevaux est dans leurs bouches et dans leurs queues ; parce que leurs queues sont semblables à des serpents, et qu’elles ont des têtes dont elles blessent.

20. Et les autres hommes qui ne furent point tués par ces plaies ne se repentirent pas des œuvres de leurs mains, pour ne plus adorer les démons et les idoles d’or, d’argent, d’airain, de pierre et de bois, qui ne peuvent ni voir, ni entendre, ni marcher.

21. Ainsi ils ne firent pénitence ni de leurs meurtres, ni de leurs empoisonnements, ni de leurs impudicités, ni de leurs larcins.

CHAPITRE 10.


1. Je vis un autre ange fort, qui descendait du ciel, revêtu d’une nuée, et ayant un arc-en-ciel sur la tête ; son visage était comme le soleil, et ses pieds comme des colonnes de feu.

2. Il avait en sa main un petit livre ouvert ; et il posa son pied droit sur la mer, et le gauche sur la terre.

3. Puis il cria d’une voix forte, comme quand un lion rugit. Et lorsqu’il eut crié, sept tonnerres firent entendre leurs voix.

4. Et quand les tonnerres eurent fait entendre leurs voix, moi j’allais écrire ; mais j’entendis une voix du ciel qui me dit : Scelle ce qu’ont dit les sept tonnerres et ne l’écris pas.

5. Alors l’ange que j’avais vu se tenant debout sur la mer et sur la terre, leva sa main au ciel,[77]

6. Et jura par celui qui vit dans les siècles des siècles, qui a créé le ciel et ce qui est dans le ciel, la terre et ce qui est dans la terre, la mer et ce qui est dans la mer, disant : Il n’y aura plus de temps ;[78]

7. Mais aux jours de la voix du septième ange, quand il commencera à sonner de la trompette, se consommera le mystère de Dieu, comme il l’a annoncé par les prophètes ses serviteurs.

8. Et j’entendis la voix qui me parla encore du ciel, et me dit : Va et prends le livre ouvert de la main de l’ange qui se tient debout sur la mer et sur la terre.

9. J’allai donc vers l’ange, lui disant qu’il me donnât le livre. Et il me dit : Prends le livre et le dévore, et il te causera de l’amertume dans le ventre, mais dans ta bouche il sera doux comme du miel.[79]

10. Je pris le livre de la main de l’ange, et je le dévorai ; il était dans ma bouche doux comme du miel ; mais quand je l’eus dévoré, il me causa de l’amertume dans le ventre.

11. Alors il me dit : Il faut encore que tu prophétises à un grand nombre de nations, de peuples, d’hommes de diverses langues, et de rois.

CHAPITRE 11.


1. Et un roseau long comme une perche me fut donné, et il me fut dit : Lève-toi et mesure le temple de Dieu, et l’autel, et ceux qui y adorent.[80]

2. Mais le parvis qui est hors du temple, laisse-le, et ne le mesure pas, parce qu’il a été abandonné aux gentils, et ils fouleront aux pieds la cité sainte pendant quarante-deux mois ;[81]

3. Et je donnerai à mes deux témoins de prophétiser pendant mille deux cent soixante jours, revêtus de sacs.[82]

4. Ce sont les deux oliviers et les deux chandeliers dressés devant le Seigneur de la terre.[83]

5. Et si quelqu’un veut leur nuire, il sortira de leur bouche un feu qui dévorera leurs ennemis ; et si quelqu’un veut les offenser, c’est ainsi qu’il doit être tué.

6. Ils ont le pouvoir de fermer le ciel pour qu’il ne pleuve point durant les jours de leur prophétie, et ils ont pouvoir sur les eaux pour les changer en sang, et pour frapper la terre de toutes sortes de plaies, toutes les fois qu’ils voudront.[84]

7. Et quand ils auront achevé leur témoignage, la bête qui monte de l’abîme leur fera la guerre, les vaincra et les tuera,[85]

8. Et les corps seront gisants sur la place de la grande cité, qui est appelée allégoriquement Sodome et Egypte, où même leur Seigneur a été crucifié.[86]

9. Et des hommes de toutes les tribus, de tous les peuples, de toutes les langues et de toutes les nations, verront leurs corps étendus trois jours et demi, et ils ne permettront pas qu’ils soient mis dans un tombeau.[87]

10. Les habitants de la terre se réjouiront à leur sujet ; ils feront des fêtes, et s’enverront des présents les uns aux autres, parce que ces deux prophètes tourmentaient ceux qui habitaient sur la terre.

11. Mais après trois jours et demi, un esprit de vie venant de Dieu entra en eux. Et ils se relevèrent sur leurs pieds, et une grande crainte saisit ceux qui les virent.[88]

12. Alors ils entendirent une voix forte du ciel, qui leur dit : Montez ici. Et ils montèrent au ciel dans une nuée, et leurs ennemis les virent.

13. À cette même heure, il se fit un grand tremblement de terre ; la dixième partie de la ville tomba, et sept mille hommes périrent dans le tremblement de terre ; les autres furent pris de frayeur et rendirent gloire au Dieu du ciel.[89]

14. Le second malheur est passé, et voici que le troisième viendra bientôt.

15. Le septième ange sonna de la trompette ; et le ciel retentit de grandes voix, qui disaient : Le royaume de ce monde est devenu le royaume de Notre Seigneur et de son Christ, et il régnera dans les siècles des siècles. Amen.

16. Alors les vingt-quatre vieillards qui sont assis sur leurs trônes devant Dieu tombèrent sur leurs faces et adorèrent Dieu, disant :

17. Nous vous rendons grâces, Seigneur Dieu tout-puissant, qui êtes, qui étiez, et qui devez venir, parce que vous avez saisi votre grande puissance, et que vous régnez.

18. Les nations se sont irritées, et alors est arrivée votre colère, et le temps de juger les morts, et de donner la récompense aux prophètes vos serviteurs, aux saints et à ceux qui craignent votre nom, aux petits et aux grands, et d’exterminer ceux qui ont corrompu la terre.[90]

19. Alors le temple de Dieu fut ouvert dans le ciel, et l’on vit l’arche de son alliance dans son temple, et il se fit des éclairs, des voix, un tremblement de terre et une grosse grêle.

CHAPITRE 12.


1. Et un grand prodige parut dans le ciel : Une femme revêtue du soleil, ayant la lune sous ses pieds, et sur sa tête une couronne de douze étoiles.[91]

2. Elle était enceinte, et elle criait, se sentant en travail, et elle était tourmentée des douleurs de l’enfantement,

3. Et un autre prodige fut vu dans le ciel : Un grand dragon roux, ayant sept têtes et dix cornes, et sur ses sept têtes, sept diadèmes.[92]

4. Or sa queue entraînait la troisième partie des étoiles, et elle les jeta sur la terre ; et le dragon s’arrêta devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer son fils aussitôt qu’elle serait délivrée.

5. Elle enfanta un enfant mâle qui devait gouverner toutes les nations avec une verge de fer ; et son fils fut enlevé vers Dieu et vers son trône.

6. Et la femme s’enfuit dans le désert où elle avait un lieu préparé par Dieu, pour y être nourrie mille deux cent soixante jours.

7. Alors il se fit un grand combat dans le ciel : Michel et ses anges combattaient contre le dragon, et le dragon combattait, et ses anges aussi ;[93]

8. Mais ils ne prévalurent pas ; aussi leur place ne se trouva plus dans le ciel.

9. Et ce grand dragon, l’ancien serpent, qui s’appelle le Diable et Satan, et qui séduit tout l’univers, fut précipité sur la terre, et ses anges furent jetés avec lui.[94]

10. Et j’entendis une voix forte dans le ciel, disant : C’est maintenant qu’est accompli le salut de notre Dieu, et sa puissance et son règne, et la puissance de son Christ, parce qu’il a été précipité, l’accusateur de nos frères, qui les accusait devant notre Dieu jour et nuit.

11. Et eux l’ont vaincu par le sang de l’Agneau et par la parole de leur témoignage ; et ils ont méprisé leurs vies jusqu’à souffrir la mort.[95]

12. C’est pourquoi, cieux, réjouissez-vous, et vous qui y habitez. Malheur à la terre et à la mer, parce que le diable est descendu vers vous, plein d’une grande colère, sachant qu’il n’a que peu de temps.

13. Or après que le dragon eut vu qu’il avait été précipité sur la terre, il poursuivit la femme qui avait enfanté l’enfant mâle.

14. Mais les deux ailes du grand aigle furent données à la femme, afin qu’elle s’envolât dans le désert en son lieu, où elle est nourrie un temps et des temps, et la moitié d’un temps, hors de la présence du serpent.[96]

15. Alors le serpent vomit de sa bouche, derrière la femme, de l’eau comme un fleuve, pour la faire entraîner par le fleuve.

16. Mais la terre aida la femme ; elle ouvrit son sein, et elle engloutit le fleuve que le dragon avait vomi de sa bouche.

17. Et le dragon s’irrita contre la femme, et il alla faire la guerre à ses autres enfants qui gardent les commandements de Dieu, et qui ont le témoignage de Jésus-Christ.[97]

18. Et il s’arrêta sur le sable de la mer.

CHAPITRE 13.


1. Et je vis une bête montant de la mer, ayant sept têtes et dix cornes, dix diadèmes sur ses cornes, et sur ses têtes dix noms de blasphème.[98]

2. Et la bête que je vis était semblable à un léopard : ses pieds étaient comme les pieds d’un ours, et sa bouche comme la bouche d’un lion. Et le dragon lui donna sa force et sa grande puissance.[99]

3. Et je vis une de ses têtes comme blessée à mort ; mais cette plaie mortelle fut guérie. Aussi toute la terre émerveillée suivit la bête.[100]

4. Ils adorèrent le dragon qui avait donné puissance à la bête, et ils adorèrent la bête, disant : Qui est semblable à la bête, et qui pourra combattre contre elle ?[101]

5. Et il lui fut donné une bouche qui proférait des paroles d’orgueil et des blasphèmes ; et le pouvoir d’agir pendant quarante deux mois lui fut aussi donné.

6. Elle ouvrit sa bouche à des blasphèmes contre Dieu, pour blasphémer son nom et son tabernacle, et ceux qui habitent dans le ciel.

7. Il lui fut donné de faire la guerre aux saints et de les vaincre : et il lui fut donné puissance sur toute tribu, sur tout peuple, sur toute langue, et sur toute nation ;

8. Et ils l’adorèrent, tous ceux qui habitent la terre, dont les noms ne sont pas écrits dans le livre de vie de l’Agneau, qui a été immolé dès l’origine du monde.[102]

9. Si quelqu’un a des oreilles qu’il entende.

10. Celui qui aura mené en captivité sera captif ; celui qui aura tué par le glaive, il faut qu’il soit tué par le glaive. C’est ici la patience et la foi des saints.

11. Je vis une autre bête montant de la terre ; elle avait deux cornes semblables à celle de l’Agneau, et elle parlait comme le dragon.[103]

12. Elle exerçait toute la puissance de la première bête en sa présence, et elle fit que la terre et ceux qui l’habitent adorèrent la première bête dont la plaie avait été guérie.

13. Elle fit de grands prodiges, jusqu’à faire descendre le feu du ciel sur la terre en présence des hommes.

14. Et elle séduisit ceux qui habitaient sur la terre par les prodiges qu’elle eut le pouvoir de faire en présence de la bête, disant aux habitants de la terre de faire une image à la bête qui a reçu une blessure du glaive, et qui a conservé la vie.

15. Il lui fut même donné d’animer l’image de la bête, de faire parler l’image de la bête, et de faire que tous ceux qui n’adoreraient pas l’image de la bête seraient tués.

16. Elle fera encore que les petits et les grands, les riches et les pauvres, les hommes libres et les esclaves, aient tous le caractère de la bête en leur main droite et sur leur front ;[104]

17. Et que personne ne puisse acheter ni vendre, que celui qui aura le caractère, ou le nom de la bête, ou le nombre de son nom.

18. C’est ici la sagesse. Que celui qui a de l’intelligence compte le nombre de la bête ; car c’est le nombre d’un homme, et son nombre est six cent soixante-six.[105]

CHAPITRE 14.


1. Je regardai encore, et voilà que l’Agneau était debout sur la montagne de Sion, et avec lui cent quarante-quatre mille qui avaient son nom et le nom de son Père écrit sur leurs fronts.

2. Et j’entendis une voix du ciel, comme la voix de grandes eaux, et comme la voix d’un grand tonnerre, et la voix que j’entendis était comme le son de joueurs de harpe qui jouent de leurs harpes.

