CHAPITRE IX.
LA RECHERCHE DES FONCTIONS PRIMITIVES.
L’EXISTENCE DES DÉRIVÉES.
I. — La recherche des fonctions primitives.
Soit
une fonction ayant une dérivée
, nous savons que
est mesurable, car c’est une fonction de première classe (p. 99). Supposons que
soit bornée, alors
est aussi borné, quels que soient
et
. Et puisque
est la limite pour
de
on peut écrire, d’après un théorème énoncé à la page 125,
![{\displaystyle \int _{a}^{x}f(x)\,\mathrm {d} x=\lim _{h=0}{\frac {\int _{a}^{x}[{\mathcal {F}}(x+h)-{\mathcal {F}}(x)]\,\mathrm {d} x}{h}}={\mathcal {F}}(x)-{\mathcal {F}}(a)}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/a3adb14a863406c68a2485fa228097a74a5b4c1a)
,
car
est une fonction continue.
Donc les fonctions d’une variable intégrales indéfinies d’une dérivée sont ses fonctions primitives. Nous avons résolu le problème fondamental du calcul intégral pour les fonctions bornées. De plus, nous avons un procédé régulier de calcul permettant de reconnaître si une fonction bornée est ou non une dérivée[1].
Pour aller plus loin, démontrons que les nombres dérivés d’une fonction continue sont mesurables et même mesurables B. Considérons pour cela une suite de fonctions
,
, …, et les fonctions
,
égales, pour chaque valeur de
, à la plus grande et à la plus petite des limites des
, limites prises pour
constant et
croissant indéfiniment ; ce sont les enveloppes d’indétermination de la limite des
. Voici comment on peut obtenir l’enveloppe supérieure
;
est la fonction qui, pour chaque valeur de
, est égale à la plus grande des fonctions
,
, …,
;
est la limite de la suite croissante
,
,
, … ;
se définit à partir de
,
, …, comme
à partir de
,
, … ;
est la limite de la suite décroissante
,
, …. Si les
sont des fonctions continues, il en est de même des
, les
sont donc au plus de première classe et
au plus de seconde classe. Un raisonnement analogue s’applique à
. Si l’on suppose seulement que si les
sont mesurables, on voit que
et
le sont aussi et cela ne suppose pas que les
, que
et
soient partout finies.
La définition des enveloppes d’indétermination aurait pu être donnée pour une fonction
, où
est un paramètre remplaçant l’indice de la fonction
. L’un des nombres dérivés de
est l’une des enveloppes d’indétermination de
, quand on fait tendre
vers zéro, par valeurs de signe déterminé. Mais
étant continue en
pour
, on peut, comme nous allons le voir, remplacer, pour la recherche de ces enveloppes, l’infinité non dénombrable des valeurs de
par une suite de valeurs de
tendant vers zéro et convenablement choisies. Les nombres dérivés sont donc, lorsqu’ils sont finis, au plus de seconde classe et en tout cas mesurables B[2].
Mais il faut prouver que l’on peut, comme il a été annoncé, remplacer la considération de la valeur continue
par celle d’une suite de valeurs de
. S’il s’agit des nombres dérivés à droite, c’est-à-dire des valeurs positives de
, nous prendrons une suite contenant les nombres
,
,
,
, … et, de plus, contenant entre
et
des nombres divisant cet intervalle en assez de parties égales pour que, lorsque
varie dans une de ces parties, l’oscillation de
reste inférieure à
,
restant constant et ayant n’importe quelle valeur. Il est bien clair que cette suite donne, pour plus grande et plus petite limite de
, les deux nombres dérivés à droite de
. Les nombres dérivés sont donc mesurables et l’on peut espérer que, dans des cas étendus, l’intégration des fonctions sommables nous permettra de trouver une fonction connaissant l’un de ses nombres dérivés.
Au Chapitre V, nous avons démontré qu’une fonction continue ayant son nombre dérivé supérieur à droite, par exemple, constamment nul, était constante en calculant de façon approchée l’accroissement subi par cette fonction, à l’aide de la considération d’une chaîne d’intervalles. C’est le même procédé de calcul que nous allons appliquer à une fonction continue
dont nous supposerons connu le nombre dérivé supérieur à droite
dans un intervalle
.
À partir de
, nous allons couvrir
d’une chaîne d’intervalles satisfaisant aux conditions qui vont être indiquées[3] :
Nous allons nous proposer seulement le calcul de
. On sait qu’on obtient une valeur approchée de
en faisant la somme des accroissements positifs de
donnés par les intervalles de la chaîne. Or, l’intervalle
donne un accroissement égal à
, et ce nombre
est une valeur approchée de
. Il convient de préciser cette approximation ; pour cela nous partagerons
en les ensembles
![{\displaystyle \mathrm {E} [l\varepsilon \leqq \Lambda f(x)<(l+1)\varepsilon ]=\mathrm {E} _{l}}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/dce58782ca2dfeb8e413172110b2a1744e2d2041)
,
relatifs aux diverses valeurs de
entières, positives, négatives et nulle,
étant un nombre positif, très petit, et en les ensembles
![{\displaystyle \mathrm {E} [\Lambda f=+\infty ]=\mathrm {E} ^{ip}}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/49257cefe2207fe2e3715a144ca7dde03fcd4762)
,
![{\displaystyle \mathrm {E} [\Lambda f=-\infty ]=\mathrm {E} ^{in}}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/473d41355fd127c87f24b499bc9555d96b67d37b)
;
Puis nous poserons la condition :
2o Si
est l’origine d’un intervalle
de la chaîne, on aura
![{\displaystyle {\begin{aligned}(l-1)\varepsilon \leqq {}&r[f(x),x_{0},x_{0}+h]\leqq (l+1)\varepsilon ,&&{\text{si }}x_{0}{\text{ est point de }}\mathrm {E} _{l}{\text{,}}\\\mathrm {M} \leqq {}&r[f(x),x_{0},x_{0}+h],&&{\text{si }}x_{0}{\text{ est point de }}\mathrm {E} ^{ip}{\text{,}}\\&r[f(x),x_{0},x_{0}+h]\leqq -\mathrm {M} ,&&{\text{si }}x_{0}{\text{ est point de }}\mathrm {E} ^{in}{\text{ ;}}\end{aligned}}}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/4f7d72c8daa2e6aec949d8345ddc88409febceb7)
étant un nombre positif arbitrairement grand.
Les intervalles de la chaîne ayant pour origine des points de
, des points des
à indice positif et certains points de
sont seuls à considérer dans le calcul de
.
Les intervalles ayant pour origines des points de
ont une contribution de la forme
,
étant au moins égal à
et
étant la longueur totale des intervalles issus des points de
. Ceux qui ont pour origines des points de
,
, ont une contribution égale à leur longueur totale
multipliée par un nombre compris entre
et
; en d’autres termes, cette contribution est
à
près au plus. Ce résultat est vrai aussi pour les intervalles ayant pour origines des points de
, car la contribution de ces intervalles dans la valeur approchée de
est au plus
. Donc on peut prendre pour valeur approchée de

