La sainte Bible selon la Vulgate (J.-B. Glaire)/Daniel

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(introductions, notes complémentaires et appendices)
La sainte Bible selon la Vulgate
Traduction par Jean-Baptiste Glaire.
Texte établi par Roger et Chernoviz, Roger et Chernoviz (p. 1988-2036).

DANIEL

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CHAPITRE PREMIER.[1]

Daniel, Ananias, Misaël et Azarias, choisis pour servir à la cour de Nabuchodonosor. Ils ne veulent pas se souiller en mangeant des viandes de la table du roi. Dieu les remplit de lumières.

1. En la troisième année du règne de Joakim, roi de Juda, Nabuchodonosor, roi de Babylone, vint à Jérusalem et l’assiégea.[2]

2. Et le Seigneur livra en sa main Joakim, roi de Juda, et une partie des vases de la maison de Dieu ; et il les emporta dans la terre de Sennaar, dans la maison de son dieu, et il mit les vases dans la maison du trésor de son dieu.[3]

3. Et le roi dit à Asphénez, préposé des eunuques, de choisir d’entre les fils d’Israël, et de la race des rois, et des princes,[4]

4. De jeunes hommes qui fussent sans aucun défaut, d’une belle apparence, et instruits en toute sagesse, habiles dans les sciences et dans les arts, et qui pussent demeurer dans le palais du roi, afin qu’il leur apprît les lettres et la langue des Chaldéens.[5]

5. Et le roi établit qu’on[6] les nourrirait chaque jour de ses propres mets et qu’ils boiraient du vin dont il buvait lui-même, afin qu’étant ainsi nourris pendant trois ans, ils pussent ensuite demeurer en présence du roi.

6. Or, entre ces jeunes hommes, il se trouva des enfants de Juda, Daniel, Ananias, Misaël et Azarias.

7. Et le préposé des eunuques leur donna des noms, appelant Daniel, Baltassar ; Ananias, Sidrach ; Misaël, Misach ; et Azarias, Abdénago.[7]

8. Mais Daniel résolut dans son cœur de ne point se souiller par les mets de la table du roi, et par le vin dont il buvait, et il demanda au préposé des eunuques de ne point se souiller.[8]

9. Or, Dieu fit trouver à Daniel grâce et faveur devant le prince des eunuques.[9]

10. Et le prince des eunuques dit à Daniel : Moi je crains mon seigneur le roi, qui a déterminé pour vous les mets et le vin ; or, s’il voit vos visages plus maigres que ceux des autres jeunes hommes de votre âge, vous livrerez ma tête à la condamnation du roi.

11. Et Daniel dit à Malasar, que le prince des eunuques avait établi sur Daniel, Ananias, Misaël et Azarias :[10]

12. Eprouvez, je vous prie, vos serviteurs dix jours, et qu’on nous donne des légumes à manger et de l’eau à boire ;

13. Et après cela regardez nos visages, et les visages des jeunes hommes qui se nourrissent des mets du roi ; et selon que vous aurez vu, vous agirez avec vos serviteurs.

14. Celui-ci, ayant entendu de telles paroles, les éprouva pendant dix jours.

15. Mais après dix jours, leurs visages parurent meilleurs et d’un embonpoint plus grand que celui de tous les jeunes hommes qui mangeaient des mets du roi.

16. Malasar donc enlevait les mets et le vin qu’on leur servait pour boire, et leur donnait des légumes.

17. Or à ces jeunes hommes Dieu donna la science et la connaissance de tout livre et de toute sagesse, mais à Daniel l’intelligence de toutes les visions et de tous les songes.[11]

18. C’est pourquoi étant accomplis les jours après lesquels le roi avait dit qu’ils seraient introduits, le préposé des eunuques les introduisit devant Nabuchodonosor.

19. Et lorsque le roi leur eut parlé, il ne se trouva point parmi tous les autres de jeunes hommes tels que Daniel, Ananias, Misaël et Azarias ; et ils demeurèrent en présence du roi.[12]

20. Et sur toute question de sagesse et d’intelligence que leur fit le roi, il trouva en eux dix fois plus que dans tous les devins et les mages qui étaient dans tout son royaume.[13]

21. Or Daniel fut à la cour jusqu’à la première année du roi Cyrus.[14]

CHAPITRE 2.


1. En la seconde année du règne de Nabuchodonosor, Nabuchodonosor vit un songe, et son esprit fut extrêmement effrayé ; et son songe s’enfuit de lui.[15][16]

2. Or le roi ordonna qu’on assemblât les devins, les mages et les enchanteurs, et les Chaldéens, afin qu’ils indiquassent au roi ses songes ; ceux-ci, lorsqu’ils furent venus, se tinrent devant le roi.[17]

3. Et le roi leur dit : J’ai vu un songe, et, troublé d’esprit, j’ignore ce que j’ai vu.

4. Et les Chaldéens répondirent au roi en syriaque : Roi, vivez à jamais ; dites le songe à vos serviteurs, et nous en donnerons l’interprétation.[18]

5. Et répondant, le roi dit aux Chaldéens : La chose m’est échappée de la mémoire, si vous ne m’indiquez le songe et sa signification, vous périrez, vous, et vos maisons seront confisquées.

6. Mais si vous me dites le songe et sa signification, vous recevrez de moi des dons, des présents et de grands honneurs ; dites-moi donc mon songe et son interprétation.

7. Ils lui répondirent pour la seconde fois, et ils dirent : Que le roi dise le songe à ses serviteurs, et nous lui en donnerons l’interprétation.

8. Le roi répondit et dit : Certainement, je reconnais que vous cherchez à gagner du temps, parce que vous savez que la chose m’est échappée de la mémoire.

9. Si donc vous ne m’indiquez pas le songe, je n’aurai qu’une opinion de vous, c’est que vous avez même préparé une interprétation fallacieuse et pleine de déception, afin de me la dire, jusqu’à ce que le temps se passe. C’est pourquoi dites-moi le songe, afin que je sache que vous donnerez aussi sa véritable interprétation.

10. Répondant donc, les Chaldéens dirent devant le roi : Il n’y a pas d’homme sur la terre qui puisse, ô roi, accomplir votre parole ; et aucun roi, grand et puissant, ne fait de question de cette sorte à aucun devin, à aucun mage, à aucun Chaldéen.[19]

11. Car ce que vous demandez, ô roi, est difficile ; et il ne se trouvera personne qui puisse l’indiquer en présence du roi, excepté les dieux, qui n’ont point de commerce avec les hommes,

12. Ce qu’ayant entendu, le roi, en fureur, et dans une grande colère, ordonna que tous les sages de Babylone périraient.

13. Et, la sentence promulguée, les sages étaient mis à mort ; et l’on cherchait Daniel et ses compagnons, afin qu’ils périssent.[20]

14. Alors Daniel s’informa de la loi et de la sentence auprès d’Arioch, prince de la milice du roi, qui était sorti pour faire mourir les sages de Babylone.[21]

15. Et il lui demanda à lui qui avait reçu pouvoir du roi, pour quel motif une si cruelle sentence était émanée du roi. Lors donc qu’Arioch eut indiqué la chose à Daniel,[22]

16. Daniel, étant entré, pria le roi de lui accorder quelque temps pour indiquer la solution au roi.

17. Et, étant entré dans sa maison, il fit part de la chose à ses compagnons Ananias, Misaël et Azarias,

18. Afin qu’ils implorassent la miséricorde de la face du Dieu du ciel, au sujet de ce secret, et que Daniel et ses compagnons ne périssent point avec les autres sages de Babylone.

19. Alors le mystère fut découvert à Daniel dans une vision, durant la nuit ; et Daniel bénit le Dieu du ciel,

20. Et ayant parlé, il dit : Que le nom du Seigneur soit béni d’un siècle jusqu’à un autre siècle, parce que la sagesse et la force sont à lui.

21. Et c’est lui qui change les temps et les âges, qui transfère les royaumes et les établit, qui donne la sagesse aux sages et la science à ceux qui comprennent l’instruction.

22. C’est lui qui révèle les choses profondes et cachées, qui connaît ce qui se trouve dans les ténèbres, et la lumière est avec lui.

23. C’est vous, Dieu de nos pères, que je célèbre, c’est vous que je loue, parce que vous m’avez donné la sagesse et la force, et que vous m’avez montré maintenant ce que nous vous avons demandé, puisque vous nous avez révélé la parole du roi.[23]

24. Après cela, Daniel étant entré chez Arioch, que le roi avait établi pour perdre les sages de Babylone, il lui parla ainsi : Ne perdez point les sages de Babylone ; introduisez-moi en présence du roi, et je donnerai la solution au roi.[24]

25. Alors Arioch, se hâtant, introduisit Daniel auprès du roi, et lui dit : J’ai trouvé un homme d’entre les fils de la transmigration de Juda, lequel donnera au roi la solution.

26. Le roi répondit, et dit à Daniel, dont le nom était Baltassar : Penses-tu que tu peux véritablement dire mon songe, et son interprétation ?

27. Et répondant, Daniel dit devant le roi : Le mystère sur lequel le roi m’interroge, les sages, les mages, les devins et les augures ne peuvent le découvrir au roi.

28. Mais il est un Dieu dans le ciel qui révèle les mystères et qui vous a montré, roi Nabuchodonosor, les choses qui doivent arriver dans les derniers temps. Votre songe et les visions de votre tête dans votre lit sont de cette sorte :[25]

29. Vous, ô roi, vous avez commencé à penser dans votre lit ce qui devait arriver dans la suite, et celui qui révèle les mystères vous a montré les choses à venir,

30. À moi aussi ce secret m’a été révélé, non par une sagesse qui est en moi plus qu’en tous les êtres vivants, mais afin que l’interprétation devînt manifeste pour le roi, et que vous connussiez les pensées de votre esprit.

31. Vous, ô roi, vous voyiez, et voilà comme une grande statue ; et cette statue grande et considérable par la hauteur, se tenait debout devant vous et son regard était terrible.

32. La tête de cette statue était d’or très pur ; mais la poitrine et les bras d’argent ; et le ventre et les cuisses d’airain ;

33. Mais les jambes de fer ; une partie des pieds était de fer, mais l’autre d’argile.

34. Vous voyiez ainsi, jusqu’à ce qu’une pierre fut détachée de la montagne sans les mains d’aucun homme, et elle frappa la statue dans ses pieds de fer, et d’argile, et elle les mit en pièces.

35. Alors furent brisés ensemble le fer, l’argile, l’airain, l’argent et l’or, et ils devinrent comme la cendre brûlante d’une aire d’été ; et ils furent emportés par le vent ; et il ne se trouva aucun lieu pour eux ; mais la pierre qui avait frappé la statue devint une grande montagne et remplit toute la terre.[26]

36. Voilà le songe ; son interprétation, nous la dirons devant vous aussi, ô roi.

37. C’est vous qui êtes le roi des rois ; et le Dieu du ciel vous a donné le royaume, et la force, et l’empire, et la gloire,[27]

38. Et tous les lieux dans lesquels habitent les fils des hommes et les bêtes de la campagne ; il a mis aussi les oiseaux du ciel en votre main, et sous votre puissance il a établi toutes choses ; c’est donc vous qui êtes la tête d’or.[28]

39. Et après vous s’élèvera un royaume moindre que vous, un royaume d’argent, puis un autre, un troisième royaume d’airain, qui commandera à toute la terre.[29]

40. Et le quatrième royaume sera comme le fer : de même que le fer brise et dompte toutes choses, de même il brisera et réduira en poudre tous ces autres royaumes.[30]

41. Mais parce que vous avez vu qu’une partie des pieds et des doigts des pieds était d’argile, et une partie de fer, le royaume sera divisé, quoiqu’il tirera son origine du fer, selon que vous avez vu le fer mêlé à l’argile fangeuse.[31]

42. Et comme vous avez vu les doigts des pieds, en partie de fer, et en partie d’argile fangeuse, le royaume sera en partie affermi, et en partie brisé.

43. Et, parce que vous avez vu le fer mêlé avec l’argile, ils se mêleront, il est vrai, par des alliances humaines ; mais ils ne s’uniront pas, comme le fer ne peut se mêler avec l’argile.

44. Mais dans les jours de ces royaumes, le Dieu du ciel suscitera un royaume qui jamais ne sera détruit, et son royaume ne sera pas donné à un autre peuple ; or il mettra en pièces et consumera tous ces royaumes ; et il subsistera lui-même éternellement.[32]

45. Selon que vous avez vu qu’une pierre fut détachée de la montagne sans les mains d’aucun homme, et qu’elle mit en pièces l’argile et le fer, et l’airain et l’argent, et l’or, le grand Dieu a montré au roi les choses qui doivent arriver dans la suite ; et véritable est le songe, et fidèle son interprétation.[33]

46. Alors le roi Nabuchodonosor tomba sur sa face, et adora Daniel ; et il ordonna qu’on lui offrît des hosties et de l’encens.

47. Parlant donc, le roi dit à Daniel : Véritablement votre Dieu est le Dieu des dieux, et le Seigneur des rois ; et il révèle les mystères, puisque toi, tu as pu découvrir ce secret.

48. Alors le roi éleva Daniel en honneur et lui fit de nombreux et de grands présents, et il l’établit prince sur toutes les provinces de Babylone, et chef des magistrats au-dessus de tous les sages de Babylone.

49. Or Daniel demanda au roi, et le roi préposa aux affaires de la province de Babylone, Sidrach, Misach et Abdénago ; mais lui-même Daniel était à la porte du roi.[34]

CHAPITRE 3.


1. Le roi Nabuchodonosor fit une statue d’or de soixante coudées de hauteur, de six coudées de largeur, et la plaça dans le champ de Dura, de la province de Babylone.[35][36]

2. C’est pourquoi le roi Nabuchodonosor envoya pour rassembler les satrapes, les magistrats et les juges, les chefs de l’armée, et les princes, et les intendants, et tous les gouverneurs de provinces, afin qu’ils vinssent ensemble à la dédicace de la statue qu’avait élevée le roi Nabuchodonosor.[37]

3. Alors s’assemblèrent les satrapes, les magistrats et les juges, les chefs de l’armée, et les premiers par le rang, et les grands qui étaient constitués en puissance, et tous les gouverneurs de provinces, afin qu’ils vinssent ensemble à la dédicace de la statue qu’avait posée le roi Nabuchodonosor ;

4. Et un héraut criait fortement : Il vous est dit à vous, peuples tribus et langues :[38]

5. À l’heure à laquelle vous entendrez le son de la trompette, et de la flûte, et de la harpe, de la sambuque, et du psaltérion, et de la symphonie, et de toute espèce de musique, tombant à terre, adorez la statue d’or qu’a élevée le roi Nabuchodonosor.[39]

6. Si quelqu’un ne se prosterne pas pour adorer, à la même heure il sera jeté dans la fournaise d’un feu ardent.[40]

7. Après cela donc, dès que tous les peuples eurent entendu le son de la trompette, de la flûte et de la harpe, de la sambuque, et du psaltérion, et de la symphonie, et de toute espèce de musique, tombant à terre, tous les peuples, les tribus et les langues, adorèrent la statue d’or qu’avait élevée le roi Nabuchodonosor.

8. Et aussitôt dans ce temps-là même, des hommes des Chaldéens, s’approchant, accusèrent les Juifs ;

9. Et ils dirent au roi Nabuchodonosor : Roi, vivez à jamais ;

10. C’est vous, roi, qui avez rendu ce décret, que tout homme qui aura ouï le son de la trompette, de la flûte, et de la harpe, de la sambuque, et du psaltérion, et de la symphonie, et de toute sorte de musique, se prosterne et adore la statue d’or ;

11. Et que si quelqu’un ne se prosterne pas et ne l’adore pas, qu’il soit jeté dans la fournaise d’un feu ardent.

12. Et voilà que des hommes juifs que vous avez préposés aux affaires de la province de Babylone, Sidrach, Misach et Abdénago, voilà que ces hommes, ô roi, ont méprisé votre décret ; ils n’honorent point vos dieux, et la statue d’or que vous avez érigée, ils ne l’adorent pas.

13. Alors Nabuchodonosor, en fureur et en colère, ordonna que Sidrach, Misach et Abdénago fussent amenés ; lesquels furent aussitôt conduits en la présence du roi.

14. Et prenant la parole, le roi Nabuchodonosor leur dit : Est-il vrai, Sidrach, Misach et Abdénago, que vous n’honorez pas mes dieux, et que la statue d’or que j’ai élevée, vous ne l’adorez pas ?

15. Maintenant donc, si vous êtes prêts à obéir, à quelque heure que vous entendiez le son de la trompette, de la flûte, de la harpe, de la sambuque et du psaltérion, et de la symphonie, et de toutes sortes de musiques, prosternez-vous, et adorez la statue que j’ai faite ; que si vous ne l’adorez pas, à la même heure vous serez jetés dans la fournaise d’un feu ardent ; et qui est le Dieu qui vous arrachera de ma main ?

16. Sidrach, Misach et Abdénago, répondant, dirent au roi Nabuchodonosor : Il n’est pas besoin que nous vous répondions sur ce sujet.

17. Car voilà que notre Dieu que nous honorons peut nous retirer de la fournaise d’un feu ardent, et nous délivrer, ô roi, de vos mains.

18. Que s’il ne le veut pas, sachez, ô roi, que nous n’honorons pas vos dieux, et que la statue que vous avez érigée, nous ne l’adorons pas.

19. Alors Nabuchodonosor fut rempli de fureur ; et l’aspect de sa face fut changé pour Sidrach, Misach et Abdénago, et il ordonna que la fournaise fût embrasée sept fois plus qu’on n’avait coutume de l’embraser.

20. Et il commanda aux hommes les plus forts de son armée de lier les pieds de Sidrach, Misach et Abdénago, et de les jeter dans la fournaise du feu ardent.

21. Et aussitôt ces trois hommes-ci, ayant été liés, ils furent jetés, avec leurs chausses, et leurs tiares, et leurs chaussures, et leurs vêtements, au milieu de la fournaise du feu ardent.[41]

22. Car le commandement du roi pressait, et la fournaise était extrêmement embrasée. Or, les hommes qui avaient jeté Sidrach, Misach et Abdénago, la flamme du feu les consuma.

23. Mais ces trois hommes, c’est-à-dire Sidrach, Misach et Abdénago tombèrent liés au milieu de la fournaise du feu ardent.[42]

24. Et ils marchaient au milieu de la flamme, louant et bénissant le Seigneur.

25. Or, se tenant debout, Azarias pria ainsi, et, ouvrant sa bouche au milieu du feu, dit :

26. Vous êtes béni, Seigneur Dieu de nos pères, et louable et glorieux est votre nom dans les siècles ;

27. Parce que vous êtes juste dans tout ce que vous nous avez fait ; et que toutes vos œuvres sont vraies, et vos voies droites, et tous vos jugements vrais.

28. Car vous avez exercé des jugements vrais dans tous les maux que vous avez fait venir sur nous et sur la sainte cité de nos pères, Jérusalem ; parce que c’est dans la vérité et dans la justice que vous avez fait venir tous ces maux, à cause de nos péchés.

29. Car nous avons péché, et nous avons commis l’iniquité en nous retirant de vous ; et nous avons manqué en toutes choses ;

30. Et nous n’avons pas écouté vos préceptes et nous ne les avons pas gardés, et nous n’avons pas agi comme vous nous aviez ordonné, afin que bien nous fût.

31. Dans tous les maux donc que vous avez fait venir sur nous, et dans tout ce que vous nous avez fait, c’est dans une justice véritable que vous avez agi ;

32. Et vous nous avez livrés aux mains de nos ennemis iniques, très méchants et prévaricateurs, et à un roi injuste et le plus méchant de toute la terre.

33. Et maintenant nous ne pouvons pas ouvrir la bouche, et nous sommes devenus un objet de confusion et d’opprobre pour vos serviteurs et pour ceux qui vous adorent.

34. Ne nous livrez pas pour toujours, nous vous en prions, à cause de votre nom, et ne détruisez pas votre alliance ;

35. Et ne retirez pas votre miséricorde de nous, à cause d’Abraham votre bien-aimé, et d’Isaac votre serviteur, et d’Israël votre saint ;

36. Auxquels vous avez parlé, promettant que vous multiplieriez leur race comme les étoiles du ciel et comme le sable qui est sur le rivage de la mer ;

37. Parce que, Seigneur, nous avons été diminués plus que toutes les nations, et nous sommes humiliés sur toute la terre aujourd’hui, à cause de nos péchés.

38. Et il n’est en ce temps-ci parmi nous ni prince, ni chef, ni prophète, ni holocauste, ni sacrifice, ni oblation, ni encens, ni lieu pour offrir des prémices devant vous,[43]

39. Afin que nous puissions obtenir votre miséricorde, mais que nous soyons reçus dans notre cœur contrit et notice esprit humilié.