3. Ils chantaient comme un cantique nouveau devant le trône et devant les quatre animaux et les vieillards ; et nul ne pouvait chanter ce cantique, que les cent quarante-quatre mille qui ont été achetés de la terre.[106]

4. Ce sont ceux qui ne sont pas souillés avec les femmes ; car ils sont vierges. Ce sont eux qui suivent l’agneau partout où il va. Ce sont ceux qui ont été achetés d’entre les hommes, prémices pour Dieu et pour l’Agneau ;

5. Et dans leur bouche, il ne s’est point trouvé de mensonge ; car ils sont sans tache devant le trône de Dieu.

6. Je vis un autre ange qui volait dans le milieu du ciel, ayant l’Evangile éternel pour évangéliser ceux qui habitent sur la terre, toute nation, toute tribu, toute langue et tout peuple ;

7. Il disait d’une voix forte : Craignez le Seigneur et rendez-lui gloire, parce que l’heure de son jugement est venue ; et adorez celui qui a fait le ciel et la terre, la mer et les sources des eaux.[107]

8. Et un autre ange suivit, disant : Elle est tombée, elle est tombée, cette grande Babylone, qui a fait boire à toutes les nations du vin de la colère de sa prostitution.[108]

9. Et un troisième ange suivit ceux-ci, criant d’une voix forte : Si quelqu’un adore la bête et son image, et en reçoit le caractère sur son front ou dans sa main,

10. Il boira lui aussi du vin de la colère de Dieu, vin tout pur, préparé dans le calice de sa colère ; et il sera tourmenté par le feu et par le soufre en présence des saints anges et en présence de l’Agneau.

11. Et la fumée de leurs tourments montera dans les siècles des siècles ; et ils n’ont de repos ni jour ni nuit, ceux qui ont adoré la bête et son image, ni celui qui a reçu le caractère de son nom.

12. Ici est la patience des saints qui gardent les commandements de Dieu et la foi de Jésus.

13. Alors j’entendis une voix du ciel qui me dit : Ecris : Bienheureux les morts qui meurent dans le Seigneur ! Que dès à présent, dit l’Esprit, ils se reposent de leurs travaux, car leurs œuvres les suivent.

14. Et je regardai ; et voilà une nuée blanche, et sur la nuée, assis quelqu’un semblable au Fils de l’homme, ayant sur sa tête une couronne d’or, et en sa main une faux tranchante.

15. Alors un autre ange sortit du temple, criant d’une voix forte à celui qui était assis sur la nuée : Jette ta faux et moissonne ; car est venue l’heure de moissonner, parce que la moisson de la terre est sèche.[109]

16. Celui donc qui était assis sur la nuée jeta sa faux sur la terre, et la terre fut moissonnée.

17. Et un autre ange sortit du temple qui est dans le ciel, ayant lui aussi une faux tranchante.

18. Et un autre ange sortit de l’autel, qui avait pouvoir sur le feu, et il cria d’une voix forte à celui qui avait la faux tranchante : Jette ta faux tranchante, et vendange les grappes de la vigne de la terre, parce que les raisins sont murs.

19. Et l’ange jeta sa faux tranchante sur la terre, et vendangea la vigne de la terre ; et il jeta les raisins dans la grande cuve de la colère de Dieu.

20. Et la cuve fut foulée hors de la ville, et le sang montant de la cuve jusqu’aux freins des chevaux, se répandit sur un espace de mille six cents stades.

CHAPITRE 15.


1. Je vis dans le ciel un autre prodige grand et merveilleux : sept anges ayant les sept dernières plaies, puisque c’est par elles que la colère de Dieu a été consommée.

2. Et je vis comme une mer de verre mêlée de feu, et ceux qui avaient vaincu la bête, son image et le nombre de son nom, qui étaient debout sur cette mer de verre, ayant des harpes de Dieu,[110]

3. Et qui chantaient le cantique de Moïse, serviteur de Dieu, et le cantique de l’Agneau, disant : Grandes et admirables sont vos œuvres, Seigneur Dieu tout-puissant ! Justes et véritables sont vos voies, ô Roi des siècles !

4. Qui ne vous craindra, ô Seigneur ? et qui ne glorifiera votre nom ? car vous seul êtes miséricordieux, et toutes les nations viendront et adoreront en votre présence, parce que vos jugements se sont manifestés.[111]

5. Après cela je regardai, et voilà que le temple du tabernacle du témoignage s’ouvrit dans le ciel ;

6. Et que du temple sortirent les sept anges, ayant les sept plaies, vêtus d’un lin pur et blanc, et ceints sur la poitrine de ceintures d’or.

7. Alors un des quatre animaux donna aux sept anges sept coupes d’or pleines de la colère du Dieu qui vit dans les siècles des siècles.

8. Et le temple fut rempli de fumée à cause de la majesté de Dieu et de sa puissance ; et nul ne pouvait entrer dans le temple jusqu’à ce que fussent consommées les sept plaies des sept anges.

CHAPITRE 16.


1. Et j’entendis une voix forte du temple, disant aux sept anges : Allez et répandez les sept coupes de la colère de Dieu sur la terre.

2. Et le premier s’en alla, et répandit sa coupe sur la terre ; et il se fit une plaie cruelle et pernicieuse sur les hommes qui avaient le caractère de la bête, et ceux qui adoraient son image.

3. Le second ange répandit sa coupe sur la mer, et elle devint comme le sang d’un mort ; et toute âme vivante mourut dans la mer.

4. Le troisième répandit sa coupe sur les fleuves et sur les sources des eaux, et elles devinrent du sang.

5. Et j’entendis l’ange des eaux, disant : Vous êtes juste, Seigneur, qui êtes, et qui avez été ; vous êtes saint, vous qui avez jugé ainsi.

6. Parce qu’ils ont répandu le sang des saints et des prophètes, vous leur avez aussi donné du sang à boire ; car ils en sont dignes.

7. Et j’en entendis un autre qui de l’autel disait : Oui, Seigneur Dieu tout-puissant, ils sont vrais et justes, vos jugements.

8. Le quatrième ange répandit sa coupe sur le soleil ; et il lui fut donné de tourmenter les hommes par l’ardeur du feu.[112]

9. Et les hommes furent brûlés d’une chaleur dévorante, et ils blasphémèrent le nom du Dieu qui a pouvoir sur ces plaies, et ils ne firent point pénitence pour lui donner gloire.

10. Le cinquième ange répandit sa coupe sur le trône de la bête, et son royaume devint ténébreux, et les hommes mordirent leurs langues dans l’excès de leur douleur ;

11. Et ils blasphémèrent le Dieu du ciel à cause de leurs douleurs et de leurs plaies, et ils ne firent point pénitence de leurs œuvres.

12. Le sixième ange répandit sa coupe sur ce grand fleuve de l’Euphrate, et dessécha ses eaux pour ouvrir le chemin aux rois d’Orient.[113]

13. Et je vis sortir de la bouche du dragon, de la bouche de la bête, et de la bouche du faux prophète, trois esprits impurs, semblables à des grenouilles.

14. Or ce sont des esprits de démons, qui font des prodiges, et qui vont vers les rois de toute la terre, pour les assembler au combat, au grand jour du Dieu tout-puissant.

15. Voici que je viens comme un voleur. Bienheureux celui qui veille et qui garde ses vêtements, de peur qu’il ne marche nu, et qu’on ne voie sa honte.[114]

16. Et il les rassemblera dans le lieu qui s’appelle en hébreu Armagédon.[115]

17. Le septième ange répandit sa coupe dans l’air, et il sortit du temple, du côté du trône, une voix forte, disant : C’est fait.[116]

18. Aussitôt il se fit des éclairs, des voix et des tonnerres, et il se fit un grand tremblement de terre, tel qu’il n’y eut jamais depuis que les hommes sont sur la terre, un tremblement de terre pareil, aussi grand.

19. Et la grande cité fut divisée en trois parties, et les villes des nations tombèrent, et Dieu se souvint de la grande Babylone pour lui donner le calice du vin de sa colère.

20. Et toutes les îles s’enfuirent, et l’on ne trouva plus les montagnes.

21. Et une grêle, grosse comme un talent, tomba du ciel sur les hommes, et les hommes blasphémèrent Dieu à cause de la plaie de la grêle, parce que cette plaie était extrêmement grande.[117]

CHAPITRE 17.


1. Alors vint un des sept anges qui avaient les sept coupes, et il me parla, disant : Viens, je te montrerai la condamnation de la grande prostituée, qui est assise sur les grandes eaux,[118]

2. Avec laquelle les rois de la terre se sont corrompus, et les habitants de la terre se sont enivrés du vin de sa prostitution.

3. Il me transporta en esprit dans un désert, et je vis une femme assise sur une bête de couleur d’écarlate, pleine de noms de blasphème, ayant sept têtes et dix cornes.

4. La femme était vêtue de pourpre et d’écarlate, parée d’or, de pierres précieuses et de perles, ayant en sa main une coupe d’or pleine de l’abomination et de l’impureté de sa fornication,

5. Et sur son front un nom écrit : Mystère ; la grande Babylone, la mère des fornications et des abominations de la terre.

6. Et je vis cette femme enivrée du sang des saints et du sang des martyrs de Jésus. Or je fus surpris, quand je l’eus vue, d’un grand étonnement.

7. Alors l’ange me dit : Pourquoi t’étonnes-tu ? C’est moi qui te dirai le mystère de la femme et de la bête qui la porte, et qui a sept têtes et dix cornes.

8. La bête que tu as vue, a été et elle n’est plus ; elle doit monter de l’abîme, et elle ira à la perdition, et les habitants de la terre (dont les noms ne sont pas écrits dans le livre de vie dès la fondation du monde) seront dans l’étonnement, en voyant la bête qui était et qui n’est plus.

9. Or en voici le sens, lequel renferme de la sagesse : Les sept têtes sont sept montagnes, sur lesquelles la femme est assise ; ce sont aussi sept rois.

10. Cinq sont tombés ; un existe, et l’autre n’est pas encore venu ; et quand il sera venu, il faut qu’il demeure peu de temps.[119]

11. Et la bête qui était et qui n’est plus est la huitième ; elle est des sept, et elle va à la perdition.

12. Les dix cornes que tu as vues sont dix rois qui n’ont pas encore reçu leur royaume ; mais ils recevront la puissance comme rois pour une heure après la bête.[120]

13. Ceux-ci ont un même dessein, et ils donneront leur force et leur puissance à la bête.

14. Ceux-ci combattront contre l’Agneau, mais l’Agneau les vaincra, parce qu’il est Seigneur des Seigneurs et Roi des rois ; et ceux qui sont avec lui sont appelés élus et fidèles.[121]

15. Il me dit encore : Les eaux que tu as vues, et où la prostituée est assise, sont des peuples, des nations et des langues.[122]

16. Les dix cornes que tu as vues dans la bête, ce sont ceux qui haïront la prostituée ; ils la réduiront à la désolation et à la nudité ; ils la mettront à nu, ils dévoreront ses chairs, et ils les brûleront dans le feu.

17. Car Dieu leur a mis dans le cœur de faire ce qui lui plaît ; de donner leur royaume à la bête, jusqu’à ce que soient accomplies les paroles de Dieu.

18. Et la femme que tu as vue est la grande ville qui règne sur les rois de la terre.[123]

CHAPITRE 18.


1. Après cela je vis un autre ange qui descendait du ciel, ayant une grande puissance ; et la terre fut illuminée de sa gloire.

2. Et il cria avec force, disant : Elle est tombée, la grande Babylone, et elle est devenue une demeure de démons, et une retraite de tout esprit impur, de tout oiseau immonde et qui inspire de l’horreur ;[124]

3. Parce que toutes les nations ont bu du vin de la colère de sa prostitution ; et les rois de la terre se sont corrompus avec elle, et les marchands de la terre se sont enrichis de l’excès de son luxe.

4. J’entendis une autre voix du ciel, qui dit : Sortez de Babylone, mon peuple, de peur que vous n’ayez part à ses péchés, et que vous ne receviez de ses plaies ;

5. Parce que ses péchés sont parvenus jusqu’au ciel, et que Dieu s’est souvenu de ses iniquités.

6. Rendez-lui comme elle-même vous a rendu, rendez-lui au double selon ses œuvres ; dans la coupe où elle vous a fait boire, faites-la boire deux fois autant.[125]

7. Autant elle s’est glorifiée et a été dans les délices, autant multipliez ses tourments et son deuil ; parce qu’elle dit en son cœur : Je suis reine, je ne suis point veuve, et je ne serai point dans le deuil.[126]

8. C’est pourquoi en un seul jour viendront ses plaies, et la mort, et le deuil, et la famine ; et elle sera brûlée par le feu, parce qu’il est puissant le Dieu qui la jugera.

9. Et ils pleureront sur elle, et ils se frapperont la poitrine, les rois de la terre qui se sont corrompus avec elle, et qui ont vécu avec elle dans les délices, quand ils verront la fumée de son embrasement ;

10. Se tenant au loin, dans la crainte de ses tourments, disant : Malheur ! malheur ! Babylone, cette grande cité, cette cité puissante ! En une heure est venu ton jugement.

11. Et les marchands de la terre pleureront et gémiront sur elle, parce que personne n’achètera plus leurs marchandises ;

12. Ces marchandises d’or et d’argent, de pierreries, de perles, de lin, de pourpre, de soie, d’écarlate (et tous les bois odorants, tous les meubles d’ivoire, et tous les vases de pierres précieuses, d’airain, de fer et de marbre,[127]

13. Et le cinnamome), de senteurs, de parfums, d’encens, de vin, d’huile, de fleur de farine, de blé, de bêtes de charge, de brebis, de chevaux, de chariots, d’esclaves et d’âmes d’hommes.[128]

14. Quant aux fruits si chers à ton âme, ils se sont éloignés de toi ; tout ce qu’il y a d’exquis et de splendide est perdu pour toi, et on ne le trouvera plus.[129]

15. Ceux qui lui vendaient ces marchandises, et qui se sont enrichis, se tiendront éloignés d’elle dans la crainte de ses tourments, pleurant, gémissant,

16. Et disant : Malheur ! malheur ! cette grande cité, qui était vêtue de fin lin, de pourpre et d’écarlate, parée d’or, de pierreries et de perles !