,
puisqu’on ne s’écarte de la valeur donnée par la chaîne que de
au plus, soit au plus
.
Il faut maintenant pouvoir évaluer les
et
; pour cela, nous supposons que l’on ait enfermé chacun des ensembles que nous avons considérés dans un ensemble d’intervalles ; nous aurons ainsi les ensembles
,
,
formés chacun d’intervalles non empiétants. Chacun d’eux surpasse en mesure l’ensemble de même indice d’une quantité
,
,
que nous pourrons choisir aussi petite que nous le voudrons.
Supposons donc que les séries
et
soient convergentes et aient des sommes arbitrairement petites
et
. Et posons la condition :
3o Chaque intervalle de la chaîne est enfermé tout entier dans l’ensemble
qui enferme l’ensemble auquel appartient son origine.
Alors
est au plus égale à
et au moins égale au plus grand des deux nombres : 0 ou
; pour
on a des limites analogues. De là se déduisent des limites inférieure et supérieure pour
; la limite inférieure est
![{\displaystyle \sideset {}{^{p}}\sum _{0\;\;}^{\infty \;}\left[m(\mathrm {E} _{l})-\eta \right]l\varepsilon +\mathrm {M} \,\left[m(\mathrm {E} ^{ip})-\eta \right]}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/9a9acadfa12cc348314aba691b8a4af69e424b1f)
,
les termes positifs étant seuls conservés dans
.
Cette somme ne contient donc qu’un nombre fini de termes, nombre variable avec
. Ces termes sont inférieurs à ceux de

,
mais tendent respectivement vers ceux-ci pour
tendant vers zéro.
Or on peut faire tendre
vers zéro, d’où la limite

;
puis on peut prendre
arbitrairement petit,
arbitrairement grand, donc on a, l’intégrale ayant une valeur finie ou infinie,
![{\displaystyle \mathrm {P} \geqq \int _{\mathrm {E} [0<\Lambda f<+\infty ]}\Lambda f\,\mathrm {d} x+\mathrm {M} \,m(\mathrm {E} ^{ip})}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/a30f149d54b4eef23632e36973365c39ee19e554)
,
quel que soit
.
ne sera donc fini que pour
et
![{\displaystyle \int _{\mathrm {E} [0<\Lambda f<+\infty ]}\Lambda f\,\mathrm {d} x}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/c0a4bba342b138afcf3e67f9bd68c6a3e036cbd5)
finie. Concluons en nous rappelant que l’on aurait pu prendre pour
l’un quelconque des quatre nombres dérivés, et qu’il y a pour
une inégalité analogue à celle trouvée pour
.
Une fonction continue et à variation bornée a ses nombres dérivés finis presque partout[4] ; ses nombres dérivés sont sommables dans l’ensemble des points où ils sont finis ; ses trois variations totales
,
,
vérifient les relations
![{\displaystyle {\begin{alignedat}{2}\mathrm {P} &\geqq \int _{\mathrm {E} [0<\Lambda f]}&&\Lambda f\,\mathrm {d} x=\int _{a}^{b}{\frac {1}{2}}[\Lambda f+|\Lambda f|]\,\mathrm {d} x{\text{,}}\\\mathrm {N} &\geqq \int _{\mathrm {E} [\Lambda f<0]}&-&\Lambda f\,\mathrm {d} x=\int _{a}^{b}{\frac {1}{2}}[|\Lambda f|-\Lambda f]\,\mathrm {d} x{\text{,}}\end{alignedat}}}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/60fa57cad7ae4b1efaa89f480769070963db7117)