40. Que comme dans un holocauste de béliers et de taureaux, et comme dans l’immolation de milliers d’agneaux gras, ainsi soit offert aujourd’hui notre sacrifice en votre présence, et qu’il vous plaise, parce qu’il n’est point de confusion pour ceux qui se confient en vous.

41. Et maintenant nous vous suivons de tout notre cœur, et nous vous craignons, et nous cherchons votre face.

42. Ne nous confondez pas, mais faites-nous selon votre mansuétude et la grandeur de votre miséricorde ;

43. Et délivrez-nous par vos merveilles, et donnez gloire à votre nom, Seigneur ;

44. Et qu’ils soient confondus, tous ceux qui font souffrir des maux à vos serviteurs ; qu’ils soient confondus par votre toute puissance, et que leur force soit brisée ;[44]

45. Et qu’ils sachent que c’est vous seul qui êtes le Seigneur Dieu, et le glorieux sur le globe des terres.

46. Et les ministres du roi qui les avaient jetés dans le feu ne cessaient d’embraser la fournaise avec du naphte, de l’étoupe, de la poix et du sarment ;[45]

47. Et la flamme se répandait au-dessus de la fournaise à quarante-neuf coudées ;

48. Et elle s’élança, et elle brûla d’entre les Chaldéens ceux qu’elle trouva près de la fournaise.

49. Mais l’ange du Seigneur descendit avec Azarias et ses compagnons dans la fournaise, et il écarta la flamme de feu de la fournaise.

50. Et il rendit le milieu de la fournaise comme un vent qui répand la rosée ; et le feu ne les toucha en aucune manière, et ne les incommoda pas, et ne leur fit aucune peine.

51. Alors ces trois jeunes hommes, d’une même voix, louaient, et glorifiaient, et bénissaient Dieu dans la fournaise, disant :[46]

52. Vous êtes béni, Seigneur Dieu de nos pères, et louable, et glorieux, et souverainement exalté dans les siècles ; et béni est le nom saint de votre gloire, et louable et souverainement exalté dans tous les siècles.

53. Vous êtes béni dans le temple saint de votre gloire, et souverainement louable, et souverainement glorieux dans les siècles.[47]

54. Vous êtes béni sur le trône de votre royaume, souverainement louable et souverainement exalté dans les siècles.[48]

55. Vous êtes béni, vous qui regardez l’abîme, et qui êtes assis sur des chérubins ; et louable et souverainement exalté dans les siècles.[49]

56. Vous êtes béni dans le firmament du ciel, et louable et glorieux dans les siècles.

57. Bénissez le Seigneur, vous tous, ouvrages du Seigneur ; louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.

58. Bénissez le Seigneur, vous tous, anges du Seigneur, louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.

59. Bénissez le Seigneur, ô cieux ; louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.[50]

60. Bénissez le Seigneur, vous toutes, les eaux, qui êtes au-dessus des cieux ; louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.

61. Bénissez le Seigneur, vous toutes, les armées célestes du Seigneur ; louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.[51]

62. Bénissez le Seigneur, soleil et lune ; louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.

63. Bénissez le Seigneur, étoiles du ciel ; louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.

64. Bénissez le Seigneur, vous toutes, pluie et rosée ; louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.

65. Bénissez le Seigneur, vous tous, souffles de Dieu ; louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.[52]

66. Bénissez le Seigneur, feu et chaleur brûlante ; louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.

67. Bénissez le Seigneur, froid et chaleur brûlante ; louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.[53]

68. Bénissez le Seigneur, rosée et frimas ; louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.

69. Bénissez le Seigneur, gelée et froid ; louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.

70. Bénissez le Seigneur, glaces et neiges ; louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.

71. Bénissez le Seigneur, nuits et jours ; louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.

72. Bénissez le Seigneur, lumière et ténèbres ;louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.

73. Bénissez le Seigneur, éclairs et nuées ; louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.

74. Que la terre bénisse le Seigneur, qu’elle le loue et l’exalte souverainement dans les siècles.

75. Bénissez le Seigneur, montagnes et collines ; louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.

76. Bénissez le Seigneur, vous toutes, plantes qui germez dans la terre ; louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.

77. Bénissez le Seigneur, fontaines ; louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.

78. Bénissez le Seigneur, mers et fleuves ; louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.

79. Bénissez le Seigneur, grands poissons, et vous toutes, bêtes qui vous mouvez dans les eaux ; louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.

80. Bénissez le Seigneur, vous tous, oiseaux du ciel ; louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.

81. Bénissez le Seigneur, vous toutes, bêtes sauvages, et troupeaux ; louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.

82. Bénissez le Seigneur, fils des hommes ; louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.[54]

83. Qu’Israël bénisse le Seigneur ; qu’il le loue et l’exalte souverainement dans les siècles.

84. Bénissez le Seigneur, prêtres du Seigneur ; louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.

85. Bénissez le Seigneur, serviteurs du Seigneur ; louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.

86. Bénissez le Seigneur, esprits et âmes des justes ; louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.[55]

87. Bénissez le Seigneur, vous, saints et humbles de cœur ; louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.

88. Bénissez le Seigneur, Ananias, Azarias, Misaël ; louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles. Parce qu’il nous a arrachés à l’enfer, et qu’il nous a sauves de la main de la mort ; et qu’il nous a délivrés du milieu de la flamme ardente, et qu’il nous a retirés du milieu du feu.

89. Louez le Seigneur, parce qu’il est bon, parce que pour jamais est sa miséricorde.

90. Bénissez le Seigneur, le Dieu des dieux, vous tous, hommes religieux ; louez et célébrez-le, parce que dans tous les siècles est sa miséricorde.[56]

91. Alors le roi Nabuchodonosor fut frappé de stupeur, et il se leva promptement, et il dit aux grands de sa cour : Est-ce que nous n’avons pas jeté trois hommes au milieu du feu enchaînés ? Ceux-ci, répondant au roi, dirent : Il est vrai, ô roi.

92. Il répondit et dit : Voici que moi, je vois quatre hommes déliés et marchant au milieu du feu ; il n’y a rien en eux de corrompu, et le quatrième est semblable à un fils de Dieu.[57]

93. Alors Nabuchodonosor s’approcha de la fournaise du feu ardent, et dit : Sidrach, Misach, et Abdénago, serviteurs du Dieu très haut, sortez et venez. Et aussitôt Sidrach, Misach, et Abdénago sortirent du milieu du feu.

94. Et les satrapes, et les magistrats, et les juges, et les puissants auprès du roi, assemblés, contemplaient ces hommes, parce que le feu n’avait eu aucun pouvoir sur leur corps, et que pas un cheveu de leur tête n’avait été brûlé, et que leurs vêtements n’avaient reçu aucune atteinte, et que l’odeur du feu n’était pas venue jusqu’à eux.[58][59]

95. Et rompant le silence, Nabuchodonosor dit : Béni leur Dieu, c’est-à-dire le Dieu de Sidrach, de Misach et d’Abdénago, lequel a envoyé son ange et délivré ses serviteurs, qui ont cru en lui, qui ont enfreint la parole du roi, et ont livré leur corps pour ne servir et n’adorer aucun dieu, excepté leur Dieu,

96. Voici donc le décret qui par moi a été porté, c’est que tout peuple, tribu et langue quelconque, qui aura proféré un blasphème contre le Dieu de Sidrach, de Misach et d’Abdénago, périsse, et que sa maison soit dévastée ; car il n’est pas un autre dieu qui puisse ainsi sauver.[60]

97. Alors le roi éleva en dignité Sidrach, Misach et Abdénago, dans la province de Babylone.

98. Nabuchodonosor, roi, à tous les peuples, nations et langues qui habitent dans toute la terre : que la paix se multiplie pour vous.

99. Le Dieu très haut a fait chez moi des prodiges et des merveilles. Il m’a donc plu de publier

100. Ses prodiges, parce qu’ils sont grands, et ses merveilles, parce qu’elles sont puissantes ; et son royaume est un royaume éternel, et sa puissance sera pour toutes les générations.[61]

CHAPITRE 4.


1. Moi, Nabuchodonosor, j’étais tranquille dans ma maison, et florissant dans mon palais ;

2. J’ai vu un songe qui m’a fort épouvanté ; et mes pensées dans mon lit, et les visions de ma tête m’ont troublé.[62]

3. Et par moi fut publié le décret que fussent introduits en ma présence tous les sages de Babylone, afin qu’ils me donnassent l’explication de mon songe.

4. Alors entrèrent les devins, les mages, les Chaldéens et les augures, et je racontai le songe en leur présence, et ils ne m’en donnèrent point l’explication ;[63]

5. Jusqu’à ce que fut introduit en ma présence, leur collègue Daniel, dont le nom est aussi Baltassar, selon le nom de mon dieu, et qui a en lui l’esprit des dieux saints ; et je dis le songe devant lui.

6. Baltassar, prince des devins, parce que moi je sais que tu as en toi l’esprit des dieux saints, et que nul secret n’est impénétrable pour toi, dis la vision de mes songes, et leur explication.

7. Vision de ma tête dans mon lit : Je voyais, et voilà un arbre au milieu de la terre, et sa hauteur était excessive.

8. Cet arbre était grand et fort ; et sa hauteur atteignait le ciel ; sa vue s’étendait jusqu’aux extrémités de toute la terre.

9. Ses feuilles étaient très belles, et son fruit en très grande quantité, et en lui était la nourriture de tous ; les animaux et les bêtes sauvages y habitaient dessous, et sur ses rameaux demeuraient les oiseaux du ciel ; et de lui se nourrissait toute chair.[64]

10. Je voyais dans la vision de ma tête sur mon lit ; et voilà qu’un veillant et un saint descendit du ciel.[65]

11. Il cria fortement, et dit ainsi : Coupez l’arbre par le pied et retranchez ses branches ; faites tomber ses feuilles et jetez çà et là ses fruits ; qu’ils s’enfuient, les animaux qui habitent sous son ombre, et que les oiseaux s’envolent de ses branches.

12. Cependant laissez dans la terre le germe de ses racines, et qu’il soit attaché avec un lien de fer et d’airain parmi les herbes qui sont en plein air ; et que par la rosée du ciel il soit humecté, et qu’avec les bêtes féroces soit son partage dans l’herbe de la terre.[66]

13. Que son cœur d’homme soit échangé, et qu’un cœur de bête féroce lui soit donné ; et que sept temps soient renouvelés sur lui.[67]

14. Cela a été décrété par la sentence des veillants ; c’est la parole et la demande des saints, jusqu’à ce que les vivants sachent que le Très-Haut domine sur le royaume des hommes, et qu’il le donnera à quiconque il voudra, et qu’il y établira l’homme le plus humble.[68]

15. J’ai vu ce songe, moi, Nabuchodonosor, roi ; toi donc, Baltassar, donnes-en promptement l’interprétation, parce que tous les sages de mon royaume ne peuvent m’en dire la signification ; mais toi, tu le peux, parce que l’esprit des dieux saints est en toi.

16. Alors Daniel, dont le nom est Baltassar, commença sans rien dire à penser en lui-même environ une heure ; et ses pensées le troublaient. Mais, prenant la parole, le roi dit : Baltassar, que le songe et son interprétation ne te troublent point. Baltassar répondit, et dit : Mon Seigneur, que le songe soit pour ceux qui vous haïssent, et l’interprétation pour vos ennemis.[69]

17. L’arbre que vous avez vu élevé et fort, dont la hauteur touchait au ciel, et dont la vue s’étendait sur toute la terre ;

18. Et ses branches étaient très belles, et son fruit en très grande quantité, et en lui était la nourriture de tous ; les bêtes de la campagne habitaient dessous, et sur ses branches demeuraient les oiseaux du ciel ;

19. C’est vous, ô roi, qui êtes devenu grand et puissant ; et votre grandeur s’est accrue, et elle est parvenue jusqu’au ciel, et votre puissance s’est étendue jusqu’aux extrémités de toute la terre.

20. Quant à ce que le roi a vu, un veillant et un saint descendre du ciel et dire : Coupez l’arbre par le pied et dispersez-le ; cependant laissez le germe de ses racines dans la terre, et qu’il soit lié avec du fer et de l’airain parmi les herbes en plein air, et que de la rosée du ciel il soit arrosé, et qu’avec les bêtes féroces soit sa nourriture, jusqu’à ce que sept temps se soient renouvelés sur lui :[70]

21. Voici l’interprétation de la sentence du Très-Haut, qui atteint mon seigneur le roi.

22. On vous chassera loin des hommes, et avec les animaux et les bêtes féroces sera votre demeure, et vous mangerez du foin comme le bœuf, et de la rosée du ciel vous serez trempé ; sept temps aussi se renouvelleront sur vous, jusqu’à ce que vous sachiez que le Très-Haut domine sur le royaume des hommes, et qu’il le donne à quiconque il veut,[71]

23. Quant à ce qu’il a ordonné que le germe de ses racines, c’est-à-dire des racines de l’arbre, soit laissé ; votre royaume vous restera, après que vous aurez reconnu que la puissance vient du ciel.

24. À cause de cela, ô roi, que mon conseil vous soit agréable, et rachetez vos péchés par l’aumône, et vos iniquités par la miséricorde envers les pauvres ; peut-être qu’il vous pardonnera vos offenses.[72]

25. Toutes ces choses arrivèrent au roi Nabuchodonosor.[73]

26. Après la fin de douze mois, il se promenait dans le palais de Babylone.[74]

27. Et le roi prit la parole, et dit : N’est-ce pas là cette grande Babylone que moi j’ai bâtie comme le siège de mon royaume, dans la force de ma puissance et dans ma brillante gloire ?[75]

28. Et lorsque ces paroles étaient encore en la bouche du roi, une voix partit du ciel : Il t’est dit, ô Nabuchodonosor, roi : Ton empire passera loin de toi,

29. Et d’entre les hommes on te chassera, et avec les animaux et les bêtes féroces sera ta demeure : tu mangeras du foin comme le bœuf, et sept temps se renouvelleront sur toi, jusqu’à ce que tu saches que le Très-Haut domine sur le royaume des hommes, et qu’il le donne à quiconque il veut.

30. À la même heure cette parole fut accomplie sur Nabuchodonosor, et d’entre les hommes il fut chassé, et il mangea du foin comme le bœuf, et de la rosée du ciel son corps fut couvert : jusqu’à ce que ses cheveux s’accrurent comme les plumes d’un aigle, et ses ongles comme les griffes des oiseaux.[76]

31. Après donc la fin des jours, moi, Nabuchodonosor, j’ai levé les yeux vers le ciel, et le sens m’a été rendu ; et j’ai béni le Très-Haut, et j’ai loué et glorifié celui qui vit éternellement, parce que sa puissance est une puissance éternelle, et son royaume sera pour toutes les générations.[77]

32. Et tous les habitants de la terre sont réputés devant lui comme un néant ; il fait selon sa volonté, tant parmi les armées du ciel que parmi les habitants de la terre ; il n’est personne qui résiste à sa main, et qui lui dise : Pourquoi avez-vous fait ainsi ?[78]

33. En ce même temps le sens me revint, et je rentrai dans les honneurs et l’éclat de mon royaume, ma première forme me fut rendue, et mes grands et mes magistrats me recherchèrent, et je fus rétabli dans mon royaume, et une plus grande magnificence me fut donnée par surcroît.

34. Maintenant donc, moi, Nabuchodonosor, je loue et je magnifie et je glorifie le roi du ciel, parce que toutes ses œuvres sont vraies, et ses voies de vrais jugements, et qu’il peut humilier ceux qui marchent dans l’orgueil[79]

CHAPITRE 5.


1. Le roi Baltassar fit un grand destin à mille de ses grands, et chacun buvait selon son âge.[80]

2. Il ordonna donc, étant déjà ivre, qu’on apportât les vases d’or et d’argent que Nabuchodonosor son père avait emportés du temple qui fut à Jérusalem, afin que le roi, et ses grands, et ses épouses, et ses concubines y bussent.[81]

3. Alors furent apportés les vases d’or et d’argent, qu’il avait transportés du temple qui avait été à Jérusalem ; et le roi, et ses grands, et ses épouses et ses concubines y burent.

4. Ils buvaient du vin, et louaient leurs dieux d’or, et d’argent, et d’airain, et de fer, et de bois, et de pierre.

5. À la même heure apparurent des doigts, comme d’une main d’homme écrivant vis-à-vis du candélabre, sur la surface de la muraille du palais du roi, et le roi regardait les doigts de la main qui écrivait.

6. Alors le visage du roi changea, et ses pensées le troublaient ; et les jointures de ses reins se brisaient, et ses genoux se heurtaient l’un contre l’autre.[82]

7. C’est pourquoi le roi s’écria d’une voix forte qu’on introduisît les mages, les Chaldéens et les augures. Et élevant la voix, le roi dit aux sages de Babylone : Quiconque lira cette écriture et m’en donnera une interprétation manifeste sera revêtu de pourpre, et aura un collier d’or au cou, et sera le troisième dans mon royaume.[83][84]

8. Alors tous les sages du roi entrèrent, et ils ne purent lire l’écriture, ni en donner l’interprétation au roi.[85]

9. D’où le roi Baltassar fut extrêmement troublé, et son visage changea, mais ses grands aussi étaient troublés.[86]

10. Or la reine, à cause de ce qui était arrivé au roi et à ses grands, entra dans la maison du festin, et, élevant la voix, elle dit : Roi, vivez à jamais, que vos pensées ne vous troublent pas, et que votre visage ne change point.

11. Il est un homme dans votre royaume qui a en lui-même l’esprit des dieux saints ; et durant les jours de votre père, la science et la sagesse furent trouvées en lui ; car même Nabuchodonosor votre père l’établit prince des mages, des enchanteurs, des Chaldéens et des augures ; votre père, dis-je, ô roi ;[87]

12. Parce qu’un esprit plus étendu, et la prudence, et l’intelligence, et l’interprétation des songes, et la manifestation des secrets, et le dénoûment des choses liées furent trouvés en lui, c’est-à-dire en Daniel, à qui le roi donna le nom de Baltassar. Maintenant donc que Daniel soit appelé, et il donnera l’interprétation.

13. Ainsi Daniel fut introduit devant le roi. Le roi, s’étant adressé d’abord à lui, dit : Es-tu Daniel, un des fils de la captivité de Juda, que le roi mon père a amenés de Judée ?

14. J’ai ouï dire de toi que tu as l’esprit des dieux, et qu’une science, et une intelligence, et une sagesse plus étendues ont été trouvées en toi.

15. Et maintenant ont été introduits en ma présence les mages remplis de sagesse, afin de lire cette écriture, et de m’en donner l’interprétation ; et ils n’ont pu dire le sens de ces paroles.

16. Mais moi j’ai ouï dire de toi que tu peux interpréter les choses obscures, et délier les choses liées ; si donc tu peux lire cette écriture et m’en donner l’interprétation, tu seras vêtu de pourpre, tu auras un collier d’or autour de ton cou, et tu seras le troisième prince dans royaume.

17. À quoi répondant Daniel, il dit devant le roi : Que vos présents soient pour vous, et donnez les dons de votre maison à un autre ; mais je vous lirai l’écriture, ô roi, et je vous montrerai son interprétation.

18. Ô roi, le Dieu Très-Haut donna le royaume et la magnificence, la gloire et l’honneur, à Nabuchodonosor votre père.

19. Et à cause de la magnificence qu’il lui avait donnée, tous les peuples, les tribus, les langues tremblaient et le craignaient ; et il tuait ceux qu’il voulait, et il frappait ceux qu’il voulait, et il exaltait ceux qu’il voulait, et il humiliait ceux qu’il voulait.

20. Mais, quand son cœur se fut élevé, et que son esprit se fut affermi dans l’orgueil, il fut dépose du trône, et sa gloire lui fut ôtée.