17. En une heure ont été anéanties de si grandes richesses ! tous les pilotes, tous ceux qui naviguent sur le lac, les matelots et tous ceux qui font le commerce sur la mer, se sont tenus au loin,[130]

18. Et ont crié, voyant le lieu de son embrasement, disant : Quelle cité semblable à cette grande cité ?

19. Et ils ont jeté de la poussière sur leur tête, et ils ont poussé des cris mêlés de larmes et de sanglots, disant : Malheur ! malheur ! cette grande cité, dans laquelle sont devenus riches tous ceux qui avaient des vaisseaux sur la mer, en une heure, elle a été ruinée !

20. Ciel, réjouis-toi sur elle, et vous aussi, saints apôtres et prophètes, parce que Dieu vous a fait pleinement justice d’elle.[131]

21. Alors un ange fort leva en haut une pierre comme une grande meule, et la jeta dans la mer, disant : Ainsi sera précipitée Babylone, cette grande cité, et à l’avenir elle ne sera plus trouvée.[132]

22. Et la voix des joueurs de harpes, des musiciens, des joueurs de flûte et de trompette, ne sera plus entendue en toi ; et nul artisan d’aucun métier ne sera trouvé en toi ; et le bruit de la meule ne sera pas entendu en toi désormais,

23. Et la lumière des lampes ne luira plus en toi désormais, et la voix de l’époux et de l’épouse ne sera plus entendue en toi, parce que tes marchands étaient des princes de la terre, et que par tes enchantements se sont égarées toutes les nations.

24. Et dans cette ville a été trouvé le sang des prophètes et des saints, et de tous ceux qui ont été tués sur la terre.

CHAPITRE 19.


1. Après cela j’entendis comme la voix d’une grande multitude dans le ciel, disant : Alléluia. Le salut, la gloire et la vertu sont à notre Dieu,

2. Parce que ses jugements sont véritables et justes, qu’il a fait justice de la grande prostituée qui a corrompu la terre par sa prostitution, et qu’il a vengé le sang de ses serviteurs répandu par ses mains.

3. Et une seconde fois ils dirent : Alléluia. Et sa fumée monte dans les siècles des siècles.[133]

4. Alors les vingt-quatre vieillards et les quatre animaux tombèrent et adorèrent Dieu qui est assis sur le trône, disant : Amen, alléluia.

5. Et une voix sortit du trône, disant : Louez notre Dieu, vous tous ses serviteurs, et vous qui le craignez, petits et grands.

6. J’entendis encore comme la voix d’une grande multitude, comme la voix de grandes eaux, et comme de grands coups de tonnerre, qui disaient : Alléluia ; il règne le Seigneur notre Dieu, le Tout-Puissant.

7. Réjouissons-nous, tressaillons d’allégresse, et donnons-lui la gloire, parce qu’elles sont venues les noces de l’Agneau, et que son épouse s’y est préparée.

8. Et il lui a été donné de se vêtir d’un fin lin, éclatant et blanc. Car le fin lin, ce sont les justifications des saints.[134]

9. Il me dit alors : Ecris : Bienheureux ceux qui ont été appelés au souper des noces de l’Agneau ! Et il ajouta : Ces paroles de Dieu sont véritables.[135]

10. Aussitôt je tombai à ses pieds pour l’adorer ; mais il me dit : Garde-toi de le faire ; je suis serviteur comme toi et comme tes frères qui ont le témoignage de Jésus. Adore Dieu, car le témoignage de Jésus est l’esprit de prophétie.

11. Je vis ensuite le ciel ouvert ; et voilà un cheval blanc ; celui qui le montait s’appelait le Fidèle et le Véritable, qui juge et combat avec justice.

12. Ses yeux étaient comme une flamme de feu ; et sur sa tête étaient beaucoup de diadèmes ; il avait un nom écrit que nul ne connaît que lui.

13. Il était vêtu d’une robe teinte de sang, et le nom dont on l’appelle est le Verbe de Dieu.[136]

14. Les armées qui sont dans le ciel le suivaient sur des chevaux blancs, vêtus d’un fin lin, blanc et pur.

15. Et de sa bouche sort un glaive à deux tranchants pour en frapper les nations ; car il les gouvernera avec un sceptre de fer, et c’est lui qui foule le pressoir du vin de la fureur et de la colère du Dieu tout-puissant.[137]

16. Et il porte écrit sur son vêtement et sur sa cuisse : Roi des rois, et Seigneur des Seigneurs.[138]

17. Et je vis un ange debout dans le soleil ; et il cria d’une voix forte, disant à tous les oiseaux qui volaient au milieu de l’air : Venez et assemblez-vous pour le grand souper de Dieu ;

18. Pour manger la chair des rois, la chair des tribuns militaires, la chair des forts, la chair des chevaux et de ceux qui les montent, et la chair de tous les hommes libres et esclaves, petits et grands.

19. Et je vis la bête et les rois de la terre, et leurs armées, rassemblés pour faire la guerre à celui qui montait le cheval et à son armée.[139]

20. Mais la bête fut prise, et avec elle le faux prophète qui avait fait les prodiges devant elle, par lesquels il avait séduit ceux qui avaient reçu le caractère de la bête, et qui avaient adoré son image. Les deux furent jetés vivants dans l’étang du feu nourri par le soufre.

21. Tous les autres furent tués par l’épée qui sortait de la bouche de celui qui montait le cheval, et tous les oiseaux furent rassasiés de leurs chairs.

CHAPITRE 20.


1. Et je vis un ange qui descendait du ciel, ayant la clef de l’abîme, et une grande chaîne en sa main.[140]

2. Et il prit le dragon, l’ancien serpent, qui est le diable et Satan, et il le lia pour mille ans,[141]

3. Et il le jeta dans l’abîme, et l’y enferma, et il mit un sceau sur lui, afin qu’il ne séduisît plus les nations, jusqu’à ce que fussent accomplis les mille ans ; car après ces mille ans il faut qu’il soit délié pour un peu de temps.

4. Je vis aussi des trônes (et il y en eut qui s’y assirent, et le pouvoir de juger leur fut donné), et les âmes de ceux qui ont eu la tête tranchée à cause du témoignage de Jésus, et à cause de la parole de Dieu, et qui n’ont point adoré la bête ni son image, ni reçu son caractère sur le front ou dans leurs mains ; et ils ont vécu et régné avec Jésus-Christ pendant mille ans.[142]

5. Les autres morts ne sont pas revenus à la vie, jusqu’à ce que fussent accomplis les mille ans. C’est ici la première résurrection.

6. Bienheureux et saint est celui qui a part à la première résurrection, la seconde mort n’aura pas de pouvoir sur eux ; mais ils seront prêtres de Dieu et de Jésus-Christ, et ils régneront avec lui pendant mille ans.[143]

7. Et lorsque seront accomplis les mille ans, Satan sera relâché de sa prison et sortira, et il séduira les nations qui sont aux quatre coins du monde, Gog et Magog, et il les assemblera au combat, eux dont le nombre est comme le sable de la mer.[144]

8. Et ils montèrent sur toute la face de la terre, et ils environnèrent le camp des saints et la cité bien-aimée.

9. Mais il descendit du ciel un feu venu de Dieu, et il les dévora ; et le diable qui les séduisait, fut jeté dans l’étang de feu et de soufre, où la bête elle-même,

10. Et le faux prophète seront tourmentés jour et nuit dans les siècles des siècles.

11. Je vis aussi un grand trône blanc, et quelqu’un assis dessus, et devant la face duquel la terre et le ciel s’enfuirent, et leur place ne se trouva plus.

12. Et je vis les morts, grands et petits, debout devant le trône ; des livres furent ouverts, et un autre livre fut encore ouvert, c’est le livre de vie ; et les morts furent jugés sur ce qui était dans les livres, selon leurs œuvres.

13. La mer rendit les morts qui étaient en elle ; la mort et l’enfer rendirent aussi les morts qui étaient en eux ; et ils furent jugés chacun selon ses œuvres.

14. L’enfer et la mort furent jetés dans l’étang de feu. Celle-ci est la seconde mort.

15. Et quiconque ne se trouva pas écrit dans le livre de vie fut jeté dans l’étang de feu.

CHAPITRE 21.


1. Et je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle ; car le premier ciel et la première terre sont passés, et la mer n’est déjà plus.[145]

2. Et moi, Jean, je vis la sainte cité, la nouvelle Jérusalem, descendant du ciel, d’auprès de Dieu, parée comme une épouse et ornée pour son époux.

3. Et j’entendis une voix forte sortie du trône, disant : Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes, et il demeurera avec eux. Et eux seront son peuple, et lui-même, Dieu, au milieu d’eux, sera leur Dieu.

4. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux, et il n’y aura plus ni mort, ni deuil, ni cris, ni douleur, parce que les premières choses sont passées.[146]

5. Alors celui qui était assis sur le trône dit : Voilà que je fais toutes choses nouvelles. Et il me dit : Ecris, car ces paroles sont très dignes de foi et véritables.[147]

6. Il me dit encore : C’est fait. Je suis l’Alpha et l’Oméga, le commencement et la fin. À celui qui a soif, je donnerai de la source d’eau vive.[148]

7. Celui qui vaincra possédera ces choses ; et je serai son Dieu, et lui sera mon fils.

8. Mais pour les timides, les incrédules, les abominables, les homicides, les fornicateurs, les empoisonneurs, les idolâtres et tous les menteurs, leur part sera dans l’étang brûlant de feu et de soufre ; ce qui est la seconde mort.

9. Alors vint un des sept anges qui avaient les sept coupes des dernières plaies, et il me parla, disant : Viens, et je te montrerai l’épouse, la femme de l’Agneau.

10. Et il me transporta en esprit sur une montagne grande et haute, et il me montra la cité sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu,

11. Ayant la clarté de Dieu ; sa lumière était semblable à une pierre précieuse, telle qu’une pierre de jaspe, semblable au cristal.

12. Elle avait une grande et haute muraille, ayant elle-même douze portes, et aux portes douze anges, et des noms écrits, qui sont les noms des douze tribus des enfants d’Israël.

13. À l’orient étaient trois portes, au septentrion trois portes, au midi trois portes, et à l’occident trois portes.

14. La muraille de la ville avait douze fondements, et sur ces fondements étaient les douze noms des Apôtres de l’Agneau.

15. Celui qui me parlait avait une verge d’or pour mesurer la ville, ses portes et la muraille.

16. La ville est bâtie en carré ; sa longueur est aussi grande que sa largeur elle-même. Il mesura donc la ville avec sa verge d’or, dans l’étendue de douze mille stades ; or sa longueur, sa largeur et sa hauteur sont égales.[149]

17. Il en mesura aussi la muraille qui était de cent quarante-quatre coudées de mesure d’homme, qui est celle de l’ange.[150]

18. La muraille était bâtie de pierres de jaspe ; mais la ville elle-même était d’un or pur, semblable à du verre très clair.

19. Et les fondements de la muraille de la ville étaient ornées de toutes sortes de pierres précieuses. Le premier fondement était de jaspe, le second de saphir, le troisième de chalcédoine, le quatrième d’émeraude,

20. Le cinquième de sardonix, le sixième de sardoine, le septième de chrysolithe, le huitième de béryl, le neuvième de topaze, le dixième de chrysoprase, le onzième d’hyacinthe, le douzième d’améthyste.

21. Les douze portes étaient douze perles ; ainsi chaque porte était d’une seule perle, et la place de la ville était d’un or pur comme un verre transparent.

22. Je ne vis point de temple dans la ville, parce que le Seigneur tout-puissant et l’Agneau en sont le temple.

23. Et la ville n’a pas besoin de soleil ni de la lune pour l’éclairer, parce que la gloire de Dieu l’éclaire, et que sa lampe est l’Agneau.[151]

24. Les nations marcheront à sa lumière, et les rois de la terre y apporteront leur gloire et leur honneur.

25. Ses portes ne se fermeront point pendant le jour ; car là il n’y aura pas de nuit.[152]

26. Et l’on y apportera la gloire et l’honneur des nations.

27. Il n’y entrera rien de souillé, ni aucun de ceux qui commettent l’abomination et le mensonge, mais ceux-là seulement qui sont écrits dans le livre de vie de l’Agneau.

CHAPITRE 22.


1. Il me montra aussi un fleuve d’eau vive, brillant comme du cristal, sortant du trône de Dieu et de l’Agneau.

2. Au milieu de la place de la ville, sur les deux rivages du fleuve, était l’arbre de vie portant douze fruits, et, chaque mois donnant son fruit ; et les feuilles de l’arbre sont pour la guérison des nations.

3. Il n’y aura plus là aucune malédiction ; mais le trône de Dieu et de l’Agneau y sera, et ses serviteurs le serviront.

4. Ils verront sa face et son nom sera sur leur front.

5. Il n’y aura plus là de nuit, et ils n’auront pas besoin de lampe, ni de la lumière du soleil, parce que le Seigneur les éclairera, et ils régneront dans les siècles des siècles.[153]

6. Et il me dit : Ces paroles sont très dignes de foi et véritables. Et le Seigneur Dieu des esprits des prophètes a envoyé son ange pour montrer à ses serviteurs ce qui doit arriver bientôt.