.
étant l’un quelconque des quatre nombres dérivés ; les points où
est infini étant exclus des ensembles ou intervalles d’intégration.
Supposons maintenant le nombre dérivé supérieur à droite
sommable sur l’ensemble
et supposons l’ensemble
de mesure nulle ; formons la limite supérieure de
![{\displaystyle \sum _{0}^{\infty }\left[m(\mathrm {E} _{l})+\varepsilon _{l}\right]l\varepsilon +\mathrm {M} '\left[m(\mathrm {E} ^{ip})+\varepsilon ^{ip}\right]}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/917c4163048a3af4cafa5b51151affaf8c1e1b11)
.
Le premier terme est inférieur à
; pour
et
tendant vers zéro, il tend donc vers
.
Puisque
est nulle, le second terme se réduit au produit
d’un nombre arbitrairement grand par un nombre arbitrairement petit, il ne nous apprend donc rien.
Enfermons
dans un ensemble
d’intervalles non empiétants, supposons les
choisis enfermés dans
. Alors, si
désigne la somme des variations positives de
dans les intervalles
, le second terme
est au plus
. Si donc on désigne par
l’une quelconque des limites de
quand on fait varier
de façon que
tende vers zéro, on aura
![{\displaystyle \mathrm {P} \leqq \int _{a}^{b}{\frac {1}{2}}\left[\Lambda f+|\Lambda f|\right]\,\mathrm {d} x+\mathrm {P} (\mathrm {E} ^{ip})}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/f6b3a3fa69e642f3ca75fd9d99ae80d80840d992)
,
les points de
étant exclus de l’intervalle d’intégration.
Soit
un ensemble formé d’un nombre fini des intervalles
choisis de façon que, lorsqu’on fait tendre
vers zéro,
tende, comme
, vers
. Soit
le complémentaire de
par rapport à
;
est formé d’un nombre fini d’intervalles, on peut donc appliquer une formule précédente et écrire
![{\displaystyle {\begin{aligned}\mathrm {P(J_{1})} &\geqq \int _{\mathrm {J} _{1}}{\frac {1}{2}}\left[\Lambda f+|\Lambda f|\right]\,\mathrm {d} x\\&=\int _{a}^{b}{\frac {1}{2}}\left[\Lambda f+|\Lambda f|\right]\,\mathrm {d} x-\int _{\mathrm {I} _{1}}{\frac {1}{2}}\left[\Lambda f+|\Lambda f|\right]\,\mathrm {d} x{\text{,}}\end{aligned}}}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/3bad9ec0ac66fda21c7c9cd241ac33c5a613358b)
d’où, en ajoutant
aux deux membres,
![{\displaystyle \mathrm {P} \geqq \int _{a}^{b}{\frac {1}{2}}\left[\Lambda f+|\Lambda f|\right]\,\mathrm {d} x+\mathrm {P(I_{1})} -\int _{\mathrm {I} _{1}}{\frac {1}{2}}\left[\Lambda f+|\Lambda f|\right]\,\mathrm {d} x}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/9d37faf4093e1e3454914bbf9a1fa04fba9b18ce)
.
Et comme, quand
tend vers zéro,
tend vers zéro, donc aussi la dernière intégrale du second membre, tandis que
tend vers
, on a
![{\displaystyle \mathrm {P} \geqq \int _{a}^{b}{\frac {1}{2}}\left[\Lambda f+|\Lambda f|\right]\,\mathrm {d} x+\mathrm {P} (\mathrm {E} ^{ip})}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/4481354d1c84b0fba816b4f1241a6a4d540f2216)
.
En rapprochant les deux inégalités de sens inverses obtenues, on conclut finalement
![{\displaystyle \mathrm {P} =\int _{a}^{b}{\frac {1}{2}}\left[\Lambda f+|\Lambda f|\right]\,\mathrm {d} x+\mathrm {P} (\mathrm {E} ^{ip})}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/3e5b1b265f4ad8a59a00d3ef8667f837f3f308d1)
.
Donc
, qui désigne l’une quelconque des limites de
, a une valeur déterminée ; nous pouvons énoncer ce résultat comme il suit :
On a, bien entendu, un énoncé analogue en changeant positif en négatif,
en
,
en
, qu’exprime l’égalité
![{\displaystyle \mathrm {N} =\int _{a}^{b}{\frac {1}{2}}\left[|\Lambda f|-\Lambda f|\right]\,\mathrm {d} x+\mathrm {N} (\mathrm {E} ^{in})}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/bb89c46a1662c5bc8be540f9441663ccf64c41f2)
.
De
et
, par addition et soustraction, nous déduisons la variation totale
et l’accroissement
de
dans
. L’ensemble
des points où
est infini, est de mesure nulle. Tout ensemble
d’intervalles non empiétants enfermant
, et dont la mesure tend vers zéro, peut donc servir simultanément au calcul de
, de
que l’on peut noter en conséquence
,
; la limite de la somme
des variations totales dans les intervalles de
sera
; parce que, dans un intervalle
,
. Mais, dans
, on a, pour l’accroissement
,