21. Et il fut chassé loin des fils des hommes ; mais même son cœur fut mis avec les bêtes, et avec les onagres était sa demeure ; il mangeait aussi du foin comme le bœuf, et de la rosée du ciel son corps fut couvert, jusqu’à ce qu’il reconnût que le Très-Haut a pouvoir sur le royaume des hommes, et qu’il y élève celui qu’il veut.[88]

22. Vous aussi, son fils Baltassar, vous n’avez pas humilié votre cœur, lorsque vous saviez toutes ces choses ;

23. Mais contre le dominateur du ciel vous vous êtes élevé ; et les vases de sa maison ont été apportés devant vous ; et vous, et vos grands, et vos épouses, et vos concubines, y avez bu du vin ; et vous avez loué les dieux d’argent, et d’or, et d’airain, et de fer, et de bois, et de pierre, qui ne voient point, qui n’entendent point, qui ne sentent point ; mais le Dieu qui a en sa main votre souffle et toutes vos voies, vous ne l’avez pas glorifié.[89]

24. C’est pour cela qu’a été envoyé par lui le doigt de la main qui a écrit ce qui est tracé.

25. Or voici l’écriture qui a été tracée : MANÉ, THÉCEL, PHARÈS.[90]

26. Et voici l’interprétation de ces paroles : MANÉ : Dieu a compté les jours de votre règne, et il y a mis fin.

27. THÉCEL : Vous avez été pesé dans la balance, et vous avez été trouvé ayant trop peu de poids.

28. PHARÈS : Votre royaume a été divisé, et il a été donné aux Mèdes et aux Perses.

29. Alors, le roi ordonnant, Daniel fut vêtu de pourpre, et un collier d’or fut mis autour de son cou, et on publia à son sujet qu’il serait le troisième ayant la puissance dans son royaume.

30. Dans la même nuit, fut tué Baltassar, roi de Chaldée.

31. Et Darius le Mède lui succéda au royaume, étant âgé de soixante-deux ans.[91]

CHAPITRE 6.


1. Il plut à Darius d’établir sur le royaume cent vingt satrapes ; afin qu’il y en eût dans tout son royaume ;[92]

2. Et au-dessus d’eux, trois princes, dont un était Daniel ; afin que les satrapes leur rendissent compte, et que le roi n’eût aucune peine.

3. Ainsi Daniel était au-dessus de tous les princes et satrapes, parce que l’esprit de Dieu était plus abondant en lui.

4. Or le roi pensait à l’établir sur tout le royaume ; d’où les princes et les satrapes cherchaient à trouver un moyen d’accusation contre Daniel du côté du roi ; et ils ne purent découvrir aucune cause de suspicion, parce qu’il était fidèle, et qu’aucune faute et aucun soupçon ne se trouvaient en lui.[93]

5. Ces hommes dirent donc : Nous ne trouverons contre ce Daniel aucun moyen d’accusation, si ce n’est dans la loi de son Dieu.

6. Alors les princes et les satrapes surprirent le roi, et lui parlèrent ainsi : Darius, roi, vivez à jamais.

7. Tous les princes de votre royaume, les magistrats et les satrapes, les sénateurs et les juges, sont d’avis qu’un décret impérial paraisse, et un édit : Que quiconque fera quelque demande à quelque dieu ou à quelque homme que ce soit d’ici à trente jours, sinon à vous, ô roi, qu’il soit jeté dans la fosse aux lions.[94]

8. Maintenant donc, ô roi, confirmez cet avis, et écrivez le décret, afin que ce qui a été statué par les Mèdes et par les Perses ne soit pas changé, et qu’il ne soit permis à personne de le transgresser.[95]

9. Or le roi Darius proposa l’édit, et le publia.

10. Lorsque Daniel eut appris cela, c’est-à-dire la loi portée, il entra dans sa maison ; et, les fenêtres ouvertes, il fléchissait les genoux dans sa chambre haute trois fois le jour, tourné vers Jérusalem, et il adorait, et rendait grâce devant son Dieu, comme il avait accoutumé de faire auparavant.[96]

11. Ces hommes donc, épiant très soigneusement, trouvèrent Daniel priant et suppliant son Dieu.

12. Et, venant auprès du roi, ils lui dirent touchant l’édit : Ô roi, est-ce que vous n’avez pas décidé que tout homme qui jusqu’après trente jours prierait quelqu’un des dieux ou des hommes, sinon vous, ô roi, serait jeté dans la fosse aux lions ? Le roi, leur répondant, dit : Cette parole est véritable, selon le décret des Mèdes et des Perses, qu’il n’est pas permis de transgresser.[97]

13. Alors, répondant, ils dirent au roi : Daniel, un des enfants de la captivité de Juda, n’a tenu aucun compte de votre loi et de l’édit que vous avez porté ; mais trois fois par jour il fait sa prière accoutumée.

14. Lorsque le roi eut entendu cette parole, il fut extrêmement contristé, et il appliqua son cœur à délivrer Daniel, et jusqu’au coucher du soleil il travaillait à le sauver.[98]

15. Mais ces hommes, comprenant le roi, lui dirent : Sachez, ô roi, que c’est une loi des Mèdes et des Perses, que tout décret que le roi a porté ne peut être changé.

16. Alors le roi ordonna ; et ils amenèrent Daniel, et le jetèrent dans la fosse aux lions. Et le roi dit à Daniel : Ton Dieu, que tu adores toujours, c’est lui qui te délivrera.

17. Et l’on apporta une pierre, et elle fut placée sur l’ouverture de la fosse, que le roi scella de son anneau et de l’anneau de ses grands, afin qu’il ne fût rien fait contre Daniel.

18. Et le roi s’en alla à sa maison, et il se coucha sans avoir soupe ; et l’on n’apporta pas de nourriture devant lui ; de plus, le sommeil même s’éloigna de lui.

19. Après cela, le roi, s’étant levé au point du jour, alla en se hâtant à la fosse aux lions ;

20. Et, s’étant approché de la fosse, il appela Daniel d’une voix mêlée de larmes, et lui parla ainsi : Daniel, serviteur du Dieu vivant, ton Dieu que tu sers toujours a-t-il pu te délivrer des lions ?

21. Et Daniel, répondant au roi, dit : Ô roi, vivez à jamais ;

22. Mon Dieu a envoyé son ange, et a fermé les gueules des lions, et ils ne m’ont pas fait de mal, parce que devant lui la justice a été trouvée en moi ; mais même devant vous, ô roi, je n’ai pas fait de faute.[99]

23. Alors le roi se réjouit beaucoup à cause de lui, et il ordonna que Daniel fût tiré de la fosse ; et Daniel fut tiré de la fosse, et on ne trouva aucune blessure en lui, parce qu’il avait cru en son Dieu.

24. Or, le roi ayant commandé, les hommes qui avaient accusé Daniel furent amenés, et jetés dans la fosse aux lions, eux, leurs fils et leurs femmes ; et ils n’étaient pas parvenus jusqu’au pavé de la fosse, que les bons les saisirent et brisèrent tous leurs os.

25. Alors Darius le roi écrivit à tous les peuples, aux tribus, et aux langues, habitant dans toute la terre : Que la paix se multiplie pour vous.[100]

26. Par moi est établi le décret, que dans tout mon empire et mon royaume, on tremble et on craigne le Dieu de Daniel, car c’est lui qui est le Dieu vivant et éternel dans les siècles ; et son royaume ne sera pas détruit, et sa puissance subsistera éternellement.

27. C’est lui qui est le libérateur et le sauveur, faisant des prodiges et des merveilles dans le ciel et sur la terre ; lui qui a délivré Daniel de la fosse aux lions.

28. Or Daniel continua d’être en dignité jusqu’au règne de Darius, et au règne de Cyrus, roi de Perse.[101]

CHAPITRE 7.


1. En la première année de Baltassar, roi de Babylone, Daniel vit un songe ; mais cette vision de sa tête, il l’eut dans son lit ; et écrivant le songe, il le recueillit en peu de paroles, et le rapportant sommairement, il dit :[102][103]

2. Je voyais dans ma vision, durant la nuit, et voici que les quatre vents du ciel combattaient sur la grande mer.[104]

3. Et quatre grandes bêtes montaient de la mer, différentes entre elles.[105]

4. La première était comme une lionne, et elle avait des ailes d’aigle ; je la regardais jusqu’à ce que ses ailes furent arrachées et qu’elle fut élevée de terre ; et elle se tint sur ses pieds comme un homme ; et un cœur d’homme lui fut donné.

5. Et voici qu’une autre bête semblable à un ours, se tint à côté ; et il y avait trois rangs dans sa gueule et dans ses dents, et on lui disait ainsi : Lève-toi, mange beaucoup de chairs.

6. Après cela je regardais, et voici une autre bête comme un léopard, et elle avait quatre ailes d’oiseau au-dessus d’elle ; et cette bête avait quatre têtes, et la puissance lui fut donnée.[106]

7. Après cela je regardais dans cette vision de nuit, et voici une quatrième bête terrible et merveilleuse, et extrêmement forte ; elle avait de grandes dents de fer, mangeant, et mettant en pièces, et foulant les restes avec ses pieds ; mais elle était différente des autres bêtes que j’avais vues avant elle ; et elle avait dix cornes.

8. Je considérai ses cornes, et voici qu’une autre petite corne s’éleva du milieu d’elles ; et trois des premières cornes furent arrachées de sa face ; et voici que des yeux comme des yeux d’un homme étaient à cette corne, et qu’une bouche disait de grandes choses.[107]

9. Je regardais jusqu’à ce que des trônes furent placés, et un vieillard s’assit ; son vêtement était blanc comme la neige, et les cheveux de sa tête blancs comme une laine pure ; son trône, des flammes de feu ; ses roues, un feu brûlant.[108]

10. Un fleuve de feu et rapide sortait de sa face ; des milliers de milliers d’anges le servaient, et dix milliers de centaines de milliers d’anges assistaient devant lui ; le jugement se tint, et des livres furent ouverts.[109]

11. Je regardais à cause de la voix des grandes paroles que cette corne prononçait ; et je vis que la bête fut tuée, et que son corps périt, et qu’il fut livré pour être brûlé par le feu ;

12. Je vis aussi que la puissance des autres bêtes leur fut ôtée, et que les temps de vie leur furent marqués jusqu’à un temps et un temps.[110]

13. Je regardais donc dans la vision de nuit, et voici comme le fils d’un homme qui venait avec les nuées du ciel ; et il s’avança jusqu’au vieillard, et ils le présentèrent devant lui.[111]

14. Et il lui donna la puissance, et l’honneur, et le royaume ; et tous les peuples, tribus et langues le serviront ; sa puissance est une puissance éternelle, qui ne lui sera pas enlevée ; et son royaume, un royaume qui ne sera pas détruit.[112]

15. Mon esprit fut saisi d’effroi ; moi Daniel, je fus épouvanté de ces choses, et les visions de ma tête me troublèrent.[113]

16. Je m’approchai de l’un des assistants, et lui demandai la vérité sur toutes ces choses. Et il me donna l’interprétation des paroles, et il m’instruisit, disant :

17. Ces quatre grandes bêtes sont quatre royaumes qui s’élèveront de la terre.

18. Et les saints du Dieu très haut recevront le royaume, et ils le posséderont jusqu’au siècle et au siècle des siècles.[114]

19. Après cela je voulus soigneusement m’informer de la quatrième bête, qui était très différente de toutes les autres, et terrible ; ses dents et ses ongles étaient de fer ; elle mangeait, et mettait en pièces, et foulait les restes avec ses pieds ;

20. Je voulus m’informer aussi des dix cornes qu’elle avait à la tête, et de l’autre qui s’était élevée, devant laquelle étaient tombées trois cornes ; et de cette corne qui avait des yeux et une bouche qui disait de grandes choses et était plus grande que les autres.[115]

21. Je regardais, et voici que cette corne faisait la guerre aux saints et prévalait sur eux,

22. Jusqu’à ce que vint l’ancien des jours, et qu’il donna le jugement aux saints du Très-Haut ; et le temps arriva, et les saints possédèrent le royaume.[116]

23. Et il dit ainsi : La quatrième bête sera le quatrième royaume sur la terre, lequel sera plus grand que tous les autres royaumes, et dévorera toute la terre, et la foulera et la réduira en poudre.

24. Or les dix cornes de ce royaume même seront dix rois ; et un autre s’élèvera après eux, et celui-ci sera plus puissant que les premiers, et il humiliera trois rois.

25. Et il proférera des paroles contre le Très-Haut, et il brisera les saints du Très-Haut ; et il pensera qu’il peut changer les temps et les lois ; et ils seront livrés en sa main jusqu’à un temps, et deux temps, et la moitié d’un temps.[117]

26. Et le jugement se tiendra, afin que la puissance lui soit ôtée, et qu’il soit brisé, et qu’il périsse entièrement pour jamais ;[118]

27. Mais que le royaume, et la puissance, et l’étendue du royaume, laquelle est sous le ciel entier, soit donnée au peuple des saints du Très-Haut, dont le royaume est un royaume éternel, et tous les rois le serviront et lui obéiront.[119]

28. Ici est la fin de la parole. Moi, Daniel, jetais beaucoup troublé par mes pensées, et ma face changea en moi ; mais la parole, je la conservai dans mon cœur.[120]

CHAPITRE 8.


1. En la troisième année du règne du roi Baltassar, une vision m’apparut. Moi, Daniel, après ce que j’avais vu au commencement,[121][122]

2. Je vis en ma vision, quand j’étais au château de Suse, qui est dans la région d’Elam, je vis en ma vision que j’étais sur la porte d’Ulaï.[123]

3. Et je levai les yeux, et je vis : et voici un bélier qui se tenait devant le marais, ayant des cornes hautes, et l’une plus haute que l’autre et qui croissait. Ensuite[124]

4. Je vis que le bélier frappait de ses cornes contre l’occident, et contre l’aquilon, et contre le midi ; et aucune bête ne pouvait ni lui résister, ni se délivrer de sa puissance ; et il fit selon sa volonté, et il devint très puissant.[125]

5. Et je considérais attentivement ; mais voici qu’un bouc de chèvres venait de l’occident sur la face de toute la terre, et il ne touchait pas la terre ; or le bouc avait une corne remarquable entre les yeux.[126]

6. Et il vint jusqu’à ce bélier qui avait des cornes, et que j’avais vu se tenant devant la porte, et il courut à lui dans l’impétuosité de sa force.

7. Et lorsqu’il fut près du bélier, il se jeta avec furie sur lui, et le frappa, et brisa ses deux cornes ; et le bélier ne pouvait lui résister ; et lorsqu’il l’eut jeté à terre, il le foula aux pieds, et personne ne pouvait délivrer le bélier de sa puissance.

8. Alors le bouc des chèvres devint extrêmement grand ; et lorsqu’il eut crû, sa grande corne se rompit, et quatre cornes s’élevèrent sous celle-là vers les quatre vents du ciel.[127]

9. Et de l’une d’elles sortit une petite corne ; et elle devint grande vers le midi, et vers l’orient, et vers la force.[128]

10. Et elle s’éleva jusqu’à la force du ciel, et renversa une partie de la force, et des étoiles, et les foula aux pieds.[129]

11. Et elle s’éleva jusqu’au prince de la force, elle lui ravit son sacrifice perpétuel, et renversa le lieu de sa sanctification.[130]

12. Or la force lui fut donnée contre le sacrifice perpétuel, à cause des péchés ; et la vérité sera abattue sur la terre, et il agira, et il prospérera.

13. Et j’entendis un des saints parlant ; et un saint dit à l’autre, je ne sais lequel, qui parlait : Jusques à quand la vision, et le sacrifice perpétuel, et le péché qui a causé la désolation ; jusques à quand le sanctuaire, et la force sera foulée aux pieds ?

14. Et il dit : Jusqu’à un soir et un matin, deux mille trois cents jours, et le sanctuaire sera purifié.[131]

15. Or, il arriva que, lorsque je voyais, moi Daniel, la vision, et que j’en cherchais l’intelligence, voilà que s’arrêta en ma présence comme la ressemblance d’un homme.

16. Et j’entendis la voix d’un homme entre l’Ulaï, et il cria et me dit : Gabriel, fais-lui comprendre cette vision.[132]

17. Et il vint, et il s’arrêta près du lieu où moi j’étais ; et lorsqu’il fut venu, effrayé je tombai sur ma face, et il me dit : Comprends, fils d’un homme, parce qu’au temps de la fin s’accomplira la vision.

18. Et comme il me parlait, je tombai incliné vers la terre ; et il me toucha, et il me remit sur mes pieds,

19. Et il me dit : C’est moi qui te montrerai les choses qui doivent arriver au dernier moment de la malédiction, parce que le temps a sa fin.[133]

20. Le bélier que tu as vu, qui avait des cornes, est le roi des Mèdes et des Perses.

21. Mais le bouc des chèvres est le roi de« Grecs, et la grande corne qui était entre ses yeux, c’est le premier roi.[134]

22. Or celle-ci ayant été rompue, quatre se sont élevées à sa place ; quatre rois de sa nation s’élèveront, mais non avec sa force.

23. Et après leur règne, lorsque les iniquités se seront accrues, un roi à la face impudente viendra et comprendra les choses cachées ;[135]

24. Et sa puissance s’affermira, mais non par ses propres forces ; et il dévastera toutes choses au-delà de ce que l’on peut croire, et il prospérera, et il agira. Et il tuera des forts, et un peuple de saints[136]

25. Selon sa volonté, et la fraude sera dirigée par sa main ; et il élèvera son cœur, et dans son abondance de toutes choses il fera périr un très grand nombre de victimes, et contre le prince des princes il s’élèvera, et sans la main d’aucun homme il sera brisé.[137]

26. Et la vision du soir et du matin, qui a été mentionnée, est véritable ; toi donc, scelle la vision, parce que c’est après bien des jours qu’elle sera accomplie.[138]

27. Et moi Daniel, j’ai langui et j’ai été malade pendant des jours ; et, lorsque je me fus levé, je travaillais aux affaires du roi, et j’étais dans la stupeur au sujet de la vision, et il n’y avait personne qui l’interprétât.[139]

CHAPITRE 9.


1. En la première année de Darius, fils d’Assuérus, de la race des Mèdes, qui régna sur le royaume des Chaldéens ;[140][141]

2. La première année de son règne, moi, Daniel, je compris dans les livres le nombre des années, au sujet duquel la parole du Seigneur avait été adressée à Jérémie, le prophète, afin que fussent accomplis les soixante et dix ans de la désolation de Jérusalem.[142]

3. Et je posai ma face vers le Seigneur mon Dieu, pour prier et supplier dans les jeûnes, le sac et la cendre.

4. Et je priai le Seigneur mon Dieu, et je confessai mes fautes, et dis : Je vous conjure. Seigneur, Dieu grand et terrible, qui gardez l’alliance et la miséricorde à ceux qui vous aiment et qui gardent vos commandements.[143]

5. Nous avons péché, nous avons commis l’iniquité, nous avons agi avec impiété, et nous nous sommes retirés, et nous nous sommes détournés de vos commandements et de vos jugements.[144]

6. Nous n’avons pas obéi à vos serviteurs les prophètes, qui ont parlé en votre nom à nos rois, à nos princes, à nos pères, et à tout le peuple de la terre.

7. À vous, Seigneur, la justice, et à nous la confusion du visage, comme elle est aujourd’hui à l’homme de Juda, et aux habitants de Jérusalem, et à tout Israël ; à ceux qui sont près et à ceux qui sont loin, dans toutes les terres où vous les avez jetés à cause de leurs iniquités par lesquelles ils ont péché contre vous.

8. Seigneur, à nous la confusion du visage, et à nos rois, et à nos princes, et à nos pères qui ont péché.

9. Mais à vous, Seigneur notre Dieu, la miséricorde et la propitiation, parce que nous nous sommes retirés de vous ;

10. Et nous n’avons pas écouté la voix du Seigneur notre Dieu, afin de marcher dans sa loi qu’il nous a donnée par ses serviteurs les prophètes.

11. Et tout Israël a prévariqué contre votre loi, et il s’est détourné pour ne pas écouter votre voix ; et la malédiction a distillé sur nous, et l’exécration qui est écrite dans le livre de Moïse, serviteur de Dieu, parce que nous avons péché contre lui ;[145]

12. Et il a confirmé ses paroles qu’il a dites sur nous, et sur nos princes qui nous ont jugés, afin de faire venir sur nous un grand mal, tel qu’il n’en fut jamais sous le ciel, comme celui qui a été fait en Jérusalem.

13. Comme il est écrit dans la loi de Moïse, tout ce mal est venu sur nous ; et nous n’avons pas prié votre face. Seigneur notre Dieu, afin de revenir de nos iniquités, et de méditer votre vérité.[146]

14. Et le Seigneur a veillé sur le mal, et l’a amené sur nous ; il est juste, le Seigneur notre Dieu, en toutes ses œuvres qu’il a faites ; car nous n’avons pas écouté sa voix.

15. Et maintenant, Seigneur notre Dieu, qui avez tiré votre peuple de la terre d’Egypte par une main puissante, et qui vous êtes fait un nom comme il est aujourd’hui, nous avons péché, nous avons commis l’iniquité.[147]

16. Seigneur, par toute votre justice, je vous conjure, que votre colère et votre fureur soient détournées de votre cité, Jérusalem, et de votre montagne sainte. Car c’est à cause de nos péchés et des iniquités de nos pères, que Jérusalem et votre peuple sont en opprobre à tous autour de nous.