7. Et voilà que je viens promptement. Bienheureux celui qui garde les paroles de la prophétie de ce livre !

8. C’est moi, Jean, qui ai entendu et vu ces choses. Et après les avoir entendues et les avoir vues, je suis tombé aux pieds de l’ange qui me les montrait, pour l’adorer.

9. Mais il me dit : Garde-toi de le faire ; car je suis serviteur comme toi, comme tes frères les prophètes, et comme ceux qui gardent les paroles de ce livre : adore Dieu.

10. Il me dit encore : Ne scelle point les paroles de la prophétie de ce livre, car le temps est proche.

11. Que celui qui fait l’injustice, la fasse encore ; que celui qui est souillé, se souille encore ; que celui qui est juste, devienne plus juste encore ; que celui qui est saint, se sanctifie encore.[154]

12. Voilà que je viens bientôt, et ma récompense est avec moi, pour rendre à chacun selon ses œuvres.

13. Je suis l’Alpha et l’Oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin.[155]

14. Bienheureux ceux qui lavent leurs vêtements dans le sang de l’Agneau, afin qu’ils aient pouvoir sur l’arbre de vie, et que par les portes ils entrent dans la cité ![156]

15. Loin d’ici les chiens, les empoisonneurs, les impudiques, les homicides, les idolâtres, et quiconque aime et fait le mensonge.[157]

16. Moi, Jésus, j’ai envoyé mon ange pour vous rendre témoignage de ces choses dans les Églises. Je sais la racine et la race de David, l’étoile brillante du matin.[158]

17. L’Esprit et l’épouse disent : Viens. Que celui qui entend dise : Viens. Que celui qui a soif vienne ; et que celui qui vient reçoive gratuitement l’eau de la vie.[159]

18. Car je proteste à tous ceux qui entendent les paroles de la prophétie de ce livre, que si quelqu’un y ajoute, Dieu accumulera sur lui les fléaux écrits dans ce livre ;

19. Et si quelqu’un retranche quelque parole du livre de cette prophétie, Dieu lui retranchera sa part du livre de vie, et de la cité sainte, et de ce qui est écrit dans ce livre.[160]