;
donc on a pour la somme des accroissements de
dans les intervalles de
,

,
d’où, pour
, par un passage à la limite,

.
Ainsi, si
est l’un des nombres dérivés d’une fonction
continue et à variation bornée dans un intervalle
, ses trois variations et son accroissement dans
sont donnés par les formules
![{\displaystyle {\begin{aligned}\mathrm {P} &=\int _{a}^{b}{\frac {1}{2}}\left[|\Lambda f|+\Lambda f\right]\,\mathrm {d} x+\mathrm {P} (\mathrm {E} ^{i}){\text{,}}\\\mathrm {N} &=\int _{a}^{b}{\frac {1}{2}}\left[|\Lambda f|-\Lambda f\right]\,\mathrm {d} x+\mathrm {N} (\mathrm {E} ^{i}){\text{,}}\\\mathrm {V} &=\int _{a}^{b}|\Lambda f|\,\mathrm {d} x+\mathrm {V} (\mathrm {E} ^{i}){\text{,}}\\\mathrm {A} &=f(b)-f(a)=\int _{a}^{b}\Lambda f\,\mathrm {d} x+\mathrm {A} (\mathrm {E} ^{i}){\text{.}}\end{aligned}}}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/6eba82931067138c0546f2ed4256e3e9d3b7f294)
,
,
,
sont les limites, finies et bien déterminées, vers lesquelles tendent les sommes des diverses variations totales et des accroissements de
dans des intervalles
, non empiétants et enfermant l’ensemble
des points où
est infinie, quand on fait varier le système
d’intervalles, de façon que
tende vers zéro.
Laissons pour un instant cet énoncé général et attachons-nous au cas où
n’existe pas[5] ; les nombres
,
,
,
, sont alors nuls. Si nous appliquons alors le théorème précédent à l’intervalle
, nous avons :
La condition nécessaire et suffisante pour que le nombre dérivé
partout fini, d’une fonction continue
soit sommable, est que
soit à variation bornée.
La fonction primitive
de
est alors l’intégrale indéfinie, fonction d’une variable, de
.
Nous pouvons donc dire que nous savons résoudre les problèmes A′, B′, C′ (p. 78), et par suite les problèmes A, B, C, pour toutes les fonctions sommables.
Il y a un autre cas dans lequel
,
,
,
sont tous nuls, c’est celui où
est absolument continue ; car alors
tend vers zéro avec
. Donc : une fonction absolument continue est l’intégrale indéfinie de chacun de ses quatre nombres dérivés[6], sa variation totale est l’intégrale indéfinie de la valeur absolue de l’un quelconque de ses nombres dérivés.
Maintenant que nous avons cet énoncé à notre disposition, nous pouvons remplacer certains résultats antérieurs par de simples conditions suffisantes d’absolue continuité :
Une fonction continue
, qui a son nombre dérivé
partout fini et sommable dans
, y est absolument continue.
Une fonction continue et à variation bornée
, qui a son nombre dérivé
partout fini dans
, y est absolument continue.
Revenons au cas général dans lequel
existe et où les nombres
,
,
,
ne sont pas nécessairement nuls.
Alors, si l’on considère un ensemble
d’intervalles non empiétants, on a, en appelant
la partie de
située dans
![{\displaystyle \mathrm {P(J)} =\int _{\mathrm {J} }{\frac {1}{2}}\left[\Lambda f+|\Lambda f|\right]\,\mathrm {d} x+\mathrm {P} (e^{ip})}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/9be49bc989f9fbe83f6451d5d703404d248ce824)
;
mais
est au plus égale à
et l’intégrale du second membre tend vers zéro avec
. Donc, quand
tend vers zéro, la plus grande des limites de
est
et cette plus grande limite est atteinte quand on prend
enfermant
. En d’autres termes :
est l’ensemble des singularités de la fonction
représentant la variation totale positive de
à
. La fonction des singularités
de la fonction
est
![{\displaystyle \mathrm {P} _{s}(x)=\mathrm {P} (x)-\int _{a}^{x}{\frac {1}{2}}[\Lambda f+|\Lambda f|]\,\mathrm {d} x}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/06df9bef5297aa32c71564be90a2e6c177f80fc0)
.
On a de même, avec des notations dont le sens est clair,
![{\displaystyle \mathrm {N} _{s}(x)=\mathrm {N} (x)-\int _{a}^{x}{\frac {1}{2}}[|\Lambda f|-\Lambda f]\,\mathrm {d} x}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/1444bcf01a9b85b4cdc756da72d083dda2290b05)
;
d’où

formules qui font connaître les fonctions des singularités de
,
,
,
. Quant à l’ensemble des singularités, c’est
pour
,
pour
, c’est
pour
,
,
,
.
On a en particulier

,

,

,

,
ces nombres ne sont donc tous nuls que dans le cas, déjà examiné, où
est absolument continue[7].
Nous avons décomposé précédemment (p. 163) une fonction continue à variation bornée en sa fonction des singularités et un noyau absolument continu, soit
le noyau de
; nous venons de prouver que l’on a

.
et des formules analogues pour les noyaux de
,
,
.
II. — La dérivation des fonctions à variation bornée.
Nous allons tenir compte maintenant de ce que chacun de nos résultats a quatre interprétations suivant que, par
, on a désigné le nombre dérivé supérieur à droite de
, ou le nombre dérivé inférieur à droite, etc.
Nous avons d’abord vu que
jouait un rôle tout spécial que nous venons de préciser en montrant que
est l’ensemble des singularités de
quand
n’est pas absolument continue. Il y a quatre ensembles
, soit
leur partie commune ;
est l’ensemble des points en lesquels
a une dérivée égale à
, or la partie commune à plusieurs ensembles des singularités, s’ils sont mesurables B, est aussi un ensemble des singularités (p. 169), donc
est l’ensemble des singularités de
.
Ainsi, dans tout ce qui précède, on peut remplacer
,
,
respectivement par les ensembles
,
,
, formés par les points en lesquels
a une dérivée déterminée en grandeur et signe égale respectivement à
, à
, à
ou à
. Ces trois ensembles
,
,
sont les ensembles des singularités respectivement de
,
,
, lorsque ces fonctions ne sont pas absolument continues.
En particulier, signalons qu’une fonction continue à variation bornée, qui n’a en aucun point une dérivée bien déterminée en grandeur et signe qui soit égale à
ou à
, est absolument continue.
Nous avons vu ensuite que le noyau
de
était donné par la formule