17. Maintenant donc exaucez, ô notre Dieu, la prière de votre serviteur et ses supplications ; et montrez votre face sur votre sanctuaire, qui est désolé, à cause de vous-même.

18. Inclinez, ô mon Dieu, votre oreille, et écoutez ; ouvrez vos yeux et voyez notre désolation, et la cité sur laquelle votre nom a été invoqué ; car ce n’est pas en vue de notre justice que, prosternés, nous répandons nos prières devant votre face, mais en vue de vos miséricordes abondantes.[148]

19. Exaucez-nous, Seigneur ; apaisez-vous, Seigneur ; soyez attentif et agissez ; ne tardez pas, à cause de vous-même, ô mon Dieu ; parce que votre nom a été invoqué sur la cité et sur votre peuple.

20. Et comme je parlais encore, et que je priais, et que je confessais mes péchés et les péchés de mon peuple Israël, et que prosterné, je répandais mes prières en la présence de mon Dieu, pour la montagne sainte de mon Dieu ;

21. Moi parlant encore dans ma prière, voilà que l’homme Gabriel, que j’avais vu dans la vision, au commencement, volant vite, me toucha au temps du sacrifice du soir.[149]

22. Et il m’instruisit, et il me parla, et dit : Daniel, maintenant je suis sorti afin de t’instruire, et que tu comprennes.

23. Dès le commencement de tes prières est sortie une parole ; mais moi je suis venu pour te la faire connaître, parce que tu es un homme de désirs ; toi donc, sois attentif à cette parole, et comprends la vision.[150]

24. Soixante-dix semaines ont été abrégées pour ton peuple et pour ta ville sainte, afin que soit abolie la prévarication, et que prenne fin le péché, et que soit effacée l’iniquité, et que vienne la justice éternelle, et que soient accomplies la vision et la prophétie, et que soit oint le saint des saints.[151] [152]

25. Sache donc, et remarque bien : Depuis que sortira la parole pour que de nouveau soit bâtie Jérusalem, jusqu’au Christ chef, il y aura sept semaines et soixante-deux semaines, et de nouveau sera bâtie la place publique et les murailles dans les temps difficiles.

26. Et après soixante-deux semaines, le Christ sera mis à mort ; et il ne sera pas son peuple, le peuple qui doit le renier. Et un peuple, avec un chef qui doit venir, détruira la cité et le sanctuaire ; et sa fin sera la dévastation, et après la fin de la guerre, la désolation décrétée.[153]

27. Mais il confirmera son alliance avec un grand nombre dans une semaine ; et au milieu de la semaine cesseront l’oblation et le sacrifice ; et l’abomination de la désolation sera dans le temple, et la désolation continuera jusqu’à la consommation et à la fin.[154]

CHAPITRE 10.


1. En la troisième année de Cyrus, roi des Perses, une parole fut révélée à Daniel, par le surnom Baltassar, une parole véritable, et une grande force ; et il comprit la parole ; car il est besoin d’intelligence dans cette vision.[155]

2. En ce jour-là, moi Daniel, je pleurais pendant les jours de trois semaines ;

3. Je ne mangeais pas de pain désirable, et la chair et le vin n’entrèrent pas dans ma bouche, et je ne répandis pas sur moi de parfum, jusqu’à ce que fussent accomplis les jours de trois semaines.[156]

4. Mais le vingt-quatrième jour du premier mois, j’étais près du grand fleuve qui est le Tigre.[157]

5. Et je levai mes yeux, et je vis ; et voici un homme vêtu de lin, et ses reins ceints d’un or très pur ;[158]

6. Et son corps était comme une chrysolithe, et sa face comme l’aspect de la foudre, et ses yeux comme une lampe ardente ; et ses bras et et ses parties basses jusqu’aux pieds, comme une apparence d’airain étincelant, et la voix de ses paroles, comme la voix d’une multitude.

7. Or, moi Daniel, je vis seul la vision, et les hommes qui étaient avec moi ne la virent pas ; mais une terreur extraordinaire se saisit d’eux, et ils s’enfuirent dans un lieu caché.

8. Mais moi étant demeuré seul, je vis cette grande vision ; et il ne resta pas en moi de force ; mais même mon visage fut changé en moi, et je séchai, et je n’eus aucune force.

9. Et j’entendis la voix de ses paroles ; et, en l’entendant, j’étais couché tout consterné sur ma face, et mon visage était collé à la terre.

10. Et voici qu’une main me toucha, et me dressa sur mes genoux et sur le plat de mes mains.

11. Et la voix me dit : Daniel, homme de désirs, entends les paroles que je te dis, et tiens-loi sur tes pieds ; car je suis maintenant envoyé vers toi. Et lorsqu’il m’eut dit ces paroles, je me tins debout tremblant.[159]

12. Et il me dit : Ne crains pas, Daniel, parce que dès le premier jour où tu as appliqué ton cœur à comprendre, afin de t’affliger en présence de ton Dieu, les paroles ont été entendues ; et je suis venu à cause de tes discours.

13. Or le prince du royaume des Perses m’a résisté durant vingt et un jours : et voilà que Michel, un des premiers princes, est venu à mon secours, et moi, je suis demeuré là près du roi des Perses.[160]

14. Mais je suis venu afin de l’apprendre ce qui doit arriver à ton peuple dans les derniers jours ; parce que la vision est encore pour ces jours.[161]

15. Et lorsqu’il me disait de telles paroles, j’abaissai mon visage contre terre, et je me tins en silence.

16. Et voici que comme la ressemblance du fils d’un homme toucha mes lèvres ; et ouvrant ma bouche, je parlai et je dis à celui qui était debout vis-à-vis de moi : Mon Seigneur, à votre vue mes jointures se sont brisées, et il n’est rien resté en moi de mes forces.[162]

17. Et comment le serviteur de mon Seigneur pourra-t-il parler avec mon Seigneur ? car il n’est rien resté en moi de mes forces, et même ma respiration est arrêtée.

18. Et de nouveau donc, comme la vision d’un homme me toucha, et me fortifia,[163]

19. Et dit : Ne crains pas, homme de désirs ; paix à toi ; prends courage et sois fort. Et comme il parlait avec moi, je pris des forces, et je dis : Parlez, mon Seigneur, parce que vous m’avez fortifié.[164]

20. Et il dit : Est-ce que tu sais pourquoi je suis venu vers toi ? Et maintenant je m’en retournerai afin de combattre contre le prince des Perses ; lorsque moi je sortais, le prince des Grecs a apparu venant vers moi.

21. Mais cependant je t’annoncerai ce qui est exprimé dans une écriture de vérité ; et il n’est personne qui m’aide en toutes ces choses, sinon Michel, votre prince.[165]

CHAPITRE 11.


1. Or moi, dès la première année de Darius le Mède, je me prêtais à ce qu’il devint fort et puissant.[166][167]

2. Et maintenant je vous annoncerai la vérité. Voici qu’il y aura encore trois rois en Perse, et le quatrième s’enrichira de très grandes richesses par-dessus tous les autres ; et lorsqu’il sera devenu puissant par ses richesses, il animera tous les peuples contre le royaume de la Grèce.[168][169]

3. Mais il s’élèvera un roi fort, et il dominera avec une grande puissance, et il fera ce qui lui plaira.[170]

4. Et lorsqu’il sera affermi, son royaume sera brisé, et sera partagé vers les vents du ciel, mais non pas entre ses descendants, ni selon la puissance avec laquelle il aura dominé ; car son royaume sera déchiré et passera à des étrangers outre ceux-là.[171][172]

5. Et le roi du midi se fortifiera, et un de ses princes prévaudra sur lui, et il dominera par sa puissance, car grande sera sa domination.[173]

6. Et, après des années accomplies, ils feront alliance ; et la fille du roi du midi viendra vers le roi de l’aquilon pour faire amitié ; mais elle n’acquerra pas la force du bras, et sa race ne subsistera pas ; et elle sera livrée, elle et les jeunes hommes qui l’ont amenée, et ceux qui la soutenaient en ces temps-là.[174]

7. Et il s’élèvera du germe de ses racines un plant ; et il viendra avec une armée, et entrera dans la province du roi de l’aquilon, et il les maltraitera, et il s’en rendra le maître.[175]

8. Et de plus, il emmènera captifs en Egypte leurs dieux, et leurs images taillées au ciseau comme aussi les vases précieux d’argent et d’or ; celui-là prévaudra contre le roi de l’aquilon.

9. Et le roi du midi entrera dans son royaume, puis il reviendra dans son propre pays.[176]

10. Mais ses fils seront irrités et assembleront une multitude de très nombreuses armées ; et l’un deux viendra, se hâtant et se répandant partout ; et il reviendra, et il s’animera, et il combattra contre ses forces.

11. Et irrité, le roi du midi sortira et combattra contre le roi de l’aquilon ; il préparera une très grande multitude de troupes, et une multitude sera livrée en sa main.[177]

12. Et il prendra la multitude, et son cœur s’élèvera ; et il abattra beaucoup de milliers ; mais il ne prévaudra pas.

13. Car le roi de l’aquilon reviendra, et préparera une multitude beaucoup plus grande qu’auparavant ; et à la fin des temps et des années, il viendra se hâtant avec une grande armée et des forces immenses.[178]

14. Et dans ces temps-là, un grand nombre s’élèveront contre le roi du midi ; et aussi les fils des prévaricateurs de ton peuple s’élèveront, afin qu’ils accomplissent la vision, et ils tomberont.[179]

15. Et le roi de l’aquilon viendra, et il formera un rempart, et il prendra des villes très fortifiées ; et les bras du midi ne pourront soutenir l’attaque, et ses hommes d’élite s’élèveront pour résister, et ils n’auront pas de force.

16. Et venant sur lui, il fera selon qu’il lui plaira, et il n’y aura personne qui tienne devant sa face ; et il s’arrêtera dans la terre illustre, et elle sera détruite par ses mains.[180]

17. Et il posera sa face pour venir s’emparer de tout son royaume ; il fera des conditions justes avec lui, il lui donnera une fille de ses femmes, afin de renverser son royaume ; mais il ne réussira pas, et elle ne sera pas pour lui.[181]

18. Et il tournera sa face vers les îles, et il en prendra beaucoup ; et il arrêtera le prince de son opprobre, et son opprobre retombera sur lui.[182]

19. Et il tournera sa face vers la terre de son empire, et il se heurtera, et il tombera, et on ne le trouvera pas.[183]

20. Et il s’élèvera à sa place un homme très vil et indigne de la majesté royale ; et en peu de jours il sera brisé, non dans la fureur ni dans un combat.[184]

21. Et il s’élèvera à sa place un prince méprisé, et l’honneur royal ne lui sera pas rendu ; et il viendra en secret, et il obtiendra le royaume par la fraude.

22. Et les bras du combattant seront vaincus devant sa face, et brisés, aussi bien que le chef de l’alliance.

23. Or, après l’amitié faite, il emploiera la fraude contre lui ; et il montera, et il triomphera avec un peuple peu nombreux.

24. Et il entrera dans les villes riches et opulentes, et il fera ce que n’ont pas fait ses pères et les pères de ses pères : il dissipera leurs rapines, leur butin, leurs richesses, et il formera des desseins contre les villes les plus fortes ; et cela jusqu’à un temps,[185]

25. Et sa force et son cœur s’animeront contre le roi du midi, avec une grande armée ; et le roi du midi sera excité au combat par des secours nombreux et très puissants ; et ils ne résisteront pas, parce qu’il se formera contre lui des complots,

26. Ceux qui mangent le pain avec lui le briseront ; et son armée sera accablée, et il tombera une très grande quantité de tués,

27. Et le cœur des deux rois sera porté à mal faire ; et à une même table ils parleront le mensonge ; et ils ne réussiront pas, parce que la fin est pour un autre temps encore.[186]

28. Et il retournera dans son pays avec de grandes richesses ; et son cœur sera contre l’alliance sainte ; et il agira, et il retournera dans son pays.[187]

29. Au temps marqué, il retournera, et il viendra vers le midi ; mais sa dernière expédition ne sera pas semblable à la première.

30. Et viendront contre lui des trirèmes et des Romains ; et il sera frappé, et il retournera, et il sera indigné contre l’alliance du sanctuaire, et il agira, et il retournera, et il formera des desseins même contre ceux qui ont abandonné l’alliance du sanctuaire.[188]

31. Et des bras armés par lui se lèveront, et souilleront le sanctuaire de la force, et feront cesser le sacrifice perpétuel, et ils ajouteront à l’abomination la désolation.[189]

32. Et contre l’alliance, les impies useront d’une feinte trompeuse ; mais le peuple connaissant son Dieu prévaudra et agira.[190]

33. Et les savants parmi le peuple instruiront bien des gens, et ils tomberont sous le glaive, dans la flamme, en captivité, et par un brigandage de plusieurs jours.[191]

34. Et lorsqu’ils seront tombés, ils seront soulagés par un très petit secours, et beaucoup se joindront à eux frauduleusement.[192]

35. Et d’entre ces savants, plusieurs succomberont, afin qu’ils passent par le feu, qu’ils soient purifiés, et qu’ils deviennent blancs jusqu’au temps déterminé, parce qu’il y aura encore un autre temps.[193]

36. Et le roi agira selon sa volonté, et il s’élèvera et se glorifiera, contre tout dieu ; et contre le Dieu des dieux il parlera avec arrogance, et il prospérera, jusqu’à ce que le courroux de Dieu contre son peuple soit accompli ; car la décision a été prise.

37. Et il comptera pour rien le Dieu de ses pères ; et il sera livré à la concupiscence des femmes, et il n’aura souci d’aucun des dieux, parce qu’il s’élèvera contre toutes choses,[194]

38. Mais il vénérera en son lieu le dieu Maozim, et il honorera le dieu que ses pères ont ignoré, avec de l’or et de l’argent, et des pierres précieuses, et d’autres choses précieuses.[195]

39. Et il fera en sorte de fortifier Maozim avec un dieu étranger qu’il a connu, et il multipliera leur gloire, et il leur donnera la puissance sur un grand nombre ; et il partagera la terre gratuitement.[196]

40. Et, au temps marqué, le roi du midi combattra contre lui ; et comme une tempête viendra contre lui le roi de l’aquilon, avec des chars et des cavaliers, et une grande flotte ; et il entrera dans ses terres et les détruira, et passera au-delà.[197]

41. Et il entrera dans la terre glorieuse, et beaucoup de terres seront ruinées ; or celles-là seules seront sauvées de sa main : Edom et Moab, et le commencement des fils d’Ammon.[198]

42. Et il étendra sa main sur les terres, et la terre d’Egypte n’échappera pas.

43. Et il se rendra maître des trésors d’or et d’argent, et de toutes les choses précieuses de l’Egypte : il passera aussi au travers de la Libye et de l’Ethiopie.

44. Et des bruits venant de l’orient et de l’aquilon le troubleront ; et il viendra avec une grande multitude, afin de briser et de tuer un très grand nombre.

45. Et il plantera son tabernacle à Apadno entre des mers sur une montagne illustre et sainte ; et il viendra jusqu’à son sommet, et personne ne le secourra.

CHAPITRE 12.

1. Mais en ce temps-là s’élèvera Michel le grand prince, qui est pour les fils de ton peuple ; et viendra un temps, tel qu’il n’y en a pas eu depuis que les nations ont commencé d’être jusqu’alors. Et en ce temps-là, sera sauvé quiconque de ton peuple sera trouvé écrit dans le livre.[199]

2. Et beaucoup de ceux qui dorment dans la poussière de la terre s’éveilleront : les uns pour la vie éternelle, et les autres pour l’opprobre, afin qu’ils le voient toujours.[200]

3. Or ceux qui auront été savants brilleront comme la splendeur du firmament, et ceux qui enseignent la justice à un grand nombre, seront comme les étoiles dans les perpétuelles éternités.[201]

4. Mais toi, Daniel, ferme les paroles, et scelle le livre jusqu’au temps déterminé ; beaucoup le parcourront et la science sera multipliée.[202]

5. Et je vis, moi Daniel, et voilà comme deux autres hommes qui se tenaient debout : l’un en deçà, sur la rive du fleuve, et l’autre au-delà, sur la rive du fleuve.[203]

6. Et je dis à l’homme qui était vêtu de lin, qui se tenait sur les eaux du fleuve : Quand sera la fin de ces prodiges ?[204]

7. Et j’entendis l’homme qui était vêtu de lin, qui se tenait debout sur les eaux du fleuve, lorsqu’il eut élevé sa main droite et sa main gauche au ciel, et qu’il eut juré par celui qui vit éternellement, en disant : Dans un temps, et deux temps, et la moitié d’un temps. Et quand la dispersion de l’assemblée du peuple saint sera accomplie, toutes ces choses seront accomplies.

8. Et moi j’entendis et ne compris pas. Et je dis : Mon Seigneur, qu’est-ce qui sera après ceci ?

9. Et il dit : Va, Daniel ; car les paroles sont fermées et scellées jusqu’au temps fixé.

10. Beaucoup seront purifiés, et deviendront blancs et éprouvés comme le feu, et les impies agiront avec impiété, et aucun des impies ne comprendra ; mais les savants comprendront.[205]

11. Et depuis le temps qu’aura été aboli le sacrifice perpétuel, et qu’aura été établie l’abomination de la désolation, il s’écoulera mille deux cent quatre-vingt-dix jours.

12. Bien heureux celui qui attend et qui parvient jusqu’à mille trois cent trente-cinq jours.[206]

13. Mais toi, va jusqu’au terme fixé, et tu seras en repos, et tu demeureras dans ton état jusqu’à la fin des jours.[207]

CHAPITRE 13.


1. Or il y avait un homme habitant à Babylone, et son nom était Joakim.[208]

2. Et il prit une femme du nom de Susanne, fille d’Helcias, fort belle, et craignant Dieu.[209]

3. Car, comme ses parents étaient justes, ils élevèrent leur fille selon la loi de Moïse.

4. Or, Joakim était très riche, et il avait un verger près de sa maison ; et les Juifs affluaient souvent chez lui, parce qu’il était le plus considérable de tous.

5. Et on établit juges d’entre le peuple en cette année là deux vieillards, dont le Seigneur a parlé, disant : L’iniquité est sortie de Babylone par des juges vieillards qui paraissaient gouverner le peuple.[210]

6. Ces juges se rendaient fréquemment dans la maison de Joakim, et tous ceux qui avaient des contestations venaient vers eux.

7. Mais lorsque le peuple s’en était allé sur le midi, Susanne entrait et se promenait dans le verger de son mari.

8. Et les vieillards la voyaient tous les jours entrant et se promenant ; et ils conçurent une violente passion pour elle ;

9. Et leur sens fut perverti, et ils détournèrent leurs yeux afin de ne pas voir le ciel, et de ne pas se souvenir des justes jugements.[211]

10. Ils étaient donc tous deux blessés par l’amour de Susanne, et ils ne se dirent pas l’un à l’autre leur peine ;

11. Car ils rougissaient de se faire connaître leur passion, voulant tous deux l’assouvir.

12. Et ils épiaient tous les jours avec la plus grande vigilance le moment de la voir. Et l’un dit à l’autre :

13. Allons à la maison, car c’est l’heure du dîner. Et, étant sortis, ils se séparèrent.[212]

14. Mais, comme ils revinrent, ils se trouvèrent ensemble ; et, s’en demandant mutuellement la cause, ils s’avouèrent leur passion ; et alors ils fixèrent ensemble le temps, quand ils pourraient la trouver seule.

15. Or, il arriva que, lorsqu’ils épiaient le jour convenable, Susanne entra, comme la veille et l’avant-veille, seulement avec deux jeunes filles, et voulut se baigner dans le verger, car il faisait chaud.[213]

16. Et il n’y avait là personne, excepté les deux vieillards cachés, et qui la regardaient.

17. Et elle dit donc aux jeunes filles : Apportez-moi de l’huile et des savons, et fermez les portes du verger, afin que je me baigne.

18. Et elles firent comme elle avait ordonné, et elles fermèrent les portes du verger, et sortirent par la porte de derrière, pour apporter ce qu’elle avait commandé, et elles ne savaient pas que les vieillards fussent cachés au dedans du verger.

19. Mais, lorsque les servantes furent sorties, les deux vieillards se levèrent et accoururent à elle, et dirent :

20. Voici que les portes du jardin sont fermées, et personne ne nous voit, nous avons conçu une violente passion pour vous ; à cause de cela, rendez-vous à nos désirs et livrez-vous à nous.