20. Celui qui rend témoignage de ces choses dit : Oui, je viens bientôt. Amen. Venez, Seigneur Jésus.

21. Que la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous. Amen.

  1. Ap. 1,1 : Révélation est la traduction du mot grec Apocalypse. Bientôt : « la réalisation des événements annoncéscommencera dès la fin du siècle apostolique, pour se continuer dans la suite des âges, jusqu’à ce que le royaume de Dieu ait atteint sa perfection, obtenu son dernier triomphe, au second avènement de Jésus-Christ. » (CRAMPON) * À Jean, son serviteur. Saint Jean qui ne s’était nommé ni dans son Evangile ni dans ses Epîtres, se nomma dans l’Apocalypse, parce que ce livre est une prophétie et que le prophète doit attester la réalité et l’authenticité de ses révélations en les signant, pour ainsi dire, de son nom.
  2. Ap. 1,2 : Le témoignage de Jésus-Christ, etc. ; c’est-à-dire qui a rendu témoignage de tout ce qu’il a vu de Jésus-Christ.
  3. Ap. 1,4 : Voir Exode, 3, 14. Aux sept Églises. Ces Églises sont nommées au verset 11.
  4. Ap. 1,5 : Voir 1 Corinthiens, 15, 20 ; Colossiens, 1, 18 ; Hébreux, 9, 14 ; 1 Pierre, 1, 19 ; 1 Jean, 1, 7.
  5. Ap. 1,7 : Voir Isaïe, 3, 13 ; Matthieu, 24, 30 ; Jude, 1, 14.
  6. Ap. 1,8 : Voir Isaïe, 41, 4 ; 44, 6 ; 48, 12 ; Apocalypse, 21, 6 ; 22, 13. ― L’Alpha et l’Oméga sont la première et la dernière lettre de l’alphabet grec.
  7. Ap. 1,8 : Voir Isaïe, 41, 4 ; 44, 6 ; 48, 12 ; Apocalypse, 21, 6 ; 22, 13. ― L’Alpha et l’Oméga sont la première et la dernière lettre de l’alphabet grec.
  8. Ap. 1,9 : Pour le témoignage de Jésus-Christ ; c’est-à-dire pour avoir rendu témoignage à Jésus, pour avoir prêché le nom de Jésus. ― Dans l’île de Patmos. Petite île de la mer Egée, l’une des Sporades, à l’est de la Carie, au sud de Samos. Ce n’est qu’un rocher, presque partout aride, de trente milles romains de circonférence. On montre dans l’île une grotte où l’on croit que saint Jean a écrit l’Apocalypse.
  9. Ap. 1,10 : Le Jour du Seigneur ; le jour du dimanche, premier de la semaine.
  10. Ap. 1,11 : En Asie, dans la province romaine qui portait ce nom et comprenait une partie de l’Asie Mineure. À Ephèse. Voir Actes Apôtres, 18, 19. ― À Smyrne. Voir Apocalypse, 2, 8. ― À Pergame. Voir Apocalypse, 2, 12. ― À Thyatire. Voir Actes des Apôtres, 16, 14. ― À Sardes. Voir Apocalypse, 3, 1. ― À Philadelphie. Voir Apocalypse, 3, 7. ― À Laodicée. Voir Colossiens, 2, 1.
  11. Ap. 1,12 : Sept chandeliers, « symboles des sept Églises (verset 20) : toute Église, comme tout chrétien, doit être « la lumière du monde » (voir Matthieu, 5, 14-15). » (CRAMPON)
  12. Ap. 1,17 : Voir Isaïe, 41, 4 ; 44, 6 ; 48, 12 ; Apocalypse, 22, 13. ― Je suis le premier et le dernier. Voir le verset 8.
  13. Ap. 1,20 : Les sept anges, etc. ; c’est-à-dire les sept évêques, qui sont en effet les anges visibles de Dieu, ou ses envoyés. Comparer à Malachie, 2, 7.
  14. Ap. 2,6 : Nicolaïtes ; hérétiques qui avaient pris leur nom de Nicolas, l’un des sept diacres de Jérusalem, qui fut l’auteur, ou plutôt l’occasion de cette secte.
  15. Ap. 2,7 : Cet arbre de vie au milieu du paradis, c’est Jésus-Christ présent dans le ciel ; le fruit de cet arbre, c’est la possession de Dieu. « L’arbre de vie, planté au milieu du paradis terrestre, et dont les fruits devaient communiquer l’immortalité à nos premiers parents, était le symbole de la communion intime de l’homme avec Dieu, source de la vie véritable : la même image symbolise ici la communication incessamment renouvelée de la vie divine accordée aux élus, l’aliment toujours nouveau de leur éternel amour. » (CRAMPON, 1885)
  16. Ap. 2,8 : Smyrne, ville ionienne, port de la mer Égée, dans l’Asie Mineure, à 320 stades romains au nord d’Éphèse, célèbre par son commerce.
  17. Ap. 2,9 : Qui se disent, etc. Ils se disaient Juifs, et ne l’étaient pas, parce que le vrai Juif n’est pas celui qui le paraît au dehors, mais celui qui l’est intérieurement. Voir Romains, 2, 28-29.
  18. Ap. 2,11 : La seconde mort est la damnation éternelle, comme la première est la mort du corps.
  19. Ap. 2,12 : Pergame, ville de la grande Mysie, en Asie Mineure, au confluent du Caïque et du Cétius, renommée pour son temple d’Esculape et pour sa riche bibliothèque, ainsi que pour ses fabriques de parchemin. Le mot parchemin n’est qu’une altération du nom de Pergame.
  20. Ap. 2,13 : Antipas, d’après certaines hypothèses, aurait été évêque de Pergame avant celui à qui s’adressa saint Jean. Les martyrologes nous apprennent qu’il consomma son martyre dans les flancs d’un taureau d’airain brûlant.
  21. Ap. 2,14 : Voir Nombres, 24, 3 ; 25, 2.
  22. Ap. 2,18 : Thyatire. Voir Actes des Apôtres, 16, 14.
  23. Ap. 2,19 : Tes aumônes ; littéralement, ton ministère ; mot qui, comme on l’a déjà vu, signifie quelquefois la dispensation, la distribution des aumônes. Comparer à 2 Corinthiens, 8, 4 ; 9, vv. 1, 12-13.
  24. Ap. 2,20 : Jézabel était sans doute une femme chrétienne influente qu’on avait entraînée dans le parti de l’erreur. Ce nom de Jézabel pourrait du reste n’être pas véritable, mais bien une appellation déguisée, empruntée à la femme impie d’Achab, roi d’Israël. Crampon dit : « soit une secte personnifiée (celles des Nicolaïtes ?), soit un personnage réel, dont le nom est emprunté à la fameuse reine d’Israël, si ardente à propager l’idolâtrie et à persécuter les serviteurs de Dieu (voir 1 Rois, chapitre 19 et suivants). »
  25. Ap. 2,23 : Voir 1 Rois, 16, 7 ; Psaumes, 7, 10 ; Jérémie, 11, 20 ; 17, 10 ; 20, 12.
  26. Ap. 2,26 : On voit ici que les saints après leurs morts vivent avec Dieu, et ont puissance sur les contrées et les nations.
  27. Ap. 2,27 : Voir Psaumes, 2, 9.
  28. Ap. 2,28 : C’est Jésus-Christ lui-même qui est l’étoile du matin (voir Apocalypse, 22, 16), qui se lèvera dans nos cœurs (voir 2 Pierre, 1, 19), en se manifestant à nous, et qui se donnera à nous, en nous communiquant l’éclat de sa gloire.
  29. Ap. 3,1 : Sardes, métropole de la Lydie, en Asie Mineure, toute adonnéeaux plaisirs, sur la pente du Tmolus, baignée par le Pactole, ancienne capitale de Crésus. Il y avait beaucoup de Juifs.
  30. Ap. 3,2 : Tous les restes. Il y a dans le texte le genre neutre, ce qui est un pur hébraïsme qui a pour but de marquer une universalité complète, qui n’admet aucune exception.
  31. Ap. 3,3 : Voir 1 Thessaloniciens, 5, 2 ; 2 Pierre, 3, 10 ; Apocalypse, 16, 15.
  32. Ap. 3,4 : Noms. Dans les énumérations, le mot nom se prend pour tête, individu, personne. Comparer à Actes des Apôtres, 1, 15, où la Vulgate elle-même a rendu par hommes le terme grec qui signifie noms.
  33. Ap. 3,7 : Voir Isaïe, 22, 22 ; Job, 12, 14. Philadelphie était en Lydie, comme Sardes, au pied du mont Tmolus, sur le Caïstre. Elle avait été bâtie par Attale II Philadelphe qui lui avait donné son nom. Depuis l’an 132 avant Jésus-Christ, elle était soumise à la province romaine.
  34. Ap. 3,8 : J’ai posé ; littéralement, j’ai donné. Le verbe hébreu correspondant réunit ces deux significations.
  35. Ap. 3,9 : Je produirai, je poserai, j’établirai. Voir le verset 8. ― Qui se disent,etc., Voir Apocalypse, 2, 9. ― Qu’ils adorent. On a déjà vu que dans le style des Hébreux, le mot adoration signifiait souvent un simple hommage de respect.
  36. Ap. 3,10 : La parole de ma patience. Le mot parole est mis pour précepte. Saint Jean, en effet, emploie souvent la phrase garder la parole, pour garder la loi. De plus, l’expression la parole de ma patience, est une hyperbate hébraïque ; la construction régulière est : Ma parole, ou mon précepte de la patience, touchant la patience.
  37. Ap. 3,14 : Voir Jean, 14, 6. ― Des créatures. Le texte porte au singulier de la créature, mais c’est évidemment un nom collectif ; ou bien ce mot doit se prendre ici, comme en plusieurs autres passages, dans le sens de création. ― Laodicée. Voir Colossiens, 2, 1.
  38. Ap. 3,18 : Cet or éprouvé au feu est le symbole de la charité ; ces habits blancs, celui de l’innocence, des vertus chrétiennes, des œuvres saintes (voir Apocalypse, 19, 8), et ce collyre, celui de l’humilité qui nous ouvre les yeux, en nous faisant connaître nos défauts.
  39. Ap. 3,19 : Voir Proverbes, 3, 12 ; Hébreux, 12, 6.
  40. Ap. 3,20 : Dieu frappe à la porte de notre cœur par les avertissements qu’il nous donne ; il entre en nous par la charité qu’il répand dans nos cœurs ; il soupe avec nous par les grâces dont il nous comble en cette vie, considérée comme le soir qui précède le grand jour de l’éternité.
  41. Ap. 4,1 : Le ciel, l’Agneau, le livre aux sept sceaux, chapitres 4 et 5. « Le chapitre quatrième contient la description du ciel, siège de la grandeur, de la puissance et de la justice divines. C’est là que sont portés tous les arrêts qui s’exécutent sur la terre. On y voit Dieu assis sur son trône, comme sur un tribunal ; au-dessous est une mer de cristal, calme, immense, transparente, comme le firmament. À l’entour sont vingt-quatre vieillards ou prêtres, toujours en adoration devant la majesté infinie. Ils ont le titre de prêtres, parce qu’ils remplissent la fonction la plus essentielle du sacerdoce, qui est d’adorer, de bénir, de célébrer ses infinies perfections. Ils sont assis sur des trônes, parce qu’ils se reposent dans la gloire, fixés pour toujours dans l’essence même de Dieu. Ils portent des couronnes, parce qu’ils sont associés à sa puissance et à sa souveraineté. En avant est le Sauveur, l’Agneau divin, debout et vivant, mais comme égorgé, portant les marques d’une double immolation, celle qu’il a subie en sa personne et celle qu’il souffre dans son corps mystique. C’est sa mission et sa gloire de révéler tous les secrets et de lever tous les voiles. C’est donc lui qui reçoit des mains du Père éternel le livre des décrets divins ; qui révèle à saint Jean les événements que celui-ci prédit. Il est, comme le Père, l’objet des adorations de toute créature. Cette vision est par rapport aux suivantes, ce qu’est celle du chapitre premier par rapport aux révélations faites aux évêques des sept Églises. C’est le prélude des sentences qui vont être portées au ciel et exécutées sur la terre. » (L. BACUEZ.)
  42. Ap. 4,4 : Les vingt-quatre vieillards. « Les meilleurs interprètes pensent que ces vingt-quatre vieillards qui rendent hommage au Seigneur, au nom de toutes les créatures, représentent la totalité des élus, en tant qu’appliqués aux louanges de Dieu. Comme ils remplissent l’office principal des prêtres, ils en portent le nom. Ils sont au nombre de vingt-quatre, comme les chefs des familles sacerdotales de l’ancien peuple. Suivant Bossuet, douze représentent les saints de l’Ancien Testament, issus des patriarches, et douze les saints du Nouveau, dont les Apôtres sont comme les pères. Ils n’ont qu’une voix pour louer Celui qui est sur le trône et l’Agneau. » (L. BACUEZ.)
  43. Ap. 4,6 : Les quatre animaux symboliques. « La plupart voient en eux une personnification des quatre Evangiles, en tant qu’animant et inspirant les prédicateurs de la foi chrétienne. On les distingue à peine les uns des autres. Toute leur intelligence, toute leur activité, tout leur zèle sont employés à faire connaître les perfections et les desseins de Dieu ; ils sont les dépositaires de tous ses décrets ; ils reflètent toute ses pensées sur l’avenir comme sur le passé. Leur aspect annonce la grandeur aussi bien que l’activité. Leurs ailes indiquent la rapidité de leur course et leur élévation. Ils remplissent le monde des louanges de la majesté divine. Pour se former une idée de la cour céleste, telle qu’elle fut montrée à saint Jean, il faut joindre à ce tableau celui de la multitude des élus, tracé au chapitre 7. Rien de plus solennel, de plus animé, de plus ravissant que cette description qui semble avoir inspiré à l’auteur du Te Deum ses plus magnifiques versets. ― Il est impossible de n’être pas frappé du rapport qui existe entre les honneurs rendus à Dieu dans le ciel, chapitres 4 et 5, et le culte que nous lui offrons dans nos églises. Chaque dimanche, depuis l’origine du christianisme, nous avons dans nos églises des réunions semblables à cette assemblée céleste dont saint Jean fait ici le tableau. Un vieillard préside, entouré de ministres sacrés, de prêtres, vêtus de robes blanches et portant des couronnes. On voit au milieu, un autel ; sous cet autel, des reliques ; sur l’autel, l’Agneau immolé qui fait office de Médiateur et qui reçoit des adorations ; devant l’autel, des parfums, des prostrations, des cantiques à deux chœurs, un livre qu’il n’est pas donné à tous de lire et de comprendre. ― Soit que l’Esprit Saint nous donne à entendre par cette vision que nous sommes appelés à contempler au ciel ce qui existe en figure ou sous les voiles dans nos sanctuaires, soit que l’Église de la terre ait pris dans cette vue du ciel, comme Moïse autrefois, l’idée de ses rites liturgiques, on peut toujours en conclure que nos principales cérémonies remontent à l’origine du christianisme, et qu’elles ont leur sanction dans l’autorité de Dieu » (L. BACUEZ)
  44. Ap. 4,8 : Voir Isaïe, 6, 3. ― Saint, saint, saint. Les Hébreux formaient un de leurs superlatifs en répétant trois fois l’adjectif positif.
  45. Ap. 4,11 : « Dans ce chapitre, les chantres célestes louent Dieu à cause de la création, qui a été la première manifestation des perfections divines et le principe de toutes ses grâces. Dans le chapitre suivant, ils loueront Dieu et le Sauveur à cause de la rédemption. » (CRAMPON)