,
donc l’intégrale du second membre est la même pour chacun des quatre nombres dérivés ; ainsi (p. 160) ces quatre nombres dérivés sont égaux, exception faite tout au plus des points d’un ensemble de mesure nulle. Une fonction continue[8] à variation bornée
, a une dérivée presque partout et le noyau de
est donné par la formule

.
Appliquons ce résultat à
qui est son propre noyau :

;
et
sont donc égales presque partout comme ayant la même intégrale indéfinie, et par suite la dérivée de
est presque partout nulle. En d’autres termes : la dérivée de la fonction des singularités
d’une fonction continue[8] à variation bornée
est presque partout nulle. La réciproque est vraie ; d’une façon plus précise : une fonction continue[8] à variation bornée et dont la dérivée est presque partout nulle, est sa propre fonction des singularités. En effet, d’après la formule qui précède, son noyau est identiquement nul.
Les trois théorèmes précédents peuvent, comme il a été indiqué en note, être étendus à toutes les fonctions à variation bornée continues ou discontinues[9]. Pour cela, il suffira d’utiliser la formule de la page 163,

,
et de démontrer qu’une fonction des sauts a une dérivée nulle presque partout.
À chaque point de discontinuité
de la fonction
considérée, attachons deux fonctions
; la première égale à
pour

et nulle ailleurs ; la seconde égale à
pour

et nulle ailleurs.
est la somme de la série
. La variation totale
de
est, pour l’intervalle
, la somme de la série
; série qui est majorée par la série de constantes
.
Modifions chaque fonction
à gauche de son point de discontinuité
, dans un intervalle
, pour avoir une fonction
partout continue égale à
en dehors de
, et linéaire dans
.
La fonction
, étant définie par une série de fonctions continues, majorée par la série de constantes
est continue ; elle est de plus non décroissante.
Soit
l’ensemble des points n’appartenant à aucun des intervalles
; dans
on a

;
dans le complémentaire
de
, on a

,
puisque chaque fonction
est supérieure à la fonction
correspondante dans l’intervalle où elles différent.
Les fonctions
et
étant non décroissantes et continues ont simultanément des dérivées presque partout. En un point où toutes ces dérivées existent, on a, quel que soit l’entier positif
,

,
étant une fonction non décroissante, donc

,
étant positif ou nul. D’où, d’après les théorèmes des pages 179 et 128,

et, puisque
n’est jamais négatif,
est presque partout nul. Mais, aux points de
, toutes les dérivées
sont nulles ; donc presque partout dans
, on a