21. Que si vous ne voulez pas, nous porterons contre vous témoignage, qu’il y avait avec vous un jeune homme, et que c’est pour cela que vous avez renvoyé les jeunes filles d’auprès de vous.

22. Susanne soupira, et dit : Je suis dans des angoisses de toutes parts ; car si je fais cela, c’est la mort pour moi ; et si je ne le fais point, je n’échapperai pas à vos mains.

23. Mais il est mieux pour moi de tomber sans crime en vos mains, que de pécher en la présence du Seigneur.

24. Et Susanne s’écria d’une voix forte ; mais les vieillards s’écrièrent aussi contre elle.

25. Et l’un d’eux courut aux portes du verger, et les ouvrit.

26. Lors donc que les serviteurs de la maison entendirent les cris dans le verger, ils coururent par la porte de derrière, afin de voir ce que c’était.

27. Mais, après que les vieillards eurent parlé, les serviteurs rougirent d’une honte extrême, parce que jamais parole de cette sorte n’avait été dite de Susanne. Et le lendemain arriva.

28. Et comme le peuple vint vers Joakim, son mari, vinrent aussi les deux vieillards, pleins d’une pensée inique contre Susanne, afin de la faire mourir.

29. Et ils dirent devant le peuple : Envoyez vers Susanne, fille d’Helcias, femme de Joakim. Et aussitôt on y envoya.

30. Et elle vint avec son père et sa mère, et ses fils, et tous ses parents.

31. Or Susanne était extrêmement gracieuse et belle de visage.

32. Mais ces hommes iniques commandèrent qu’on lui ôtât son voile (car elle était voilée), afin qu’au moins, de cette manière, ils se rassasiassent de sa beauté.[214]

33. Et ses parents pleuraient, et tous ceux qui la connaissaient.

34. Cependant les deux vieillards, se levant au milieu du peuple, mirent leurs mains sur sa tête.[215]

35. Et elle, en pleurant, leva les yeux au ciel, car son cœur avait confiance au Seigneur.

36. Et les vieillards dirent : Comme nous nous promenions seuls dans le verger, cette femme est entrée avec deux jeunes servantes, et elle a fermé les portes du verger, et renvoyé d’auprès d’elle les jeunes filles.

37. Et est venu vers elle un jeune homme qui était caché et a commis le crime avec elle.

38. Pour nous, comme nous étions dans un coin du verger, voyant cette iniquité, nous avons couru vers eux et les avons vus ensemble.

39. À la vérité, nous n’avons pu saisir le jeune homme, parce qu’il était plus fort que nous, et qu’après avoir ouvert les portes, il est sorti avec précipitation.

40. Mais elle, lorsque nous l’avons eu prise, nous lui ayons demandé quel était ce jeune homme, et elle n’a pas voulu nous le faire connaître ; de ceci nous sommes témoins.

41. La multitude les crut comme vieillards et juges du peuple ; et ils la condamnèrent à mort.[216]

42. Mais Susanne s’écria d’une voix forte, et dit : Dieu éternel, qui connaissez les choses cachées, qui connaissez toutes choses avant qu’elles soient faites,

43. Vous savez qu’ils ont porté un faux témoignage contre moi ; et voilà que je meurs, quoique je n’aie rien fait de tout ce que ces hommes ont malicieusement inventé contre moi.

44. Or le Seigneur exauça sa voix.

45. Et comme on la conduisait à la mort, le Seigneur suscita l’esprit saint d’un jeune enfant dont le nom est Daniel ;[217]

46. Et il s’écria d’une voix forte : Je suis innocent du sang de cette femme.

47. Et tout le peuple s’étant tourné vers lui, dit : Quelle est cette parole que tu as dite ?

48. Et lui, se tenant debout au milieu d’eux, dit : C’est ainsi, insensés, enfants d’Israël, que ne jugeant et ne connaissant pas ce qui est véritable, vous condamnez une fille d’Israël ?

49. Retournez au jugement, car ils ont porté un faux témoignage contre elle.

50. Le peuple donc retourna promptement, et les anciens lui dirent : Viens, et assieds-toi au milieu de nous, et éclaire-nous, parce que Dieu t’a donné l’honneur de la vieillesse.

51. Et Daniel leur dit : Séparez-les l’un de l’autre, et je les jugerai.

52. Lors donc qu’ils furent séparés l’un de l’autre, il appela l’un d’eux, et lui dit : Vieillard plein de jours mauvais, maintenant ils sont venus, les péchés que vous commettiez auparavant,[218]

53. Rendant des jugements injustes, opprimant les innocents et renvoyant les coupables, le Seigneur disant : Tu ne feras pas mourir un juste et un innocent.[219]

54. Maintenant donc, si vous l’avez vue, dites sous quel arbre vous les avez vus s’entretenant. Et il dit : Sous un lentisque.

55. Or Daniel dit : Vous avez précisément menti contre votre tête ; car voici qu’un ange de Dieu, ayant reçu sa sentence, vous coupera par le milieu.[220]

56. Et l’ayant fait retirer, il commanda que l’autre vînt, et il lui dit : Race de Chanaan, et non de Juda, la beauté vous a séduit, et la passion a perverti votre cœur.

57. C’est ainsi que vous agissiez avec les filles d’Israël, et elles, saisies de crainte, vous parlaient ; mais la fille de Juda n’a pas souffert votre iniquité.

58. Maintenant donc, dites-moi sous quel arbre vous les avez surpris se parlant. Et il dit : Sous une yeuse.

59. Or Daniel lui dit : Vous avez précisément menti vous aussi contre votre tête, car l’ange du Seigneur est tout prêt, ayant le glaive afin de vous couper par le milieu, et de vous tuer tous deux.

60. C’est pourquoi toute l’assemblée s’écria d’une voix forte, et ils bénirent Dieu qui sauve ceux qui espèrent en lui.

61. Et ils s’élevèrent contre les deux vieillards (car Daniel les avait convaincus par leur propre bouche qu’ils avaient porté un faux témoignage), et ils les traitèrent selon le mal qu’ils avaient fait à leur prochain,

62. Afin d’agir suivant la loi de Moïse, et ils les mirent à mort, et un sang innocent fut sauvé en ce jour-là.[221]

63. Or Helcias et sa femme louèrent Dieu pour leur fille Susanne, avec Joakim, son mari, et tous les parents, parce qu’aucune chose honteuse n’avait été trouvée en elle.

64. Mais Daniel devint grand en la présence du peuple, depuis ce jour-là et dans la suite.

65. Et le roi Astyage fut réuni à ses pères, et Cyrus le Perse reçut son royaume.[222]

CHAPITRE 14.


1. Or Daniel était convive du roi, et honoré au-dessus de tous ses amis.

2. Il y avait aussi chez les Babyloniens une idole du nom de Bel, et on employait pour elle chaque jour douze artabes de fleur de farine, et quarante brebis, et six amphores de vin.[223]

3. Le roi aussi l’honorait, et allait chaque jour l’adorer ; mais Daniel adorait son Dieu. Et le roi lui dit : Pourquoi n’adores-tu pas Bel ?

4. Et Daniel, répondant, lui dit : Parce que je n’honore pas les idoles faites à la main, mais le Dieu vivant, qui a créé le ciel et la terre, et qui a puissance sur toute chair.[224]

5. Et le roi lui dit : Bel ne te semble-t-il pas un Dieu vivant ? Est-ce que tu ne vois pas combien il mange et boit chaque jour.?

6. Et Daniel dit en souriant : Ne vous y trompez pas, ô roi, car Bel au dedans est d’argile, et au dehors, d’airain, et il ne mange jamais.[225]

7. Et le roi irrité appela ses prêtres, et leur dit : Si vous ne me dites qui est celui qui mange tout ce qui se dépense ainsi, vous mourrez.

8. Mais, si vous montrez que Bel mange ces choses, Daniel mourra, parce qu’il a blasphémé contre Bel. Et Daniel dit au roi : Qu’il soit fait selon votre parole.

9. Or il y avait soixante-dix prêtres de Bel, outre les femmes, et les petits enfants, et les fils. Et le roi vint avec Daniel au temple de Bel.[226]

10. Et les prêtres de Bel dirent : Voici que nous, nous sortons dehors ; et vous, ô roi, mettez les aliments et mêlez le vin ; et fermez la porte et la scellez de votre anneau ;[227]

11. Et, lorsque vous serez entré le matin, si vous ne trouvez pas que tout ait été mangé par Bel, nous mourrons de mort, nous, ou Daniel qui a menti contre nous.[228]

12. Mais ils parlaient par bravade, parce qu’ils avaient fait sous la table une entrée secrète ; et ils s’introduisaient toujours par là, et dévoraient le tout.

13. Il arriva donc qu’après que ceux-ci furent sortis, le roi mit des aliments devant Bel ; Daniel ordonna à ses serviteurs, et ils apportèrent de la cendre, et il la cribla et la répandit dans tout le temple, devant le roi ; et, étant sortis, ils fermèrent la porte, et, la scellant de l’anneau du roi, ils s’en allèrent.

14. Or les prêtres entrèrent la nuit, selon leur coutume, ainsi que leurs femmes et leurs enfants, et ils mangèrent et burent tout.

15. Mais le roi se leva au point du jour, et Daniel avec lui.

16. Et le roi dit : Les sceaux sont-ils intacts, Daniel ? et il répondit : Intacts, ô roi.

17. Et aussitôt qu’il eut ouvert la porte, le roi, ayant regardé la table, s’écria d’une voix forte : Tu es grand, Bel, et il n’y a en toi aucune fraude.

18. Et Daniel rit, et il retint le roi, afin qu’il n’avançât pas plus avant, et il dit : Voici le pavé, remarquez de qui sont ces traces de pieds.

19. Et le roi dit : Je vois des traces de pieds d’hommes, et de femmes, et d’enfants. Et le roi fut irrité.

20. Alors il fit saisir les prêtres, leurs femmes et leurs enfants ; et ils lui montrèrent les petites portes secrètes par lesquelles ils entraient, et mangeaient ce qui était sur la table.

21. Le roi les fit donc mourir, et livra Bel en la puissance de Daniel, qui le renversa ainsi que son temple.

22. Il y avait aussi un grand dragon en ce lieu-là, et les Babyloniens l’adoraient.[229]

23. Et le roi dit à Daniel : Voici maintenant, tu ne peux pas dire que celui-ci ne soit pas un Dieu vivant : Adore-le donc.

24. Et Daniel dit : J’adore le Seigneur mon Dieu, parce que c’est lui qui est un Dieu vivant ; mais celui-ci n’est pas un Dieu vivant.

25. Mais vous, ô roi, donnez m’en le pouvoir, et je tuerai le dragon sans glaive et sans bâton. Et le roi dit : Je te le donne.

26. Daniel prit donc de la poix et de la graisse et des poils, et les fit cuire ensemble ; et il en fit des masses, et les jeta dans la gueule du dragon, et le dragon creva. Et Daniel dit : Voici ce que vous adoriez.

27. Lorsque les Babyloniens eurent appris cela, ils furent extrêmement indignés, et, s’étant assemblés contre le roi, ils dirent : Le roi est devenu Juif ; il a détruit Bel, il a tué le dragon, et il a fait mourir les prêtres.

28. Et ils dirent, lorsqu’ils furent venus vers le roi : Livrez-nous Daniel ; autrement nous vous tuerons, vous et votre maison.

29. Le roi vit donc qu’ils venaient à lui avec violence ; et, contraint par la nécessité, il leur livra Daniel.

30. Ils le jetèrent dans la fosse aux lions, et il y demeura six jours.

31. Or dans la fosse étaient sept lions, et on leur donnait deux corps chaque jour, et deux brebis ; mais alors on ne leur en donna point, afin qu’ils dévorassent Daniel.[230]

32. Or Habacuc, le prophète, était en Judée, et il avait fait cuire un mets, et il avait émietté des pains dans un vase, et il allait au champ, pour les porter aux moissonneurs.[231]

33. Et l’ange du Seigneur dit à Habacuc : Porte le dîner que tu as à Babylone, à Daniel, qui est dans la fosse aux lions.

34. Et Habacuc dit : Seigneur, je n’ai jamais vu Babylone, et la fosse, je ne la connais pas.

35. Et l’ange du Seigneur le prit par le sommet de sa tête, et le porta par les cheveux, et le mit à Babylone, sur la fosse, avec la rapidité de son esprit.[232]

36. Et Habacuc cria, disant : Daniel, serviteur de Dieu, prends le dîner que Dieu t’a envoyé.

37. Et Daniel dit : Vous vous êtes souvenu de moi, ô Dieu, et vous n’avez pas abandonné ceux qui vous aiment.

38. Et Daniel se levant mangea. Mais l’ange du Seigneur remit aussitôt Habacuc en son lieu.[233]

39. Et le roi vint au septième jour, afin de pleurer Daniel ; et il vint à la fosse, et il regarda dedans, et voici Daniel assis au milieu des lions.

40. Et le roi s’écria d’une voix forte, disant : Vous êtes grand. Seigneur Dieu de Daniel. Et il le retira de la fosse aux lions.

41. Mais ceux qui avaient voulu sa perte, il les jeta dans la fosse ; et ils furent dévorés en un moment devant lui.

42. Alors le roi dit : Que tous ceux qui habitent sur toute la terre redoutent le Dieu de Daniel ; parce que c’est lui qui est le sauveur sur la terre, faisant des prodiges et des merveilles, lui qui a délivré Daniel de la fosse aux lions.