  46. Ap. 5,1 : « On voit apparaître successivement trois groupes de symboles : sept sceaux, sept trompettes et sept coupes. S’il est manifeste que tous ces symboles ont rapport au même objet, la destruction du monde idolâtre, il ne l’est pas moins que leur succession indique la durée et le progrès de l’œuvre. Ainsi chaque nouveau groupe ajoute à la signification du précédent. La levée des sceaux montre que l’arrêt vengeur est porté, sans être encore promulgué ; le son des trompettes est la promulgation de l’arrêt ; l’effusion des coupes sera comme l’application de la peine au coupable. À la dernière, on entendra éclater dans le ciel cette parole : « C’est fait », voir Apocalypse, 16, 17, auquel fait écho le cri de l’Apostat expirant : « Tu as vaincu Galiléen. » ― Il est clair qu’il s’agit de fléaux ou de châtiments divins. Ces fléaux tombent sur l’empire idolâtre comme les plaies d’Egypte sur le royaume de Pharaon. Reste la difficulté d’assigner à chaque signe un sens particulier, ou d’indiquer avec précision à quelle date il s’accomplit, à quel événement il se rapporte. Il nous semble qu’il y a une mesure à garder dans cette détermination, qu’il ne faut pas vouloir tout distinguer ni trop descendre dans le détail, que divers signes peuvent avoir pour objet des faits d’une même époque et parfois les mêmes faits considérés sous divers aspects. Evidemment, c’est moins pour s’accorder avec les faits de l’histoire que pour se conformer aux habitudes du langage symbolique, que les signes se succèdent d’une manière régulière, en nombre septénaire. « Le nombre sept, dit saint Augustin, est celui de la totalité. » Plusieurs interprètes n’ont pas assez tenu compte de cette considération. Non seulement ils ont assigné à chaque série de symboles une signification particulière, mais ils ont donné pour objet à chaque signe un fait déterminé. Ainsi ils se sont jetés dans la conjecture, et le désir de précision leur a fait perdre jusqu’à la vraisemblance. Les symboles sont, comme les paraboles, moins précis que frappants. “Prise dans son ensemble, dit P. Lacordaire, la prophétie de saint Jean est d’une extrême clarté ; mais elle échappe aux efforts de ceux qui veulent la suivre pas à pas et en appliquer toutes les scènes aux événements accomplis.” » (L. BACUEZ)
  47. Ap. 5,2 : D’en délier les sceaux. Anciennement on scellait les livres, les tablettes, en les enveloppant et les liant avec du lin ou toute autre matière semblable, et en y appliquant le sceau par-dessus. Voir Isaïe, 8, 16.
  48. Ap. 5,5 : À obtenu, etc. ; littéralement : À vaincu, l’a emporté d’ouvrir le livre, pour ouvrir le livre ; c’est-à-dire a été assez puissant pour ouvrir, etc.
  49. Ap. 5,8 : Qui sont les prières des saints. Ce texte prouve clairement que les saints dans le ciel offrent à Jésus-Christ les prières que les fidèles font sur la terre.
  50. Ap. 5,11 : Voir Daniel, 7, 10.
  51. Ap. 5,13 : Sur la mer ; c’est le sens de la Vulgate expliquée par le grec.
  52. Ap. 5,13-14 : « Le cantique en l’honneur de la rédemption est chanté d’abord par les rachetés eux-mêmes, les 24 vieillards (versets 8-10) ; ensuite par le chœur innombrable des anges ; puis, plus loin encore, dans les sphères qui embrassent l’univers entier, toutes les créatures le font entendre ; enfin l’harmonie céleste revient au centre par l’amen des quatre animaux, et l’adoration silencieuse des 24 vieillards termine le premier acte de la vision. » (CRAMPON)
  53. Ap. 6,2-8 : Ce guerrier monté sur un cheval blanc représente Jésus-Christ allant soumettre le monde à son Evangile ; les quatre chevaux, les jugements et les châtiments qui devaient tomber sur les ennemis de Jésus-Christ et de son Église ; le cheval roux signifie les guerres ; le noir, la famine et le pâle monté par la Mort, les plaies et la peste.
  54. Ap. 6,6 : Deux livres. Le texte original porte deux chœnix. Le chœnix était une mesure de capacité contenant 1 litre 079. ― Le denier valait environ 80 centimes (en 1 900).
  55. Ap. 6,9 : Sous l’autel. Jésus-Christ, en tant qu’homme, est cet autel sous lequel les âmes des martyrs vivent dans le ciel, comme leurs corps sont ici déposés sous nos autels.
  56. Ap. 6,10 : Le saint et le véritable. Comparer à Apocalypse, 3, 7. ― Ne ferez-vous point, etc. Les saints ne demandent pas cela par haine de leurs ennemis, mais par zèle pour la gloire de Dieu, désirant que le Seigneur hâte le jugement universel, et la béatitude complète de ses élus.
  57. Ap. 6,11 : Une robe blanche, stolê. Voir Luc, 12, 22.
  58. Ap. 6,12 : Noir comme un sac de poils. Les sacs de deuil dont se servaient ordinairement les prophètes étaient faits de poils noirs ou bruns, soit de chèvre, soit de chameau.
  59. Ap. 6,13 : Ses figues. Les figues sont ordinairement nombreuses sur les figuiers, et un grand vent les fait tomber en abondance.
  60. Ap. 6,14 : Comme un livre roulé. Les livres anciens étaient de grands rouleaux de papier ou de vélin.
  61. Ap. 6,16 : Voir Isaïe, 2, 19 ; Osée, 10, 8 ; Luc, 23, 30.
  62. Ap. 7,3 : Sur le front : « la marque du sceau sera une sauvegarde et contre les tribulations des derniers jours, et contre toute espèce de chute ou de défaillance morale. » (CRAMPON, 1885)
  63. Ap. 7,9 : Une grande troupe « ou foule immense : il s’agit ici, non plus des élus de Dieu encore sur la terre au sein des épreuves, mais des bienheureux sans nombre, de tous les lieux et de tous les temps, en possession de la gloire du ciel. » (CRAMPON, 1885)
  64. Ap. 7,9 ; 7.13 : De robes blanches, stolai. Voir Luc, 12, 22.
  65. Ap. 7,15 : Habitera sur eux, il les couvrira comme un pavillon, une tente.
  66. Ap. 7,16 : Voir Isaïe, 49,10.
  67. Ap. 7,17 : Voir Isaïe, 25, 8 ; Apocalypse, 21, 4.
  68. Ap. 8,5 : Des voix, des éclairs, et un grand tremblement de terre : « signes avant-coureurs des jugements de Dieu. Ainsi la même cause qui vient de faire monter vers Dieu les prières des saints, demandant justice contre les persécuteurs (voir Apocalypse, 6, 9-11), devient le signe des châtiments divins. » (CRAMPON, 1885)
  69. Ap. 8,7 : Toute herbe verte ; c’est-à-dire toute sorte d’herbe indistinctement, mais non pas généralement toute l’herbe. ― Comparer à la plaie d’Egypte décrite à Exode, 9, 18-25.
  70. Ap. 8,8-8.9 : Comparer à Exode, 7, 17.
  71. Ap. 9,1 : Une étoile ; c’est-à-dire un grand hérétique. ― Lui fut donnée ; c’est-à-dire fut donnée à l’étoile qui s’en servit pour ouvrir le puits de l’abîme, et non à l’ange. C’est le sens indiqué par la construction même de la phrase. Ajoutons que les quatre anges précédents ne paraissent que pour sonner de la trompette, et qu’ils laissaient agir les fléaux, quand ceux-ci sont appelés. ― « Au son de la cinquième trompette, saint Jean voit d’abord un être sublime et brillant, qui a été précipité du ciel, ouvrir l’abîme, demeure des démons et des exécuteurs de la justice divine. La fumée qui s’en échappe donne l’idée d’une éruption volcanique, et rappelle celle du Vésuve qui avait effrayé le monde dix-huit ans auparavant. Immédiatement après, apparaît une multitude innombrable de sauterelles, semblables à des escadrons de cavaleries armés en guerre, lesquelles répandent partout la désolation, sans nuire pourtant à la société de ceux qui portent sur le front le signe du Dieu vivant. Cette peinture rappelle celle de Joël, chapitres 1 et 2, et doit avoir une signification analogue. » (L. BACUEZ.).
  72. Ap. 9,6 : Voir Isaïe, 2, 19 ; Osée, 10, 8 ; Luc, 23, 30.
  73. Ap. 9,7 : Voir Sagesse, 16, 9.
  74. Ap. 9,7 et suivants : « La description qui suit emprunte ses traits aux sauterelles naturelles, mais en les transformant et les agrandissant d’une façon merveilleuse. La tête de ces animaux, semble sortir du thorax, comme celle du cheval sort du plastron qui recouvre son poitrail (voir Job, 39, 20 ; Joël, 2, 4) ; à Naples, on les appelle encore cavaletti, en Allemagne Heupferde, c’est-à-dire chevaux du foin. Elles ont à la tête une protubérance ou crête à reflet d’un jaune vert : c’est le diadème d’or. Cette tête offre, en outre, une vague ressemblance avec le profil du visage humain. Leurs longues antennes rappellent des cheveux de femmes, leur voracité les dents du lion (voir Joël, 1, 6), leur dur thorax une cuirasse de fer. Pour le bruit de leurs ailes, comparer à Joël, 2, 5. » (CRAMPON)
  75. Ap. 9,13 : « Aux quatre coins de l’autel étaient placées quatre cornes, emblèmesde la puissance de la prière et du sacrifice (voir Exode, 30, 3). L’autel d’où part la voix est celui-là même où les prières des saints montaient devant Dieu (voir Apocalypse, 8, verset 3 et suivants) : elles ont été exaucées et ont obtenu de Dieu la plaie qui va être décrite. » (CRAMPON)
  76. Ap. 9,14 : Les quatre anges, « probablement de bons anges, quoiqu’ils soient présentés comme liés ; ce qui lie les anges, dit Bossuet, ce sont les ordres suprêmes de Dieu. ― L’Euphrate est mis ici par figure : c’est de là que, dans l’Ancien Testament (voir Isaïe, 7, 20 ; 8, 7 ; Jérémie, 46, 10) partaient les armées ennemies pour ravager les Juifs infidèles. » (CRAMPON) ― Le grand fleuve d’Euphrate a sa source en Arménie, arrose la Syrie, la Mésopotamie et la Babylonie et après s’être mêlé au Tigre, se jette dans le golfe Persique.
  77. Ap. 10,5 : Voir Daniel, 12, 7.
  78. Ap. 10,6 : Disant ; c’est la traduction fidèle de la particule parce que, le discours qui suit étant direct ; la Bible présente des exemples nombreux de cet idiotisme.
  79. Ap. 10,9 : Voir Ezéchiel, 3, 1.
  80. Ap. 11,1-11.2 : « Le temple qui est montré à saint Jean n’est certainement pas celui de Jérusalem, détruit depuis longtemps ; c’est l’image de l’Église, la cité céleste, le sanctuaire par excellence du vrai Dieu. Aussi est-ce au ciel que saint Jean le voit. Il en prend la mesure sur la parole de l’Ange, comme Ezéchiel avait pris la mesure du temple de Jérusalem, pour faire entendre que le Seigneur veut le conserver dans toute son intégrité, qu’il n’y sera fait aucun retranchement. Ce symbole répond à celui du sceau, dont sont marqués les cent quarante-quatre mille élus que Dieu veut tirer des douze tribus. Quant au parvis extérieur, c’est-à-dire ce qui appartient à l’Église sans être l’Église elle-même, saint Jean n’a pas à le mesurer, parce qu’il est abandonné aux fureurs des Gentils, pour être dévasté et foulé aux pieds. Ainsi Dieu se réserve l’essentiel, l’intérieur, la foi, le culte, les choses saintes : rien ne pourra les détruire ni les changer. Mais les dehors seront saccagés, les édifices matériels abattus, les biens pillés, les prêtres et les fidèles maltraités ou mis à mort, les faibles renversés. » (L. BACUEZ.)
  81. Ap. 11,2 : Hors du temple, en grec naos. Voir Matthieu, 21, 12. ― « La cité sainte, livrée aux Gentils et saccagée par les infidèles, c’est l’Église considérée dans sa plus grande extension, comme comprenant avec le temple toutes ses dépendances, jusqu’aux demeures des chrétiens. Des commentateurs modernes veulent voir là Jérusalem ; mais outre que Jérusalem était en ruines et dévastée depuis longtemps, saint Jean n’aurait pas donné le titre de cité sainte à la ville déicide, si durement châtiée par Dieu, ni celui de temple de Dieu au siège d’un culte réprouvé. D’ailleurs, l’affliction de Jérusalem dure toujours, et celle de cette cité doit cesser après trois ans et demi, quarante-deux mois, mille deux cent soixante et des jours, l’espace de temps que dura en Israël la sécheresse miraculeuse demandée et obtenue par le prophète Elie. » (L. BACUEZ.)
  82. Ap. 11,3 : Mes deux témoins. Les Pères et les interprètes ont entendu communément par ces deux témoins Hénoch (voir Genèse, 5, 22 ; Ecclésiastique, 44, 16 ; Hébreux, 11, 5) et Elie, « qui doivent revenir à la fin des temps prêcher aux hommes la pénitence. » (CRAMPON) ― De prophétiser ; littéralement : Et ils prophétiseront ; ce qui est un pur hébraïsme.
  83. Ap. 11,4 : « Allusion à Zacharie, 4, verset 2 et suivants, où deux oliviers figurent à droite et à gauche d’un chandelier, symbolisant Zorobabel et le grand prêtre Jésus (Josué), les défenseurs du peuple de Dieu. Mais ce n’est qu’un simple rapprochement entre deux visions essentiellement différentes. Les témoins du Christ doivent, comme l’olivier, porter l’huile du Saint-Esprit et de sa divine lumière. » (CRAMPON)
  84. Ap. 11,6 : « La première partie de ce verset rappelle clairement Elie (voir 1 Rois, 17, 1 ; comparer à Jacques, 5, 17), la seconde Moïse (voir Exode, 17, 19), celui-ci représentant la Loi, celui-là la prophétie, et par suite l’Evangile. Saint Jean les avait vus tous deux sur le Thabor, témoins de la glorification de Jésus et s’entretenant avec lui de ses souffrances (voir Luc, 9, 30). » (CRAMPON)
  85. Ap. 11,7 : « Dans ces paroles et celles qui suivent, saint Jean décrit la guerre, la mort et la victoire corporelle dans lesquelles Dieu accordera à l’Antéchrist le triomphe sur ces deux prophètes, après leur guerre et leur victoire spirituelle contre lui. L’Antéchrist est ici appelé la bête qui s’élève de l’abîme. Par La bête, saint Jean désigne donc l’Antéchrist, ou le fils de perdition qui apparaîtra dans le monde vers la fin des temps. 1o Il est appelé la bête, à cause de sa vie abominable qu’il passera dans la luxure et la concupiscence des femmes. 2o À cause de sa cruauté sans exemple avec laquelle, comme le farouche léopard, il sévira contre les chrétiens. 3o Une bête féroce dévore et déchire tout ce qu’elle rencontre ; et c’est ainsi que l’Antéchrist dévorera et mutilera toutes choses saintes et sacrées ; il abolira le sacrifice continuel, il foulera aux pieds le Saint des Saints, il ne craindra pas le Dieu de ses pères, et ne s’inquiètera d’aucun dieu (voir Daniel, 11, 37). 4o Comme le destin final de la bête est de naître et de vivre pour être tuée ou périr ; ainsi l’Antéchrist naîtra et sera désigné et choisi pour ne faire que le mal, et pour courir à sa perte ; c’est pour cela qu’il est appelé le fils de perdition. Il est dit que la bête s’élèvera de l’abîme, parce que l’Antéchrist parviendra à [la puissance] par les fraudes les plus sourdes et les plus cachées et par les artifices les plus coupables ; et c’est à l’aide de la puissance des ténèbres, qu’il entrera dans le royaume et s’élèvera par-dessus tout, et ensuite parce qu’il possèdera les trésors d’or, d’argent et de pierreries les plus précieuses qui soient cachées dans les abîmes de la terre et la mer ; et ces trésors lui seront révélés et livrés par le démon Moazim qu’il adorera (voir Daniel, 11, 38). On doit aussi remarquer ici que le verbe s’élever [ou monter] est mis au présent, tandis que les verbes, faire, vaincre et tuer sont au futur ; c’est pour nous apprendre que ce n’est pas dès l’instant de son élévation au trône, qu’il sera permis à l’Antéchrist de sévir contre les deux prophètes, mais seulement après qu’ils auront rendu et terminé leur témoignage de Jésus-Christ. » (HOLZHAUSER)