.
Or, d’après les relations signalées plus haut,

aux points de
,
aux points de
; en tout point de
la fonction
a des nombres dérivés à droite au plus égaux à ceux de
, donc presque partout dans
la variation totale
, et a fortiori
, a une dérivée à droite et qui est égale à zéro. Mais la mesure de
est au plus la somme
que nous pouvons rendre arbitrairement petite. Donc
admet presque partout zéro comme dérivée à droite. Une conclusion analogue s’applique évidemment aux dérivées à gauche ; le théorème est démontré.
Nous sommes maintenant en mesure de répondre à des questions antérieurement posées et de justifier certaines affirmations. Nous avons déjà, page 143, fait allusion à la propriété suivante : pour qu’une fonction d’une variable
soit l’intégrale indéfinie d’une fonction inconnue
, il faut et il suffit que
soit absolument continue[10]. La légitimation de cet énoncé est maintenant immédiate ; nous avons vu, en effet, que toute intégrale indéfinie est absolument continue, page 158, puis, page 183, que toute fonction absolument continue est une intégrale indéfinie.
De là résulte de suite que : pour qu’une fonction d’ensemble ou d’intervalle soit l’intégrale indéfinie d’une fonction inconnue
, il faut et il suffit qu’elle soit complètement additive et absolument continue ; d’après ce que nous savons sur le passage d’une telle fonction à une fonction absolument continue d’une variable et sur le passage inverse.
Page 160, nous avons formulé ce problème : trouver une fonction connaissant son intégrale indéfinie. Prenons cette intégrale indéfinie sous la forme d’une fonction d’une variable
;
est absolument continue, donc a une dérivée presque partout et est l’intégrale indéfinie de cette dérivée ; mais deux fonctions qui ont même intégrale indéfinie sont égales presque partout, donc la fonction dont l’intégration a donné
est presque partout égale à
. En d’autres termes : une intégrale indéfinie
admet presque partout pour dérivée la fonction intégrée.
Si l’intégrale indéfinie est donnée comme fonction d’ensemble ou d’intervalle, le problème n’en est pas moins résolu. Examinons ce que devient alors l’opération de dérivation. Que
soit positif ou négatif, le rapport
est égal au quotient de la valeur de la fonction considérée
, pour l’intervalle
d’extrémités
et
, par la mesure de cet intervalle
![{\displaystyle r[\mathrm {F} (x),x_{0},x_{0}+h]={\frac {\Psi (\delta )}{m(\delta )}}}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/e3dae16b83b87ca3b75a36ebddec3f3dc18b6f67)
.
C’est donc par la considération de tels rapports qu’on obtiendra la dérivée ; avec la dérivée ordinaire, nous serions conduits à utiliser les deux familles d’intervalles
,
ayant le point étudié pour extrémité ou origine. Mais il est mieux de remarquer que la dérivée peut tout aussi bien se définir à l’aide des intervalles
, car on a
![{\displaystyle {\begin{alignedat}{2}r[\mathrm {F} (x),x_{0}-h,x_{0}+k]&{}={}&&{\frac {h}{h+k}}\,r[\mathrm {F} (x),x_{0}-h,x_{0}]\\&&{}+{}&{\frac {k}{h+k}}\,r[\mathrm {F} (x),x_{0},x_{0}+k]{\text{,}}\end{alignedat}}}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/62b2d5cbee7ad79515cbb46eabf5b5953b873ae8)
ce qui montre que la valeur de
du premier membre est comprise entre celles qui figurent au second membre. Nous sommes ainsi conduits à dire : pour dériver en un point
la fonction d’intervalles
, nous cherchons la limite du rapport
quand
tend vers zéro,
désignant un intervalle variable contenant
[11].
Cette définition ne laisse rien à désirer pour une fonction d’intervalle, mais pour une fonction d’ensemble on voudrait pouvoir prendre la limite de
quand
tend vers zéro et que tout l’ensemble
tend vers
; c’est-à-dire que
est contenu dans un intervalle
contenant
et dont la mesure tend vers zéro. Si
n’était assujetti qu’à ces conditions, on pourrait le prendre, en particulier, réduit au point
et à un intervalle
ne contenant pas
; il faudrait donc que la dérivée apparaisse comme la limite de
![{\displaystyle {\frac {\Psi (\delta )}{m(\delta )}}=r[\mathrm {F} (x),x_{0}+h,x_{0}+h+k]}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/a214e049841ce7e9aaa12061d257a2b6871ac4b9)
,
quand
et
tendent vers zéro, même par valeurs de même signe. D’après le théorème de la moyenne, le second membre est compris entre les valeurs extrêmes prises dans
par la fonction
dont
est l’intégrale indéfinie. Soit d’ailleurs un point
voisin de
et en lequel
existe, on pourra alors trouver
tel que
soit positif et aussi petit que l’on veut et que
soit aussi voisin de
qu’on le voudra. Donc le procédé que nous examinons ne réussira, avec tous les intervalles
ou tous les ensembles
, que si
est continue en
dans l’ensemble des points où elle existe. D’ailleurs, dans ce cas, la fonction
dont
est l’intégrale indéfinie pourra être supposée continue en
— puisqu’elle n’est assujettie qu’à la condition d’être presque partout égale à
— et par suite le procédé de définition de la dérivée à l’aide de tous les ensembles dont tous les points tendent vers
, peut bien alors être utilisé[12].
Hors ce cas banal, il faut donc particulariser la famille des ensembles
employés, et de façon à diminuer l’influence des points en lesquels
diffère beaucoup de
. Pour cela,
ayant été arbitrairement choisi positif, soit
l’ensemble des points
![{\displaystyle \mathrm {E} [i\varepsilon \leqq f(x)<(i+1)\varepsilon ]}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/8f9eaa36b2270298b25f31e8359197f3c7c2c805)
,
soit
la fonction égale à
aux points de
et nulle ailleurs, soit enfin
. Un ensemble de mesure nulle de points étant excepté, les intégrales indéfinies
et
ont des dérivées, au sens ordinaire du mot, respectivement égales aux fonctions
et
. Alors, si le point non exceptionnel
appartient à
, on a

,

;
désignant le plus petit intervalle contenant à la fois
et
. Le premier rapport du second membre tend vers la dérivée de
en
, laquelle est nulle par hypothèse. Donc nous n’aurons plus à nous occuper que de l’influence de
, c’est-à-dire des points de
, si le rapport
n’augmente pas indéfiniment. D’où la définition : Nous appellerons dérivée en
d’une fonction d’ensemble
la limite, si elle existe, du rapport
pour des ensembles
appartenant à une famille régulière. On entend par là qu’un entier positif
ayant été arbitrairement choisi, on ne considérera un ensemble
que si,
étant le plus petit intervalle contenant
et
, on a

,
et que l’on fera varier
de façon que
tende vers zéro.
Nous venons de voir qu’avec ce choix d’ensemble
les deux rapports incrémentiels
,
avaient les mêmes limites presque partout. Étudions le second. Soit
l’ensemble des points communs à
et
et soit
; on a

.
Le premier facteur du dernier membre est compris entre
et
; quant au second, il s’écrit encore
. Or, si
désigne la fonction nulle dans
et égale à un en dehors de
, on a

.
En dehors d’un ensemble exceptionnel de mesure nulle, toutes les intégrales indéfinies
ont des dérivées égales aux
; si donc
a été pris en dehors aussi de ce nouvel ensemble exceptionnel, le dernier membre des relations précédentes tend vers zéro ; donc, le rapport incrémentiel
a toutes ses limites comprises entre
et
, c’est-à-dire différentes de
au plus de
. Mais, comme
est arbitrairement petit, si l’on prend
en dehors de la somme des ensembles exceptionnels attachés aux valeurs
,
,
,
, … c’est-à-dire en dehors d’un ensemble de mesure nulle, la dérivée de la fonction d’ensemble
sera
. Donc une intégrale indéfinie fonction d’ensemble a presque partout pour dérivée la fonction intégrée.
Nous avons donc le même énoncé pour les trois espèces d’intégrale indéfinie ; mais il faut bien remarquer que, sous sa dernière forme, il exprime une propriété bien plus précise que sous les deux premières formes qui étaient équivalentes. Si l’intégrale indéfinie
a une dérivée au point
,
en a une aussi et ces deux dérivées sont égales ; mais la réciproque n’a pas lieu.
Il y a donc lieu de traduire en un énoncé relatif à
le résultat que nous venons d’obtenir ; des développements relatifs au calcul de
connaissant
résultent de suite cet énoncé :
étant une fonction absolument continue dans
et
un point de
, on enferme
dans un intervalle
et l’on choisit, dans
, des intervalles non empiétants
tels que l’on ait