  1. Dn. 1,1-21 : Ire partie : Partie historique, du chapitre 1 au chapitre 6. ― Le but de cette partie du livre de Daniel n’est pas de donner une histoire sommaire de la captivité ou de la vie du Prophète, mais de nous faire connaître les moyens que Dieu employa, pendant cette période de châtiment et de désolation pour consoler, encourager et soutenir Israël, en lui montrant que Dieu ne l’avait pas abandonné. ― 1o Le premier chapitre forme l’introduction à tout le livre, en nous apprenant comment Daniel fut élevé à la cour même du roi.
  2. Dn. 1,1 : En la troisième année, etc. Nabuchodonosor partit de Babylone vers la fin de cette année, et vint former le siège de Jérusalem du commencement de la suivante (voir Jérémie, 25, 1). ― * La troisième année du règne de Joakim est l’an 606 avant Jésus-Christ. ― Sur Nabuchodonosor, voir Jérémie, 21, 2.
  3. Dn. 1,2. La terre de Sennaar ; ancien nom de la Babylonie (Genèse, 10, 10. — Son dieu ; Bel ou Belus, dont le temple était le plus riche et le plus somptueux de tous ceux de Babylone.
  4. Dn. 1,3 : Préposé des eunuques (præpositus eunuchorum) ; c’est-à-dire chef des officiers de la cour. On donnait communément le nom d’eunuques aux officiers du palais des rois d’Orient, parce que pour l’ordinaire ils étaient réellement eunuques. ― Des princes ; des premiers par le rang ; c’est le vrai sens du tyrannorum de la Vulgate, expliqué par l’hébreu ou plutôt par l’idiome des anciens Perses, car l’hébreu Phartemîn ou Partemîn, tire probablement son origine de Pardomim, qui signifie en effet les grands, les premiers (primi, magnates). Nous dirons de même des différentes leçons des Septante, (partommein, porthemmein, phortommin, porthommein).
  5. Dn. 1,4 : De jeunes hommes (pueros). Tout ce qui est dit de Daniel et de ses compagnons dans ce chapitre et les suivants, prouve qu’ils étaient au moins adolescents. D’ailleurs le terme hébreu est pris plus d’une fois dans ce sens, aussi bien que le mot latin puer, qui se dit d’un garçon de 17 ans, et que Cicéron lui-même a appliqué à Octave âgé de 19 ans. ― Les lettres (litteras) ; les caractères de l’écriture des Chaldéens qui différait de celle des Hébreux. C’est aussi le sens du texte original, et en particulier des Septante qui traduisent d’ailleurs (voir verset 17) le même mot hébreu par grammaire. ― * L’écriture cunéiforme ou assyrienne, qu’on enseignait dans l’école royale, était très compliquée et fort difficile à apprendre. On enseignait de plus, dans cette école, une langue antique, nécessaire pour bien comprendre les monuments anciens, la grammaire, l’histoire, la géographie, l’astronomie, les sciences magiques, etc. C’est ce que nous attestent les livres écrits sur des tablettes d’argile, qui formaient les bibliothèques assyro-chaldéennes, et dont des restes considérables ont été retrouvés.
  6. Dn. 1,5 : En présence du roi ; pour le servir.
  7. Dn. 1,7 : Leur donna des noms. Le changement des noms était une marque de domaine et d’autorité ; les maîtres, en prenant des esclaves, leur donnaient de nouveaux noms. ― En assyrien, Abdénago devait s’appeler Abed-Nebo, ce qui signifie « serviteur du dieu Nébo. » La signification exacte de Sidrach et de Misach est inconnue. ― Baltassar. La véritable forme assyrienne est Balatsu-usur, (Dieu) protège sa vie.
  8. Dn. 1,8 : Daniel résolut, etc. Les païens mangeaient indifféremment de toutes sortes de viandes, et par conséquent de celles qui étaient défendues aux Juifs (voir Lévitique, chapitre 11 ; Deutéronome, chapitre 14). De plus ils consacraient à leurs dieux tout ce qui était servi sur la table.
  9. Dn. 1,9 : Le prince ; est le même que le préposé des eunuques.
  10. Dn. 1,11 : Malasar est un titre de dignité.
  11. Dn. 1,17 : Livre (liber). La Vulgate a traduit (voir verset 4) par lettres, le même mot hébreu qu’elle rend ici par livre. Voir le verset 4. ― De toutes les visions, etc., envoyées de Dieu lui-même.
  12. Dn. 1,19 : En présence du roi ; pour le servir. Comparer au verset 5.
  13. Dn. 1,20 : Dix fois plus de lumières, de connaissances.
  14. Dn. 1,21 : Daniel fut, etc. Comparer à Daniel, 6, 28 ; 10, 1 ; 14, 1.
  15. Dn. 2,1-49 : 2o Le second chapitre contient le récit d’un songe de Nabuchodonosor, en 602 ou 603, et l’explication qu’en donna Daniel. Le roi avait vu une statue dont la tête était d’or, la poitrine et les bras d’argent, le ventre et les cuisses de bronze, les jambes de fer, une partie des pieds de fer et l’autre d’argile. Le Prophète expliqua au roi, comme Joseph l’avait fait autrefois au pharaon, la signification du songe. Les diverses parties de la statue marquaient les empires qui devaient se succéder dans le monde : la tête d’or, c’est l’empire de Nabuchodonosor ; la poitrine d’argent, c’est l’empire médo-perse ; le ventre de bronze, c’est l’empire d’Alexandre et les royaumes des Séleucides et des Ptolémées, la Syrie et l’Egypte, qui en sont issus ; les jambes de fer, c’est l’empire romain qui brise et écrase tout ; les pieds, moitié argile, moitié fer, c’est ce même empire divisé en empire d’Orient et empire d’Occident. Une petite pierre détachée de la montagne, c’est-à-dire Jésus-Christ, renverse le colosse, et Dieu fonde le royaume éternel de son Eglise.
  16. Dn. 2,1 : La seconde année. Probablement la seconde année du règne de Nabuchodonosor, depuis la mort de son père Nabopolassar (602).
  17. Dn. 2,2 : Les Chaldéens ; probablement les prêtres Chaldéens adonnés à l’astrologie. ― Les devins, les mages, etc., sont les diverses classes de magiciens qu’on distinguait à Babylone, où la magie était si cultivée que chaldéen devint synonyme de magiciens.
  18. Dn. 2,4 : En syriaque ; selon le texte hébreu, en araméen, c’est-à-dire en chaldéen et en syriaque ; car anciennement ces deux langues n’en faisaient qu’une (voir 4 Rois, 18, 26 ; 1 Esdras, 4, 7) ; et quoique depuis elles aient formé deux idiomes, d’ailleurs fort rapprochés, on les a toujours comprises l’une et l’autre sous la dénomination commune de langue araméenne. Depuis ce verset jusqu’à la fin du chapitre 7, le texte primitif est écrit en chaldéen. ― En syriaque ou en araméen ne signifie pas que les Chaldéens parlèrent au roi en cette langue, mais que ce qui suit dans le livre du Prophète est écrit en syriaque. Après : un roi, il faudrait un point. En syriaque est une indication donnée au lecteur.
  19. Dn. 2,10 : Les livres de magie chaldéens, dont plusieurs sont parvenus jusqu’à nous, donnent l’interprétation des différentes choses qu’on peut voir en songe, mais ils ne peuvent apprendre quel a été le songe sur lequel on consulte ; Dieu seul peut faire cette révélation.
  20. Dn. 2,13 : Les sages étaient mis à mort (interficiebantur). D’après ces paroles on avait déjà commencé à exécuter la sentence du roi ; celles du verset 24 ne disent pas formellement le contraire.
  21. Dn. 2,14 : Arioch ; en assyrien : Eriaku, signifie d’après quelques-uns, serviteur du dieu Lune.
  22. Dn. 2,15 : Emanée du roi ; littéralement sortie de la face du roi. Comparer au verset 19.
  23. Dn. 2,23 : La sagesse et la force qui nous étaient nécessaires pour nous délivrer d’un si grand danger.
  24. Dn. 2,24 : La solution ; l’éclaircissement qu’il demande.
  25. Dn. 2,28 : Les derniers temps, dans l’Ancien Testament, et surtout dans le style des prophètes, désignent ordinairement l’avènement du Messie, et l’établissement de son règne. Comparer à Isaïe, 2, 2. ― Les visions, etc., sont la même chose que votre songe. ― L’expression vision de la tête, familière à Daniel, veut dire, vision qui ne vient pas dans l’esprit par la vue des objets extérieurs, mais qui est formée uniquement dans le cerveau.
  26. Dn. 2,35 : Comme la cendre brûlante d’une aire d’été ; toute autre traduction ferait évidemment violence au texte de la Vulgate (Quasi in favillam æstivæ areæ). Quant au terme chaldéen hour, qui peut très bien signifier les ordures qui restent sur l’aire, après qu’on a battu les grains, rien n’empêche de supposer qu’on brûlait ces ordures, dont la cendre était emportée par le vent ; et que c’est à cela que fait allusion l’écrivain sacré. Ajoutons que le mot grec des Septante koniortos signifie, entre autres choses, cendre enlevée par le vent.
  27. Dn. 2,37 : Le roi des rois ; titre ordinaire que prenaient aussi les rois de Perse. Nabuchodonosor était alors le plus grand roi du monde.
  28. Dn. 2,38 : Les fils des hommes ; expression poétique, signifiant simplement, les hommes.
  29. Dn. 2,39 : Un royaume moindre, etc. ; c’est le royaume Médico-Persique (Médo-Perse ?) fondé par Darius le Mède et Cyrus, et qui fut moindre en effet que l’empire babylonien, tant par la durée que par l’étendue et la puissance. ― Un troisième royaume, l’empire des Grecs, fondé par Alexandre le Grand.
  30. Dn. 2,40 : Le quatrième royaume, l’empire romain, qui brisa et mit en poudres tous les royaumes qui subsistaient avant lui dans l’Europe, dans l’Afrique et dans presque toute l’Asie.
  31. Dn. 2,41-43 : Tout ceci regarde le dernier âge de l’empire romain depuis Auguste. L’ancienne vigueur de la république romaine s’énerva sous le gouvernement des empereurs, représentés par les pieds de la statue.
  32. Dn. 2,44 : Un royaume qui jamais, etc. Ce royaume éternel est celui du Messie qui prit naissance sous Auguste, le premier empereur des Romains, et qui n’a jamais passé au pouvoir d’un autre peuple.
  33. Dn. 2,45 : Une pierre, etc. C’est Jésus-Christ, né d’une vierge, et qui a établi son royaume sur la terre sans le concours d’aucune puissance humaine. Il a frappé les pieds du colosse, c’est-à-dire de l’empire idolâtre des Romains.
  34. Dn. 2,49 : À la porte du roi ; près de la personne du roi.
  35. Dn. 3,1-97 : Dans le chapitre 3, versets 1 à 97, nous voyons comment Dieu sauva miraculeusement des flammes de la fournaise les compagnons de Daniel qui avaient refusé d’adorer la statue érigée par Nabuchodonosor ; nous y lisons aussi le cantique par lequel ils remercièrent Dieu de sa protection.
  36. Dn. 3,1 : Une statue d’or. On sait que les Chaldéens faisaient des statues colossales en métaux précieux, mais souvent l’intérieur était en bois et elles étaient seulement plaquées d’or. ― Soixante coudées de hauteur ; plus de trente mètres, mais la statue proprement dite était probablement placée au haut d’une colonne, comme on la représente dans les catacombes. C’était sans doute une image de la grande divinité babylonienne, Bel ou Mérodach. ― Dura ; partie de la plaine de Babylone située au sud-ouest de la ville.
  37. Dn. 3,2-3 : Les princes (tyrannos). Voir Daniel, 1, 3. Les interprètes les plus habiles et les plus consciencieux conviennent que la signification rigoureuse de ces noms de dignités ne saurait être bien déterminée.
  38. Dn. 3,4 : Peuples, tribus et langues ; c’est-à-dire peuples, tribus de différentes langues, ou de langue quelconque, comme on lit au verset 96. Ce genre de construction se trouve dans d’autres passages de la Bible ; c’est une figure grammaticale, nommée hendiade ; c’est-à-dire une chose exprimée par deux mots.
  39. Dn. 3,5 : Symphonie ; désigne dans ce chapitre un instrument, probablement la cornemuse. ― De musique ou d’instruments de musique. C’est le sens du mot de la Vulgate, musicorum, expliqué par le texte original. D’où il suit que ce terme latin représente le génitif pluriel neutre de l’adjectif musicus, a um, et non pas du substantif masculin, musicus, i qui signifie musicien. ― Les mots d’origine grecque qui se rencontrent ici et dans plusieurs autres passages de ce livre, ne prouvent nullement qu’il n’est pas authentique. ― La sambuque, d’après l’opinion la plus vraisemblable, était une harpe d’une forme particulière.
  40. Dn. 3,6 : Dans la fournaise d’un feu ardent. Supplice commun chez les Assyriens et les Chaldéens, mais inusité chez les Juifs.
  41. Dn. 3,21 : Enumération des diverses pièces qui composaient le costume chaldéen.
  42. Dn. 3,23 : Ce qui suit ; c’est-à-dire, depuis le verset 24 jusqu’au 90e inclusivement. Saint Jérôme, l’auteur de cette remarque, n’ayant pas trouvé ce fragment dans le texte original, qui est le chaldéen, l’a traduit sur la version grecque de Théodotion, comme il le dit lui-même plus bas (voir verset 90). Or ce fragment inséré dans notre Vulgate a été reconnu par l’Eglise comme faisant partie des divines Ecritures.
  43. Dn. 3,38 : Il n’est pas parmi nous, etc. ; c’est-à-dire dans notre nation, dans la Judée, comme autrefois, des rois et des princes absolus, des prophètes avec autorité, un état réglé et indépendant. Dans la captivité, il y avait des chefs des tribus qui conservaient quelque autorité sur les autres captifs. Comparer à 4 Rois, 25, 27 ; 1 Paralipomènes, 5, 6 ; Daniel, chapitre 13.
  44. Dn. 3,44 : Qui font souffrir ; littéralement qui montrent. Dans le style biblique on dit souvent voir, pour sentir, éprouver ; et faire voir, montrer, pour faire sentir, faire éprouver.
  45. Dn. 3,46 : Du naphte ou bitume, matière très inflammable. Le naphte proprement dit est une huile minérale dans le genre du pétrole.
  46. Dn. 3,51 : D’une même voix. Ces paroles ne doivent pas s’entendre sans doute en ce sens qu’ils prononcèrent tous les trois toutes les paroles du cantique ; puisque chaque bénédiction est suivie du même refrain, il y a lieu de présumer que l’un des jeunes gens faisait l’invitation aux créatures à louer Dieu et que les deux autres répétèrent le refrain. L’ordre général suivi dans le cantique est celui du chapitre 1er de la Genèse ; du général on descend au particulier, du ciel à la terre, et aux diverses espèces de créatures pour terminer par l’homme.
  47. Dn. 3,53 : Le temple saint de votre gloire ; le ciel. Le temple de Jérusalem n’existait plus alors.
  48. Dn. 3,54 : Le trône de votre royaume ; c’est-à-dire le ciel.
  49. Dn. 3,55 : Qui êtes assis sur des chérubins. Les chérubins de l’arche d’alliance.
  50. Dn. 3,59 : Voir Psaumes, 148, 4.
  51. Dn. 3,61 : Les armées célestes ; c’est-à-dire, les astres nommés souvent dans l’Ecriture, la milice du ciel. Ajoutons que dans un passage parallèle, voir Psaume 102 (Hébreu : 103), 21, le mot de la Vulgate est le même qu’ici (virtutes), et que le texte hébreu porte armées. Comparer à Matthieu, 24, 29.
  52. Dn. 3,65 : Souffles ; c’est-à-dire, vents que Dieu fait souffler.
  53. Dn. 3,67 : Chaleur brûlante. Ce mot, joint ici au froid, doit signifier l’espèce de brûlure que produit un froid trop vif sur les êtres animés.
  54. Dn. 3,82 : Fils des hommes. Voir sur le sens de cette expression, Daniel, 2, 38.
  55. Dn. 3,86 : Esprits, etc. ; les âmes des saints séparées de leurs corps.
  56. Dn. 3,90 : Ce qui précède, etc. ; remarque de saint Jérôme. Voir le verset 23.
  57. Dn. 3,92 : À un fils de Dieu ; à un ange.
  58. Dn. 3,94 : Vêtements ; littéralement sarabala, pantalons fort larges, comme les portent les Orientaux.
  59. Dn. 3,94 : 4o Les chapitres 3, verset 98 à 4, renferment une lettre de Nabuchodonosor, dans laquelle ce roi raconte comment Daniel lui expliqua un songe destiné à lui annoncer qu’il vivrait sept ans comme une bête, atteint de cette espèce de folie qu’on appelle lycanthropie et qui consiste à croire que l’on a été changé en bête. Tout ce qu’avait dit le Prophète s’était réalisé. La forme épistolaire est abandonnée, chapitre 4, versets 25 à 30 et reprise aux versets 31 à 34.
  60. Dn. 3,96 : Et langue quelconque. Voir Daniel, 3, 4.
  61. Dn. 3,100 : Voir Daniel, 4, 31 ; 7, 14. ― Toutes les générations ; littéralement, génération et génération. Dans le style biblique, comme on l’a déjà vu, la répétition d’un même substantif indique souvent l’universalité.
  62. Dn. 4,2-7 : Les visions de ma tête. Voir Daniel, 2, 28.
  63. Dn. 4,4 : Les Chaldéens. Voir Daniel, 2, 2.
  64. Dn. 4,9 : Toute chair ; expression qui se prend ordinairement dans la Bible, ou pour tous les hommes ou pour tout ce qui a vie en général.
  65. Dn. 4,10 : Un veillant et un saint. Chez les Babyloniens, ainsi que chez plusieurs autres peuples de l’antiquité, les anges étaient considérés comme une compagnie d’esprits veillant autour du trône céleste, et servant de messagers divins. On voit par le verset 14 que les veillants jugeaient et décidaient du sort des hommes.
  66. Dn. 4,12 : Laissez, etc. Il y a ici, comme dans bien d’autres songes racontés dans l’Ecriture, des traits dont les uns se rapportent à la figure et les autres à la chose figurée.
  67. Dn. 4,13 : Sept ; selon quelques-uns signifie simplement plusieurs, la Bible fournissant un certain nombre d’exemples qui autorisent cette interprétation. ― Temps ; c’est-à-dire années, suivant l’opinion la plus commune. ― Sur lui. Le pronom masculin eum, ne peut se rapporter ni à germe, ni à arbre, dont le premier est en latin du genre neutre et le second du féminin ; il représente nécessairement le nom roi ou Nabuchodonosor. Voir la note précédente.
  68. Dn. 4,14 : Il y établira ; c’est-à-dire sur le royaume, suivant le texte chaldéen et la version grecque ; mais dans la Vulgate, le pronom masculin eum ne pouvant se rapporter qu’au relatif à quiconque (cuicumque), le sens est que le Très-Haut, quand il le voudra, établira l’homme le plus humble au-dessus de celui à qui il lui avait plu de donner auparavant le royaume. Cependant nous devons ajouter que dans le passage parallèle (voir Daniel, 5, 21), la même Vulgate lit le neutre illud, lequel se rapporte évidemment au mot royaume.
  69. Dn. 4,16 : Prenant la parole ; littéralement, répondant (respondens). En chaldéen aussi bien qu’en hébreu, le verbe qu’on traduit généralement par répondre signifie aussi et plus primitivement élever la voix, prendre la parole.
  70. Dn. 4,20 : Sept temps, sur lui. Voir le verset 13.
  71. Dn. 4,22 : Voir Daniel, 5, 21.
  72. Dn. 4,24 : Voir Ecclésiastique, 3, 33.
  73. Dn. 4,25 : Parmi les opinions différentes sur la métamorphose de Nabuchodonosor, la plus suivie et la plus probable est que ce prince, par un effet de la puissance de Dieu, tomba dans la manie, et dans la lycanthropie, maladie dans laquelle un homme s’imagine qu’il est devenu loup, bœuf, chien ou chat, et prend toutes les inclinations, les manières et les sentiments de ces animaux.
  74. Dn. 4,26 : Dans le palais ; sur la terrasse qui formait le toit du palais, d’où la vue dominait toute la ville.
  75. Dn. 4,27 : Prit la parole (respondit. Voir le verset 16). ― Que moi j’ai bâtie. Ici comme en plusieurs autres passages, bâtir signifie rebâtir, faire des agrandissements, des embellissements. Babylone bâtie par Nemrod (voir Genèse, 10, 10), fut augmentée et embellie considérablement par Sémiramis ; mais Nabuchodonosor en fit la plus grande et la plus belle ville de l’Orient. ― N’est-ce pas là cette grande Babylone que moi j’ai bâtie ? On peut dire que presque toutes les inscriptions de Nabuchodonosor qui ont été retrouvées depuis quelques années confirment l’exactitude de ces paroles, car elles sont presque exclusivement consacrées à décrire les édifices bâtis ou restaurés par ce monarque dans sa capitale.
  76. Dn. 4,30 : Description des effets de la maladie de Nabuchodonosor, qui consistent en particulier à le rendre hirsute et à faire recourber ses ongles, comme cela arrive quand ils ne sont pas taillés. Il se nourrit d’herbes comme le font les bœufs, parce qu’il croit être devenu bœuf lui-même.
  77. Dn. 4,31 : Voir Daniel, 7, 14. ― Des jours ; que Dieu avait déterminées pour le châtiment du roi. ― Toutes les générations. Voir Daniel, 3, 100.
  78. Dn. 4,32 : Les armées du ciel. Voir Daniel, 3, 61.
  79. Dn. 4,34 : Pour suivre l’ordre des temps, il faut passer de ce verset aux chapitres 7 et 8. Les chapitres 5 et 6 qui ont rapport à la fin du règne de Baltassar, et au commencement du règne de Darius le Mède, ont été déplacés.
  80. Dn. 5,1 : Baltassar, selon l’opinion la plus probable, est le fils du dernier roi de Babylone, Nabonide ; du moins Nabonide, dans ses inscriptions, nous apprend qu’il avait un fils appelé Baltassar. Ce dernier n’était pas roi, mais il en exerçait le pouvoir, parce que son père paraît l’avoir associé au gouvernement et l’avoir chargé de la défense de Babylone, d’où il était absent, quand Cyrus s’en empara.