  86. Ap. 11,8 : « Grande cité, ou grande ville, etc. Ces traits conviennent à Jérusalem (voir Isaïe, 1, 10 ; 3, 9 ; Ezéchiel, 16, 49) ; mais tout, dans ce tableau, étant symbolique, Jérusalem doit l’être aussi : comparer aux versets 9-10. Ce nom signifie donc toute ville, toute contrée de la terre corrompue comme Sodome, rebelle aux ordres de Dieu comme l’Egypte, crucifiant de nouveau Jésus-Christ dans ses membres comme Jérusalem. » (CRAMPON, 1885). On peut donc penser à la Jérusalem du Temps des Nations : Rome, devenue apostate à la fin des temps.
  87. Ap. 11,9 : De toutes les tribus, etc. Les mots toutes, tous, ne sont pas exprimés dans la Vulgate, mais ils se trouvent dans le Grec suffisamment représentés par l’article déterminatif, lequel, en effet, placé devant les noms de classe, de catégorie, etc., indique, comme en hébreu, l’universalité.
  88. Ap. 11,11 : Mais après trois jours et demi : « allusion à la résurrection du Sauveur. ― Un esprit de vie : comparer à Ezéchiel, 27,10. » (CRAMPON)
  89. Ap. 11,13 : Sept mille hommes ; littéralement, sept mille noms d’homme. Le mot nom, comme on l’a déjà vu (voir Apocalypse, 3, 4), répond dans les énumérations à tête, individu, personne, homme. Etant joint ici au mot homme, il devient pléonastique.
  90. Ap. 11,18 : Le temps de juger les morts ; littéralement, le temps de l’être jugé des morts ; construction hébraïque mise pour : Le temps auquel les morts seront jugés.
  91. Ap. 12,1 : « La femme revêtue du soleil, couronnée de douze étoiles et dans le travail de l’enfantement, c’est l’Église. Le soleil dont elle parée, c’est Notre Seigneur, dont elle partage la gloire et dont elle fait rayonner la lumière dans le monde. Elle a lune sous ses pieds, pour montrer qu’elle domine toutes les agitations et les vicissitudes de ce monde. Sur sa tête est une couronne de douze étoiles, parce que sa gloire et son autorité lui viennent des douze Apôtres. Elle est dans l’enfantement parce que, parmi tant de persécutions et de martyres, il faut qu’elle donne naissance à un peuple nouveau, le peuple chrétien, destiné à dominer sur les nations infidèles. Ce n’est pas sans de grands efforts et sans exciter les soulèvements de l’enfer qu’elle le mettra au monde. Elle sera forcée de se dérober bien des fois à la rage de Satan ; et sa prudence n’empêchera pas le démon d’entraîner dans le même abîme que lui un certain nombre de chrétiens et de pasteurs. Les saints docteurs ont eu raison d’appliquer cet emblème à la sainte Vierge. Etant la reine de l’Église, Marie doit en posséder tous les dons et en partager toutes les prérogatives. On peut dire que l’idée de l’une et de l’autre se présente ici à la fois. » (L. BACUEZ.)
  92. Ap. 12,3-4 : Un grand dragon, « Satan, représenté dans le ciel, parce qu’il y est remonté, en quelque sorte, en se faisant adorer par toute la terre ; roux ou rouge, par allusion soit au feu de l’enfer, soit au sang des martyrs. ― Sept têtes, etc. ; ce sont à peu près les insignes de la bête (voir Apocalypse, 13, 1 et chapitre 17), qui tient sa puissance du dragon. ― Des étoiles du ciel, des anges qu’il a entraînés dans sa révolte ; selon d’autres, des fidèles de toute condition, entraînés à leur perte par Satan. » (CRAMPON, 1885)
  93. Ap. 12,7 : Michel. À cet archange était confiée la conduite du peuple juif ; voir Daniel, 10, 21.
  94. Ap. 12,9 : Diable veut dire calomniateur, et Satan, adversaire.
  95. Ap. 12,11 : Et par la parole de leur témoignage ; c’est-à-dire par la confession qu’ils ont faite de leur foi.
  96. Ap. 12,14 : Des temps ; c’est-à-dire deux temps ; en tout 42 mois (voir Apocalypse, 11, 2), ou 1 260 jours (voir Apocalypse, 11, 3).
  97. Ap. 12,17 : Qui ont le témoignage de Jésus-Christ ; ce que l’on explique généralement par : Ceux qui ont conservé fidèlement le témoignage qu’ils ont rendu à Jésus-Christ, qui sont demeurés fermes dans la confession qu’ils ont faite de Jésus-Christ. Comparer au verset 11.
  98. Ap. 13,1 : Une bête : « une puissance de ce monde, un empire dominateur, opposé à Dieu et à son Christ ; l’image est empruntée à l’empire romain. D’autres : l’Antéchrist. Les sept têtes sont des rois ou royaumes (voir Apocalypse, note, 17.10-13). » (CRAMPON)
  99. Ap. 13,2 : Voir Apocalypse, note 11.7.
  100. Ap. 13,3 : Une de ses têtes, etc. « La signification de ce trait est obscure ; quelque événement de l’avenir en donnera sans doute l’explication. » (CRAMPON)
  101. Ap. 13,4 : Ils ; c’est-à-dire les habitants de la terre. Comparer au verset 8.
  102. Ap. 13,8 : Qui a été immolé dès l’origine du monde ; soit par rapport au décret éternel de sa passion et de sa mort, soit par rapport aux souffrances des justes de l’Ancien Testament, lesquelles étaient autant de figures des siennes, soit enfin par rapport au mérite de sa mort, qui a été appliqué aux saints dès le commencement du monde. D’autres, en vertu d’une hyperbate assez ordinaire au style biblique, traduisent : Dont les noms ne sont pas écrits dès l’origine du monde dans le livre de l’Agneau qui a été immolé. Cette interprétation est encore fondée sur un passage de saint Jean lui-même, qui dit, voir Apocalypse, 17, 18 : Dont les noms ne sont pas écrits dans le livre de vie dès la fondation du monde.
  103. Ap. 13,11 : Cornelius a Lapide (1 565-1 637) écrit ceci : « Saint Ambroise, Tertullien et d’autres… entendent par cette Bête un insigne imposteur qui sera comme un précurseur et un héraut de l’Antéchrist, comme saint Jean-Baptiste le fut du Christ… Joseph Acosta (De temp. Noviss. II, 17) dit : Ces deux cornes sont celles de la dignité épiscopale, celle de la mitre [qui est en effet bicorne]. Il semblerait donc que ce pseudo-prophète sera un évêque apostat et se faisant passer pour religieux, traître à l’état ecclésiastique, qui propagera dans le peuple par ses discours le venin du dragon. » (Corn. In Apoc., XIII, 11). Saint Thomas d’Aquin (opuscule 68) précise : « Cela revient à dire : Sa doctrine avait la ressemblance de celle de l’Agneau, à savoir le Christ… mais en réalité il s’agissait des cornes du diable, c’est-à-dire de sa doctrine fétide… » ― « “Et elle parlait comme le Dragon. Celle qui, chrétienne seulement par le nom, présente l’agneau pour répandre secrètement les poisons du dragon, c’est l’Église hérétique ; en effet, elle n’imiterait pas la ressemblance de l’agneau si elle parlait ouvertement. Elle feint maintenant l’esprit chrétien, afin de tromper plus sûrement les imprudents ; c’est pour cela que le Seigneur a dit : “Méfiez-vous des faux prophètes(voir Matthieu, 7, 15). » (Saint Césaire d’Arles) ― « Ses cornes sont semblables à celles d’un agneau ; elle n’a pas recours à la force matérielle ; mais son langage est celui d’un serpent : ses armes sont la ruse et la séduction. » (CRAMPON, 1885) ― « Cette bête qui s’élèvera de terre est un faux prophète (voir Apocalypse, 16, 13 ; 19, 20 ; 20, 10) qui annoncera le fils de perdition comme étant le Christ, et il en sera le bras duquel l’Antéchrist opérera des choses surprenantes tant par des signes que par la puissance de ses armes. (…) Il est dit que cette bête aura deux cornes semblables à celles de l’Agneau, parce qu’elle sera un chrétien apostat et qu’elle s’élèvera secrètement et frauduleusement. Elle (…) occupera le siège pontifical, tuera le dernier pape successeur légitime de saint Pierre (…). Alors l’Église sera dispersée dans les solitudes et les lieux déserts, (…) parce que le pasteur aura été frappé, et que les brebis seront dispersées. Car il en sera de même qu’au temps de la Passion de Notre Seigneur. L’Église latine sera déchirée, et à l’exception des élus, il y aura défection totale de la foi. (…) « (HOLZHAUSER)
  104. Ap. 13,16 : Les païens avaient coutume de porter sur leur poignet ou sur leur front le nom de la fausse divinité à laquelle ils se consacraient.
  105. Ap. 13,18 : Son nombre est 666. « Les anciens aimaient à désigner les personnes par des caractères mystérieux et par des chiffres. Ce dernier mode de désignation était d’autant plus naturel parmi eux que chaque lettre avait sa valeur numérale. De là ces mots : « Son chiffre est 666, » c’est-à-dire on trouve en son nom des lettres dont la valeur équivaut à ce chiffre. Une telle donnée suffit-elle pour préciser ce nom ? Evidemment elle est insuffisante, car il y a une foule de noms qui répondent à cette indication, par exemple : Τειταν, Titan, qu’on rapprochait de Titus, Ουλπιανος, Ulpianus, prénom de Trajan, Λντιμος, Honori contrarius, Λαμπετις, Splendidus, ο Νιχητης, Victor, Αμνος αδιχος, Agnus nocens, Καχος οδηγος, malus dux, Γενσηριχος, Genséric, Gentium seductor, Αποστατης, Apostata, Μαομετις, Mahomet, Λατεινος, Latinus, en hébreu et en grec : Nero Cesar, Caius Cesar Caligula et Diocles Augustus, en latin ; etc. ― Aussi plusieurs commentateurs ont-ils été conduits à dire que ce nombre n’a qu’une valeur mystique ; que le nombre 6, symbole du jour de l’homme, indique l’imperfection, tandis que le chiffre 8, symbole du jour de Dieu, indique la perfection de l’éternité. D’où ils déduisent que 666, nombre de l’Antéchrist, signifie l’imperfection radicale, comme 888, nombre de Jésus, signifie la perfection à la plus haute puissance. » (L. BACUEZ.)
  106. Ap. 14,3 : Qui ont été achetés de la terre ; c’est-à-dire qui, au prix du sang de l’Agneau, ont été rachetés, de manière qu’en quittant la terre ils sont entrés dans son royaume.
  107. Ap. 14,7 : Voir Psaumes, 145, 6 ; Actes des Apôtres, 14, 14.
  108. Ap. 14,8 : Voir Isaïe, 21, 9 ; Jérémie, 51, 8. ― Cette grande Babylone, Rome.
  109. Ap. 14,15 : Voir Joël, 3, 13 ; Matthieu, 13, 39. ― Jette ta faux. L’expression jeter, ou envoyer, mettre la faux, s’emploie dans les textes hébreu et grec aussi bien que dans la Vulgate, pour dire faucher la moisson. ― La moisson est sèche ; c’est-à-dire qu’elle est mûre.
  110. Ap. 15,2 : Des harpes de Dieu ; c’est-à-dire semblables à celles qui étaient en usage dans le temple pour le service divin ; ou bien des harpes excellentes, divines, dignes de Dieu ; ce qui serait un superlatif hébreu.
  111. Ap. 15,4 : Voir Jérémie, 10, 7.
  112. Ap. 16,8 : Par l’ardeur du feu ; littéralement : Par l’ardeur et par le feu ; figure grammaticale en usage chez les Grecs aussi bien que chez les Hébreux.
  113. Ap. 16,12 : L’Euphrate. Voir Apocalypse, 9, 14.
  114. Ap. 16,15 : Voir Matthieu, 24, 43 ; Luc, 12, 39 ; Apocalypse, 3, 3. ― Saint Jean fait allusion aux voleurs qui enlevaient les vêtements des baigneurs.
  115. Ap. 16,16 : C’est le dragon qui, par le ministère des esprits impurs, rassemblera les rois. ― Armagédon ; c’est-à-dire montagne de rassemblement, ou montagne de Mageddo, ville située au pied du mont Carmel, célèbre par deux sanglants combats (voir Juges, 1, 27 ; 5, 19 ; 2 Rois, 9, 27 ; 23, 29). Mais ce mot a tant de variantes, qu’il est impossible d’en connaître la vraie leçon, et par conséquent la véritable signification.
  116. Ap. 16,17 : C’est fait. Tout ce que Dieu avait résolu par rapport à la chute des persécuteurs de son Église est accompli. Comparer à Apocalypse, 21, 6.
  117. Ap. 16,21 : Grosse comme un talent ; pour dire d’une grosseur extraordinaire, prodigieuse ; le talent étant le poids le plus fort.
  118. Ap. 17,1-5 : La grande Babylone. « Sous les noms symboliques de prostituée et de Babylone, c’est bien la Rome païenne, la Rome des Césars, la ville aux sept collines, représentant l’empire romain tout entier, qui est ici décrite. Aussi est-ce à cette ville et à cet empire que la plupart des interprètes appliquent ce chapitre. Ceux qui reportent à la fin des temps les événements annoncés par les visions de l’Apocalypse ne le contestent pas ; mais, selon eux, saint Jean n’emprunte que ses couleurs et ses traits à la Rome des Césars, et ce n’est pas elle qu’il a réellement en vue, mais, soit la même ville redevenue païenne à la fin des temps, soit une autre ville riche et puissante, idolâtre et corrompue, qui sera, dans les derniers jours du monde, l’a capitale du dernier empire antichrétien. Comparer à Apocalypse, 14, 8. ― Assise sur les grandes eaux : trait emprunté à la Babylone historique située sur l’Euphrate, (voir Jérémie, 51, 13). Ces eaux signifient des peuples, des foules, et des nations (verset 15), sur lesquels règne la prostituée. » (Chanoine CRAMPON, 1885) ― « Le nom que porte la femme assise sur les grandes eaux, indique qu’elle est une personnification, un symbole dont il faut saisir le sens : mystère. Or, la bête [étant préfigurée par] l’empire idolâtre et persécuteur, la femme qui est assise sur la bête doit figurer la capitale de cet empire, Rome, centre du pouvoir et siège principal de l’idolâtrie. En effet, chaque trait du tableau la désigne ; et l’on peut dire que tout le monde aujourd’hui la reconnaît (…). ― Que cette femme représente une ville, saint Jean le dit expressément. Bien plus, il ajoute que cette ville est la ville par excellence, la reine des villes, la grande cité, qu’elle a sept montagnes et sept rois, qu’elle étend sa domination sur tous les peuples et sur tous les princes. Une telle indication suffirait à elle seule ; car Rome n’était pas désignée autrement à cette époque, et nulle autre ville n’a été désignée ainsi. ― Cette grande ville est représentée comme le principal soutien de l’idolâtrie, comme une source d’erreurs et de dépravation pour l’univers entier. Elle est pleine d’abominations et d’impuretés, c’est-à-dire d’idoles et de temples païens. Elle est couverte d’inscriptions sacrilèges et blasphématoires. C’est une Nouvelle Babylone, pour la tyrannie, aussi bien que pour l’orgueil, la puissance et l’impiété. Elle persécute le christianisme ; elle s’enivre du sang des saints et des martyrs du Sauveur. Elle a fait périr des apôtres et des prophètes, et tout le sang qui se verse dans le monde pour la cause de la vérité est répandu par elle. ― Qui pourrait méconnaître à ces traits la Rome des empereurs, telle qu’était sous Domitien, au moment du martyre de saint Jean et de son exil à Patmos ? Nous avons déjà vu que les chrétiens la nommaient Babylone. On l’appelait aussi Sodome ou l’Egypte. Non contente de professer l’idolâtrie, elle s’attribuait à elle-même la divinité. ― Elle se disait éternelle ; et comme ses empereurs, vivants et morts, elle avait ses temples, ses statues, ses autels. Elle en avait dans ses murs aussi bien que dans les provinces. ― Quant à sa cruauté envers les chrétiens, à ses persécutions, au nombre de ses victimes, les catacombes en sont un monument irrécusable. ― Cette nouvelle Babylone devait tomber comme l’ancienne, pour ne jamais se relever. Elle était destinée à être la proie de ceux qu’elle opprimait, à passer par le fer et par le feu, come un criminel voué au châtiment divin, et enfin, à être ruinée de fond en comble. Sa chute devait jeter par toute la terre l’effroi, la stupeur, la désolation, mais en même temps être le signal du triomphe de l’Église dans le monde entier. Les chrétiens échapperaient au châtiment, comme ils avaient échappé à la corruption. ― Il suffit d’avoir lu l’histoire du quatrième et du cinquième siècle pour reconnaître dans la ruine de Rome [la parfaite préfiguration] de ces prédictions. Prise, pillée, saccagée quatre fois, par Alaric, roi des Goths (409), par Genséric, roi des Vandales (455), par Odoacre, roi des Hérules (466), par Totila, roi des Ostrogoths (546), la capitale de l’empire finit par disparaître sous ses débris avec ses dieux et ses temples. L’empire devint la proie des Barbares. Il ne resta de la population de Rome qu’un petit nombre de chrétiens qui bâtirent une nouvelle cité, à la place des ruines de l’ancienne. » (L. BACUEZ.)