,
étant un nombre positif fixe. Alors, presque partout on a
![{\displaystyle \mathrm {F'} (x_{0})={\underset {\mathrm {mes} (\Delta )\to 0}{\operatorname {limite} }}{\frac {\sum [\mathrm {F} (\beta _{i})-\mathrm {F} (\alpha _{i})]}{\sum [\beta _{i}-\alpha _{i}]}}}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/2b8f6af7af6d241cd79752bc03ba8ecc0ac7a722)
.
On peut donner à cet énoncé la forme suivante :
étant une fonction sommable, la fonction
admet une dérivée nulle pour
, pourvu que
ne soit pas pris dans un certain ensemble exceptionnel de mesure nulle.
Montrons, en effet, qu’il y a identité entre cet ensemble exceptionnel
et celui
des points
en lesquels la fonction d’ensemble intégrale indéfinie de
n’admet pas une dérivée égale à
.
Supposons, en effet, que
soit point de ce dernier ensemble
, c’est-à-dire que l’on puisse trouver des ensembles
dont tous les points se rapprochent indéfiniment de
, qui appartiennent à une famille régulière de paramètre
et pour lesquels on ait

,
étant un nombre fixe non nul.
On a donc, a fortiori,

,
et, par suite, si
est le plus petit intervalle contenant
,

ce qui montre que
est point de
.
Inversement, supposons
point de
, alors on peut trouver une suite d’intervalles
, enfermant chacun
et de longueurs décroissantes et tendant vers zéro, tels que pour chacun d’eux on ait

,
étant un certain nombre positif.
Partageons les points de
en deux ensembles
et
dans lesquels la différence
est respectivement positive et non positive et ne conservons qu’une suite partielle des
de façon que
![{\displaystyle {\frac {\int _{\mathrm {E} _{p}}\left[f(x)-f(x_{0})\right]\,\mathrm {d} x}{m(\Delta )}}}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/cac32e94800a7536e956f8cb50235434ebba2db3)
,
![{\displaystyle {\frac {\int _{\mathrm {E} _{n}}\left[f(x)-f(x_{0})\right]\,\mathrm {d} x}{m(\Delta )}}}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/6946f7335fe36b6607fe807b2509cea4c94fbf66)
tendent vers deux limites déterminées
et
, et que l’on ait
![{\displaystyle {\frac {\int _{\mathrm {E} _{p}}\left[f(x)-f(x_{0})\right]\,\mathrm {d} x}{m(\Delta )}}>{\frac {\beta }{2}}}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/d37a01d0e73ba9c889abafe413459b1027fbf1c7)
ou

,
suivant que
est positif ou nul, et
![{\displaystyle {\frac {\int _{\mathrm {E} _{n}}\left[f(x)-f(x_{0})\right]\,\mathrm {d} x}{m(\Delta )}}<-{\frac {\gamma }{2}}}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/7fdcd3b22aae633e6a299183fa273e50c31f8af0)
ou

suivant que
est positif ou nul.
Remarquons, au reste, que
est au moins égal à
, donc que
et
ne sont jamais nuls à la fois, et que

,
donc que l’un au moins des deux ensembles
et
appartient à la famille régulière d’ensemble de paramètre
.
Si
est régulier et
, en prenant
, on a

.
Si ces deux conditions ne sont pas réalisées à la fois et si
est régulier et
, on prend
,

.
Si
est irrégulier,
, et si
,
est alors régulier ; nous prendrons
et nous aurons
![{\displaystyle {\begin{aligned}{\frac {\int _{\mathrm {E} }f(x)\,\mathrm {d} x}{m(\mathrm {E} )}}&={\frac {\int _{\mathrm {E} _{p}}f(x)\,\mathrm {d} x}{m(\Delta )}}+{\frac {\int _{\mathrm {E} _{n}}f(x)\,\mathrm {d} x}{m(\Delta )}}\\&>\left[f(x_{0}){\frac {m(\mathrm {E} _{p})}{m(\Delta )}}+{\frac {\beta }{2}}\right]+\left[f(x_{0}){\frac {m(\mathrm {E} _{n})}{m(\Delta )}}-{\frac {\beta }{4}}\right]\\&=f(x_{0})+{\frac {\beta }{4}}{\text{.}}\end{aligned}}}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/6efbd4331457085e8872dc24e13ba2ec1e9caddc)
Enfin, il ne reste plus que le cas où
étant régulier et
irrégulier,
; avec
, on a alors