  81. Dn. 5,2 : Nabuchodonosor son père. Baltassar est regardé comme le fils de Nabuchodonosor, soit qu’il descendit de lui par les femmes, soit qu’il fut simplement considéré comme son successeur dans le gouvernement.
  82. Dn. 5,6 : Les jointures de ses reins ; c’est-à-dire de ses lombes ; car les reins proprement dits n’ont ni jointures ni articulations.
  83. Dn. 5,7 ; 5.11 : Chaldéens. Voir Daniel, 2, 2.
  84. Dn. 5,7 : Sera le troisième dans mon royaume. Baltassar ne peut donner à l’interprète de l’écriture mystérieuse que le troisième rang dans le royaume, parce qu’il n’occupe lui-même que le second, étant simplement associé au trône. ― Le texte original porte dans le royaume, et non dans mon royaume, parce que ce n’était pas le royaume de Baltassar, mais celui de son père.
  85. Dn. 5,8 : Ils ne purent lire, etc. Voir le verset 25.
  86. Dn. 5,9 : Extrêmement ; c’est le vrai sens du latin satis expliqué par le chaldéen.
  87. Dn. 5,11 : De votre père ; c’est-à-dire de votre grand-père (voir verset 1).
  88. Dn. 5,21 : Voir Daniel, 4, 22. ― Fils des hommes ; expression poétique, pour hommes. ― Avec les onagres dans les lieux sauvages. Sur les onagres, voir Job, 39, 5.
  89. Dn. 5,23 : Votre souffle vital, votre vie, votre âme.
  90. Dn. 5,25 : Mané, etc. Les sages du roi n’ont pu lire ces mots (voir verset 8), soit parce qu’ils pouvaient être en un caractère inconnu dans le pays, tel que l’hébreu ancien, le phénicien, le samaritain, soit parce qu’étant dépourvus de voyelles, isolés et sans suite, la lecture et par là même l’interprétation en devenaient tout naturellement impossibles ; soit enfin parce qu’ils étaient simplement exprimés par leurs lettres initiales ; hypothèse qui n’a rien d’invraisemblable, et qui exprimerait parfaitement l’embarras des sages du roi.
  91. Dn. 5,31 : Darius le Mède ; selon bien des savants, le même que les historiens grecs appellent Cyaxare II, fils d’Astyage ; mais ni l’histoire ni la critique ne fournissent des preuves suffisantes de cette identité.
  92. Dn. 6,1 : Cent vingt satrapes. Du temps d’Esther, où le royaume de Perse avait pris de plus grands accroissements par les conquêtes postérieures, on comptait cent vingt-sept satrap(i ?)es (voir Esther, 1, 1 ; 8, 9).
  93. Dn. 6,4 : Du côté du roi ; dans les affaires qu’il faisait pour le roi.
  94. Dn. 6,7 : Dans la fosse aux lions. C’était, avec la fournaise, un des supplices les plus usités en Chaldée.
  95. Dn. 6,8 : Afin que ce qui a été statué, etc. Chez les Perses une loi ou une ordonnance ou un édit fait avec les formalités ordinaires ne pouvait plus être révoqué même par le roi (voir Esther, 1, 19 ; 8, 8).
  96. Dn. 6,10 : Dans sa chambre haute (in cænaculo). Comparer à Tobie, 3, 10 ; Actes des Apôtres, 1, 13. ― Tourné, etc. Les Juifs, hors de Jérusalem tournaient leur visage, pendant la prière, du côté de cette ville (voir 3 Rois, 8, 44). ― Trois fois le jour. Voir Psaumes, 54, 18 ; Actes des Apôtres, 3, 1.
  97. Dn. 6,12 : Qu’il n’est pas permis, etc. Voir le verset 8.
  98. Dn. 6,14 : Extrêmement (salis). Voir Daniel, 5, 9.
  99. Dn. 6,22 : Voir 1 Machabées, 2, 60.
  100. Dn. 6,25 : Et aux langues. Voir Daniel, 3, 4.
  101. Dn. 6,28 : Voir Daniel, 1, 21. ― Pour suivre l’ordre des temps, il faut passer de ce verset au chapitre 9, les chapitres 7 et 8 se rapportant, comme nous l’avons dit plus haut (voir Daniel, 4, 34), aux temps qui ont précédé les faits marqués aux chapitres 5 et 6.
  102. Dn. 7,1-28 : 1o Prophétie des quatre empires représentés par quatre animaux. ― Le chapitre 7 contient le récit d’un songe prophétique de Daniel. La première année du règne de Baltassar, il vit les mêmes empires dont il a été déjà question au chapitre 2, mais sous un nouveau symbole ; au lieu de la statue, ce sont maintenant des animaux ; l’empire chaldéen est représenté par un lion ailé, tel qu’on en voit sur les monuments indigènes ; le médo-perse, par un ours avec trois rangs de dents dans la gueule (les royaumes de Lydie, d’Egypte et de Babylonie, voir Daniel, 6, 2) ; le gréco-macédonien, par un léopard qui avait quatre ailes (Antigone, Ptolémée, Lysimaque et Cassandre, successeurs d’Alexandre) ; le romain, par une bête terrible, aux dents de fer, et à dix cornes, entre lesquelles en pousse une onzième qui arrache trois des précédentes. L’interprétation de la quatrième bête donne lieu à des contestations. Plusieurs croient qu’elle représente l’empire grec, non le romain, parce qu’ils font du mède et du perse deux empires successifs ; à leurs yeux les dix cornes sont dix rois de Syrie, et la onzième Antiochus Epiphane. Cette explication est invraisemblable : elle a le tort de partager en deux l’empire médo-perse. Les dix cornes sont dix empereurs romains ; quant à la onzième, les commentateurs catholiques la considèrent généralement comme l’emblème de l’Antéchrist, persécuteur de l’Eglise, voir 2 Thessaloniciens, chapitre 2.
  103. Dn. 7,1 : Baltassar ; le même dont il est parlé, chapitre 5, verset 1 et suivants. ― Vision de sa tête. Voir Daniel, 2, 28.
  104. Dn. 7,2 : Les quatre vents ; les troubles, les agitations que les quatre empires, dont le Prophète va parler, causeront dans le monde désigné par la grande mer.
  105. Dn. 7,3 : Quatre grandes bêtes ; c’est-à-dire quatre grands empires (voir verset 17), dont probablement le premier est l’empire des Chaldéens ; le second celui des Mèdes et des Perses ; le troisième, celui des Grecs ; le quatrième, celui des Romains.
  106. Dn. 7,6 : Ces quatre ailes et ces quatre têtes représentent probablement les quatre princes qui, après la mort d’Alexandre, se partagèrent son royaume. Comparer à Daniel, 8, vv. 8, 22.
  107. Dn. 7,8 : Une autre petite corne, etc. ; le royaume de l’Antéchrist, selon la plupart des interprètes ; Mahomet selon quelques-uns. ― Disait de grandes choses ; c’est-à-dire, selon le style biblique, disait des paroles insolentes, pleines d’orgueil, de blasphèmes, d’impiétés. Comparer au verset 25 et Daniel, 11, 36.
  108. Dn. 7,9 : Un vieillard ; littéralement dans le texte original et le grec, un ancien des jours ; expression qui, dans la langue persane, a la même signification. Or ce vieillard, c’est Dieu, juge éternel des vivants et des morts.
  109. Dn. 7,10 : Voir Apocalypse, 5, 11.
  110. Dn. 7,12 : Un temps et un temps ; la période de temps déterminée dans les décrets divins.
  111. Dn. 7,13 : Le fils d’un homme ; ou, comme portent le chaldéen et le grec, un fils d’homme ; expression poétique, qui, comme nous l’avons déjà remarqué, signifie un homme. Or ce que dit ici Daniel ne peut convenir à la lettre qu’à Jésus-Christ dans son second avènement. Comparer à Matthieu, 26, 64. ― Vieillard. Voir le verset 9.
  112. Dn. 7,14 : Voir Daniel, 3, 100 ; 4, 31 ; Michée, 4, 7 ; Luc, 1, 32. ― Il lui donna, etc. On ne saurait employer de termes plus forts et plus formels pour exprimer le règne éternel du Sauveur ; il semble qu’il faisait lui-même allusion à ce passage, quand il disait : « Toute puissance m’a été donnée dans le ciel et sur la terre. » (voir Matthieu, 28, 18). ― Et langues. Voir Daniel, 3, 4.
  113. Dn. 7,15 : Les visions de ma tête. Voir Daniel, 2, 28.
  114. Dn. 7,18 : Les saints du Dieu très-haut règnent avec Jésus-Christ dans le ciel depuis qu’il leur en a ouvert l’entrée par son ascension glorieuse ; mais à la fin du monde, lorsqu’ils viendront avec le Sauveur au dernier jugement, ils prendront du royaume céleste une possession en quelque sorte plus complète et plus parfaite. Voir Matthieu, 25, 34. C’est à tort que dom Calmet traduit, les grands saints du Seigneur, en attaquant la version grecque de Théodotion. Le chaldéen Hélïônîn, est simplement un pluriel d’excellence ou de majesté, comme Elôhim en hébreu.
  115. Dn. 7,20 : Disait de grandes choses. Voir le verset 8.
  116. Dn. 7,22 ; 7.25 ; 7.27 : Saints du Très-Haut. Voir le verset 18.
  117. Dn. 7,25 : Il proférera, etc. ; ce qui convient non seulement à l’Antéchrist (voir Apocalypse, 13, 6), mais aussi à Antiochus Epiphane (voir Daniel, 8, 23 ; 1 Machabées, 1, vv. 23, 43-53 ; 2 Machabées, 9, 28), et à Mahomet lui-même, qui a établi sa nouvelle loi à main armée. ― Un temps, etc. ; c’est-à-dire l’espace de trois ans et demi, suivant l’opinion commune, qui applique ce passage à la persécution de l’Antéchrist (voir Apocalypse, 12, 6 ; 13, 5). L’historien Josèphe dit expressément, dans la préface de son Histoire de la guerre des Juifs, qu’Antiochus Epiphane posséda Jérusalem trois ans et six mois. Mais par rapport à l’empire de Mahomet, il semble que ces temps doivent être pris autrement que pour les autres empires.
  118. Dn. 7,26 : Et le jugement, etc. La plupart des interprètes rapportent ceci à la ruine de l’Antéchrist, et au jugement dernier.
  119. Dn. 7,27 : Cette partie de la prophétie ne saurait s’expliquer de l’empire que Dieu donna aux Machabées, et aux princes leurs successeurs ; car leur puissance ne fut ni assez absolue ni assez étendue pour vérifier de si grandes et de si magnifiques promesses. Il n’y a que l’empire de Jésus-Christ et de son Eglise en qui l’on trouve l’accomplissement réel et véritable.
  120. Dn. 7,28 : De la parole ; du discours de l’ange.
  121. Dn. 8,1-27 : 2o Prophétie de la persécution d’Antiochus Epiphane, chapitre 8. ― La seconde vision développe une partie de la première. La troisième année du règne de Baltassar, Daniel vit l’empire médo-perse sous la figure d’un bélier, et l’empire grec sous celle d’un bouc à une corne. Le bouc triomphe du bélier et grandit ; alors sa corne unique se brise et il lui en pousse quatre autres à sa place ; de l’une d’elles en sort une cinquième qui s’élève jusqu’au ciel et opprime le peuple des saints pendant 2300 jours. ― La première corne du bouc est Alexandre le grand qui ruine l’empire perse ; les quatre cornes sont les quatre royaumes qui se forment des débris de son empire : celui de Macédoine, à l’ouest ; de Syrie, à l’est ; d’Egypte, au sud et de Thrace, au nord. La cinquième corne, qui fait cesser le sacrifice perpétuel, est Antiochus Epiphane. Les 2300 jours font six ans et demi, en années lunaires. On peut les compter depuis l’an 143 de l’ère des Séleucides, auquel Antiochus se rendit maître de Jérusalem, voir 1 Machabées, 1, 21 ; jusqu’à l’an 149, qui est celui de sa mort, voir 1 Machabées, 6, 16.
  122. Dn. 8,1 : Au commencement du règne de Baltassar.
  123. Dn. 8,2 : Elam ; province de Perse, appelée aussi Elymaïde. ― Sur la porte ; sur le bord, près de. ― Ulaï ; fleuve qui séparait la Susiane de l’Elymaïde ; c’est l’Eulée des géographes. ― Suse ; capitale de la Susiane, sur l’Ulaï, une des résidences des rois de Perse.
  124. Dn. 8,3 : Un bélier. Ce bélier représente l’empire des Perses et des Mèdes (voir verset 20). La corne la plus élevée signifie la puissance des Perses, supérieure à celle des Mèdes, figurée par la corne moins élevée.
  125. Dn. 8,4 : Et il devint très puissant. Les rois de Perse étendirent en effet de proche en proche leurs conquêtes, sans trouver de résistance.
  126. Dn. 8,5 : Bouc de chèvres. Voir sur la valeur de cette expression, Ezéchiel, 43, 22. Ce bouc représente la monarchie des Grecs ; la corne, le premier de leurs rois, Alexandre le Grand (voir verset 21) ; la rapidité de la course de ce bouc, la rapidité des conquêtes de ce prince.
  127. Dn. 8,8 : Quatre cornes, etc. Voir Daniel, 7, 6.
  128. Dn. 8,9 : Une petite corne ; c’est Antiochus Epiphane, au commencement sans puissance. Vers la force (contra fortitudinem) ; c’est aussi le sens de la version grecque ; mais l’hébreu porte, vers la beauté ; c’est-à-dire vers la terre de la beauté, nom par lequel les prophètes désignent fréquemment la Judée (voir Daniel, 11, vv. 16, 41 ; Jérémie, 3, 19 ; Ezéchiel, 20, vv. 6, 15).
  129. Dn. 8,10 : La force du ciel ; selon la Vulgate et le grec ; mais suivant l’hébreu, l’armée du ciel. Par cette force ou armée du ciel, on entend le peuple du Seigneur persécuté ; et par les étoiles renversées, soit les Juifs qui moururent courageusement dans la persécution, soit ceux qui renoncèrent à leur religion pour obéir aux ordres du tyran (voir 1 Machabées, 1, vv. 48, 51 et suivants ; 2 Machabées, 4, verset 14 et suivants). Les étoiles et les astres en général sont très souvent mis dans l’Ecriture pour désigner les saints, les justes et les savants. ― Dans les trois versets suivants, l’hébreu porte également armée, au lieu de force.
  130. Dn. 8,11 : Prince de la force ; c’est-à-dire Dieu lui-même. ― Le lieu de sa sanctification ; de sa consécration, qu’il s’était consacré, son sanctuaire, son temple. Voir Psaumes, 77, 54.
  131. Dn. 8,14 : Jusqu’à un soir, etc. ; c’est-à-dire, jusqu’à deux mille trois cents jours composés d’un soir et un matin. Chez les Hébreux, le jour commençait le soir (voir Genèse, 1, vv. 5, 8, etc.). Ces deux mille trois cents jours font six ans et demi selon le calcul des années lunaires de trois cent cinquante-quatre ou trois cent cinquante-cinq jours, et peuvent se compter depuis l’an 143 des Grecs, auquel Antiochus marcha contre Israël et se rendit maître de Jérusalem (voir 1 Machabées, 1, 21), jusqu’à l’année 149, qui est celle de la mort de ce prince (voir 1 Machabées, 6, 16). ― Le sanctuaire sera purifié ; il le fut après la défaite de Lysias, le vingt-cinquième jour du neuvième mois de l’an 148 du règne des Grecs (voir 1 Machabées, 4, 52).
  132. Dn. 8,16 : Entre l’Ulaï. Voir le verset 2. ― Gabriel. C’est l’ange de ce nom sous la forme d’un homme.
  133. Dn. 8,19 : Le temps a sa fin ; le temps de ces visions s’accomplira enfin.
  134. Dn. 8,21 : Le bouc des chèvres. Voir Ezéchiel, 43, 22.
  135. Dn. 8,23 : Les choses cachées (propositiones). Voir Psaumes, 77, 2.
  136. Dn. 8,24 : Un peuple de saints ; le peuple consacré au Seigneur, les Juifs, qui souffriront une persécution sanglante sous le règne d’Antiochus II (voir 1 Machabées, 1, verset 53 et suivants).
  137. Dn. 8,25 : Et sans la main, etc. Voir 2 Machabées, chapitre 9, la fin d’Antiochus.
  138. Dn. 8,26 : Et la vision du soir et du matin ; c’est-à-dire dans laquelle a été montré ce qui doit arriver dans un certain nombre de jours ordinaires composés de la nuit et du jour. ― Scelle, la vision. Les prophètes avaient accoutumé de publier leurs prophéties, surtout celles qui devaient bientôt s’accomplir, mais l’ange ordonna à Daniel de garder celle-ci, et de la tenir fermée avec un sceau. Voir Daniel, 12, 4.
  139. Dn. 8,27 : Pour suivre l’ordre de temps, il faut placer à la suite de verset les chapitres 5 et 6.
  140. Dn. 9,1-27 : 3o Prophétie des 70 semaines d’années, chapitre 9. ― La troisième vision développe la prophétie messianique contenue dans les chapitres 2 et 7. La première année de Darius le Mède, Daniel pensait aux soixante-dix ans que devait durer la captivité, d’après la prophétie de Jérémie, et priait Dieu de pardonner ses péchés à son peuple. L’ange Gabriel lui apparaît alors, et lui annonce à quelle époque viendra le Messie. Daniel désirait connaître à quel moment finiraient les soixante-dix ans de la captivité ; Dieu lui révèle une délivrance bien plus importante, dont celle que Jérémie avait prédite n’était que la figure.
  141. Dn. 9,1 : Darius ; le même que celui qui est mentionné à Daniel, 5, 31.
  142. Dn. 9,2 : Les livres saints, les divines Ecritures, parmi lesquelles se trouvaient les prophéties de Jérémie. ― Les soixante-dix ans, etc. Voir Jérémie, 25, 11-12 ; 29, 10.
  143. Dn. 9,4 : Voir 2 Esdras, 1, 5.
  144. Dn. 9,5 : Voir Baruch, 1, 17.
  145. Dn. 9,11 : Dans le livre de Moïse. Voir Lévitique, chapitre 26 ; Deutéronome, du chapitre 27 au chapitre 29.
  146. Dn. 9,13 : Votre vérité ; votre fidélité dans l’exécution de vos paroles, soit promesses, soit menaces.
  147. Dn. 9,15 : Voir Baruch, 2, 11 ; Exode, 14, 22.
  148. Dn. 9,18 : Sur laquelle, etc. ; selon d’autres : Laquelle a été appelée de votre nom ; qui porte votre nom. Le texte hébreu est susceptible de ces deux sens.
  149. Dn. 9,21 : L’homme Gabriel. Voir Daniel, 8, 16.
  150. Dn. 9,23 : Un homme de désirs ; hébraïsme, pour un homme très désirable, très digne d’être aimé.
  151. Dn. 9,24-27 : Voici la traduction de cette importante prophétie d’après le texte original : « Soixante-dix semaines, dit-il, ont été fixées pour ton peuple et pour ta ville sainte, afin que la prévarication soit abolie, que le péché finisse et que l’iniquité soit effacée [par la mort de Jésus-Christ] ; afin que la justice éternelle [le Messie, voir Jérémie, 23, 6 ; 33, 16 ; Isaïe, 45, 8 ; 1 Corinthiens, 1, 30], vienne [sur la terre], que les visions et les prophéties soient accomplies [en Jésus-Christ qu’elles ont annoncé], et que le Saint des saints [le Verbe de Dieu fait chair] soit oint [ou rempli de la vertu du Saint-Esprit, voir Actes des Apôtres, 10, 38 ; Isaïe, 61, 1 ; Luc, 4, 18]. ― Sache-le donc et remarque-le bien : Depuis la publication de l’ordre qui sera donné pour rebâtir Jérusalem jusqu’au prince Messie [ou Christ], il y aura sept semaines, et soixante-deux semaines, et les places et les murailles de la ville seront rebâties dans des temps difficiles. Et après soixante-deux semaines, le Christ sera mis à mort, et le peuple qui doit le renier ne sera plus son peuple. Un peuple, avec son chef qui doit venir [Vespasien ou Titus, avec l’armée romaine], détruira la ville de Jérusalem et le sanctuaire ; elle finira par une ruine entière ; quand la guerre sera terminée, arrivera la désolation qui lui a été prédite. ― [Alors le Christ] fera une alliance ferme [et stable, comme l’avait prédit Jérémie, 31, 31], avec un grand nombre, [avec tous ceux qui voudront embrasser sa foi et participer ainsi à ses mérites, car il est mort pour tous], dans une semaine, [par l’effusion de son sang et la prédication de l’Evangile] ; et au milieu de la semaine, [quand le Messie sera immolé], les oblations et les sacrifices cesseront, [ils seront rendus inutiles et sans valeur par la mort de Jésus-Christ, de qui ils tiraient leur vertu]. Et l’abomination de la désolation sera dans le temple, et la désolation durera jusqu’à la consommation et à la fin. » Cette dernière partie de la prophétie est obscure dans le texte original. « L’hébreu à la lettre : Et sur l’aile, l’abomination de désolation, dit Calmet. Cette aile marque le temple, du consentement des anciens interprètes. On peut donner ce nom principalement au toit et à la hauteur du temple, voir Matthieu, 9, 5 (?)… L’abomination se vit dans le temple, lorsque les Romains l’ayant pris, y plantèrent leurs enseignes chargées des figures de leurs dieux et des images des Césars ; ou bien cette abomination marque les infamies, les meurtres et les autres sacrilèges qui furent commis dans ce lieu saint par les Juifs mêmes, pendant le dernier siège. Le Prophète ajoute que l’abomination y demeurera, usque ad consummationem et finem…, ou plutôt, suivant l’hébreu, jusqu’à la ruine déterminée, jusqu’à ce que le temple soit entièrement ruiné. C’est le sens le plus naturel ; les termes de l’orignal marquent ordinairement une perte entière et l’exécution des plus sévères jugements de Dieu. » Il faut remarquer que la profanation du temple par Antiochus est aussi prédite, voir Daniel, 11, 31, mais la profanation commise par le roi Séleucide n’est pas l’accomplissement de la prophétie que nous avons ici ; cette dernière se rapporte incontestablement aux temps messianiques. La profanation du temple par le roi syrien ne fut que partielle et temporaire, celle des Romains fut complète et définitive. Quant aux chiffres que nous donne cette prophétie, en voici la valeur : les soixante-dix semaines d’années font 490 ans. L’ange Gabriel les divise en trois parties : la première est de sept semaines ou de 49 ans, après lesquels les murs de Jérusalem seront achevés ; la seconde est de soixante-deux semaines, ou 434 ans, à la fin desquels le Christ sera oint ; la troisième comprend la soixante-dixième semaine, au milieu de laquelle le Messie sera mis à mort. La détermination de ces dates n’est pas sans offrir des difficultés. La plupart des commentateurs font partir les soixante-dix semaines de l’édit d’Artaxerxès, vers l’an 445. Depuis cette date jusqu’à la 15e année de Tibère, qui est l’année du baptême du Notre-Seigneur, il s’est écoulé 475 ans ; nous arrivons ainsi à peu de chose près à la 70e semaine, au milieu de laquelle la Sauveur fut crucifié.