  119. Ap. 17,10-13 : « Bisping et les partisans de l’interprétation eschatologique [disent ceci] : les sept têtes sont les puissances de ce monde qui, dans la suite de l’histoire, ont fait ou feront tour à tour la guerre au peuple de Dieu : Egyptiens, Assyriens, Babyloniens, Médo-Perses, Macédoniens, Romains. Etats modernes sortis de la Révolution ou imbus de ses principes. Quand l’élément antichrétien aura atteint son plein développement, viendra un huitième roi, sorti des sept (et non pas l’un d’eux, comme on traduit souvent), c’est-à-dire une puissance mondaine, qui résumera en elle et portera au suprême degré l’impiété des sept premières. Les dix cornes désignent les divers Etats de la fin des temps, Etats non indépendants, mais vassaux, soumis à la souveraineté de l’Antéchrist (la bête. Bisping lit ouk, non, au lieu de oupô, nondum). Voilà pourquoi elles ne portent pas de couronnes (comparer à Apocalypse, 13, 1). Leurs pouvoir durera une heure, c’est-à-dire peu de temps, car ils seront vaincus par l’Agneau (verset 14 : cette victoire de l’Agneau est décrite au chapitre 19). » (CRAMPON, 1885)
  120. Ap. 17,12 : Pour une heure ; pendant une heure ; d’autres traduisent : À la même heure, dans une même heure ; mais la première interprétation est plus conforme au texte sacré.
  121. Ap. 17,14 : Voir1 Timothée, 6, 15 ; Apocalypse, 19, 16.
  122. Ap. 17,15 : Des peuples, des nations et des langues : « ces expressions amoncelées ont pour but de montrer Rome comme le centre où affluent et se mêlent dans leur étrange variété toutes les nations de la terre. » (CRAMPON, 1885)
  123. Ap. 17,18 : La grande ville, Rome. « La Rome des Césars [préfigurant] une nouvelle Rome de la fin des temps, comme la Rome des Césars était une autre Babylone. » (CRAMPON, 1885)
  124. Ap. 18,2 : Voir Isaïe, 21, 9 ; Jérémie, 51, 8 ; Apocalypse, 14, 8.
  125. Ap. 18,6 : Rendez-lui, etc., rendez-lui la pareille, traitez-la comme elle vous a traité.
  126. Ap. 18,7 : Voir Isaïe, 47, 8.
  127. Ap. 18,12 : Tous les bois odorants. Le texte les appelle bois de thyin. C’était un bois odoriférant, célèbre chez les anciens qui croissait dans l’oasis de Jupiter Ammon, dans la Cyrénaïque et en Mauritanie. Les Romains l’appelaient citronnier. C’est le cèdre blanc désigné sous le nom de cupressus thyioides.
  128. Ap. 18,13 : L’expression âmes d’hommes se prend dans l’Ecriture tantôt pour esclaves, tantôt pour hommes en général. « Mais ici, dit Bossuet, comme saint Jean oppose les hommes aux esclaves, il faut entendre par hommes les hommes libres ; car on vend tout, esclaves et libres, dans une ville d’un si grand abord. »
  129. Ap. 18,14 : Tout ce qu’il y a d’exquis ; littéralement, toutes les choses grasses. Les Hébreux désignaient par graisse, ce qui est gras, non seulement les meilleures productions de la terre, mais encore les mets les plus fins et les plus délicats. Nous pensons donc que saint Jean fait allusion ici aux plaisirs qu’offrent une table bien servie et un festin splendide.
  130. Ap. 18,17 : Le lac est évidemment ici un nom collectif exprimant tous les lacs avoisinant la ville, et lui fournissant le poisson.
  131. Ap. 18,20 : Dieu vous a fait pleinement justice d’elle ; littéralement : Dieu a jugé votre jugement par rapport à elle. Nous avons déjà fait remarquer que ce genre de répétition, dans toutes les langues, a pour but de donner de la force et de l’énergie au discours. Ainsi le sens est : Dieu vous a vengés de tout le mal qu’elle vous a fait.
  132. Ap. 18,21 : Comme une grande meule : le châtiment prononcé par le Sauveur contre ceux qui ont donné du scandale. Voir Matthieu, 18, 6.
  133. Ap. 19,3 : Et sa fumée ; c’est-à-dire la fumée de son embrasement.
  134. Ap. 19,8 : Les justifications des saints sont les bonnes œuvres par lesquelles les hommes deviennent justes et saints.
  135. Ap. 19,9 : Voir Matthieu, 22, 2 ; Luc, 14, 16.
  136. Ap. 19,13 : Voir Isaïe, 63, 1.
  137. Ap. 19,15 : Voir Psaumes, 2, 9.
  138. Ap. 19,16 : Voir1 Timothée, 6, 15 ; Apocalypse, 17, 14.
  139. Ap. 19,19-21 : La bête « qui était montée de l’abîme (voir Apocalypse, 17, 3-8), l’Antéchrist, avec les dix rois (voir Apocalypse, 17, verset 12 et suivants) et leurs armées. ― Le faux prophète, la bête à deux cornes d’Apocalypse, 13, verset 11 et suivants. Comparer à Apocalypse, 16, 13. ― Tous les autres, les partisans de l’Antéchrist, les rois, les généraux et les puissants du verset 18 avec les armées du verset 19. » (CRAMPON, 1885) La guerre signifie la conspiration des puissances humaines contre l’Église. L’ultime bataille générale, inspirée par Satan et conduite par l’Antéchrist, signifie la dernière coalition ennemie qui se terminera, par la victoire du Christ, dans le jugement universel.
  140. Ap. 20,1-6 : « Règneront avec lui pendant mille ans. D’après ce qui précède, nous pouvons nous figurer ce règne de mille ans, prélude à la gloire définitive, comme une réalisation plus complète de l’adveniat regnum tuum (que ton règne vienne)de l’oraison dominicale. L’Église a remporté une grande victoire sur Satan (verset 2) et sur le monde, dont le prince des ténèbres ne peut plus faire l’instrument de ses séductions. Sans doute, la lutte entre l’esprit et la chair n’a pas cessé ; les enfants de Dieu marchent encore dans la foi, non dans la claire vision : ils sont encore des pèlerins ici-bas ; la mort exige encore sa solde. Mais une effusion plus abondante des dons de l’Esprit-Saint est répandue dans les âmes ; les combats de la vertu sont moins rudes, plus souvent victorieux. Durant cette ère de paix, le christianisme étend partout son action ; il pénètre de son esprit les arts, les sciences, toutes les relations sociales. Plusieurs appliquent à cette période de bénédiction les riants tableaux d’Isaïe (11, 6-9 ; 30, 6 ; 65, 20) et de Daniel (2, 35-44 ; 7, verset 13 et suivants). Pendant les premiers siècles de l’Église, le millénarisme fut conçu comme le retour glorieux de Jésus-Christ venant régner sur la terre avec ses saints pendant mille ans avant le jugement général. Cette attente était commune, nous pourrions dire populaire parmi les premiers fidèles (Papias, saint Justin, saint Irénée, Tertullien, etc.) ; elle les soutient et les console sous le feu de la persécution. [Hélas] des hérétiques y mêlèrent des idées grossières qui la firent bien vite rejeter. Dès le temps de saint Jérôme, [on pensa autrement] : c’est du haut du ciel avec ses Saints, et non pas visiblement présent sur la terre, que Jésus-Christ, d’après saint Jean, doit régner pendant mille ans, et ce règne doit précéder le second avènement, sans se confondre avec lui. Saint Augustin, après quelques hésitations, finit par voir dans le règne de mille ans toute la durée de l’existence terrestre de l’Église (de Civit. Dei, XX, VII, 13). Bossuet le fait commencer avec Jésus-Christ et finir en l’an mille. D’autres le placent entre Charlemagne et la Révolution française. Nous pensons, avec Bisping, que le millénium n’a pas encore fait son apparition. » (Chanoine CRAMPON, 1885)
  141. Ap. 20,2 : Qui est le diable et Satan. Voir Apocalypse, 12, 9.
  142. Ap. 20,4 : À cause du témoignage, etc. ; c’est-à-dire parce qu’ils ont rendu témoignage à Jésus-Christ, qu’ils ont prêché son nom et la parole de Dieu. Comparer à Apocalypse, 1, 9.
  143. Ap. 20,6 : Celui qui ; est, par un pur hébraïsme, pour chacun de ceux qui ; voilà pourquoi on trouve immédiatement après le pluriel sur eux, ils seront, etc.
  144. Ap. 20,7 : Voir Ezéchiel, 39, 2. ― Sous le nom de Gog et de Magog, célèbres par la prophétie d’Ezéchiel, saint Jean désigne ici tous les ennemis de Dieu et de son Église.
  145. Ap. 21,1 : Voir Isaïe, 65, 17 ; 66, 22 ; 2 Pierre, 3, 13.
  146. Ap. 21,4 : Voir Isaïe, 25, 8 ; Apocalypse, 7, 17.
  147. Ap. 21,5 : Voir Isaïe, 43, 19 ; 2 Corinthiens, 5, 17.
  148. Ap. 21,6 : C’est fait ; c’est-à-dire tout ce que Dieu avait résolu de toute éternité par rapport au monde, aux élus et aux réprouvés, est accompli. Comparer à Apocalypse, 16, 17. ― L’Alpha et l’Oméga, la première et la dernière lettre de l’alphabet grec.
  149. Ap. 21,16 : Douze mille stades : le stade avait 185 mètres.
  150. Ap. 21,17 : Qui est celle de l’ange ; qui est celle dont se servait l’ange pour mesurer. Saint Jean fait cette remarque pour indiquer que les coudées et les stades dont il est ici question ne diffèrent en rien de ceux que nous connaissons et que nous employons ordinairement. ― La coudée avait 52 centimètres.
  151. Ap. 21,23 : Voir Isaïe, 60, 19.
  152. Ap. 21,25 : Voir Isaïe, 60, 11.
  153. Ap. 22,5 : Voir Isaïe, 60, 20. ― « Que peut-on conclure de l’Apocalypse, relativement à la fin du monde, à ses circonstances, à sa date ? Saint Jean cherche moins à satisfaire notre curiosité qu’à fortifier notre foi et à exciter notre vigilance. Il nous apprend peu de choses relativement à la fin du monde. On voit bien dans les derniers chapitres de l’Apocalypse, qu’il y aura une résurrection générale et un jugement universel, que les méchants seront la proie de l’enfer et que les élus entreront en possession du ciel. On y apprend encore que, dans les derniers temps du monde, le démon sortira de l’abîme, qu’il séduira les peuples et reprendra son empire, que la cité des saints ou l’Église sera environnée d’ennemis et en butte à toutes sortes d’attaques, et que ses ennemis seront miraculeusement abattus. De plus, on a lieu de croire que ce qui a été dit des dernières persécutions de l’empire romain, et des séductions causées par la fausse sagesse et ses opérations théurgiques, se renouvellera alors avec un scandale encore plus grand. Mais c’est à peu près tout ce qu’on peut conclure. Le reste n’est que conjecture ou imagination. ― Sur la date de la fin du monde, en particulier, l’Apocalypse ne fournit qu’une seule donnée, et il en résulte qu’elle doit avoir lieu bien longtemps après la fin des persécutions et la chute de Rome. Entre l’enchaînement de Satan, qui suit la ruine de l’empire, et le jugement dernier, saint Jean place une période de paix, puis un certain temps durant lequel Satan reprendra son empire et séduira les nations. Or, la période de paix doit durer un millier d’années, c’est-à-dire un espace de temps très long, incomparablement plus long que les persécutions, quoique le nombre rond d’un millier ne doive pas s’entendre d’une manière plus littérale que les nombres sept, douze, trois, etc. Et pour la période de séduction et d’impiété, qu’on croit devoir être celle de l’Antéchrist, il n’est pas dit que le jugement universel doive la suivre immédiatement. » (L. BACUEZ.)
  154. Ap. 22,11 : Que celui qui fait l’injustice la fasse encore, etc. Ce n’est pas une permission ou un conseil donné au méchant de faire le mal, mais une simple supposition. Le vrai sens est donc : Si l’homme injuste continue ses injustices, il ne tardera pas à en subir la peine ; de même que si celui qui est juste le devient encore davantage, il en recevra bientôt la récompense. Au reste, le verset suivant suffit pour justifier cette interprétation. Ajoutons que notre propre langue fournit des exemples de ce genre de construction.
  155. Ap. 22,13 : Voir Isaïe, 41, 4 ; 44, 6 ; 48, 12 ; Apocalypse, 1, vv. 8, 17 ; 21, 6.
  156. Ap. 22,14 : Lavent leurs vêtements dans le sang de l’Agneau, « emprunté à Apocalypse, 7, 14 : sanctifient leur vie. Une variante très autorisée porte : pratiquent ces (ses ?) commandements. ― Par les portes : comparer à Genèse, 3, 24. » (CRAMPON)
  157. Ap. 22,15 : Loin d’ici les chiens. Chez les Hébreux, le chien passait pour un animal immonde ; on ne pouvait donc marquer un plus profond mépris et une plus grande horreur pour quelqu’un que de l’appeler chien. Voir Philippiens, 3, 2 ; Matthieu, 7, 6. ― Le mensonge : comparer à Apocalypse, 21, 8.
  158. Ap. 22,16 : Je suis la racine ; en tant que créateur et source de la vie. ― La race ; c’est-à-dire le descendant.
  159. Ap. 22,17 : Voir Isaïe, 55, 1. ― L’Esprit de Dieu dans le cœur des fidèles (voir Romains, 8, vv. 15-16, 26) et l’Epouse, c’est-à-dire l’Église du Sauveur (voir Apocalypse, 21, vv. 2, 9) lui répondent en soupirant après son glorieux retour : Venez. Eau de la vie : comparer à 1 Jean, 4, 14 ; 7, 37 ; Apocalypse, 21, 6 ; 22, 1.
  160. Ap. 22,19 : De ce qui est écrit dans ce livre ; c’est-à-dire des promesses qui sont contenues dans ce livre.