.
Si donc
est plus petit à la fois que
et
, on a toujours

.
La suite de ces ensembles
, qui appartiennent à la famille régulière pour
, permet de constater que
appartient à
[13].
Au cours des raisonnements précédents, nous avons rencontré une notion qu’il importe d’expliciter. Soit un ensemble mesurable
, le rapport
, de la mesure de la partie
de
située dans un intervalle
à la mesure de cet intervalle, est appelé la densité moyenne de
dans
. Si la densité moyenne de
dans les intervalles
contenant un point
, tend vers une limite déterminée quand
tend vers zéro, cette limite est dite la densité en
;
n’a pas besoin d’être un point de
pour que cette définition s’applique[14].
Soit
la fonction mesurable égale à un aux points de
et nulle ailleurs, la densité moyenne de
dans
est le rapport incrémentiel
, donc le théorème sur la dérivation de
donne : la densité d’un ensemble mesurable
est presque partout égale à un aux points de
, presque partout égale à zéro en dehors de
.
On peut regarder cette propriété comme le fondement géométrique des théorèmes sur la dérivation des intégrales définies et l’on peut, pour établir ces théorèmes, suivre une marche exactement inverse de celle suivie ici, c’est-à-dire prouver en premier lieu le théorème sur la densité[15]. Nous nous contenterons de déduire de ce théorème une proposition intéressante concernant une fonction mesurable quelconque
, que nous allons obtenir en reprenant les notations utilisées pour étudier la dérivation des fonctions d’ensemble (p. 190).
Sauf aux points d’un ensemble exceptionnel de mesure nulle, les différents ensembles
ont une densité égale à un ou à zéro, suivant qu’il s’agit de la densité en un point de
ou non ; on peut supposer cet ensemble exceptionnel choisi de manière à convenir pour les valeurs 1, 1/2, 1/3, …, données à
.
ayant été choisi en dehors de cet ensemble exceptionnel, soit
l’indice de celui des
correspondant à
, qui contient
; alors, en
, pour chacune des valeurs indiquées de
,
a une densité égale à un, les autres
ont une densité nulle.
Choisissons un intervalle
de centre
et assez petit pour que, dans tout intervalle contenu dans
et contenant
, la densité moyenne de
soit supérieure à
,
étant un nombre, compris entre zéro et un, arbitrairement choisi. Soit
la limite inférieure de cette densité moyenne dans les intervalles considérés.
Choisissons un nombre
inférieur à la fois à
et à
, et soit
un intervalle de milieu
de longueur inférieure à
et tel que, dans tout intervalle contenu dans
et contenant
, la densité moyenne de
soit supérieure à
. On appellera alors

,
la limite inférieure de cette densité moyenne et, à partir de
et
, comme tout à l’heure à partir de
et
, on définira, par l’intermédiaire de
un nombre
et un intervalle
. Et ainsi de suite.
Soit
l’ensemble formé par la partie de
extérieure à
et contenue dans
, de la partie de
extérieure à
et contenue dans
, …. Il est clair que
est continue en
sur
; nous allons constater que
est de densité un au point
.
Pour cela, raisonnons sur un ensemble
qui serait constitué dans
par
et qui, dans
, serait tel que, dans tout intervalle contenu dans
et contenant
, sa densité moyenne surpasse
. On pourrait, par exemple, prendre
identique à
dans
.
Les intervalles contenus dans
et contenant
sont, ou bien contenus dans
, et alors nous connaissons pour eux la limite inférieure
de leur densité moyenne, ou non contenus dans
. Soit
un tel intervalle,
sa partie située dans
. Dans
,
avait une mesure au moins égale à
; mais tout
peut faire partie de
et, dans
,
a une mesure supérieure à
; finalement, dans
,
a une mesure supérieure à

,
donc une densité moyenne supérieure à

.
Or, soit
l’ensemble
identique à
dans
, soit
l’ensemble identique à
à l’extérieur de
, et identique à
dans
. Il est clair maintenant que les densités moyennes de
,
, …, sont toutes supérieures à
dans les intervalles contenant
, contenus dans
et contenant
; que les densités moyennes de
,
, …, sont toutes supérieures à
dans les intervalles contenant
, contenus dans
et contenant
, ….
Donc, la densité moyenne de
est au moins égale à
,
, …, respectivement dans les diverses espèces d’intervalles considérés ; la densité de
au point
est donc égale à un et celle du complémentaire
de
est par suite nulle, car la somme des densités moyennes, dans un même intervalle, de deux ensembles complémentaires est bien évidemment égale à un. Ainsi :
De là résulte en particulier que les dérivées des fonctions
à variation bornée, dont l’existence a été démontrée, sont presque partout continues aux ensembles de densité nulle près. Chacun pourra étudier les rapports entre cette continuité et la possibilité de dériver les fonctions d’ensemble intégrales indéfinies ; sans nous y arrêter, nous allons traiter rapidement de la rectification des courbes, ce qui va nous ramener aux procédés du début de ce paragraphe.
III. — La rectification des courbes.
Soit une courbe donnée par les fonctions continues
,
,
définies dans un certain intervalle
. En appliquant au radical qui représente la longueur d’une corde de cette courbe, l’inégalité

,
nous avons conclu, au Chapitre IV, que la courbe est rectifiable si, et seulement si,
,
,
sont à variation bornée ; et que, lorsque cette condition est réalisée, l’arc donné par les valeurs de
d’un intervalle
a une longueur comprise entre la variation totale
de
dans
[ou
, ou
], et la somme
.
Si
est la longueur de l’arc depuis
jusqu’à
quelconque, on peut écrire cela :

.
Appliquons cette double inégalité à tous les intervalles d’un ensemble
d’intervalles non empiétants, et ajoutons ; nous obtenons un résultat que l’on peut noter

.
Faisons maintenant varier
de façon que
tende vers zéro, nous voyons que :
est absolument continue si, et seulement si
,
,
le sont. L’ensemble des singularités de
est la somme des ensembles des singularités de
,
,
.
Nous pouvons donc prendre l’ensemble
des valeurs de
où
,
,
,
n’ont pas, toutes quatre, des dérivées finies et déterminées comme un ensemble de singularités.
Ceci étant, enfermons
dans un ensemble
d’intervalles non empiétants ; puis,