  152. Dn. 9,24 : Voir Jean, 1, 45. ― Soixante-dix, etc. ; c’est-à-dire, le temps de la captivité a été abrégé et réduit à soixante-dix semaines en faveur de ton peuple et de ta ville sainte. Ces soixante-dix semaines qui sont des semaines d’années (Comparer à Lévitique, 25, 8), et qui font quatre cent quatre-vingt-dix ans, se comptent depuis l’ordre donné par Artaxerxès Longuemain pour le rétablissement de Jérusalem. Cette prophétie de Daniel, qui commence à ce verset et se continue aux trois suivants, ne saurait avoir d’autre objet que le Messie, Jésus de Nazareth. Aussi le très petit nombre des interprètes, qui l’appliquent à Cyrus ou à Alexandre, a contre lui non seulement toute l’antiquité, mais encore la lettre même du texte sacré. ― La Vulgate porte : ont été abrégées ; mais abréger signifie ici, de même que le mot hébreu nekhtak, dont il est la traduction, trancher, arrêter, déterminer, fixer, comme à Isaïe, 10, 22, (?) où consummatio abbreviata signifie un malheur total et déterminé. Ce n’est pas une prophétie conditionnelle et incertaine, mais sûre, qui s’accomplira au temps marqué.
  153. Dn. 9,26 : Il ne sera pas son peuple. L’hébreu porte : Le Messie sera exterminé [ou retranché, mis à mort], et ce n’est pas lui. Ce dernier membre de phrase incomplet est diversement interprété, mais le sens le plus simple et le plus naturel est celui de notre Vulgate : Le peuple qui l’a renié n’est plus à lui.
  154. Dn. 9,27 : Voir Matthieu, 24, 15. ― La désolation. La fin de cette désolation fut une entière ruine commencée par Titus et achevée par Adrien. ― Pour suivre l’ordre des temps, il semble qu’il faut passer d’ici au chapitre 14, qui, ne se trouvant pas dans les exemplaires hébreux, a été renvoyé à la fin du livre dans les exemplaires grecs et latins.
  155. Dn. 10,1 : Une parole véritable ; une vraie prophétie. ― Force ; selon la Vulgate et la version grecque de Théodotion ; armée, suivant l’hébreu.
  156. Dn. 10,3 : Pain désirable (panem desiderabilem) ; délicat, recherché. On l’a déjà remarqué, par le nom de pain, les Hébreux désignaient souvent la nourriture en général.
  157. Dn. 10,4 : Premier mois. Voir Ezéchiel, 29, 17.
  158. Dn. 10,5 : Un homme, etc. ; probablement l’ange Gabriel qui avait déjà apparu à Daniel.
  159. Dn. 10,11 : Homme de désirs. Voir Daniel, 9, 23.
  160. Dn. 10,13 : Le prince du royaume des Perses ; c’est-à-dire, selon saint Jérôme, Théodoret, saint Chrysostome, saint Grégoire le Grand, plusieurs autres Pères et la plupart des interprètes, l’ange protecteur du royaume des Perses. Il est appelé prince, comme l’archange saint Michel lui-même. Ce prince des Perses désirait que les Juifs demeurassent dans la Perse, le plus longtemps possible, afin d’y propager la connaissance et le culte du vrai Dieu, tandis que Gabriel et Michel souhaitaient de les voir retourner dans leur patrie pour y rétablir la ville et le temple. Le concours de l’archange Michel a pour objet d’une part de faire connaître à l’ange protecteur des Perses la volonté prise de Dieu, et de l’autre, de persuader au roi des Perses de laisser partir les Juifs, ce en quoi néanmoins il ne réussit qu’après que Gabriel eut achevé sa mission.
  161. Dn. 10,14 : La vision, etc. ; c’est-à-dire, ne s’accomplira que dans ces derniers jours. ― Le mot ces de notre traduction est suffisamment justifié par l’article déterminatif qui dans le texte hébreu se trouve attaché au mot jours.
  162. Dn. 10,16 : Comme la ressemblance, etc. C’est l’ange Gabriel. ― Du fils d’un homme. Voir sur cette expression, Daniel, 2, 38. ― Mes jointures ; les jointures de mes lombes. Voir Daniel, 5, 6.
  163. Dn. 10,18 : Comme la vision, etc. C’est encore le même ange Gabriel.
  164. Dn. 10,19 : Homme de désirs. Voir Daniel, 9, 23.
  165. Dn. 10,21 : Une écriture de vérité ; hébraïsme, pour une écriture très véritable ; c’est-à-dire le livre où sont écrit les décrets divins dont l’accomplissement ne peut manquer. Comparer à Exode, 32, 32-33 ; Psaumes, 86, 6 ; 138, 16 ; Apocalypse, 3, 5. ― Michel votre prince. Toute l’antiquité a reconnu saint Michel comme l’ange protecteur de la synagogue ; l’Eglise chrétienne l’honore en la même qualité.
  166. Dn. 11,1 : Or moi, etc. C’est la continuation du discours de l’ange Gabriel.
  167. Dn. 11,1 : 0 Ses fils ; les fils du roi de l’aquilon (voir verset 8), Séleucus Callinicus ; ces fils sont Séleucus Céraunius et Antiochus le Grand. ― L’un d’eux ; c’est le dernier. ― Ses forces ; les forces du roi d’Egypte.
  168. Dn. 11,2 : Encore ; c’est-à-dire après Cyrus, premier roi des Perses, lequel régnait au temps où Daniel eut cette vision (voir Daniel, 10, 1). ― Trois rois ; Cambyse, Smerdis et Darius, fils d’Hystaspe. ― Le quatrième ; Xerxès.
  169. Dn. 11,2 : 6 Ceux qui mangent, etc. ; hébraïsme, pour qui prennent leur nourriture avec lui, qui mangent à sa table.
  170. Dn. 11,3 : Un roi fort, etc. C’est Alexandre le Grand.
  171. Dn. 11,4 : Sera partagé. C’est le partage du royaume d’Alexandre en quatre grands royaumes. Comparer à Daniel, 8, vv. 8, 22. ― Outre ceux-là, etc. Outre quatre grands royaumes dont on vient de parler, il se forma de celui d’Alexandre, d’autres petits Etats dans la Cappadoce, l’Arménie, la Bithynie, sur le Bosphore, etc.
  172. Dn. 11,4 : 5 Apadno ; nom d’un lieu que Théodoret place non loin de Jérusalem, et saint Jérôme près de Nicopolis ; Théodotion et Procope font également de ce mot un nom propre de lieu ; mais les interprètes modernes l’expliquent généralement par citadelle, palais, sens qu’il a en hébreu, en chaldéen, en syriaque, et même en arabe.
  173. Dn. 11,5 : Le roi du midi ; le roi d’Egypte, située en effet au midi par rapport à la Judée et à la Syrie. Ce roi est Ptolémée, fils de Lagus. ― Un de ses princes ; des princes d’Alexandre (voir verset 4). Ce prince est Séleucus-Nicator, fondateur du nouveau royaume de Syrie.
  174. Dn. 11,6 : La fille, etc. ; Bérénice, fille de Ptolémée Philadelphe. ― Viendra pour épouser Antiochus Théus, roi de Syrie, petit-fils de Séleucus-Nicator ; condition de l’alliance. ― La force du bras ; une grande autorité. ― Les jeunes hommes ; ses serviteurs et ses familiers.
  175. Dn. 11,7 : Un plant ; Ptolémée Evergète, fils et successeur de Ptolémée Philadelphe, et frère de Bérénice, est figuré par ce plant.
  176. Dn. 11,9 : Son royaume ; le royaume de l’aquilon.
  177. Dn. 11,11 : Le roi du midi, Ptolémée Philopator, successeur de Ptolémée Evergète.
  178. Dn. 11,13 : Le roi de l’aquilon ; Antiochus. ― À la fin, etc. ; c’est-à-dire après un certain nombre d’années.
  179. Dn. 11,14 : Voir Isaïe, 19, 16. ― Les fils des prévaricateurs ; expression poétique, qui signifie simplement les prévaricateurs. On l’entend communément des Juifs qui suivirent Onias, fils du grand-prêtre Onias III, lorsque, s’étant retiré en Egypte, il s’attacha au service de Ptolémée Philopator, fils et successeur d’Epiphane, et obtint de lui la permission de bâtir dans son royaume un temple semblable à celui de Jérusalem, prétendant accomplir ainsi la prophétie d’Isaïe, 19, 18-19.
  180. Dn. 11,16 : La terre illustre ; selon l’hébreu, la terre de la beauté ; c’est-à-dire la Judée. Comparer à Daniel, 8, 9.
  181. Dn. 11,17 : Elle ne sera pas pour lui. La fille d’Antiochus en effet, devenue femme de Ptolémée, abandonna les intérêts de son père et embrasse ceux de son mari.
  182. Dn. 11,18 : Les îles. Le mot hébreu correspondant signifie proprement région lointaine, contrée très éloignée.
  183. Dn. 11,19 : Et on ne le trouvera pas ; il disparaîtra. Antiochus ayant pillé un temple dans la province d’Elymaïs, fut massacré par la population.
  184. Dn. 11,20 : Et il s’élèvera, etc. Le successeur d’Antiochus fut son fils aîné, Séleucus Philopator. ― Il périra, etc. Séleucus périt par les artifices de son ministre Héliodore qui voulait usurper son royaume.
  185. Dn. 11,24 : Leurs rapines, leur butin ; les rapines, le butin des ennemis.
  186. Dn. 11,27 : La fin, etc. ; le temps de leur ruine n’est pas encore venu.
  187. Dn. 11,28 : Il retournera ; c’est-à-dire, Antiochus Epiphane. ― L’alliance sainte (testamentum sanctum) ; la loi divine des Juifs, appelée au verset 30 l’alliance du sanctuaire, parce qu’elle était conservée dans le temple. On pourrait encore entendre par cette expression tout ce qui appartenait à la religion des Juifs. Comparer sur l’ensemble de ce verset 28, 1 Machabées, 1, 20-24 ; 2 Machabées, 5, 21.
  188. Dn. 11,30 : Des trirèmes et des Romains ; hébraïsme, pour les trirèmes des Romains ; c’est-à-dire, les Romains sur leurs trirèmes. Le texte hébreu porte des vaisseaux de Céthim, ou de la Macédoine. Nous savons par Tite-Live et Justin que des légats romains mirent fin à la guerre et obligèrent Antiochus à s’en retourner. Ces historiens remarquent qu’étant arrivés à l’île de Délos, les légats y trouvèrent des vaisseaux légers macédoniens. Or cette remarque autorise à croire que les légats s’en servirent pour leur voyage. ― L’alliance du sanctuaire. Voir le verset 28. Comparer à 1 Machabées, 1, vv. 30, 54 ; 2 Machabées, 4, verset 7 et suivants ; 5, vv. 24, 26. ― Contre ceux. C’est évidemment le sens de la Vulgate (adversum eos). C’est aussi celui qu’ont donné les versions catholiques allemande, anglaise, italienne, Ménochius, etc. Ce texte hébreu peut signifier pour ceux, en faveur de ceux ; mais il est aussi susceptible du sens donné par la Vulgate.
  189. Dn. 11,31 : Et des bras, etc. Voir 1 Machabées, 1, verset 43 et suivants ; 2 Machabées, 6, verset 1 et suivants. ― Le sanctuaire de la force ; le temple, ainsi appelé parce qu’on y adorait le Dieu fort, le tout-puissant, ou parce que le temple lui-même était très fortifié, à l’instar d’une citadelle.
  190. Dn. 11,32 : Les impies useront, etc. Voir 2 Machabées, 6, 21.
  191. Dn. 11,33 : Les savants, etc. Ceci regarde principalement Mathathias et ses fils, de la tribu de Lévi. Voir 1 Machabées, 2, verset 27 et suivants.
  192. Dn. 11,34 : Par un très petit secours ; celui des frères Machabées. Voir 1 Machabées, 2, verset 1 et suivants. ― Beaucoup se joindront, etc. Voir 2 Machabées, 8, verset 1 et suivants.
  193. Dn. 11,35 : Un autre temps ; un temps différent, un temps de consolation.
  194. Dn. 11,37 : Il sera livré, etc. Voir 2 Machabées, 4, 30.
  195. Dn. 11,38 : Le dieu Maozim ; est selon plusieurs l’idole de Jupiter Olympien, qu’Antiochus fit placer dans le temple de Jérusalem. Comparer à 1 Machabées, 1, 57 ; 2 Machabées, 6, 2. L’hébreu porte, Elôhah, mâhuzzim, qui signifie dieu de lieux fortifiés, de forteresses ; ce que quelques-uns entendent de Mars, dieu de la guerre ; mais d’autres du vrai Dieu.
  196. Dn. 11,39 : Maozim ; c’est-à-dire les forteresses ; allusion à la signification du nom du dieu. Antiochus fit bâtir en effet une forteresse auprès du temple du Seigneur, où il avait placé la statue de son Dieu, comme pour le défendre contre toute attaque. ― Leur ; se rapporte aux Juifs qui adorèrent l’idole d’Antiochus.
  197. Dn. 11,40 : Ce verset et les suivants sont une récapitulation des versets 22 à 30.
  198. Dn. 11,41 : La terre glorieuse ; la Judée. Comparer à Daniel, 8, 9 ; 11, 16. ― Le commencement, etc. ; les premières les principales terres des Ammonites.
  199. Dn. 12,1 : Mais, etc. ; continuation du chapitre précédent. ― En ce temps-là ; c’est-à-dire au temps d’Antiochus Epiphane, selon saint Chrysostome et quelques commentateurs ; mais, suivant la plupart des autres Pères et des interprètes, au temps de l’Antéchrist et de la fin du monde. Dans le style prophétique, en effet, cette expression ne se rapporte pas toujours au temps dont il vient d’être question, mais simplement au temps à venir, que l’esprit de Dieu découvre aux prophètes, et dans lesquels les divers événements qu’ils annoncent sont quelquefois séparés de plusieurs siècles. ― Qui est pour, etc. Comparer à Daniel, 10, 21. ― Viendra un temps, etc. Voir Matthieu, 24, 21. ― Le livre ; de vie. Etre écrit dans ce livre, c’est être prédestiné à la gloire.
  200. Dn. 12,2 : Voir Matthieu, 25, 46. ― Beaucoup de ceux ; c’est-à-dire, toute la multitude de ceux. Dans le style biblique on met fréquemment beaucoup pour la totalité, lorsque cette totalité comprend un nombre considérable. ― Qu’ils le voient ; hébraïsme, pour qu’ils le sentent, qu’ils l’éprouvent. ― Ce verset et sa suite montre clairement qu’il s’agit de la résurrection générale à la fin du monde.
  201. Dn. 12,3 : Brilleront, etc. Comparer à Sagesse, 3, 7 ; Matthieu, 13, 43.
  202. Dn. 12,4 : Ferme les paroles, etc. Voir Daniel, 8, 26. ― Temps déterminé pour leur accomplissement. ― Le parcourront alors. ― La science, etc. ; ils en retireront beaucoup de connaissances ; selon d’autres, ils en donneront diverses explications.
  203. Dn. 12,5-6 : Du fleuve ; du Tigre. Comparer à Daniel, 10, 4.
  204. Dn. 12,6 : L’homme qui était vêtu de lin. Voir Daniel, 10, 5. ― La fin ; l’accomplissement.
  205. Dn. 12,10 : Aucun des impies (neque omnes impii). En hébreu, le mot tout, accompagné d’une négation, équivaut à pas un, aucun, nul.
  206. Dn. 12,12 : Mille, etc., ce qui fait quarante-cinq jours de plus qu’au verset précédent. Or, suivant saint Jérôme et Théodoret, ces quarante-cinq jours sont ceux qui s’écouleront entre la mort de l’Antéchrist qui arrivera au bout de mille deux cent quatre-vingt-dix jours, et le dernier avènement de Jésus-Christ. Ceux qui en font l’application au temps des Machabées entendent les jours qui s’écoulèrent entre la nouvelle consécration du temple et la mort d’Antiochus.
  207. Dn. 12,13 : Mais toi ; Daniel. ― Va, etc. ; c’est-à-dire, attends jusqu’à ta mort, tu vivras dans la paix et dans le repos, et tu jouiras de tes dignités, de ton rang élevé jusqu’à la fin de ta vie ; ou bien, tu mourras, mais tu jouiras aussitôt d’un repos qui durera jusqu’à la fin des temps, où tu ressusciteras pour entrer en possession de la félicité éternelle. ― Jusqu’ici, etc. C’est une remarque de saint Jérôme. Les deux chapitres suivants, quoique n’ayant pas été traduits du texte original, ont été reconnus par l’Eglise comme faisant partie des divines Ecritures. Voir notre observation à Daniel, note 3.23.
  208. Dn. 13,1 : Joakim était un des principaux Juifs captifs à Babylone.
  209. Dn. 13,2 : Susanne signifie lis.
  210. Dn. 13,5 : On établit, etc. On voit par ces paroles que, quoiqu’en captivité, les Juifs n’étaient pas privés du droit de juger des cas qui concernaient leurs lois et les affaires des individus de leur nation entre eux. ― Disant. Voir sur ce mot, Daniel, 12, 7. ― L’iniquité, etc. Cette citation n’est pas écrite dans les Livres saints, elle pouvait se trouver dans la tradition. Quelques-uns prétendent qu’elle se rapporte à Jérémie (voir Jérémie, 23, 14 et chapitre 29), où on voit en effet une pensée analogue à celle qu’exprime ici Daniel.
  211. Dn. 13,9 : Des justes jugements de Dieu.
  212. Dn. 13,13 : L’heure du dîner ; l’heure de midi (voir verset 7).
  213. Dn. 13,15 : La veille, etc. ; littéralement hier et avant-hier ; hébraïsme, pour auparavant.
  214. Dn. 13,32 : Commandèrent, etc. On voit, dans la loi mosaïque, que la femme accusée d’adultère par son mari, avait le visage découvert pendant le jugement (voir Nombres, 5, 18). Les accusateurs de Susanne prirent sans doute prétexte de cet article de la loi, pour lui faire ôter son voile, sans lequel aucune femme en Orient ne peut paraître en public.
  215. Dn. 13,34 : Mirent leurs mains, etc. ; usage consacré chez les Hébreux, surtout dans les condamnations à mort (voir Lévitique, 24, 14).
  216. Dn. 13,41 : À mort. La lapidation était la peine de l’adultère (voir Lévitique, 20, 10 ; Jean, 8, 5).
  217. Dn. 13,45 : L’esprit saint ; l’esprit de prophétie, pour découvrir le crime des vieillards et les convaincre par leur propre bouche avant l’instruction de l’affaire. ― D’un jeune homme (pueri junioris). L’épithète junior, littéralement plus jeune, ne change pas la signification de puer, qualification donnée déjà quatre fois (voir Daniel, 1, vv. 4, 13, 15, 17) à Daniel, sans cet adjectif. Au reste, quel que fût l’âge de Daniel, aidé d’une lumière surnaturelle, il n’a nullement été précipité dans son jugement, comme l’ont prétendu certains incrédules.
  218. Dn. 13,52 : Maintenant, etc. ; c’est maintenant que tous vos crimes sont retombés sur vous, et que vous allez les expier.
  219. Dn. 13,53 : Tu ne feras pas, etc. Voir Exode, 23, 7.
  220. Dn. 13,55 ; 13.59 : Contre votre tête ; de manière que votre mensonge va retomber sur votre tête, va tourner à votre perte. ― Vous coupera par le milieu. Il y a un jeu de mots dans le grec ; d’où on a prétendu que le grec était le texte original ; mais en bonne critique cela ne le prouve pas, parce que l’allusion a pu se trouver dans la version sans avoir été dans le texte, et qu’il pouvait y avoir dans le texte une allusion semblable à celle qui se lit dans la version ; mais on ne connaît pas assez les noms hébreux des arbres pour pouvoir déterminer quelles étaient les expressions du texte. Il est probable que l’expression, vous coupera par le milieu, signifie ici vous exterminera, et que les deux vieillards furent lapidés, suivant la loi du talion qui veut que le faux accusateur souffre la peine qu’il a voulu faire souffrir à l’innocent. Voir les versets 61 et 62 ; Deutéronome, 19, 18-19.
  221. Dn. 13,62 : Voir Deutéronome, 19, 18-19.
  222. Dn. 13,65 : Ce verset n’a aucun rapport avec l’histoire de Susanne, arrivée au commencement du règne de Nabuchodonosor ; il appartient plutôt au chapitre suivant, où sont racontés des faits qui datent du commencement du règne de Cyrus. ― Astyage ; est selon plusieurs le fils d’Astyage, Cyaxare II, Darius le Mède, mais voir Daniel, 5, 31.
  223. Dn. 14,2 : Bel ; ancien roi de Babylone qui fut mis au rang des dieux par ses sujets après sa mort. ― Artabes ; mesure en usage chez les Babyloniens ; elle contenait soixante-douze setiers, suivant saint Epiphane et saint Isidore de Séville ; mais d’autres lui donnent une capacité différente. ― Amphores. Il s’agit probablement ici de l’amphore attique, qui contenait trois urnes ou soixante-douze setiers, et non de la romaine qui était seulement de deux urnes ou quarante-huit setiers ; le grec lit métrètes, c’est-à-dire mesures. ― Pour la valeur de ces diverses mesures, voir la note 21 à la fin du volume.
  224. Dn. 14,4 : Toute chair. Voir sur cette expression, Daniel, 4, 9.
  225. Dn. 14,6 : Est d’argile. Beaucoup de statues à Babylone étaient en argile, parce que la Chaldée n’a pas de pierre et que le bois y est rare. On recouvrait quelquefois d’un métal précieux ces statues de terre.
  226. Dn. 14,9 : Et les petits enfants, etc. ; c’est-à-dire, tous les enfants grands et petits.
  227. Dn. 14,10 : Mêlez le vin ; c’est-à-dire, préparez. Comparer à Proverbes, 9, 2.
  228. Dn. 14,11 : Nous mourrons de mort ; hébraïsme, pour irrémissiblement.
  229. Dn. 14,22 : Un grand dragon ; probablement un grand serpent consacré au dieu Bel.
  230. Dn. 14,31 : Deux corps d’hommes probablement condamnés à mort.
  231. Dn. 14,32 : Habacuc, etc. On a prétendu que le prophète Habacuc ne pouvait exister sous Cyrus. Mais rien ne prouve qu’il s’agisse ici d’Habacuc, un des douze petits prophètes. D’un autre côté, Habacuc ne datant pas ses prophéties, et ayant vécu, comme Daniel, avant la captivité, il a pu fort bien, quoique plus âgé que lui, vivre jusqu’au règne de Cyrus.
  232. Dn. 14,35 : Voir Ezéchiel, 8, 3. ― L’ange, etc. Si ce transport d’Habacuc par l’ange était faux à cause de son invraisemblance et de son absurdité même, comme le prétendent les incrédules, Daniel se serait bien gardé de l’insérer dans son livre. Si donc il l’a rapporté, c’est parce qu’il avait des preuves de sa réalité. D’ailleurs ces sortes de transports ne sont pas sans exemples dans l’Ancien et le Nouveau Testament (voir 3 Rois, 18, 12 ; Matthieu, 4, vv. 5, 8 ; Actes des Apôtres, 8, 39-40).
  233. Dn. 14,38 : En son lieu ; dans le lieu où il l’avait pris.